Joanna Wolfarth - Le Délit https://www.delitfrancais.com/author/joanna-wolfarth/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Tue, 10 Nov 2015 17:14:38 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.1 L’hymne à la Môme https://www.delitfrancais.com/2015/11/10/lhymne-a-la-mome/ https://www.delitfrancais.com/2015/11/10/lhymne-a-la-mome/#respond Tue, 10 Nov 2015 17:05:09 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24001 Mise en scène de la vie de la chanteuse légendaire avec le ballet Piaf.

L’article L’hymne à la Môme est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
À l’occasion du centenaire de la naissance d’Édith Piaf, une représentation du spectacle créé en son honneur a eu lieu vendredi 6 novembre au Théâtre Outremont. Ce ballet-théâtre est mis en scène par le chorégraphe et directeur artistique Igor Dobrovolskiy et interprété par une compagnie de ballet néoclassique. Les danseurs du Ballet-théâtre atlantique du Canada retracent, en musique, la vie tumultueuse de la chanteuse.

Le premier acte commence avec Piaf seule, à la fin de sa vie, saoule ou peut-être droguée, sur «Après un Rêve» de Fauré. Elle retrace les grandes étapes de sa vie, entre son enfance, ses histoires d’amour tragiques, puis la gloire, jusqu’à sa mort.

Joachim Dos Santos

Savoir manier les classiques

Les morceaux de Piaf sont alternés avec des grands classiques de Chopin, Britton, et la célébrissime «Sonate au clair de lune» de Beethoven. Cette alternance donne un certain rythme au spectacle et évite surtout le côté «comédie musicale». Cependant, il est dommage que les morceaux ne passent pas dans l’ordre chronologique et ne correspondent pas toujours aux moments de la vie de l’artiste qui sont évoqués, alors qu’elle s’est toujours inspirée de sa vie pour l’écriture de ses chansons. En effet, «L’hymne à l’amour» est associé à la Seconde Guerre mondiale alors qu’il s’agit d’une chanson composée au moment de son histoire d’amour avec le boxeur Marcel Cerdan qui aura lieu plus tard, à New York. «Mon Dieu» est plus justement associée à la mort de Marcel. Les chorégraphies qui accompagnent les chansons de Piaf sont très rafraîchissantes et entrainantes pour tous les inconditionnels de la Môme. Du ballet sur «Milord»? Probablement du jamais vu, mais c’est très réussi.

«Les chorégraphies qui accompagnent les chansons de Piaf sont très rafraîchissantes et entrainantes pour tous les inconditionnels de la Môme.»

Olga Petiteau incarne le rôle-titre avec brio. Elle parvient à être gracieuse et légère tout en jouant le rôle de la petite femme nerveuse sur qui le sort semble s’acharner. Elle est souvent dans un état misérable afin de rendre au plus juste les tragédies personnelles d’Édith Piaf, marquée par la maladie et la drogue. La prestation de Stéphanie Audet dans le rôle de Mômone est également remarquable. Quant aux danseurs principaux, ils livrent une performance impeccable, bien que certains choix artistiques surprennent.

Incohérence visuelle

Un point en particulier nous laisse perplexe, voire contrariés: les images diffusées sur le lointain et sur la hauteur de l’estrade. Leur qualité est risible, avec des effets dignes d’un logiciel de montage vidéo des années 2000 qui n’apportent absolument rien à la narration ou à l’aspect artistique de l’œuvre. Car ces images sont tout sauf esthétiques. Elles induisent même en erreur: en effet, des images d’Hitler défilant avec ses armées sur les Champs-Élysées suggèrent que l’action se passe à Paris, alors qu’il s’agit du moment où Édith Piaf se produit dans les camps de prisonniers de guerre en Allemagne. Ces images attirent inutilement l’œil du spectateur sur autre chose que le talent des danseurs. Des sons pourraient facilement informer le spectateur sur le contexte sans compromettre sa compréhension de l’histoire. Néanmoins, le jeu de lumières et d’ombres est parfaitement maîtrisé et les costumes et accessoires suffisamment informatifs pour rendre compte du contexte de ce ballet.

L’article L’hymne à la Môme est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
https://www.delitfrancais.com/2015/11/10/lhymne-a-la-mome/feed/ 0
Le «je-nous» cassé https://www.delitfrancais.com/2015/11/10/le-je-nous-casse/ https://www.delitfrancais.com/2015/11/10/le-je-nous-casse/#respond Tue, 10 Nov 2015 16:59:25 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=23992 Mon Roi de Maïwenn: les montagnes russes de l’addiction amoureuse.

L’article Le «je-nous» cassé est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Dans le cadre du festival Cinémania, le cinéma Impérial projette des films francophones pour leur première nord-américaine, du 5 au 15 novembre. L’une des projections les plus attendues est celle de Mon Roi de la réalisatrice française Maïwenn, déjà récompensée en 2011 par le prix du jury au festival de Cannes pour Polisse.

Cocktail réussi d’avance?

Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot incarnent Georgio et Tony, un couple incompatible qui s’autodétruit. Tony se casse le genou lors d’une chute à ski, ce qui, d’après son médecin, en dit long sur son état d’esprit et sur son histoire d’amour tumultueuse. Emmanuelle Bercot incarne un rôle qui lui a valu le prix d’interprétation féminine du Festival de Cannes 2015. Elle est à l’aise avec son corps, qui est très souvent mis au premier plan dans des scènes silencieuses et douloureuses. Son jeu est fabuleux et donne la chair de poule à plusieurs reprises. Le film se compose d’une succession de retours en arrière sur une dizaine d’années qui mettent en parallèle l’histoire d’amour et la rééducation difficile de Tony dans un centre médical. Celle-ci est irrationnelle et jalouse. Tout commence à coups de «c’est qui cette fille?», «t’as couché avec elle?», «pourquoi est-ce que tu m’as choisie moi plutôt qu’une autre?». De la jalousie irréfléchie, mais uniquement du côté de la femme pour la plus grande partie du film.

«Les blagues ne semblent pas être écrites à l’avance et sont très spontanées»

De son côté, Vincent Cassel incarne un homme volage, bad boy toujours dans l’excès et terriblement drôle, à l’image de l’acteur. Il se présente comme le «roi des connards», qui fait rire Tony à tous les coups et qui, plus tard, la trompe, se drogue, et croule sous les dettes. On retrouve ainsi le cliché de l’homme détaché, le Don Juan insupportable mais de qui on ne peut pas se passer. C’est seulement vers la fin du film que le spectateur commence à éprouver un peu de compassion envers Georgio et que l’on se rend compte qu’il souffre aussi. Vincent Cassel a d’ailleurs tenu à le souligner lors de la conférence de presse du Festival de Cannes. Finalement, tout le monde se reconnait un peu dans les personnages du film. Cependant, la scène de fin place à nouveau Tony en position de faiblesse lorsque Georgio se montre incapable de se réjouir à l’annonce de sa réussite professionnelle. Là, on ne comprend pas.

Mon Roi

Place à l’improvisation

Mon Roi a été tourné en improvisation dirigée. Les acteurs nourrissent les scènes de leur vécu, de leur personnalité et de leur spontanéité. On a l’impression de regarder les bêtisiers du tournage: les blagues ne semblent pas être écrites à l’avance et sont très spontanées, de même pour les rires, ce qui est extrêmement agréable. Pas de doute, on retrouve bien le style de Maïwenn. Une vitre? Cassée par un coup de poing. Des voitures garées? Leurs rétroviseurs arrachés dans une marche arrière brutale. Des médicaments? Une tentative de suicide. Ce style excessif est parfois mis au service de l’humour comme dans la scène du repas entre amis où Tony est saoule, ou encore à Deauville où l’on se demande si les acteurs étaient réellement sobres au moment du tournage.

L’article Le «je-nous» cassé est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
https://www.delitfrancais.com/2015/11/10/le-je-nous-casse/feed/ 0
Sandwich impromptu https://www.delitfrancais.com/2015/10/27/sandwich-impromptu/ https://www.delitfrancais.com/2015/10/27/sandwich-impromptu/#respond Tue, 27 Oct 2015 18:15:23 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=23786 Les artistes Louis Bouvier et Hank Bull détonnent à la galerie de l’UQAM.

L’article Sandwich impromptu est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Louis Bouvier est un Montréalais en maîtrise d’arts visuels et médiatiques à l’UQAM. «Des rencontres improbables entre différents objets et images provenant d’époques et de cultures variées», c’est ainsi que l’artiste définit son exposition TOUT n’est pas un sandwich, qui côtoie les œuvres de l’installation Connexion, du canadien Hank Bull, dans un ensemble artistique présenté par la galerie de l’UQAM jusqu’au 5 décembre.

L’unique pièce de l’exposition de Louis Bouvier comporte des objets divers: photo-dessins, sculptures, un tableau lumineux… Cependant, leurs dispositions et contenus sont surprenants. Les tableaux sont à terre, les photos-dessins placées derrières des étagères où sont posés d’autres objets plus communs, ce qui semble aller à l’encontre de la conception que nous avons des œuvres d’art comme étant «précieuses».

Louis Bouvier utilise des moyens classiques pour transmettre son message, mais la façon dont ils sont disposés sort de l’ordinaire. En effet, nous remarquons certaines références artistiques, comme par exemple un objet qui se présente comme une des horloges de La persistance de la mémoire de Salvador Dali, coulant sur le bord d’une étagère. Mais l’objet est petit, placé dans un coin et n’est pas très esthétique. L’artiste utilise également des références de la pop-culture colorée des années 1960 en juxtaposition avec des objets plus classiques et sombres.  Dommage qu’aucune explication ne soit fournie mis à part une phrase expliquant l’essence de l’exposition à l’entrée, ce qui rend la compréhension de certains objets très difficile pour les dilettantes.

Adrien Baudet

L’exposition Connexion

Hank Bull, artiste canadien originaire d’Alberta, était membre d’un réseau mondial d’artistes produisant des œuvres collectives à distance dans les années 1970.  Il fait aujourd’hui partie d’organismes dédiés à la diffusion de l’art contemporain. Ainsi, nous sentons dans son art des influences culturelles, artistiques et même politiques asiatiques mais également polonaises. L’exposition Connexion présente de nombreux objets en tous genres: des photographies, des affiches et piles de journaux, des vidéos et divers objets de communication des années 1970, entre autres, mais aussi des sons et des ombres chinoises. À travers de nombreuses collaborations avec des artistes du monde entier, l’objet semble être la mise en valeur d’un réseau artistique international. Hank Bull utilise les moyens de communication comme forme d’art.

Nous découvrons tout d’abord un mur de photographies, affiches et dessins plutôt organisé dans une pièce où les œuvres sont disposées de manière épurée. Ensuite, nous nous retrouvons face à un bureau très chargé et rempli de «désordre organisé» avec des sons, dont celui de la fameuse vidéo Chaise à porteurs embouteillée HP. La disposition des objets est parfois surprenante, mais reflète bien le fait qu’il s’agit d’archives et que de nombreuses œuvres sont le résultat d’un travail collectif. Il est important de noter que toutes ces collaborations ont eu lieu bien avant l’avènement d’internet. Les moyens de communication exposés apparaissent ainsi comme une forme d’art, notamment par le fait qu’ils sont obsolètes. 

L’article Sandwich impromptu est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
https://www.delitfrancais.com/2015/10/27/sandwich-impromptu/feed/ 0
L’ennemi, ce sont les livres https://www.delitfrancais.com/2015/09/29/lennemi-ce-sont-les-livres/ https://www.delitfrancais.com/2015/09/29/lennemi-ce-sont-les-livres/#respond Tue, 29 Sep 2015 16:48:00 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=23223 Retour sur l’adaptation cinématographique de la dystopie Fahrenheit 451.

L’article L’ennemi, ce sont les livres est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
C’est au Théâtre Outremont que l’adaptation de Fahrenheit 451, par le réalisateur François Truffaut a été diffusée dimanche 27 septembre. Réalisé en 1966, ce film est aujourd’hui présenté parle Festival International de la Littérature (FIL) dans le cadre des Journées de la Culture. Il présente une époque future sombre, durant laquelle la lecture est interdite et les pompiers ont pour mission de brûler tous les livres existants. Il ne s’agit cependant pas d’une dénonciation de la censure, malgré les nombreuses idées reçues: «Le peuple se complaît dans son état de béatitude comme des automates obsédés par le divertissement» explique Thomas Hellman, chanteur et chroniqueur littéraire diplômé de McGill.

Chloé Anastassiadis | Le Délit

L’histoire serait inspirée d’évènements historiques tels que l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie; les autodafés, ou encore les «actes de foi», qui se sont répétés récemment à Mossoul, en Irak. Ces actes ont pour but l’abdication de la raison au nom d’une vision unique du monde. Fahrenheit 451 examine donc l’aspect matériel de la culture, qui sera finalement intériorisé à la fin du film, le tout avec les touches d’humour du réalisateur.

Suite à la projection, Thomas Hellman a tenu une discussion avec les spectateurs. On souligne alors les similitudes entre Le meilleur des mondes de Aldous Huxley, 1984 de Georges Orwell et Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, œuvres qui présentent chacune des formes diverses de sociétés totalitaires. Des systèmes dans lesquels, pour atteindre le bonheur, on tente de rendre tous les citoyens égaux, et d’enlever aux individus leur «supplément d’âme». Lors de la discussion, la thèse que défend Hannah Arendt dans La crise de la culture a très justement été mise en parallèle avec le film. Cette dernière souligne la confusion entre culture et divertissement, le consumérisme et l’aspect staliniste du rôle de l’artiste; ses œuvres doivent être aussi réalistes que possibles pour rendre crédible ce semblant d’égalité entre tous les individus.

Le livre et le film, datent respectivement de 1953 et 1966. Ils présentent un univers futuriste, dans lequel le divertissement et les médias ont prit le dessus sur la culture et les livres. Néanmoins, l’œuvre de Bradbury est beaucoup plus axée sur la science-fiction que ne l’est son adaptation cinématographique qui semble étrangement contemporain malgré son ancienneté. La version de Truffaut est tout de même plus porteuse d’espoir que le livre; le personnage de Clarisse et la femme du personnage principal, Montag, sont jouées par la même actrice, et représentent respectivement l’anticonformisme et le conformisme.Dans le livre, Clarisse disparaît rapidement, tandis que dans le film, elle est présente jusqu’au bout et laisse à l’anticonformisme une chance de survivre. Malgré l’âge des œuvres, les «prédictions» et les similitudes vis-à-vis de notre réalité sont saisissantes, alors que le livre ne se veut pas être une œuvre d’anticipation.

Samedi 26 septembre, une autre discussion sous forme d’un café philosophique a eu lieu dans le cadre du FIL: «Devons-nous brûler nos livres?» en était la problématique centrale. Des questions concernant le futur des bibliothèques et des livres ont été abordées: qui a le pouvoir de décider ce qui doit être conservé ou au contraire détruit? C’est une problématique qui trouve particulièrement son sens à l’heure de l’avènement de notre ère du numérique.

L’article L’ennemi, ce sont les livres est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
https://www.delitfrancais.com/2015/09/29/lennemi-ce-sont-les-livres/feed/ 0