Aller au contenu

Crise éthique : qui croire ?

Montréal est en pleine crise d’éthique. Les trois principaux partis politiques municipaux que sont Union Montréal, Vision Montréal et Projet Montréal demandent à l’unisson une commission d’enquête publique sur la collusion dans le monde de la construction et sur les contacts des entrepreneurs avec les élus municipaux. Cette demande vient à la suite d’allégations qu’a faites Benoît Labonté, ex-bras droit de Louise Harel de Vision Montréal, à Radio-Canada le jeudi 22 octobre dernier. Monsieur Labonté a entre autres révélé qu’un système de pots de vin existerait où des entrepreneurs obtiennent des contrats de la ville de Montréal et versent en contrepartie de l’argent dans les coffres d’Union Montréal, le parti du maire sortant Gérald Tremblay. Benoît Labonté a aussi déclaré que le système de prête-noms serait utilisé dans les partis municipaux, dont Vision Montréal.

Rappelons que Benoît Labonté était le numéro deux de ce parti avant de remettre sa démission le 18 octobre dernier à la demande de Louise Harel. Celle-ci avait fait cette requête après le refus de monsieur Labonté de se rendre dans les studios de TVA pour donner sa version des faits visà- vis des allégations qui avaient été portées contre lui dans les médias. Parmi celles-ci, on retrouve l’affirmation faite par le journaliste Fabrice de Pierrebourg sur le site RueFrontenac​.com –le site Internet des employés en lock-out du Journal de Montréal– le 15 octobre dernier : selon de Pierrebourg, Benoît Labonté aurait reçu, en 2008, plus de cent mille dollars de l’entrepreneur Tony Accurso afin de financer sa propre accession à la chefferie de Vision Montréal. C’est finalement Louise Harel qui avait pris la tête du parti au début de juin 2009.

À moins de deux semaines des élections municipales, ces révélations de M. Labonté ont causé de vives réactions chez les partis politiques concernés. Gérald Tremblay a rejeté toutes les affirmations de Benoît Labonté, affirmant du même souffle qu’il était au courant depuis 2001 de malversations à l’Hôtel de Ville. Cette franchise détonne l’ignorance revendiquée qui caractérisait son discours plus tôt cette année, où le maire répondait à toute question d’éthique qu’il ne savait rien. Monsieur Tremblay affirme maintenant : « L’erreur, c’est de faire confiance à mon entourage. Je ne répéterai pas les mêmes erreurs. »

Louise Harel réfute aussi toutes les affirmations avancées par Benoît Labonté en affirmant ne jamais avoir usé de prête-nom au cours de ses 27 années de carrière politique. Madame Harel dit qu’elle a, au contraire, fait adopter des règles transparentes de financement pour son parti, Vision Montréal, et dit avoir « la ferme conviction de pouvoir démanteler ce système [de copinage et de collusion] qui a cours à l’Hôtel de Ville. »

Le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, sort indemne de tout ce chaos politique. Et ça se reflète dans l’esprit des Montréalais. En juin dernier, un sondage créditait Richard Bergeron de 7% des intentions de vote des Montréalais. Le 19 octobre, celui-ci avait gagné 23% des intentions de vote. Notons qu’il se retrouvait encore derrière Tremblay et Harel, qui récoltaient tous deux 37 % des suffrages. C’est toutefois une hausse importante pour ce jeune parti qui en est seulement à ses deuxièmes élections municipales.

Qui croire ? C’est à vous de forger votre propre opinion et d’aller voter le 1er novembre prochain. Et si vous vous sentez découragés par tout cela, rappelez-vous la citation de Winston Churchill : « La démocratie est le plus mauvais système de gouvernement, à l’exception de tous les autres qui ont pu être expérimentés dans l’histoire. »


Articles en lien