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Le joli « non » de McGill

L’an dernier, un de mes amis s’est trouvé à faire la grasse matinée (prescrite par Docteur Gueule-de-Bois) le matin d’un examen de « Calculs ». Il a eu beau pleurer, plaidoyer, raconter une misérable histoire d’une tante décédée, son professeur lui a mis un beau zéro tout rond. Les résultats de l’examen sont arrivés et dû à la logique mathématicienne des notes, la classe avait une moyenne de ‑4/10 (des points étaient retirés pour une fausse réponse). Le prof a donc été forcé d’augmenter toutes les notes pour avoir une moyenne un peu plus raisonnable. L’ami ronfleur s’est lui aussi fait remonter sa note… de 0 a un 9/10 – une des meilleures notes de la classe !

Difficile de critiquer le professeur, il s’occupe d’un cours de plus de mille personnes, parmi eux des futurs vétérinaires, psychologues ou docteurs qui n’auront plus jamais à utiliser des calculs aussi compliqués pour le reste de leurs vies. Heureusement, les temps changent vite et les élèves trouvent des petits raccourcis pour finir leurs devoirs enquiquinant à l’heure.

Finies, les encyclopédies de 4 000 pages ; bonjour Wikipédia !
Finis, les calculs innombrables en groupe pour arriver à la même réponse ; bonjour Wolfram !
Finies, les histoires russes qui se lisent en pleurant et les beaux mots incompréhensiblement jetés sur les pages d’un poème à étudier – bonjour Sparknotes !
Finis les bibliographies qui prenaient plus longtemps à faire que la recherche elle-même – bonjour Easybib !

Ce n’est plus utile de mémoriser, il est utile d’apprendre et McGill force brillamment ces élèves à apprendre tous seuls. Comment ? En se fichant du bien-être de leurs élèves. Logique non ?

Là où les autres universités se tuent à trouver des professeurs qui savent enseigner, McGill se concentre sur leurs jolis noms et leurs longs CV. Pourquoi ? Aucun historien aujourd’hui ne pourra vous conter une bataille plus pleinement qu’une recherche sur Google. Alors McGill investi dans la recherche et le développement – histoire d’attirer les professeurs les plus renommés. Les profs arrivent donc avec leurs beaux noms pour embellir celui de McGill et faire la recherche qui les intéresse.

Ensuite, les meilleurs élèves du Canada viennent à McGill, car c’est apparemment la meilleure université Canadienne. Et comme la plupart des profs ne sont pas là pour leeur enseigner, les étudiants sont forcés d’«apprendre à apprendre » par eux-mêmes. Où est l’avantage ? Que ce soit en sortant de Carleton, Western ou l’Université de Chicoutimi, l’étudiant sera habitué à prendre des ordres pour apprendre et s’attendra à avoir un chemin tracé bien gros et bien droit pour son avenir.

McGill, de son côté, prépare des travailleurs qui n’auront besoin d’aucun ordre pour avancer (et d’ailleurs ils préfèreront en donner), elle prépare des individus indépendants et motivés par leurs propres détermination plutôt qu’une liste de choses à faire. Et McGill fait tout ça simplement avec le joli nom de ses professeurs et un joli non pour les étudiants en détresse (allez voir la clinique un matin pour voir la queue leu leu de malades espérant pouvoir avoir un rendez-vous dans la semaine). Belle technique, il faut le dire. 


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