Chloe Sheehan - Le Délit https://www.delitfrancais.com/author/sheehanchloe/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Fri, 16 Jul 2021 22:15:52 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 «Exprimer au Je pour comprendre le Nous» https://www.delitfrancais.com/2021/07/16/exprimer-au-je-pour-comprendre-le-nous/ Fri, 16 Jul 2021 22:15:51 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=43973 Entrevue exclusive avec les fondatrices d'une initiative de sensibilisation sur les enjeux de santé mentale chez les jeunes.

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Le Collectif Nous est né en novembre 2020 dans le but de soutenir les jeunes adultes en temps de pandémie. Il s’agit d’une initiative instiguée par des étudiant·e·s du CEGEP et de l’université qui ont constaté la nécessité de parler des enjeux en lien avec la santé mentale chez les jeunes adultes au Québec. Le Délit s’est entretenu avec Alice Leblanc, fondatrice et coordonnatrice externe du Collectif Nous, et Sofiane Allali, coordonnatrice interne du Collectif. La première étudie en sciences politiques et en histoire à l’Université McGill, et la deuxième étudie en relations internationales et droit international à l’UQAM.

Le Délit (LD): Quelle est la mission du Collectif Nous? 

Alice Leblanc (AB): Le Collectif Nous est un projet qui porte sur la santé mentale des jeunes du Québec. Cette initiative sociale est née d’un désir de rassembler les jeunes qui souffrent de [problèmes de] santé mentale et/ou ceux et celles qui veulent en discuter pour sortir leurs pairs de l’isolement. Sous forme de témoignages, nous invitons les jeunes à prendre la parole, à s’informer sur les réalités de la cause de la santé mentale au Québec et à discuter d’enjeux connexes. En bref, Nous est une communauté artistique, humaniste et politique revendiquant une normalisation des enjeux de santé mentale. 

Sofiane Allali (SA): Notre objectif est de briser les tabous sur la santé mentale et d’offrir la possibilité aux jeunes de faire partie d’une communauté informée, ouverte et réceptive. La force du Collectif Nous est d’écouter cette jeunesse en détresse pour que sa voix soit entendue. Notre mission principale consiste en la sensibilisation en matière de santé mentale, au partage de témoignages pour comprendre un enjeu global, ainsi qu’à l’engagement politique non partisan pour défendre les intérêts des jeunes québécois·e·s.

« En bref, Nous est une communauté artistique, humaniste et politique revendiquant une normalisation des enjeux de santé mentale »

Alice Leblanc

LD: Comment pensez-vous que le Collectif Nous permettra d’améliorer le sort des jeunes adultes en temps de pandémie?

AB: Évidemment, nous ne sommes pas des professionnel·le·s en santé mentale. Par contre, notre plateforme permet une discussion engagée et ouverte qui rappelle aux jeunes qu’il·elle·s ne sont pas les seul·e·s à vivre des situations difficiles. Le Collectif permet de créer une communauté de jeunes engagé·e·s, à l’écoute d’autrui et, surtout, à l’écoute de soi.

SA: Aussi, la publication de témoignages reçus permet de créer du contenu éducatif sur des sujets sensibles. Lorsque les jeunes vont [défiler] sur leurs réseaux sociaux, il·elle·s peuvent en apprendre davantage sur beaucoup de sujets qui peuvent les affecter dans la vie de tous les jours. Le Collectif rend l’information sur le sujet plus accessible, mieux connue et comprise. C’est une manière ludique de s’éduquer sur cette partie aussi importante de notre santé globale qui n’est pas enseignée à l’école.

LD: Comment pensez-vous que la pandémie a affecté les jeunes adultes?

AB: Alors que les jeunes se retrouvent dans une période de leur développement où les interactions sociales sont primordiales, le confinement et l’école à distance les condamnent à un monde anxiogène et déstabilisant. Les statistiques parlent d’elles-mêmes: 64% des étudiant·e·s au collégial et à l’université ressentent de l’isolement, de l’anxiété et de la détresse psychologique, selon une étude du ministère de l’Enseignement supérieur publiée au mois de mars 2021. Face à ce mal-être commun, le gouvernement se doit d’offrir de l’aide à sa relève qui ne voit plus la lumière au bout du tunnel.

« Alors que les jeunes se retrouvent dans une période de leur développement où les interactions sociales sont primordiales, le confinement et l’école à distance les condamnent à un monde anxiogène et déstabilisant »

Alice Leblanc

LD: Quel est l’objectif du Collectif Nous à long terme?

SA: Le Collectif Nous a plusieurs projets à long terme. Puisqu’il s’agit d’un projet qui a été créé en temps de pandémie, il devra se réinventer. Cela permettra au projet de devenir plus enrichissant et multidimensionnel. Le Collectif est d’ailleurs ouvert aux nouveaux·elles membres. Nous encourageons tous·tes les intéressé·e·s à nous écrire. Nous voulons agrandir notre équipe.

AB: À long terme, le Collectif souhaite continuer de sensibiliser la population et déstigmatiser les enjeux de santé mentale. Il souhaite continuer de rassembler les jeunes et les informer afin que ceux-ci comprennent mieux les troubles de santé mentale qui les habitent ou qui habitent leurs proches. Il souhaite aussi, et surtout, continuer de revendiquer les intérêts des jeunes auprès du gouvernement du Québec et de l’Assemblée nationale du Québec afin de proposer des solutions concrètes au manque de ressources en santé mentale. Nous collaborons, discutons et proposons des projets aux élu·e·s et les sensibilisons à tout ce que vivent les jeunes.

Le Collectif Nous tient un site web et une page Instagram

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L’AÉUM dit non à la recherche militaire néfaste https://www.delitfrancais.com/2021/03/29/laeum-dit-non-a-la-recherche-militaire-nefaste/ Tue, 30 Mar 2021 03:09:11 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=43340 Approbation d’une motion chapeautée par Étudiant·e·s pour la paix et le désarmement.

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Des membres du regroupement Étudiant·e·s pour la paix et le désarmement (Students for Peace and Disarmament) de l’Université McGill ont répondu aux critiques émises au sujet de leur motion sur la recherche militaire néfaste menée par l’institution, lors du conseil législatif de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) du 11 mars dernier. À la suite de 40 minutes de débat, la motion a été approuvée avec 15 votes en faveur, 7 votes en opposition et 5 abstentions. Le Délit s’est entretenu avec Ayo Ogunremi, le vice-président aux Affaires externes de l’AÉUM, qui a manifesté son appui à la motion en question.

Le Délit (LD) : Comment l’Université McGill est-elle impliquée dans la recherche militaire néfaste?

Ayo Ogunremi (AO) : La politique vise un certain nombre de laboratoires et d’unités de recherche spécifiques qui ont des contrats militaires avec le ministère canadien et le département américain de la Défense. Ces unités de recherche, notamment le Groupe de la physique des ondes de choc et le Laboratoire sur la dynamique des fluides computationnels, collaborent avec et sont en partie financées par des organisations impliquées dans le complexe militaro-industriel. 

LD : Quelle est la différence entre la recherche militaire et la recherche militaire néfaste?

AO : Le concept de technologie militaire néfaste est, selon moi, une innovation conceptuelle unique à McGill. C’est en 2015 que j’ai pour la première fois remarqué l’utilisation de cette expression, dans la politique pour un campus exempt de technologies militaires néfastes. Par technologies militaires néfastes, nous entendons spécifiquement les technologies produites pour mener toute activité qui fait du mal.

Ce ne sont donc pas que des armes. Elles comprennent également des technologies auxiliaires qui rendent les armes plus efficaces, de même que des technologies liées à la surveillance.

«Par technologies militaires néfastes, nous entendons spécifiquement les technologies produites pour mener toute activité qui fait du mal»

Ayo Ogunremi

Il est important de noter le contraste entre les technologies néfastes et les technologies développées par les organisations militaires afin de favoriser la réhabilitation, que nous pourrions appeler non néfastes. Ces dernières visent, par exemple, à soulager les vétérans et vétérantes qui souffrent de stress post-traumatique. D’autres technologies non néfastes, comme des simulations de négociations pacifiques, sont utilisées afin de consolider la paix.

LD : Quel est le principal objectif de la politique mise de l’avant par la motion votée au conseil législatif?

AO : Cette politique comporte deux sections. Premièrement, elle revendique une plus grande transparence de la part de McGill en ce qui concerne le financement par des organisations militaires et la participation de l’Université à la recherche militaire. Deuxièmement, elle cherche à impliquer l’AÉUM dans une multitude d’efforts pour le désarmement, la dénucléarisation et la promotion de la paix mondiale. 

LD : Comment s’est déroulé le processus d’approbation de cette motion?

AO: La motion a été présentée au conseil législatif pour la première fois le 28 janvier, ce qui veut dire qu’elle allait être débattue et soumise au vote à la prochaine séance du conseil, deux semaines plus tard. Le 11 février, donc, la motion a été approuvée sans amendements, malgré des débats houleux qui ont eu lieu entre certain·e·s rédacteur·rice·s de la politique et un conseiller. Ces débats portaient sur certaines allégations factuelles de la politique concernant les essais nucléaires et l’extraction d’uranium dans les Prairies canadiennes ainsi que sur la définition du complexe militaro-industriel énoncée dans la politique. Comme le conseiller continuait de s’opposer à la motion sans proposer de recommandations pour pallier ses critiques, la motion a été approuvée telle quelle. 

Cependant, lorsque les motions sont approuvées par le conseil législatif, elles doivent passer par le conseil d’administration de l’AÉUM. Ce même conseiller siège au conseil d’administration. Pour cette raison, la motion a pris plusieurs semaines à être approuvée. La motion a heureusement été officiellement adoptée le 18 mars dernier.

Je devrais noter que le conseil d’administration n’est censé renvoyer les motions que pour des considérations opérationnelles, juridiques ou financières, car cet organe est censé reconnaître que le conseil législatif, étant l’organe élu de la communauté étudiante, détient le pouvoir décisionnel politique de l’AÉUM. Le conseil d’administration n’est ni élu ni représentatif de l’électorat mcgillois.

Une politique qui ne fait pas l’unanimité

Alex Karasick, membre du conseil d’administration de l’AÉUM, a fait part au Délit de ses doutes quant à la motion. C’est surtout l’intention derrière qui serait inquiétante, selon Karasick. «Lorsque la motion nous a été présentée pour la première fois, on prétendait que l’objectif recherché était exclusivement la transparence dans la recherche, et rien d’autre. C’est ce que les membres d’Étudiant·e·s pour la paix et le désarmement et du conseil législatif ont plaidé. J’avais un problème avec cela, car l’intention de la motion était vraiment d’en faire beaucoup plus: elle cherchait également à démilitariser McGill entièrement.» 

«L’intention de la motion était vraiment d’en faire beaucoup plus: elle cherchait également à démilitariser McGill entièrement»

Alex Karasick

Les vice-président·e·s Brooklyn Frizzle et Ayo Ogunremi ont pour leur part affirmé que ces critiques ont été abordées et résolues un mois avant l’approbation de la motion. Pour cette raison, il·elle·s ont jugé que ce débat ne méritait pas d’être soulevé à nouveau.

Karasick n’était pas satisfait de l’approbation de la motion. «La façon dont elle était présentée posait déjà un problème, mais le contenu réel de la motion était horrible. Je pense que c’est une politique mal faite qui ne servira qu’à nuire à nos relations avec l’administration, et ce, pour un objectif que nous ne pourrions jamais espérer atteindre.»

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Balarama Holness: quand la diversité fait la force https://www.delitfrancais.com/2021/02/23/balarama-holness-quand-la-diversite-fait-la-force/ Tue, 23 Feb 2021 13:34:28 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=42273 Un entretien avec le fondateur de l’organisme Montréal en Action.

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Dans le cadre du Mois de l’Histoire des Noir·e·s, Le Délit s’est entretenu avec Balarama Holness, fondateur de l’organisme Montréal en Action qui a pour but de lutter contre le racisme systémique. M. Holness a poussé la mairie de Montréal à effectuer une consultation publique à ce sujet en 2019, ce qui a engendré la reconnaissance du racisme systémique par la mairesse de Montréal l’année suivante. Récemment diplômé en droit de l’Université McGill, ce récipiendaire de la Coupe Grey en 2010 est également un potentiel candidat aux élections municipales de novembre 2021.

Le Délit (LD): Comment votre identité s’inscrit-elle dans le mouvement pour les droits des Noir·e·s?

Balarama Holness (BH): Je suis métisse. Mon père est Jamaïcain, ma mère est Québécoise. Je reconnais d’une part que je me tiens sur les épaules de gens qui sont venus bien avant moi. De plus, ici au Québec, une province francophone qui a des enjeux d’identité, de sécurité économique et de sécurité culturelle, je me vois comme une voix importante parce que mon hybridité me permet de voir les deux côtés.

LD : Comment voyez-vous votre implication dans ce mouvement contemporain? 

BH : Pendant des décennies, les membres des communautés racisées et culturelles ont essayé de faire avancer des enjeux relatifs aux droits des personnes racisées en lien avec l’emploi, la sécurité publique, la culture, l’accès à l’infrastructure sportive et récréative, etc. Nous avons vu peu d’avancements. Grâce à mon parcours juridique, j’ai découvert une clause dans la Charte montréalaise des droits et responsabilités qui dit que n’importe quel citoyen qui récolte 15 000 signatures peut exiger une consultation publique. Donc, au lieu de m’insérer dans un mouvement et de simplement suivre la foule, j’ai décidé de prendre ma propre trajectoire et d’aborder cet enjeu avec un angle plus juridique et démocratique. Ceci m’a permis de réaliser quels leviers de pouvoir je pouvais utiliser pour faire changer les choses en prenant des mesures concrètes. L’une d’elles a été de faire reconnaître le racisme systémique par la mairesse de Montréal le 15 juin 2020, à la suite de la consultation publique à ce sujet. 

LD : L’existence du racisme systémique est l’objet d’un débat. Pourquoi? 

BH : Au Québec, la sécurité culturelle et linguistique est un enjeu. Au Canada, la langue française est tranquillement en train de s’effacer et la population québécoise, majoritairement blanche et francophone, change de plus en plus avec la croissance de l’immigration et le vieillissement des baby-boomers. Par conséquent, au fil des années, le nombre de baby-boomers diminue, ce qui leur fait craindre d’être remplacés par les minorités sur le marché du travail et d’être assimilés. 

Aussi, plusieurs pensent que le mot systémique veut dire que tout le monde au Québec est raciste. C’est faux. 

LD : Donc, vous dites que cette réticence vient du fait que la population générale est craintive?

BH : Oui, je pense que c’est le point le plus important. La population québécoise sent que si on reconnaît le racisme systémique, les immigrants et les minorités visibles vont demander plus de droits qui vont conséquemment empiéter sur les leurs. Il est important de considérer le fait que les francophones au Québec sont en minorité au Canada. Je pense qu’ils craignent que, si le racisme systémique est reconnu, ça va accélérer leur chute démographique. Ils vont donc être doublement minoritaires, ce qu’ils et elles ne souhaitent pas.

LD : Que souhaitiez-vous atteindre comme objectif avec votre baccalauréat en droit? Où se trouvent les plus gros défis dans le domaine juridique?

BH : Dans un sens, je l’ai déjà fait! Lors de mon premier semestre en droit à McGill, je lisais la Charte montréalaise, et je suis tombé au hasard sur le droit d’initiative. C’est ce droit d’initiative qui a permis de forcer la ville de Montréal à tenir une consultation publique qui a abouti en la reconnaissance du racisme systémique par la mairesse de Montréal. Des centaines de fonctionnaires de la ville ont travaillé sur ce projet. Plusieurs travaillent maintenant à l’implantation des recommandations qui ont résulté de la consultation publique. Il y a donc un travail énorme qui doit être fait, et plusieurs personnes doivent s’attarder à nos demandes. Il ne faut pas négliger les millions de dollars qui ont été investis dans ce projet. À mon avis, ceci est une victoire énorme d’un point de vue juridique. 

LD : Pensez-vous toujours vous présenter aux élections pour la mairie de Montréal en novembre 2021?

BH : J’y pense encore. Je n’ai toutefois pas encore pris de décision.

LD : Quel serait votre objectif à la mairie de Montréal?

BH : Un de mes objectifs serait de faire en sorte que les gens soient excités de participer à notre démocratie. Au-delà de l’action de voter, qui est très importante, il y a beaucoup de façons dont les gens peuvent s’engager dans leur démocratie, comme faire avancer le dialogue public avec un article de journal, créer un organisme à but non lucratif, faire du bénévolat… Je pense que c’est la responsabilité de tout le monde, qu’ils soient citoyens, résidents permanents ou étudiants, de s’engager dans une démocratie comme celle du Canada, du Québec et de Montréal.

«Je n’ai toujours pas décidé si je me lançais ou non, mais je sais que si je me lance, mon objectif serait de relancer l’économie de manière juste et équitable et de rendre la population générale allumée par rapport à leur démocratie»

Balarama Holness

Je souhaite aussi une relance juste de l’économie qui aurait pour but d’éliminer les inégalités. Je voudrais faire en sorte que les personnes marginalisées et vulnérables soient incluses dans cette relance. Je souhaite notamment que tous aient accès à l’emploi, que le transport en commun soit adapté pour tous, incluant les personnes à mobilité réduite, et que la distribution des espaces verts soit plus équilibrée. Bref, je n’ai toujours pas décidé si je me lançais ou non, mais je sais que si je me lance, mon objectif serait de relancer l’économie de manière juste et équitable et de rendre la population générale allumée par rapport à leur démocratie. Voilà l’héritage que je voudrais laisser. 

LD : Qu’est-ce que Montréal en Action?

BH : Montréal en Action est un organisme à but non lucratif qui utilise l’éducation et l’engagement citoyen pour avancer des changements concrets en société. L’éducation nous permet de sensibiliser les gens à différents enjeux, que ce soit des enjeux historiques, environnementaux, de droits autochtones, etc. Pour nous, c’est fondamental. Étant quelqu’un qui valorise énormément l’éducation, je trouvais cela essentiel de mettre cet engagement au centre de nos opérations. Nous utilisons des leviers juridiques et démocratiques pour faire avancer des enjeux qui nous tiennent à cœur. La consultation publique que nous avons menée en est un bon exemple. Nous travaillons actuellement sur l’implantation des recommandations qui en sont issues en coopération avec la ville de Montréal et des groupes communautaires, entre autres.

LD : Que ressentez-vous depuis la création de Montréal en Action en 2017?

BH : Évidemment, je suis très fier de la façon dont nous avons fait avancer la cause du racisme systémique à Montréal avec notre projet de la consultation publique et les recommandations qui en sont ressorties. Je suis particulièrement fier de mon équipe phénoménale. C’est une fierté pour moi de voir des membres de l’organisme qui n’avaient jamais parlé publiquement auparavant s’engager et faire avancer le dialogue public sur des plateformes importantes. 

LD : Avez-vous un mot de la fin pour les étudiants et étudiantes de McGill?

BH : Je ne suis pas certain de me lancer pour la mairie de Montréal ni pour toute autre juridiction provinciale ou fédérale. Toutefois, si je me lance, je compte sur votre soutien, et j’espère que vous allez vous engager dans votre université et dans votre communauté. Je vous souhaite de vous engager pour que vous soyez vecteur de changement à votre façon. 

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Désinvestissement McGill appelle à boycotter Metro https://www.delitfrancais.com/2021/01/25/desinvestissement-mcgill-appelle-a-boycotter-metro/ Mon, 25 Jan 2021 22:08:56 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=41060 La campagne viserait à faire pression sur une membre du Conseil des gouverneurs de McGill.

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Le 16 janvier dernier, le groupe Désinvestissement McGill (Divest McGill) a appelé les étudiant·e·s et les membres du personnel de l’Université McGill à boycotter les épiceries Metro. L’objectif de cette campagne est de faire pression sur Maryse Bertrand, qui est à la fois vice-présidente du Conseil des gouverneurs de McGill et membre du conseil d’administration de Metro inc. Elle possède près d’un demi-million de dollars en actions de l’entreprise et retire plus de 130 000 dollars en honoraires annuels de son travail chez Metro.

Action directe

L’entreprise québécoise Metro inc. est la troisième plus importante chaîne de supermarchés au Canada. En 2018, son chiffre d’affaires dépassait les 16 milliards de dollars avec plus de 90 000 employé·e·s. Outre les 326 épiceries Metro, l’entreprise possède également des sous-divisions telles que Food Basics, Adonis et Super C. Le Délit s’est entretenu avec Samuel Helguero, membre de Désinvestissement McGill et étudiant de deuxième année de la Faculté de droit de l’Université. Il a expliqué que, outre sa relation avec Maryse Bertrand, l’organisme s’attaquait à Metro en raison de ses investissements importants dans l’industrie des combustibles fossiles, de sa création d’oligopoles et des conditions de travail malsaines que subiraient ses nombreux·ses employé·e·s. Il a souligné que, tôt dans la pandémie, l’entreprise avait mis fin à la prime salariale de deux dollars offerte depuis le 8 mars. «[Metro] semble avoir coordonné cette coupe avec d’autres grandes chaînes […] au début de la pandémie en juin», a affirmé Samuel Helguero.

Avec son boycottage, le groupe vise à la fois le désinvestissement complet de la part de l’Université en matière d’énergies fossiles et la sensibilisation de la prochaine génération aux stratégies d’actions directes.

«Ce boycottage formera une nouvelle génération d’organisateur·rice·s qui auront une meilleure maîtrise des stratégies d’action directe. Ces stratégies permettent de réaliser des gains politiques, non pas en faisant appel à la moralité ou à l’intelligence des autorités, ou en faisant élire des personnes aux bons postes, mais en exerçant une pression économique directe»

Samuel Helguero, membre de Désinvestissement McGill
Iyad Kaghad | Le Délit

Se désinvestir ou décarboniser?

Depuis 2012, le groupe environnementaliste dirige ses efforts vers le Comité consultatif sur les questions de responsabilité sociale (CAMSR) de l’Université, qui a rejeté à trois reprises les motions de désinvestissement qui lui ont été présentées, a affirmé Samuel Helguero. Le sénat de McGill, l’Association étudiante de l’Université McGill et l’Association étudiante des cycles supérieurs de l’Université McGill, entre autres organisations, ont pour leur part manifesté leur appui au mouvement de désinvestissement.

En décembre 2019, le CAMSR a rédigé un rapport visant la décarbonisation du fonds de dotation de McGill. Ce rapport cible huit points importants – notamment la décarbonisation, l’engagement et l’investissement responsables – pour un futur plus écoresponsable.

«L’Université a agi rapidement en retirant du Fonds commun de placement (MPI) les investissements des entreprises à forte intensité de carbone, y compris ceux dans l’industrie des combustibles fossiles», a expliqué l’administration au Délit. McGill souhaiterait augmenter ses investissements dans «les énergies renouvelables, les technologies non polluantes, l’efficacité énergétique, la construction écologique, la prévention de la pollution, l’eau potable et d’autres fonds à faible émission de carbone», des objectifs qui contribueraient tous à la décarbonisation du MPI. Un investissement dans un fonds mondial pour les énergies renouvelables a déjà été approuvé par l’Université.

McGill prévoit d’atteindre la réduction de 33 % de ses émissions de carbone d’ici 2025, tel que recommandé par le CAMSR. L’Université affirme également viser la carboneutralité d’ici 2040. Les objectifs de réduction prévus par l’établissement sont «plus que ce qui aurait pu être accompli en se désinvestissant des participations dans la seule industrie des combustibles fossiles», a soutenu l’administration.

Alors que Désinvestissement McGill demande un abandon complet des industries fossiles, l’administration a opté pour la décarbonisation. Lors d’un entretien avec Le Délit, Elena Bennett, professeure à l’École de l’environnement de McGill, a affirmé que l’Université était à l’écoute de ses étudiant·e·s et de son personnel. Selon la professeure, l’établissement entreprendrait des actions concrètes comme la recherche sur les changements climatiques, la reconnaissance de l’importance des séminaires virtuels – pour réduire ou même éviter le transport aérien – et l’ajout de nombreux supports à vélos partout sur le campus, pour ne citer que quelques exemples.

Le désinvestissement ailleurs

Ailleurs au Canada, plusieurs universités ont répondu aux pressions de leurs étudiant·e·s et se sont engagé·e·s sur la voie du désinvestissement. C’est le cas de l’Université Laval et de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), deux universités québécoises. L’Université de la Colombie-Britannique (UBC) s’est également engagée à désinvestir plus de 380 millions de dollars dans les énergies fossiles. Les universités britanniques d’Oxford et de Cambridge ont également promis un désinvestissement considérable.

La Pre Bennett a souligné qu’il est important que tous·tes se désengagent autant que possible – de manière individuelle, institutionnelle ou organisationnelle – des énergies fossiles ou de tout autre investissement qui nuit à notre planète. «Je peux bien sûr comprendre les difficultés que cela pose d’un point de vue institutionnel, mais ce n’est pas impossible, comme le montrent d’autres universités», conclut la Pre Bennett.

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