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Warning

Le chorégraphe Dave St-Pierre présente une création audacieuse : Warning.

Le chorégraphe provocateur Dave St-Pierre n’aurait pu penser à un meilleur titre pour son nouveau spectacle de danse contemporaine. Au début de la représentation, un avertissement vise à mettre en garde les spectateurs : l’heure et demie de danse à laquelle ils s’apprêtent à assister est chargée d’un contenu explicite.

Les portes s’ouvrent, laissant les spectateurs s’installer dans une salle sombre où résonne un bruit assourdissant. Le peu de lumière laisse entrevoir deux danseuses entièrement nues, se déplaçant autour d’une troisième interprète, nue aussi, et se débattant sous une bâche de plastique, symbolisant ainsi la naissance d’un nouveau-né. Les spectateurs oublient la nudité, qui domine la mise en scène, grâce à un jeu de lumières qui déjoue leur attention, la portant sur l’interprétation des danseuses. Le mérite en revient au chorégraphe qui, connaissant son public, arrive à manier les émotions du spectateur et à mettre en scène la nudité la plus explicite sans toutefois tomber dans le pornographique.

Warning aborde la condition de la femme moderne, assujettie à une société de surconsommation, dans laquelle la compétition avec les hommes est un combat permanent. Une  « lapinette », mi-humaine mi-lapine, se charge de divertir la foule, invitant trois hommes de l’assistance à lui apporter leur aide pour reformer le décor. La lapine déambule en secouant sa fausse queue de fourrure blanche et poussant des cris hystériques, livrant une image à la fois triste et dégradante de la femme. De quoi faire grincer bien des dents.

Durant la représentation, la lapinette fait le tour de la scène, à la suite de panneaux qui indiquent les moments importants de la vie d’une femme. Elle se laisse tirer sur son « lapino-mobile », glissant ainsi sur des milliers de balles de tennis, métaphore amusante pour représenter les spermatozoïdes. Puis, la femme se dirige vers son fiancé, en l’occurrence un lapin en peluche, et les spectateurs assistent à la cérémonie du mariage. C’est sans compter la nuit de noces, une scène explicite qui plonge l’assistance dans l’intimité d’une femme et de sa peluche ! La suite est plus troublante encore : la lapine tombe enceinte et accouche de poupées et de peluches face au public. Mais le cycle de sa vie se termine quand la protagoniste met fin à ses jours. Une fin tragique et bien trop facile.

Il est vrai que l’art contemporain laisse la liberté aux artistes de puiser dans leur imaginaire. Il laisse de côté les conventions, pour se diriger vers autre chose. L’objectif de beaucoup d’artistes, alors, est de marquer les spectateurs et même de les choquer. Dave St-Pierre est réputé pour son goût artistique audacieux et provocant. Il souhaite révéler la véritable nature humaine, et ainsi défier tous les tabous. Son choix de mettre ses danseuses littéralement à nu devant les spectateurs est judicieux. Elles paraissent pures des empreintes de la société, ce qui rend leurs personnages plus accessibles pour le public. Le chorégraphe a vraisemblablement préféré rester intègre, quitte à se faire huer, et on ne peut que respecter ce choix. La représentation frôle cependant le pornographique et l’indécence, sans toutefois y tomber. Les âmes sensibles devraient donc s’abstenir.


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