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Projet Montréal : le fruit est-il encore trop vert ?

Richard Bergeron, le chef de Projet Montréal, ne passe pas bien dans les médias grand public. Manque de charisme, opinions trop tranchées, propos trop complexes pour « faire le clip»… Les récriminations sont légion à son égard. L’éditorialiste de La Presse Nathalie Collard a même appelé à sa démission peu avant le début de la campagne électorale, sans quoi, croit-elle, Projet Montréal restera perpétuellement confiné à son statut de troisième parti. Il n’y a pourtant pas là de critiques sur le fond –bien au contraire, puisque les valeurs et les idées mises de l’avant par Projet Montréal résonnent positivement chez l’électorat : développement durable, transports collectifs, éthique et transparence… C’est plutôt le charisme du chef (ou son absence) qui est pointé du doigt. Son manque de concision cause aussi un problème : Nathalie Collard lui reproche de s’être entretenu pendant plus d’une heure avec des journalistes sur les dossiers environnementaux du moment.

Je peux comprendre que les journalistes soient aux prises avec des contraintes de productivité de plus en plus pressantes et qu’ils n’aient pas le temps de retourner jusqu’à l’âge de pierre pour comprendre les racines des problèmes environnementaux. Mais en contrepartie, je ne peux m’empêcher de célébrer la présence d’un parti d’idées sur la scène électorale montréalaise. Depuis plus d’une décennie, le Québec (voire le Canada) est en pleine traversée du désert à cet égard –au point où l’on peut articuler une campagne politique complète autour de deux ou trois lignes de curriculum vitae supposément mensongères. Le manque de contenu politique et de profondeur de nos politiciens, aussi bons communicateurs qu’ils soient, a tout pour détourner les citoyens de la chose politique. Qu’on soit d’accord ou non avec les idées que Bergeron et son équipe mettent de l’avant, ils ont au moins le mérite de rehausser la qualité du débat en y apportant un tant soit peu de substance. La preuve que ça marche : les autres partis pigent à qui mieux-mieux des idées –Nouveau Tramway, vélos collectifs, échangeur Turcot– dans le programme de Projet Montréal. Aussi controversé soit son chef, Montréal a grandement besoin d’un parti comme Projet Montréal pour, justement, rebâtir l’avenir de la ville autour d’un projet collectif. Et pour brasser un tant soit peu la cage municipale.

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Parlant de développement durable, si vous tentez de faire votre part dans la lutte contre les changements climatiques en vous déplaçant à vélo, vous avez probablement subi les affres et les regards réprobateurs des gardes de sécurité –payés à grands frais par une université qui se plaint du sous-financement sur toutes les tribunes– plantés ici et là sur le campus qui vous agitent un drapeau fluo devant le guidon dès que vous mettez la roue sur le campus. McGill justifie cette nouvelle règle de sécurité par le besoin de réguler la circulation pendant les travaux près du pavillon McConnell, qui restreint l’accès à une partie de la route. Parce qu’évidemment, c’est bien connu, la bicyclette prend beaucoup plus de place qu’une automobile : impossible, donc, de faire cohabiter cyclistes et piétons sur les rues du campus. CQFD.

Sérieusement, à quand un campus sans voitures ? Il est plus que temps que McGill adapte sa mentalité aux réalités du XXIe siècle.


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