Anna Dory - Le Délit https://www.delitfrancais.com/author/anna-dory/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Tue, 22 Mar 2016 04:30:45 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 Merveilles musicales https://www.delitfrancais.com/2016/03/21/merveilles-musicales/ https://www.delitfrancais.com/2016/03/21/merveilles-musicales/#respond Tue, 22 Mar 2016 04:30:45 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=25212 Le nouveau film musical de Carlos Saura époustoufle au Centre Phi.

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Dans le cadre du Festival Venice Days (volet indépendant de la Mostra de Venise), le Centre Phi présente une série de dix films coups de cœur, à la frontière entre cinéma d’avant-garde et cinéma grand public.

Après Flamenco et Tango, le cinéaste espagnol Carlos Saura nous propose un nouveau film musical. Il se concentre cette fois-ci sur ce qui est communément appelé le «folklore», c’est à dire l’ensemble des pratiques culturelles des sociétés traditionnelles, d’Argentine. Son film met donc en scène danseurs, chanteurs et musiciens argentins professionnels jouant des chants et sons traditionnels, surtout indigènes.

Zonda n’est que musique. Pendant une heure et demie, des artistes argentins nous présentent différents morceaux d’origines diverses, allant d’hommages rendus à des musiciens argentins connus, comme Mercedes Sosa ou Atahualpa Yupanqui, à des chants traditionnels s’apparentant très peu à ce que nous aurions pu connaître jusqu’alors. Chanteurs, danseurs et musiciens nous livrent une performance artistique parfaite par la beauté et l’émotion qu’ils transmettent. Bien que le sens des chansons reste majoritairement opaque pour un non-hispanophone, l’intensité émotionnelle, la puissance et la douceur des chants et danses nous touchent et nous font découvrir la culture indigène argentine.

«Le réalisateur offre un voyage dans un monde à la fois passé et futur»

Montrer un pays, une culture, une histoire, un peuple, voilà, selon Carlos Saura, le but de Zonda. Le réalisateur offre un voyage dans un monde à la fois passé et futur qui met en scène des pratiques artistiques ayant l’âge des peuples argentins originels, mais qui ne cessent d’influencer les pratiques argentines présentes et influenceront les pratiques futures. Ce mélange de traditionnel et de moderne est présent dans le film grâce, notamment, à la mise en scène mais aussi aux artistes. Bien qu’ils interprètent des danses et chants vieux de plusieurs centaines d’années, ils portent sur eux la marque de la modernité: on aperçoit, par exemple, des cheveux teints en rose, des piercings et des tatouages.

Luce Engérant

Bien que les chants et danses soient pour beaucoup dans la réussite du film, la mise en scène de Carlos Saura est particulièrement réussie. Tous les morceaux sont présentés sur une même scène donnant un côté théâtral au film, ceci a pour effet de nous transporter de notre salle de cinéma jusqu’à Buenos Aires (il fallait contenir, à la fin de chaque morceau, une forte envie d’applaudir). De plus, des jeux d’ombres et de lumière, ou la projection d’images sur une toile tirée derrière la scène, subliment les chants et danses en leur apportant une certaine magie et mysticité. Il en est de même de l’alliage justement dosé entre danse et chant. Carlos Saura met ainsi parfaitement en valeur le folklore argentin.

Pour tous ceux qui n’ont pas pu partir en échange en Argentine, ou ont simplement besoin de changer d’horizon même si l’hiver n’est pas trop dur cette année, ‑10 et la neige ça va un moment: il faut aller voir Zonda: folclore argentino

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La vérité, à quel prix? https://www.delitfrancais.com/2015/11/10/la-verite-a-quel-prix/ https://www.delitfrancais.com/2015/11/10/la-verite-a-quel-prix/#respond Tue, 10 Nov 2015 17:01:48 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=23997 Le drame du trafic humain dans le nouveau film de Charles-Olivier Michaud.

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Présenté au Festival du Nouveau Cinéma et sorti à Montréal le 23 octobre 2015, Anna est un film québécois réalisé par Charles-Olivier Michaud. Il met en scène l’actrice française Anna Mouglalis dans le rôle d’une photo-journaliste française: Anna. Le film débute alors qu’Anna est en voyage à Bangkok pour un reportage. Elle infiltre un réseau de trafic humain et de prostitution dans le but de dévoiler la vérité ou du moins, comme elle le dit, une vérité. C’est alors qu’elle se fait enlever par des membres de ce même réseau et subit les atrocités qu’elle cherchait à documenter jusqu’alors: viol, maltraitance, torture.  Après deux semaines, elle est relâchée et rapatriée à Montréal. S’ensuit un long chemin vers la reconstruction physique et psychique, sur laquelle se concentre le film.

Anna n’est pas un film de dialogues. Pour rendre compte de la reconstruction de son personnage éponyme, tout est transmis par le biais d’images et de symboles. En effet, puisqu’Anna ne peut extérioriser son enlèvement ni mettre des mots sur ce qu’elle a vécu, elle se réfugie dans la photographie. Comme le dit Charles-Olivier Michaud, le réalisateur du film: «elle doit tout réapprendre».  En tant que spectateur nous n’avons, nous non plus, pas accès à une extériorisation ou aux détails de son expérience et de ses sentiments. Nous devons nous laisser porter par les images et au fur et à mesure découvrir toute l’atrocité de son enlèvement et accepter, avec elle, que cela fasse partie de son histoire. Ainsi, si le film nous paraît parfois un peu lent, il s’agit d’un parti pris du réalisateur qui cherche à faire un film qui montre et fait ressentir plutôt qu’un film qui explique.

Camille Charpiat

Et si c’était nous?

Bien qu’Anna soit un film qui nous sensibilise aux problèmes du trafic humain en Asie, la majorité du film se focalise sur le processus de reconstruction de la journaliste française. L’atrocité de son expérience n’est pas remise en question. Cependant, il ne faut pas oublier que son expérience n’est rien d’autre que le quotidien de milliers de femmes en Thaïlande, qui n’ont, elles, aucune issue de secours. Pourquoi alors, le seul fait que cela arrive à une occidentale, à quelqu’un comme «nous», mérite qu’un film lui soit dédié ? Ce problème est directement posé à la fin du film. En effet, si Anna décide enfin de raconter son enlèvement par écrit, elle explique qu’elle le fait pour toutes les femmes victimes du trafic humain. C’est en leur nom qu’elle décide enfin d’extérioriser et de partager son expérience. Et si elle choisit de raconter sa propre histoire et non la leur c’est parce qu’elle sait que: «moi, Anna Michaud, je suis vous».

«Son histoire pourrait être mon histoire, votre histoire.»

Ainsi le film aborde directement un problème propre à nos sociétés occidentales: un  intérêt superficiel voire un désintérêt pour les problèmes qui touchent des gens différents. Si l’on s’intéresse à l’histoire d’Anna c’est parce qu’elle fait partie du «nous», son histoire pourrait être mon histoire, votre histoire. Le film nous oblige alors à sortir de notre petit confort, et à réellement nous exposer et nous positionner face aux vrais problèmes qui touchent la communauté humaine, bien que ces êtres humains en question soit à des milliers de kilomètres.

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Babylone sur Saint-Dominique https://www.delitfrancais.com/2015/09/15/babylone-sur-saint-dominique/ https://www.delitfrancais.com/2015/09/15/babylone-sur-saint-dominique/#respond Tue, 15 Sep 2015 20:59:12 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=22963 Andréane Leclerc offre un aperçu de l’enfer avec La Putain de Babylone.

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La première représentation mondiale de la pièce La Putain de Babylone ouvrait  mardi 8 septembre le festival de création radicale urbaine Grand Cru. Organisé par le théâtre  La Chapelle, il propose sept pièces différentes jusqu’au 3 octobre, décrites comme étant «un pied de nez à la conformité et une invitation à plonger dans un univers décadent».

La Putain de Babylone: le titre en lui-même laisse présager une pièce qui a pour but de déranger, d’aller contre la norme et les préceptes de bonne conduite. Sur ce point, le spectateur n’est pas déçu. La pièce, qui se veut une réinterprétation de la Genèse et du Livre de la révélation, a pour objectif d’amener le spectateur à questionner ses croyances: tout ce que la société a pu bâtir à partir de l’inconscient collectif dérivé de la Bible et de la religion chrétienne. Ce faisant, elle cherche aussi à ce que le plaisir soit enfin accepté comme partie intégrante de l’humanité.

La trame narrative de la pièce est simple: la Putain de Babylone (qui est, dans la Bible, la mère des prostituées et des abominations, ainsi que la source des immoralités terrestres) est créée et maintenue en vie par Dieu afin qu’elle satisfasse ses besoins. Dieu crée alors l’Enfer pour y placer sa «putain» et, ainsi, l’Enfer devient son Paradis.

La pièce s’illustre surtout par sa mise en scène. En effet, Andréane Leclerc, metteuse en scène de la pièce et fondatrice de Nadères arts vivants, a souhaité incorporer, non pas le cirque à proprement parler, mais comme elle le dit, «la technique corporelle circassienne» dans cette représentation théâtrale. Tout au long de la pièce, les actrices jouant les «putains» peuplant l’enfer régi par «la Putain de Babylone» se contorsionnent et se disloquent, ce qui participe à créer une atmosphère hors-norme, dans laquelle même le corps humain ne ressemble plus à l’idée que nous en avons.

La mise en scène se résume presque à cette interprétation corporelle des rôles. Les actrices n’ont pas de texte. Une voix seule intervient en chantant pour fournir certaines informations nécessaires à la compréhension des évènements. À certains moments la voix laisse place à une musique composée par le chanteur des Tiger Lillies.  Le décor est sobre, sombre et fait  très justement penser à une maison close.

Bien que la mise en scène soit intéressante, on regrette de ne pas être plus amplement guidé dans la compréhension de l’œuvre théâtrale. Une des actrices, qui joue un rôle différent en marge de celui des «putains», reste impossible à identifier. Peut être représente-t-elle Dieu, ou plus simplement, la norme morale, on ne le saura jamais. De plus, le jeu et les objets utilisés restent très symboliques et obscurs, ce rend assez difficile la compréhension de ce qui se passe dans la pièce. On assiste à des tableaux sans forcément en comprendre le sens, l’oeuvre restant parfois trop hermétique pour les non-initiés. Bien que cela soit frustrant on peut toutefois se laisser porter par l’esthétique de la pièce et par la qualité des comédiennes-contorsionnistes.

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