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Le « plus meilleur » sport du monde

La Coupe du Monde de Rugby a lieu cette année en Nouvelle-Zélande et l’équipe du Canada y joue à partir de demain. Délibérément ignoré ou culturellement inintéressant ?

Alice Des

Toutes les raisons sont bonnes pour ne pas être au courant de la Coupe du Monde de rugby 2011. Elle se déroule à quinze mille kilomètres d’ici, avec dix sept heures de décalage, dans un pays qui demeure discret (peut-être afin de conserver son paisible train de vie quand il n’y a pas de tremblement de terre), et le rugby est un sport qu’on méconnaît.

Alice Des

L’équipe nationale du Canada se rend en Nouvelle Zélande avec l’objectif de faire des résultats décents, bien qu’il ne faille pas se leurrer : le jeune jeu canadien n’a rien à voir avec les pontes du rugby à quinze, tant ceux du Sud (Afrique du Sud, Australie, Nouvelle-Zélande) que ceux du Nord (Angleterre, France, Pays de Galle, Irlande).

En fait, c’est depuis la fin des années 80 que le rugby s’est trouvé une place dans le sport professionnel international, mais l’Amérique du Nord restera hermétique.

Du fait de l’influence anglophone et surtout irlandaise, il existe une petite tradition du rugby à Montréal et dans les Cantons-de‑l’Est mais le sport n’est pas le favori des Canadiens.

De leur côté, les médias étrangers sont tournés vers l’événement et, chose frappante, vous trouverez plus d’articles sur l’équipe du Canada dans les médias néo-zélandais que dans les médias canadiens.

Comment expliquer cette ignorance flagrante de nos médias pour un sport qui mériterait plus d’attention, car il est une réelle école de la vie ? D’une certaine manière, peut-être que le rugby n’a pas sa place sur la scène culturelle en Amérique du Nord.
Comme aujourd’hui nous célébrons l’individualisme, et le sport, l’un des reflets de la société, suit la tendance sociale. Au hockey, combien de fois peut-on rager de voir un attaquant (sans citer de nom) qui garde la rondelle et fonce tête baissée, prêt à faire perdre son équipe pour essayer de briller vaguement sur le podium éphémère des sportifs sans talent auxquels s’ajoutent de nombreux footballeurs et autres joueurs de soccer ?

Pourtant, c’est quand le sport est construit qu’il accomplit ce pourquoi il a été créé. Dans n’importe quelle discipline collective, dans n’importe quel match de coupe ou de championnat, peu de joueurs et d’entraîneurs ont compris que leur sport atteint sa valeur exutoire quand c’est l’équipe qui fait tourner la rondelle ou le ballon. Malheureusement, cet esprit communautaire n’a pas de place dans une société où l’on ne jure que par la première personne du singulier.

Le rugby est donc cette expression pure et intelligente du sport d’équipe, peut-être violent diront certains, mais avec une énergie bienveillante et une dynamique sans pareille.

Que leurs noms soient Carter, McCaw, Wilkinson, O’Driscoll, Steyn ou Williams (et il y en a bien d’autres), ces joueurs-clés des équipes les plus performantes ne sacrifieront jamais, ou presque, le jeu de leur équipe pour un insignifiant prestige personnel.
Car le rugby est un sport où chacun a sa place et a besoin des autres, et où l’esprit qui règne en dehors du terrain n’a rien à envier à celui de l’antichambre du Centre Bell ou du Stade Camp Nou.

Les lève-tôt pouvaient suivre le match d’ouverture, vendredi dernier à quatre heures du matin. À la fin de la rencontre, comme à la fin de toutes les rencontres dans ce sport, après 80 minutes de mêlées et de plaquages dignes des plus violents combats, alors qu’on aurait pu croire que c’était la guerre, les joueurs au chandail noir et ceux au chandail rouge se sont fait des accolades et se sont souri. Le plus beau sport au monde.

La Coupe du Monde de rugby 2011 se déroule du 9 septembre au 23 octobre. En ondes sur TSN, TSN2, RDS, et bien sûr également sur internet.

Suivez les Redmen de McGill au Stade Molson tout au long de l’automne.


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