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Fusillade à Dawson : étude

Une étude sur l’ampleur du traumatisme de l’automne 2006 a été rendue publique la semaine dernière.

Il y a maintenant plus de quatre ans que Kimveer Gill a semé la panique dans les couloirs de Dawson, tué Anastasia De Souza, blessé dix-neuf étudiants et s’est enlevé la vie. Sans se limiter à la comémoration de l’événement, le Centre de recherche Fernand Séguin (CRFS) de l’Hôpital Hyppolite Lafontaine et le Centre Universitaire de santé de McGill ont essayé de répondre à la question « et après ? »

Commandée par M. Richard Fillion, directeur général du Collège Dawson, l’étude porte strictement sur une évaluation du plan d’intervention psychologique spécialisé pour ce genre de crise. Richard Boyer, chercheur au CRFS explique que s’il a été décidé de circonscrir l’angle d’approche de cette étude, c’est que : « on s’est aperçu qu’il y avait des répercussions psychologiques sévères même dix-huit mois après l’événement, ce qui suggère qu’on a peut-être négligé notre capacité de dépistage [des troubles post-traumatiques, NDLR] à long terme. » Le rapport identifie certaines lacunes dans les mesures d’intervention telles que le dépistage et la recherche active d’individus aux troubles psychologiques post-traumatiques à long terme, et ce à partir « d’une méthode [qualitative] classique d’enquête de santé mentale et d’entretiens avec les personnes clés sur place. » Comme il est stipulé dans l’évaluation, « les programmes post-trauma ou post-incident critique reposent sur un modèle médical d’intervention d’urgence », donc limités au court-terme. 

Bien que la tragédie à Dawson s’inscrive dans une série de fusillades ayant eu lieu dans des écoles de Montréal, l’étude se concentre uniquement sur le cas du 13 septembre 2006 et ses répercussions. Dr Boyer maintient que les chercheurs ont d’abord essayé d’adopter une approche plus large en essayant de recueillir de l’information sur la gestion de crise et l’intervention psychologique auprès des personnes présentes lors des fusillades aux États ‑Unis. Toutefois, rien n’a pu être publié. De même, les chercheurs n’ont pas tenté de faire des liens entre les quatre tireurs, leur profil psychologique ou les facteurs sociétaux pouvant potentiellement expliquer la recrudescence de la violence perpétrée en milieu scolaire depuis une vingtaine d’année. L’étude a donné naissance au « programme d’intervention psychologique multimodal » intitulé SÉCURE (Soutien, évaluation et coordination unifiés pour le rétablissement et l’éducation), contenant des recommandations adressées particulièrement au Ministère de la Sécurité qui se voit désigner responsable d’orchestrer le bal et de développer un plan pour l’ensemble du Québec conjointement avec le Ministère de l’Éducation, des Loisirs et du Sport. 

Le chercheur ne doute pas de la faisabilité des recommandations. Sur la question du budget que ceci représente, il insiste sur le fait que ce n’est pas excessif : « Cela fait partie des budgets d’intervention et de gestion de crise, de tout ce qui se fait déjà dans les écoles et dans les universités. Il est important de faire la part des choses entre les types de crise et aussi le contexte, pour préciser leur modèle d’intervention. Il faudra sûrement former des gens ou augmenter le nombre d’intervenants, mais compte tenu des coûts encourus par les étudiants, les enseignants et les parents des victimes, le compromis est minime. »

L’étude a été rendue publique la semaine dernière. Le timing semble assez opportun car les députés doivent voter cette semaine sur le registre des armes à épaules, ces mêmes armes qu’avaient choisies Marc Lépine et Kimveer Gill pour perpétrer leur massacre. 


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