Nathan Philippon - Le Délit https://www.delitfrancais.com/author/nathanphilippon/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Wed, 25 Oct 2023 12:37:19 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 Services légaux gratuits au Kenya https://www.delitfrancais.com/2023/10/25/services-legaux-gratuits-au-kenya/ Wed, 25 Oct 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=52959 Des étudiants en droit participent au développement agricole kényan.

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Depuis début 2021, les élèves de McGill en étude de droit ont la possibilité de fournir des services légaux gratuitement au Kenya. Fondée par Matthieu Chemin, professeur associé en économie à l’Université McGill, l’organisation non gouvernementale EvaLuation IMpact Unit (ELIMU) a mis en place ce projet d’aide légale à distance entre le Kenya et le Canada (Kenya-Canada Remote Legal Aid Project).

Le projet ELIMU

Les étudiants de McGill jouent un rôle clé dans le projet. En effet, ces derniers sont mis en binôme avec des étudiants en droit de l’Université Kenyatta de Nairobi : les étudiants de cette université apportent leurs connaissances du droit kényan et permettent ainsi aux étudiants de McGill d’aider de manière concrète des familles kényanes avec leurs connaissances légales. Les binômes communiquent par visioconférence pour servir leurs bénéficiaires.

« Les personnes sélectionnées au hasard parmi les habitants ont la possibilité d’avoir recours à de l’aide légale gratuite concernant les droits de propriété »

Au total, 10 étudiants de McGill participent au projet en collaboration étroite avec 10 étudiants de l’Université Kenyatta. Le recrutement d’élèves, initialement complexe, est facilité par le département légal de McGill, qui aide à mieux faire connaître le projet. Depuis la mise en place du projet, entre 50 et 70 affaires judiciaires ont été prises en charge par ELIMU. Lors d’une entrevue avec Le Délit, Angela Gitahi, la responsable de projet, nous a affirmé que « la plupart des affaires sont en cours, cependant déjà deux ou trois affaires sont des succès majeurs ».

Ce projet est important pour de nombreuses raisons. À petite échelle, ce projet a un impact direct sur les participants. Ceux-ci sont des habitants de Kianyaga, une zone rurale, dont la population est majoritairement composée de petits agriculteurs, située dans la province centrale du Kenya. Les personnes sélectionnées au hasard parmi les habitants ont la possibilité d’avoir recours à de l’aide légale gratuite concernant les droits de propriété. C’est une opportunité majeure, car de nombreux agriculteurs cultivant à petite échelle n’ont pas de documents officiels de propriété, et sont victimes de puissants propriétaires, qui violent leurs droits. En effet, il est estimé que 30% des terres agricoles sont sujettes à des conflits liés à la propriété. De plus, l’illettrisme et la corruption des institutions limitent la possibilité d’avoir recours à la justice par eux-mêmes. Ainsi, l’aide légale gratuite permet aux agriculteurs d’avoir accès à des conseils légaux, ce qui ne serait pas possible autrement. En effet, les frais d’avocats au Kenya équivalent à 82% des revenus annuels d’un agriculteur. Cet accès est aussi une source d’émancipation pour les agriculteurs, car ils ont la capacité d’agir. Selon Angela, les clients sont touchés de voir que leur situation suscite un intérêt à l’international.

De plus, le projet ELIMU permet aux étudiants mcgillois de mettre en application leurs connaissances. D’après Angela, la pratique permet aux étudiants d’apprendre le métier d’avocat en « apprenant par exemple ce qu’il faut dire ou non ». L’expérience est également enrichissante pour les étudiants sur le plan social. Noémie Richard, assistante cheffe de projet et coordinatrice des étudiants de McGill depuis 8 mois, a été interrogée par Le Délit. Elle affirme que les étudiants ont « l’impression de faire une différence pour des clients qui n’ont pas d’alternatives ».


Au-delà d’ELIMU


Le projet possède également un potentiel important pour le développement à grande échelle. En effet, l’ONG cherche à savoir si l’accès à des services légaux par visioconférence contribue au développement. En augmentant la sécurité des droits de propriété, chacun est incité à investir dans ses terres, car il sait qu’il pourra bénéficier des retours sur son investissement, contribuant ainsi au développement local. Le projet pilote a été prévu pour durer environ cinq ans afin de voir l’impact à long terme de l’accès à des services légaux. ELIMU se base sur une méthode d’essais contrôlés aléatoires. Comme nous l’a indiqué le professeur Chemin, cela signifie que le projet s’articule sur une comparaison entre un groupe traitement qui bénéficie de l’aide d’ELIMU, contrairement à un groupe de contrôle qui n’en bénéficie pas, afin de déterminer les différences entre les deux. Avec l’appui de questionnaires, l’ONG essaie de déterminer si la mise en place du projet a eu un impact significatif sur le développement, en comparaison avec le groupe de contrôle. Cette rigueur scientifique pourrait permettre de déterminer si l’accès aux services légaux est un facteur significatif du développement.

« L’illettrisme et la corruption des institutions limitent la possibilité d’avoir recours à la justice par eux-mêmes »

Si les résultats s’avèrent concluants, le projet pourrait avoir un impact immense. Ce point de vue, partagé par Angela, Noémie et le professeur Chemin, est dû à la reproductibilité de l’initiative. En effet, s’il s’avère que les étudiants ont un impact sur l’accès au droit des agriculteurs, qui encourage l’investissement et le développement du village, alors ce concept pourrait être reproduit dans de nombreux endroits. Le projet pourrait être dupliqué « à travers le Kenya, ou même dans le monde » nous a confié Angela. De plus, cela pourrait s’appliquer à d’autres secteurs que le domaine légal. Comme l’explique Angela, la réplication de ces projets par visioconférence peut mener à « une plus grande collaboration au niveau des échanges d’idées » servant d’« égaliseur ».

En plus de sa grande capacité à être reproduit s’il est concluant, le projet peut avoir un impact sur les politiques gouverne- mentales liées au développement. En effet, des résultats concluants permettraient de recommander des politiques pour les gouvernements de pays en voie de développement. Après l’obtention des résultats de l’expérience, Angela pourra « parler des politiques à mener dans le gouvernement, avec l’aide de données chiffrées ».

Il est important de noter que ce projet, prometteur, est encore à la phase préliminaire. Cela ne fait que deux ans qu’il a été mis en place. Comme le souligne le professeur Chemin : « Il est encore trop tôt pour avoir des résultats. » Néanmoins, même si les résultats du projet ne permettent pas pour le moment de conclure que l’aide dans le domaine légal contribue directement au développement, cette initiative singulière démontre que les nouveaux moyens de communications jouent un rôle clé dans le partage de connaissances et d’idées.

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Manger à volonté pour le même prix https://www.delitfrancais.com/2023/09/13/manger-a-volonte-pour-le-meme-prix/ Wed, 13 Sep 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=52021 McGill réforme son système de plan alimentaire.

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À la rentrée du semestre d’automne 2023, l’Université McGill a mis en place pour ses services de restauration un nouveau plan alimentaire intitulé All You Care To Eat (manger à volonté) (AYCTE), disponible dans toutes les cafétérias. Le plan AYCTE marque d’importants changements dans la politique alimentaire de McGill, qui fonctionnait précédemment avec un régime à solde dégressif, le Mandatory Meal Plan (Plan Alimentaire Obligatoire). Les multiples critiques des élèves de McGill vis-à-vis ce plan alimentaire s’étaient faites entendre lors de la réunion du 7 mars dernier organisée par Let’s Eat McGill.

Ce régime fonctionnait comme une carte de débit, où les étudiants devaient gérer leur budget alimentaire. Le régime à solde dégressif ne permettait aux élèves de se nourrir que deux fois par jour, en payant 6200 dollars pour l’année. Le collectif Let’s Eat McGill soulignait que ce modèle était une source d’insécurité alimentaire pour plusieurs étudiants. Benjamin, un étudiant de troisième année à McGill, a confié au Délit qu’il était « obligé de demander à (ses) amis de lui payer (ses) repas pour pouvoir manger ».

Le nouveau plan AYCTE permet aux élèves de manger à volonté. Comme son prédécesseur, le AYCTE coûte 6200 dollars par année, et est obligatoire pour les étudiants de premier cycle logeant en résidence, à l’exception de Solin Hall. Pour les autres étudiants souhaitant manger dans les cafétérias, ils peuvent payer 9,99 dollars pour le déjeuner, 12,99 le midi, et 14,99 pour souper, afin de manger à volonté. De plus, le plan AYCTE ne permet plus aux élèves de commander à emporter, une option communément prise par les étudiants.

Ainsi, ces changements prouvent les nombreux avantages du plan AYCTE, en comparaison à son prédécesseur, comme l’a souligné Mathieu Laperle, directeur principal du Logement étudiant et d’hôtellerie de l’Université McGill, interrogé par Le Délit.

Ce programme est bénéfique pour la gestion des déchets au sein des cafétérias universitaires. Selon Mathieu Laperle, l’abandon de l’option à emporter permet de réduire les déchets : elle « s’inscrit dans la volonté de McGill d’atteindre le zéro déchet d’ici 2035 ».

De plus, l’obligation des étudiants de manger sur place permet de développer des connexions dans un but de réduire leur isolement. Enfin, un avantage majeur du plan AYCTE est de permettre aux élèves de manger à volonté pendant la journée et « son prix fixe permet aux élèves de ne pas se soucier de devoir gérer leur enveloppe budgétaire », comme nous l’a affirmé Matthieu Laperle. Ainsi, ce nouveau format incite les élèves de premier cycle à ne plus sauter de repas comme nous l’a confié Benjamin : « Cela m’aurait permis de manger à ma faim. »

Cependant, la mise en place du AYCTE dans l’optique d’aider les étudiants avec leur budget ne répond pas aux attentes de certains. En effet, une critique importante du forfait de repas, soulevée par le collectif Let’s Eat McGill en mars dernier, était son caractère obligatoire pour les étudiants de premier cycle en résidence. Le coût de 6200 dollars par année scolaire – soit 775 dollars par mois – représente une dépense importante pour les étudiants en résidence, cette somme équivalant presqu’au prix d’un loyer montréalais. Or, cette critique n’a pas été retenue par l’Université.

De plus, le collectif soulignait l’insuffisance d’alternatives aux repas de McGill, comme le collectif Midnight Kitchen, qui offre des repas gratuits une fois par semaine, chose que l’Université McGill ne semble pas prête à offrir. Ainsi, le changement de plan alimentaire de McGill ne répond pas aux attentes et demandes formulées par plusieurs étudiants, malgré ses nombreux avantages.

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