Le Délit https://www.delitfrancais.com/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Mon, 20 Oct 2025 03:46:27 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 0x456c885e https://www.delitfrancais.com/2025/10/19/0x456c885e/ Mon, 20 Oct 2025 03:46:27 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=59033 0x456c885e

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Vos prochaines sorties https://www.delitfrancais.com/2025/10/09/vos-prochaines-sorties-4/ Fri, 10 Oct 2025 03:15:59 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=59026 Événements à venir sur le campus et à Montréal.

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FESTIVAL DU NOUVEAU CINÉMA DE MONTRÉAL DU 8 AU 19 OCTOBRE

Cette semaine débutera la 54e édition du FNC, événement qui présentera plus de 200 œuvres provenant de 60 pays différents. Ateliers de créations, marathons de films, projections en compagnie des équipes, il y en aura pour tous les goûts. Il y aura notamment des courts-métrages présentés au Festival international du film de Toronto (TIFF) et des œuvres de cinéastes québécois dont Amélie Hardy et Hervé Demers. Consultez le site du festival pour la programmation détaillée.

RAMEN RAMEN FES DU 13 AU 26 OCTOBRE

À l’occasion de ce festival, des restaurants de ramen ainsi que des kiosques éphémères proposeront leur ramen vedette. Les Montréalais·e·s auront l’opportunité de découvrir et de comparer les différentes façons dont les établissements locaux interprètent ce plat japonais emblématique. Par la suite, ils·elles, ainsi qu’un jury professionnel, pourront voter pour leur version préférée.

FESTIVAL DU MONDE ARABE DE MONTRÉAL DU 31 OCTOBRE AU 16 NOVEMBRE

Le Festival du monde arabe de Montréal fait son grand retour cette année pour plus de deux semaines de célébrations. L’événement mettra à l’honneur trois grands volets : les arts de la scène, le salon de la culture et le cinéma. Une occasion unique de découvrir la richesse des cultures arabes, de favoriser les échanges et d’encourager le dialogue. Au programme : spectacles, conférences, débats et projections de films à la Place des Arts.

LE GRAND JEU DE MCGILL LE 15 OCTOBRE

La branche Vie de campus et engagement étudiant organise une chasse au trésor sur le campus mercredi 15 octobre de 15h30 à 17h30. À l’aide d’une application mobile, vous partirez à la recherche d’indices pour élucider un mystère. Que vous soyez francophone ou que vous appreniez le français, c’est une belle occasion de découvrir McGill, de pratiquer le français et de tisser des liens.

Après la chasse au trésor, des prix seront remis aux gagnants et des collations seront offertes. Assurez-vous que votre téléphone soit chargé, et n’oubliez pas votre bouteille d’eau réutilisable!

Rendez-vous au 680 Sherbrooke, salle 1825.

MOMENTA BIENNALE D’ART CONTEMPORAIN

Le festival a lieu tous les deux ans à Montréal avec une riche programmation d’expositions, d’ateliers et d’événements dans les musées, les galeries et les centres d’artistes de la ville.

Parmi les rendez-vous à ne pas manquer : 10 octobre, MOMENTA x Festival du Nouveau Cinéma à la Cinémathèque québécoise. Billets requis. Pour plus d’informations, consultez momentabiennale.com.

FESTIVAL DU FILM BRÉSILIEN DU 24 AU 30 OCTOBRE

Alors que nous célébrons en ce moment le Mois du patrimoine latino-américain, le 19e Festival du Film Brésilien de Montréal proposera de découvrir le meilleur du cinéma brésilien, entre le 24 et le 30 octobre.

Cette année, plusieurs films présentés ont figuré parmi les œuvres sélectionnées pour représenter le Brésil aux Oscars, dont L’Agent Secret, déjà complet pour ses trois projections.

Le festival se déroulera au Cinéma du Parc, à quelques minutes du campus. Le lien de la billetterie est dans la biographie du compte Instagram @festivaldufilmbrmontreal.

Quelques œuvres à l’affiche :

Pasárgada, le premier film de Dira Paes en tant que réalisatrice, une œuvre poétique et nécessaire. Le 26 Octobre à 21h10.

3 Obás de Xangô, un documentaire sur l’amitié entre Dorival Caymmi, Jorge Amado et Carybé, trois icônes de la culture brésilienne. Le 29 Octobre à 17h15.

BAZAR VINTAGE LE 18 OCTOBRE

En quête de nouveaux vêtements à moindre coût? Le samedi 18 octobre aura lieu l’annuel Bazar Vintage au 5945 rue Cartier, proche des métros Rosemont et Papineau. Il y aura des vêtements et accessoires pour tous les goûts. Ne manquez pas cela, sinon il faudra attendre jusqu’à l’an prochain!

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L’automne à la télévision https://www.delitfrancais.com/2025/10/08/lautomne-a-la-television/ Wed, 08 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=59014 Quelques suggestions pour vous mettre dans l’esprit de la saison.

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La température se rafraîchit et les feuilles des arbres se colorent tranquillement. L’automne est officiellement arrivé depuis l’équinoxe, mais il commence tout juste à se faire sentir. Il est impossible de résister à l’appel du cocooning. L’heure est aux chandails tricotés, aux bonnes tasses de thé… et aux marathons de télévision! Pour faire une pause d’étude ou oublier les journées qui raccourcissent, ces suggestions de films et séries sont parfaites pour se mettre dans l’ambiance de la saison.

À regarder avec une couverture épaisse et un bon café :

Gilmore Girls (2000) : Cette série présente les tribulations de Lorelai et sa fille Rory dans la petite ville tranquille de Stars Hollow.

Le Cercle des poètes disparus (Dead Poets Society) (1989) : Ce film se déroule dans un pensionnat où M. Keating, un enseignant excentrique, fait découvrir les plaisirs du théâtre et de la littérature à ses élèves.

Harry Potter (2001–2011) : Cette série de films est parfaite pour l’automne avec ses décors majestueux et ses scènes magiques (dans tous les sens du terme)!

Les quatre filles du docteur March (Little Women) (1994) : Les scènes automnales de ce classique suivant la vie des sœurs March est sûr de plaire.

Anne… la maison aux pignons verts (Anne of Green Gables) (1985) : Anne, orpheline protagoniste du film, adore l’automne et se heurte aux différentes façons de faire de sa famille d’accueil.

Virgin River (2019) : Cette série romantique suit la vie d’une infirmière qui quitte Los Angeles pour s’installer dans la ville montagneuse de Virgin River.

Quand Harry rencontre Sally (When Harry Met Sally) (1989) : Ce classique des comédies romantiques propose de magnifiques paysages d’automne.

Pour ressentir l’ambiance de l’Halloween :

Coraline (2009) : Jeune fille curieuse et intrépide, Coraline explore les coins étranges de sa nouvelle maison et tombe dans un univers parallèle inquiétant.

Abracadabra (Hocus Pocus) (1993) : Une histoire pleine de magie où trois sorcières opposent un groupe d’adolescents.

Beetlejuice (1988) : Un couple perd la vie dans un accident de la route et revient hanter sa maison, mais l’arrivée de nouveaux propriétaires complique la situation.

La Famille Addams (The Addams Family) (1991) : Une famille assez particulière voit un oncle disparu revenir soudainement, sans savoir s’il s’agit bien de lui ou d’un imposteur.

Mercredi (Wednesday) (2022) : Mercredi Addams entre à l’école Nevermore, où chaque élève a un don. Les événements suspects s’enchaînent et la protagoniste en fait une affaire personnelle.

Pour les adeptes d’horreur :

Vendredi 13 (Friday the 13th) (1980) : Un camp de vacances tourne au cauchemar lorsqu’un tueur sévit parmi les moniteurs.

Le Projet Blair (The Blair Witch Project) (1999) : Trois étudiants sont envoyés dans la forêt pour tourner un reportage sur une légende. Les images sont retrouvées un an plus tard, alors que les élèves manquent toujours à l’appel.

Annabelle (2014) : Un mari offre à sa femme enceinte de leur premier enfant une poupée ancienne… et terrifiante.

Jeu d’enfant (Child’s Play) (1988) : Un tueur en série est réincarné en poupée dans un magasin de jouets, sans savoir qu’il sera ensuite offert en cadeau à un garçon.

Ça (It) (2017) : Sept enfants sont terrorisés par un monstre aux multiples formes qu’ils appellent « Ça ».

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« Je ne vole plus à la nature » https://www.delitfrancais.com/2025/10/08/je-ne-vole-plus-a-la-nature/ Wed, 08 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=59011 L’histoire du véganisme, entre enjeux éthiques et esthétiques.

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L’image du véganisme sur les réseaux peut se résumer à deux stéréotypes : soit l’influenceuse Instagram qui aime le yoga, les animaux et le macramé ; soit le fameux performative male (« homme performatif »), qui ajoute le véganisme comme corde à son arc, entre féminisme radical et anticapitalisme. À la base, le véganisme est un mode de vie visant à refuser toute consommation de produits d’origine animale. Ces dernières années, il a explosé en popularité : en Occident, les recherches Internet portant sur le sujet ne font qu’augmenter : en 2025, le véganisme était plus populaire que jamais.

Pourtant, l’histoire du véganisme est bien plus ancienne et diverse que cette récente vague de popularité pourrait nous amener à croire. Le premier exemple de véganisme nous vient du poète et philosophe syrien al-Ma’arri, il y a plus de 1 000 ans. Dans son poème « Je ne vole plus à la nature (tdlr) », il appelle à respecter la vie et le labeur des animaux sans chercher à se l’approprier.

« L’histoire du véganisme est bien plus ancienne et diverse que cette récente vague de popularité pourrait nous amener à croire »

Lisa, étudiante mcgilloise végane et membre du Student Club for Animal Liberation and Ethics (Club pour la libération et l’éthique animale), raconte son expérience individuelle et les valeurs liées au véganisme. Pour elle, l’élément déclencheur a été un documentaire Arte sur les abattoirs ; après ce moment, impossible pour elle de continuer à consommer des produits d’origine animale. D’abord devenue piscivégétarienne, ne mangeant donc pas de viande, mais encore du poisson, Lisa a ensuite entamé une transition progressive vers le véganisme. Aujourd’hui, cela fait plus de huit mois qu’elle a arrêté de consommer tout aliment d’origine animale – viande, produits laitiers, œufs, etc. Pour elle, c’est une question d’éthique : « Je ne vois pas de différence entre la dignité humaine et la dignité animale », explique-t-elle. « Pour moi, l’homme a la même valeur que les autres êtres vivants ». Elle étaye son argument par une citation du philosophe Jeremy Bentham : « La question n’est pas “peuvent-ils raisonner?” ni “peuvent-ils parler?”, mais plutôt, “peuvent-ils souffrir?” » Ignorer la souffrance animale revient, pour elle, à être spéciste, soit à créer une hiérarchie entre les espèces. Elle éclaircit ses propos:«Il y a plein de gens qui trouvent ça aberrant de manger un chien, mais qui n’hésitent pas devant un steak. C’est parce qu’il est plus facile de faire preuve d’empathie avec un animal que l’on connaît et côtoie. Et c’est parfaitement naturel : les humains créent des liens constamment. Mais, exclure ce qu’ils ne comprennent pas et ce qu’il ne leur ressemble pas, c’est une forme de discrimination. »

Même si le véganisme gagne en popularité, la consommation de viande continue également d’augmenter, avec une hausse de près de 3 % depuis 1960. Cette tendance est notamment due à l’accessibilité croissante de la viande dans les pays en développement. La consommation de produits animaux est en effet une question économique et sociale, comme le montre la réalité universitaire. Beaucoup d’étudiants, au contraire, réduisent leur consommation de viande et produits laitiers en raison des prix ; pour eux, s’orienter vers un régime végane n’est pas un choix basé sur des convictions éthiques, mais plutôt sur une nécessité économique.

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Les violences invisibles au Mexique https://www.delitfrancais.com/2025/10/08/les-violences-invisibles-au-mexique/ Wed, 08 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=59008 La criminalisation des migrants comme véhicule d’exploitation.

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Depuis 2006, le Mexique est plongé dans une guerre civile marquée par une lutte acharnée contre le trafic de drogue. Le bilan humain : 450 000 homicides enregistrés en 2024, des centaines de milliers de disparitions et des cas répétés de violations des droits de la personne. Des violences largement attribuables aux cartels, mais aussi à la militarisation de la sécurité publique.

Les populations locales ne sont pas les uniques cibles de ces explosions de violences. En 2011, le Mexique est devenu le corridor de transit le plus emprunté au monde. Ces importants flux migratoires se sont révélés être une source majeure de profit aux yeux des cartels. De ce fait, les migrants sont exposés à de multiples dangers au cours de leur traversée. Les cas d’extorsion, d’enlèvements et d’assassinats sont monnaie courante, et alimentent la peur.

Depuis le début du conflit et l’élargissement du contrôle du territoire par les cartels, les attaques dirigées contre les migrants de transit se sont intensifiées, transformant le pays en un véritable « triangle des Bermudes de l’Amérique latine » selon l’ouvrage de l’anthropologue Wendy A. Vogt, Lives in Transit : Violence and Intimacy on the Migrant Journey. Cette expression employée laisse entrevoir toute la dimension systémique et organisée de ces violences. C’est le « cachuco industry » : construit en parallèle de la guerre des cartels, ce système repose sur un véritable processus de réification qui facilite l’exploitation des migrants. Ces derniers deviennent la proie d’une industrie qui les dépouille de toute humanité, les transformant en une source de productivité dont il faut maximiser la rentabilité. Ils sont désormais réduits à une force de travail, des organes qui peuvent être vendus, un corps qui peut être abusé.

« Les migrants sont exposés à de multiples dangers au cours de leur traversée. Les cas d’extorsion, d’enlèvements et d’assassinats sont monnaie courante, et alimentent la peur »

Parmi les cartels les plus puissants du Mexique figure Los Zetas, fondé à la fin des années 1990. Opérant majoritairement dans la région du golfe du Mexique, il a élargi ses activités à l’extorsion et au trafic d’êtres humains, notamment en organisant des raids contre des trains de marchandises. Il s’agit d’un moyen de transport fréquemment emprunté par les migrants pour effectuer leur transit. Ces attaques reposent sur la complicité du conducteur et, très souvent, des autorités locales. Les acteurs étatiques et non étatiques s’entre-mêlent dans cette exploitation systémique. Les cartels jouissent d’une impunité facilitée par l’incurie de l’État mexicain gangréné par la corruption. N’importe qui peut entretenir des liens avec un cartel comme Los Zetas. De cette présence tentaculaire résulte une incroyable méfiance de la part des migrants. De plus, les rares aides qui leur sont dédiées sont frappées par cette recherche de profit. De nombreux refuges subissent l’influence des cartels : leurs membres infiltrent ces abris à des fins de recrutement et d’exploitation. D’autres acteurs agissent aussi indépendamment, désireux d’en tirer parti. Wendy A. Vogt relate, dans son ouvrage, l’histoire de Mauricio, travailleur social au sein d’un refuge. Il est musicien et se produit régulièrement dans des bars locaux. À l’issue d’une de ses représentations, le patron d’un club de striptease a sollicité son aide pour recruter des danseuses centraméricaines. Une tâche qui serait naturellement rémunérée. Si Mauricio n’a pas accédé à sa requête, cet exemple illustre combien les migrants centraméricains sont vulnérables à bien des égards.

Mais c’est avant tout la criminalisation des migrants qui les rend si vulnérables aux violations des droits de la personne. Loin d’être des cas isolés, ou des dommages collatéraux, ces violences s’inscrivent au cœur d’un système économique et global qui profite de la main-d’œuvre bon marché que sont les sans-papiers. Cette exploitation ne serait pas rendue possible sans le statut d’illégalité imposé par des politiques anti-migrants, qui réduisent la valeur de leur force de travail et, incidemment, leur légitimité au sein de la société. Les médias cultivent cette image de migrants « illégaux » qui représenteraient un danger pour la sécurité du pays, voire la composition ethnique de sa population. Cette illégalité justifie toutes les exactions qu’ils subissent lors de leur passage au Mexique, mais également à leur arrivée aux États-Unis.

« C’est avant tout la criminalisation des migrants qui les rend si vulnérables aux violations des droits de la personne. Loin d’être des cas isolés, ou des dommages collatéraux, ces violences s’inscrivent au cœur d’un système économique et global qui profite de la main-d’œuvre bon marché que sont les sans-papiers »

Les raids du 6 juin à Los Angeles, opérés par la police de l’immigration et des douanes (ICE), ont marqué l’intensification de la répression des sans-papiers dans le pays. Ils illustrent la politique de déshumanisation et de xénophobie portée par l’administration de Trump à l’égard des migrants en situation irrégulière. Relayés sur les réseaux sociaux, de nombreux messages de soutien aux familles de déportés appuient le caractère indispensable de ces individus, peignant l’image de personnes honnêtes et de travailleurs qui contribuent à la vitalité de l’économie américaine. Des économistes confirment : on compte sur le territoire américain huit millions de clandestins qui représentent une force de travail bon marché et flexible, payant à eux seuls 100 milliards de dollars de taxes chaque année. Et s’il est certes important de valoriser leur contribution, la récurrence de ces arguments montre combien nous suivons malgré nous cette logique du profit, comme si la reconnaissance d’un migrant était conditionnelle à son degré de productivité.

Au lieu de parler de profit ou d’utilité, Amnistie internationale part plutôt d’un constat simple. Les migrants sont des personnes disposant de droits, qui méritent d’être protégées et respectées dans leur dignité. L’ONG se réfère notamment à l’article 14 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, laquelle affirme que toute personne a le droit de chercher asile et d’en bénéficier dans d’autres pays. La question des droits de l’homme doit occuper une place centrale dans la protection des migrants, durant leur transit et durant leur rétention.

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Motion de grève propalestinienne approuvée à l’AÉUM https://www.delitfrancais.com/2025/10/08/motion-de-greve-propalestinienne-approuvee-a-laeum/ Wed, 08 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58998 L’adoption de la motion ouvre la voie à une grève le 7 octobre.

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C’est dans l’amphithéâtre Leacock 132, à moitié rempli, que débute la première assemblée générale du semestre de l’AÉUM, le lundi 29 septembre. Immédiatement, l’ambiance professionnelle de la séance est déstabilisée par des problèmes techniques, et par le grand nombre de sièges vides dans la salle. Cette dernière se remplit néanmoins progressivement à mesure que le programme de l’assemblée s’écoule et que l’on se rapproche du moment clé : le vote sur la motion de grève pour le désinvestissement dans le génocide, porté par l’organisation des Étudiants pour l’honneur et la résistance de la Palestine (SPHR). La motion a été adoptée par une majorité écrasante, concluant une assemblée générale agitée.

Une assemblée mouvementée

Ce vote extrêmement conséquent ne s’est pas déroulé entièrement dans la fluidité. À son approche, un scepticisme ambiant s’est emparé de la salle. La cause : les risques contractuels auxquels l’AÉUM a fait face lors de la dernière grève en avril 2025, pouvant rendre une nouvelle grève difficile à gérer cette fois-ci. Ce scepticisme s’est illustré lors de la séance de questions qui a précédé le dépôt de la motion, lorsqu’un membre du public a remis en question la transparence de l’AÉUM, accusée d’avoir tenté d’empêcher que le quorum soit atteint. Cette prémisse a immédiatement été rejetée par la représentante de l’AÉUM, mais les multiples questions bureaucratiques adressées au président de l’AÉUM, Dymetri Taylor, n’ont fait qu’alimenter l’impression que l’association retardait volontairement le vote. Des doutes qui ont été renforcés par les divers problèmes techniques, qui ont pendant plusieurs minutes empêché les 200 étudiants présents en vision-conférence d’intégrer l’assemblée – bloquant ainsi momentanément le passage au vote.

Malgré ces péripéties, le processus a été respecté. À l’annonce de l’atteinte du quorum, un tonnerre d’applaudissements éclate, avant que Sumayya Kheireddine ne monte derrière le podium pour présenter la motion. Sans mâcher ses mots, elle réitère ce que la grève a pour but d’exiger de McGill. Les demandes se résument par un désinvestissement total de l’Université dans tous les projets de recherche en partenariat avec des fabricants d’armes qui commercent avec Israël. Kheireddine dénonce aussi « les efforts de McGill visant à affaiblir la démocratie étudiante ainsi que d’isoler le mouvement (tdlr) ». Elle affirme que « les universités doivent être un forum de développement de la conscience politique, mais sont devenues des arènes de répression, facilitées par leurs propres administrations ». Le discours s’est suivi d’une courte séance de questions dans laquelle Kheireddine a eu l’opportunité de réitérer la nature non violente de la grève.

Un résultat conséquent, mais peu surprenant

Sans surprise, le résultat du vote est quasi unanime, avec seulement deux abstentions et trois votes contre. La motion passe donc, ouvrant la voie à une grève des étudiants le 7 octobre, exactement deux ans après l’attaque terroriste du Hamas ayant déclenché une guerre d’une terrible violence doublée d’une catastrophe humanitaire à Gaza. La motion a été ratifiée via un vote en ligne le 6 octobre.

Interrogée par Le Délit, Sumayya Kheireddine se dit « très fière du corps étudiant, même si ce n’est pas une surprise. C’est une mesure populaire, souhaitée par une très grande majorité ». Membre de cette majorité, Basil Atari, étudiant palestinien de quatrième année en sciences politiques, « espère que la grève apportera un changement », même s’il y croit peu. Il réitère aussi son souhait que la grève se déroule de manière paisible, pour qu’elle puisse trouver son sens et mieux résonner auprès de la communauté mcgilloise.

McGill inquiétée par de potentielles violences

Cette grève est lourdement connotée ; elle rappelle de mauvais souvenirs à l’Université. En effet, au cours de plusieurs grèves et manifestations en soutien de la cause palestinienne ayant eu lieu au cours des deux dernières années, des confrontations violentes ont été signalées. La possibilité que cela se répète rend McGill craintive. L’Université avait d’ailleurs déposé une injonction controversée pour empêcher toute forme d’intimidation sur le campus, injonction bloquée par un juge de la Cour supérieure du Québec. Certains étudiants craignent également que la grève perturbe la vie étudiante. Souhaitant préserver son anonymat, une des étudiantes ayant voté contre la motion explique que « les partisans de la grève ne comprennent pas à quel point l’insécurité se fait ressentir à travers l’Université ».

Une grève qui divise donc, reflétant les tensions sur le campus. Au moment de l’écriture de cet article, la grève n’a pas encore eu lieu, mais McGill se prépare déjà en matière de sécurité. Elle exigera notamment que tous les membres de la communauté mcgilloise soient munis de leur carte universitaire pour accéder au campus le 7 octobre.

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Les mille secrets derrière l’adaptation d’un roman au cinéma https://www.delitfrancais.com/2025/10/08/les-mille-secrets-derriere-ladaptation-dun-roman-au-cinema/ Wed, 08 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58981 Causerie avec Alain Farah et Philippe Falardeau sur Mille secrets, mille dangers.

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Jeudi dernier, l’Association des étudiant·e·s en langue et littérature françaises inscrit·e·s aux études supérieures de McGill (ADELFIES) a tenu une causerie réunissant le professeur de littérature Alain Farah et le cinéaste Philippe Falardeau autour de Mille secrets, mille dangers, le roman de Farah récemment porté à l’écran par Falardeau en coécriture avec l’auteur. Dans une ambiance conviviale, une vingtaine d’étudiants et de membres du corps professoral de la communauté francophone de McGill se sont rassemblés pour assister à l’échange.

Des pages à l’écran

La réalisation d’un film, c’est d’abord un long processus de sélection, surtout lorsqu’il s’agit de condenser un roman autobiographique de 512 pages, comme celui de Farah en deux heures. Pendant la discussion, Farah affirme que son roman était à l’origine pensé pour son père, Shafik Elias Farah. Au final, il n’a écrit qu’un chapitre sur cette idée, dans lequel il déroule toute l’histoire de Shafik. « Le défi de l’écriture, confie Farah, c’est que je voulais [faire tenir, ndlr] cinquante ans en une minute ». En réponse, Falardeau met le doigt sur les contraintes du cinéma en comparaison avec la liberté offerte par la littérature : « Ce qu’Alain vient juste de dénoncer, c’est exactement ce que le cinéma ne peut pas faire. Très librement, simplement, sans jamais qu’on ait l’impression que ce soit lourd. La littérature peut faire ça : au cinéma, c’est impossible. » Le réalisateur cite notamment le jeu de juxtaposition, par lequel plusieurs réalités temporelles coexistent dans le roman, chose qu’un film peut seulement tenter d’accomplir en ayant recours à d’infinis retours en arrière (flashbacks).

« Très librement, simplement, sans jamais qu’on ait l’impression que ce soit lourd. La littérature peut faire ça : au cinéma, c’est impossible »

Philippe Falardeau, réalisateur

Un autre défi que révèle l’adaptation de Mille secrets, mille dangers a été la distanciation du personnage de la réalité. Comme le protagoniste incarne Alain Farah, avec qui Philippe Falardeau coopère régulièrement depuis le début du projet, le choix du comédien s’est avéré délicat. Il lui a fallu arrêter de « penser à Alain » pour prendre la décision finale sur la distribution. En effet, bien que le film soit une adaptation du roman, le côté artistique du cinéma en fait une œuvre nouvelle. Cette notion de distanciation devient alors cruciale pour se débarrasser de la tentation de coller à la réalité ; et pour chercher plus loin artistiquement. Falardeau compare ainsi l’art d’adapter à un travail de construction : « Quand tu lis un livre, tu viens d’avoir la fondation. La fondation est là, même si la maison est différente, mais la fondation est solide, les personnages sont solides. » Dans ce processus, il choisit certains éléments à mettre de l’avant, et d’autres en retrait. C’est d’ailleurs le cas du rôle de Yolande, la mère d’Alain. Dans le roman, elle est présente, mais doit constamment céder sa parole, céder sa place et est reléguée au second rang. C’est une réalité qui touche de nombreuses mères de sa génération. Or, Falardeau choisit de lui accorder plus d’importance dans le film, notamment en lui laissant porter la fin, en posant le dernier mot, comme pour briser, à travers le film, le cycle patriarcal hérité de cette époque.

« En effet, bien que le film soit une adaptation du roman, le côté artistique du cinéma en fait une œuvre nouvelle »

En concluant cette rencontre, Farah et Falardeau rappellent qu’entre les mots et les images, il ne s’agit pas simplement de transposition, mais d’un dialogue fidèle entre deux formes d’art. Ensemble, ils montrent qu’une œuvre peut changer de forme sans perdre son âme. Après avoir surmonté de nombreux obstacles, Mille secrets, mille dangers poursuit ainsi son chemin, du roman au cinéma.

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Faire vivre l’Amérique latine à McGill https://www.delitfrancais.com/2025/10/08/faire-vivre-lamerique-latine-a-mcgill/ Wed, 08 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58978 Focus sur la Septième édition du Mois du patrimoine latino-américain.

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Vendredi dernier, aux alentours de 18 heures, une trentaine d’étudiants se sont retrouvés au studio de danse Shauna Roberts pour aligner quelques pas de salsa, sur des accords de guitare et de percussions. Cet événement n’est pas anecdotique, mais s’inscrit, comme chaque année, dans le Mois du patrimoine latino-américain. Si vous avez sans doute manqué une belle occasion d’apprendre la salsa, ne vous inquiétez pas, il vous reste plusieurs opportunités pour en découvrir davantage sur la culture et l’histoire latino-américaine.

À l’occasion de ce mois de célébrations, qui a lieu du 15 septembre au 15 octobre, l’Association des étudiants espagnols et latino-américains de McGill (SLASA), l’Association d’études caribéennes et latino-américaines et d’études hispaniques (CLASHSA) et le Département des langues, littératures et cultures (LLC), ont sorti le grand jeu.

Quelles célébrations sur le campus?

Fondée en 1989, SLASA n’était tout d’abord qu’un simple regroupement d’amis partageant la même culture. Elle invitait la communauté mcgilloise à venir célébrer son héritage, tout en lui infusant son rythme et sa vitalité. Aujourd’hui, l’association culturelle est l’une des plus importantes à McGill, proposant une variété d’événements sociaux, pédagogiques et philanthropiques à travers le campus. Son dynamisme croissant lui a d’ailleurs permis de recevoir en avril dernier le prix de l’association de l’année de la part de l’AÉUM.

Chaque automne, le Mois du patri- moine latino-américain agit comme un catalyseur pour SLASA, qui concentre ses efforts et ses moyens pour mettre de l’avant la culture latino-américaine. « Pour nous, ce mois représente un bon moyen de célébrer qui nous sommes et d’où l’on vient, tout en se rapprochant de chez nous et de la communauté latino à McGill », indique Susana, étudiante colombienne et coprésidente de SLASA.

Dans une ambition commune d’augmenter la visibilité du Mois du patrimoine latino-américain, CLASHSA, LLC et SLASA se sont pour la première fois alliées, proposant une variété d’activités pour les étudiants. Fin septembre, elles ont organisé une foire, le Mercadito, rassemblant une quinzaine de producteurs latino-américains sur le campus qui proposaient tous types de produits : du café aux pâtisseries, en passant par l’artisanat de bijoux ou de bougies. « Le but, c’est vraiment de créer des liens entre les différentes communautés latinos et hispaniques, et aussi faire le pont entre les Latino-Américains de Montréal et les étudiants de McGill », ajoute Susana. Cette collaboration trouve sa source dans un constat : McGill ne semble pas vouloir concrètement s’impliquer dans la visibilité de cet événement. « L’année dernière, la seule chose que McGill a faite, c’est d’exposer quelques livres d’auteurs latino-américains dans le couloir reliant la bibliothèque McLennan à Redpath », précise Susana. « Nous avons donc décidé de prendre les choses en main, avec CLASHSA et les professeurs d’espagnol de LLC, pour créer quelque chose de mémorable cette année ».

Rassurez-vous, vous n’avez pas encore tout manqué! Le 24 octobre, les associations organiseront une table ronde avec des ambassadeurs et diplomates de la Colombie, du Mexique, de l’Argentine et de l’Espagne. Et vous pourrez participer, le 29 octobre, aux célébrations du Dia de los muertos, célèbre fête traditionnelle mexicaine. Des altares (autels) ont d’ailleurs été installés à cette occasion dans le couloir de Redpath, et seront visibles durant tout le mois d’octobre. Vous pouvez retrouver toutes les informations sur les événements à venir sur les comptes Instagram des associations, @slasa.mcgill et @clashsa.mcgill.

LES BONNES RECOMMANDATIONS À MONTRÉAL

Comment un article peut-il appartenir à la section omnivore sans contenir de recommandations culinaires?

Cette fois-ci, Le Délit laisse la place à SLASA, qui vous présente sa sélection d’adresses qui méritent le détour.

Sabor Latino (Marie-Anne O/Saint-Laurent) : Si vous souhaitez cuisiner latino, c’est ici que vous trouverez vos produits! L’épicerie comprend aussi un restaurant proposant une variété de plats du continent.

Bah! Café (Marie-Anne O/Saint-Christophe) : Une belle adresse où prendre un café, et une petite douceur brésilienne, salée ou sucrée. Convient aussi pour une session de travail!

Che Churros & Empanadas (Marie-Anne O/Saint-Urbain) : Cette boutique-restaurant vous offre les meilleures empanadas argentines de Montréal! N’oubliez pas d’essayer les churros faits maison en dessert, qu’ils soient nature ou au dulce de leche.

Lakalaka (Duluth/Saint-Denis) : Dans ce restaurant chaleureux et festif, vous pourrez tester tous les classiques de la gastronomie mexicaine, souvent accompagnés de musiciens!

Arepera (Prince Arthur/ Coloniale) : Proposant des arepas et des empanadas, ce restaurant met en valeur l’héritage culinaire du Venezuela et de la Colombie. Tous les plats sont sans gluten!

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« Le processus administratif ne fait que nous mettre des bâtons dans les roues » https://www.delitfrancais.com/2025/10/08/le-processus-administratif-ne-fait-que-nous-mettre-des-batons-dans-les-roues/ Wed, 08 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58972 Quand l’impotence bureaucratique de l’AÉUM paralyse les comités étudiants.

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Peu nombreux sont ceux qui comprennent les ramifications administratives complexes de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM). Formée d’une multitude d’assemblées démocratiques, de comités et de sous-comités, elle assure une gouvernance de quelque trois millions de dollars sur une base annuelle. Outre une simple gestion des frais qu’elle perçoit de la population étudiante, elle coordonne bien des aspects de la vie mcgilloise, notamment en ce qui a trait à la formation de comités étudiants. Mais force est d’admettre que l’AÉUM est fragile, et que la lourdeur (perçue et réelle) de ses processus administratifs complique la tâche aux universitaires entreprenants en quête de reconnaissance officielle pour leurs comités.

Cette fragilité ne tient pas de l’opinion, mais bien du fait. En effet, de nombreux scandales et conflits internes ont récemment entaché la réputation de l’AÉUM, qui a même vu son accord avec McGill être interrompu l’été dernier. Les démissions subséquentes de certains des membres de son exécutif ont mis à l’arrêt forcé bon nombre de ses opérations, si bien que Le Délit a reçu la demande formelle, de la part de certains étudiants, d’enquêter sur les irrégularités criantes des procédures de reconnaissance d’un comité étudiant.

Il est question, dans les récriminations du corps étudiant, d’un temps d’attente pour une reconnaissance (même temporaire) s’étirant sur plusieurs années – attente jugée prohibitive à la pérennisation d’initiatives étudiantes. On déplore aussi des bris de communications, un manque de continuité des procédures et l’absence d’une personne-ressource stable pour assurer le suivi des dossiers actifs.

Pour mettre toutes ces critiques au clair, Le Délit s’est entretenu avec Hamza Abu Alkhair, vice-président des comités et services aux étudiants de l’AÉUM.

Enjeux institutionnels systémiques

Depuis les nouveaux bureaux luxueux et modernes de l’AÉUM au 3501 rue Peel, M. Abu Alkhair se lance dans une explication des attentes de son organisation envers tous les aspirants-fondateurs. Pour créer un comité étudiant, il faut « amender une constitution, créer un budget temporaire, une prévision des activités qui seront organisées, recueillir des appuis (tdlr) » et remplir le formulaire prévu à cet effet sur le site de l’AÉUM. Le processus, en apparence simple, est cependant complexifié par ce que M. Abu Alkhair appelle « un dédoublement fréquent des missions des aspirants-comités » – qui se produit lorsque les étudiants souhaitent obtenir une approbation pour un club qui existe déjà ou qui ressemble fortement au leur.

Le blâme revient-il donc plutôt aux étudiants, qui n’effectuent pas de vérifications préalables? Dans les faits, pas vraiment.

La liste des comités existants fournie par l’AÉUM par le biais de son site Internet n’est pas à jour, et ce « depuis plusieurs années ». Pire, « plusieurs des comités qui y figurent n’existent même plus », me confie M. Abu Alkhair. Ce retard dans la mise à jour des données s’explique selon lui par le fait que « le processus de mise à jour prend du temps […] il faut créer une nouvelle page pour chaque comité, et nous en avons 200 à 300 au total ». Mais au moins, « les données internes sont à jour », me dit-il, d’un ton se voulant rassurant. La réalité l’est cependant beaucoup moins. Avant même que leur candidature ne soit consultée par l’appareil bureaucratique de l’AÉUM, les aspirants-fondateurs se butent à une base de données incomplète et désuète, ankylosant des démarches déjà compliquées.

Une fois la candidature complétée, cette dernière est évaluée par le Clubs Committee – une instance « sans laquelle les comités ne pourraient être approuvés », poursuit M. Abu Alkhair. Ce sous-comité, composé d’une variété de représentants de l’AÉUM et de la population étudiante, tient deux rencontres par mois. Il prend en charge l’évaluation, la révision et la coordination des différentes candidatures, et émet « ses recommandations au Conseil législatif, qui autorise par la suite la création des comités ». M. Abu Alkhair m’assure que « la décision est basée sur une grille de critères objectifs, et tout comité qui se conforme aux règles de l’AÉUM et qui est suffisamment novateur devrait éventuellement être approuvé ». En somme, personne ne peut voir sa requête être strictement refusée, mais l’aspirant-comité peut être enjoint à « modifier sa mission ou adapter les documents fournis » par des membres du sous-comité du Conseil législatif.

Il est aussi pertinent de se questionner sur le volume des demandes qui peut être traité par le sous-comité, qui détient le monopole décisionnel initial en ce qui a trait à la fondation d’un comité. Lorsque questionné sur le nombre de candidatures actuellement en attente d’une décision, M. Abu Alkhair estime que « 50 à 60 » comités patientent toujours, sans pour autant savoir si leur dossier est recevable. Il se donne comme objectif d’avoir révisé toutes ces candidatures avant la fin de la session d’automne, une tâche qui semble herculéenne étant donné les maigres résultats du sous-comité au cours des dernières années.

« Lorsque interrogé sur le nombre de nouvelles demandes faites chaque année, M. Abu Alkhair réplique simplement : “Bomboclaat, mon vieux, je n’en ai aucune idée” »

Ce régime d’évaluation décevant est expliqué par « la démission de membres de l’exécutif et une certaine instabilité institutionnelle » – problèmes récents endémiques à l’AÉUM, répétés maintes fois au cours de notre échange. M. Abu Alkhair déplore des mois et des sessions entières sans capitaine à la barre du navire, dont la conséquence directe est ce retard qui cause la grogne populaire.

Admettons cependant que le sous-comité se mette à tourner à plein régime pour le reste de la session, tenant environ cinq à six rencontres d’une heure chacune. Ce seraient donc 10 candidatures par rencontre, à raison de six minutes par dossier, qui devraient être évaluées pour maintenir le rythme escompté. Même M. Abu Alkhair concède que « la révision de 10 dossiers par rencontre est irréaliste ». Elle est aussi très précipitée, compte tenu des efforts des étudiants dans la préparation de documents constitutifs complexes et dans la collecte d’appuis de leurs pairs.

Un simple calcul nous montre que, malgré le bon vouloir du vice-président des comités et services aux étudiants, ses objectifs sont impossibles à réaliser. Surtout si l’on ajoute aux 60 candidatures en attente les dépôts assez nombreux qui s’ajoutent continuellement. Lorsque interrogé sur le nombre de nouvelles demandes faites chaque année, M. Abu Alkhair réplique simplement : « Bomboclaat, mon vieux, je n’en ai aucune idée. »

Cette réponse parsème notre entretien : il est évident que de nombreuses incertitudes planent quant à l’avenir nébuleux des aspirants-comités. Mais le cauchemar administratif ne s’arrête pas là. L’approbation d’un comité se fait en deux étapes : en premier lieu, un statut temporaire, et ensuite, l’obtention d’un statut permanent, si certaines conditions sont respectées. La patience inébranlable exigée durant l’attente d’obtention du statut (temporaire ou permanent) a tout de même ses avantages : « Tarifs de réservation réduits, adresse courriel et site Internet fournis, accès au fonds des clubs de l’AÉUM (statut permanent seulement)… » Comme quoi le jeu en vaut peut-être la chandelle. Ce dédoublement est cependant particulièrement frustrant pour certains gestionnaires de comité, qui se voient obligés de « tout renvoyer pour mettre à jour leurs listes de membres » – les délais d’approbation s’étant étirés au-delà de la graduation de certains signataires.

Si les retards et les délais ne résultent certainement pas d’une quelconque malice de la part de l’AÉUM, n’en demeure pas moins qu’elle est coupable d’une indéniable incompétence, sinon d’une négligence, à l’égard de ses étudiants. Pour vous prouver les méfaits réels d’une telle déresponsabilisation, Le Délit s’est également entretenu avec deux organisations qui peinent à obtenir le statut tant désiré de comité de l’AÉUM.

Toscane Ralaimongo | Le Délit

La grogne populaire des étudiants

La frustration a atteint son paroxysme pour David Luzzatto et Héloïse Puit, respectivement président et vice-présidente aux affaires internes de l’Association des étudiants français de McGill (AÉFM). Près de trois ans maintenant que ce comité attend de recevoir son statut permanent de l’AÉUM. Idem pour Maxime Rouhan, membre fondateur de McGill Eloquence, qui n’a toujours pas réussi à obtenir un statut temporaire après deux ans d’efforts continus!

Si l’attitude adoptée par M. Abu Alkhair pour traiter de la situation borde sur la nonchalance, le ton est beaucoup plus critique chez les étudiants. Pour David, le travail de l’AÉUM est tout simplement inacceptable : « Le suivi n’est pas assuré par l’AÉUM, et tout ce processus administratif ne fait que nous mettre des bâtons dans les roues. » Réapparue après la pandémie, l’AÉFM peine depuis à faire de quelconques progrès au-delà de l’obtention d’un frêle statut temporaire. Les procédures de l’AÉUM sont si bancales, surtout à la suite des « nombreux scandales et suspensions de services », que le comité s’est fait octroyer une « prolongation de son statut temporaire bien au-delà des limites prévues par le règlement ». Une énième preuve du caractère dysfonctionnel du processus d’approbation, selon David.

« Alors que, plus que jamais, les étudiants sont victimes d’une précarité financière étouffante, voilà que l’indolence de l’AÉUM en rajoute : par son inaction, elle force les étudiants à débourser eux-mêmes les frais de leurs passions »

« Les avantages d’être un comité de l’AÉUM? Outre ne pas payer 20 dollars d’inscription pour Activities Night, je ne saurais en donner », me rétorque David, moqueur, alors que je lui demande pourquoi quiconque voudrait souffrir au travers des tergiversations de l’AÉUM. Maxime, lui, a une réponse sidérante : en attendant l’obtention d’un statut temporaire, McGill Eloquence défraie elle-même absolument tous les coûts relatifs à son fonctionnement. Le comité paie le prix fort : 300 $, selon Maxime, pour effectuer des réservations de locaux, si bien qu’il est forcé d’utiliser quelques stratégies créatives.

« Parfois, j’attends la fin des cours et je m’infiltre dans un local, en espérant que personne ne l’aura déjà réservé », me dit-il, dépité de devoir recourir à cette solution plutôt que d’effectuer une simple réservation comme tout autre comité accrédité. Difficile selon lui de pérenniser les activités si les membres actuels savent d’emblée qu’ils devront financer eux-mêmes les opérations du comité : « Nous n’avons pas accès à un compte en banque, et chacun doit contribuer de sa poche. »

Alors que, plus que jamais, les étudiants sont victimes d’une précarité financière étouffante, voilà que l’indolence de l’AÉUM en rajoute : par son inaction, elle force les étudiants à débourser eux-mêmes les frais de leurs passions. Cette réalité va complètement à l’encontre de sa mission et des objectifs de son existence. Comme le rappelle M. Abu Alkhair, « l’AÉUM dispose d’un important Club Fund, destiné aux comités pleinement accrédités » : mais à quoi sert-il, si autant d’embûches se dressent devant ceux qui veulent enrichir la vie étudiante?

L’enjeu n’est pas uniquement monétaire. David a l’impression d’être ignoré par les responsables du destin de l’AÉFM, et il prend les grands moyens pour qu’on lui rende des comptes. « Si le club coordinator ne me répond pas, je passe au VP comités, puis au président de l’AÉUM lui-même! » me dit-il. Il arrive fréquemment à Héloïse « d’attendre plusieurs semaines pour obtenir une réponse », ce qui est jugé « terrible » par David. Et pour cause : les membres de l’exécutif sont sommés d’être au service de la population étudiante, et perçoivent pour ce faire un salaire de près de 40 000 $ par année. Leur silence est le symptôme d’un « manque de responsabilisation, d’une absence de comptes rendus » – il est clair que les aspirants-fondateurs pensent que l’AÉUM peut en faire plus. Qu’elle doit en faire plus. Surtout lorsque l’on apprend que sa masse salariale a triplé depuis 2017–18, passant d’1 M$ à 3,1 M$ lors de l’exercice financier de 2024. Les salaires versés aux membres de l’exécutif connaissent eux aussi une croissance systématique, basée sur des indices de performance. L’AÉUM semble disposer de davantage de ressources et de main-d’œuvre, mais, dans les faits, elle stagne. Elle place supposément la création de comités au sommet de sa liste des priorités, mais se révèle incapable de concrétiser sa volonté : les interminables listes d’attente en sont la preuve. C’est à se demander à quoi elle sert véritablement, si elle est incapable de « gérer efficacement les demandes d’approbation » – son principal secteur d’activité en ce qui a trait aux étudiants, tout en étant rémunérée à leurs frais.

Les deux aspirants-comités se plaignent aussi en long et en large de multiples échecs administratifs : disparition du formulaire de candidature, dédoublement des demandes documentaires, silence radio de la part de la personne-ressource. Notre entretien est plutôt négatif : on sent que les étudiants en ont assez, qu’ils sont frustrés d’avoir à « tout recommencer pour se plier aux échecs de l’AÉUM ». Enfin, David me présente ses récriminations face au processus lui-même : il lui paraît complètement incohérent que chaque aspirant-comité doive « soumettre les mêmes documents alors que leurs missions et leurs moyens sont drastiquement différents ». Malgré cette simplification clairement incohérente, le processus demeure alambiqué, tortueux, presque sans issue. Décidément, peu de choses semblent satisfaire les étudiants quant à l’offre de services de l’AÉUM. Compte tenu des témoignages, il semblerait que la population étudiante se doit également de s’intéresser davantage à l’organisation qui a le contrôle total sur l’approbation des comités qui la composent.

Que feront les étudiants?

Alors, que retenir de cette enquête? Tout d’abord, toutes les parties impliquées reconnaissent que l’AÉUM a échoué dans son devoir de vérification et d’approbation des aspirants-comités dans un délai raisonnable. Les raisons évoquées varient : du côté de l’AÉUM, on déplore des années difficiles, gangrenées par un manque de personnel et un laxisme des vice-présidents précédents. Les étudiants, eux, sont plus critiques : l’administration actuelle ne fait que « pelleter les problèmes vers l’avant » et place le blâme de ses propres échecs sur d’autres circonstances. Elle échoue dans ses devoirs de communication et de reddition de comptes, et force parfois les étudiants à subir des délais prohibitifs à la création et au maintien des comités.

Alors que l’AÉUM devrait servir d’organe permettant aux comités de s’épanouir et de se faire connaître par la population étudiante, la réalité est tout autre : McGill Eloquence, l’AÉFM et bien d’autres comités auront énormément de difficulté à pérenniser leurs activités s’ils n’obtiennent pas le statut tant espéré.

« Si les retards et les délais ne résultent certainement pas d’une quelconque malice de la part de l’AÉUM, n’en demeure pas moins qu’elle est coupable d’une indéniable incompétence, sinon d’une négligence, à l’égard de ses étudiants »

Les étudiants soumettent tous les documents demandés et se plient docilement aux exigences de l’AÉUM. Le problème : on ne leur rend pas la pareille. Les modifications des constitutions prennent « plusieurs mois » à être approuvées, malgré la simplicité des changements effectués, et leurs listes de membres souffrent du roulement inhérent qu’engendre une attente de plusieurs années. La mission première du comité devient donc l’obtention d’un statut plutôt que la planification et l’organisation d’activités, ce qui, pour David, est insensé : « Comment peut-on savoir ce qu’on va faire si l’on ne sait même pas quel genre de financement on va recevoir? »

C’est donc à se demander si l’AÉUM accorde un quelconque avantage aux comités qui veulent l’intégrer. Avec l’avènement des rencontres en distanciel et la numérisation croissante du quotidien des étudiants, il est clair que les bienfaits d’être un comité accrédité sont en baisse, surtout s’il est de plus en plus difficile d’être reconnu. Les étudiants sont proactifs et prennent en charge leurs « propres activités de financement » – signe qu’ils se refusent à abandonner leurs projets et passions simplement parce que l’AÉUM est trop incompétente ou désintéressée pour donner suite à leurs demandes.

Le Clubs Committee aura énormément de travail dans les mois qui suivront : plus de 60 demandes en attente depuis l’année passée seront évaluées. Selon M. Abu Alkhair, tout cela sera bouclé avant décembre 2025 – espérons qu’il saura tenir parole – afin que les aspirants-comités puissent avoir accès à tous les avantages auxquels ils cotisent chaque année par le biais de leurs frais de scolarité.

Il n’est certainement pas souhaitable que, dans leur processus, les étudiants aient pour réponse à leurs interrogations cette phrase ridicule, prononcée avec désinvolture : « Bomboclaat mon vieux, je n’en ai aucune idée. »

Le Délit est ravi d’apprendre que, moins d’une semaine après son entretien avec Hamza Abu Alkhair, le comité McGill Eloquence a enfin reçu une réponse de suivi concernant l’obtention de son statut de comité temporaire de l’AÉUM. Pas encore une accréditation, mais au moins un pas dans la bonne direction. Bien qu’il ne pourrait s’agir là que d’une coïncidence, il est clair qu’un contact direct avec les entités décisionnelles responsables ne peut être que bénéfique à l’avancement des candidatures en attente.

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Le cri d’une génération https://www.delitfrancais.com/2025/10/08/le-cri-dune-generation/ Wed, 08 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58968 De l’Asie à l’Afrique, la colère d’une jeunesse oubliée s’organise.

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Maroc, Indonésie, Népal, Madagascar : depuis quelques mois, les mouvements menés par la jeunesse se multiplient et se répandent d’un continent à l’autre. Si chaque pays souffre de ses propres maux, le même vent semble traverser les sociétés : celui d’une génération connectée et désabusée face à la corruption, la précarité et l’immobilisme politique.

Un vent de révolte

Le premier soulèvement notable se déroule au Sri Lanka, en 2022. Le pays, frappé par une crise économique sans précédent, est paralysé : pénuries de carburant, flambée des prix, chômage massif. « Les prix sont fous, il n’y a pas d’emplois, et la plupart des jeunes n’ont plus confiance dans le gouvernement (tdlr) », raconte un étudiant sri-lankais au Délit. Face à l’effondrement du tourisme et à la corruption persistante, les jeunes décident de se faire entendre. « Nous voulons juste une chance de vivre une vie meilleure », poursuit-il, évoquant une génération qui ne croit plus aux promesses des élites.

En Indonésie, la contestation reprend en 2024 autour de scandales de corruption et de privilèges accordés aux députés. Les jeunes, particulièrement actifs en ligne, dénoncent un système politique jugé déconnecté et inéquitable.

Puis vient le Népal. En septembre 2025, des étudiants et jeunes manifestants dénoncent la corruption, le chômage et l’interdiction soudaine de plusieurs plateformes en ligne. Dans un élan de colère général, le Parlement est incendié et le premier ministre contraint de démissionner. Les images font le tour du monde, et ce moment devient un symbole, un point de bascule sur lequel les populations marginalisées peuvent s’appuyer en guise d’espoir.

Le souffle atteint ensuite Madagascar, où des élections contestées, la misère persistante et l’effondrement des services publics alimentent un profond sentiment d’injustice. Les jeunes réclament un État capable d’assurer l’accès à l’eau, l’électricité et la dignité. Visé par la colère citoyenne, le gouvernement est dissous.

Au Maroc, la mobilisation s’organise autour du mouvement « GenZ 212 », né sur les réseaux sociaux. Les étudiants et jeunes travailleurs y dénoncent le coût de la vie, la corruption et l’absence de perspectives professionnelles.

À McGill, des voix qui résonnent du monde entier

Pour mieux comprendre cette effervescence, Le Délit s’est entretenu avec plusieurs étudiants de l’Université McGill originaires de ces pays. Tous décrivent, à leur manière, une colère partagée et une lassitude envers le système en place.

« La génération Z hurle son désarroi, défie les gouvernements, brave les violentes répressions pour faire entendre son message de détresse »

Pour Nan, étudiant indonésien, « la situation actuelle en Indonésie devait finir par arriver ». Il dénonce une corruption généralisée et des institutions « minées depuis longtemps par le détournement des fonds publics ». Les récentes subventions accordées aux parlementaires ont, selon lui, dépassé les limites : « Cela a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. » Les réseaux sociaux ont aussi joué un rôle déterminant : « Ils ont permis aux jeunes partageant les mêmes idées de se retrouver, de s’organiser et de planifier des grèves et des manifestations. » Ce qui pousse la jeunesse à agir? « La peur de voir se répéter les erreurs du passé – les guerres civiles, la corruption – et le manque de confiance envers le gouvernement actuel. Beaucoup de jeunes préfèrent agir eux-mêmes plutôt que d’attendre un changement d’en haut », explique Nan.

Selon Tao, étudiant malgache, « ce n’est pas un soulèvement soudain : ce sentiment d’injustice a toujours existé ». Les élections contestées de 2023 et la répression militaire qui a suivi avaient déjà exacerbé les tensions. « Madagascar est l’un des pays les plus pauvres du monde : entre 75 et 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Dans le sud, des gens meurent littéralement de faim ». Il décrit des services publics à bout de souffle : « Les salles de cours des universités sont délabrées, les coupures d’électricité constantes. Le gouvernement ne croit pas en sa jeunesse et ne lui offre aucune perspective. » Les soulèvements au Népal ont, selon lui, servi d’exemple : « Ils ont été porteurs d’un message d’espoir, diffusé jusqu’à Madagascar grâce aux réseaux sociaux. » Tao plaide en faveur d’une rupture du modèle politique actuel, hérité de l’époque coloniale, pour un système plus enraciné dans la réalité du pays. « Nous avons hérité d’un système centralisé et rigide, explique-t-il. Ce qu’il nous faut, c’est une structure décentralisée, adaptée à nos spécificités et inspirée de nos traditions ».

Pour Alya, étudiante marocaine, les revendications de la jeunesse transcendent largement le cadre national : « Même si l’attention se porte sur le Maroc, la lutte dépasse les frontières. » Elle rappelle que les demandes de sa génération sont universelles : « La santé et l’éducation ne sont pas des faveurs qu’un État accorde à son peuple, ce sont des droits fondamentaux qui doivent être garantis à tous. »

Une génération debout

La génération Z hurle son désarroi, défie les gouvernements, brave les violentes répressions pour faire entendre son message de détresse. Les âmes ayant péri durant ces manifestations, en quête de justice, d’égalité et de dignité, seront commémorées comme des héros de la résistance. Au fil des dernières années, des millions de jeunes ont marché dans les rues aux quatre coins du monde, portant un message d’espérance, s’adressant implicitement à toutes les communautés marginalisées souffrant des heurts du colonialisme, du despotisme ou du népotisme. Malgré les in- nombrables différences structurelles entre ces révoltes, les manifestants interpellent les gouvernements : la jeunesse doit être maîtresse de son destin et doit avoir le droit de rêver de jours meilleurs.

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« Sans vérité, il ne peut pas y avoir de réconciliation » https://www.delitfrancais.com/2025/10/08/sans-verite-il-ne-peut-pas-y-avoir-de-reconciliation/ Wed, 08 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58964 Hôpital Royal Victoria : les Mères mohawks toujours en lutte contre l’excavation des terres.

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Le mardi 30 septembre est la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, une date ayant pour but de commémorer « l’histoire tragique et douloureuse des pensionnats [autochtones, ndlr] et de leurs séquelles durables », selon le site officiel du gouvernement canadien. La faculté de médecine de McGill a publié pour l’occasion un communiqué rendant hommage « aux victimes et aux survivants du système des pensionnats », et rappelant par la même occasion ses engagements « dans la voie de la réconciliation », notamment en « développant les effectifs autochtones dans les professions de la santé ».

Pourtant, au moment où étaient publiés ces mots, se tenait de l’autre côté du campus un rassemblement portant un tout autre discours. Devant l’Institut Allan Memorial, à quelques pas du chantier du projet « Nouveau Vic » cogéré par McGill et la Société québécoise des infrastructures (SQI), les Mères mohawks (ou Kanien’kehá: ka Kahnistensera), avaient alors appelé à un rassemblement de la presse et des militants dans le cadre de leur lutte contre l’excavation des terres environnant l’hôpital. Pour l’occasion, une cinquantaine de militants étaient réunis vêtus d’un chandail orange, symbole de commémoration des victimes et survivants des pensionnats.

La bataille juridique se poursuit

Durant le rassemblement, les Mères mohawks ont notamment annoncé le dépôt d’une motion à l’encontre de la SQI, visant à la protection juridique de trois zones « où des preuves de restes humains ont été trouvées », nous explique Philippe Blouin, doctorant en anthropologie à McGill affilié au collectif. La motion repose sur différentes preuves de la présence de restes humains autour de l’Institut Allan Memorial. Dans une fiche distribuée aux médias, le collectif cite un rapport d’Askîhk Research Services, une société autochtone de conseil en archéologie employée par McGill et la SQI dans le cadre du projet. Le rapport, non public, mais cité dans la fiche, conclurait que « la combinaison de trois lignes de preuves séparées [chiens renifleurs, géoradar et plus récemment une sonde spécialisée] soutenait la présence de restes humains (tdlr) ».

Ce combat juridique n’est pas nouveau : les Mères mohawks cherchent à ralentir l’expansion de McGill sur le terrain de l’ancien hôpital Royal Victoria depuis 2022. Elles affirment que ces « restes humains » appartiennent probablement à des corps d’enfants autochtones issus des pensionnats et victimes des expérimentations du projet MK-Ultra. Dans les années 1950 et 1960, l’hôpital, déjà affilié à McGill, s’est en effet rendu coupable d’expérimentations psychiatriques illégales, notamment sur des enfants, dans le cadre de recherches militaires.

En quête de vérité

Pour les Mères mohawks, il s’agit là d’un combat pour la vérité historique sur les pratiques du gouvernement canadien. « Sans vérité, il ne peut pas y avoir de réconciliation », a expliqué Kahentinetha, l’une des Mères présentes. « La terre a déjà été maltraitée il y a deux ans, nous ne pouvons pas les laisser le refaire ». Elle fait ici référence aux méthodes employées par la SQI, que Blouin a détaillées au Délit : « Ils viennent avec des machines, détruisent tout – des tombes non protégées par des cercueils, des os en décomposition – c’est extrêmement fragile, seuls des professionnels du domaine devraient gérer ces éléments. » Il précise : « La SQI n’a pas de plan de construction précis [dans les zones concernées par la motion], mais affirme qu’elle reviendra excaver dès qu’ils recevront les prochains rapports des sondes. »

Malgré la difficulté de leur lutte juridique, les représentantes autochtones restent déterminées : « La SQI et McGill cherchent à nous épuiser avec la paperasse, mais nous sommes déterminées à découvrir la vérité », affirme Kwetiio, autre porte-parole du collectif. Kahentinetha, encore pleinement engagée dans ce combat à l’âge de 86 ans, le démontre par sa résilience : « Nous ne cesserons jamais de lutter. S’ils pensent que nous nous lasserons, ils ne connaissent pas les femmes mohawks. »

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Musique québécoise pour tous·tes https://www.delitfrancais.com/2025/10/08/musique-quebecoise-pour-tous%c2%b7tes/ Wed, 08 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58959 Peut-on mettre la musique d’ici dans une seule catégorie?

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Je n’aime pas la musique québécoise » : phrase à laquelle je me suis trop souvent butée lorsque je partageais mes goûts musicaux. Cela m’a toujours un peu (beaucoup) irritée, sans savoir comment l’expliquer. J’ai du mal à accepter que la musique québécoise soit réduite à une seule et même catégorie, alors que l’on considère la musique américaine comme un regroupement d’une multiplicité de genres et d’artistes.

Dire « je n’aime pas la musique québécoise » est une généralisation infondée. Les mots « musique québécoise » ne constituent pas un genre, mais plutôt une riche catégorie culturelle, voire géographique. Il s’agit tout simplement de musique produite ici même, au Québec, par des individus revendiquant une appartenance au territoire québécois. Il n’y a pas de musicalité particulière associée à cette catégorie ; le genre musical est ce qui se rapproche davantage des goûts personnels. L’industrie musicale d’ici produit autant de musique pop que de rap, en passant par la musique indépendante, la chanson et le punk. Il y a un monde entre des artistes comme Violett Pi et Lynda Lemay, et pourtant, certaines personnes ont l’audace de les placer dans la même catégorie, justifiant ainsi leur dédain de ce qui se produit musicalement au Québec, alors qu’ils n’ont été exposés qu’au mince échantillon de chansons peu diversifiées qui jouent à la radio.

« L’industrie musicale d’ici produit autant de musique pop que de rap, en passant par la musique indépendante, la chanson et le punk »

Si le malaise réside dans la langue, la musique québécoise est aussi polyglotte. Bien que, politiquement, on essaie parfois de se convaincre du contraire, le Québec est une société diversifiée, remplie d’individus au bagage culturel varié. Les artistes québécois se produisent en anglais ; Patrick Watson, Gabrielle Shonk, Claudia Bouvette et Soran en sont quelques exemples. Les langues autochtones ont également leur place dans ce que je considère comme « musique québécoise ». Des artistes comme Elisapie, Kanen et Laura Niquay façonnent le portrait de la musique d’ici en se produisant dans des langues autochtones ; c’est un des multiples visages du Québec qu’il ne faut certainement pas oublier. L’excuse de la langue ne tient donc pas, et la question persiste : pourquoi rejeter si catégoriquement la musique locale?

Je ne sais pas exactement comment y répondre, peut-être est-ce vain de tenter de le faire. Plutôt que de comprendre, j’essaierai finalement de convaincre. Il faut s’intéresser à ce qui se fait près de nous. La musique nous permet de mieux nous comprendre ; je n’oublierai jamais à quel point la chanson St. Denis de Ponteix et Louis-Jean Cormier m’a fait chavirer dans mes premiers mois de vie à Montréal. Mais le plus puissant, c’est le pouvoir que la musique a de nous faire comprendre l’autre. « L’autre », dans le cas de la musique québécoise, c’est notre voisine d’en haut, le travailleur du dépanneur, notre professeur. J’ai la conviction que s’intéresser à la musique d’ici, c’est aussi s’intéresser aux réalités d’ici. Peut-être ainsi pourrons-nous mieux vivre entre nous, mieux vivre ensemble.

P.S. – Quelques suggestions d’artistes en rafale pour commencer votre quête d’empathie musicale : Mon Doux Saigneur, Comment Debord, La Bronze et Marilyne Léonard.

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Mettre en lumière les fêtes lunaires https://www.delitfrancais.com/2025/10/08/mettre-en-lumiere-les-fetes-lunaires/ Wed, 08 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58955 Les gourmandises de la lune d'automne, à travers le monde.

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Ce lundi 6 octobre, entre vos études et vos écrans, si vous avez eu l’occasion de regarder le ciel nocturne, vous avez peut-être remarqué que la lune d’automne battait son plein. À première vue, hormis les chansons qu’elle a inspirées à Neil Young et Michel Rivard, elle pourrait paraître anodine. Détrompez-vous. Dans l’hémisphère nord, cette lune est l’occasion de fêter symboliquement les dernières journées de récolte. Elle tombe dans le huitième mois du calendrier lunaire, lorsque les journées chaudes s’effacent. Sous sa lumière éclatante, elle rassemble des familles à travers le monde, souvent devant un repas spécial. Explorons comment les étudiants de McGill, issus de diverses cultures, fêtent cette période joyeuse.

Chuseok en Corée

Ce 6 octobre, la Corée du Sud a célébré Chuseok, une journée de fête nationale centrée autour de la famille. Pour Nayoung, une étudiante sud-coréenne en deuxième année à McGill, c’est l’une des fêtes les plus importantes dans le pays, avec le Nouvel An. « C’est une réunion de famille et l’occasion de retrouver ceux qui résident loin de chez toi (tdlr) », me dit-elle. Originaire de Séoul, elle se rappelle des heures passées dans les embouteillages lorsqu’elle descendait vers Busan, une ville au sud du pays, pour retrouver sa famille. Il est évident que Chuseok mène à un grand nombre de déplacements ; l’aéroport international d’Incheon attend 2,45 millions de passagers entre le 2 et le 12 octobre!

« Peut-être que les songpyeons eux-mêmes n’étaient pas exceptionnellement savoureux, mais toute la joie, la chaleur et la bénédiction d’être réunis en famille les rendait délicieux à mes yeux »
Seoyoung, étudiante sud-coréenne

Chuseok est aussi un moment pour se rapprocher de ceux qui sont partis. Selon Seoyoung, une étudiante de troisième année à McGill, c’était une coutume d’aller visiter les cimetières où reposent les membres de sa famille. Cet esprit commémoratif se poursuit également à la maison. « Chez nous, on avait une table couverte de fruits et de plats pour nourrir l’esprit de nos ancêtres », m’explique Seoyoung.

L’un des plats typiques que l’on pourrait trouver à table pour un repas de Chuseok est le gâteau de riz gluant : songpyeon. Ce sont de petites boules de pâtes en forme de lune faites en combinant la farine de riz avec un peu d’eau. Elles peuvent se trouver en plusieurs couleurs selon les saveurs, comme la citrouille, l’armoise ou, comme dans la famille de Seoyoung, au sésame et au sucre fondant. Il en résulte un gâteau aux saveurs simples et douces, avec une texture légèrement collante. « Peut-être que les songpyeons eux-mêmes n’étaient pas exceptionnellement savoureux, mais toute la joie, la chaleur et la bénédiction d’être réunis en famille les rendait délicieux à mes yeux », résume-t-elle.

La mi-automne au Vietnam

Plus au sud de l’Asie, la pleine lune est aussi l’occasion de fêter la mi-automne, notamment au Vietnam, avec Tết Trung thu. « C’est une fête qui est dédiée aux enfants », me dit Elie, une étudiante vietnamienne à McGill. « Il y a beaucoup de jouets, comme des lanternes de papier en forme d’étoiles (venant du drapeau vietnamien) ou d’animal », poursuit-elle. Les plats de nourriture suivent cette même idée enfantine, qu’on retrouve avec le mâm ngũ quả, un plat à base de fruits en morceaux sculpté en forme d’animaux. « C’est comme si, par exemple, tu prenais un pamplemousse, puis tu faisais en sorte que ça devienne un lapin », dit Elie le sourire aux lèvres.

Évidemment, les gâteaux de lune jouent un rôle essentiel dans cette fête de mi-automne. Deux déclinaisons sont répandues : le bánh do, fait avec une pâte de riz gluant donnant à l’intérieur un goût similaire au mochi. L’autre s’appelle le bánh bò nuong et est cuit au four comme une tarte traditionnelle, avec une garniture pouvant varier, allant de la viande sucrée au jaune d’œuf. Mais cela reste ouvert pour les plus créatifs. « On peut trouver à l’intérieur des gâteaux des saveurs plus originales parlant à tout le monde : Coréens, Chinois ou même Français », ajoute Elie. Oserait-on aller jusqu’à la saveur d’une poutine? « Non, je n’irai pas jusque-là », répond-elle en riant.

Au-delà de leur dimension culinaire, toute une symbolique est attribuée à ces gâteaux. Aujourd’hui, ces derniers sont donnés comme cadeaux pour témoigner d’une reconnaissance. « Tu dois en donner à ton patron, tu dois en donner aux professeurs de tes enfants », souligne Elie. Pourtant, elle estime que cette fête est devenue trop normée, marquant une rupture avec l’esprit original où les gâteaux sont donnés simplement pour de bonnes intentions. « On fait des gâteaux vraiment bien décorés avec des boîtes bien ornées pour que ça soit des beaux cadeaux ». Elle regrette, « malgré tout, on ne va pas nécessairement les manger ».

La Chine sous la pleine lune

On ne peut évoquer les fêtes de mi-automne sans penser à la Chine, voisine septentrionale du Vietnam. Partageant une frontière de plus de mille kilomètres, les deux pays affichent certaines traditions communes. Une nouvelle fois, la lune suscite des thèmes familiaux : « C’est une soirée où toute la famille se réunit et mange ensemble », me confie Jiayuan, étudiante chinoise en première année à McGill. « On considère que ce jour-là, c’est la nuit où la lune est la plus ronde de l’année et lorsque cela se produit, c’est un symbole de réunion », remarque Jiayuan.

Entre la Chine et le Vietnam, les gâteaux de lune se consomment et se partagent aussi de façon similaire. « On a souvent l’habitude de les offrir aux familles, amis, et collègues », se souvient Jiayuan. Pour les saveurs, on y trouve également une grande variété régionale. « Dans les régions au sud de la Chine, on en mange avec des jaunes d’œufs à l’intérieur, mais sinon, il existe une déclinaison avec des noix qui s’appelle wú rén ». Ce dernier est composé de cinq noix différentes et est associé à une blague récurrente au sein de la diaspora chinoise du Canada : si on l’emmène ici, ce gâteau risque de faire des dégâts en raison du nombre d’allergies qu’il peut provoquer!

« On considère que ce jour-là, c’est la nuit où la lune est la plus ronde de l’année et lorsque cela se produit, c’est un symbole de réunion »
Jiayuan, étudiante chinoise

Les grandes fêtes juives

Quittons un instant l’Asie : la religion juive, elle aussi, attribue une certaine importance à la lune d’automne et à la période qui l’entoure. Suivant également un calendrier lunaire, avec ses propres subtilités, les grandes fêtes juives reposent sur le cycle lunaire. De la nouvelle année, Roch Hachana, à la fête de récolte, Souccot, les célébrations se succèdent en ce début d’automne avec les différentes phases de la lune.

La nouvelle année, Roch Hachana, est particulièrement significative, ayant lieu le soir de la nouvelle lune. D’après Emet, un étudiant juif en maîtrise à McGill, cette fête marque « le renouvellement et l’optimisme avant tout ». Dans l’assiette, ce thème se poursuit avec des pommes trempées dans du miel pour symbolisé « l’espérance et la douceur pour l’année à venir ». Une autre spécialité de Roch Hachana est le challah, un pain brioché formé en cercle spécialement pour l’occasion du Nouvel An. « La forme circulaire symbolise le passage de temps. C’est cyclique, c’est la nouveauté », me dit Emet.

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Midnight Kitchen placé sous tutelle par l’AÉUM https://www.delitfrancais.com/2025/10/08/midnight-kitchen-place-sous-tutelle-par-laeum/ Wed, 08 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58951 « Nous refusons de devenir une cuisine dépolitisée, vide de sens et vide de cœur ».

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Comme un pansement qu’on arrache en grinçant des dents, l’après-midi du 1er octobre, l’Association des étudiants de l’Université McGill (AÉUM) annonce la cessation temporaire des activités de Midnight Kitchen (MK) et le licenciement de ses employés. Ce collectif, qui distribue de la nourriture gratuite aux étudiants de McGill depuis 2002, sera désormais suspendu et réorganisé sous la direction de l’AÉUM.

Loin d’être une décision populaire, ce choix aura pourtant été présenté aux étudiants dans une rhétorique populiste. Dans le communiqué, envoyé le lendemain de l’assemblée générale de l’AÉUM, on explique que cette décision aurait été prise à la suite d’un « examen important des opérations et des finances du service au cours des dernières années » (sic).

S’appuyant donc sur une justification financière, et partant du principe que l’équipe de Midnight Kitchen n’aurait pas alloué les fonds du projet efficacement, l’AÉUM affirme agir dans l’intérêt des étudiants.

« De son point de vue, le chiffre de 7,41 % du budget dépensé sur la nourriture est représentatif de l’efficacité de MK et non de son dysfonctionnement »

Pourtant, moins de 24 heures après cette décision, un tintamarre de casseroles – et de tupperwares vides – se fait entendre à travers le campus. Le collectif SaveMKCoalition et plusieurs étudiants bénéficiant du service gratuit offert par MK ont manifesté pendant près de deux heures devant les locaux de l’AÉUM, qui abritent la cuisine du club. Ils réclamaient l’annulation de la décision prise par l’AÉUM.

Comment expliquer la disparité visible entre la prétendue popularité du choix de l’AÉUM et la colère palpable de ce mouvement contestataire? Et, en outre, quelles seront les réelles conséquences de ce jugement sommaire pour l’avenir de MK, la satiété des étudiants qui en dépendent, et la légitimité de l’AÉUM auprès des étudiants?

Budget : interprétations contradictoires

Dans son communiqué destiné aux étudiants de McGill, l’AÉUM explique que, sur un budget annuel de 351 360 $, MK n’aurait consacré que 7,41 % de ses dépenses pour l’année 2024–2025 à l’achat de nourriture. De leur point de vue, ce pourcentage est insuffisant et « affecte évidemment la qualité du service offert à la communauté étudiante ». Dans un esprit de « transparence », l’AÉUM offre une copie des dépenses budgétaires de la collectivité en pièce jointe du courriel, nous permettant de constater que 190 000 $ du budget annuel seraient dédiés aux salaires des employés de MK.

« Ces limites physiques, imposées par l’AÉUM elle-même, ne sont pas prises en compte par cette réforme et ne seront donc pas résolues par une intervention externe »

Pour certains étudiants avec qui j’ai pu discuter, ces chiffres suffisent pour les convaincre d’un complot au sein de MK, une interprétation que l’AÉUM ne propose pas explicitement dans son communiqué, mais qui reste plausible en vue de l’ambiguïté de l’explication. En revanche, pour d’autres – comme les panneaux des manifestants en témoignent – ces chiffres auraient été présentés sans contexte et de façon malhonnête.

Orion, une nouvelle recrue de MK, licenciée avant même que l’AÉUM signe son contrat, raconte une tout autre histoire. Un bol vide dans les mains, elle dissèque le budget de MK avec passion et précision. De son point de vue, le chiffre de 7,41 % du budget dépensé sur la nourriture est représentatif de l’efficacité de MK et non de son dysfonctionnement. Elle m’explique fièrement que MK s’appuie sur son réseau communautaire pour récolter des dons alimentaires, lui permettant de consacrer son budget à la rémunération de ses employés et aux coûts de transport. Quant à l’importance de la masse salariale dans le budget, elle répond sans hésiter : « On est payés 18,16 $ l’heure! C’est 2 $ de plus que le salaire minimum légal! Notre travail doit être compensé correctement, on ne travaille pas gratuitement. (tdlr) »

En vue de la soudaineté de cette décision et des conséquences dramatiques pour les salariés de MK et les étudiants qui en dépendent, il est important de considérer la proposition de réforme que l’AÉUM met en avant afin de mieux comprendre les enjeux de ce débat.

Promesses irréalistes?

Le licenciement des cinq salariés de MK a été accompagné par l’annonce de la création d’un nouveau poste de « Gestionnaire des services de nourriture et d’hospitalité » pour remplacer la direction non hiérarchique du comité sortant. L’identité de cet employé permanent n’est pas encore connue, mais il sera directement choisi par l’AÉUM. Le contraste entre l’ancien fonctionnement démocratique et la nouvelle initiative « centralisée » est perçu et présenté très différemment par les deux camps.

Alors que l’AÉUM promet que le nouvel employé sera à la fois « chef culinaire » et « gestionnaire de cuisine », permettant donc l’optimisation de MK et l’approvisionnement de repas cinq fois par semaine, les opposants à ce projet s’indignent.

Au cours de notre discussion, régulièrement interrompue par la symphonie des casseroles et des cris, Orion m’explique clairement sa frustration. De son point de vue, cette réforme illustre la dichotomie entre l’impersonnalité bureaucratique de l’AÉUM et la convivialité traditionnelle de MK. Démentant le projet de restructuration dans sa totalité, elle m’explique que MK était limité à un ou deux services par semaine, non à cause de contraintes budgétaires, mais en raison de l’espace dont ils disposent en cuisine. Ces limites physiques, imposées par l’AÉUM elle-même, ne sont pas prises en compte par cette réforme et ne seront donc pas résolues par une intervention externe – un fait que, selon elle, l’AÉUM ne peut pas comprendre, étant donné que ses membres ne se seraient jamais rendus à la cuisine de MK pour le constater.

En dépit des promesses faites par l’AÉUM d’une ère d’efficacité nouvelle, certaines questions essentielles au sujet de la réforme restent en suspens. La plus importante concerne le temps : combien de temps faudra-t-il pour que les étudiants en précarité accèdent au service dont ils dépendent, et dont ils ont bénéficié pendant si longtemps? De plus, pourquoi choisir cette période de mi-saison pour mettre en œuvre une réforme imprévue et qui implique la suspension totale de MK, alors qu’elle aurait pu être effectuée durant l’été?

MK : un combat politique?

MK, célèbre pour sa structure non hiérarchisée, ses prises de position et sa « radicalité », risque d’être vidée de son « esprit », selon Orion et un autre manifestant membre d’un syndicat étudiant. Résolument anti-globalistes, anti-capitalistes et pro-palestiniens, ces deux manifestants spéculent que la décision soudaine de l’AÉUM menant au départ forcé de la direction de MK est motivée par un intérêt politique. Selon leurs analyses, il est crédible de situer cette décision dans une tendance d’austérité morale et économique, visant à faire taire les voix dissidentes et à promouvoir la centralisation de l’autorité décisionnelle dans la main de la gouvernance de l’AÉUM.

Peu importe ses causes et sa trajectoire, les conséquences tangibles de cette décision restent les mêmes : les tupperwares sont vides, les étudiants ont faim, et l’AÉUM doit maintenant survivre à une crise de
confiance. Cette réforme se révélera-t-elle le début d’une nouvelle ère d’efficacité pour MK, ou tout simplement un projet raté mettant en péril non seulement la survie de MK, mais aussi la confiance des étudiants envers l’association censée les représenter?

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Nouvelle désillusion pour les Martlets https://www.delitfrancais.com/2025/10/08/nouvelle-desillusion-pour-les-emmartlets-em/ Wed, 08 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58947 Au terme d’un match serré, les McGilloises craquent et perdent la rencontre 2-1.

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En cet après-midi estival du mois d’octobre, les Martlets, section féminine de l’équipe de soccer de McGill, recevaient les Stingers de l’université Concordia. Les joueuses de McGill comptaient sur cette rencontre pour se relancer, après une série noire de cinq matchs sans victoires et trois sans marquer de buts. Dans un match qui aurait pu tourner à leur avantage, les joueuses de McGill ne sont pas parvenues à concrétiser leurs actions devant le but et à défaire la gardienne de Concordia.

0’ Coup d’envoi donné par les Martlets. Premier corner pour l’équipe de McGill après une belle série de passes.

6’ McGill ouvre le score grâce à la numéro 11 après une brillante séquence de passes conclue par une frappe sèche dans le petit filet. Les Martlets mettent ainsi fin à une série de trois matchs sans marquer. 1–0 pour McGill.

18’ Beau coup franc cadré par la numéro 14 de McGill. La gardienne de Concordia s’allonge et empêche les Martlets de doubler la mise. Les McGilloises continuent de presser la défense adverse.

22’ Une joueuse de McGill s’effondre après avoir reçu un ballon en pleine tête. L’arbitre interrompt le match. Cela permet aux deux équipes de se rafraîchir alors qu’il fait presque 30 degrés à l’ombre, et que le match se joue sous un soleil brûlant.

32’ Tir fuyant de la numéro 23 de Concordia, excentrée, elle ne parvient pas à cadrer.

35’ Les joueuses de Concordia s’installent progressivement dans la moitié de terrain des Martlets, sans pour autant inquiéter leur défense.

40’ Après une belle course et un duel physique avec une défenseuse de Concordia, la numéro 10 de McGill s’écroule dans la surface de réparation. L’arbitre siffle, les joueuses de McGill croient au penalty. Au lieu de ça, renvoi aux six mètres pour Concordia, c’est la désillusion.

44’ Après une longue séquence de possession, la numéro 28 de Concordia trompe la gardienne de McGill, un peu trop avancée, d’une belle frappe à l’extérieur de la surface. Égalité entre les deux équipes au moment de rejoindre les vestiaires.

50’ Les deux équipes se rendent coup pour coup, mais semblent plus s’observer qu’en première période.

65’ Changement pour les Martlets. Les joueuses de McGill poussent, mais butent toujours sur la gardienne de Concordia.

83’ Sur coup de pied de coin, les Stingers passent devant grâce à une belle réalisation de la tête de la numéro 5. Concordia mène 2–1.

90’ Les joueuses de Concordia s’imposent après un deuxième acte globalement stérile.

Bien qu’elles se soient inclinées en fin de rencontre, la performance des Martlets n’est pas décourageante pour autant. Elles se sont procuré de belles actions tout au long de la rencontre, sans pour autant réussir à concrétiser devant le but.

Plus tôt dans l’après-midi, les Redbirds, section masculine du soccer à McGill, ont quant à eux étrillé l’équipe de Concordia (5–0), quelques jours seulement après leur victoire (3–0) face aux Citadins de l’UQAM.

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« Vous êtes les citoyens d’aujourd’hui et de demain » https://www.delitfrancais.com/2025/10/08/vous-etes-les-citoyens-daujourdhui-et-de-demain/ Wed, 08 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58939 Entrevue avec la sénatrice Marie-Françoise Mégie.

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Après près de dix ans au Sénat du Canada, la sénatrice Marie-Françoise Mégie, première femme d’origine haïtienne à y siéger, a pris sa retraite le 21 septembre 2025. Engagée sur des dossiers tels que l’aide médicale à mourir ou les langues officielles, elle revient sur son parcours et sur les valeurs qui ont guidé son engagement dans une entrevue avec Le Délit.

Le Délit (LD) : Qu’est-ce qui vous a poussée à devenir sénatrice? Qu’est- ce que vous espériez accomplir?

Marie-Françoise Mégie (MM) : Je ne savais même pas que je pouvais devenir sénatrice – c’est quelque chose qui ne m’avait jamais, jamais effleuré l’esprit. En 2016, je sortais de ma vie médicale, je prenais ma retraite, et je comptais désormais me concentrer sur ma vie communautaire. Mais un ami m’a entendue parler de mon plan pour la retraite, et il m’a dit que les jeunes de la communauté noire avaient besoin de se sentir représentés dans les hauts espaces décisionnels. C’est cet argument qui m’a convaincue d’envoyer mon curriculum vitæ au comité décisionnel du Sénat. J’étais très contente d’être choisie.

« En ayant peur de « la politique », on ne fait que se freiner »

LD : Vous êtes la première sénatrice d’origine haïtienne – qu’est-ce que cela représente pour vous, personnellement et politiquement?

MM : On me demande souvent si je trouve ça lourd, d’être la première sénatrice d’origine haïtienne, si j’ai le sentiment d’avoir une redevance à la population. Mais j’étais déjà très impliquée au sein de la communauté haïtienne avant de devenir sénatrice. J’ai vu mon rôle au Sénat comme un cadeau pour poursuivre mon travail à plus grande échelle. Je sentais que j’avais la responsabilité de continuer d’aider les jeunes, de combattre la discrimination – mais ce n’est pas une responsabilité qui me pèse, pas du tout. Cette année, je prends ma retraite, et il faut que d’autres prennent la relève. Et quand on a défriché un terrain, c’est plus facile pour les plus jeunes de marcher sur nos traces.

LD : Quand vous regardez en arrière et que vous pensez à votre carrière au Sénat, de quoi êtes-vous le plus fière?

MM : J’ai déposé un projet de loi pour la commémoration du jour de la pandémie de COVID-19, qui a été adopté. Chaque année, le 11 mars, on se souvient désormais des personnes décédées dans des conditions effrayantes et des professionnels de la santé qui ont donné des soins aux malades et qui ont diminué la catastrophe. En plus de se souvenir, on se prépare à l’éventualité d’une nouvelle pandémie, pour mieux y réagir si ça devait se reproduire. Une autre initiative dont je suis fière est celle de l’exposition annuelle du Mois de l’histoire des Noirs au Sénat. Avec un groupe de sénateurs noirs, nous avons organisé des expositions sur les artistes noirs, les innovateurs noirs, les athlètes noirs… L’idée étant de mieux faire connaître aux sénateurs, mais aussi aux visiteurs du Sénat, l’histoire des Noirs. C’était la première fois qu’une telle initiative était organisée, et cela a inspiré d’autres sénateurs à organiser des expositions similaires.

LD : Que diriez-vous à un jeune qui hésite à s’engager politiquement, parce qu’il sent que la politique, ce n’est pas pour lui?

MM : Je lui dirais d’abord que, moi aussi, je pensais que la politique n’était pas pour moi. Mais tous les gestes sont politiques, même si on ne s’en rend pas toujours compte. En ayant peur de « la politique », on ne fait que se freiner. Je recommande à tous les jeunes de commencer à s’engager le plus près d’eux, au niveau municipal par exemple, pour comprendre comment fonctionne la machine électorale. On a besoin de la jeunesse, vous êtes les citoyens d’aujourd’hui et de demain. Le même conseil s’applique évidemment aux jeunes issus de communautés marginalisées – vous êtes chez vous, vous êtes nés au Canada Vous avez votre place, prenez-la!

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Une mélodie pour se retrouver https://www.delitfrancais.com/2025/10/01/une-melodie-pour-se-retrouver/ Wed, 01 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58837 Retour sur la projection de Dernière chanson pour toi.

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Si vous pouviez voyager à n’importe quel moment de votre vie, lequel choisiriez-vous? Avec sa fantaisie romantique, Dernière chanson pour toi (tdlr) (titre original : 久别重逢), le scénariste hongkongais Jill Leung marque sa transition vers la réalisation, poursuivant l’exploration du choix et la réconciliation avec soi.

Une œuvre clichée?

Tout commence avec So Sing-wah (Ekin Cheng), un compositeur dans la quarantaine dont la carrière est au point mort, hospitalisé en raison d’une tentative de suicide. Il trouve alors son amour d’enfance, Ha Man-huen (Cecilia Choi), après une vingtaine d’années de séparation, mais celle-ci décède peu après leurs retrouvailles. À la suite des funérailles, une jeune femme, Summer (Natalie Hsu), qui se présente comme la fille de Ha, invite So à accomplir le dernier souhait de sa mère avec elle : disperser ses cendres dans la mer du Japon.

Tout au long du film, on assiste à une double narration qui jongle entre le passé, au début de l’histoire entre So et Ha, et le présent. Sur le plan de l’intrigue, rien de surprenant : un enchaînement des plus classiques. Et pourtant, il serait injuste de caractériser le film d’ordinaire. Car une bonne histoire ne tient pas seulement à ce qu’elle raconte, mais à la manière dont elle s’articule.

« Et pourtant, il serait injuste de caractériser le film d’ordinaire. Car une bonne histoire ne tient pas seulement à ce qu’elle raconte, mais à la manière dont elle s’articule »

L’esthétique au service de l’émotion

Dernière chanson pour toi est visuellement très parlant. Jill Leung privilégie un tournage en décor réel, dans la grande ville de Hong Kong comme dans les ruelles de Shikoku, donnant au film une authenticité qui contraste avec le récit romancé. De plus, comme la majorité des scènes sont filmées à l’extérieur, le tournage dépend grandement de la météo. Le succès se cache dans les détails : qu’il fasse soleil ou qu’il pleuve, le temps complémente parfaitement les sentiments des personnages.

À cette atmosphère soignée s’ajoute un jeu d’acteur d’une justesse remarquable. Les interactions entre Summer et So Sing-wah rappellent par moments Mathilda et Léon dans Le professionnel (1994), où se déploie une relation tendre et parfois ambigüe entre une fillette et un homme marqué par la solitude. Natalie Hsu a même été nommée pour le prix de la meilleure actrice dans le cadre des 43e Hong Kong Film Awards en avril 2025 pour le rôle de Summer.

D’autre part, comme le titre l’indique, l’œuvre trouve sa résonance la plus intime dans la chanson et la musique. So Sing-wah, qui n’arrive plus à composer depuis des années, se confronte à son vide intérieur ; à force de chercher à plaire au public, il a perdu la passion qui l’animait à jouer. À travers le voyage avec Summer, lui rappelant fortement Ha Man-huen qui l’a toujours encouragé, il retrouve peu à peu son aspiration. À l’approche de la fin, Leung joue avec une juxtaposition du temps, où So adulte rencontre son double plus jeune. Ensemble, ils complètent une mélodie inachevée depuis longtemps. La chanson finale, entonnée en duo, scelle cette réconciliation interne : « Regarde-moi encore une fois, vois mon angoisse… Regarde-moi encore une fois, joue une nouvelle mélodie. »

Somme toute, Dernière chanson pour toi est une œuvre qui, sous le couvert d’une romance, explore les obstacles dressés sur le chemin du rêve et de la passion. Malgré la simplicité de l’intrigue, je suis sortie de la salle le cœur serré et les larmes à peine séchées. Derrière moi, la mélodie résonnait encore dans la salle avec le générique de fin. Une dernière chanson qui, bien au-delà de l’écran, continue de perdurer.

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Un pain simple à l’histoire bien complexe https://www.delitfrancais.com/2025/10/01/un-pain-simple-a-lhistoire-bien-complexe/ Wed, 01 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58833 Apprenons à préparer la banique à la Maison des peuples autochtones.

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À l’occasion des Semaines de sensibilisation aux cultures autochtones, un atelier de cuisine a été offert dans la Maison des peuples autochtones sur le campus de l’Université McGill. Mené par Marlowe Dubois, conseiller aux étudiants autochtones à McGill, l’atelier a été une initiation pédagogique à l’un des plats de base de la culture autochtone : la banique. Il s’agit d’un pain simple, inspiré à l’origine de recettes européennes et qui s’est ensuite forgé une identité distincte auprès des communautés autochtones. Son histoire est marquée par sa transformation culturelle : d’abord liée au déplacement forcé et aux rations alimentaires, elle a peu à peu acquis un rôle significatif.

Pour beaucoup de communautés autochtones, le 19e siècle a été marqué par un changement drastique des habitudes alimentaires. Alors qu’elles ont été confinées dans des réserves aux terres infertiles et inconnues, les aliments de base traditionnels ont été remplacés par des rations alimentaires fournies par le gouvernement. Ces rations se limitaient à des aliments de base et peu équilibrés (dont la farine, le saindoux et la viande ultra-transformée comme le Spam) exacerbant l’insécurité alimentaire au sein des communautés. C’est durant cette période trouble que sont apparues les premières formes de banique. Avec une base de farine, d’eau et de gras, la banique a pu être préparée avec les rations limitées. « La nourriture est le résultat de ce qui est à votre disposition (tdlr) », nous rappelle M. Dubois. Avec le temps, la banique s’est transmise de parents à enfants, devenant un plat familial avec des variétés spécifiques aux communautés. Sa saveur simple fait de la banique un pain polyvalent, qui peut accompagner une variété de plats différents, ce qui a donné naissance à des idées telles que le « burgerbanique » ou les « tacos-banique ».

Retour en cuisine

Sur l’îlot central de la cuisine, M. Dubois commence à combiner les ingrédients : la farine, le gras du bacon, l’eau, un peu de sel, de bicarbonate de soude, et de sucre. Normalement, il utilise de la levure naturelle, mais à cause du temps limité (cela aurait exigé le temps de lever), la levure chimique va suffire. Une fois les ingrédients bien intégrés, c’est l’heure du malaxage. Pendant une quinzaine de minutes, les mains de M. Dubois travaillent sur la pâte alors qu’elle commence à prendre forme. Une fois que la pâte peut être étirée au point d’être translucide (le window pane test), elle est prête.

De là, deux méthodes de cuisson sont les plus courantes. Premièrement, on peut placer la banique dans un four bien chaud (autour de 400 degrés Fahrenheit) pour la cuire comme un pain traditionnel. Au bout de 20 minutes, une fois que la croûte a bruni, on la retire du four pour éviter qu’elle se dessèche. Une autre méthode courante consiste à frire la banique, ce qui rappelle un beignet plat ou une queue de castor. La méthode de préparation est pareille, sauf que la friture donne à la banique une texture bien plus croustillante. C’est excellent lorsqu’on la trempe dans de la confiture de baies réchauffée!

La perception de la banique a beaucoup évolué depuis ses origines. Ce qui a commencé malheureusement comme une conséquence du colonialisme est aujourd’hui ancré dans la culture autochtone, indispensable pendant les pow-wow et diverses fêtes à travers le continent. « Avec le temps, parce que ça fait quelques centaines d’années et que les gens ont grandi avec ça, c’est devenu moins un aliment de base à cause de la nécessité et plus un aliment de base à cause des liens familiaux », conclut M. Dubois.

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Pizza fraîche sur le campus! https://www.delitfrancais.com/2025/10/01/pizza-fraiche-sur-le-campus/ Wed, 01 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58830 Après 16 ans, le Subway du pavillon des arts laisse sa place.

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Le pavillon des arts McCall MacBain a un nouveau locataire. Depuis début septembre, en bas des escaliers menant au sous-sol, l’habituel Subway n’est plus en vue. Le parfum familier, presque chimique, de ces sandwichs synthétiques est désormais remplacé par les odeurs de pâtes à pizza fraîchement cuites, de fromage fondu et de salami croustillant. Un nouveau restaurant, Pan Américan Pizza, vient d’ouvrir ses portes ce semestre! Offrant des « pan pizzas », style « Détroit » à taille individuelle de 6 pouces, ce nouveau restaurant propose un menu aux prix abordables avec des ingrédients frais et savoureux.

Avant l’heure de pointe du dîner, on y trouve une vingtaine de pizzas étalées sur le comptoir : une première rangée inspirée par la soupe à l’oignon gratinée, une autre au poulet barbecue. Les divers régimes alimentaires sont aussi pris en compte – leur pepperoni halal et la « champignons magiques », une option à base de plantes, sont appréciés de tous.

Chaque pizza est réchauffée à la commande dans un four à pizza, minimisant le temps d’attente sans sacrifier le goût frais. Pour les étudiants, la meilleure offre reste la formule du « Big Red » (composée de tomates, d’origan et d’un peu d’ail), accompagnée d’une canette de Seltzer pour un total de seulement 8 $. Pour les autres saveurs, vous pouvez ajouter une salade d’accompagnement et un Seltzer pour 5 $ de plus.

Les paroles du chef

Cette semaine, Le Délit a rencontré Danny St Pierre, chef entrepreneur chevronné et fondateur de Pan Américan Pizza. Son intérêt pour le projet a commencé en 2020, lorsque son précédent restaurant, alors dans un hôtel, dut subir les conséquences du confinement. « Pendant la pandémie, j’ai écouté beaucoup d’émissions Web sur la pizza, parce que je m’ennuyais », me dit-il. Lancé au départ pour s’amuser avec des plats de cuisson achetés au Dollarama, le projet a évolué lorsque le chef St Pierre a vendu ses créations en ligne via une boutique éphémère. Aujourd’hui, cette initiative a pris son essor : l’entreprise compte maintenant deux restaurants à Montréal, le premier ayant été ouvert en 2023 au MileEx.

Mais qu’est-ce qu’une « pan pizza »? Danny St Pierre nous a expliqué que ses pizzas sont inspirées de celles du sud de l’Italie, dont la focaccia barese. À terme, ce style s’est transformé et s’est répandu à Detroit, où un flot de migrants italiens est venu à la quête de travail à la fin du 19e siècle. Contrairement aux pizzas traditionnelles, la pâte des pan pizzas est beaucoup plus épaisse et aérée : « Ce qu’on fait ressemble davantage à un produit de boulangerie. C’est comme si l’on avait un restaurant de focaccia », poursuit St Pierre, « Nos pâtes sont faites ici chaque matin ». Le résultat est alléchant : une pâte bien épaisse, mais pas lourde ; croustillante et moelleuse en même temps.

Prochainement, Danny St Pierre aimerait proposer plus de choix et étendre ses horaires d’ouverture, en ajoutant notamment des formules pour le déjeuner. Du café, des muffins et des brioches sont entre autres prévus. De plus, une machine à café freddos (du café glacé avec une mousse de lait effet « guimauve » dessus) devrait être en marche bientôt. Les étudiants et professeurs sont gâtés.

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L’Europe face aux provocations russes : l’imminence d’un conflit armé? https://www.delitfrancais.com/2025/10/01/leurope-face-aux-provocationsrusses-limminence-dun-conflit-arme/ Wed, 01 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58828 Deux experts livrent leurs analyses.

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Depuis le début de ce mois de septembre, la Russie a multiplié ses manœuvres de déstabilisation envers l’Europe. Le 1er septembre, l’avion de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a été la cible d’un brouillage GPS alors qu’elle se rendait en Bulgarie. Les soupçons se sont alors tournés vers la Russie. Le 10 septembre, une vingtaine de drones russes ont survolé la Pologne, obligeant les forces polonaises et l’OTAN à les abattre, une première au-dessus du territoire de l’Alliance. Puis, le 19 septembre, trois avions de chasse russes MiG-31 sont entrés illégalement dans l’espace aérien estonien pendant une dizaine de minutes. Enfin, des infrastructures clés du Danemark, comme des aéroports et des bases militaires, ont été récemment survolées par des drones d’origine inconnue. Les soupçons se tournent une fois de plus vers la Russie, alors que Copenhague s’apprête à accueillir un sommet européen les 1er et 2 octobre.

Pour répondre aux nombreuses interrogations que soulèvent ces incidents, Le Délit s’est entretenu avec deux spécialistes : Julian Spencer-Churchill, professeur associé de science politique à Concordia, et Juliet Johnson, professeure de science politique à McGill. Leurs diagnostics convergent : ces récentes incursions visent à sonder la cohésion de l’OTAN. Johnson évoque des « provocations destinées à vérifier si l’OTAN est encore signifiante (tdlr) » et si ses membres « feront réellement front » avec une réponse collective.

Les prises de décision au Kremlin

Le professeur Spencer-Churchill estime que « Poutine n’est pas à l’origine de certaines de ces opérations. La décision se serait prise à des niveaux intermédiaires de l’appareil militaire russe ». Selon lui, l’objectif est de mesurer la réaction alliée, en particulier dans la zone des pays baltes, tout en permettant à Moscou de projeter sa puissance en jouant sur l’ambiguïté de la ligne rouge.

Pourquoi persister dans une voie qui a déjà coûté cher au Kremlin? La professeure Johnson attribue ces gestes à une évaluation erronée persistante depuis 2022 : « L’invasion a revitalisé l’Union européenne, étendu l’OTAN (Finlande, Suède), isolé et appauvri la Russie, et retourné l’opinion ukrainienne. » Elle explique ces erreurs de jugement par un système de décision fermé, centré sur un petit noyau de dirigeants où la logique néo-impériale prime.

La sécurité européenne

Selon le rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), tous les pays européens ont augmenté leurs dépenses militaires en 2024. Johnson voit dans cette tendance une réaction à la menace russe couplée à l’incertitude de la protection des intérêts européens par les États-Unis. Spencer Churchill explique quant à lui que cette remilitarisation « reste avant tout capacitaire » (production, entretien, réserves) et « politique ». En somme, il ne faut pas s’attendre à un bond immédiat du nombre de chars et d’avions opérationnels dans l’arsenal européen.

Pour Johnson, la militarisation européenne ne dégradera pas la situation vis-à-vis de Moscou : « Ce n’est pas une Russie se sentant menacée, mais un gouvernement agressif et néo-impérial. Si l’on cède, il pousse, si l’on tient ferme, il s’ajuste. » Spencer Churchill insiste sur l’intention russe de « tester les failles de l’OTAN » et « la résilience des pays en première ligne ».

Volte-face américaine

En marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, Donald Trump a annoncé être en faveur de la destruction d’avions russes en cas de nouvelles violations de l’espace aérien. Cet énième revirement brouille toute lisibilité stratégique ; le professeur Spencer Churchill y voit une logique électoraliste : surprendre, contredire les attentes, montrer que nul n’est en mesure de commanditer ou de prédire la politique étrangère américaine – cela plaît à une partie de son électorat.

L’Europe, à l’aube d’un conflit armé avec la Russie?

Interrogés sur le risque d’un affrontement armé direct avec Moscou d’ici cinq à dix ans, les deux spécialistes restent prudents. Pour Spencer Churchill, le scénario est possible, avec tout de même plusieurs interrogations : intensité des combats, recours éventuel au nucléaire, volonté des jeunes soldats russes de continuer à se battre. Johnson juge l’option « stratégiquement aberrante, mais non impossible ». Si la guerre n’est pas inévitable, la paix, elle, n’est plus garantie. Et c’est peut-être là le plus grand défi posé à l’Europe.

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