Archives des Actualités - Le Délit https://www.delitfrancais.com/category/actualites/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Sat, 11 Oct 2025 16:01:38 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 « Vous êtes les citoyens d’aujourd’hui et de demain » https://www.delitfrancais.com/2025/10/08/vous-etes-les-citoyens-daujourdhui-et-de-demain/ Wed, 08 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58939 Entrevue avec la sénatrice Marie-Françoise Mégie.

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Après près de dix ans au Sénat du Canada, la sénatrice Marie-Françoise Mégie, première femme d’origine haïtienne à y siéger, a pris sa retraite le 21 septembre 2025. Engagée sur des dossiers tels que l’aide médicale à mourir ou les langues officielles, elle revient sur son parcours et sur les valeurs qui ont guidé son engagement dans une entrevue avec Le Délit.

Le Délit (LD) : Qu’est-ce qui vous a poussée à devenir sénatrice? Qu’est- ce que vous espériez accomplir?

Marie-Françoise Mégie (MM) : Je ne savais même pas que je pouvais devenir sénatrice – c’est quelque chose qui ne m’avait jamais, jamais effleuré l’esprit. En 2016, je sortais de ma vie médicale, je prenais ma retraite, et je comptais désormais me concentrer sur ma vie communautaire. Mais un ami m’a entendue parler de mon plan pour la retraite, et il m’a dit que les jeunes de la communauté noire avaient besoin de se sentir représentés dans les hauts espaces décisionnels. C’est cet argument qui m’a convaincue d’envoyer mon curriculum vitæ au comité décisionnel du Sénat. J’étais très contente d’être choisie.

« En ayant peur de « la politique », on ne fait que se freiner »

LD : Vous êtes la première sénatrice d’origine haïtienne – qu’est-ce que cela représente pour vous, personnellement et politiquement?

MM : On me demande souvent si je trouve ça lourd, d’être la première sénatrice d’origine haïtienne, si j’ai le sentiment d’avoir une redevance à la population. Mais j’étais déjà très impliquée au sein de la communauté haïtienne avant de devenir sénatrice. J’ai vu mon rôle au Sénat comme un cadeau pour poursuivre mon travail à plus grande échelle. Je sentais que j’avais la responsabilité de continuer d’aider les jeunes, de combattre la discrimination – mais ce n’est pas une responsabilité qui me pèse, pas du tout. Cette année, je prends ma retraite, et il faut que d’autres prennent la relève. Et quand on a défriché un terrain, c’est plus facile pour les plus jeunes de marcher sur nos traces.

LD : Quand vous regardez en arrière et que vous pensez à votre carrière au Sénat, de quoi êtes-vous le plus fière?

MM : J’ai déposé un projet de loi pour la commémoration du jour de la pandémie de COVID-19, qui a été adopté. Chaque année, le 11 mars, on se souvient désormais des personnes décédées dans des conditions effrayantes et des professionnels de la santé qui ont donné des soins aux malades et qui ont diminué la catastrophe. En plus de se souvenir, on se prépare à l’éventualité d’une nouvelle pandémie, pour mieux y réagir si ça devait se reproduire. Une autre initiative dont je suis fière est celle de l’exposition annuelle du Mois de l’histoire des Noirs au Sénat. Avec un groupe de sénateurs noirs, nous avons organisé des expositions sur les artistes noirs, les innovateurs noirs, les athlètes noirs… L’idée étant de mieux faire connaître aux sénateurs, mais aussi aux visiteurs du Sénat, l’histoire des Noirs. C’était la première fois qu’une telle initiative était organisée, et cela a inspiré d’autres sénateurs à organiser des expositions similaires.

LD : Que diriez-vous à un jeune qui hésite à s’engager politiquement, parce qu’il sent que la politique, ce n’est pas pour lui?

MM : Je lui dirais d’abord que, moi aussi, je pensais que la politique n’était pas pour moi. Mais tous les gestes sont politiques, même si on ne s’en rend pas toujours compte. En ayant peur de « la politique », on ne fait que se freiner. Je recommande à tous les jeunes de commencer à s’engager le plus près d’eux, au niveau municipal par exemple, pour comprendre comment fonctionne la machine électorale. On a besoin de la jeunesse, vous êtes les citoyens d’aujourd’hui et de demain. Le même conseil s’applique évidemment aux jeunes issus de communautés marginalisées – vous êtes chez vous, vous êtes nés au Canada Vous avez votre place, prenez-la!

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Nouvelle désillusion pour les Martlets https://www.delitfrancais.com/2025/10/08/nouvelle-desillusion-pour-les-emmartlets-em/ Wed, 08 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58947 Au terme d’un match serré, les McGilloises craquent et perdent la rencontre 2-1.

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En cet après-midi estival du mois d’octobre, les Martlets, section féminine de l’équipe de soccer de McGill, recevaient les Stingers de l’université Concordia. Les joueuses de McGill comptaient sur cette rencontre pour se relancer, après une série noire de cinq matchs sans victoires et trois sans marquer de buts. Dans un match qui aurait pu tourner à leur avantage, les joueuses de McGill ne sont pas parvenues à concrétiser leurs actions devant le but et à défaire la gardienne de Concordia.

0’ Coup d’envoi donné par les Martlets. Premier corner pour l’équipe de McGill après une belle série de passes.

6’ McGill ouvre le score grâce à la numéro 11 après une brillante séquence de passes conclue par une frappe sèche dans le petit filet. Les Martlets mettent ainsi fin à une série de trois matchs sans marquer. 1–0 pour McGill.

18’ Beau coup franc cadré par la numéro 14 de McGill. La gardienne de Concordia s’allonge et empêche les Martlets de doubler la mise. Les McGilloises continuent de presser la défense adverse.

22’ Une joueuse de McGill s’effondre après avoir reçu un ballon en pleine tête. L’arbitre interrompt le match. Cela permet aux deux équipes de se rafraîchir alors qu’il fait presque 30 degrés à l’ombre, et que le match se joue sous un soleil brûlant.

32’ Tir fuyant de la numéro 23 de Concordia, excentrée, elle ne parvient pas à cadrer.

35’ Les joueuses de Concordia s’installent progressivement dans la moitié de terrain des Martlets, sans pour autant inquiéter leur défense.

40’ Après une belle course et un duel physique avec une défenseuse de Concordia, la numéro 10 de McGill s’écroule dans la surface de réparation. L’arbitre siffle, les joueuses de McGill croient au penalty. Au lieu de ça, renvoi aux six mètres pour Concordia, c’est la désillusion.

44’ Après une longue séquence de possession, la numéro 28 de Concordia trompe la gardienne de McGill, un peu trop avancée, d’une belle frappe à l’extérieur de la surface. Égalité entre les deux équipes au moment de rejoindre les vestiaires.

50’ Les deux équipes se rendent coup pour coup, mais semblent plus s’observer qu’en première période.

65’ Changement pour les Martlets. Les joueuses de McGill poussent, mais butent toujours sur la gardienne de Concordia.

83’ Sur coup de pied de coin, les Stingers passent devant grâce à une belle réalisation de la tête de la numéro 5. Concordia mène 2–1.

90’ Les joueuses de Concordia s’imposent après un deuxième acte globalement stérile.

Bien qu’elles se soient inclinées en fin de rencontre, la performance des Martlets n’est pas décourageante pour autant. Elles se sont procuré de belles actions tout au long de la rencontre, sans pour autant réussir à concrétiser devant le but.

Plus tôt dans l’après-midi, les Redbirds, section masculine du soccer à McGill, ont quant à eux étrillé l’équipe de Concordia (5–0), quelques jours seulement après leur victoire (3–0) face aux Citadins de l’UQAM.

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« Sans vérité, il ne peut pas y avoir de réconciliation » https://www.delitfrancais.com/2025/10/08/sans-verite-il-ne-peut-pas-y-avoir-de-reconciliation/ Wed, 08 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58964 Hôpital Royal Victoria : les Mères mohawks toujours en lutte contre l’excavation des terres.

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Le mardi 30 septembre est la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, une date ayant pour but de commémorer « l’histoire tragique et douloureuse des pensionnats [autochtones, ndlr] et de leurs séquelles durables », selon le site officiel du gouvernement canadien. La faculté de médecine de McGill a publié pour l’occasion un communiqué rendant hommage « aux victimes et aux survivants du système des pensionnats », et rappelant par la même occasion ses engagements « dans la voie de la réconciliation », notamment en « développant les effectifs autochtones dans les professions de la santé ».

Pourtant, au moment où étaient publiés ces mots, se tenait de l’autre côté du campus un rassemblement portant un tout autre discours. Devant l’Institut Allan Memorial, à quelques pas du chantier du projet « Nouveau Vic » cogéré par McGill et la Société québécoise des infrastructures (SQI), les Mères mohawks (ou Kanien’kehá: ka Kahnistensera), avaient alors appelé à un rassemblement de la presse et des militants dans le cadre de leur lutte contre l’excavation des terres environnant l’hôpital. Pour l’occasion, une cinquantaine de militants étaient réunis vêtus d’un chandail orange, symbole de commémoration des victimes et survivants des pensionnats.

La bataille juridique se poursuit

Durant le rassemblement, les Mères mohawks ont notamment annoncé le dépôt d’une motion à l’encontre de la SQI, visant à la protection juridique de trois zones « où des preuves de restes humains ont été trouvées », nous explique Philippe Blouin, doctorant en anthropologie à McGill affilié au collectif. La motion repose sur différentes preuves de la présence de restes humains autour de l’Institut Allan Memorial. Dans une fiche distribuée aux médias, le collectif cite un rapport d’Askîhk Research Services, une société autochtone de conseil en archéologie employée par McGill et la SQI dans le cadre du projet. Le rapport, non public, mais cité dans la fiche, conclurait que « la combinaison de trois lignes de preuves séparées [chiens renifleurs, géoradar et plus récemment une sonde spécialisée] soutenait la présence de restes humains (tdlr) ».

Ce combat juridique n’est pas nouveau : les Mères mohawks cherchent à ralentir l’expansion de McGill sur le terrain de l’ancien hôpital Royal Victoria depuis 2022. Elles affirment que ces « restes humains » appartiennent probablement à des corps d’enfants autochtones issus des pensionnats et victimes des expérimentations du projet MK-Ultra. Dans les années 1950 et 1960, l’hôpital, déjà affilié à McGill, s’est en effet rendu coupable d’expérimentations psychiatriques illégales, notamment sur des enfants, dans le cadre de recherches militaires.

En quête de vérité

Pour les Mères mohawks, il s’agit là d’un combat pour la vérité historique sur les pratiques du gouvernement canadien. « Sans vérité, il ne peut pas y avoir de réconciliation », a expliqué Kahentinetha, l’une des Mères présentes. « La terre a déjà été maltraitée il y a deux ans, nous ne pouvons pas les laisser le refaire ». Elle fait ici référence aux méthodes employées par la SQI, que Blouin a détaillées au Délit : « Ils viennent avec des machines, détruisent tout – des tombes non protégées par des cercueils, des os en décomposition – c’est extrêmement fragile, seuls des professionnels du domaine devraient gérer ces éléments. » Il précise : « La SQI n’a pas de plan de construction précis [dans les zones concernées par la motion], mais affirme qu’elle reviendra excaver dès qu’ils recevront les prochains rapports des sondes. »

Malgré la difficulté de leur lutte juridique, les représentantes autochtones restent déterminées : « La SQI et McGill cherchent à nous épuiser avec la paperasse, mais nous sommes déterminées à découvrir la vérité », affirme Kwetiio, autre porte-parole du collectif. Kahentinetha, encore pleinement engagée dans ce combat à l’âge de 86 ans, le démontre par sa résilience : « Nous ne cesserons jamais de lutter. S’ils pensent que nous nous lasserons, ils ne connaissent pas les femmes mohawks. »

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Le cri d’une génération https://www.delitfrancais.com/2025/10/08/le-cri-dune-generation/ Wed, 08 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58968 De l’Asie à l’Afrique, la colère d’une jeunesse oubliée s’organise.

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Maroc, Indonésie, Népal, Madagascar : depuis quelques mois, les mouvements menés par la jeunesse se multiplient et se répandent d’un continent à l’autre. Si chaque pays souffre de ses propres maux, le même vent semble traverser les sociétés : celui d’une génération connectée et désabusée face à la corruption, la précarité et l’immobilisme politique.

Un vent de révolte

Le premier soulèvement notable se déroule au Sri Lanka, en 2022. Le pays, frappé par une crise économique sans précédent, est paralysé : pénuries de carburant, flambée des prix, chômage massif. « Les prix sont fous, il n’y a pas d’emplois, et la plupart des jeunes n’ont plus confiance dans le gouvernement (tdlr) », raconte un étudiant sri-lankais au Délit. Face à l’effondrement du tourisme et à la corruption persistante, les jeunes décident de se faire entendre. « Nous voulons juste une chance de vivre une vie meilleure », poursuit-il, évoquant une génération qui ne croit plus aux promesses des élites.

En Indonésie, la contestation reprend en 2024 autour de scandales de corruption et de privilèges accordés aux députés. Les jeunes, particulièrement actifs en ligne, dénoncent un système politique jugé déconnecté et inéquitable.

Puis vient le Népal. En septembre 2025, des étudiants et jeunes manifestants dénoncent la corruption, le chômage et l’interdiction soudaine de plusieurs plateformes en ligne. Dans un élan de colère général, le Parlement est incendié et le premier ministre contraint de démissionner. Les images font le tour du monde, et ce moment devient un symbole, un point de bascule sur lequel les populations marginalisées peuvent s’appuyer en guise d’espoir.

Le souffle atteint ensuite Madagascar, où des élections contestées, la misère persistante et l’effondrement des services publics alimentent un profond sentiment d’injustice. Les jeunes réclament un État capable d’assurer l’accès à l’eau, l’électricité et la dignité. Visé par la colère citoyenne, le gouvernement est dissous.

Au Maroc, la mobilisation s’organise autour du mouvement « GenZ 212 », né sur les réseaux sociaux. Les étudiants et jeunes travailleurs y dénoncent le coût de la vie, la corruption et l’absence de perspectives professionnelles.

À McGill, des voix qui résonnent du monde entier

Pour mieux comprendre cette effervescence, Le Délit s’est entretenu avec plusieurs étudiants de l’Université McGill originaires de ces pays. Tous décrivent, à leur manière, une colère partagée et une lassitude envers le système en place.

« La génération Z hurle son désarroi, défie les gouvernements, brave les violentes répressions pour faire entendre son message de détresse »

Pour Nan, étudiant indonésien, « la situation actuelle en Indonésie devait finir par arriver ». Il dénonce une corruption généralisée et des institutions « minées depuis longtemps par le détournement des fonds publics ». Les récentes subventions accordées aux parlementaires ont, selon lui, dépassé les limites : « Cela a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. » Les réseaux sociaux ont aussi joué un rôle déterminant : « Ils ont permis aux jeunes partageant les mêmes idées de se retrouver, de s’organiser et de planifier des grèves et des manifestations. » Ce qui pousse la jeunesse à agir? « La peur de voir se répéter les erreurs du passé – les guerres civiles, la corruption – et le manque de confiance envers le gouvernement actuel. Beaucoup de jeunes préfèrent agir eux-mêmes plutôt que d’attendre un changement d’en haut », explique Nan.

Selon Tao, étudiant malgache, « ce n’est pas un soulèvement soudain : ce sentiment d’injustice a toujours existé ». Les élections contestées de 2023 et la répression militaire qui a suivi avaient déjà exacerbé les tensions. « Madagascar est l’un des pays les plus pauvres du monde : entre 75 et 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Dans le sud, des gens meurent littéralement de faim ». Il décrit des services publics à bout de souffle : « Les salles de cours des universités sont délabrées, les coupures d’électricité constantes. Le gouvernement ne croit pas en sa jeunesse et ne lui offre aucune perspective. » Les soulèvements au Népal ont, selon lui, servi d’exemple : « Ils ont été porteurs d’un message d’espoir, diffusé jusqu’à Madagascar grâce aux réseaux sociaux. » Tao plaide en faveur d’une rupture du modèle politique actuel, hérité de l’époque coloniale, pour un système plus enraciné dans la réalité du pays. « Nous avons hérité d’un système centralisé et rigide, explique-t-il. Ce qu’il nous faut, c’est une structure décentralisée, adaptée à nos spécificités et inspirée de nos traditions ».

Pour Alya, étudiante marocaine, les revendications de la jeunesse transcendent largement le cadre national : « Même si l’attention se porte sur le Maroc, la lutte dépasse les frontières. » Elle rappelle que les demandes de sa génération sont universelles : « La santé et l’éducation ne sont pas des faveurs qu’un État accorde à son peuple, ce sont des droits fondamentaux qui doivent être garantis à tous. »

Une génération debout

La génération Z hurle son désarroi, défie les gouvernements, brave les violentes répressions pour faire entendre son message de détresse. Les âmes ayant péri durant ces manifestations, en quête de justice, d’égalité et de dignité, seront commémorées comme des héros de la résistance. Au fil des dernières années, des millions de jeunes ont marché dans les rues aux quatre coins du monde, portant un message d’espérance, s’adressant implicitement à toutes les communautés marginalisées souffrant des heurts du colonialisme, du despotisme ou du népotisme. Malgré les in- nombrables différences structurelles entre ces révoltes, les manifestants interpellent les gouvernements : la jeunesse doit être maîtresse de son destin et doit avoir le droit de rêver de jours meilleurs.

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Motion de grève propalestinienne approuvée à l’AÉUM https://www.delitfrancais.com/2025/10/08/motion-de-greve-propalestinienne-approuvee-a-laeum/ Wed, 08 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58998 L’adoption de la motion ouvre la voie à une grève le 7 octobre.

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C’est dans l’amphithéâtre Leacock 132, à moitié rempli, que débute la première assemblée générale du semestre de l’AÉUM, le lundi 29 septembre. Immédiatement, l’ambiance professionnelle de la séance est déstabilisée par des problèmes techniques, et par le grand nombre de sièges vides dans la salle. Cette dernière se remplit néanmoins progressivement à mesure que le programme de l’assemblée s’écoule et que l’on se rapproche du moment clé : le vote sur la motion de grève pour le désinvestissement dans le génocide, porté par l’organisation des Étudiants pour l’honneur et la résistance de la Palestine (SPHR). La motion a été adoptée par une majorité écrasante, concluant une assemblée générale agitée.

Une assemblée mouvementée

Ce vote extrêmement conséquent ne s’est pas déroulé entièrement dans la fluidité. À son approche, un scepticisme ambiant s’est emparé de la salle. La cause : les risques contractuels auxquels l’AÉUM a fait face lors de la dernière grève en avril 2025, pouvant rendre une nouvelle grève difficile à gérer cette fois-ci. Ce scepticisme s’est illustré lors de la séance de questions qui a précédé le dépôt de la motion, lorsqu’un membre du public a remis en question la transparence de l’AÉUM, accusée d’avoir tenté d’empêcher que le quorum soit atteint. Cette prémisse a immédiatement été rejetée par la représentante de l’AÉUM, mais les multiples questions bureaucratiques adressées au président de l’AÉUM, Dymetri Taylor, n’ont fait qu’alimenter l’impression que l’association retardait volontairement le vote. Des doutes qui ont été renforcés par les divers problèmes techniques, qui ont pendant plusieurs minutes empêché les 200 étudiants présents en vision-conférence d’intégrer l’assemblée – bloquant ainsi momentanément le passage au vote.

Malgré ces péripéties, le processus a été respecté. À l’annonce de l’atteinte du quorum, un tonnerre d’applaudissements éclate, avant que Sumayya Kheireddine ne monte derrière le podium pour présenter la motion. Sans mâcher ses mots, elle réitère ce que la grève a pour but d’exiger de McGill. Les demandes se résument par un désinvestissement total de l’Université dans tous les projets de recherche en partenariat avec des fabricants d’armes qui commercent avec Israël. Kheireddine dénonce aussi « les efforts de McGill visant à affaiblir la démocratie étudiante ainsi que d’isoler le mouvement (tdlr) ». Elle affirme que « les universités doivent être un forum de développement de la conscience politique, mais sont devenues des arènes de répression, facilitées par leurs propres administrations ». Le discours s’est suivi d’une courte séance de questions dans laquelle Kheireddine a eu l’opportunité de réitérer la nature non violente de la grève.

Un résultat conséquent, mais peu surprenant

Sans surprise, le résultat du vote est quasi unanime, avec seulement deux abstentions et trois votes contre. La motion passe donc, ouvrant la voie à une grève des étudiants le 7 octobre, exactement deux ans après l’attaque terroriste du Hamas ayant déclenché une guerre d’une terrible violence doublée d’une catastrophe humanitaire à Gaza. La motion a été ratifiée via un vote en ligne le 6 octobre.

Interrogée par Le Délit, Sumayya Kheireddine se dit « très fière du corps étudiant, même si ce n’est pas une surprise. C’est une mesure populaire, souhaitée par une très grande majorité ». Membre de cette majorité, Basil Atari, étudiant palestinien de quatrième année en sciences politiques, « espère que la grève apportera un changement », même s’il y croit peu. Il réitère aussi son souhait que la grève se déroule de manière paisible, pour qu’elle puisse trouver son sens et mieux résonner auprès de la communauté mcgilloise.

McGill inquiétée par de potentielles violences

Cette grève est lourdement connotée ; elle rappelle de mauvais souvenirs à l’Université. En effet, au cours de plusieurs grèves et manifestations en soutien de la cause palestinienne ayant eu lieu au cours des deux dernières années, des confrontations violentes ont été signalées. La possibilité que cela se répète rend McGill craintive. L’Université avait d’ailleurs déposé une injonction controversée pour empêcher toute forme d’intimidation sur le campus, injonction bloquée par un juge de la Cour supérieure du Québec. Certains étudiants craignent également que la grève perturbe la vie étudiante. Souhaitant préserver son anonymat, une des étudiantes ayant voté contre la motion explique que « les partisans de la grève ne comprennent pas à quel point l’insécurité se fait ressentir à travers l’Université ».

Une grève qui divise donc, reflétant les tensions sur le campus. Au moment de l’écriture de cet article, la grève n’a pas encore eu lieu, mais McGill se prépare déjà en matière de sécurité. Elle exigera notamment que tous les membres de la communauté mcgilloise soient munis de leur carte universitaire pour accéder au campus le 7 octobre.

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ONU : la reconnaissance de l’État de Palestine divise https://www.delitfrancais.com/2025/10/01/onu-la-reconnaissance-de-letat-de-palestine-divise/ Wed, 01 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58738 La décision du Canada suscite de vives réactions au pays et à l'international.

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Dans une lettre livrée au président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, Emmanuel Macron annonçait le 24 juillet son intention de reconnaître l’État de Palestine à l’Assemblée générale de l’ONU à New York. Ce geste, avant tout symbolique, a ensuite été imité par neuf États occidentaux – dont le Canada, l’Australie et le Royaume-Uni – à la suite de la conférence sur la question palestinienne, initiative conjointement présidée par la France et l’Arabie saoudite à l’ONU les 28 et 29 juillet 2025.

Les officialisations de ces multiples reconnaissances de l’État de Palestine ont eu lieu les 21 et 22 septembre, à l’occasion du sommet sur la question palestinienne lors de la 80e session de l’Assemblée générale de l’ONU. Emmanuel Macron a ouvert la session en procédant à la reconnaissance de l’État de Palestine, devant les délégations du monde entier qui comptait deux absences notables : Israël et les États-Unis. S’en est suivi le discours du premier ministre du Canada, Mark Carney, qui a à son tour reconnu l’État de Palestine : « Le Canada reconnaît l’État de Palestine et offre de travailler en partenariat afin de porter la promesse d’un avenir pacifique pour l’État de Palestine et l’État d’Israël (tdlr). »

Les réactions de la communauté internationale

Le tonnerre d’applaudissements qui a résonné dans la salle, en réponse aux divers discours de soutien envers la Palestine, n’a pourtant pas effacé les tensions marquant cette session de l’Assemblée générale. Celles-ci ont atteint leur sommet à l’apparition de Benjamin Netanyahu à la tribune de l’assemblée, lorsqu’une foule de 77 délégations ont quitté la salle en guise de protestation.

Le discours du premier ministre d’Israël a vivement condamné les multiples reconnaissances de l’État de Palestine. « C’est une marque de honte », a‑t-il déclaré, « Vous savez quel message ceux qui ont reconnu l’État palestinien cette semaine ont envoyé aux Palestiniens? Tuez des Juifs et vous en serez récompensés ».

Interrogé à ce sujet, Rex Brynen, professeur de science politique à McGill spécialisé dans les conflits du Moyen-Orient, réfute cette conclusion. Il précise que « le Canada a explicitement identifié l’Autorité palestinienne dans sa reconnaissance. Alors à bien des égards, la réaction d’Israël a en quelque sorte donné raison au gouvernement canadien ». Pourtant, cette interprétation n’est pas partagée par tous au Canada.

À la maison, une réaction pas moins clivante

Si une majorité de la population canadienne est favorable à la reconnaissance de l’État de Palestine, plusieurs la déplorent. Interrogé à ce sujet, le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) a communiqué que « cette décision encourage le Hamas, sape les efforts de paix, prolonge les souffrances des Palestiniens sous le régime du Hamas et alimente l’incitation mondiale à la haine contre le peuple juif ». Les préoccupations internationales sont alors associées à la crainte de l’augmentation de l’antisémitisme au Canada. Sur ce point, la CIJA affirme que « depuis que le gouvernement a annoncé en juillet son intention de reconnaître l’État palestinien, les crimes haineux anti-juifs ont augmenté dans le pays » ; illustration des tensions qui traversent la société canadienne autour de la question palestinienne.

Si les reconnaissances de la Palestine sont tout d’abord un geste symbolique, elles ne sont tout de même pas anodines. Selon Brynen, « cela exprime l’idée que le gouvernement israélien actuel tente de rendre impossible l’autodétermination palestinienne et que les États occidentaux n’apprécient pas cela ». On y voit donc une volonté de ces derniers d’agir comme frein au moteur expansionniste d’Israël, jouant le rôle de contre-pouvoir pour nuancer un soutien américain quasi inconditionnel. Pour Brynen, ce changement de politique internationale transmet que « plus Israël parle d’annexion, plus il y aura une certaine résistance de la part des principaux pays occidentaux ».

Symbole politique controversé, la reconnaissance de l’État de Palestine par plusieurs puissances occidentales envoie alors un message d’avertissement envers Israël.

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« Ce n’est pas Poly de nous faire payer plus! » https://www.delitfrancais.com/2025/10/01/ce-nest-pas-poly-de-nous-faire-payer-plus/ Wed, 01 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58789 Journée de grève historique à Polytechnique.

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Vendredi 26 septembre, 9h45. Aux quatre entrées de l’Université Polytechnique se font entendre le son des enceintes vrombissantes des étudiants. En approchant de plus près, on aperçoit des dizaines de futurs ingénieurs déjà installés, dans une ambiance solidaire, mais festive. Chaises, tables, pancartes, nourriture… tout est prévu, depuis six heures du matin, pour leur permettre de rester la journée entière devant les portes ; il n’y aura pas cours aujourd’hui.

« Je ne suis pas un portefeuille »

Cela fait presque un mois que le corps étudiant proteste face à une mesure du conseil d’administration visant au « retrait progressif de la bourse compensatoire liée aux crédits de stages obligatoires ». Polytechnique impose en effet un stage à tous ses étudiants, qui n’est « pas imposé par le Bureau canadien d’agrément des programmes de génie », comme le rappelle Gabriel Comby, président de l’Association étudiante de Polytechnique (AEP). En 2013, ce stage est passé de 3 à 9 crédits, augmentant largement les frais d’étude associés (de 704 $ à 1 275 $ pour les étudiants québécois, et de 1 345 $ à 3 201 $ pour les Canadiens non-québécois, Français et Belges francophones). Pour pallier cette augmentation, l’Université a mis en place une bourse compensatoire, qu’elle prévoit maintenant retirer progressivement sur une période de deux ans.

Les polytechniciens craignent que cette réforme ne les mette en forte difficulté financière. Gabriel Comby affirme : « La population étudiante n’est pas un portefeuille, elle n’a pas des ressources infinies ; il y a beaucoup d’insécurité alimentaire, de difficultés à payer les loyers… Les étudiants en arrachent et ne peuvent pas payer ces frais supplémentaires. » Anaïs, étudiante française en année préparatoire, a confié ses inquiétudes au Délit : « J’avais déjà prévu tout mon budget, avec la bourse. Cette réforme nous met en difficulté, moi et mes parents qui m’assurent derrière. »

Retour sur les négociations

L’administration n’a pas manqué de réagir à la mobilisation étudiante. D’après Pierre Langlois, directeur des affaires académiques et de l’expérience étudiante de Polytechnique, « [l’Université, ndlr] a fait énormément de concessions : rendre la réforme graduelle, maintenir la bourse sur les deuxième et troisièmes stages dans les programmes où ils sont obligatoires, ramener le montant payé par les étudiants internationaux à celui des canadiens non-québécois… ». Langlois explique que la mesure « a pour but de dégager des fonds, et d’améliorer l’expérience étudiante avec des projets structurants. On veut également réaligner les revenus [de Polytechnique] avec la réalité des coûts de la formation d’ingénieur. Personne n’aime voir sa facture augmenter ; c’est normal et compréhensible. Mais c’est une augmentation d’environ 4 % pour les étudiants québécois, qui doit être mise en perspective avec les très grands revenus que peuvent apporter les stages, allant parfois jusqu’à vingt mille dollars au total ».

La dernière tentative de négociation date du mercredi 24 septembre. Le conseil d’administration a alors proposé de repousser le retrait de la bourse aux futurs étudiants de Polytechnique, à condition que la grève soit annulée. Le soir même, l’AEP a décidé d’annuler la journée de grève initialement prévue jeudi sans explications, provoquant la colère de nombreux étudiants sur les réseaux sociaux. Gabriel Comby l’explique : « On a obtenu l’autorisation de diffuser la proposition qu’à 13h11 jeudi. On a pris la décision de négocier pour voir ce que l’administration était prête à faire en gardant la menace de faire la grève vendredi. On sait que certaines personnes ont pu se sentir abandonnées et on s’en excuse sincèrement. »

Soumise au vote jeudi après-midi par l’AEP, la communauté étudiante a décidé, à 70,25 % sur presque 2 500 votants, de soutenir la grève de vendredi. « Le deal proposé ne protège pas les étudiants de la mesure et de la précarité qui l’accompagne », selon Comby. En effet, la proposition ne couvre ni les futurs étudiants de Polytechnique ni les actuels étudiants en classe préparatoire. Camille Monnier, directrice du Comité étudiant à l’année préparatoire, l’explique : « les “prépas” n’ont pas commencé le baccalauréat. Nous ne serons pas concernés par la bourse et allons devoir payer plein pot les frais de stage. »

D’après Comby, le message de la grève est très clair : « Il faut plus protéger les étudiants de la mesure, voire même l’annuler entièrement.» Une ligne tenue depuis le début du mois, et jugée « très dure » par Langlois, encore prêt à la négociation : « Les discussions sont prêtes à être poussées. » « Sans engager personne », il a également précisé que « tout était sur la table », refusant de définitivement condamner la proposition de mercredi, comme initialement prévu. Les étudiants de Polytechnique, de leur côté, restent mobilisés ; suite à la journée de vendredi, ils ont décidé de reconduire la grève le lundi 29 septembre à 64,80 % (2 835 votes). « Si les étudiants souhaitent faire la grève lundi, je serai là. Je pense qu’il faut se mobiliser plusieurs fois pour être pris au sérieux », nous expliquait alors Patricia, étudiante en cinquième année.

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McGill demande une injonction permanente pour bannir les manifestations de son campus https://www.delitfrancais.com/2025/10/01/mcgill-demande-une-injonction-permanente-pour-bannir-les-manifestations-de-son-campus/ Wed, 01 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58797 Syndicats et associations étudiantes dénoncent une atteinte aux droits collectifs.

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[Mise à jour du 01/10/25 à 00:24] La demande d’injonction mentionnée dans cet article a finalement été refusée par la Cour supérieure du Québec, le 30 septembre 2025 en fin d’après-midi. Cet article a été rédigé et mis en page un jour avant cette décision. 

À l’approche du 7 octobre, un bras de fer juridique s’engage entre l’Université McGill et une partie de sa communauté. L’Université a en effet demandé, devant la Cour supérieure du Québec, une injonction visant à bannir les manifestations sur son campus de manière permanente. Si la Cour venait à l’approuver, l’injonction empêcherait tout rassemblement jugé perturbateur, interdisant aux manifestants de bloquer l’accès aux bâtiments et aux chemins de McGill, de produire « un bruit excessif » dans un rayon de cinq mètres d’un édifice, ou encore d’« intimider » le corps étudiant.

Cette demande survient après une série de mobilisations pro-Palestine menées par le collectif des Étudiants pour l’honneur et la résistance de la Palestine (Students for Palestinian Honour and Resistance ou SPHR) depuis 2023. Bien que seul SPHR soit officiellement visé par la procédure judiciaire, l’impact potentiel de l’injonction est néanmoins plus large. En pratique, toute personne affiliée à McGill – étudiant, professeur, employé – et ayant connaissance de l’injonction se verrait contrainte de s’y conformer. Plusieurs syndicats et associations étudiantes ont témoigné devant le tribunal les 18 et 19 septembre pour exprimer leurs préoccupations.

L’administration invoque un climat d’insécurité

Ce n’est pas la première fois que l’Université McGill a recours à ce mécanisme légal. Elle avait déjà obtenu deux injonctions temporaires : une de dix jours en octobre 2024, puis une autre en avril 2025. La particularité de la requête actuelle tient à l’absence de limite temporelle. Si elle était accordée, l’injonction pourrait s’appliquer indéfiniment, avec des répercussions durables sur la vie du campus.

Dans sa demande d’injonction, l’administration mcgilloise dépeint un campus en proie à un « climat d’insécurité ». Selon l’Université, les manifestations de SPHR perturbent non seulement le déroulement normal des cours, mais créent également un environnement où certains membres de la communauté se sentent menacés.

Toscane Ralaimongo | Le Délit

Les syndicats en colère

« C’est comme s’attaquer à une mouche avec une bombe nucléaire », déplore Catherine Leclerc, professeure au Département des littératures de langue française et présidente de l’Association mcgilloise des professeur·e·s de la faculté des arts. À ses yeux, la démarche de McGill est disproportionnée : « Une injonction ne va pas protéger l’Université des tensions extérieures ; par contre, elle va certainement empêcher plein de gens de militer, de faire valoir leurs droits, et de faire la grève. »

Leclerc souligne que le syndicat des professeurs est actuellement à la veille d’ouvrir des négociations pour une nouvelle convention collective avec l’administration. Or, la professeure rappelle que le droit de grève constitue l’outil de pression principal dans ce type de processus. « L’administration mcgilloise nous dit qu’on s’inquiète pour rien. Mais on sait que l’administration a aussi contesté la mise au monde des syndicats à toutes les étapes – on n’a pas vraiment confiance envers leur utilisation de l’injonction », affirme-t-elle.

Elle s’inquiète également du caractère flou de la mesure. Dans la requête déposée par McGill, le fait qu’un événement soit qualifié de manifestation dépend de l’impression d’« intimidation » par des étudiants. Or, fait-elle remarquer, « la difficulté, c’est que l’intimidation est vraiment liée à la perception individuelle ». Ainsi, il suffirait qu’un étudiant se sente intimidé pour qu’un rassemblement tombe sous le coup de l’injonction – même si aucune intimidation n’a eu lieu au sens légal.

« C’est comme s’attaquer à une mouche avec une bombe nucléaire »

Catherine Leclerc, présidente de l’Association des professeur·e·s de la Faculté des arts

Dallas Jokic, président de l’Association des étudiant·e·s diplômé·e·s employé·e·s de McGill (AÉÉDEM), partage cette inquiétude. Pour lui aussi, les critères retenus sont trop vagues pour que les syndicats puissent organiser leurs actions en toute confiance. « Nous étions immédiatement inquiets lorsque nous avons entendu parler de l’injonction (tdlr) », explique-t-il. Il ajoute : « Je pense que McGill utilise le cas spécifique de SPHR comme un moyen pratique de limiter complètement les manifestations sur son campus. » Après plusieurs années marquées par des tensions sociales, l’Université chercherait, d’après Jokic, à profiter de l’occasion pour réduire la contestation sur son campus.

« Réduire les étudiants au silence »

Israel on Campus et Hillel McGill n’ayant pas donné suite à notre demande d’entrevue, Le Délit s’est entretenu avec Taya, étudiante juive et israélienne. Elle admet que les dernières années ont été difficiles pour les étudiants juifs sur le campus : « L’année dernière, je sais que moi-même et d’autres étudiants juifs ne nous sentions pas en sécurité lorsqu’il y avait des manifestations sur le campus, simplement parce qu’elles avaient tendance à devenir violentes. Il y avait de toute évidence des personnes aux opinions plus extrêmes qui ciblaient les étudiants juifs. » L’étudiante nuance toutefois : « Je ne pense pas que la majorité des manifestants aient eu l’intention de mettre les autres étudiants en danger. »

Si elle reconnaît qu’une interdiction des manifestations pourrait réduire les tensions, elle estime que ce n’est pas la bonne solution pour autant : « Est-ce que je me sentirais plus en sécurité en tant qu’étudiante juive s’il n’y avait aucune manifestation? Probablement. Mais je ne pense pas que McGill devrait être autorisée à réduire au silence quiconque en raison de ses opinions politiques. »

Associations pro-palestiniennes en état d’alerte

Les associations pro-palestiniennes ont quant à elles une position plus tranchée sur la démarche de McGill. Un membre de Independent Jewish Voices (IJV) – un groupe d’activistes proche du collectif SPHR depuis 2023 – ayant requis l’anonymat confie : « Nous sommes extrêmement en colère. Cela fait longtemps que nous le sommes. McGill a adopté une position déplorable à l’égard des droits des étudiants et de la liberté d’expression. »

Selon elle, cela n’est d’ailleurs pas la première fois que McGill essaie de réduire au silence les voix dissidentes. « Nous avons vu McGill tenter à maintes reprises de faire taire les étudiants au cours des deux dernières années, mais ses tentatives échouent à chaque fois. Je pense que McGill ne l’a pas encore compris, mais que ça ne saurait tarder », affirme-t-elle. Le membre cite un appui évident de la part du corps étudiant et de la communauté montréalaise. « Independent Jewish Voices continue de soutenir SPHR dans sa lutte pour faire entendre la voix des Palestiniens sur le campus et condamner le génocide ». Le collectif SPHR, quant à lui, n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue.

La décision de la Cour supérieure, qui sera annoncée au courant de la semaine, pourrait redéfinir de manière permanente la relation entre l’administration, les étudiants et les employés de l’Université McGill.

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L’Europe face aux provocations russes : l’imminence d’un conflit armé? https://www.delitfrancais.com/2025/10/01/leurope-face-aux-provocationsrusses-limminence-dun-conflit-arme/ Wed, 01 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58828 Deux experts livrent leurs analyses.

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Depuis le début de ce mois de septembre, la Russie a multiplié ses manœuvres de déstabilisation envers l’Europe. Le 1er septembre, l’avion de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a été la cible d’un brouillage GPS alors qu’elle se rendait en Bulgarie. Les soupçons se sont alors tournés vers la Russie. Le 10 septembre, une vingtaine de drones russes ont survolé la Pologne, obligeant les forces polonaises et l’OTAN à les abattre, une première au-dessus du territoire de l’Alliance. Puis, le 19 septembre, trois avions de chasse russes MiG-31 sont entrés illégalement dans l’espace aérien estonien pendant une dizaine de minutes. Enfin, des infrastructures clés du Danemark, comme des aéroports et des bases militaires, ont été récemment survolées par des drones d’origine inconnue. Les soupçons se tournent une fois de plus vers la Russie, alors que Copenhague s’apprête à accueillir un sommet européen les 1er et 2 octobre.

Pour répondre aux nombreuses interrogations que soulèvent ces incidents, Le Délit s’est entretenu avec deux spécialistes : Julian Spencer-Churchill, professeur associé de science politique à Concordia, et Juliet Johnson, professeure de science politique à McGill. Leurs diagnostics convergent : ces récentes incursions visent à sonder la cohésion de l’OTAN. Johnson évoque des « provocations destinées à vérifier si l’OTAN est encore signifiante (tdlr) » et si ses membres « feront réellement front » avec une réponse collective.

Les prises de décision au Kremlin

Le professeur Spencer-Churchill estime que « Poutine n’est pas à l’origine de certaines de ces opérations. La décision se serait prise à des niveaux intermédiaires de l’appareil militaire russe ». Selon lui, l’objectif est de mesurer la réaction alliée, en particulier dans la zone des pays baltes, tout en permettant à Moscou de projeter sa puissance en jouant sur l’ambiguïté de la ligne rouge.

Pourquoi persister dans une voie qui a déjà coûté cher au Kremlin? La professeure Johnson attribue ces gestes à une évaluation erronée persistante depuis 2022 : « L’invasion a revitalisé l’Union européenne, étendu l’OTAN (Finlande, Suède), isolé et appauvri la Russie, et retourné l’opinion ukrainienne. » Elle explique ces erreurs de jugement par un système de décision fermé, centré sur un petit noyau de dirigeants où la logique néo-impériale prime.

La sécurité européenne

Selon le rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), tous les pays européens ont augmenté leurs dépenses militaires en 2024. Johnson voit dans cette tendance une réaction à la menace russe couplée à l’incertitude de la protection des intérêts européens par les États-Unis. Spencer Churchill explique quant à lui que cette remilitarisation « reste avant tout capacitaire » (production, entretien, réserves) et « politique ». En somme, il ne faut pas s’attendre à un bond immédiat du nombre de chars et d’avions opérationnels dans l’arsenal européen.

Pour Johnson, la militarisation européenne ne dégradera pas la situation vis-à-vis de Moscou : « Ce n’est pas une Russie se sentant menacée, mais un gouvernement agressif et néo-impérial. Si l’on cède, il pousse, si l’on tient ferme, il s’ajuste. » Spencer Churchill insiste sur l’intention russe de « tester les failles de l’OTAN » et « la résilience des pays en première ligne ».

Volte-face américaine

En marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, Donald Trump a annoncé être en faveur de la destruction d’avions russes en cas de nouvelles violations de l’espace aérien. Cet énième revirement brouille toute lisibilité stratégique ; le professeur Spencer Churchill y voit une logique électoraliste : surprendre, contredire les attentes, montrer que nul n’est en mesure de commanditer ou de prédire la politique étrangère américaine – cela plaît à une partie de son électorat.

L’Europe, à l’aube d’un conflit armé avec la Russie?

Interrogés sur le risque d’un affrontement armé direct avec Moscou d’ici cinq à dix ans, les deux spécialistes restent prudents. Pour Spencer Churchill, le scénario est possible, avec tout de même plusieurs interrogations : intensité des combats, recours éventuel au nucléaire, volonté des jeunes soldats russes de continuer à se battre. Johnson juge l’option « stratégiquement aberrante, mais non impossible ». Si la guerre n’est pas inévitable, la paix, elle, n’est plus garantie. Et c’est peut-être là le plus grand défi posé à l’Europe.

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L’art autochtone mis à l’honneur sur le campus https://www.delitfrancais.com/2025/10/01/lart-autochtone-mis-a-lhonneur-sur-le-campus/ Wed, 01 Oct 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58819 Une nouvelle fresque débarque au Centre universitaire.

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Comme chaque année, la communauté mcgilloise a célébré du 19 au 30 septembre les semaines de sensibilisation aux cultures autochtones. Pour beaucoup d’étudiants, cette période offre une opportunité d’en apprendre davantage sur les communautés autochtones, historiquement marginalisées et persécutées, et dont la culture a été passée sous silence.

L’AÉUM a apporté sa contribution à ces semaines de célébrations en dévoilant Entrelacée le mardi 23 septembre dernier, une œuvre murale réalisée par l’étudiante mcgilloise et artiste chinoise-Mi’kmaq, Zoe Gesaset-Gloqowej Lee. La création a été mandatée l’année dernière par l’AÉUM, dans le cadre de son mandat visant à accroître la visibilité des communautés autochtones sur le campus. Lors de la cérémonie, l’artiste originaire de la communauté de Listuguj – située dans la région aujourd’hui connue sous le nom de Gaspésie – a pris la parole pour expliquer la vision artistique derrière son projet.

« Réconciliation et résurgence autochtone »

« Cette fresque représente les plantes et les remèdes utilisés par les communautés autochtones de l’île de la Tortue, que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de Canada et États-Unis (tdlr) », explique l’étudiante, « En plus de la faune et de la flore, je tenais vraiment à mettre l’herbe douce tressée comme un élément central, liant les autres éléments de l’œuvre ». Un élément qui incarne la pensée artistique que l’étudiante a souhaité mettre en avant : promouvoir l’unité et la réconciliation. «L’herbe tressée représente une célébration de la continuité entrelacée avec l’art et l’œuvre commune. Nous sommes tous liés les uns aux autres, même si nous ne le pensons pas. Le fait que nous partagions cette terre, cet air, cette eau… tout cela nous lie les uns aux autres ». Pour l’étudiante, l’art autochtone est avant tout « un véhicule pour la réconciliation et la résurgence autochtone », permettant de sensibiliser les individus, tout en faisant et de faire vivre une culture par sa transmission.

Pour Le Délit, Zoe Lee a également exprimé son opinion vis-à-vis des semaines de sensibilisation aux cultures autochtones à McGill : « Je pense que ces moments sont importants, car cela rend les questions autochtones et les thèmes liés aux Autochtones plus accessibles aux étudiants de McGill. Les différents événements ont lieu sur le campus et en visioconférence, donc ils sont très accessibles aux étudiants. [… ] Les étudiants non autochtones ne devraient jamais avoir l’impression qu’ils ne sont pas le public cible de la Semaine de sensibilisation aux questions autochtones. Vous pouvez venir, rencontrer différentes personnes, entendre différents points de vue, apprendre une chose ou deux. Il ne s’agit pas de créer une culpabilité ou de se sentir mal parce que vous ne savez pas assez de choses. Il s’agit plutôt de participer, partager, et en apprendre davantage sur les responsabilités collectives des événements du passé».

Toscane Ralaimongo | Le Délit

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Débat municipal : comment améliorer la vie démocratique à Montréal? https://www.delitfrancais.com/2025/09/24/debat-municipal-comment-ameliorer-la-vie-democratique-a-montreal/ Wed, 24 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58627 La saison des débats pour la mairie s’est ouverte le 16 septembre.

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Trois candidats : Luc Rabouin (Projet Montréal – le parti de Valérie Plante, l’actuelle mairesse), Soraya Martinez Ferrada (Ensemble Montréal – l’opposition principale) et Craig Sauvé (Transition Montréal – le parti naissant). Un chiffre : 39 %, c’est la proportion de Montréalais ayant voté lors des élections municipales de 2021. C’est à partir de ce constat inquiétant que les représentants de l’Institut du Nouveau Monde et de Transition en commun, organisateurs de ce débat dans l’auditorium de la Grande Bibliothèque, ont présenté le thème de la rencontre : la démocratie municipale. Une heure durant, les trois prétendants au poste ont défendu leur bilan et leurs propositions pour améliorer la participation citoyenne à Montréal en répondant à une question chacun. Un format sans échange qui a permis aux Montréalais présents d’en apprendre plus sur les ambitions de leur futur maire ou future mairesse.

Un rappel des bilans

Peu de propositions claires ont été articulées lors du débat ; les candidats ont plutôt pris soin de rappeler leur expérience et attachement à la cause démocratique. Martinez Ferrada, par exemple, a évoqué son travail de fond en tant que conseillère municipale dans l’arrondissement Saint-Michel, notamment son effort d’implication des citoyens dans les négociations avec les investisseurs et dans la construction d’une agora dans le quartier : « Il faut s’assurer que la démocratie ne consiste pas à voter qu’une fois, et que les points de vue des citoyens soient intégrés dans chaque projet par des processus de consultation. » En lien avec le thème, la candidate s’est également décrite comme une « victime » du « dialogue démocratique extrêmement polarisé » au conseil municipal, particulièrement sur la question des pistes cyclables : « On ne peut pas avoir une conversation sur le sujet sans être traité d’anti-vélo. On ne peut pas juste être pro-mobilité inclusive et fluide? »

Rabouin a contesté cette prise de position en mêlée de presse : « Le premier engagement de Martinez Ferrada a été de dire qu’il faudrait défaire des pistes cyclables, en affirmant que Projet Montréal ne s’occupait pas des infrastructures, et mettait l’argent dans les pistes cyclables. Qui polarise alors? ». L’héritier de Valérie Plante a lui-même rappelé son attachement à la démocratie en insistant sur son opposition aux « idées populistes de droite radicale », son implication passée dans l’organisation de sommets citoyens, ainsi que la publication de son livre Démocratiser la ville en 2009.

Un nouveau mode de scrutin

Sauvé, quant à lui, a expliqué que « Transition Montréal existe justement pour renforcer la démocratie à Montréal » en tentant de mettre fin au bipartisme du Conseil municipal, qui mènerait aujourd’hui à des « débats stériles ». En lien avec cette critique, Sauvé a pu évoquer l’une de ses propositions principales : une « réelle réforme démocratique » vers un scrutin proportionnel. Selon lui, l’abstention croissante aux élections s’explique d’abord par un sentiment de non-représentation : « Beaucoup d’électeurs se disent qu’il ne sert à rien de voter, car l’autre candidat gagne toujours leur arrondissement […] la proportionnelle force les élus à la collaboration et permet une meilleure représentation. »

Comment impliquer les jeunes ?

L’abstention des jeunes est particulièrement frappante à Montréal : 75% des 18–35 ans n’ont pas voté en 2021. Un diagnostic partagé par Dominique, tout juste diplômée de McGill et présente au débat : « Je trouve que les jeunes ne s’intéressent pas assez à la politique, particulièrement la politique municipale. »

Le Délit a pu demander aux candidats leur diagnostic et leurs solutions à cet enjeu démocratique. D’après Rabouin, « pour intéresser les gens, il faut aller vers eux. Dans le conseil d’arrondissement du Plateau Mont-Royal, dont je suis maire, on tient une fois par année une séance à l’école secondaire Jeanne-Mance avec les étudiants. Plus que de simplement leur laisser la parole, il faut écouter les besoins des jeunes ». Selon Sauvé, « le projet de réforme électoral aiderait à attirer l’intérêt des jeunes en multipliant les voix et les points de vue ». Le candidat s’est également dit « vraiment ouvert à l’idée d’un vote à 16 ans ». Nous n’avons pas pu interroger Martinez Ferrada sur la question.

Qu’ont pensé les quelques jeunes présents au débat? Juan, de son côté, en est sorti sceptique : « J’ai eu du mal à dégager les idées uniques des candidats, mis à part l’idée de réforme de Craig Sauvé. Pour autant, je ne suis pas sûr que ce sera l’initiative qui décidera mon vote ».

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Mark Carney resserre les liens Canada-Mexique https://www.delitfrancais.com/2025/09/24/mark-carney-resserre-les-liens-canada-mexique/ Wed, 24 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58667 Entrevue exclusive avec Cameron MacKay, ambassadeur du Canada au Mexique.

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Le jeudi 18 septembre, Mark Carney foulait pour la première fois le sol mexicain en tant que premier ministre du Canada. Deux jours d’intenses discussions plus tard, il repartait de Mexico avec une déclaration commune de la présidente Claudia Sheinbaum et la promesse d’un « partenariat stratégique global ». Ce dernier s’articule autour de quatre piliers principaux : la prospérité économique, la mobilité, la sécurité et l’environnement. Cette annonce majeure a été faite dans le contexte d’une inquiétude grandissante face à l’instabilité de la politique américaine. Afin de clarifier les enjeux de la visite du premier ministre, Le Délit a pu s’entretenir avec Cameron MacKay, ambassadeur du Canada au Mexique et diplômé de l’Université McGill.

Un moment décisif dans la relation bilatérale

« Le moment choisi pour cette visite était très stratégique. Il n’y a aucun doute qu’au cours de la dernière année, en raison des tarifs imposés par les États-Unis, la relation entre le Mexique et le Canada était très tendue (tdlr) », explique l’ambassadeur MacKay. Lesdites tensions ne provenaient pas seulement de Washington – elles avaient également été alimentées par les déclarations du premier ministre de l’Ontario Doug Ford, selon qui le Canada devrait exclure le Mexique de l’accord de libre-échange nord-américain (ACEUM).

« Le moment choisi pour cette visite était très stratégique. Il n’y a aucun doute qu’au cours de la dernière année, en raison des tarifs imposés par les États-Unis, la relation entre le Mexique et le Canada était très tendue »

Cameron MacKay, ambassadeur du Canada au Mexique

Dans ce climat crispé, la visite de Mark Carney apparaît comme une tentative de réconciliation, en vue non seulement de la renégociation prochaine de l’ACEUM, mais aussi de la Coupe du monde de soccer 2026, qui sera organisée conjointement par les trois pays. L’ambassadeur souligne que « le premier ministre a pris une sage décision en choisissant de mettre fin à ces tensions dès maintenant ». Le geste est d’autant plus nécessaire que les économies des deux pays sont profondément liées – le Canada étant le cinquième partenaire commercial du Mexique, et le Mexique le troisième du Canada.

Le spectre américain en arrière-plan

Si le Canada et le Mexique ont intérêt à collaborer, la visite de Carney est toutefois partiellement dictée par la relation turbulente des deux pays avec les États-Unis. La présidence de Donald Trump, marquée par un très fort protectionnisme, a fragilisé l’équilibre nord-américain et incité ses partenaires à trouver d’autres alliances. « Les deux gouvernements [canadien et mexicain] réalisent aujourd’hui qu’ils doivent diversifier leurs échanges commerciaux vers de nouveaux marchés. Du point de vue canadien, la plupart de nos échanges commerciaux se font avec les États-Unis, et nous devons intensifier nos échanges avec d’autres pays, notamment le Mexique ». L’ambassadeur ajoute que « le Canada estime qu’il peut encore apprendre à mieux connaître, à explorer le Mexique – et le Mexique a exactement la même conviction ».

Lors de leur conférence de presse conjointe, Sheinbaum et Carney ont d’ailleurs été interrogés sur la possibilité qu’un accord plus avantageux avec les États-Unis les détourne de leur collaboration bilatérale. Un Carney catégorique a répondu que « le Canada était absolument engagé à collaborer avec ses deux partenaires ». Sheinbaum, quant à elle, a affirmé que « [le Canada et le Mexique] travailleront ensemble, sans l’ombre d’un doute ».

Au terme de cette visite, le Canada et le Mexique ont envoyé un message fort, celui d’une volonté commune de bâtir une relation stable et durable. Dans un environnement régional incertain, ce partenariat stratégique pourrait marquer un tournant décisif pour l’Amérique du Nord.

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Grève d’enseignement des médecins spécialistes https://www.delitfrancais.com/2025/09/24/greve-denseignement-des-medecins-specialistes/ Wed, 24 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58670 Les étudiant·e·s en médecine plongé·e·s dans l’incertitude.

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Depuis le lundi 15 septembre, une grève de l’enseignement menée par les médecins spécialistes secoue le Québec. Cette mobilisation touche des milliers d’étudiant·e·s en médecine, tant au premier cycle qu’à l’externat.

Une rémunération conditionnelle qui fait polémique

La grève est une réponse directe au projet de loi 106, proposé par le gouvernement du Québec, qui vise à lier 25% de la rémunération des médecins aux critères de performances, dans le but de « mettre la priorité sur les patientes et les patients et de s’assurer que le temps et l’expertise des médecins contribuent pleinement à améliorer l’accès aux soins ».

Des étudiants laissés en plan

Le Délit s’est entretenu avec Ryan Kara, président de l’Association des étudiant·e·s en médecine de McGill (MSS : Medical Students’ Society), qui entame sa troisième année du doctorat en médecine, équivalente à la première année d’externat.

« Pour les étudiants au préclinique, les cours magistraux sont désormais remplacés par des enregistrements d’années précédentes, ce qui retire la possibilité de poser des questions en direct », explique-t-il. « Les petits groupes, qui étaient encadrés par des spécialistes, sont fusionnés en groupes plus larges avec des professeurs non cliniciens ou des médecins de famille, réduisant ainsi l’interaction directe et l’apprentissage personnalisé. » Mais l’impact est encore plus marquant pour les étudiants en externat : « Tous les stages cliniques, sauf ceux en médecine familiale, sont annulés. Cela signifie que les externes n’ont plus d’exposition clinique, ce qui compromet leur formation pratique essentielle. »

La réponse de McGill

Face à la situation, l’Université McGill tente de s’adapter en offrant plus de flexibilité administrative. Il est désormais possible de modifier ou d’annuler un stage à la dernière minute, souvent pour le remplacer par un stage de recherche. Mais la rapidité avec laquelle ces décisions doivent être prises constitue une source de stress supplémentaire pour les étudiant·e·s, déjà contraint·e·s de naviguer dans un contexte hautement incertain.

Malgré tout, Kara souligne les efforts de la Faculté de médecine pour soutenir les étudiant·e·s. Selon lui, celle-ci s’efforcerait de maintenir une exposition clinique en facilitant l’accès à des stages à l’extérieur de la province. Une mesure saluée par les étudiant·e·s bien qu’elle aille à l’encontre des objectifs du gouvernement, notamment ceux exprimés dans le projet de loi 83, qui vise à retenir les diplômé·e·s au Québec après leur formation. Un contraste que Kara juge pour le moins paradoxal.

Les impacts potentiels sont considérables

Kara souligne également les risques à long terme de la grève : retards de l’obtention du diplôme, perte d’accès au Service canadien de jumelage des résidents (CaRMS) et affaiblissement global de la formation clinique. Les étudiant·e·s concerné·e·s aujourd’hui seront les résident·e·s de demain, en première ligne dans les hôpitaux. « Si une cohorte entière de résidents manquait à l’appel en juillet 2026, cela créerait une pression supplémentaire importante sur le système de santé, qui se ferait malheureusement sentir par les patients », ajoute-t-il.

Tout en réitérant leur solidarité envers les médecins spécialistes et omnipraticiens dans leurs revendications, les étudiant·e·s en médecine, qui seront éventuellement représentés par la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) ou par la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), dénoncent le projet de loi 106. Le corps étudiant demande au gouvernement de reconnaître l’enseignement médical comme une priorité et d’accélérer les négociations. Kara déplore : « Le blocage actuel pénalise les médecins, les étudiants et, ultimement, les patients. »

Si cette grève constitue une contestation claire des médecins face à la réforme proposée, elle engendre aussi un ralentissement préoccupant de la formation des futurs médecins. En l’absence de résolution rapide du conflit, l’incertitude plane sur la suite de leur parcours.

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STM : les étudiants paient le prix fort https://www.delitfrancais.com/2025/09/24/stm-les-etudiants-paient-le-prix-fort/ Wed, 24 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58597 Les McGillois en périphérie particulièrement touchés par la grève.

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Depuis le 22 septembre, et pour deux semaines, les déplacements des Montréalais seront fortement perturbés par la grève des employés d’entretien de la Société de transport de Montréal (STM). Jusqu’au 5 octobre, bus et métros ne circuleront que quelques heures par jour les lundis, mercredis et vendredis. Une situation qui bouleverse la vie de nombreux usagers, en particulier celle des étudiants qui dépendent du transport collectif pour aller en cours.

Les employés de la STM réclament de meilleures conditions salariales et s’opposent à des changements d’horaires jugés contraignants, alors que l’employeur propose une hausse salariale de 12,5 % sur cinq ans. La direction affirme que les demandes syndicales dépassent ses capacités financières d’environ 300 millions de dollars, étant actuellement de 470 millions pour les services d’entretien, et prévient qu’y répondre impliquerait de couper 10 % du service de bus.

Des horaires intenables

Pour Stu, illustrateur au Délit, la grève cause un bouleversement complet de son quotidien. Habitant Mirabel, il lui faut près de deux heures de trajet pour se rendre à McGill. Stu est entièrement dépendant des transports en commun. Les perturbations sur le réseau de transport l’obligent alors à faire des choix difficiles : « Je dois parfois faire une croix sur des journées de cours. Le trajet est trop long, trop coûteux et épuise toute mon énergie. » À défaut de transport fiable, la voiture devient le dernier recours ; une solution plus chère, moins écologique et entravée par les 44 chantiers de la région métropolitaine de Montréal.

« Dire aux gens de marcher ou de prendre un vélo, ce n’est pas ancré dans la réalité de ceux qui viennent de loin »

Stu se dit pourtant favorable aux revendications salariales des employés de la STM: «En tant que salarié, je comprends. Ces gens ont droit à de bonnes conditions de travail. » En revanche, l’étudiant pointe du doigt la déconnexion des institutions vis-à-vis des réalités étudiantes : « Dire aux gens de marcher ou de prendre un vélo, ce n’est pas ancré dans la réalité de ceux qui viennent de loin. »

Il regrette également le « manque d’accommodations de McGill », qui, à l’aube des examens de mi-session, n’a toujours pas mis en place de mesures pour assurer la tenue de cours en ligne. Cette absence de solutions nourrit un sentiment d’abandon selon Stu, qui subit comme beaucoup d’étudiants la grève et ses conséquences sans ne rien pouvoir y faire.

Des alternatives inégales

Bixi Montréal, surfant sur sa vague de succès suivant la dernière grève de la STM en juin dernier, a bonifié son offre : 11 stations dépôt supervisées par du personnel et un meilleur rééquilibrage des vélos. Les services d’autopartage Communauto et Leo ont aussi ajusté leur service et offert des rabais. Mais pour ceux qui habitent en périphérie, ces options sont impraticables. Malgré sa frustration, Stu se veut conciliant avec les grévistes. Il explique : « Il ne faut pas mettre la frustration des citoyens sur le dos des travailleurs. » Il dénonce des problèmes qui « viennent d’en haut » et appelle citoyens, étudiants et ouvriers à se « tenir les coudes » pour faire face à cette épreuve.

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« Tout était dans le mental » : les McGillois face au marathon de Montréal https://www.delitfrancais.com/2025/09/24/tout-etait-dans-le-mental-les-mcgillois-face-au-marathon-de-montreal/ Wed, 24 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58601 Le Délit a rencontré les étudiants qui ont couru le 21 km et le 42 km ce dimanche.

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Émilie savoure son exploit, un grand sourire aux lèvres : « L’expérience était incroyable, je suis tellement heureuse de l’avoir fait! » Cette étudiante de 21 ans en microbiologie et immunologie à McGill vient de terminer son tout premier marathon pour sa dernière année universitaire. Mais la fatigue se ressent dans sa voix : « Je ne sais pas si je le referai, car la course m’a achevée », glisse-t-elle en rigolant. À ses côtés, ses parents sont venus tout droit de Dallas, au Texas, pour la soutenir : « C’est notre championne, nous sommes tellement fiers d’elle! » s’exclame le père d’Émilie, les yeux brillants.

En effet, ce dimanche 21 septembre s’est conclu la 33e édition du marathon et du demi-marathon de Montréal, organisé par l’organisme Courons Mtl et ayant comme partenaire en titre la compagnie mutuelle d’assurance Beneva. En tout, 32 000 coureurs se sont inscrits à l’évènement de course à pied qui a duré deux jours et 19 000 participants étaient présents ce dimanche. Les premiers sportifs se sont élancés dès 7h45 du parc Jean-Drapeau. Marathoniens et demi-marathoniens ont parcouru ensemble les quatorze premiers kilomètres avant de se séparer au niveau du parc La Fontaine. Les coureurs du demi-marathon ont bifurqué en direction du parc Maisonneuve, leur lieu d’arrivée. Pour le marathon, il fallait faire un détour jusqu’au pont Viau, puis revenir sur ses pas pour atteindre le parc. De nombreux sportifs ont trouvé ce long détour jusqu’aux portes de Laval éprouvant. Émilie le constate d’ailleurs : « Après la fin de la montée, entre le 25e et le 30e km, j’ai failli abandonner, mais je me suis dit que, si je l’avais commencé, autant le finir. »

« J’avais les larmes aux yeux »

Ruben, un McGillois français en troisième année, a battu son record ce dimanche : il a terminé son marathon en 3 heures et 16 minutes, soit 30 minutes de moins que l’année précédente. L’étudiant confirme cependant que son mental a été mis à rude épreuve en redescendant le boulevard Saint-Laurent. Mais la souffrance a vite laissé place à l’émotion : « À l’arrivée, j’étais tellement heureux, j’avais les larmes aux yeux », confie-t-il, la médaille du 42 km autour du cou.

« Des pancartes humoristiques, des slogans, des fleurs et des cris d’encouragement ont rythmé la course et donné de l’énergie à ceux qui en manquaient dans une ambiance festive »

Pour Elsa, arrivée à McGill ce semestre, l’expérience a pris une autre dimension. Elle a profité de son premier demi-marathon avec son amie pour découvrir Montréal autrement. Si elle a adoré découvrir le Saint- Laurent, elle garde un souvenir plus douloureux de la montée de la rue Berri-UQAM : « Sans les encouragements du public, je ne sais pas si j’aurais tenu. » Cet esprit collectif, la McGilloise Camila le confirme, elle qui ne s’était entraînée que deux semaines avant le demi-marathon : « Les encouragements ont été décisifs pour moi, tout était dans le mental. »

Le long du parcours, spectateurs et proches ont joué un rôle crucial. Des pancartes humoristiques, des slogans, des fleurs et des cris d’encouragement ont rythmé la course et donné de l’énergie à ceux qui en manquaient dans une ambiance festive.

Enfin, la journée s’est achevée dans la fierté montréalaise : Samuel St-Antoine, un Québécois, est monté sur la troisième marche du podium du marathon après avoir franchi la ligne en 2 heures et 22 minutes, ovationné par le public, derrière deux athlètes internationaux venus du Kenya.

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Van Horne, de l’entrepôt à l’hôtel https://www.delitfrancais.com/2025/09/24/van-horne-de-lentrepot-a-lhotel/ Wed, 24 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58613 La rénovation de l’emblématique entrepôt au cœur d’une consultation publique.

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Montréal, le lundi 15 septembre 2025. Dans une salle de spectacle mise à disposition par la Ville, des urbanistes de l’arrondissement Mont-Royal, des promoteurs immobiliers et des citoyens sont réunis pour découvrir les nouveaux plans de réaménagement de l’ancien entrepôt Van Horne. Bâti en 1924, l’édifice trace la frontière entre le Mile End et Rosemont–La Petite-Patrie, avec sa silhouette massive et son château d’eau bien connu des Montréalais. Le réaménagement de l’entrepôt Van Horne, classé site prioritaire par Héritage Montréal, est l’objet d’une consultation continue entre la Ville de Montréal et ses citoyens.

Consultations citoyennes

Propriété du groupe Rester Management depuis 2019, l’édifice Van Horne a été utilisé comme simple entrepôt à documents depuis la fin de son usage industriel dans les années 1990. Le promoteur propose aujourd’hui de transformer l’immeuble de sept étages en un complexe à usages mixtes : chambres d’hôtel « style Plateau Mont-Royal », espaces pour artistes et commerces au rez-de-chaussée.

La première proposition de réaménagement de l’entrepôt en complexe hôtelier, dévoilée en 2022, avait suscité de nombreuses réactions. Un sondage mené cette année-là révélait que 74 % des 10 732 répondants étaient défavorables à l’idée d’un hôtel sans espace culturel ou communautaire. Depuis, les plans ont été revus. Le nouveau projet réservera désormais un quart de la surface à des ateliers d’artistes, qui seront gérés par l’organisme Ateliers Belleville. Le reste de l’espace se divisera entre un hôtel de 120 chambres (50 % du bâtiment) et un rez-de-chaussée dédié à des commerces. L’objectif de Rester Management est de proposer une alternative aux locations de courte durée dans le Mile End, qui pèsent sur le marché du logement, tout en assurant la viabilité économique du projet.

Risques d’embourgeoisement

Lors de la période de questions qui a suivi la présentation du projet de construction, des citoyens ont exprimé leur crainte qu’une rénovation de ce bâtiment augmente les taxes d’habitation des logements du quartier. Celles-ci sont déterminées en fonction de la valeur de l’ensemble des propriétés d’un quartier. Cette augmentation inciterait les propriétaires à augmenter leurs loyers. D’autres citoyens ont également relevé que la présence de commerces au rez-de-chaussée risquait de dénaturer la spontanéité du quartier, qui bénéficie d’un skatepark et d’un parc, tous deux résultant d’initiatives citoyennes. La promesse d’espace créatif a été pointée du doigt par des citoyens et par les représentants des Ateliers Belleville, qui ont rappelé lors de la consultation que l’enveloppe de la Ville consacrée au soutien des espaces créatifs est vide, freinant leur mission d’offre de loyers abordables.

Jusqu’au 16 octobre, une nouvelle étape s’amorce pour la consultation citoyenne de l’entrepôt Van Horne. Les citoyens sont appelés par l’Office de consultation publique de la ville à donner leur opinion sur les usages prévus par les plans, l’impact sur le patrimoine et l’identité du quartier, et l’insertion urbaine du bâtiment. Une nouvelle occasion pour les habitants de s’impliquer dans l’avenir de leur quartier.

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Au Texas, le vote latino pèse désormais trois fois moins que le vote blanc https://www.delitfrancais.com/2025/09/17/au-texas-le-vote-latino-pese-desormais-trois-fois-moins-que-le-vote-blanc/ Wed, 17 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58482 Le redécoupage électoral : entre légalité et manipulation démocratique.

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Redessiner les circonscriptions électorales pour s’assurer une victoire aux prochaines élections : c’est la stratégie adoptée le mois dernier par le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott, sous l’impulsion de Donald Trump. Ce procédé, connu sous le nom de gerrymandering ou « charcutage électoral », remet en cause la juste représentation des électeurs et devrait offrir aux républicains entre trois et cinq sièges supplémentaires à la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat de novembre 2026.

Mais qu’est-ce que le charcutage électoral? Est-ce une pratique légale et courante aux États-Unis? Pour comprendre ce phénomène, Le Délit s’est entretenu avec Benjamin Forest, professeur associé au département de géographie et de science politique à McGill.

Rendre « inutiles » les voix du parti adverse

Aux États-Unis comme au Canada, les représentants politiques sont élus selon le modèle des circonscriptions. Le traçage de ces dernières – dont la responsabilité revient aux états – est déterminé par un certain nombre de règles assurant une juste représentation des citoyens : « les circonscriptions doivent par exemple avoir des populations relativement égales, et être contiguës (tdlr) », explique le professeur.

Le charcutage électoral, donc, consiste à « jouer avec ces règles en identifiant la localisation des électeurs du parti opposé, et créer des circonscriptions offrant naturellement une majorité aux prochaines élections ».

Il existe deux stratégies de charcutage, « l’empaquetage » et le « craquage ». « L’empaquetage correspond à concentrer les sympathisants du parti adverse dans une seule circonscription, explique le professeur. Si cela leur assure de gagner la circonscription avec une très haute avance, cela crée beaucoup de voix dites « perdues », qui auraient pu permettre de gagner une deuxième circonscription ». Pour obtenir une majorité, il suffit seulement d’avoir 50% des votes, plus une voix. Les voix supplémentaires n’affectent plus le vote : qu’un parti ait 51% ou 99% des voix, il ne recevra qu’un siège dans la circonscription.

Le craquage, poursuit le professeur, est l’inverse : « C’est diluer les voix du parti adverse dans d’autres circonscriptions, ne leur permettant pas d’atteindre la majorité pour gagner ». Dans les deux cas, si le charcutage est efficacement réalisé, il diminue significativement le poids du vote des sympathisants du parti adverse : leurs votes sont tout bonnement inutiles.

Une pratique légale

Le découpage électoral est historiquement encadré par le « Voting Rights Act » de 1965. Le professeur explique que « cette loi interdit notamment tout charcutage racial, c’est-à-dire discriminant et atténuant le poids électoral des minorités raciales et ethniques aux États-Unis. En revanche, elle n’impose pas de restrictions sur le charcutage partisan – favorisant un parti aux dépens de l’autre ».

L’histoire montre néanmoins une forte corrélation entre vote « racial » et vote « partisan » aux États-Unis, rendant floue la frontière légale entre les deux.

Au Texas, par exemple, le projet de redécoupage des circonscriptions diminuera fortement le poids électoral des minorités latinos et noires : la « valeur » du vote d’un Texan latino est désormais réduite à un tiers de celle d’un Texan blanc, et celle d’un Texan noir à un cinquième.

Un phénomène qui va s’accentuer

Même si le redécoupage électoral ne date pas d’hier, Forest estime qu’il y a eu une augmentation de la pratique au cours des dernières décennies : « Avant les années 1990, le charcutage électoral était une opération complexe, exigeant de nombreux calculs et un temps considérable. Les données démographiques disponibles n’étaient quant à elle actualisées qu’une fois par décennie à la suite des recensements de population ».

À partir des années 2000, l’arrivée des technologies SIG (système d’information géographique) et des ordinateurs modernes a changé la donne : « Aujourd’hui, on peut découper des circonscriptions avec n’importe quel ordinateur portable, et les données démographiques sont bien plus précises. Les états peuvent redessiner leurs circonscriptions aussi fréquemment qu’ils le souhaitent. Il n’y a aucune raison de penser qu’ils ne vont pas redécouper pour l’élection de 2028, puis à nouveau pour celle de 2030. »

À la suite de l’annonce de redécoupage électoral du gouverneur du Texas, plusieurs gouverneurs d’états, dont Gavin Newsom et Kathy Hochul, ont annoncé entamer des procédures similaires dans leurs états, afin de « répondre » à la procédure texane.

« Il est clair que nous sommes dans une guerre de redécoupage électoral », explique le professeur. Une guerre qui, quoi qu’il arrive, endommagera la juste représentation des électeurs américains sur le long terme.

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La France face à l’impasse politique https://www.delitfrancais.com/2025/09/17/la-france-face-a-limpasse-politique/ Wed, 17 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58495 À Matignon, un nouveau premier ministre pour tenter de briser l’instabilité.

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Le mardi 9 septembre, dans une ambiance des plus tendues, l’Assemblée nationale française a voté la chute du gouvernement de François Bayrou. À 19h, ce dernier avait sollicité un vote de confiance sur la question du budget national, qui a été rejeté par une majorité écrasante – 194 députés pour, et 364 contre. La nomination du nouveau premier ministre Sébastien Lecornu a été annoncée dès le lendemain, dans un contexte d’inquiétude grandissante sur le sort de la politique française. Au sein d’une Assemblée nationale divisée en trois depuis un an, les gouvernements successifs n’arrivent pas à légiférer de manière stable. Afin de mieux comprendre les mécanismes ayant mené à cette crise, le Délit s’est entretenu avec Julien Robin, doctorant en science politique à l’Université de Montréal.

Élections législatives de 2022

En juin 2022 ont eu lieu les élections législatives françaises, au cours desquelles les citoyens élisent les députés qui forment l’Assemblée nationale. À cette occasion, Emmanuel Macron perd la majorité absolue qu’il détenait depuis 2017 ; une situation qui, selon Julien Robin, se préparait dès son premier mandat. Celui-ci avait été marqué par « une série de crises successives – mouvement des gilets jaunes, pandémie de la COVID-19, guerre en Ukraine – à laquelle s’étaient ajoutées des crises internes, comme l’affaire Benalla ». Robin souligne également la montée d’une tripolarisation de la vie politique française, processus qui a favorisé l’élection d’un nombre inédit de députés d’extrême droite lors de ces législatives. Privé de majorité, le gouvernement s’est retrouvé fortement fragilisé, mais tente malgré tout de gouverner, notamment par l’usage record de l’article 49.3* de la Constitution. Mais, comme le note Robin, « on a eu la mauvaise méthode pour former un gouvernement » : au lieu de construire un compromis sur des bases partagées entre les partis, l’exécutif a choisi de se focaliser sur la désignation des premiers ministres, qui se sont succédé rapidement. Dans un régime parlementaire affaibli, la logique voudrait d’abord que l’on négocie un socle d’accord politique, avant de désigner un chef de gouvernement capable d’incarner ce consensus. Macron a fait l’inverse : il a nommé des premiers ministres en espérant que l’Assemblée suivrait, une stratégie qui s’est révélée inefficace selon Robin.

Dissolution de l’Assemblée nationale en 2024

En juin 2024, après la victoire du Rassemblement national – parti d’extrême droite – aux élections européennes, Emmanuel Macron décide de dissoudre l’Assemblée nationale, entraînant de nouvelles élections législatives. Il cite « la montée des nationalistes et des démagogues », qu’il considère comme « un danger pour notre nation ». Robin rappelle que la dissolution est avant tout « un outil pour résoudre une crise » ; or, au moment où Macron dissout l’Assemblée en 2024, il n’y avait pas réellement de crise politique en France. Selon lui, le gouvernement de Gabriel Attal aurait tout à fait pu poursuivre sur sa lancée sans l’action « absurde » du président. « Au lieu de régler une crise, Macron en a créé une nouvelle », explique-t-il. En effet, la nouvelle configuration parlementaire, dominée par une opposition renforcée entre un bloc d’extrême droite en pleine ascension (143 députés), une gauche rassemblée autour du Nouveau Front populaire (182 députés) et une majorité présidentielle affaiblie (168 députés), rend désormais toute gouvernance stable extrêmement difficile.

Chute du gouvernement Bayrou

Le 9 septembre, François Bayrou, premier ministre depuis décembre 2024, demande la confiance de l’Assemblée nationale sur la question du budget prévisionnel de 2026. Il explique dans son discours que le déficit budgétaire de la France est si catastrophique qu’il faut agir au plus vite. Sa décision de déclencher le vote de confiance – qu’il finira par perdre – surprend de nombreux observateurs. Pour Julien Robin, la démarche de Bayrou est maladroite : « il voulait poser la question de confiance et discuter [du budget] après ; ce n’est pas la bonne manière de négocier. Normalement, on discute d’abord, puis on conclut par un vote. » Il ajoute que Bayrou avait conscience que le vote ne lui serait pas favorable. « C’était peut-être la meilleure, ou la “moins pire,” sortie possible : poser la question de confiance dès maintenant plutôt que risquer une censure en décembre », explique-t-il.

Nomination du nouveau premier ministre Lecornu

Le mercredi 10 septembre, Emmanuel Macron nomme Sébastien Lecornu comme nouveau premier ministre. Lecornu est issu du camp macroniste ; ce choix s’inscrit donc « dans la continuité des choix de Macron, qui souhaite conserver la gouvernance dans le bloc central ». Cette décision a été fortement critiquée par Jean-Luc Mélenchon, à la tête de la France Insoumise, qui reproche au président de ne pas avoir tenu compte de la composition de l’Assemblée nationale, où la gauche est la première force politique. Robin estime pourtant qu’on « peut comprendre son choix, parce que le groupe central serait plus à même de former un gouvernement – notamment au niveau du budget ». La prochaine étape sera de savoir si Lecornu cherchera à engager des négociations avec les autres forces politiques. L’enjeu essentiel, selon Robin, reste sa capacité à construire des compromis afin de faire adopter le budget de l’année prochaine. À défaut, s’il se contente de présenter un projet sans concertation – à l’image de ce qu’avait fait Bayrou – il s’expose à une censure dès le mois de décembre.

*L’article 49.3 permet au premier ministre de faire adopter un projet de loi sans vote par l’Assemblée nationale.

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Soccer : les Redbirds n’y arrivent toujours pas https://www.delitfrancais.com/2025/09/17/soccer-les-redbirds-ny-arrivent-toujours-pas/ Wed, 17 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58499 Face aux Citadins de l'UQAM, un score vierge qui n’arrange personne.

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Après un début de saison très compliqué pour les Redbirds de McGill et deux défaites consécutives (3–1 contre l’Université de Montréal et 4–0 contre l’Université Laval), ce match face aux Citadins de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) était l’occasion idéale pour se relancer à domicile. Portée par un public engagé, l’équipe de McGill, alignée en 4–3‑3, s’est montrée entreprenante et n’a pas démérité.

0’ Les Citadins engagent la partie. Aucune équipe n’arrive à imposer son rythme.

13’ Première occasion majeure pour McGill après un exploit individuel d’Elay Chartouni. Les Redbirds prennent des risques et laissent des trous, permettant à l’attaquant de l’UQAM de se retrouver face au gardien. Il pousse trop son ballon et c’est capté. McGill s’en sort très bien.

39’ McGill lance plusieurs assauts. Le jeu penche fortement à gauche depuis le début de la partie. De l’autre côté, grosse frayeur pour la défense mcgilloise sur un centre à ras de terre qui traverse la surface.

41’ Un Citadin s’écroule devant la cage de McGill. L’arbitre ne bronche pas.

46’ Les Redbirds reviennent des vestiaires avec un nouveau visage. Le jeu passe enfin à droite, et sur un centre mal géré par la défense des Citadins, Romain Dallery contrôle et reprend en demi-volée. Superbe parade du gardien.

51’ Encore un centre de la droite, repris en force au second poteau par Samuel Armstrong-Giroux. Le gardien claque le ballon au-dessus de la barre transversale.

62’ Alors que l’ailier gauche des Citadins part seul face au but, il est rattrapé par un excellent tacle d’Esteban Roy, auteur d’une très bonne seconde période.

70’ Plusieurs changements des deux côtés pour entamer la fin du match. Le jeu s’enflamme et les fautes se multiplient.

82’ Luke Rosettani s’écroule dans la surface de l’UQAM. Arbitrage à l’anglaise, pas de penalty.

87’ Nouveau litige dans la surface. Cette fois c’est Nassim Kemel qui est à terre. Toujours rien selon l’arbitre.

88’ C’est maintenant dans la surface de McGill que cela se passe. L’arbitre est clair, pas de penalty.

90’ Encore un joueur à terre dans la surface des Citadins. Lefika Noko est bousculé dans sa course. L’arbitre ne bronche toujours pas.

90+4’ Retour au vestiaire pour les deux équipes. Match nul donc, mais ouvert et contesté. Au classement, les Redbirds et les Citadins ramènent chacun leur premier point de la saison. Un score vierge mais rassurant pour une défense qui a concédé sept buts en deux matchs. Toutefois, c’est un manque d’efficacité offensive qui se prolonge (un but en trois matchs). Les Redbirds ont des leçons à retenir, et la seconde mi-temps pourra servir de référence pour les matchs à venir.̸

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Karl Moore : l’avenir appartient aux ambivertis https://www.delitfrancais.com/2025/09/17/karl-moore-lavenir-appartient-aux-ambivertis/ Wed, 17 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58502 Et si le leadership de demain ne se résumait plus à l’opposition introverti-extraverti?

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Le lundi 8 septembre, le professeur de gestion Karl Moore, célèbre figure de McGill, a publié son tout nouvel ouvrage We Are All Ambiverts Now. Ce professeur emblématique de la faculté de gestion Desautels est connu pour ses recherches sur les types de personnalité et le leadership. En collaboration avec Gabriele Hartshorne-Mehl, une ancienne étudiante de McGill, Moore propose une nouvelle grille de lecture des comportements de direction, au moment où les entreprises cherchent à conjuguer performance et souplesse.

Son ouvrage part d’un constat simple : la plupart d’entre nous ne sommes ni purement introvertis ni totalement extravertis. Nous sommes « ambivertis (ambiverts) », capables d’adopter tour à tour l’écoute attentive et la communication énergique. Selon Karl Moore, ce profil hybride devient essentiel pour les dirigeants.

Il met en avant l’emergent strategy, une stratégie qui provient des équipes, plutôt que d’être imposée par la direction. Cette approche demande de savoir quand s’effacer pour laisser remonter les idées et quand, au contraire, galvaniser un groupe.

Pour lui, cette alternance entre analyse réfléchie et élan communicatif constitue la clé d’un leadership efficace dans un monde incertain.

Lors de notre entretien, Karl Moore souligne aussi combien les différences culturelles marquent la personnalité : selon lui, l’éducation et l’environnement façonnent les penchants plus ou moins introvertis ou extravertis. Il en déduit qu’un bon leader doit maîtriser les deux registres, savoir être extraverti quand la situation l’exige tout en cultivant des moments d’introversion.

Aux étudiants et jeunes dirigeants, il recommande d’apprendre à identifier et à entraîner ces « modes » complémentaires. L’essentiel, insiste-t-il, est de rester fidèle à soi-même tout en osant la flexibilité et la sortie de sa zone de confort. Karl Moore espère que le concept d’ambiversion aidera non seulement les organisations, mais aussi chaque individu à mieux naviguer dans le monde du travail.

Alors que les campus forment la prochaine génération de décideurs, sa réflexion résonne avec acuité. We Are All Ambiverts Now se présente ainsi comme un guide pour mieux comprendre sa propre personnalité et cultiver la souplesse indispensable au leadership de demain.

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