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Indétrônable Roi du Plateau

La rôtisserie portugaise est bien plus qu’une institution.

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Michel et Monica Viegas sont arrivés à Montréal en 1970. Originaire de l’Algarve, région du Sud du Portugal, ce couple a décidé il y a treize ans d’ouvrir un petit restaurant sur le Plateau, au coin de Rachel et de Clark. Avec le temps, le chaleureux restaurant à l’ambiance vive et décontractée est devenu la churrascaria préférée du quartier.

À peine a‑t-on franchi la porte que les arômes de bois fumé, de fruits de mer et de grillades éveillent l’appétit. Ceux qui ont déjà visité le pays des navigateurs peuvent s’attendre à retrouver dans ce restaurant l’atmosphère chaleureuse qui règne là-bas. On aperçoit parfois dans la cuisine des langues de feu, parfois de véritables flambées ; le grésillement du poulet et des crevettes se fait entendre, tandis qu’un musicien sérénade en portugais. Dans l’entrée, les murs sont couverts de photos des clients du quartier et de célébrités québécoises. Nul ne soupçonnerait l’ambiance typiquement portugaise qui se cache derrière la façade modeste du boui-boui –et l’on devine que c’est voulu.

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Monica, la charmante matrone de l’établissement, accueille elle-même chacun des clients et remercie en portugais ceux qui partent : « Obrigada ! ». « On reçoit beaucoup d’artistes d’ici. Avant, les comédiens venaient surtout pour célébrer leurs premières ou dernières [représentations]», explique la maîtresse des lieux. En plus des clients fidèles du quartier, l’indétrônable établissement accueille aussi régulièrement des célébrités. Jacques Villeneuve, Roy Dupuis, Éric Lapointe, le batteur de Simple Plan, et même des candidats de Star Académie s’y côtoient.

« Si vous visitez Montréal, passez par le quartier St Louis, vous y verrez des rangées entières de maisons bariolées avec des jardinets volés à l’asphalte. Vous pouvez frapper sans crainte, ce sont des Portugais. » –Manuel Carvalho, 1985

Au fil des années, le paysage culturel de Montréal c’est diversifié. Au délice des habitants de la ville, les vagues d’immigration juives et portugaises ont amené des arômes et des saveurs différentes sur le Plateau. Comme l’explique Monica, au début, il y avait plus de clients francophones que portugais (ces derniers ne sortent habituellement que pour les occasions spéciales). Le temps passe, le quartier évolue, et le Roi du Plateau demeure indétrônable. « La clientèle change toujours, c’est devenu plus étudiant, plus anglophone, et on aime les accueillir, on est contents. »

Pour ce qui est de l’avenir proche, celle que plusieurs habitués appellent « Mama » songe à la retraite : « C’est ma fille qui va prendre la relève. » Comme son mari qui, à soixante-six ans, cuisine encore une fois par semaine, Monica sera présente et continuera à surveiller les affaires quotidiennes du restaurant.


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