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Si j’avais su…

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Je l’appréhendais, ce fameux retour.
On s’y prépare pourtant. C’est écrit noir sur blanc sur le contrat : un échange universitaire, c’est un billet aller-retour vers une parenthèse de paradis étudiant. On y est allé en courant, vers cette parenthèse. Le temps de trinquer une fois ou dix, d’esquisser un sourire ou cent à une blonde, de se présenter en cours de temps à autre, juste histoire « de dire que », le temps de faire étamper quelques destinations de plus à son passeport et pouf, nous revoilà déjà de retour, traînant la patte, et à reculons s’il-vous-plaît ! Méchant contrat. On aimerait ça pouvoir négocier l’option « non-retour » pour les expériences futures.
Bon, c’est vrai qu’un de mes collègues néo-suédois s’est moqué dudit contrat, en s’emparant à pleines mains de son billet d’avion pour le déchirer joyeusement en mille morceaux. Comme quoi une signature sur un bout de papier, ça peut ne valoir pas plus qu’une tache d’encre sur un morceau de papier toilette. Il a osé l’impossible, tout ça pour les beaux yeux bleus d’une blonde à échasses. Elles les avaient certes très jolis, ses yeux. Mais maintenant, il l’a un peu dans le baba, le bonhomme. Son université mère l’avait envoyé dans l’espoir de récupérer un étudiant transformé, qui aurait su faire profiter de son expérience dès son retour. Elle devra se contenter d’un improbable ambassadeur en terres suédoises et qui sait, d’un avis de mariage d’un de ses alumni d’ici peu. D’après moi, elle lui pardonnera difficilement cet écart de conduite et prendra certainement en otage quelques crédits et quelques dollars de bourse.
Cela dit, mon avis et celui de mes collègues en échange sont peut-être biaisés par notre amertume. Biaisés par un gros tantinet de jalousie, mêlé d’un soupçon d’admiration pour notre kamikaze de copain qui a osé traverser la ligne que nous rêvions tous de pouvoir franchir. Ma maman m’avait toujours dit de ne jamais attendre que les autres « le » fassent à notre place. Si j’avais su…
Enfin, trêve de bavardages ! Dans mon cas, blonde aux yeux azur ou pas, j’ai respecté mon contrat. Me revoilà donc parmi vous. Vu que je n’aime pas trop regarder derrière moi (ça fait trop vieux-nostalgique-pessimiste), mais que j’ai en même temps de furieuses envies chroniques de replonger mon esprit, dans un retentissant « flat » rouge et douloureux, dans mes merveilleuses sensations d’étudiant en échange, j’ai trouvé le parfait compromis.
Je vous concocterai donc pour ce premier semestre des chroniques-découvertes à saveur d’échange. Le tout avec Montréal la savoureuse, Montréal la belle comme sujet. Un peu pour vous la faire (re)découvrir, beaucoup aussi parce que je suis un fervent croyant de la méthode Coué et qu’en gardant mon esprit le plus près possible de son mode « échange », mon corps suivra plus tôt que tard et l’on m’expédiera prochainement vers une nouvelle destination.
Je vous jure donc solennellement, sur l’institution sacrée de l’échange étudiant, de tout mettre en œuvre dans les mois à venir pour réussir à exciter votre insatiable curiosité, à abreuver votre soif de découvertes et de tenter de vous arracher un sourire chronique hebdomadaire. Bon début de semestre !


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