Alexandre Le Coz - Le Délit https://www.delitfrancais.com/author/alexandre-lecoz/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Fri, 12 Feb 2021 19:53:02 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 L’AÉUM s’apprête à tuer le pluralisme de la pensée à l’université https://www.delitfrancais.com/2018/05/05/laeum-sapprete-a-tuer-le-pluralisme-de-la-pensee-a-luniversite/ Sun, 06 May 2018 04:39:24 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=31290 Le 5 avril 2018, l’Association Étudiante de l’Université McGill a fait voter une loi  interdisant à l’ensemble de ses membres de s’affilier à  des groupes d’ «extrême droite». Réaction.

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Et voilà que l’Association Étudiante de l’Université McGill (AÉUM, ou SSMU en anglais, ndlr) refait des siennes. Lors du dernier conseil législatif réunissant les représentant·e·s de toutes facultés de l’Université, l’association censée représenter les intérêts de l’ensemble des étudiants et étudiantes à McGill a une fois de plus contribué à l’anéantissement du pluralisme de la pensée. Le 5 mai 2018, elle a en effet fait voter ce qui s’apparente à une véritable motion de censure, en interdisant «l’affiliation avec tout groupe d’extrême droite». Autrement dit, en marginalisant une pensée politique entière, l ’AÉUM s’est placée en pionnière de

Car oui, tout en dépassant le simple conflit idéologique, cette nouvelle loi rappelle les limites de la liberté d’expression au Canada en initiant un débat féroce sur un sujet sensible. En effet, au-delà des divisions politiques, promouvoir l’interdiction d’une adhésion quelconque au sein d’une association étudiante est un acte que l’on ne peut qualifier autrement que de discriminatoire. Faire voter l’interdiction d’exercer un poste en fonction de certaines affiliations politique l’est tout autant. Ironiquement, cette motion est supposément proposée en accord avec l’article 2.6 de la politique d’équité de l’AÉUM, une politique prônant le support de tout projet visant à mettre fin aux discriminations. Hypocrisie, quand tu nous tiens…

Une loi biaisée et prôneuse d’uniformisation

Si une telle loi prônait réellement l’égalité et le respect intellectuel, ne devrait-elle pas cesser d’automatiquement de diaboliser tout sympathisant d’extrême droite en faisant l’amalgame entre «extrême droite» et «fascisme», qui n’en est en réalité qu’une dérive sectaire ? Ne devrait-elle pas tout autant rappeler les dérives de l’extrême gauche, qui ne sont pas drastiquement inférieures aux dérives identitaires de droite ? Il suffit en effet de consulter le site de «Montréal contre-information» pour entendre l’étendu des dérives de l’extrême gauche au Québec – entre tutos pour fabriquer des cocktails Molotov, incitations à la violence urbaine et à la mise en place du ‘chaos social’, c’est pourtant seulement l’extrémisme de droite qui est décrié. Qui plus est, en prenant en compte la fâcheuse, mais si répandue, coutume de nombreuses personnes à étiqueter à «l’extrême droite» tout ce qui se trouve à «droite» du «centre gauche», la vérité semble être que cette loi, nouvellement votée par l’AÉUM, prêche l’uniformité au nom de l’égalité.

Certains continueront néanmoins à défendre la légalité de cette loi sous prétexte que la pensée d’extrême droite est trop hostile pour être considérée légitime.  Toutefois, lorsque le terme  extrême droite» est évoqué par l’AÉUM, il désigne une caractérisation déformée et amalgameuse de ce que représente vraiment cette mouvance politique. Intellectuellement défini par Cas Mudde, l’extrême droite désigne tout groupe politique mêlant «autoritarisme, nativisme, et populisme», tandis que l’AÉUM a préféré amalgamer cette pensée à « une idéologie fasciste, raciste et/ou réactionnaire». Cette déformation de la réelle définition de Mudde n’est que la représentation de la ligne politique portée par l’association étudiante de McGill, pourtant censée représenter l’ensemble du corps étudiant. Effectivement, cette définition réductrice apporté par le rapport de l’AÉUM est extraite de RationalWiki, une plateforme collaborative qui en 2007 émerge comme une réponse à Conservapedia, encyclopédie digitale à la ligne politique conservatrice. Voilà donc les sources de l’Association Étudiante de l’Université McGill, qui, plutôt que d’adopter des positions neutres, se documente sur des sites aux affiliations politique déclarées ! Qu’en est-il à présent de l’interdiction d’affiliations politiques au nom de l’égalité ? L’hypocrisie de l’AÉUM serait-elle plus importante que sa neutralité politique ?

Suivant cette ligne, cette nouvelle loi n’est donc en réalité qu’un prétexte de plus pour faire valoir l’idéologie ultralibérale déjà bien dominante dans le domaine universitaire nord-américain, et l’AÉUM ne semble plus s’en cacher. Par ce biais, l’AÉUM va contre ses propres principes en marginalisant davantage tout individu se revendiquant «conservateur». Pire, elle met un terme au débat public universitaire en cherchant à uniformiser les membres de sa communauté. À travers cette nouvelle motion qui encadrera désormais note vie universitaire, c’est  le fléau de la pensée unique et de la déformation qui aura  eu le dernier mot. Si ce n’est qu’une infime partie de la communauté mcgilloise qui en est affectée, cette décision symbolise le développement d’une monoculture politique nocive à l’apprentissage universitaire, mais regrettablement grandissante.

La fin du pluralisme de la pensée

Il ne s’agit ici en rien de défendre les thèses exécrables de l’extrême droite ou de nier une certaine droitisation de nos sociétés aujourd’hui, mais plutôt de  revendiquer notre droit à la parole et à la libre pensée, ces droits qui constituent la base de notre cursus universitaire. Effectivement, c’est le pluralisme de la pensée qui nourrit les débats et mène aux changements sociétaux, mettant fin aux dérives extrémistes des mouvements de tous les bords politiques.

Néanmoins, certains continueront à dire que je plaide en faveur de la banalisation de propos racistes, homophobes, génocidaires, ou quelconques autres terminologies qui sont si souvent associées de manière hasardeuse aux mouvances politiques de l’extrême droite. D’autres diront que je participe simplement à faire le nid de cette pensée politique, à laquelle je n’adhère pour rien au monde qui plus est. Je préfère simplement résister à la soumission idéologique qui s’impose de manière accrue aux étudiants de notre université, pourtant si réputée pour son ouverture d’esprit et son internationalisme grandissant. Par le biais de motion telle que celle nouvellement votée, c’est cette image dorée de notre université que nous trahissons au nom du politiquement correct et de la pensée unique.

«Notre société croit-elle donc encore à la liberté intellectuelle? Est-elle prête à accepter l’inconfort qui vient avec le désaccord?» Ces mots, sortis de la plume du sociologue Matthieu Bock-Côté, semblent plus que jamais applicables au cadre universitaire mcgillois aujourd’hui et la tendance à y répondre de manière négative  ne fait que motiver la mise en place de telles lois de censure.

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Entre liberté et égalité https://www.delitfrancais.com/2017/04/07/entre-liberte-et-egalite/ Fri, 07 Apr 2017 13:49:10 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=28427 Le Canada et le Québec ont une interprétation différente de la notion de laïcité.

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Lorsque Samuel de Champlain fonde la ville de Québec en 1608, une alliance d’ancien régime est mise en place entre l’Église catholique et l’État. C’est alors le clergé qui prend part dans les décisions sociétales, en marginalisant certains groupes au sein de la société, mais surtout en faisant valoir des intérêts personnels aux dépens d’un peuple, soumis. Une telle influence religieuse reste en place au sein du Québec jusqu’en 1759 lors de la Conquête britannique de Québec. C’est cet évènement clé de l’histoire du Québec qui initie le Traité de Paris dans les années qui suivent, d’après lequel la France renonce à sa colonie francophone. Bien entendu, l’Acte de Québec de 1774 garantie par la suite la liberté de conscience à tout citoyen québécois, ainsi qu’à toute personne vivant sur le territoire provincial. De plus, cet acte octroi la gestion spirituelle des français-canadiens à l’Église, qui demeurent sous une telle doctrine jusqu’à la fin de la Grand Noirceur. C’est néanmoins aux 19è et 20è siècles que le processus de laïcisation assertive de la société se concrétise.

À travers l’Affaire Guibord, le public prend alors conscience de l’importante influence de l’Église catholique, qui refuse d’enterrer Joseph Guibord au sein de cimetières catholiques pour la simple cause de son affiliation à l’Institut Canadien, qui promouvait une idéologie libérale. Dans les années 60, la Révolution Tranquille permet au Québec de se moderniser. Un grand nombre d’institutions sont alors laïcisées, et l’Église perd définitivement son rôle privilégié. De plus, Éric Bélanger, professeur à l’Université McGill, note également que c’est à cette période que le nombre de québécois se rendant à l’église chute de près de 70% en 1961 à 30% dix années plus tard. Cette tendance n’a fait que s’accentuer avec la signature de la Charte des droits et libertés de la personne en 1975.

La liberté aux dépens de l’égalité

Les principes, jugés trop conservateurs, de la Charte des valeurs (autrement dit, la loi 60 de 2013), étaient cependant jugés incompatibles avec l’approche libérale que le Canada entretient vis-à-vis des religions. En effet, la proposition de loi émise par le gouvernement Marois en 2013 stipule qu’«un membre du personnel d’un organisme public ne doit pas porter, dans l’exercice de ses fonctions, un objet, […] marquant ostensiblement […] une appartenance religieuse ». (Chapitre II, 5). De plus, le projet de loi 60 appelle également à ce qu’« un membre du personnel d’un organisme public exerce ses fonctions à visage découvert » et que cette personne ait  « le visage découvert lors de la prestation d’un service qui lui est fourni par un membre du personnel d’un organisme public » (Chap III, 6 et 7). C’est donc une laïcité assertive, ou stricte, que le Parti Québecois souhaitait mettre en place en 2013. Cependant, une telle démarche s’apparentait à une cause perdue pour la province francophone du Canada. En effet, au niveau fédéral, une liberté totale est accordée aux employés, qui peuvent donc profiter de cette absence de règle pour revendiquer leur appartenance religieuse. Si certains considèrent cette liberté comme fondamental au sein d’un pays si ouvert, d’autres plus conservateurs considèrent en revanche que cette liberté ouvre la porte au prosélytisme religieux. Ils suggèrent donc que la foi religieuse devrait uniquement relever du privé. 

Une laïcité passive plutôt qu’assertive

Le terme «laïcité» me semble trop vague et complexe pour être utilisé de la sorte. Ahmet Kuru, un chercheur à l’Université de San Diego, s’est penché de manière brillante sur la question, marquant une différence majeure entre laïcité assertive et passive. Lorsqu’un pays applique une politique assertive vis-à-vis de la laïcité, c’est qu’il adopte une position stricte en tentant d’éliminer tout signe religieux ostentatoire des lieux publics. À l’inverse, Kuru démontre qu’une laïcité passive relève de la simple politique de neutralité de l’État face aux religions. Une laïcité passive constitue donc une approche libérale qui correspond à celle que le Québec entreprend de nos jours.

«Le Canada est plus fort et plus riche grâce aux contributions des nombreuses communautés»

En effet, si la proposition de loi 60 n’a finalement pas été votée, le Québec n’est pas pour autant une terre d’anarchie religieuse, comme l’est le Canada au niveau fédéral depuis 1971. En employant le terme «anarchie religieuse», je fais référence au fait que le Canada ne reconnaît officiellement pas, sous son parapluie multi-culturaliste, les communautés religieuses, ce qui incite de manière informelle la pratique des cultes au sein de la société. Par ce biais, les religions au Canada sont néanmoins apercevables en public, et les cultes reconnaissables. Il est donc important de faire une distinction entre le Canada et le Québec lorsqu’on parle des relations religio-étatiques. Il est même possible de décomposer davantage cette comparaison en prenant le cas de la France, où l’habit religieux est de plus en plus décrié dans l’espace public, et ce depuis la loi de 2004 qui interdit le port de tenues et de signes religieux ostensibles à l’école. Pour reprendre les mots d’Ahmet Kuru, la France est une terre où la laïcité est appliquée de manière quasi-assertive, alors qu’elle y est instaurée de manière passive au Québec, et qu’elle n’existe pas en pratique au niveau fédéral. Car oui, la laïcité c’est non seulement la séparation des institutions religieuses de l’État (chose que le Canada respecte bien évidemment), mais également la non-reconnaissance des communautés religieuses de telle sorte à ce qu’elles soient toutes égales. La loi de 1905 en France, qui a donné naissance au terme laïcité, stipule: «la République ne reconnaît […] aucun culte» (Article 2). Dans un pays laïque, l’appartenance communautaire passe donc après l’appartenance nationale. Au Canada cependant, c’est cette appartenance communautaire qui forme l’appartenance nationale. En effet, la politique de multiculturalisme qu’y est suivie empêche la non-reconnaissance de telles communautés: «Le Canada est plus fort et plus riche grâce aux contributions des nombreuses communautés» déclarait encore Justin Trudeau le 23 mars dernier, à l’occasion de Norouz. De l’autre côté, le Québec suit son principe de laïcité passive en garantissant la neutralité de l’État vis-à-vis des religions, tout en autorisant aux individus le droit de revendiquer leur religion dans l’espace public. Serait-ce alors le bon juste milieu entre une France souvent jugée trop stricte, et un Canada trop désinvolte?

Quoi qu’il en soit, Pauline Marois aura donc incarné pendant deux ans, l’espoir de compléter le processus de sécularisation assertive de la province francophone du Canada. Pourtant si bien enclenché au 19e et 20e siècles, ce processus de sécularisation a été rapidement abattu par la remontée au pouvoir d’un libéralisme trudeauiste, ravivé au niveau provincial en la personne de Philippe Couillard. Aujourd’hui appliqué de manière passive au sein de la province, la laïcité au Québec aurait pu être appliqué de manière plus assertive si la province avait en effet suivi le sentier que lui indiquait son histoire. Seulement, le Parti libéral du Québec en a décidé autrement.

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Un débat pour le futur de la droite et du centre https://www.delitfrancais.com/2016/10/19/un-debat-pour-le-futur-de-la-droite-et-du-centre/ Wed, 19 Oct 2016 20:33:15 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=26290 Retour sur la confrontation des 7 candidats à la primaire de la droite outre-Atlantique.

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Ils sont sept: Bruno Le Maire, Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet, Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé, Jean-Frédéric Poisson, et François Fillon. Tous adhèrent aux valeurs républicaines de la droite et du centre. Tous prétendent à la présidence de la France. Mais seul l’un d’entre eux représentera la droite aux élections présidentielles de 2017. L’heureux élu devra avant tout franchir une barrière majeure: celle des primaires, dont le premier débat a eu lieu jeudi 13 octobre.

Un débat au format organisé

Ce premier grand oral était organisé par RTL, Le Figaro, et TF1 et était diffusé au bistrot Chez Alexandre à Montréal en présence de Frédéric Lefebvre, député Les républicains des français établis aux États-Unis ou au Canada. Dans une ambiance juppéiste — l’événement étant organisé par le comité de soutien montréalais à Alain Juppé — nous avons écouté pendant 2 heure et demi les candidats s’exprimer devant un podium, «à l’américaine», pendant près de 17 minutes chacun. Ils ont tous pu s’exprimer sur les thèmes qui préoccupent le plus les français: sécurité, chômage, système des retraites, en passant par l’identité, l’immigration et la laïcité.

Un débat musclé sur les questions sociétales

D’entrée, certains candidats ont sorti les crocs. En commençant par Bruno Le Maire, se positionnant seul candidat au renouveau politique de la France tout en dénigrant l’ensemble de ses concurrents: «si vous voulez que tout continue comme avant, vous avez tout ce qu’il faut sur ce plateau». Le ton était donné d’entrée de jeu. S’en sont suivis les multiples interpellations de Nicolas Sarkozy vis à vis de l’ex-ministre du budget Jean-François Copé, qui s’est trouvé la cible d’attaques virulentes de la part de son chef de parti durant l’intégralité du débat.

Se mélangeant les pinceaux à plusieurs reprises notamment à l’heure d’évoquer le terrorisme – question à laquelle Copé répond en évoquant la laïcité, puis la dépénalisation du cannabis – l’ancien ministre du budget a été mis à terre par l’ex Président de la République lors de l’évocation du port de la burqa: «Tu étais bien incapable d’imposer au président ou au premier ministre quoi que ce soit».

De plus, un vif échange entre le favori Juppé et le jeune Le Maire sur «la culture» et l’«identité française» a également marqué l’attention des spectateurs, faisant ressortir, aux yeux de tous, deux candidats de taille dans cette course à la présidence. De son côté, l’ancien premier ministre François Fillon a utilisé son franc-parler pour clairement présenter ses idées tout en se montrant à l’aise et préparé. Néanmoins, il est apparu pour le moins peu convaincant.

Quant à Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM), la seule femme en lice est apparue tendue et sur-préparée, alors que son homologue Jean-Frédéric Poisson s’est un peu noyé face aux questions des journalistes. N’étant pas bien dans son bocal, le président du Parti chrétien démocrate ne s’est pas mouillé sur grand nombre de questions. Lui, qui participe automatiquement à la primaire en tant que Président de son parti, a refusé de surenchérir sur les polémiques concernant la distinction entre assimilation et intégration et l’interdiction du port de signes religieux ostentatoires.

Un optimisme et des similarités sur le plan économique

Seul Poisson «ne sent pas une liesse collective» pour réformer les 35h. Seul Poisson n’aborde pas le respect de la règle d’or budgétaire imposée par Bruxelles et seul Poisson ne débat pas sur la baisse du nombre de fonctionnaires: seul candidat donc à s’éloigner de la doxa républicaine, suivie à la lettre par les six autres candidats.

Hormis la discussion musclée entre Copé et Sarkozy sur la TVA, les 6 candidats Les républicains s’accordent à dire qu’il faut réformer le temps de travail dans les entreprises, régénérer la vie syndicale ou encore faire des aides sociales des versements dégressifs. Comme l’expliquent NKM et François Fillon, l’emploi doit être relancé afin de lutter contre le chômage. Qui l’eût cru? «Le travail, pour moi, c’est la priorité absolue», assène Bruno Le Maire, tandis que Juppé assure que «le plein emploi est possible». De son côté, François Fillon veut «supprimer la durée légale du travail», et s’accorde ainsi sur les lignes de Nathalie Kosciusko-Morizet qui affirme, elle, qu’«il faut négocier le temps de travail dans les entreprises» et que «le système fiscal est injuste et complexe». Tant de ressemblance sur le plan économique n’a pas aidé les candidats à se distinguer, et ce débat n’aura pas bousculé l’ordre des choses ni significativement modifié la dynamique de la campagne.

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Cannabis: Trudeau dit «oui» https://www.delitfrancais.com/2016/10/04/cannabis-trudeau-dit-oui/ Tue, 04 Oct 2016 13:35:39 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=26087 Pourquoi le gouvernement Trudeau compte légaliser la marijuana.

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«Nous retirerons la consommation et la possession de marijuana du Code criminel.» Voilà ce que l’on peut lire sur le site officiel du Parti libéral du Canada, dont Justin Trudeau est le chef depuis 2013. Après 10 ans de refus de la part du gouvernement Harper, il semble donc que le Canada version Trudeau-fils soit prêt à légaliser une substance qui a suscité beaucoup de controverses au sein de la population Canadienne ces dernières années.

Au-delà de la décriminalisation

Terre paradisiaque pour les amateurs d’herbe, les Pays-Bas constituent une attraction touristique pour de nombreuses personnes. Pourtant, la marijuana n’y possède pas un statut légal, mais y est simplement décriminalisée. Si la possession d’une certaine quantité sur soi et chez soi est tolérée, il est tout de même interdit d’en fumer dans les espaces publics, sous peine, non pas d’accusation criminelle, mais d’amende.   

Sous Trudeau, le Canada légalisera le cannabis. C’est à dire que sa consommation sera tolérée par la loi. Sa production, sa distribution et sa consommation seront contrôlées. C’est donc une démarche historique que le gouvernement libéral s’apprête à entreprendre.

Légaliser pour sécuriser davantage

Si certains ne sont pas sûrs que la consommation de marijuana diminuera une fois légalisée, Justin Trudeau en fait le pari. De plus, le premier ministre du Canada l’a bien compris: c’est en légalisant une substance à laquelle de nombreuses personnes sont dépendantes que sa production et sa distribution seront contrôlées et légales. Il sera donc possible de s’assurer de la qualité du cannabis et de garantir qu’aucune substance nocive n’y soit intégrée lors de la production.

Le gouvernement s’inspire ainsi de l’Uruguay, seul pays en date à avoir légalisé la substance dans le but de démanteler un trafic de drogue dangereux. Le Canada créera donc un réseau encadré de vente et de distribution. Ainsi, non seulement la production de cannabis sera placée sous contrôle, mais le taux de criminalité lié au trafic de drogue incessant chutera. En effet, au Colorado — l’un des quatre États américains à avoir légalisé la substance — le taux de crimes violents et contre la propriété a baissé de près de 11 points depuis 2013, tandis que le taux d’homicides atteint moins de la moitié de celui recensé en 2013 avant la légalisation. De plus, les vols de voitures ont été divisés par trois dans l’ État américain. Légaliser le cannabis, c’est donc sécuriser ses environs.    

Légaliser pour s’enrichir

Bien évidemment, légaliser le cannabis est aussi un moyen pour le gouvernement de générer de nouveaux revenus. Effectivement, après la légalisation (et donc le démantèlement des réseaux de narcotrafiquants), le cannabis circulera au sein d’un réseau soumis aux taxes provinciales et fédérales. Cela permettra donc au Canada de s’enrichir.

Cependant, il ne faut pas ignorer les conséquences du cannabis sur la santé des consommateurs. Et c’est pour cela que Trudeau insiste: «Nous […] élaborerons de nouvelles lois plus strictes». Le premier ministre du Canada va certes légaliser cette substance, mais il sévira au niveau de sa réglementation et de son accès. Des règles seront établies pour la consommation légale de marijuana: il faudra être majeur, ne pas en consommer avant la conduite et mettre en place des groupes qui s’occuperont de la distribution tout en travaillant aux côtés de spécialistes en santé publique et en toxicomanie. Un beau projet qui incarne la volonté de Trudeau de bâtir un Canada ouvert et précurseur. 

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Cherche 51/2 sans surprises https://www.delitfrancais.com/2016/04/05/cherche-512-sans-surprises/ https://www.delitfrancais.com/2016/04/05/cherche-512-sans-surprises/#respond Tue, 05 Apr 2016 06:15:28 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=25321 Les jeunes font face à la discrimination au logement.

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Alors que beaucoup d’étudiants recherchent actuellement un logement pour l’année à venir, nombreux sont ceux qui doivent faire face à des requêtes loufoques – pour ne pas dire illégales – de la part d’un certain nombre de propriétaires montréalais.

Les trois premiers mois d’une nouvelle année sont pour les universitaires une période chargée, tendue et même stressante. De la reprise des cours à la recherche d’un pied-à-terre, il est important de veiller à ne pas devenir une cible facile de propriétaires malhonnêtes.

En effet, il est une pratique fréquente chez certains d’entre eux de profiter de leur position de force afin de faire régner leurs propres lois sur le marché de l’immobilier. Ils utilisent à outrance des pratiques dont les jeunes locataires ignorent la posture illégale. Refus de location sous prétexte d’une quelconque nationalité étrangère, demande de dépôts de sécurité et d’un paiement de plusieurs mois de loyer à l’avance, ou encore photocopies de documents officiels n’en constituent qu’une infime partie. Il faut donc faire attention aux arnaques.

Les étrangers comme cible première

Les individus les plus ciblés par les propriétaires sont bien évidemment les jeunes étudiants, mais également les immigrés, qui doivent parfois faire face à une barrière linguistique importante. Cette barrière de la langue peut, chez certains, devenir une source de malhonnêteté et d’escroquerie de la part de certains propriétaires. Le journal étudiant de Concordia, le Link, publiait récemment l’histoire de Xiao Ming (pseudonyme), un étudiant international ayant quitté sa Chine natale pour poursuivre ses études à Montréal. L’étudiant a notamment été victime de fortes pressions verbales à propos de son utilisation quotidienne d’électricité, ainsi que de modifications importantes du coût de son logement. Il vivait dans de piètres conditions pour un logement au prix excessif. Des conditions si peu soutenables qu’elles l’ont mené à lancer une procédure judiciaire contre son propriétaire. Cependant, une grande majorité des victimes n’entreprennent pas de telles démarches.

Prune Engérant

Pas le temps ni les moyens pour la justice

«Les gens n’ont ni l’envie ni le temps de se lancer dans de telles procédures. Les délais sont longs et les propriétaires le savent bien»: telles sont les paroles de Ted Wright, consultant juridique en matière de logement. Il explique dans une entrevue au Journal de Montréal les raisons pour lesquelles les étudiants ne prennent pas le temps de s’engager dans une bataille face à la loi.

Récemment, mes colocataires Ethel Berdugo, Julie Martin, Alexandre Chahtahtinsky et moi-même, tous étudiants français à McGill, avons aussi payé les frais de la malhonnêteté d’un propriétaire montréalais. L’homme concerné avait estimé en février 2016 qu’il était trop compliqué d’avoir des locataires français pour des «raisons juridiques». De farouches propos tout simplement discriminatoires et sans bases légales, qui pourtant n’ont pas abouti sur une procédure judiciaire, faute de temps, d’argent, et de moyens.

Comment faire face à de telles arnaques?

Dans le but de lutter contre de telles propositions illégales, un grand nombre d’universités s’engagent à établir de bons contacts entre leurs étudiants et les agences immobilières locales. Ainsi, l’Université McGill propose un service de guide immobilier, Logement McGill (McGill Housing), grâce auquel les étudiants peuvent facilement et efficacement trouver des logements qui conviennent à leurs besoins… et ce de manière sécurisée et légale. De telles manœuvres se développent rapidement au Québec et à Montréal en particulier. L’Université Concordia s’engage elle aussi à conseiller ses nouveaux étudiants internationaux en terme de logement, en développant de manière assidue des associations telle que «Concordia Student Union Housing». De la même manière, l’Université de Montréal a développé son propre système informatique afin d’aider les étudiants à trouver leur logement idéal. C’est par l’intermédiaire de tels systèmes que le marché de l’immobilier montréalais se sécurisera et parviendra à lutter contre les agissements illégaux de propriétaires frauduleux. En attendant une généralisation de l’information de qualité, il faut rester sur ses gardes, et prendre le temps de poser les bonnes questions afin de trouver des solutions. 

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Intégration ou beaux discours? https://www.delitfrancais.com/2016/03/14/integration-ou-beaux-discours/ https://www.delitfrancais.com/2016/03/14/integration-ou-beaux-discours/#respond Tue, 15 Mar 2016 04:54:53 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=25057 Quelle est la réalité des politiques d’accueil des réfugiés au Québec?

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Alors que le nouveau gouvernement Trudeau a finalement rempli à la fin du mois de février 2016 son objectif d’accueil de 25 000 réfugiés syriens, il paraît pour le moins évident de prévoir l’avenir de ces personnes, auparavant persécutées par une guerre dévastatrice et meurtrière qui ravage aujourd’hui encore une vaste partie du territoire syrien. Ayant accueilli 20% du nombre total de réfugiés syriens au Canada, de quelle manière le Québec accueille-t-il ces nouveaux arrivants? Quelles sont réellement les mesures prises pour faciliter l’arrivée, l’installation et l’assimilation culturelle des migrants?

Un rapprochement culturel plutôt qu’un remplacement

Comme le démontre le communiqué officiel de la ville de Québec sur l’accueil des personnes immigrantes datant de juin 2010, la municipalité «considère la promotion, l’accueil, l’intégration, le rapprochement interculturel et la rétention des nouveaux arrivants comme des actions à privilégier.»

Le Québec, comme le Canada, suit donc une politique de rapprochement interculturel plutôt que d’assimilation, ce qui différencie la province de l’ogre américain qui prône une intégration sous forme d’un «melting pot». En effet, sur le sujet de l’immigration, les États-Unis adoptent une politique plus fermée que la politique canadienne en incitant ses nouveaux habitants à délaisser les pratiques culturelles et linguistiques qui étaient les leurs dans le passé afin d’imprégner la culture locale: langue, pratiques et coutumes.

Une différence qui constitue un atout pour le Canada et sa province francophone, capables de reconnaître la diversité ethnoculturelle d’un territoire historiquement biculturel.

Les nouveaux habitants du Québec sont donc invités à prendre place dans la société québécoise tout en conservant les pratiques qui sont les leurs depuis si longtemps, et ce par le biais d’organismes comme l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI), qui, depuis trois ans déjà, lutte en faveur d’une aide humanitaire pour des millions de Syriens. La société civile québécoise a donc posé ses cartes sur la table depuis un long moment.

Esther Perrin Tabarly

Le Québec en est-il capable?

«Ça me rend excessivement fier qu’on soit capable comme peuple de retourner une situation horrible comme celle que ces gens fuient.». Telles sont les paroles de Philippe Couillard lors de l’arrivée de réfugiés syriens à Montréal fin 2015. Des paroles pleines de contentement, qui témoignent d’une envie forte d’inclure ces nouveaux arrivants au sein de la société québécoise. Si l’envie y est, le Québec est-il pour autant doté de capacités suffisantes pour assurer le bien-être économique de plus de 5000 Syriens?

Pour Régys Caron, journaliste au Journal de Québec, la province risque de manquer de ressources en cas de catastrophe économique. En effet, le nouvel objectif du gouvernement Couillard (remanié au début de l’année 2016, ndlr) étant le rééquilibre budgétaire, une hausse des dépenses gouvernementales afin d’optimiser la situation économique des migrants semble contrarier les politiques mises en place par le gouvernement du Québec. Ce dernier cherche à promouvoir les emplois partiels, saisonniers, et les stages tout en stimulant l’entrepreneuriat pour les nouveaux arrivants sur le territoire. Des politiques d’accueil honorables qui requièrent néanmoins des investissements financiers que le gouvernement Couillard s’était engagé à ne pas entreprendre.

Face à une telle contradiction, comment le gouvernement québécois va-t-il garder ses promesses électorales tout en assurant le bien-être économique de milliers de Syriens? Ces milliers de réfugiés arrivés au Québec dans l’objectif d’une vie meilleure parviendront-ils réellement à bénéficier de toutes les promesses gouvernementales? C’est l’avenir lointain qui nous le dira. 

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