Archives des Culture - Le Délit https://www.delitfrancais.com/category/artsculture/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Wed, 10 Sep 2025 15:27:17 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 World Press Photo 2025 : une exposition aussi touchante que bouleversante https://www.delitfrancais.com/2025/09/10/world-press-photo-2025-une-exposition-aussi-touchante-que-bouleversante/ Wed, 10 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58382 Un voyage autour du globe, au plus près des réalités humaines.

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Samedi, 15 heures. C’est avec un visage grave que les visiteurs découvrent silencieusement la collection du World Press Photo 2025. Prenant place du 27 août au 13 octobre au Marché Bonsecours, cette exposition a en effet de quoi faire réfléchir. Depuis 1955, le concours World Press Photo propose chaque année une sélection des œuvres de photojournalisme et de narration visuelle les plus marquantes, instructives et inspirées du monde entier. On ne parle pas ici de n’importe quelles photos, mais de réels témoignages sur des enjeux critiques auxquels l’humanité fait face : catastrophes climatiques, guerres, luttes pour l’égalité entre les sexes et dilemmes autour de la fin de vie. Il faut le dire, le World Press Photo 2025 dresse le portrait d’un monde complexe, exposant autant ses tristesses que ses moments d’espoir.

UN REGARD SUR LA CONDITION HUMAINE
Toutes les œuvres présentées, de façon explicite ou implicite, gravitent autour d’un même sujet : l’humain. Chaque photo nous présente un récit nouveau, une réalité nouvelle, inconnue, pourtant vécue par des millions de personnes. C’est dans cette approche centrée sur l’humain que cette exposition trouve tout son sens. Devant l’horreur, les discours politiques et idéologiques s’éteignent, laissant place au silence du constat. La photo récipiendaire du prix World Press Photo de l’année en est un exemple. Prise par la journaliste palestinienne Samar Abu Elouf au Qatar le 28 juin 2024, le cliché présente Mahmoud Ajjour, un jeune palestinien de 9 ans qui, alors qu’il fuyait des bombardements israéliens sur la ville de Gaza en mars 2024, s’est fait sectionner les deux bras. Malgré son aspect sobre, l’image est profondément évocatrice. Elle raconte l’histoire de tant d’enfants à Gaza, dont l’innocence a été volée, violée. Aujourd’hui, le rêve de Mahmoud est simple : « recevoir des prothèses et vivre sa vie comme n’importe quel autre enfant. »

Samar Abu Elouf ı for The New York Times

LES PORTRAITS DE LA RÉSILIENCE
Le World Press Photo n’est pas qu’une exposition, c’est avant tout la compilation d’un travail de journalisme engagé et rigoureux. Au travers de cette collection, on découvre des recoins du globe qui nous sont inconnus. Loin de l’information mainstream, cette exposition s’arrête sur des questions dont on connaît parfois à peine l’existence. Les clichés du photojournaliste colombien Santiago Mesa sur la communauté autochtone des Emberá Dobida sont particulièrement frappants. Victime de déplacements forcés en raison de la guerre civile qui sévit en Colombie, cette communauté a particulièrement souffert au cours de la dernière décennie. Le taux de suicide au sein de la communauté a fortement augmenté, grimpant de 15 à 67 entre 2015 et 2020. Ci-contre, Maria Camila, Luisa et Noraisi se recueillent auprès de la tombe de leur sœur Yarida, qui a mis fin à ses jours en avril 2023, à seulement 16 ans. Alors oui, en sortant de cette exposition, difficile d’être optimiste. L’injustice semble faire fi des frontières et être universelle. Mais ces photos reflètent aussi le visage d’un monde qui respire, et qui ne se soumet pas à l’autoritarisme et à l’oppression qui l’accable. Épreuve d’humilité indéniable, cette exposition met à l’honneur celles et ceux qui se battent, et qui crient fièrement « non ». Je pense ici à l’image prise lors d’une soirée clandestine par la photojournaliste nigériane Temiloluwa Johnson, le 21 juin 2024 à Lagos. Au cœur d’une société profondément hostile envers les minorités sexuelles et de genre, la photographe nous présente ici le visage d’une communauté résiliente, et qui se bat pour vivre comme bon lui semble.

Temiloluwa Johnson | Instagram : @bytemiloluwajohnson

UN APPEL À L’ACTION ENVIRONNEMENTALE
En 2024, la crise climatique a, une fois de plus, profondément détérioré les conditions de vie de millions de personnes dans le monde. Le Brésil a fait les frais d’un grand nombre de catastrophes, et a été particulièrement représenté dans la collection. Ci-dessous, la photo prise par Anselmo Cunha illustre les inondations qui ont eu lieu dans l’état du Rio Grande do Sul en juin. À l’inverse, des sécheresses historiques ont durement frappé le nord du pays, endommageant considérablement la faune et la flore. Le photographe Musuk Nolte en saisit une autre facette, en montrant aussi leurs conséquences sur le quotidien des habitants. Privés de cours d’eau navigables pour se déplacer, certains sont contraints de parcourir de longues distances à pied sur les lits asséchés des rivières. C’est le cas du jeune homme présenté ci-dessous, forcé de marcher plusieurs kilomètres pour apporter de la nourriture à sa mère.

L’exposition est ouverte de 10h à 22h du dimanche à mercredi, et de 10h à minuit du jeudi au samedi. Entrée : 13$.

Musuk Nolte ı Panos Pictures, Bertha Foundation
Anselmo Cunha ı Agence France-Presse

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L’art à la rencontre de la technologie https://www.delitfrancais.com/2025/09/10/lart-a-la-rencontre-de-la-technologie/ Wed, 10 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58385 Retour sur Un soir avec les impressionnistes : Paris 1874.

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Le 15 avril 1874. Sur le boulevard, l’opéra Garnier est encore en construction. Une dame approche et remonte la rue jusqu’à l’ancien atelier du photographe Nadar. C’est ici que commence une soirée inoubliable : la première exposition impressionniste.

L’exposition Un soir avec les impressionnistes : Paris 1874 arrive à Montréal après un succès retentissant au musée d’Orsay en France : plus de 80 000 visiteurs ont plongé dans cette aventure en réalité virtuelle. C’est le centre Arsenal art contemporain qui accueille maintenant l’exposition, à quelques minutes à pied de la station de métro Lionel-Groulx. Les créateurs de la visite, Excurio et Gedeon Experiences, étaient responsables de l’exposition L’Horizon de Khéops présentée en 2024 au Vieux-Port de Montréal. À l’entrée, une vidéo explique les consignes de sécurité nécessaires au port du casque de réalité virtuelle. Ce dernier est enfilé, puis ajusté avec l’aide des employés. Le voyage peut maintenant commencer!

Les paysages sont réalistes et nous plongent directement dans l’atmosphère de Paris au 19e siècle. Une écrivaine et modèle d’artistes, Rose, agit comme guide tout au long de l’aventure. Elle admire les œuvres des impressionnistes et discute avec quelques peintres : Morisot, Renoir, Degas, Cézanne et Pissarro. Chacun d ́eux explique l’inspiration qui a mené à leurs tableaux les plus célèbres. Plusieurs épreuves de la vie d’artiste sont abordées, notamment avec Berthe Morisot, qui expose les difficultés qu’entraînent la vie d’artiste en tant que femme au 19e siècle.

Plus tard, un regroupement de personnages influents discutent des enjeux de l’exposition impressionniste dans l’atelier de Frédéric Bazille. Des artistes en tous genres se côtoient, des peintres aux écrivains, dont Émile Zola. La visite se poursuit sur l’île de la Grenouillère, où Renoir et Monet s’affairent devant leur toile. Ce dernier met plus tard la touche finale à son œuvre Impression, soleil levant sur un balcon avec vue sur le port du Havre.

La diversité des œuvres présentées est grande et il est possible de voir plusieurs toiles de plus près. Les toiles les plus connues, comme La Parisienne de Renoir ou La Repasseuse de Degas, sont mises en évidence et agrandies pour mieux les admirer. Même si certaines œuvres ne sont pas mises de l’avant, il est toujours possible de les observer dans la salle où elles sont exposées. Ce retour virtuel dans le passé garantit de mettre des étoiles dans les yeux des plus jeunes comme des plus vieux!

Les billets pour Un soir avec les impressionnistes : Paris 1874 sont disponibles en ligne, à 34$ à prix normal ou 30,50$ avec une carte étudiante valide.

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Les voix des femmes dans Hamilton https://www.delitfrancais.com/2025/09/10/les-voix-des-femmes-dans-hamilton/ Wed, 10 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58388 Quand les sœurs Schuyler réclament la scène qui leur revient.

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Dix ans après son entrée retentissante à Broadway, Hamilton débarque enfin à Montréal. Le phénomène de Lin-Manuel Miranda fête son anniversaire à la Place des Arts avec 24 représentations, du 19 août au 7 septembre, enflammant la salle Wilfrid-Pelletier. Pourtant, tout commence bien loin de Montréal, à l’été 2008, quand Miranda découvre la monumentale biographie d’Alexander Hamilton, le premier secrétaire au Trésor américain, signée Ron Chernow. De cette lecture naît une comédie musicale explosive qui, dès 2015, s’impose comme une révolution en mariant rap, histoire politique et culture populaire.

Bien plus qu’un amour contrarié

En plus de son audace et de sa distribution diversifiée, Hamilton met en scène des femmes qui prennent leur destin en main. Même si l’intrigue est centrée sur Alexander Hamilton, elles existent bien au-delà du simple rôle d’adjuvantes. Dans le spectacle, l’histoire d’Alexander Hamilton croise celle des sœurs Schuyler : Angelica, Eliza et Peggy, figures mondaines new-yorkaises à la fin du 18e siècle. Parmi les 46 chansons de la pièce, Satisfied est sans doute l’une des plus emblématiques. Dans cette scène, le mariage entre Eliza et Hamilton vient d’être annoncé ; Angelica, l’aînée, remonte alors le temps pour livrer sa propre version des faits. C’est elle qui a présenté Eliza à Hamilton, malgré les sentiments qu’elle éprouvait pour lui. Contrairement à ce que le titre laisse entendre, la chanson se conclut par : « I will never be satisfied », ou « je ne serai jamais satisfaite » en français.

D’abord, Angelica avoue un amour impossible et le sacrifice intime qu’il exige. Mais elle ne s’y enferme pas. Lucide et ambitieuse, elle entre sur scène avec sa robe rose, symbole d’une féminité fière qui refuse le silence. La voix de la comédienne Marja Harmon, claire et puissante, fend la salle et s’impose au public. Dès sa première apparition, Angelica dénonce l’exclusion des femmes du projet révolutionnaire en s’attaquant à l’emploi du terme « men » dans la déclaration d’indépendance.Son insatisfaction ne traduit pas seulement une passion contrariée : elle porte aussi l’écho d’un idéal politique inachevé. Comment réduire une figure aussi brillante à une simple romance avec le mari de sa sœur?

Qui racontera ton histoire?

Au milieu de la révolution, Hamilton se fait renvoyer à la maison par un George Washington en colère. Dans ce moment de fragilité, Eliza lui annonce sa grossesse et, avec douceur, lui propose un autre récit que celui de la gloire militaire. Elle ne réclame ni fortune ni honneurs. Seulement sa présence. Cela lui aurait suffi. Mais Hamilton la trompe, et le scandale éclate en 1797. Frappée par la honte et la douleur, Eliza brûle toutes ses lettres : un geste radical pour refuser d’être réduite au rôle de l’épouse humiliée.

Ce silence, pourtant, ne sera pas éternel. Elle survit cinquante ans après le décès de Hamilton et, au crépuscule de sa vie, reprend enfin la parole. Pendant ces décennies, elle a levé des fonds pour le Washington Monument, milité pour l’abolition de l’esclavage aux États-Unis et fondé le premier orphelinat privé de New York en 1806, d’ailleurs encore en activité aujourd’hui. La lumière tombe sur Eliza, et elle quitte son rôle d’épouse à l’importance marginale pour devenir la narratrice principale. C’est par sa voix que la pièce s’achève. Elle rend à l’Histoire ce que l’Histoire lui a pris : une parole, une mémoire, une place.

Finale

À la fin de la représentation, la salle se lève, les applaudissements fusent. Angelica et Eliza reprennent la parole, mais toujours dans l’orbite d’Alexander Hamilton. Et si, demain, une œuvre portait enfin non pas son nom, mais le leur?

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Clic-bip! Le retour des appareils photo numériques. https://www.delitfrancais.com/2025/09/10/clic-bip-le-retour-des-appareils-photo-numeriques/ Wed, 10 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58457 Nostalgie d'une technologie imparfaite.

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Sous-sol animé, musique forte, gobelets rouges partout. Clic-bip! Un petit objet argenté émet un flash brutal : sourires figés, texture granuleuse, yeux rouges partout. C’est le retour des caméras numériques.

Ces appareils compacts très populaires dans les années 2000 ont vite été remplacés par les appareils photo intégrés aux téléphones intelligents que l’on connaît aujourd’hui. Pourtant, une vague de popularité pour ces machines a vu le jour dans les dernières années, s’inscrivant dans la mode Y2K (an 2000). Et peut-être aussi dans une réaction aux esthétiques trop lisses des derniers temps, comme la tendance clean girl, idéalisant une apparence nette et minimaliste.

Une tendance nostalgique

En plus d’être un accessoire distinctif, l’appareil photo numérique apporte quelque chose que le multifonctionnel iPhone ou tout autre téléphone cellulaire n’offre pas : une réponse à un certain besoin de nostalgie. Miya, étudiante à l’Université de Montréal, se reconnaît dans ce sentiment : « J’avais une caméra numérique quand j’étais toute jeune, à cinq ou six ans, avec laquelle je m’amusais beaucoup, sans trop me poser de questions quant à la qualité des images ou de mon cadrage. Le fait de réutiliser aujourd’hui cette même caméra évoque une douce nostalgie. Les photos prises avec une caméra digitale, veut, veut pas, me rappellent l’enfance, et transforment des images parfois banales en souvenirs empreints d’émotions. »

Le coût de la technologie ultra-performante – qui offre une qualité de photos exceptionnelle et une utilisation tellement simple qu’elle en devient automatique – semble être celui de l’authenticité.

Plutôt que de reproduire l’image exactement telle qu’on la voit, on valorise, en choisissant l’appareil numérique, l’émotion derrière la scène. La qualité brute, le flash intense, le grain, le mouvement flou des sujets ; toutes ces imperfections font le charme des photographies. Le hasard trahit une sincérité. Lhassa, étudiant à l’Université McGill, comprend pourquoi ces appareils sont attirants : « Ils donnent un aspect vintage et granuleux aux photos, qui pourrait presque se comparer à l’argentique, mais justement sans les coûts importants de l’achat de pellicules et de leur développement. »

Les technologies rétro comme refuges

Ce retour au rétro n’est pas qu’esthétique : il traduit un mouvement culturel plus large. De plus en plus de personnes réalisent l’ampleur de leur dépendance aux téléphones cellulaires et autres appareils intelligents. L’utilisation grandissante d’appareils photo numériques peut être une échappatoire à cette dépendance, comme l’est celle d’objets dits « analogiques », tels que les vinyles ou les téléphones pliables (flip phones).

On peut aussi expliquer la résurgence des appareils photo numériques par l’état actuel du monde : crise climatique, instabilité politique, évolution fulgurante de l’intelligence artificielle… Les derniers millénariaux, la génération Z et la nouvelle génération Alpha, en début de vie adulte, semblent se tourner vers ce qui leur rappelle leur enfance et le « bon vieux temps », alors qu’ils affrontent un futur incertain.

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Vos prochaines sorties https://www.delitfrancais.com/2025/09/10/vos-prochaines-sorties/ Wed, 10 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58461 Événements à venir sur le campus et à Montréal.

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Associations : activité de la rentrée

Les associations étudiantes de sciences politiques (AÉSP), d’économie (ESA), d’histoire (HSA) et d’études en développement international (IDSSA) vous invitent à leur traditionnelle activité sociale de la rentrée pour une soirée remplie de jeux, de questionnaires, de prix, de boissons et de belles rencontres. Les billets seront disponibles via leurs pages Instagram respectives.

Quand : Jeudi 18 septembre à 19h00

Où : Brasserie Brutopia

Sports interuniversitaires

La saison des sports interuniversitaires est officiellement lancée à McGill. Du soccer au football, en passant par le rugby, plusieurs matchs palpitants auront lieu au cours des prochaines semaines.

Rugby : McGill contre Bishop’s le 20 septembre prochain à 19h30.

Soccer masculin : McGill contre l’UQAM le 12 septembre à 20h15.

Soccer féminin : McGill contre l’UQAM le 12 septembre à 18h.

Course : Terry Fox

La Fondation Terry Fox de Montréal organise sa course annuelle le 14 septembre prochain. Terry Fox est un jeune athlète canadien atteint par le cancer qui a traversé le Canada à la course en 1980. Après qu’il eut perdu sa lutte contre le cancer, des courses en son honneur, et ayant pour but de récolter des fonds pour la recherche sur le cancer, ont été organisées annuellement à travers le Canada. La Fondation Terry Fox organisera des courses de 1 km, 2,5 km et 10 km.

Quand : Dimanche 14 septembre

Grand Prix cycliste

La fin de semaine prochaine aura lieu le Grand Prix cycliste de Mont- réal, où les Montréalais auront la chance de voir des cyclistes professionnels s’affronter dans les rues de la ville. Tadej Pogačar, le vainqueur du dernier Tour de France, sera présent. Le départ sera au parc Jeanne- Mance à 10h15. Il consistera de 17 tours autour du Mont-Royal. Cet événement gratuit sera ouvert à tous!

Quand : Dimanche 14 septembre

Théâtre : 12 hommes en colère

Le théâtre Outremont présente 12 hommes en colère, dont la grande première aura lieu le 13 septembre 2025. Ce classique des années 50 met en scène un jury de 12 hommes qui doit décider du sort d’un jeune homme accusé d’homicide. La preuve et les faits réunis contre lui sont accablants. Le verdict qui parait évident ne convainc pas un des membres du jury. La pièce aborde des thèmes tels que la discrimination, les préjugés, la justice, la responsabilité individuelle et la force du collectif.

Quand : Samedi 13 septembre à 20h

JACKALOPE

Pendant trois jours, le quai Jacques-Cartier au Vieux-Port se transformera en scène d’action avec des compétitions d’athlètes professionnels en planche à roulettes et en escalade de bloc. C’est un événement gratuit, ouvert à tous, parfait pour vivre l’adrénaline des sports d’action!

Quand : Du 12 au 14 septembre

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Le jazz de Donal Dogbo, porteur de fraternité https://www.delitfrancais.com/2025/09/01/le-jazz-de-donal-dogbo-porteur-de-fraternite/ Mon, 01 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58279 Un final vibrant au Festi Jazz Mont-Tremblant 2025.

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La rue principale du village de Saint-Jovite grouillait de touristes déambulant tranquillement sous la chaleur accablante depuis quelque temps déjà. En guise de concert de clôture, la 18e édition du Festi Jazz Mont-Tremblant a accueilli un regroupement d’artistes de divers horizons sur la Grande Scène 885. Entouré de ses musiciens expérimentés, Donald Dogbo a offert une représentation remarquable de ses plus récentes compositions au cours de ce spectacle d’une heure et demie. Gagnant du prix Révélation Radio-Canada 2024, le batteur et percussionniste ivoirien décrit sa musique comme « Afro jazz, tradi-rythmique » dans laquelle il jongle entre les rythmes traditionnels africains et le jazz contemporain.

« Après cette première mise en bouche musicale, on entre véritablement dans l’univers personnel de l’artiste mis en valeur par le format intime de ce spectacle extérieur »

C’est avec « Divine », un morceau introspectif, que l’artiste a choisi d’ouvrir le bal. Aux premiers instants, la foule semble toutefois peu réceptive aux sonorités expérimentales de ce titre tiré de son album « Coubli ». La seconde composition, portée par des sonorités ghanéennes et ponctuée de paroles, permet au public de découvrir pour la première fois le travail raffiné du trompettiste Rémi Cormier, figure montante du jazz et récemment nommé Révélation Radio-Canada 2023- 2024. Pendant sa représentation, Donald Dogbo confie à la foule avoir composé « Kongo » durant la pandémie. Ce morceau met en lumière la réalité d’enfants qui travaillent jour après jour sans savoir à quoi ressemblera demain, comme l’explique l’homme de jazz. Ce dernier s’adresse aux spectateurs : « Pendant que vous écoutez Kongo, pensez à toutes les personnes qui n’ont rien. Pensez à aller voir votre voisin durant l’hiver », une invitation à l’entraide universelle dont nous avons tant besoin par les temps qui courent.

Entre introspection et universalité

Après cette première mise en bouche musicale, on entre véritablement dans l’univers personnel de l’artiste, qui est particulièrement mis en valeur par le format intime de ce spectacle extérieur. Peu à peu, les rythmes entraînants des musiciens réchauffent la foule, qui perd sa timidité en se laissant doucement porter par le mouvement. Le temps d’un solo de plus de cinq minutes, Elli Miller-Maboungou a fait vibrer le conga, cet instrument de percussion emblématique d’Afrique centrale et de l’Ouest. Seul sous les projecteurs, il a enchaîné cadences effrénées et tempos plus posés, tenant la foule en haleine et l’entraînant dans un voyage rythmique saisissant.

Tout au long du spectacle, Dogbo revient sur ce thème de solidarité, rappelant que tendre la main passe aussi par l’appui aux artistes d’ici. Pour lui, encourager la scène jazz montréalaise, encore trop peu reconnue, fait partie intégrante de cet appel. Il convie chacun à aller la découvrir par soi-même. Portés par cette invitation et par la force de sa musique, les spectateurs tombent presque inévitablement sous le charme de rythmes qu’on a envie d’entendre encore et encore.

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Jamais trop tard pour briser le silence https://www.delitfrancais.com/2025/09/01/jamais-trop-tard-pour-briser-le-silence/ Mon, 01 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58282 Quand le cinéma féministe du FIFM transforme le silence en acte de résistance.

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Le Festival international de Films de Montréal (FIFM) célébrait sa troisième édition du 22 au 24 août au Vieux-Port de Montréal. Pendant trois jours, 28 films venus de 25 pays différents ont été projetés dans une ambiance conviviale, où cinéastes, étudiants et curieux se croisaient au détour des projections et des discussions publiques. Fidèle à sa mission, le festival présente le cinéma comme outil de transformation sociale et de mémoire collective. Cette année, deux courts métrages en particulier ont attiré l’attention du public : Ne sois pas en retard, Myra (Don’t be late, Myra) (2024) de la réalisatrice pakistano-américaine Afia Nathaniel, et Au-delà du silence (Beyond Silence) (2024) de l’actrice et scénariste néerlandaise Marnie Blok. Deux œuvres très différentes, mais unies par la même volonté : mettre en lumière la violence faite aux femmes et la difficulté d’en parler.

Entre innocence et ombre

Avec Ne sois pas en retard, Myra, Afia Nathaniel livre un film à suspense glaçant. Le film suit Myra, jeune fille de dix ans, qui rentre seule de l’école à travers les rues de Lahore, au Pakistan. La réalisatrice ne s’arrête pas à cette tension de surface. Le vrai choc surgit au moment où l’on comprend que le danger ne se trouve pas seulement à l’extérieur. L’agressivité masculine qu’elle croise sur son chemin n’est que l’avant-goût d’un secret bien plus lourd, tapi dans le silence de sa maison. Sans dévoiler l’intrigue, disons simplement que la maison, censée être son refuge, se révèle tout aussi étouffante. L’horreur y prend racine dans le silence, un silence d’autant plus cruel qu’il est familial.

Visuellement, le film est marqué par un motif récurrent : des ballons colorés qui échappent aux petites mains de la jeune fille. Ces ballons, simples objets d’enfance, deviennent symbole d’une innocence toujours menacée. Nathaniel ne filme pas la violence de manière frontale, mais à travers ces indices subtils qui frappent l’imaginaire collectif. Plusieurs spectateurs, à la sortie de la projection, ont souligné à quel point cette image des ballons s’envolant restait imprimée dans leur mémoire, comme une blessure à la fois belle et tragique, une métaphore simple, mais partagée par tous.

La voix donnée au silence

Si Ne sois pas en retard, Myra explore la peur et le traumatisme dans l’enfance, Au-delà du silence de Marnie Blok aborde le même thème à travers la parole adulte. Situé aux Pays-Bas, le court-métrage suit Eva, doctorante sourde, victime d’une agression sexuelle de la part d’un professeur. Elle tente de briser le silence auprès de son aide pédagogique, Sandrine, mais se heurte à une forme de scepticisme désabusé. Au fil de leur dialogue, on comprend que la conseillère elle même a vécu une histoire similaire, choisissant autrefois de la taire.

Le court-métrage repose sur la confrontation de ces deux trajectoires. Là où Eva incarne une génération qui refuse l’omerta malgré le risque de compromettre son avenir universitaire, Sandrine porte le poids du silence comme une seconde peau. Le spectateur est invité à réfléchir : qu’est-ce qui a changé en vingt ou trente ans? Sommes-nous réellement dans une société plus à l’écoute des victimes, ou seulement dans une époque où le silence est devenu plus difficile à tenir?

La mise en scène est minimaliste, presque théâtrale. Le miroir dans lequel la protagoniste se regarde traduit la culpabilité intériorisée partant de victimes. Le plan final, une fenêtre traversée de lumière, évoque au contraire la possibilité d’un futur plus juste. Ces symboles pourraient sembler appuyés, mais la réalisatrice les traite avec une sobriété qui laisse respirer le récit.

Quand le cinéma devient mémoire

Présentés au FIFM, ces deux films ne se contentent pas de raconter des histoires individuelles : ils rappellent qu’un système entier contribue à étouffer la voix des victimes d’abus. Dans les rues de Lahore ou dans les couloirs feutrés d’une université européenne, le mécanisme est le même : la peur, le doute, le silence imposé. En choisissant d’afficher ces œuvres, le FIFM s’affirme non seulement comme un espace de diffusion cinématographique, mais aussi comme un lieu de mémoire et de résistance. Cette fin de semaine-là, le cinéma n’a pas seulement projeté des images : il a donné une voix aux silences trop longtemps ensevelis.

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Le Québec au Festival international du film d’animation d’Annecy https://www.delitfrancais.com/2025/09/01/le-quebec-au-festival-international-danimation-dannecy/ Mon, 01 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58286 Deux films coproduits au Québec se distinguent.

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Du 8 au 14 juin 2025, Annecy, petite ville des Alpes françaises, accueille près de vingt mille participants pour son fameux Festival international du film d’animation. Professionnels du domaine et amateurs du monde entier se pressent pour assister à des conférences, des expositions et des projections de films.

En tant que l’un des leaders mondiaux en matière d’animation, le Québec est fréquemment représenté au festival d’Annecy, et cette année ne fait pas exception. Au cours de la semaine de festivités, le public a pu découvrir une dizaine de films québécois. Plus de soixante-dix professionnels de l’audiovisuel, ainsi qu’une quarantaine d’entreprises québécoises ont pris part au Marché international du film d’animation d’Annecy (MIFA). Ce marché des exposants met en lumière le côté professionnel de cet événement, où tous les acteurs de l’industrie – réalisateurs, étudiants et sociétés de production – peuvent se retrouver.

Parmi la sélection officielle, deux films coproduits au Québec se distinguent : Allah n’est pas obligé et La mort n’existe pas.

Allah n’est pas obligé

Réalisé par Zaven Najiar et adapté du roman éponyme, Allah n’est pas obligé est une coproduction entre le Québec, la France et le Luxembourg, tirant profit des accords cinématographiques qui unissent ces pays francophones. Le film retrace le destin de Birahima, un jeune garçon ivoirien, espiègle et candide, entraîné malgré lui dans l’univers brutal des enfants soldats.

Si Allah n’est pas obligé relève de la fiction, son propos s’inspire directement de faits réels. À l’origine du roman, des enfants soldats rescapés des conflits en Afrique de l’Ouest ont demandé à l’auteur, Ahmadou Kourouma, de raconter leur histoire – ce qu’il a accepté de faire.

Le film adopte un ton léger, presque humoristique, en misant sur des couleurs vives, une musique entraînante et un style graphique rappelant les dessins animés pour enfants. Ce choix délibéré crée un contraste saisissant avec l’horreur des conflits armés, où des miliciens adultes réduisent les enfants au rôle de soldats et de chair à canon.

« Allah n’est pas obligé d’être juste dans toutes ces choses ici-bas ». Telle est la conclusion que pose Birahima à la fin de son récit. Le monde, le protagoniste l’a découvert très tôt, est rempli de choses injustes : mort, guerre, violence… L’univers, et Allah, ne sont soumis à aucune obligation quant à la vie des Hommes – juste ou injuste.

« Après tout, l’IA ne peut exister ni subsister par elle-même : elle est générative, non pas créative, et a besoin de se nourrir de contenu original et humain »

Quand l’écran fond au noir, pour un long moment personne ne bouge ni ne parle. Puis, un tonnerre d’applaudissements éclate, durant plusieurs minutes. À la sortie de la séance, quelques personnes sont questionnées par l’équipe du festival sur leur ressenti du film, et leurs réponses sont presque unanimes : la mise en scène est magnifique, les personnages attachants, et l’histoire tout autant éducative qu’intéressante.

La mort n’existe pas

Quel est le bon choix, entre commettre un acte de violence contre un système injuste, et maintenir le statu quo? À partir de quand devient-on terroriste – ou complice? Et qu’est-ce qui est préférable? Voici les questions que nous pose La mort n’existe pas, long-métrage d’animation réalisé par Félix Dufour-Laperrière, diplômé de l’école de cinéma de l’Université Concordia. La protagoniste, Hélène, et ses amis décident d’orchestrer un attentat contre une famille de riches oligarques. Au dernier moment, Hélène abandonne l’affaire, l’attaque échoue, et la protagoniste se retrouve hantée par Manon, son amie et complice. Cette dernière considère la décision de son amie comme lâche et pathétique, et l’encourage à reconsidérer ses actions. Si Hélène devait se retrouver dans la même situation, pistolet à la main et compagnons àses côtés, agirait-elle autrement?

Le film emprunte beaucoup aux contes et regorge de poésie. La musique est écrasante, les couleurs étranges et une sorte de violence désinvolte semble émerger du monde fantasmagorique dépeint par le réalisateur. Chaque détail en cache mille autres, et les métaphores sont si profondément enchevêtrées dans le récit qu’elles en deviennent indissociables.

De fait, lors d’une courte entrevue avec Félix Dufour-Laperrière, celui-ci a révélé s’être fortement inspiré de la crise d’octobre de 1970 au Québec. À la suite d’une série d’enlèvements politiques orchestrés par le Front de libération du Québec (FLQ), un « état d’insurrection présumée » est déclaré au Québec et la Loi sur les mesures de guerre est mise en place. La suspension des libertés civiles a entraîné de nombreuses controverses dans la province. La mort n’existe pas s’inscrit dans la continuation de ces questionnements : l’histoire se déroule dans un monde strict et, on le devine facilement, liberticide. Le film pose la question « jusqu’où doit-on être prêt à aller pour revendiquer nos libertés? » Il utilise notamment l’histoire québécoise comme miroir pour pousser le public à s’interroger sur le monde d’aujourd’hui.

Le futur de l’animation au Québec

Le Québec possède des infrastructures et des innovations techniques de pointe, des artistes et techniciens qualifiés, ainsi que des subventions fédérales attrayantes pour les sociétés de productions internationales. Toutefois, le doute plane quant à l’avenir de cette industrie.

Il y a tout d’abord les menaces habituelles, propres à toutes les industries, parmi lesquelles l’intelligence artificielle (IA). Nombreux sont ceux qui prédisent le pire : un futur où artistes et animateurs sont remplacés par l’IA et l’industrie entièrement robotisée.

Au cours d’une entrevue avec Brice Garnier, producteur québécois de films d’animation, ce dernier a expliqué que ce problème – bien que très réel – ne représentait pas, à ce jour, une menace suffisante pour détruire l’industrie du cinéma d’animation. Après tout, l’IA ne peut exister ni subsister par elle-même : elle est générative, non pas créative, et a besoin de se nourrir de contenu original et humain. Selon Garnier, l’utilisation de l’IA pour des tâches répétitives et sans intérêt artistique, comme des décors intervalles, peut sembler inévitable. Néanmoins, l’artiste devrait rester prépondérant dans l’élaboration de scènes plus « grandiloquentes ». Comme le fait valoir M. Garnier, « l’animation doit être l’une des industries qui subissent le plus l’évolution de la technologie […]. Là, c’est l’IA ; demain, ça sera encore autre chose. »

Si la menace de l’IA demeure encore trop abstraite pour représenter un réel danger, la réforme des crédits d’impôt québécois est une autre histoire. Pendant longtemps, l’industrie de l’animation québécoise a bénéficié de ces généreuses aides financières, attirant de nombreux studios et sociétés de production internationales dans la province. Mais depuis la fin de 2024, le gouvernement du Québec a pris la décision d’ajuster le plafond, limitant les crédits d’impôt à 65 % et réduisant significativement l’avantage fiscal qui faisait l’attrait du Québec. Cette mesure a provoqué une chute brutale des revenus, une vague de licenciements et des délocalisations vers des marchés plus compétitifs.

Véronique Tassart, directrice de l’intégration, des fusions et acquisitions de Cinesite, a révélé que l’entreprise avait perdu trois contrats quelques semaines après l’annonce de cette réforme.

Bien que plusieurs solutions ont été avancées afin de trouver un compromis avec le gouvernement, ce dernier demeure malheureusement inflexible en la matière.

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Un voyage entre ciel et océan https://www.delitfrancais.com/2025/09/01/un-voyage-entre-ciel-et-ocean/ Mon, 01 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58289 Retour sur Luzia présenté par le Cirque du Soleil.

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Un homme est en chute libre. Son parachute refuse de s’ouvrir, et malgré tous ses efforts, il s’écrase bientôt au sol. Lorsqu’il se relève, le monde qui l’entoure est tout autre que celui d’où il vient. C’est ainsi que commence le spectacle Luzia. Après des prestations à New York, c’est Montréal qui a la chance d’accueillir du 15 mai au 24 août 2025 le spectacle du Cirque du Soleil, compagnie circassienne québécoise fondée en 1984 et ayant depuis acquis une renommée mondiale en redéfinissant l’art du cirque.

« En quittant le chapiteau, il est difficile de dire quelle a été la meilleure partie »

Le titre Luzia est parfaitement représentatif de la prestation : une fusion entre luz et lluvia, signifiant respectivement lumière et pluie en espagnol. Dès le début, la scène est balayée de lumière colorée qui s’ajuste aux différents sentiments que suscitent les numéros : la joie, la curiosité, l’angoisse, la mélancolie. La pluie commence à tomber sur les artistes, parfois par torrents, parfois par gouttes éparses créant des images de fleurs. Un trapéziste exécute des acrobaties au-dessus d’un bassin d’eau et crée des éclaboussures spectaculaires lorsqu’il frôle le sol. Les jeux de lumière et l’usage de l’eau à travers les différents numéros sont époustouflants. Il est fascinant de constater l’aisance des artistes à travailler avec les éléments.

Hommage au Mexique

Les numéros s’enchaînent, tous plus impressionnants que les autres, afin d’honorer la culture mexicaine centrale à ce spectacle. Les acrobates sautent à travers des cerceaux, costumés en oiseaux multicolores à long bec, pendant qu’un grand papillon virevolte au-dessus d’eux, symbolisant la grande migration des monarques. En hommage au cinéma mexicain des années 1920, une trapéziste s’élance sur fond de cactus et un équilibriste en tenue de sauveteur montre l’étendue de son talent. Pour représenter le Jour des morts, cette fête traditionnelle qui commémore les défunts, un artiste se contorsionne au milieu de dizaines de chandelles. Un jongleur s’empare de la scène, suivi d’un autre armé d’un ballon de soccer, sport tant apprécié dans ce pays d’Amérique. Sous une lune rouge, des acrobates exécutent un numéro impressionnant de balançoires russes.

Se laisser transporter par la musique

Une chanteuse entre en scène. Sa voix claire accompagne acapella les artistes, puis les projecteurs reviennent sur elle. Un groupe de musiciens la suit, faisant allusion au mariachi, un genre musical traditionnel mexicain. Tout au long du spectacle, la musique nous transporte. Elle accompagne chaque numéro, ne cesse que pour ces transitions efficaces où le clown, cet homme parachuté dans le monde de Luzia, interagit avec la foule. Le spectateur suit ce clown découvrant un nouveau monde et une multitude de personnages sans qu’il n’y ait de véritable trame narrative. Il suffit de se laisser porter par la beauté des numéros et de la musique. La trompette, le piano, la contrebasse, le tuba, les percussions : chaque instrument trouve sa place et fait vibrer le chapiteau par la force des notes. Les instruments sont même parfois incorporés dans les numéros d’acrobatie, comme cette danseuse qui glisse sur le couvercle du piano alors qu’on y joue une mélodie.

Un spectacle qui marque par sa beauté

En quittant le chapiteau, il est difficile de dire quelle a été la meilleure partie. Ce spectacle nous laisse sans mots par sa complexité. Que ce soit la chute d’eau, les notes résonnantes du tuba ou la hauteur au-dessus de la scène à laquelle se propulsent les artistes, chaque détail contribue à donner sa beauté à Luzia.

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Calendrier culturel – Septembre 2025 https://www.delitfrancais.com/2025/09/01/calendrier-culturel-septembre-2025/ Mon, 01 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58292 L’article Calendrier culturel – Septembre 2025 est apparu en premier sur Le Délit.

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À la recherche d’une mémoire fracturée https://www.delitfrancais.com/2025/04/02/a-la-recherche-dune-memoire-fracturee/ Wed, 02 Apr 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58071 Une critique de La femme de nulle part.

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B ambino de Dalida résonne dans les quatre murs de la salle. Les écouteurs vissés dans les oreilles, des lunettes de soleil pour se dissimuler au monde, Nora danse. Une danse d’abandon, une danse qui lui permet d’oublier ce gouffre qu’elle ne parvient pas à combler.

La femme de nulle part, mise en scène par Anna Sanchez, explore l’histoire d’une famille oubliée. Nora, personnage principal, découvre une photo de sa grand-mère prise à Oran, en Algérie, mais, faute d’explications de la part de son père, elle décide de partir à la recherche de cette mémoire inachevée.

Une ignorance révolue

Étant Algérienne, cette pièce m’a laissée mitigée, un peu perdue entre ce dont je me sens proche et la perplexité qui m’envahit. Souvent, en tant qu’enfants d’immigrants, notre histoire subit une fracture qui nous écarte dans une ignorance douloureuse. Nous vivons dans une mélancolie, portant le poids d’une histoire que l’on ne connaît pas vraiment. Pour Nora, interprétée par Théa Paradis, cette mystérieuse photo semble être la clé de cette tristesse. Une image prise à Oran, durant l’ère coloniale en Algérie, où sa grand-mère se tient côte à côte avec une jeune femme algérienne, Lina. Après cette découverte, Nora se lance dans une recherche effervescente sur cette époque troublante.

Entre les manifestations dénonçant la mort de Nahel Merzouk au mains d’un policier français en 2023 et les archives de la guerre d’indépendance, Nora se sent déchirée ; coupable et révoltée d’être descendante d’une personne qualifiée de « pieds-noirs », terme désignant les populations d’origine européenne installées en Algérie durant la période coloniale française. La pièce s’efforce de mettre en lumière et, d’une certaine manière, de dénoncer le racisme et le colonialisme français. Je trouve cependant que cette dénonciation demeure limitée par le fait que l’histoire est racontée du point de vue d’une personne issue des pieds-noirs.

Mon attachement personnel à la guerre d’Algérie limite peut-être mon empathie envers cette grand-mère pieds-noirs. Pourtant, contrairement à mes parents, je comprends le sentiment d’arrachement que plusieurs pieds-noirs déplorent. Comme eux, je suis attachée à une Algérie composée de souvenirs évanescents et de personnes disparues. Au-delà de la déchirante séparation entre la grand-mère et son amie Lina, il n’en demeure pas moins que les pieds-noirs ont grandi en Algérie avec une vision trompeuse de la réalité. Cette vie en sol algérien ne leur appartenait pas, ni ses belles maisons, ni la nourriture dans leurs assiettes, et surtout pas ce pays.

Une tristesse inconnue

Cette quête débute par une tristesse que Nora peine à comprendre. Elle ressent un vide, un manque plus profond que celui que laisserait l’absence d’un parent. Cette mélancolie persistante ronge Nora et, après son départ spontané pour Paris, ne fait que croître, alimentée par l’incompréhension et le vide qui l’habitent.

Ce vide, beaucoup le connaissent bien : celui de l’identité, de l’histoire oubliée. Cette quête pour savoir d’où l’on vient, je la comprends également. La douleur de Nora dans sa recherche est incarnée avec une intensité poignante. À travers ses monologues emplis de questionnements et ses gestes souvent déséquilibrés, Nora se blottit dans des tissus qui l’enveloppent, comme une tentative fragile de se protéger du monde extérieur. La pièce transmet ainsi cette tristesse profonde, tout en la soulignant d’un subtil sous-ton d’humour. Ces interludes comiques sont stratégiquement placés, permettant de mettre en lumière l’absurdité de certaines situations, mais surtout l’inexprimable tristesse qui les habite.

Une fin en Istikhbar*

Malgré mes divergences avec le point de vue narratif de cette pièce, la composition musicale, les accessoires simplistes et des dialogues empreints de force parviennent magnifiquement à transmettre cette émotion de mélancolie face à l’inconnu. Un sentiment qui s’ancre profondément dans l’estomac, une sensation à la fois douloureuse et douce. Cette histoire de découverte est belle dans son interprétation, oscillant entre hauts et bas. À la manière du chaâbi, une musique traditionnelle algéroise, la pièce se construit progressivement, accélérant jusqu’à une fin qui marque en réalité un nouveau commencement. Le début d’une Nora un peu moins perdue, une jeune femme qui commence à comprendre d’où elle vient.

*L’introduction musicale d’une chanson chaâbi, qui peut durer de quelques minutes à plusieurs heures.

La pièce La femme de nulle part est présentée jusqu’au 12 avril au Théâtre Denise-Pelletier.

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Ça fait quoi, de mourir? https://www.delitfrancais.com/2025/04/02/ca-fait-quoi-de-mourir/ Wed, 02 Apr 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58089 Critique de Mickey 17.

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Peu de films arrivent à l’écran en 2025 avec autant d’attentes que Mickey 17. Pour le réalisateur sud-coréen Bong Joon-ho, l’enjeu était de faire suite à l’un des meilleurs films de la décennie, Parasite. Six ans plus tard, le cinéaste est de retour avec Mickey 17 (adapté du livre Mickey7 d’Edward Ashton), un film ambitieux qui dépeint la cruauté de l’humanité dans un univers de science-fiction. Les studios de production étaient au rendez-vous, avec un budget de plus de 100 millions US et, après quelques désaccords, ont concédé au réalisateur une liberté rarissime, notamment lors du montage final.

Le prologue nous met en appétit. On est en l’an 2054 et Mickey (Robert Pattinson) s’engage dans une mission de colonisation sur une planète glacée, baptisée Niflheim, pour se soustraire à une dette accumulée sur Terre. Comme il ne possède aucune compétence particulière et que les places à bord sont limitées, Mickey s’engage en tant que « Remplaçable » (Expendable). Son rôle est simple : servir de cobaye aux scientifiques du vaisseau. Il faut trouver la formule d’un vaccin? Déterminer le taux de microbes néfastes sur une planète inconnue? Fureter en terre périlleuse? Envoyez Mickey! Grâce à une imprimante innovante, Mickey peut esquiver la mort et se réimprimer en Mickey 1, 2, 3… à chaque dérive.

Je tire mon chapeau à Robert Pattinson. Mourir n’est jamais simple, mais il le fait avec justesse tout au long du film. Lorsque ses doubles se rencontrent à l’écran, c’est un régal pour le spectateur. Mignon, mou, enflammé et sinistre, Pattinson passe par toutes les émotions dans le(s) corps de(s) Mickey(s) et confirme ainsi sa polyvalence en tant qu’un des plus grands acteurs de sa génération.

« Le conflit, trop cliché et prévisible, oppose le mal absolu contre les héros humanistes et s’achève par une séquence interminable »

La mission spatiale est dirigée par Kenneth Marshall (Mark Ruffalo), qui semble vouloir faire appel à un amalgame de figures d’actualité avec son maquillage bien orange, son appétit pour les conquêtes spatiales et ses casquettes rouges. Quelques années plus tôt, cette caricature nous aurait bien amusés. Bong a été inspiré par les dirigeants autoritaires les plus notoires, tels que Nicolae Ceaușescu en Roumanie et Ferdinand Marcos aux Philippines. Mais aujourd’hui, ce personnage nous fait plutôt penser à un sketch de Saturday Night Live, décortiquant les maelströms médiatiques de la semaine d’avant.

Bong Joon-ho a ses habitudes. En termes de message politique, le film exprime un anticapitalisme prégnant : Marshall et sa femme Ylfa (Toni Collette) symbolisent la classe sociale des huppés, se nourrissant de steak et de vin, alors que les moins chanceux ingèrent leurs calories en bouillie. Nous remarquons aussi les créatures monstrueuses saturées d’effets spéciaux et très appréciées de Bong, qui rappellent, celle culte, de The Host. Comme toujours, elles viennent semer le désordre parmi les humains, ces derniers n’étant que rarement irréprochables.

Malheureusement, le film sombre dans la grisaille, elle-même engloutissant la planète où résident les personnages. Le conflit, trop cliché et prévisible, oppose le mal absolu contre les héros humanistes et s’achève par une séquence interminable. Par ailleurs, en dehors de Mickey, les rôles ne sont pas très développés et manquent de profondeur. Certains personnages cruciaux de l’intrigue, comme l’amoureuse de Mickey, Nasha (Naomi Ackie), ne laissent guère d’impression durable.

Emporté par le gros budget et les effets spéciaux à revendre, Bong Joon-ho s’est un peu perdu avec Mickey 17. Les innombrables thèmes du film – l’innovation hasardeuse de la technologie, la colonisation, et évidemment la mort – noient le spectateur. Le film reste finalement sans éclat, malgré quelques gags intermittents, et souffre d’une comparaison inévitable avec les chef-d’œuvre précédents du même réalisateur. Une fois ressortis de la salle de cinéma, nous restons sur notre faim.

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Calendrier culturel https://www.delitfrancais.com/2025/04/02/calendrier-culturel-9/ Wed, 02 Apr 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58100 Avril 2025

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L’art de MC Snow : entre héritage et réappropriation https://www.delitfrancais.com/2025/04/02/lart-de-mc-snow-entre-heritage-et-reappropriation/ Wed, 02 Apr 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58107 Échanges pour une meilleure reconnaissance des cultures autochtones.

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Depuis le début de l’année 2025, la crise culturelle au Québec est au cœur des discussions. On souligne à quel point les arts – littérature, cinéma, théâtre, musique – manquent cruellement de financement pour se développer et rayonner. On débat la valeur de cette culture, de son potentiel éducatif. Pourtant, un aspect demeure largement ignoré dans ces échanges : l’art autochtone.

La culture autochtone dans son ensemble subit une marginalisation au sein du territoire canadien. En effet, ce n’est que depuis quelques années qu’une démarche de réparation et de rétribution envers les peuples autochtones a véritablement pris forme. Et si le Québec aime se penser avant-gardiste en la matière, il accuse un retard considérable. Certes, le programme d’enseignement québécois a connu des réformes importantes à l’orée des années 2000, mais la province traîne encore de la patte. Certain·e·s aiment se convaincre que le racisme systémique n’est qu’un mythe, une invention.

Ailleurs, pourtant, des initiatives structurantes sont mises en place. En Alberta, les enfants apprennent à compter jusqu’à 10 en langue crie. Ils·elles visitent des tentes de sudation, mémorisent la reconnaissance de territoire et, surtout, en comprennent l’importance. En Colombie-Britannique, dès le primaire, des consultant·e·s autochtones dispensent des formations aux enseignant·e·s, afin qu’ils·elles puissent aborder la culture et le mode de vie des peuples autochtones de manière juste et éclairée, non seulement en histoire, mais aussi à travers l’art. Car dans la culture autochtone, l’art dépasse sa simple dimension esthétique : il porte une vision du monde, une mémoire, un vécu.

« On porte tous·tes notre passé en nous, et on le transforme en langage – en art. En tant qu’artistes et enseignant·e·s, on a la responsabilité de le faire vivre. C’est pour ça que c’est un tel poids à porter : on nous fait culpabiliser si on ne le fait pas »
MC Snow, artiste en résidence

C’est précisément ce que l’artiste en résidence à McGill MC Snow cherche à transmettre à travers ses sculptures et peintures, qui abordent les défis sociaux liés au contexte postcolonial et à la réappropriation culturelle. Son travail s’ancre dans les techniques et arts autochtones traditionnels, mettant en lumière la transmission des savoirs, des croyances et des pratiques. Il privilégie des matériaux et des techniques ancestrales, tout en explorant les contrastes entre l’art précolonial et moderne.

Le jeudi 27 mars, dans le cadre de l’Initiative d’études autochtones et d’engagement communautaire (ISCEI) l’artiste multidisciplinaire kanien’kehá:ka a pris part à un panel aux côtés de la chorégraphe mohawk Barbara Diabo, de Thomasina Phillips, directrice adjointe du Bureau des initiatives autochtones à McGill, et de Kurt Kershl, le coordonnateur de soutien autochtone de la Commission Scolaire de Montréal Ensemble. Ils·elles ont discuté de l’intégration de l’art autochtone dans les écoles et les universités, un enjeu fondamental pour la reconnaissance et la transmission des cultures autochtones.

Au-delà des identités fracturées

« Je n’ai pas grandi avec une grande connaissance de ma culture, et je pense que c’est une histoire qui ressemble à celle de beaucoup d’autres (tdlr) », confie MC Snow. « J’ai passé ma vie à chercher ce “quelque chose” sans vraiment savoir ce que c’était… » Ce vide identitaire, cette quête sans cesse renouvelée d’un héritage partiellement effacé, MC Snow la transforme désormais en outil de transmission et de guérison.

Face aux questions de Barbara Diabo – « Comment continuer à avancer? Comment donner de la force aux autres à travers notre art? » – MC Snow explique qu’il voit dans l’art un pont entre les mondes : « L’art est l’une de ces langues qui transcendent les barrières, qu’elles soient linguistiques ou culturelles. Il touche aux émotions, à l’humanité même. À ce niveau fondamental, on se comprend tous·tes. C’est un moyen d’expression universel, et c’est justement pour ça qu’il est si essentiel. »

« Certaines communautés ont peur de partager ce qu’elles ont, même quand c’est précieux. Parce qu’après tout ce qu’on a vécu, on craint encore de tout perdre »
MC Snow, artiste en résidence

« L’art transforme des vies. J’ai vu les réactions des gens, que ce soit dans les écoles, au théâtre ou ailleurs. L’impact est réel », témoigne Barbara Diabo. Pour la chorégraphe mohawk, la danse s’apparente davantage à un rituel qu’à une simple performance : « On danse pour nos ancêtres. Vraiment. Ce ne sont pas que des mots. On danse aussi pour les générations futures, pour la terre, pour guérir. C’est un moment de partage profond, une médecine précieuse. […] Quand j’ai commencé à apprendre les danses de ma culture, ma vie s’est dotée d’une toute autre richesse, bien au-delà de ce que pouvait m’apporter le ballet, par exemple. »

Le fardeau de la transmission

« Ce n’est pas seulement une question de transmission de l’histoire. L’art parle aussi de nos préoccupations actuelles, de l’avenir », précise MC Snow. « On porte tous·tes notre passé en nous, et on le transforme en langage – en art. En tant qu’artistes et enseignant·e·s, on a la responsabilité de le faire vivre. C’est pour ça que c’est un tel poids à porter : on nous fait culpabiliser si on ne le fait pas. »

Barbara Diabo aborde cette responsabilité sans détour : « Les danseur·se·s sont, de manière générale, un groupe anxieux. Mais en tant que danseur·se·s autochtones, on porte un traumatisme intergénérationnel qui nous touche encore aujourd’hui. Et en plus, on a un devoir envers nos communautés. On ne peut pas juste être dans le “moi, moi, moi”. Ce ne serait pas juste. On doit aussi transmettre, enseigner, redonner. C’est une grande responsabilité. »

Mc Snow ajoute : « Parfois, c’est ce qui nous freine aussi. Certaines communautés ont peur de partager ce qu’elles ont, même quand c’est précieux. Parce qu’après tout ce qu’on a vécu, on craint encore de tout perdre. » Cette crainte légitime façonne la manière dont les artistes autochtones abordent le partage de leur culture. « Quand j’enseigne nos danses à des non-Autochtones, il y a toute une réflexion derrière », explique Barbara Diabo. « Je leur explique toujours : “Je vous l’enseigne parce que je peux et parce que je veux que vous en fassiez l’expérience, que vous ressentiez quelque chose. Mais vous ne pouvez pas simplement prendre cette danse et la mettre en scène de votre côté.” Parce qu’en ce moment, notre peuple est encore en train de reconstruire sa culture. Elle nous a été arrachée pendant des siècles… Nous sommes encore fragiles face à ce partage. »

La renaissance identitaire par l’art

Cette fragilité se manifeste particulièrement chez les jeunes. « Cette crise identitaire, cette hésitation entre vouloir s’intégrer et vouloir revendiquer son identité… Cette peur est encore bien présente », observe Kurt Kershl. « Et pas seulement chez les jeunes Autochtones, mais aussi chez celles et ceux qui ont une identité mixte. »

Pourtant, les signes d’une renaissance culturelle se multiplient. Barbara Diabo en témoigne : « Quand il y a un·e élève autochtone dans une classe, il·elle se redresse soudain, il·elle se sent concerné·e. Quand j’arrive en classe et que je leur fait part de mon amour pour notre culture, il·elle se redresse encore davantage. »

Pour Kurt Kershl, ces moments de reconnexion justifient tous les efforts : « Ce qu’on fait, c’est avant tout du soutien direct aux élèves. Et c’est ce qui est le plus important dans notre travail : les aider à se sentir légitimes, à comprendre qu’ils·elles ont leur place. On fait parfois des erreurs, nos actions peuvent sembler performatives, pas toujours aussi relationnelles qu’on le souhaiterait. Mais si, de temps en temps, un·e élève trouve sa place grâce à ça, alors ça en vaut la peine. »

« Être ici, échanger avec vous, voir tout ce qu’on met en place pour l’avenir… C’est puissant », conclut MC Snow. « On ne fait pas que parler, on agit. Et c’est motivant. J’ai hâte de continuer chaque jour, parce que je ressens vraiment que ce qu’on fait a du sens

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En photos : plonger dans l’univers de la mode mcgilloise https://www.delitfrancais.com/2025/04/02/en-photos-plonger-dans-lunivers-de-la-mode-mcgilloise/ Wed, 02 Apr 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58110 Le campus fourmille d’influences stylistiques : Unveil SS25 en est la parfaite incarnation.

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McGill n’est pas une école de mode, mais sa culture vestimentaire est un miroir fascinant des influences qui y cohabitent. Que ce soit dans les couloirs du campus, dans une salle de conférence sur la politique internationale, ou dans la queue du café Gerts, un éventail de styles se déploie, parmi lesquels s’entremêlent minimalisme européen, streetwear nord-américain et touches vintage montréalaises soigneusement choisies.

Certaines initiatives sur le campus permettent à cette créativité de s’exprimer pleinement : le vendredi 28 mars dernier, le défilé Unveil SS25 du club mcgillois P[H]ASSION a pris place au Bain Mathieu. Ancienne piscine publique, ce lieu s’est mué en un espace événementiel dans les années 90 grâce à l’initiative de la Société pour Promouvoir les Arts Gigantesques (S.P.A.G.).

Hasard ou symbole, la piscine apparaît ici comme une métaphore parfaite de la mode universitaire : un espace où certains plongent tête première, tandis que d’autres, apprennent doucement à flotter. Sous les néons du Bain Mathieu, les mannequins avancent avec une aisance feinte, dissimulant sous leur posture assurée l’adrénaline d’un instant qui, pour la plupart, frôle l’inédit.

Shayé
Shayé
Shayé
Lia Valente
Lia Valente

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Une approche trop tiède pour un sujet brûlant https://www.delitfrancais.com/2025/03/26/une-approche-trop-tiede-pour-un-sujet-brulant/ Wed, 26 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57891 Critique de Jouer avec le feu.

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L e dernier film des sœurs Delphine et Muriel Coulin, Jouer avec le feu, s’attaque à un sujet brûlant d’actualité : la radicalisation d’un jeune homme au sein de l’extrême droite. Le long-métrage adopte une approche intimiste en suivant le parcours d’un père veuf incarné par un Vincent Lindon bouleversant, confronté à la dérive de son fils aîné. Mais si l’ambition est louable, l’exécution laisse perplexe.

Un drame familial avant tout

« C’est un film sur l’amour filial plus que sur la menace que représente l’extrême droite, et c’est là que le bât blesse »

Plutôt que de documenter la radicalisation, le film en capte l’écho à travers le prisme familial. Si ce choix permet une plongée sensible dans la sidération et l’incompréhension du père, il frustre néanmoins par son refus d’aller au-delà de la sphère domestique. Tout comme Pierre, on ne peut qu’assembler des bribes, sans jamais être un témoin direct de l’endoctrinement de Fus (Benjamin Voisin). Ce parti pris narratif, bien que défendable, atténue la portée politique du récit : les antifascistes restent hors champ, les victimes de l’idéologie de Fus invisibles, et la violence qu’il perpétue, quasi inexistante à l’écran. C’est un film sur l’amour filial plus que sur la menace que représente l’extrême droite, et c’est là que le bât blesse.

Une radicalisation hors champ

Ce n’est pas par manque d’expertise ou par prudence que les réalisatrices se contentent de suggérer la déchéance du fils aîné : des documentaires sur la résurgence des discours masculinistes et du fascisme, en France ou ailleurs, il y en a d’excellents, comme Generation Hate (2018), qui ne filtrent pas cette réalité à travers le tamis de la fiction. Non, pour les Coulin, il s’agit plutôt d’observer les répercussions au sein de la famille de ce soudain virage à droite. Comment peut-on en arriver là? La réponse n’est jamais énoncée clairement. Pas par pudeur, mais parce qu’il n’y en a pas.

L’aveuglement involontaire du père est d’ailleurs évoqué subtilement à travers plusieurs scènes : lorsqu’il éteint la radio pile au moment où l’on aborde la désillusion politique des jeunes, ou quand il zappe sans un mot le téléjournal dénonçant la résurgence des rassemblements nazis pour se réfugier dans un match de foot. Ce n’est que lorsqu’il est déjà trop tard qu’il commence à s’opposer aux comportements de son fils. Sans condamner Pierre, le film pointe du doigt cet aveuglement, cette complaisance qui laisse le terrain libre aux idéologies toxiques. Et dans un monde où les réseaux sociaux jouent un rôle majeur dans la diffusion de ces discours, cette mise en garde résonne avec une acuité troublante.

Entre retenue et insuffisance

Malgré le souci catégorique des sœurs Coulin d’éviter le manichéisme, elles proposent pourtant un scénario assez bancal : le fils ainé se révolte, s’embrigade, se radicalise. Quelques moments doucereux en famille. Fus est peut-être fasciste, mais il n’est pas un si mauvais garçon. Oh! Il se fait tabasser par des antifas à un rassemblement nazi. Pauvre lui. Est-ce ce qui le convaincra enfin qu’être nazi, c’est mal? Et non, il se venge en s’en prenant à ses persécuteurs. Il écope d’une sentence de 20 ans en prison. Vincent Lindon est triste. Générique de fin. Conclusion : le nazisme, ça craint. Le meurtre, c’est mal. Je n’avais pas besoin de visionner un film de 120 minutes pour l’apprendre.

Jouer avec le feu laisse une impression d’inabouti. La nuance, revendiquée par les réalisatrices, se transforme parfois en esquive. Certes, on comprend que le but n’était pas d’humaniser Fus, mais de questionner jusqu’où l’amour parental peut survivre à l’horreur. Pourtant, en évacuant toute analyse approfondie de la radicalisation, le film semble contourner son propre sujet. S’intéresser aux relations familiales est une chose, mais quand le contexte implique le fascisme, peut-on vraiment se permettre de rester en surface? À vouloir éviter la démonstration frontale, Jouer avec le feu risque de minimiser l’ampleur du problème qu’il prétend observer.

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Le brutalisme : appréciable ou détestable? https://www.delitfrancais.com/2025/03/26/le-brutalisme-appreciable-ou-detestable/ Wed, 26 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57898 Point architecture sur ce style controversé

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HISTORIQUEMENT

Origine post-Seconde Guerre mondiale : regain de popularité du style international (courant qui désire construire des bâtiments en rupture totale avec les traditions du passé) introduit par Le Corbusier. Nécessité de reconstruire rapidement l’Europe dévastée. Besoin urgent de logements à haute densité tels que l’Unité d’habitation du Corbusier à Marseille.

Deuxième phase du modernisme : le style international développé par le CIAM (Congrès international d’architecture moderne) est présenté comme la solution ultime pour reconstruire les villes après la guerre en Europe. Il devient également la nouvelle norme aux États-Unis avec l’apparition de hautes tours aux façades entièrement recouvertes de fenêtres en verre.

Remise en question par le Team 10 : dans les années 50, au Royaume-Uni, un groupe d’architectes dont font partie Alison et Peter Smithson décide de s’écarter des dogmes du CIAM.
→ Ils rejettent l’approche trop rigide et désincarnée du style international.
→ Ils revendiquent une architecture enracinée dans le réel et le quotidien.
→ Les Smithson ont pour volonté de retrouver l’élan créatif du mouvement moderniste des années 1920, perdu après la guerre. Contrairement à ce que l’on pense souvent, leur conception du brutalisme n’est pas radicalement opposée au modernisme.

Début du brutalisme : le premier projet précurseur du brutalisme fut l’école Hunstanton, conçue par les Smithson et construite en 1954. C’est un bâtiment aux finitions brutes et aux matériaux apparents qui se veut architecturalement honnête, c’est-à-dire qu’il ne dissimule pas les éléments structuraux par des ornements superflus. Par la suite, les Robin Hood Gardens sont construits à Londres en 1972. Ce projet résidentiel à haute densité met en avant l’effet massif du béton brut. Avec ses fenêtres en retrait et sa monumentalité, ce bâtiment est reconnu pour son architecture brutaliste révolutionnaire.

EN THÉORIE

« La forme exprime l’usage » : ce principe fondateur hérité du modernisme incite les bâtiments brutalistes à répondre aux besoins concrets, pratiques, technologiques, sans décoration superflue ou références historiques.

Une réaction au modernisme lisse : si le brutalisme naît dans la continuité du modernisme, il s’en distingue par une esthétique plus rugueuse, texturée, radicale.

Pluralisme architectural : bien qu’il consiste en un style différent, le brutalisme n’a pas pour but d’effacer le modernisme. Au contraire, ils coexistent. Cette coexistence est particulièrement importante, car elle marque une période de pluralité des styles dans le milieu architectural.

Un nouveau départ idéologique : en se détachant progressivement du style international perçu comme trop rigide et abstrait, le brutalisme a pour volonté de renouer avec les idéaux des avant-gardes des années 1920. Il devient symbole d’espoir, d’engagement social et d’utopie du logement pour tous.

Un style avec une portée politique et sociale : l’architecture devient un outil de transformation du quotidien, en imaginant des structures qui permettent le vivre-ensemble. Logements collectifs, écoles, bibliothèques, bâtiments publics : l’idée est avant tout de rassembler.

ÉLÉMENTS PRINCIPAUX

Béton brut

Fenêtres en retrait

Géométrie lisible et symétrie

Masse et monumentalité

Honnêteté architecturale

Toscane Ralaimongo | Le Délit

APPRÉCIABLE OU DÉTESTABLE?

L’architecture brutaliste est particulièrement présente dans les institutions et les milieux académiques en Amérique du Nord. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle n’est pas très populaire, souvent critiquée pour sa monumentalité peu accueillante, son aspect grisâtre qui ne motive pas à l’apprentissage et son manque d’humanité. Le béton brut, lorsqu’il n’est pas poli, se détériore rapidement et se dégrade avec le temps. La raison pour laquelle de nombreux bâtiments sur le campus de McGill sont brutalistes est simple : après la Seconde Guerre mondiale, on observe une explosion du nombre d’étudiants aux États-Unis et au Canada. Il y a donc un besoin urgent de bâtiments afin de donner des cours et faire de la recherche. Le brutalisme est une solution peu coûteuse.

Pourtant, il existe aussi des éléments positifs à ce style d’architecture mal-aimé. En effet, son côté modulaire est un réel atout. Ce type de bâtiment peut être modifié et étendu rapidement et facilement, pour s’adapter en fonction des besoins de la population. Je vous invite à regarder au-delà de ces surfaces grises et à prendre un moment pour observer le rythme, la symétrie, l’emplacement des fenêtres. De trouver peut-être un peu de réconfort dans la régularité de Leacock ou la bibliothèque McLennan. Asseyez-vous devant le bâtiment de l’AÉUM et appréciez la fantaisie de la façade, le jeu de fenêtres, l’alternance ludique entre béton et verre qui crée un rythme singulier. Pour moi, ce bâtiment subversif et surprenant représente l’essence même du brutalisme.

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Le combat invisible de Masafer Yatta https://www.delitfrancais.com/2025/03/26/le-combat-invisible-de-masafer-yatta/ Wed, 26 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57876 No Other Land : une histoire d’injustice et de résilience.

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L e générique défile ; mes amis et moi sommes cloués à nos sièges, incapables de nous lever ou de nous regarder. En essuyant nos larmes, nous sommes restés assis plusieurs minutes en silence. Pendant 90 minutes, nous avons assisté à une violence inexplicable et injustifiable. Une violence sans logique, sans précédent. Mais surtout, une violence sournoise et vicieuse.

ظُلْم – dulm – Injustice

No Other Land, réalisé par un collectif palestino-israélien, regroupe le travail de Basel Adra, un activiste palestinien qui, depuis 2019, filme les opérations extrêmes d’expulsion menées par l’occupation israélienne dans son village, Masafer Yatta, situé en Cisjordanie.

Je ne crois pas nécessaire d’étaler le malheur des villageois de Masafer Yatta. La destruction constante de leurs maisons, de leurs écoles, de leurs poulaillers, de leurs sources d’eau, de leur village et de leur peuple, montrée dans ce long-métrage, n’a pas pour but de susciter la pitié. Ce qui est montré dans ce documentaire, c’est plutôt la tentative de Basel Adra, un jeune Palestinien coréalisateur de ce long métrage, de documenter sa réalité afin de justifier son existence. Comme l’exprime si bien un homme plus âgé dès le début du film, l’État israélien tente de réduire le peuple palestinien à des « étrangers sur leur propre terre (tdlr) ». Ce sentiment d’aliénation qui émerge dans l’esprit des villageois est exactement ce que Basel cherche à démontrer. Une existence constamment remise en question par des déplacements forcés, mais qui persiste néanmoins grâce à une force et un courage inédits.

صبر – sabr – Patience

Cette force, je ne saurais pas vous la décrire en français ; elle dépasse la portée linguistique de ce mot. Pour moi, la meilleure façon d’illustrer la résilience et le courage des villageois de Masafer Yatta, c’est « صبر (sabr) ». Traduit par « patience » en français, ce mot n’a pourtant pas tout à fait la même signification. Contrairement au français, il n’évoque pas la passivité ; il ne s’agit pas d’attendre ou de tolérer, mais d’avoir foi en quelque chose de plus grand que soi, tout en persistant dans sa lutte pour ce que l’on sait juste.

« Une histoire de survie se dessine, une histoire qui défie un système colonial et abusif, en n’utilisant que la patience, le courage et, surtout, الصبر (al-sabr) »

C’est cette qualité, qui réside dans l’âme des petits comme des grands, qui permet à Masafer Yatta de subsister. Chaque semaine, une nouvelle demeure est détruite. Chaque semaine, les villageois se confrontent aux soldats israéliens lourdement armés. Ceux qui se retrouvent sans abri se réfugient dans des grottes, et, dès qu’un certain calme retombe, ils se remettent tous à construire une nouvelle maison. L’armée israélienne revient alors, et sous prétexte d’une absence de permis de construction, elle détruit les chantiers érigés sur les terres palestiniennes. Ce mode de vie cyclique est entravé par des événements qui brisent les cœurs. Des mères perdent leurs enfants, des fils voient leurs parents emprisonnés, et pourtant, malgré les agressions coloniales sans cesse récidivées, le village continue d’exister. Une histoire de survie se dessine, une histoire qui défie un système colonial et abusif, en n’utilisant que la patience, le courage et, surtout, الصبر (al-sabr).

قوة – qua – Pouvoir

Ce documentaire a gagné en notoriété grâce au fameux discours à la 97e cérémonie des Oscars. Les réactions qu’il a suscitées furent diverses, mais l’identité binaire de l’équipe de production a souvent été mise en lumière, tantôt saluée, tantôt critiquée. Portée par les médias, l’histoire de l’amitié entre deux hommes, l’un de chaque côté du conflit, a pris des airs de tragédie à la Roméo et Juliette. Pourtant, ce documentaire s’efforce précisément de déconstruire cette image médiatique simpliste. En effet, il remet en question l’idée d’une relation égalitaire entre les protagonistes, une vision souvent véhiculée par les médias, qui ne reflète en rien la réalité complexe du conflit. Pour moi, il incarne parfaitement les relations de pouvoir sur un territoire occupé. Il est crucial de saisir qu’en Palestine, la liberté de vivre est une illusion. Les habitants subissent un système d’apartheid impitoyable. Leurs déplacements sont étroitement contrôlés, leurs besoins fondamentaux dépendent de l’État colonial israélien. Bien que leurs diplômes témoignent de leurs compétences, les opportunités d’emploi sont rares ; ils sont réduits à une main-d’œuvre exploitée, notamment dans le secteur de la construction.

À la lumière de cette dynamique raciste, il devient évident que, pour créer et diffuser un tel documentaire, l’appui d’Israéliens opposés à leur régime s’avère essentiel. Même Yuval Abraham, coréalisateur, qui se présente comme un activiste israélien, fait constamment l’objet de remises en question de la part des villageois. « C’est l’heure de rentrer chez toi », lui dit Basel chaque soir. Il monte dans sa voiture, arborant une plaque d’immatriculation qui lui garantit une certaine sécurité, et rentre chez lui, un chez-soi où la certitude et la protection prévalent. Malgré son soutien à Basel, il demeure privilégié. Il côtoie l’injustice infligée par son propre régime, il en est témoin, mais il ne pourra jamais pleinement comprendre la souffrance des Palestiniens, car il n’en fera jamais l’expérience de façon totale.

L’illusion du statu quo

Malgré les débats identitaires qui entourent ce documentaire, son véritable exploit réside dans la remise en question de tous les status quo imposés par l’image médiatique de ce système d’apartheid. En mettant en scène deux jeunes cinéastes, qui n’auraient jamais dû se croiser ni s’apprécier, le film défie un système de ségrégation et de discrimination profondément enraciné. Plus loin encore, il s’attaque à l’idée même de la vision selon laquelle le génocide n’aurait débuté qu’après l’attaque du 7 octobre 2023, dans un but de légitime défense. Il rejette ce mensonge, cette tentative de dissimuler la réalité : celle d’un peuple qui, depuis la Nakba qui a eu lieu il y a 76 ans, résiste inlassablement à une entité coloniale. Ce documentaire (qui n’a toujours pas de distributeur américain) réussit sa mission qui consiste à briser un narratif tordu et raciste, en exposant au grand jour les tactiques injustes du régime israélien. À travers son regard courageux, il fait naître une vérité que certains tentent d’effacer, mais que le monde ne peut plus ignorer.

« Malgré les débats identitaires qui entourent ce documentaire, son véritable exploit réside dans la remise en question de tous les statu quo imposés par l’image médiatique de ce système d’apartheid »

Malgré les acclamations et les prix, Hamdan Ballal reste une cible du régime israélien. Le 24 mars dernier, il aurait été lynché par un groupe de colons israéliens, avant d’être kidnappé au moment de son déplacement vers l’hôpital. Cette agression témoigne de l’acharnement et de la violence atroce auxquels l’État colonial israélien peut recourir afin de censurer tout message de libération palestinienne.

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On écrit parce qu’on aime https://www.delitfrancais.com/2025/03/26/on-ecrit-parce-quon-aime/ Wed, 26 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57925 Un poème par Ivan Gaspart.

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On écrit parce qu’on aime … écrire! Aujourd’hui, c’est ma bile qui implose, on n’écrit ni pour soi ni pour autrui, on écrit parce qu’on aime tellement toutes les choses que l’on lit que c’est uniquement le mélange de toutes ces lectures qui nous pousse à faire le choix d’écrire. Au commencement, on créa le mot et son sens. C’est là que de toutes les entrailles enivrées, on s’exclama « Que l’harmonie soit ! », et l’harmonie fut. C’est l’humain que l’on déchaîne, les mots virevoltent et toutes les âmes se révoltent, car écrire c’est tellement beau qu’on écrit pour écrire, pour l’harmonie de tous les mots. Comme cent bols de soupe font une marmite, cent mots font un passage et dans ce passage, on perd sa boussole, noyée dans la soupe ; les mots forment un corps et à ce corps il y a deux yeux, et moi, c’est dans ces deux yeux que je me perds ; c’est comme un trou béant qui avale les mots, tranche la langue, rend muet ; et pourtant dans un regard des milliers de mots sont dits, et des regards, y’en a des douzaines qu’on échange, et on aimerait tellement que le corps comprenne mais il manque le mot, et sans mot pas d’harmonie, et sans harmonie on se perd dans les choses futiles jusqu’à ce qu’un jour, on lève le regard et on regarde la Lune parce que elle, elle ne disparaît jamais, elle est toujours là pour qu’on s’y perde les soirs où on devient bleu.

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L’ONU, miroir du monde : quand la culture façonne la diplomatie  https://www.delitfrancais.com/2025/03/26/lonu-miroir-du-monde-quand-la-culture-faconne-la-diplomatie/ Wed, 26 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57928 Les Nations Unies à travers les yeux de la McGill Youth Advisory Delegation.

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Loin des salles de classe et au cœur du siège des Nations Unies, chaque année, la Délégation Consultative des Jeunes de l’Université McGill (McGill Youth Advisory Delegation ou MYAD) s’engage dans un travail minutieux de recherche et de plaidoyer pour que les voix des jeunes soient entendues sur la scène internationale. En tant qu’organisation bénéficiant d’un statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) depuis 2006, la mission de l’ONG mcgilloise est claire : façonner des politiques qui reflètent les préoccupations et aspirations de notre génération.

L’année scolaire des délégués est rythmée par la rédaction de recommandations politiques centrées sur la jeunesse, destinées aux trois grandes commissions de l’ONU à New York : la Commission du développement social (CSocD) en février, la Commission de la condition de la femme (CSW) en mars et la Commission de la population et du développement (CPD) en avril. Leur engagement culmine avec la publication du Youth Policy Report, un document entièrement rédigé par les délégués de MYAD, et présenté aux missions permanentes ainsi qu’aux délégués jeunesse de l’ONU lors de leurs commissions respectives.

« Plus qu’une commission, la CSW69 a été une célébration du multiculturalisme, alors que la diversité se manifestait à travers le partage »

C’est dans ce cadre que sept étudiantes mcgilloises et moi-même avons pris la route pour New York la semaine du 10 mars 2025, pour participer à la 69e session de la Commission de la condition de la femme (CSW69), le plus grand rassemblement mondial dédié à la promotion de l’égalité des genres. Au-delà des discours et des panels, notre présence à l’ONU fut remplie de rencontres diplomatiques stratégiques, où nous avons eu des échanges avec la mission permanente de la Roumanie, les représentants de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de UN Women, ainsi qu’avec les délégués jeunesse de la Suède et de l’Allemagne, parmi tant d’autres. Ces discussions nous ont permis de comparer nos approches respectives en matière de plaidoyer, tout en mettant en lumière une perspective essentielle : la diversité culturelle au cœur de la commission.

CSW69 : microcosme de la culture internationale

Dès notre arrivée au siège des Nations Unies, une mosaïque culturelle s’est dévoilée sous nos yeux. Les couloirs résonnaient de conversations en dizaines de langues, les habits traditionnels côtoyaient les tailleurs de bureaux, et les événements reflétaient la richesse des perspectives. Plus qu’une commission, la CSW69 a été une célébration du multiculturalisme, alors que la diversité se manifestait à travers le partage. En effet, parmi les nombreuses initiatives culturelles, le Royaume d’Arabie saoudite offrait aux participants la possibilité d’écrire leur nom en calligraphie arabe et a organisé un grand souper général d’iftar en l’honneur du ramadan, tandis que plusieurs événements interconfessionnels mettaient en lumière l’importance du dialogue entre croyance et tradition.

L’un des moments les plus marquants de notre séjour fut la cérémonie d’ouverture de la CSW69, lors de laquelle le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a pris la parole pour souligner l’urgence de l’émancipation et de la liberté des femmes à travers le monde. Son discours, empreint de gravité et de détermination, fut ponctué d’un moment de légèreté lorsqu’un membre du public lui posa la question fatidique : « Quand aurons-nous enfin une femme secrétaire générale? (tdlr) » Ce à quoi il répondit, avec humour : « Je ne vais pas m’excuser de ne pas être une femme quand même. » Un éclat de rire a traversé la salle, rappelant que, même dans des discussions aussi sérieuses, l’humour peut aussi être un vecteur de connexion.

En tant que déléguées, nous nous sentions honorées de participer à la plus grande commission de l’ONU à New York. Le fait d’être témoins des stratégies déployées pour faire avancer l’égalité des genres nous a rappelé que notre rôle en tant que jeunes étudiantes est essentiel dans la construction d’un avenir plus juste. Entre traditions partagées et dialogues engagés, la CSW69 nous laisse avec la conviction que les identités culturelles ne sont pas des barrières, mais des ponts vers une compréhension commune – un aspect clé de l’idéologie onusienne.

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