Le Délit https://www.delitfrancais.com/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Wed, 17 Sep 2025 15:35:47 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 Défendre le droit de douter https://www.delitfrancais.com/2025/09/17/defendre-le-droit-de-douter/ Wed, 17 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58551 Une adaptation québécoise de l’œuvre américaine de Reginald Rose.

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Alain Zouvi, metteur en scène de 12 hommes en colère, la pièce de théâtre en tournée au Québec, n’est pas le premier à s’attaquer à l’œuvre de Reginald Rose. À l’origine un téléfilm sorti en 1954, Twelve Angry Men a été adapté plusieurs fois au cinéma et à la télévision. Cette fois, le texte a été traduit pour tenir compte d’un public québécois. La mise en scène d’Alain Zouvi, trop fidèle au script original, peine à se démarquer des précédentes adaptations qui ont connu un grand succès. Elle manque décidément de caractère malgré l’intemporalité du message principal.

Pourtant, la nature contraignante du huis clos au théâtre, qui enferme ses personnages dans un espace confiné, laissait place à davantage de créativité et d’originalité. Malgré le clin d’œil à la guerre culturelle douce-amère que se livrent les Québécois et immigrés français de la province, l’adaptation de Zouvi est presque un copié-collé du texte anglais avec pour seule différence la langue et la nuance des accents francophones. Le jeu aurait bénéficié de plus grandes prises de liberté avec le texte datant des années 50 et d’une mise en scène plus surprenante qui aurait paru moins anachronique et plus proche des enjeux de sociétés actuels. D’autant plus que les thèmes explorés par l’auteur new-yorkais ont une résonance particulière avec l’actualité américaine et l’état de nos démocraties modernes.

12 hommes en colère convie le spectateur à une discussion enflammée entre les douze membres d’un jury populaire qui doivent décider de la culpabilité du suspect accusé du meurtre de son père. Toutes les preuves sont réunies pour le déclarer coupable et laissent peu de place au doute. Le verdict semble plié d’avance, il ne suffit que d’un vote unanime pour le condamner à mort. Pourtant, un des membres du jury refuse de voter « coupable » ; il est seul contre tous. Et si les témoins s’étaient trompés? Et si l’accusé était innocent?

La pièce nous offre une belle leçon de démocratie en ces temps sombres où la polarisation et la violence politique grimpent en flèche. De tous âges, de classes sociales contrastées (banquier, ouvrier, publicitaire…) et d’opinions divergentes, les jurés doivent s’asseoir autour d’une table pour discuter et ainsi trouver un accord. Là est l’essence de la démocratie, selon moi : débattre de ses opinions de manière rationnelle et logique afin de prendre la décision la plus juste possible. Après tout, qui donc peut prétendre avoir accès à la vérité objective? La pièce montre qu’il est nécessaire d’apprendre à s’écouter et d’abandonner le dogmatisme.

« Les faits, on peut leur faire dire ce que l’on veut », déclare un des jurés revendiquant le droit de remettre en question les informations qu’il reçoit avant de construire son avis. Savoir se servir de son esprit critique semble primordial à l’ère des réseaux sociaux, où une citation, sortie de son contexte, peut avoir un sens complètement différent. Intégrer cette dimension numérique à la pièce aurait pu rendre le message bien plus percutant.

D’ailleurs, la mise en scène souffre surtout de son réalisme. Le spectateur est complètement immergé au sein de la discussion des jurés, et finit comme eux par trouver le temps long au fur et à mesure que la lumière artificielle du jour décline. D’une durée de deux heures, la frustration et les cris des personnages qui s’impatientent ont de quoi nous donner mal à la tête. Un peu plus de légèreté et d’humour auraient pu rendre le propos plus digeste.

12 hommes en colère est en tournée au Québec jusqu’en décembre.

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Exposition Alan Glass : le surréalisme à la rencontre de l’inconscient https://www.delitfrancais.com/2025/09/17/exposition-alan-glass-le-surrealisme-a-la-rencontre-de-linconscient/ Wed, 17 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58547 Au Musée des beaux-arts de Montréal, Alan Glass en tête d’affiche.

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Dans un monde dominé par l’innovation et l’efficacité, il semblerait qu’il ne reste plus de débouché pour la partie de notre inconscient de nature chaotique et sincère. Notre travail, nos études et notre vie sociale nous obligent à filtrer nos pensées ; à séparer ce qu’on peut dire de ce qu’on ne peut pas dire.

Ceci peut nous paraître évident et nécessaire – on ne pourrait tout simplement pas se comprendre si l’on faisait tous le choix de s’exprimer sans retenue. Néanmoins, il reste impératif de reconnaître que la grille qui filtre nos idées et divise notre conscience n’élimine pas l’irrationnel, mais le réprime.

Le dénouement des pulsions réprimées

Comme l’aura démontré brillamment le fameux psychanalyste Sigmund Freud, ces « désir[s] refoulé[s] continue[nt] à subsister dans l’inconscient ; il[s] guette[nt] une occasion de se manifester et il[s] réappara[issent] bientôt à la lumière ». Ces pulsions primaires sont réprimées, car négligées par notre logique sociale : une rationalité qui se base sur une notion de valeur définie uniquement en rapport à l’argent.

Par exemple, plutôt que de permettre une véritable expression individuelle, la société transforme ces pulsions en produits de consommation standardisés : vêtements de marque ou tendances esthétiques. Il en est de même pour nos pulsions créatives, souvent détournées à des fins mercantiles, tel que fut le cas lors de la marchandisation des œuvres d’art par le marché des jetons non fongibles (NFT).

En somme, comme le résumait crûment le groupe de rap Wu-Tang Clan : « Cash rules everything around me », et malheureusement, il n’y a aucune exception pour l’art.

Ces réalités engendrent plus de questions que de réponses : comment se purger de ces désirs refoulés sans même qu’on puisse les comprendre? Sous quelles formes apparaissent ces pulsions réprimées? Et surtout : où trouver une échappatoire dans une société basée sur la croissance et la production?

Alan Glass : Un surréaliste singulier

Une chose est claire, la réponse n’est pas universelle. Beaucoup se sont tournés vers un stoïcisme fragilement conçu, ou même tout simplement une séance de « doom scrolling », sans jamais se sentir satisfaits. Mais se peut-il que le remède soit plus ancien que l’empire d’Apple et celui de Marc Aurèle? Suffirait-il d’une passion pour l’art et un changement de paysage pour atteindre la catharsis?

Il n’est peut-être pas possible de confirmer ceci de manière empirique, mais, pour l’artiste montréalais Alan Glass, c’est clair que ce fut le bon choix. Maniant un simple stylo à bille bleu, il réussit à donner forme à son inconscient. Parfois humoristique, parfois effrayante, cette perception surréaliste est mise en scène avec grand succès par le Musée des beaux-arts de Montréal dans le cadre de l’exposition « Mondes et merveilles ». Organisée en collaboration avec le Museo del Palacio de Bellas Artes de Mexico, cette exposition vous transporte dans un monde surréaliste, influencé par des éléments culturels mexicains et québécois.

Né à Montréal en 1932, Glass poursuit ses études à Paris et découvre le Mexique en 1962, où il réinvente son langage visuel. Ses premières œuvres sont définies par leur nature abstraite et granuleuse. Sur un fond blanc ou parfois rehaussé de lavis aquarelle, il façonne des dessins à base d’une géométrie confuse et fait souvent référence à des symboles, qu’il réutilise tout le long de sa carrière. Malgré ces thèmes récurrents, un contraste net apparaît entre les tableaux qu’il peint avant et après son départ pour le Mexique. Son style initial peut être comparé aux œuvres de Giovanni Piranesi, un architecte néoclassique célèbre pour sa saisissante attention aux détails. Mais Glass ne semble pas vouloir s’inspirer de cette cohérence architecturale et préfère plutôt adapter ce style au surréalisme, donnant forme à un monde chaotique, mais soigneusement détaillé.

La renaissance mexicaine d’Alan Glass

Ainsi, à la suite d’un voyage au Mexique, l’artiste se réinventa, un choix qui se manifeste à travers un nouveau surréalisme spectaculaire. À partir de 1962, les œuvres de Glass révèlent sa nouvelle vision créative et nous poussent à penser qu’il parvient à canaliser son inconscient anarchique en se consacrant pleinement à la création de son art. Cela se traduit par d’impressionnants tableaux décorés de centaines de figures anthropomorphiques imbriquées les unes dans les autres, placées à l’intérieur de structures symétriques.

Ces contours précisément définis nous révèlent un ensemble ordonné et harmonieux. Tout de même, le chaos si frappant dans ses premiers tableaux ne disparaît pas, mais se transforme et s’exprime en des centaines de visages. Minutieusement dessinés, ces figures évoquent des symboles religieux et ésotériques, tels que les calaveras mexicaines. Mais en s’éloignant de la toile, on ne voit plus que des blocs colorés, faisant apparaître des scènes surréalistes, invoquant des mythologies naturalistes et matriarcales.

Le contraste stylistique entre ces deux périodes de la carrière de Glass n’est pas un simple détail. Au contraire, il témoigne d’un changement drastique dans la vie de l’artiste. Les visages à travers lesquels il choisit de se représenter nous plongent dans la matière brute de son inconscient. Mis en parallèle à la nôtre, nous sommes poussés à nous rendre compte de la puissance des pulsions refoulées, qui ont le potentiel de devenir une source de création et de beauté.

Mais surtout, ne vous fiez pas à mes jugements : allez voir par vous-même quels secrets se cachent sur les toiles d’Alan Glass. L’exposition sera présentée au Musée des beaux-arts jusqu’au 28 septembre et reste un rendez-vous incontournable, autant pour les amateurs d’art que pour tous ceux en quête d’émerveillement et d’inspiration.

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De la généalogie à l’installation : l’art comme archive sensible https://www.delitfrancais.com/2025/09/17/de-la-genealogie-a-linstallation-lart-comme-archive-sensible/ Wed, 17 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58543 Plus qu’une histoire de famille, plus que des pièces décoratives.

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Dimanche 14 septembre, l’artiste Kim Vose Jones revisite Montréal pour présenter son projet d’installation à la galerie d’art Warren G. Flowers, Lifeboat: An Unnatural History. À 14h30, une soixantaine de curieux et d’étudiants en art s’installent, attentifs. Pendant une heure, Kim nous entraîne dans un voyage dans le temps – une découverte généalogique – jusqu’aux racines de son projet : l’arrivée des Filles du Roy, racontée à travers l’histoire d’une de ses ancêtres, Anne Dodin.

Aux origines

Le récit de Kim nous ramène d’abord en 1669. Anne Dodin arrive au Québec depuis l’île de Ré avec un groupe de jeunes filles de son âge. On les appelle les Filles du Roy. Après des mois de privations atroces sur l’Atlantique, la rive leur promet un mariage rapide. Puis viennent les enfants nombreux, la violence et les premiers effets environnementaux de la colonisation. Derrière la trajectoire familiale de Kim, se dessine aussi le portrait d’une époque.

Près de quatre siècles plus tard, ce passé refait surface. C’est en 2020 que Kim commence à se plonger dans sa généalogie. Au même moment, le monde se referme sous l’effet de la pandémie. Dans les médias, le virus occupe tout l’espace. D’autres drames disparaissent des radars, dont notamment les migrations de réfugiés. Ce silence frappe Kim. Cela lui rappelle le silence entourant les jeunes femmes de la Nouvelle-France : des vies à peine documentées, souvent déformées par des représentations biaisées. Les peintures les montrent en robes soignées, presque sereines. La réalité est tout autre : de nombreuses femmes mouraient en mer, et les survivantes, affamées et entassées, arrivaient brisées, désorientées. Rien à voir avec les visages lisses et les corps élégants des tableaux.

Matière du souvenir

De ce passé, Kim tire une installation qui mêle mémoire, matière et absence. Dans la galerie, ses œuvres se déploient dans l’espace comme des environnements immersifs. On entre dans une dimension à la fois sculpturale et sonore. Chaque élément invite le visiteur à s’arrêter, à questionner, à ressentir. Rien n’est figé. D’une exposition à l’autre, les œuvres se modifient légèrement, s’adaptant à l’architecture du lieu. Kim travaille avec tout ce qui lui tombe sous la main : verre, textiles, matériaux organiques, vidéo, son. Chaque médium devient un fragment de mémoire.

« Son installation fait résonner le passé dans le présent, et confronte le spectateur à ce qui est encore tu aujourd’hui »

Dans Lifeboat, une des installations présentées à la galerie, les Filles du Roy prennent la forme de lapins blancs. Par un jeu d’anthropomorphisme, ces silhouettes fragiles héritent d’émotions humaines, comme si les destins oubliés retrouvaient corps sous une forme mi-animale, mi-humaine. Sur le bateau, certaines attendent, immobiles, figées entre deux mondes. D’autres sombrent dans les vagues, comme un rappel brutal du sort des migrantes disparues. Visuellement, le blanc domine, à la fois apaisant et inquiétant… Sous la lumière, il prend une dimension spectrale.

En définitive, Kim Vose Jones dépasse la simple généalogie. Son installation fait résonner le passé dans le présent, et confronte le spectateur à ce qui est encore tu aujourd’hui. Elle montre que l’art n’est pas seulement contemplation, mais aussi responsabilité : celle de faire remonter à la surface ce que l’histoire avait englouti.

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Certains l’aiment chaud https://www.delitfrancais.com/2025/09/17/certains-laiment-chaud/ Wed, 17 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58537 Portrait de la sauce piquante, ce condiment qui occupe toutes nos tables.

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On en trouve dans chaque frigo. Cela nous pique, nous fait haleter et juste à y penser, nous fait saliver. Du Tabasco à la sriracha, chacun a sa préférence et est prêt à se battre bec et ongles pour défendre son choix. Pour les étudiants, une bonne sauce piquante peut sauver un plat de la banalité. Pour les connaisseurs, elle devient un terrain de créativité. Cette semaine, je suis parti à la recherche de ces sauces piquantes dans une scène montréalaise en pleine évolution.

Déjà, qu’est-ce qui explique cette réaction qui perturbe nos lèvres au moindre contact? Dans chaque piment épicé se trouve une molécule naturelle qui s’appelle la capsaïcine, responsable de la sensation de brûlure. Plus un piment contient de capsaïcine, plus il est piquant. Une fois consommée, la capsaïcine déclenche nos récepteurs TRPV1 qui avertissent aussitôt le cerveau. Il s’agit donc d’une illusion : notre bouche n’est vraiment pas en feu. Sans ces récepteurs de capsaïcine, l’intimidant habanero aurait l’effet d’un poivron jaune banal.

Il est clair que certains individus supportent mieux les aliments épicés que d’autres. L’une de ces raisons pourrait être liée à ces récepteurs de capsaïcine, qui peuvent varier de personne à personne. Le Délit s’est entretenu avec le Dr Joseph Schwarcz, directeur de l’Organisation pour la Science et la Société. Ce dernier souligne que plusieurs éléments entrent en jeu. « Il existe certainement une composante génétique dans la façon dont chacun réagit à la capsaïcine (tdlr) », nous confie-t-il. Cela pourrait expliquer pourquoi des cultures particulières ont des tolérances plus élevées. Une autre possibilité est l’habitude : « Il y a également des preuves montrant qu’une exposition répétée [à la capsaïcine] augmente la tolérance. »

Dr Schwarcz souligne également qu’une autre réaction chimique importante, à l’extérieur de la bouche, se produit lorsque l’on mange des sauces piquantes : « On avance que la douleur causée par les aliments pimentés déclenche la libération d’endorphines, les « opiacés » du corps. » Dans le milieu scientifique, on appellerait cela le masochisme bénin. Dr Schwarcz mentionne que « l’analogie a été faite avec les montagnes russes : effrayant, mais amusant, peut-être en raison de la libération d’endorphines et de dopamine ». De quoi aller jusqu’à la dépendance? « Je ne pense pas qu’on puisse parler de dépendance à la capsaïcine, mais il semble que certaines personnes apprécient la montée d’adrénaline que produit la consommation de plats très épicés. »

Microsaucerie

Dans le quartier du Plateau, à Montréal, on peut trouver un dépanneur spécialisé dans la vente de sauces piquantes : Chez Piko. Fondé il y a cinq ans avec sa compagne, l’endroit est tenu par Jean-Philippe, un vrai fanatique de ces sauces. C’est ici où, entouré de bouteilles rouges, parfois menaçantes, empilées jusqu’au plafond, que Jean-Philippe a accepté de me rencontrer. À la fois producteur, et commerçant, son rôle est unique dans l’industrie. « Je suis un peu ami avec tout le monde », me dit-il dans son magasin, où l’on trouve une variété époustouflante de sauces de spécialité, de la moutarde épicée a l’érable à la smokey habanero ketchup. Pourtant, ici, les sauces piquantes restent reines des étagères. Un coin du magasin est dédié aux sauces que Jean-Philippe produit lui-même, sous la marque Piko Peppers. Celle-ci est identifiable par le chat adorable scotché sur chaque bouteille. Ce qui a commencé comme simple passion est aujourd’hui devenu une marque de référence. Néanmoins, leur logistique diffère considérablement de celle des titans de l’industrie. Prenons l’exemple de Tabasco, cette marque mythique originaire de la Louisiane, qui produit 700 000 bouteilles par jour. Un écart frappant par rapport à Piko Peppers, qui généralement ne produit pas plus de 600 bouteilles par lot.

Une autre distinction est l’origine des poivrons. Pour combler la demande toute l’année, les récoltes de poivrons des grandes marques proviennent du monde entier. En revanche, Jean-Philippe affirme que Piko Peppers n’utilise que les piments qui sont cultivés « à une petite heure de Montréal ». En été, c’est la saison de la récolte, alors il arrive qu’il les conserve sous vide afin de pouvoir préparer des sauces tout au long de l’année.

Sous les projecteurs

Depuis quelques années, les sauces piquantes sont devenues plus qu’un simple condiment ; elles ont pris une place dans notre culture populaire, en partie grâce à l’émission Hot Ones. Le concept est simple : le présentateur Sean Evans pose des questions à un invité de calibre à travers des dégustations d’ailes de poulet de plus en plus épicées. Les invités souffrent, pleurent, et surtout perdent leur langue de bois devant un Evans mesuré qui pose des questions judicieuses. C’est peut-être un format cruel, mais le résultat fait fureur. D’ailleurs, une version québécoise de la série, Hot Ones Québec, a vu le jour sur la plateforme Illico Plus l’an dernier.

« On avance que la douleur causée par les aliments pimentés déclenche la libération d’endorphines, les « opiacés » du corps ».

Accumulant des millions de vues à chaque épisode, Hot Ones est aujourd’hui une plateforme unique pour les producteurs de sauce piquante. On imagine bien l’attrait commercial d’un simple wow lancé par un invité comme Owen Wilson. Piko Peppers a eu ce mérite deux fois, sur les saisons 19 et 26 avec leurs sauces Piko Riko et Volkano. « Il y a eu vraiment un avant et après, » m’a-t-il raconté. « Toutes les portes qui étaient fermées auparavant, tu les rappelles et ils te disent oui. » Dans un milieu où les habitudes sont bien ancrées, Hot Ones a propulsé leur marque à une notoriété considérable.

Le 30 juillet dernier, La Maison-Blanche a annoncé la fin de l’exception « de minimis » pour les colis à valeur réduite. Cette clause permettait aux entreprises comme la sienne d’éviter les droits de douane pour les petites livraisons aux États-Unis. Pour Jean-Philippe, qui a une clientèle notable au sud de la frontière, ce changement pourrait lui coûter très cher. « C’est surtout pour quelqu’un qui me fait des commandes par mon site Internet, » me précise-t-il. « En ce moment, pour les petits clients, oublie ça. » Le verdict n’est pas prometteur.

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Les impôts du contribuable n’ont pas été payés en vain… https://www.delitfrancais.com/2025/09/17/les-impots-du-contribuable-nont-pas-ete-payes-en-vain/ Wed, 17 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58533 Quelles seront les conséquences du scandale SAAQclic?

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À noter que la plateforme SAAQclic s’est vu attribuer un budget de 638 millions de dollars en 2017, qu’elle aura dépassé de 462 millions en 2027 (1,1 milliard en coûts totaux), selon un rapport de la Vérificatrice générale du Québec.

Permettez-moi de vous proposer cette semaine un format quelque peu inusité : l’opinion-experte. Moins clivante, à défaut d’être véritablement innovante. À mes opinions cinglantes, vous préférerez sans doute des opinions cinglantes, éduquées. Ma cible aujourd’hui : le scandale SAAQclic, un marasme administratif et financier dans lequel se sont égarés près de 500 millions de dollars de fonds publics. Mon expert : Maître Vincent Ranger, spécialiste en droit civil et procureur nommé à la commission Gallant, chargée d’enquêter sur la gestion de la modernisation des services informatiques de la Société de l’assurance automobile du Québec.

Évidemment, il est tenu à l’impartialité. Personne ne comprend mieux que lui les rouages de cette commission d’enquête ; je m’en suis donc tenu à sa compréhension de la procédure pour bâtir mon opinion. Cet article sera scindé ainsi : une pure présentation de faits suivie d’une envolée cynique, pour laquelle je prends l’entière responsabilité. Je m’assagis, sans doute. Je vous laisse donc, en premier lieu, décortiquer notre échange.

L’entrevue

Le Délit (LD) : Quelle forme de justice représente une commission d’enquête, et de quels pouvoirs est-elle investie?

Vincent Ranger (VR) : Une commission relève du pouvoir exécutif et non de la branche judiciaire de l’État, et n’a donc pas pour objectif d’arriver à un verdict ou une condamnation. Elle ne tranche pas de litige. Elle s’apparente davantage à une enquête qu’à un procès, et le travail du procureur se fond davantage dans le rôle d’un enquêteur.

LD : Quelle est donc votre responsabilité en tant que procureur? À quoi êtes-vous tenu dans la défense des intérêts des Québécois?

VR : Les audiences de la commission et l’entièreté de son contenu sont disponibles pour consultation publique. C’est l’objectif même d’une commission. Mon travail, c’est de présenter les bons documents et de décider d’une ligne directrice des interrogatoires pour assurer de brosser le portrait le plus complet possible de la situation.

LD : Comme procureur, que pouvez- vous nous dire sur le déroulement de la commission? Dans les témoignages publics, quel semble être le message principal?

VR : Je suis tenu à l’impartialité la plus stricte, et je ne peux donc formuler de commentaires sur la procédure en cours. Toute prise de position pourrait sembler éditoriale, et cela est strictement interdit d’un point de vue éthique. Je vous propose par contre d’aller consulter le site web officiel de la Commission, qui regroupe tous les témoignages et les preuves déposées durant les commissions.

LD : Que risquent les acteurs impliqués du gouvernement à l’issue de la commission? Je pense notamment à des ministres très influents comme Geneviève Guilbault, François Bonnardel ou même notre premier ministre, François Legault.

VR : Encore une fois, il est important de préciser que la commission ne prévoit pas de sanctions, pénales ou civiles. Son seul objectif est de dresser un rapport construit par les témoignages des acteurs impliqués et de formuler des recommandations. La commission est une demande du pouvoir exécutif, et son rapport pourra être décortiqué par des groupes d’opposition ou des organisations diverses.

LD : Quelles sont les dates clés dans le déroulement de la commission Gallant? Comment va se conclure cette saga quelque peu sensationnaliste?

VR : Pour ce qui est des conclusions durapport, je ne peux rien divulguer. Par contre, je rappelle que la date du dépôt du rapport est fixée pour le 15 décembre 2025 – date qui devrait aussi signifier la dissolution de la commission d’enquête. La suite des choses dépendra de la réception du public et des acteurs de la société civile. Il faudra aussi voir ce qu’en dira le pouvoir exécutif qui a demandé cette commission, et ce qu’il fera des recommandations formulées.

« À quand un système politique au sein duquel nos élus n’oseraient jamais prélever ne serait-ce qu’un dollar appartenant au contribuable sans en justifier la raison? »

L’opinion

Avouez qu’une entrevue avec ce procureur tenace et sympathique, ça crédibilise quelque peu mes opinions de frustré compulsif. Malgré son discours très neutre, on comprend que, pour qu’une situation fasse l’objet d’une commission telle que celle-ci, il faut quand même un scandale d’une certaine ampleur. J’admets que j’ai confiance en sa capacité à faire poindre la vérité des tréfonds de ce bourbier de partenariats public-privé truffé d’attributions de contrats à la valeur douteuse. Mais bon, là n’est pas la question.

Ils en on fait quoi de mon argent? De notre argent? C’est ce que chaque Québécois qui a financé cette initiative en payant ses impôts à reculons se demande. De ce que j’en comprends (et vous l’avez lu comme moi), la commission n’aboutira qu’à une suggestion, une humiliation publique de quelques figures emblématiques d’une administration caquiste de plus en plus impopulaire. Au lieu du bûcher, ce sera le pilori. On en fait quoi, de ce rapport? C’est enrageant de penser que les élus impliqués dans une négligence criminelle déprimante (ou un détournement volontaire) des finances de l’État s’en tireront sans aucune sanction tangible.

Cette immunité est un enjeu qui semble faire l’objet d’une considération cyclique, mais éternellement stérile. À l’occasion de la commission Charbonneau, en 2011, le public avait été sidéré par la corruption qui gangrenait alors le secteur québécois de la construction. Avait suivi un débat sociétal, politique et judiciaire qui s’était achevé par quelques sanctions financières, quelques destitutions, quelques démissions d’élus en disgrâce. Quelques emprisonnements anecdotiques. Mais c’est tout. Pas très cathartique. La preuve : on est aujourd’hui au même endroit, à quelques détails techniques près, qu’il y a quinze ans. Des élus qui contournent (plus ou moins habilement) les règles éthiques et les formalités d’attribution des contrats pour favoriser leurs amis. « Un chum, c’t’un chum », disait-on à l’époque. La formule est toujours d’actualité.

L’appât du gain y est certainement pour quelque chose. Mais enfin, combien d’Unités permanentes anticorruption (UPAC) allons-nous devoir créer pour empêcher nos élus de profiter de nous! Pourquoi est-ce que ça prend cinq, dix ou quinze ans avant que l’on se rende compte qu’on a été complètement floués! À quand un peu de responsabilisation? À quand un système politique au sein duquel nos élus n’oseraient jamais prélever ne serait-ce qu’un dollar appartenant au contribuable sans en justifier la raison?

De mon côté, je suis allé voir quelques extraits des témoignages de nos grands dignitaires démocratiques. Quelle honte! C’est à croire qu’on a élu une bande d’amnésiques aphasiques. Personne ne se parle, personne ne peut se rappeler exactement un échange ou une conversation, personne n’est au courant de rien. On ne se souvient pas des montants, des contrats, des courriels. On ne se souvient de rien. La devise du Québec en devient presque ironique.

Heureusement que les procureurs font un travail admirable. Ils sont le seul pont qui peut bien nous rattacher à une certaine vérité. Mais leur exemplarité a des limites. Leur travail herculéen ne produira qu’un rapport. Un maudit rapport.

Si vous me le permettez, je réponds d’office à ma propre interrogation. Quelles seront les conséquences du scandale SAAQclic? Si on se fie à notre modus operandi, un autre SAAQclic, dans quinze ans. Préparez-vous, pendant que vos futurs élus ourdissent déjà des plans pour contourner les réglementations factices proposées comme baume sur la plaie publique. Ne soyez pas surpris quand vous apprendrez que, pour une énième fois, les intérêts d’une caste dirigeante intouchable priment sur les vôtres. En 2039–40, si mes calculs se révèlent exacts.

462 millions. Quand même, il y a de quoi se laisser corrompre. Il y a de quoi trahir son peuple.

Et puis, comble de l’ironie, SAAQclic n’est pas foutue de fonctionner correctement!

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Willow, la nouvelle mascotte de McGill? https://www.delitfrancais.com/2025/09/17/willow-la-nouvelle-mascotte-de-mcgill/ Wed, 17 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58529 Depuis la rentrée, le chien câlin fait craquer McGill.

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D’Open Air Pub au Pôle de bien-être étudiant (Wellness Hub), plus d’un mcgillois a déjà joué, caressé ou même posé pour une photo avec Willow. Mais qui est donc cette chienne qui fait craquer tout McGill depuis la rentrée?

Willow Rosenberg est une chienne de dix-huit mois certifiée chien de thérapie et de soutient émotionnel. Sa popularité s’est rapidement bâtie au fil de ses promenades sur le campus du centre-ville, mais également et surtout grâce à ses séances régulières au Pôle de bien-être étudiant. Chaque lundi et jeudi, de 13h à 14h30, elle accueille des dizaines d’étudiants venus chercher un moment de réconfort, un public qui grandit jour après jour. Devenue en quelques semaines une véritable petite célébrité, Willow a été adoptée comme mascotte par plusieurs clubs et a même été interviewée par McGill. Elle accumule maintenant plus de 300 abonnés sur son compte Instagram : @little.miss.morkie.

Le maître de ce projet – et de cette boule de poils – se nomme William Rosenberg, avocat montréalais engagé pour la santé mentale. Rosenberg a découvert l’importance des chiens de thérapie en lisant un article sur les bienfaits des animaux d’assistance dans la réduction du stress chez les jeunes adultes. Inspiré, il a décidé de se lancer dans l’aventure avec son propre chiot, dès ses premiers mois. Rapidement, il a entamé les démarches de formation et de certification pour que Willow puisse intervenir en milieu universitaire.

Quant au nom de la chienne, William l’a choisi en clin d’œil à son propre nom, mais également à celui du personnage de Willow Rosenberg dans la série télévisée culte Buffy the Vampire Slayer. Il s’agit d’une héroïne reconnue pour sa douceur, sa loyauté et sa capacité à apaiser les tensions : des qualités qu’il retrouve chez sa chienne.

Entre le dévouement de William et le charme irrésistible de Willow, le duo montre comment un simple geste – la caresse d’un chien – peut renforcer la santé mentale et tisser des liens sur tout un campus.

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Quand olympien·ne·s et mcgillois·e·s se croisent https://www.delitfrancais.com/2025/09/17/quand-olympien%c2%b7ne%c2%b7s-et-mcgillois%c2%b7e%c2%b7s-se-croisent/ Wed, 17 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58526 13e édition montréalaise de Jackalope!

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Du vendredi 12 au dimanche 14 septembre, Jackalope a pris place sur le quai Jacques-Cartier. Près de 150 athlètes venu·e·s des quatre coins du monde étaient réuni·e·s à l’occasion du plus grand festival de sports d’action du Canada. Le Vieux-Port de Montréal a pris des airs de village sportif, ponctué de boutiques éphémères, de stands de nourriture et d’ambiance musicale. Toute la fin de semaine, des tournois et ateliers d’initiation à l’escalade de bloc, à la planche à roulettes et à la callisthénie se sont succédé.

La planchiste (skateuse) australienne Arisa Trew figurait parmi les têtes d’affiche. L’année dernière, à tout juste quatorze ans, elle s’était hissée à la première place du podium de l’épreuve de park lors des Jeux olympiques de Paris, devenant ainsi la plus jeune médaillée de cette édition. En juin 2023, elle était la première femme à parvenir à réaliser un 720, figure emblématique de sa discipline, en compétition. Samedi après-midi, elle remportait les qualifications féminines en skateboard sur rampe à Jackalope.

Si plusieurs dizaines d’athlètes professionnel·le·s étaient présent·e·s, le festival a su rassembler des passionné·e·s de tous niveaux, et de tous âges! Les adhérent·e·s du Club d’escalade de McGill ayant pris part à la compétition ont décroché les 18e et 33e places en catégorie ouverte, et les 5e, 7e, et 11e places en catégorie récréative. Une sous-division U7 a été mise en place pour ouvrir les tournois aux plus jeunes.

L’événement, gratuit et ouvert à tous·tes, célébrait sa 13e édition à Montréal. Cet été, les éditions de Virginia Beach et de Mississauga avaient mis à l’honneur d’autres pratiques de sports d’action.

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Quand la ferveur sportive côtoie la colère militante https://www.delitfrancais.com/2025/09/17/quand-la-ferveur-sportive-cotoie-la-colere-militante/ Wed, 17 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58522 Pogačar offre la victoire à McNulty lors d’un Grand Prix de Montréal sous haute surveillance.

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Des dizaines de milliers de spectateurs, le ciel bourdonnant d’hélicoptères ; Montréal est devenue, le temps d’une course, la capitale mondiale du cyclisme. Ce dimanche 14 septembre s’est tenu le Grand Prix Cycliste de Montréal : cinq heures de course et 17 boucles autour du Mont–Royal, pour un total de 209 kilomètres et 4 500 mètres de dénivelé. À l’affiche, des grands noms du cyclisme, tels que Tadej Pogačar, Wout van Aert ou encore le français Julian Alaphilippe, vainqueur de l’étape ayant eu lieu à Québec deux jours auparavant.

Le départ est donné à 10h30, les coureurs s’embarquent alors dans des heures de course effrénée. Ce parcours présente un profil redoutable, avec notamment la côte Camillien-Houde (1,8 km à 8%) et celle de Polytechnique (780 m à 6% avec des passages à 11%). Un terrain taillé pour les « punchers », ces coureurs explosifs capables de répéter des attaques violentes dans de courtes montées raides tout en tenant la distance. C’est logiquement le slovène Pogačar, tenant du titre du Tour de France, qui est érigé en favori avant la course.

Un climat tendu en bord de route

Alors que tout semble réuni pour offrir un spectacle mémorable aux spectateurs et téléspectateurs, un étrange climat plane sur cet évènement. En effet, une des 23 équipes participant à cette étape divise fortement : Israel-Premier Tech. Durant tout le long de la course, des centaines de drapeaux palestiniens ont fendu les airs, soutenus par les chants incessants des manifestants. Le Délit s’est entretenu avec une des manifestantes, Lillah, Montréalaise de confession juive, arborant une pancarte avec inscrit « Jews with Palestine ». Interrogée sur ses motivations, Lillah déclare : « L’équipe Israel-Premier Tech est complice du génocide en cours à Gaza. » Elle dénonce notamment la proximité du milliardaire et président de l’équipe, Sylvan Adams, et du premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.

L’activiste estime que l’équipe fait du « sports washing », pratique visant à restaurer l’image d’Israël à travers le sport. Elle souligne également le fait que l’Union cycliste internationale ne se soit pas opposée à la participation de l’équipe à ses compétitions, alors que la Russie a par exemple été bannie en tant que nation des Jeux olympiques de Paris en raison de la guerre en Ukraine. Lillah conclut : « On ne laissera pas Israel-Premier Tech utiliser les routes montréalaises pour faire la promotion d’un génocide. » Différents collectifs ont demandé aux autorités municipales d’exclure l’équipe qui, cédant aux importantes pressions, s’est renommée « IPT » le 11 septembre.

Une sécurité renforcée après la Vuelta annulée

Une tension palpable était observable entre manifestants et forces de l’ordre, empêchant tout militant de se rapprocher des barrières de la course. Un dispositif important à été déployé pour faire face au risque de débordements : drones, brigades équestres, forte présence policière… Cette pression sur la sécurité de l’événement s’explique par les perturbations survenues lors de la dernière étape de la Vuelta à Madrid, annulée suite à l’envahissement du tracé par des centaines de militants propalestiniens.

Jeanne, spectatrice, confie son ambivalence : « Je comprends les causes de cette manifestation, mais cela gâche un peu la fête, j’espère qu’il n’y aura pas de débordements. » La course a pu être menée à son terme sans entrave de la part des manifestants, Tadej Pogačar a offert la victoire à son coéquipier Brandon McNulty au bout de 5h14 d’effort. Le slovène, fort de 16 succès cette année a laissé passer McNulty devant lui, marquant le premier succès de sa carrière. Cette victoire est la 85e de l’équipe UAE Team Emirates cette saison, confirmant la domination écrasante de la formation émiratie sur le peloton mondial.

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Vos prochaines sorties https://www.delitfrancais.com/2025/09/17/vos-prochaines-sorties-2/ Wed, 17 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58515 Événements à venir sur le campus et à Montréal.

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SOIRÉE DJ: SÉLECTEURS
Sélecteurs est une série d’événements musicaux à l’initiative du collectif montréalais Analog Volts. Ce jeudi, venez assister aux mix de DJing de quatre artistes, mêlant vinyles et ambiance électronique. La soirée aura lieu en plein air et est gratuite à tou·te·s.
Quand: Jeudi 18 septembre 2025, de 17h à 22h
Où: Place du Village

FOOTBALL: REDBIRDS CONTRE CARABINS (UDEM)
Les Redbirds de McGill affronteront les Carabins de l’Université de Montréal dans un match de Football. Le 6 septembre, Alex Suprenant a annoncé les six nouveaux capitaines de l’équipe de McGill pour la saison 2025.
Quand: Vendredi 19 septembre, à 19h
Où: Stade Percival-Molson

ARTMARKET
Rendez-vous Galerie Livart sur le Plateau pour une soirée riche en rencontres. ArtMarket est une exposition exclusivement pensée par des artistes féminines pour mettre à l’honneur leurs travaux et créations. Parmi d’autres, l’illustratrice et graphiste Laurianne Choquette et la peintre Malak Sbihi seront présentes.
Quand: Vendredi 19 septembre, de 16h à 22h
Où: Galerie Livart

SPECTACLE D’EADSÉ
Dans les prochains mois, le théâtre Outremont accueillera sur sa scène les Révélations Radio-Canada 2025–2026. C’est Eadsé, une auteure-compositrice-interprète wendat, qui ouvrira le bal le jeudi 25 septembre. Elle explore
dans ses chansons des thèmes comme la guérison et le lien aux ancêtres.
Quand: Jeudi 25 septembre, à 20h
Où : Théâtre Outremont

SOCCER : MARTLETS CONTRE GAITERS (BISHOP’S)
Les Martlets de McGill affronteront dans un match de soccer féminin les Gaiters de l’Université Bishop au stade Percival-Molson ce dimanche 21 septembre.
Quand: Dimanche 21 septembre, à 13h
Où: Stade Percival-Molson

MARATHON DE MONTRÉAL
Les Marathon et Demi-marathon Beneva de Montréal auront lieu ce dimanche 21 septembre. Le départ est prévu à 7h45 au parc Jean-Drapeau. Les épreuves du 10 km, 5 km, 1 km et Le Mile se tiendront la veille. Vous pouvez venir soutenir les coureur·euse·s aux stations d’encouragement situées aux quatre coins de Montréal!
Quand : Dimanche 21 septembre, à 7h45
Où : Départ du parc Jean-Drapeau

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On est dans un Trip https://www.delitfrancais.com/2025/09/17/on-est-dans-un-trip/ Wed, 17 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58512 Quand les années 60 reviennent à la mode.

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Lunaire, voilà comment résumer la pièce Trip de Mathieu Quesnel, présentée au théâtre La Licorne du 2 au 26 septembre 2025.

Déjà, commençons par le synopsis : une jeune femme nommée Lucie Sauvé D’Amours (LSD) rejoint un groupe d’entraide, inspirée par la Beat Generation, qui produit chaque année une performance théâtrale. Cette fois-ci, elle y amène son père, son psychologue et sa médium, afin de mettre en scène un spectacle qui célèbre la contre-culture des années 1960, l’anticapitalisme, le mouvement hippie et, bien évidemment, les psychédéliques. Le groupe théâtral est composé de 10 à 15 personnages loufoques et extravertis qui nous en mettent plein la vue pendant deux heures.

Dès que vous entrez dans la salle de spectacle, deux punchs aux fruits vous sont offerts : un « avec » et un « sans » drogue. D’emblée, l’importance des psychédéliques est plantée, pour le plus grand bonheur du public qui vide la carafe « avec » drogue. Le spectacle débute avec les comédiens répartis dans les quatre coins de la salle qui nous accueillent. Les mots de bienvenue sont orchestrés : l’un prend la parole en même temps qu’un autre, un comédien succède à un autre, créant un effet de chorale. Bref, pendant cinq à dix minutes, on se perd et on s’étonne dans cet univers qui deviendra bientôt beaucoup plus lunaire.

On revient bien vite aux fameux psychédéliques! Les comédiens révèlent qu’en réalité, ils ont inversé les noms des boissons : le « sans drogue » était en fait « avec drogue »… Grand éclat de rire et petite frayeur dans la salle. Les deux heures qui suivent sont, pour moi, ce qui se rapproche le plus d’une expérience psychédélique. Personnages loufoques, lumières stroboscopiques, transformation de tous les comédiens en Lucie Sauvé d’Amours, caméra qui inclut le public dans le spectacle (moi y compris, oui, oui).

Au cours de la pièce, on n’apprend pas réellement à connaître les personnages au-delà de leurs noms. Un choix intentionnel j’en suis sûre, faisant allusion au flou psychédélique que la pièce veut nous faire découvrir. Le déroulement du spectacle est façonné autour de la jeunesse de Lucie, de sa relation avec ses parents et de son entrée dans la vie adulte.

Ce qui rend cette pièce encore plus difficile à suivre, c’est qu’on ne sait pas toujours si l’on assiste aux préparatifs de la pièce avec Lucie et ses compagnons, ou bien au film de sa vie, projeté à son arrivée au purgatoire. Il est compliqué de comprendre exactement ce qui se passe, mais on saisit que Lucie meurt et qu’il revient désormais au jury, nous le public, de décider si elle a le droit de se réincarner dans sa prochaine vie. Cette confusion constante est difficile à digérer. Aimons-nous ce sentiment d’être perdu ou avons-nous plutôt l’impression d’avoir assisté à des répétitions théâtrales pendant deux heures? Pour ma part, c’est la deuxième option : j’avais le sentiment que le spectacle n’aboutissait jamais vraiment, chaque fois interrompu par un changement de sujet destiné à capter l’attention du public.

La pièce s’inspire fortement de l’esprit des années 1960, de Neal Cassady, de Jack Kerouac et des Merry Pranksters. On sent la volonté des comédiens de faire revivre cette époque : la liberté sexuelle, le rejet des règles établies, le « fuck » au capitalisme, ponctué de petites piques lancées au gouvernement Legault actuel. Malgré tout, ces sujets ne sont abordés qu’en surface, cherchant davantage à reproduire l’esthétique des années 1960 qu’à réellement prêcher les valeurs qui y étaient défendues.

Cette pièce, qui met en valeur de talentueux comédiens québécois, m’a transportée dans un univers psychédélique. Le jeu des comédiens était remarquable, très interactif avec le public, et, surtout, ils semblaient prendre un réel plaisir à être sur scène. On se questionne pendant deux heures sur ce qui se passait, résultant en un public désorienté vivant réellement un trip. Évidemment, cette intention de désorienter le public, c’est bien là le but de la pièce. Les comédiens et le metteur en scène ont réussi à créer cette expérience de folie et d’incompréhension pour le public. Cependant, au-delà de l’euphorie instantanée, je n’ai pas l’impression d’avoir été marquée par les thèmes et messages évoqués de la pièce. Bref, je peux vous dire que j’ai bien vécu un samedi après-midi lunaire.

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Fauchés mais affamés https://www.delitfrancais.com/2025/09/17/fauches-mais-affames/ Wed, 17 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58509 Un guide gastronomique des bonnes adresses autour du campus.

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Café & casse-croûte

Anti-café
Ce café se situe près de la Place des Arts. Pour y aller, attention à ne pas se tromper de porte : l’entrée, cachée entre deux boutiques, est en haut d’un petit escalier aux murs tapissés de posters. On y est accueillis par une bonne odeur de café, d’épices et de chocolat. Ambiance vintage, sol en parquet, plantes aux coins de la pièce… Mais ce qui fait la particularité de ce café, c’est le mode de paiement. En effet, ici on paye à l’heure, et non à la consommation. Plus le temps passe, plus le prix baisse – rester toute la journée ne dépasse pas les 15$!

Caffetteria Café/Bar
Adresse pour les amateurs de café! Dans cet établissement italien, on ne rigole pas avec la boisson. Les grands cafés américains avec des glaçons et du lait, c’est tabou. Ici, l’espresso est torréfié en Italie et infusé à l’aide de machines traditionnelles. À moins de cinq minutes à pied des portes Roddick, on y vient pour déconnecter car il n’y a pas de wifi! Il y a par contre une jolie terrasse bordée de plants de basilic, et une salle à l’intérieur qui nous transporte dans les années 90 de par son carrelage en échiquier et ses murs bleu turquoise.

Café Santropol
Proche du ghetto de McGill, ce café se situe à l’intersection des rues Saint-Urbain et Duluth. Décoration magnifique, un peu bobo et très fun. Il y a même une cour intérieure et une véranda pour ceux qui veulent s’installer près des plantes. Ici on sert du café, des sandwichs et autres plats réconfortants. Il est également possible de travailler à l’intérieur, où il y a du wifi et de grandes tables.

Midi à l’Université…

Hot-Dog Guy
Comment faire un article sur la gastronomie de McGill sans mentionner le stand de hot-dog? Situé en plein milieu du campus, il est impossible de rater la longue file qui s’étend derrière cette petite installation. Son succès ne se dément pas ; après avoir obtenu la base (pain et saucisse, au choix) on peut y ajouter autant de garnitures que l’on souhaite.

Japote
Caché à l’intérieur du Centre Mont-Royal, en face de la rue McTavish, se trouve un petit restaurant japonais. Le chemin pour y aller peut sembler étrange – il faut entrer dans le Centre qui ressemble à une banque désaffectée, puis descendre au niveau métro – mais une fois en bas, impossible de le rater. Les plats viennent en trois tailles, aucune ne dépassant les 12$. Service rapide et efficace ; mieux vaut avoir prévu quoi commander avant d’approcher le comptoir!

Curry Mahal
Ce restaurant se trouve sur le boulevard Saint-Laurent, à quelques minutes du stade Percival-Molson. La façade peut paraître un peu délabrée et démodée, mais il ne faut pas s’y tromper – la nourriture est fameuse. Les plats sont faits maison, les portions copieuses, et les prix tournent autour des 9$ à 12$. On y trouve des biryanis, du naan, du lassi…

Midnight Kitchen
Midnight Kitchen est une organisation caritative qui propose des repas gratuits pour les étudiants mcgillois
qui en ont besoin. Menus véganes, avec plat et dessert ; ce programme ouvre le jeudi 18 septembre et continue
chaque jeudi pendant l’année, à quelques exceptions près.

Nouilles Zhonghua
Situé juste devant les portes Roddick, ce restaurant fait aussi partie des incontournables. Plutôt petit, il faut faire attention à ne pas y aller à l’heure de pointe, ou il risque d’y avoir une longue file. Et c’est pour une bonne raison! Ce sont parmi les meilleurs plats de nouilles à Montréal ; tout est fait maison, et on peut même apercevoir les cuisiniers travailler la pâte pour former les nouilles.

Épicerie et produits frais

Le marché fermier de McGill
Un marché s’installe tous les jeudis sur la rue McTavish. Vendeurs de thés, traiteurs indiens ou caribéens, on trouve un peu de tout. Il y a notamment des producteurs locaux, dont le « Mac Market », qui vend des fruits
et légumes venant du campus Macdonald. Le système Community Supported Agriculture (CSA) permet quant à lui de commander en ligne des paniers – grands, petits ou très petits– de produits frais de la saison, à venir récupérer en personne.

Épicerie Segal
Cette épicerie est à ne pas manquer pour les habitants du Plateau–et tous les curieux qui veulent faire des économies! Loin des prix élevés des grandes surfaces comme Metro ou IGA, Segal propose une variété de produits frais de saison à des prix concurrentiels. Ne vous fiez pas à la façade, et entrez – ça en vaudra la peine.

La rédaction du Délit vous partage ses plans bon marchés pour manger à Montréal!
Vincent : Romados – délicieux sandwichs au poulet portugais pour 8,99$, et pasteis de nata à 2,50$.
Toscane : 5$ la portion de gnocchi? Rendez-vous à Drogheria Fine dans le Mile End.
Lara : Code 8642 pour une réduction de 40% chez Domino’s Pizza les lundis. Commandez en ligne, seulement pour emporter.
Elie : L’application TooGoodToGo pour manger à petit prix tout en limitant le gaspillage!
Antoine : Al-Amine sur Lacombe – 2 pointes et une boisson pour 6,95$.
Stu : Opiano vous sert de la merveilleuse nourriture coréenne!
Eugénie : Portugalia – cuisine portugaise en quantité généreuse à bas prix!
Layla : Lee N Kim – onigiris copieux pour 5$.
Rose : Pho Hao – soupes pho à bas prix!
Valentin : Zeez – meilleurs burgers de Montréal.
Jiayuan : Amener son propre lunch!
Eileen : J’aime Sushi sur Saint-Denis.
Matthieu : Rien n’est pas cher dans cette économie.
Juliette : Patati Patata – burgers à 5$ et brownies maison pour 3,50$.

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L’ambiguïté des relations entre les Premières Nations et McGill https://www.delitfrancais.com/2025/09/17/lambiguite-des-relations-entre-les-premieres-nations-et-mcgill/ Wed, 17 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58506 Le projet Nouveau Vic réveille les tensions historiques entre l'Université et les communautés autochtones.

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La présentation du Projet « Nouveau Vic » commence par un court message de reconnaissance historique du territoire, comme la majorité des vidéos promotionnelles de McGill. « L’Université McGill est située sur un territoire qui a longtemps servi de lieu de rencontre et d’échange autochtone. Nous saluons et remercions les divers peuples autochtones qui ont enrichi de leur présence ce territoire accueillant aujourd’hui des gens de partout dans le monde ».

Et pourtant, le projet du Nouveau Vic est un sujet de contention majeur entre McGill et les Mères mohawk – aussi connues sous le nom de Kanien’kehá:ka Kahnistensera. L’organisation soutient que l’ancien hôpital Royal Victoria abrite très probablement des tombes non marquées d’enfants victimes des expériences MK-Ultra, certains étant des enfants autochtones. De 1950 à 1970, des expérimentations psychiatriques ont été réalisées dans cet hôpital, déjà affilié à l’Université McGill. Dans un affidavit, Lana Ponting raconte son expérience de patiente dans l’établissement et les méthodes de torture qu’elle a subies. Selon elle, les individus responsables du programme sont des meurtriers, et elle croit fermement qu’il y a bel et bien des corps enterrés sur la propriété. Le territoire sur lequel a été bâti l’hôpital n’ayant jamais été cédé par ses habitants autochtones, les Mères mohawks revendiquent que les Kanien’kehá:ka en ont encore la juridiction. En 2015, lorsque McGill a annoncé sa volonté de rénover le bâtiment pour en faire une nouvelle branche de son campus, les Mères mohawks ont envoyé une mise en demeure demandant à l’Université de cesser toute invasion, exploitation et atteinte au territoire. S’ensuit une longue bataille légale qui perdure encore aujourd’hui.

« Les individus responsables du programme sont des meurtriers, et elle croit fermement qu’il y a bel et bien des corps enterrés sur la propriété »

Le 13 juin 2025, les Mères mohawks se retrouvent une nouvelle fois devant les tribunaux pour défendre leur cause. Le procureur général du Québec et la Société québécoise des infrastructures (SQI) ont présenté une requête visant à faire rejeter les revendications du groupe autochtone, alléguant que celles-ci seraient « infondées en fait et en droit ». « À ce jour, aucune preuve ne permet de confirmer la présence de sépultures, malgré les recherches menées dans l’ensemble des secteurs d’intérêt identifiés dans le plan de recherche archéologique (tdlr) », a affirmé Anne-Marie Gagnon, porte-parole de la SQI, quelques mois plus tôt. Elle ajoute que tout se déroule « conformément aux recommandations du comité d’experts en archéologie ».

Ce n’est pas un avis que partagent les Mères mohawks, pour qui les démarches archéologiques entreprises par la SQI ont été bâclées. Philippe Blouin, doctorant en anthropologie et accompagnant les Mères mohawks depuis plusieurs années dans ce processus judiciaire, a livré plus de détails lors d’une entrevue téléphonique avec Le Délit. Il rapporte notamment les inquiétudes de l’archéologue mohawk Lloyd Benedict, présent sur le site comme moniteur culturel. Ce dernier critique dans un affidavit « le fait qu’ils n’ont pas tamisé les sols immédiatement, comme l’avait demandé le panel d’experts et comme c’est l’usage en archéologie », explique Philippe Blouin. « Ils les ont laissés pendant plusieurs mois dans de grosses piles, à la merci des éléments. Puis, ils les ont déplacés sur un autre site. Là, les sols ont enfin été tamisés… par de grosses machines utilisées dans le domaine minier. » C’est particulièrement grave dans ce cas-ci, où les ossements pourraient appartenir à des enfants enterrés sans cercueil – soit des ossements fragiles sans protection contre les ravages du temps et de la décomposition, explique le doctorant.

Un rapport obtenu par les Mères mohawk et combinant les résultats de trois moyens de détection – chiens renifleurs, géoradar et plus récemment une sonde spécialisée – semble pointer plus fermement vers la présence de sépultures illégales. Pour elles, la décision de la SQI et du procureur général du Québec de rejeter leurs revendications porte atteinte à leurs droits d’user de leurs terres ancestrales et de protéger les sites de sépultures autochtones. Ce genre d’argument va à l’encontre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

« À ce jour, aucune preuve ne permet de confirmer la présence de sépultures »

Les Mères mohawks ont dû soumettre une réponse à la requête, ainsi que les accusés. Juge Moore n’a pas encore pris la décision de rejeter – ou non l’affaire.

Si l’on observe en détail le message de reconnaissance du territoire avec lequel l’Université McGill introduit sa vidéo, un détail se détache : « Un territoire qui a longtemps servi de lieu de rencontre […] les divers peuples autochtones qui ont enrichi de leur présence ce territoire accueillant aujourd’hui des gens de partout dans le monde. » Tout est écrit au passé, sans tenir compte du fait que ces territoires n’ont jamais été officiellement cédés et que ces individus sont encore vivants. « L’usage du passé composé… c’est comme si ces gens n’existaient plus, souligne Philippe Blouin, alors qu’en fait, il y a trois communautés mohawks majeures à moins de deux heures de route ».

De fait, se renseigner à propos des allégations de sépultures anonymes et des conflits légaux sur le site de McGill n’est pas une tâche facile, surtout si on ne sait pas où, ni quoi, chercher. De même pour les expériences MK-Ultra, qui ne sont mentionnées qu’une demi-douzaine de fois sur le site web de l’Université, et encore plus rarement en détail. Beaucoup sont ceux qui ne sont que vaguement conscients que ces événements ont eu lieu. Il n’est pas rare que des étudiants croient que ce ne sont que des rumeurs, des faits non avérés, ou encore en soient entièrement ignorants. Une étudiante en deuxième année qui n’était pas au courant de ces expériences avant notre entrevue conclut : « C’est important que McGill soit transparente à propos de son histoire et des controverses qui en font partie ; il est crucial d’éduquer et sensibiliser les étudiants. »

McGill maintient néanmoins sa volonté de reconnaître et de respecter « l’héritage [et] l’histoire autochtone du territoire ».

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Karl Moore : l’avenir appartient aux ambivertis https://www.delitfrancais.com/2025/09/17/karl-moore-lavenir-appartient-aux-ambivertis/ Wed, 17 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58502 Et si le leadership de demain ne se résumait plus à l’opposition introverti-extraverti?

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Le lundi 8 septembre, le professeur de gestion Karl Moore, célèbre figure de McGill, a publié son tout nouvel ouvrage We Are All Ambiverts Now. Ce professeur emblématique de la faculté de gestion Desautels est connu pour ses recherches sur les types de personnalité et le leadership. En collaboration avec Gabriele Hartshorne-Mehl, une ancienne étudiante de McGill, Moore propose une nouvelle grille de lecture des comportements de direction, au moment où les entreprises cherchent à conjuguer performance et souplesse.

Son ouvrage part d’un constat simple : la plupart d’entre nous ne sommes ni purement introvertis ni totalement extravertis. Nous sommes « ambivertis (ambiverts) », capables d’adopter tour à tour l’écoute attentive et la communication énergique. Selon Karl Moore, ce profil hybride devient essentiel pour les dirigeants.

Il met en avant l’emergent strategy, une stratégie qui provient des équipes, plutôt que d’être imposée par la direction. Cette approche demande de savoir quand s’effacer pour laisser remonter les idées et quand, au contraire, galvaniser un groupe.

Pour lui, cette alternance entre analyse réfléchie et élan communicatif constitue la clé d’un leadership efficace dans un monde incertain.

Lors de notre entretien, Karl Moore souligne aussi combien les différences culturelles marquent la personnalité : selon lui, l’éducation et l’environnement façonnent les penchants plus ou moins introvertis ou extravertis. Il en déduit qu’un bon leader doit maîtriser les deux registres, savoir être extraverti quand la situation l’exige tout en cultivant des moments d’introversion.

Aux étudiants et jeunes dirigeants, il recommande d’apprendre à identifier et à entraîner ces « modes » complémentaires. L’essentiel, insiste-t-il, est de rester fidèle à soi-même tout en osant la flexibilité et la sortie de sa zone de confort. Karl Moore espère que le concept d’ambiversion aidera non seulement les organisations, mais aussi chaque individu à mieux naviguer dans le monde du travail.

Alors que les campus forment la prochaine génération de décideurs, sa réflexion résonne avec acuité. We Are All Ambiverts Now se présente ainsi comme un guide pour mieux comprendre sa propre personnalité et cultiver la souplesse indispensable au leadership de demain.

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Soccer : les Redbirds n’y arrivent toujours pas https://www.delitfrancais.com/2025/09/17/soccer-les-redbirds-ny-arrivent-toujours-pas/ Wed, 17 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58499 Face aux Citadins de l'UQAM, un score vierge qui n’arrange personne.

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Après un début de saison très compliqué pour les Redbirds de McGill et deux défaites consécutives (3–1 contre l’Université de Montréal et 4–0 contre l’Université Laval), ce match face aux Citadins de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) était l’occasion idéale pour se relancer à domicile. Portée par un public engagé, l’équipe de McGill, alignée en 4–3‑3, s’est montrée entreprenante et n’a pas démérité.

0’ Les Citadins engagent la partie. Aucune équipe n’arrive à imposer son rythme.

13’ Première occasion majeure pour McGill après un exploit individuel d’Elay Chartouni. Les Redbirds prennent des risques et laissent des trous, permettant à l’attaquant de l’UQAM de se retrouver face au gardien. Il pousse trop son ballon et c’est capté. McGill s’en sort très bien.

39’ McGill lance plusieurs assauts. Le jeu penche fortement à gauche depuis le début de la partie. De l’autre côté, grosse frayeur pour la défense mcgilloise sur un centre à ras de terre qui traverse la surface.

41’ Un Citadin s’écroule devant la cage de McGill. L’arbitre ne bronche pas.

46’ Les Redbirds reviennent des vestiaires avec un nouveau visage. Le jeu passe enfin à droite, et sur un centre mal géré par la défense des Citadins, Romain Dallery contrôle et reprend en demi-volée. Superbe parade du gardien.

51’ Encore un centre de la droite, repris en force au second poteau par Samuel Armstrong-Giroux. Le gardien claque le ballon au-dessus de la barre transversale.

62’ Alors que l’ailier gauche des Citadins part seul face au but, il est rattrapé par un excellent tacle d’Esteban Roy, auteur d’une très bonne seconde période.

70’ Plusieurs changements des deux côtés pour entamer la fin du match. Le jeu s’enflamme et les fautes se multiplient.

82’ Luke Rosettani s’écroule dans la surface de l’UQAM. Arbitrage à l’anglaise, pas de penalty.

87’ Nouveau litige dans la surface. Cette fois c’est Nassim Kemel qui est à terre. Toujours rien selon l’arbitre.

88’ C’est maintenant dans la surface de McGill que cela se passe. L’arbitre est clair, pas de penalty.

90’ Encore un joueur à terre dans la surface des Citadins. Lefika Noko est bousculé dans sa course. L’arbitre ne bronche toujours pas.

90+4’ Retour au vestiaire pour les deux équipes. Match nul donc, mais ouvert et contesté. Au classement, les Redbirds et les Citadins ramènent chacun leur premier point de la saison. Un score vierge mais rassurant pour une défense qui a concédé sept buts en deux matchs. Toutefois, c’est un manque d’efficacité offensive qui se prolonge (un but en trois matchs). Les Redbirds ont des leçons à retenir, et la seconde mi-temps pourra servir de référence pour les matchs à venir.̸

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La France face à l’impasse politique https://www.delitfrancais.com/2025/09/17/la-france-face-a-limpasse-politique/ Wed, 17 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58495 À Matignon, un nouveau premier ministre pour tenter de briser l’instabilité.

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Le mardi 9 septembre, dans une ambiance des plus tendues, l’Assemblée nationale française a voté la chute du gouvernement de François Bayrou. À 19h, ce dernier avait sollicité un vote de confiance sur la question du budget national, qui a été rejeté par une majorité écrasante – 194 députés pour, et 364 contre. La nomination du nouveau premier ministre Sébastien Lecornu a été annoncée dès le lendemain, dans un contexte d’inquiétude grandissante sur le sort de la politique française. Au sein d’une Assemblée nationale divisée en trois depuis un an, les gouvernements successifs n’arrivent pas à légiférer de manière stable. Afin de mieux comprendre les mécanismes ayant mené à cette crise, le Délit s’est entretenu avec Julien Robin, doctorant en science politique à l’Université de Montréal.

Élections législatives de 2022

En juin 2022 ont eu lieu les élections législatives françaises, au cours desquelles les citoyens élisent les députés qui forment l’Assemblée nationale. À cette occasion, Emmanuel Macron perd la majorité absolue qu’il détenait depuis 2017 ; une situation qui, selon Julien Robin, se préparait dès son premier mandat. Celui-ci avait été marqué par « une série de crises successives – mouvement des gilets jaunes, pandémie de la COVID-19, guerre en Ukraine – à laquelle s’étaient ajoutées des crises internes, comme l’affaire Benalla ». Robin souligne également la montée d’une tripolarisation de la vie politique française, processus qui a favorisé l’élection d’un nombre inédit de députés d’extrême droite lors de ces législatives. Privé de majorité, le gouvernement s’est retrouvé fortement fragilisé, mais tente malgré tout de gouverner, notamment par l’usage record de l’article 49.3* de la Constitution. Mais, comme le note Robin, « on a eu la mauvaise méthode pour former un gouvernement » : au lieu de construire un compromis sur des bases partagées entre les partis, l’exécutif a choisi de se focaliser sur la désignation des premiers ministres, qui se sont succédé rapidement. Dans un régime parlementaire affaibli, la logique voudrait d’abord que l’on négocie un socle d’accord politique, avant de désigner un chef de gouvernement capable d’incarner ce consensus. Macron a fait l’inverse : il a nommé des premiers ministres en espérant que l’Assemblée suivrait, une stratégie qui s’est révélée inefficace selon Robin.

Dissolution de l’Assemblée nationale en 2024

En juin 2024, après la victoire du Rassemblement national – parti d’extrême droite – aux élections européennes, Emmanuel Macron décide de dissoudre l’Assemblée nationale, entraînant de nouvelles élections législatives. Il cite « la montée des nationalistes et des démagogues », qu’il considère comme « un danger pour notre nation ». Robin rappelle que la dissolution est avant tout « un outil pour résoudre une crise » ; or, au moment où Macron dissout l’Assemblée en 2024, il n’y avait pas réellement de crise politique en France. Selon lui, le gouvernement de Gabriel Attal aurait tout à fait pu poursuivre sur sa lancée sans l’action « absurde » du président. « Au lieu de régler une crise, Macron en a créé une nouvelle », explique-t-il. En effet, la nouvelle configuration parlementaire, dominée par une opposition renforcée entre un bloc d’extrême droite en pleine ascension (143 députés), une gauche rassemblée autour du Nouveau Front populaire (182 députés) et une majorité présidentielle affaiblie (168 députés), rend désormais toute gouvernance stable extrêmement difficile.

Chute du gouvernement Bayrou

Le 9 septembre, François Bayrou, premier ministre depuis décembre 2024, demande la confiance de l’Assemblée nationale sur la question du budget prévisionnel de 2026. Il explique dans son discours que le déficit budgétaire de la France est si catastrophique qu’il faut agir au plus vite. Sa décision de déclencher le vote de confiance – qu’il finira par perdre – surprend de nombreux observateurs. Pour Julien Robin, la démarche de Bayrou est maladroite : « il voulait poser la question de confiance et discuter [du budget] après ; ce n’est pas la bonne manière de négocier. Normalement, on discute d’abord, puis on conclut par un vote. » Il ajoute que Bayrou avait conscience que le vote ne lui serait pas favorable. « C’était peut-être la meilleure, ou la “moins pire,” sortie possible : poser la question de confiance dès maintenant plutôt que risquer une censure en décembre », explique-t-il.

Nomination du nouveau premier ministre Lecornu

Le mercredi 10 septembre, Emmanuel Macron nomme Sébastien Lecornu comme nouveau premier ministre. Lecornu est issu du camp macroniste ; ce choix s’inscrit donc « dans la continuité des choix de Macron, qui souhaite conserver la gouvernance dans le bloc central ». Cette décision a été fortement critiquée par Jean-Luc Mélenchon, à la tête de la France Insoumise, qui reproche au président de ne pas avoir tenu compte de la composition de l’Assemblée nationale, où la gauche est la première force politique. Robin estime pourtant qu’on « peut comprendre son choix, parce que le groupe central serait plus à même de former un gouvernement – notamment au niveau du budget ». La prochaine étape sera de savoir si Lecornu cherchera à engager des négociations avec les autres forces politiques. L’enjeu essentiel, selon Robin, reste sa capacité à construire des compromis afin de faire adopter le budget de l’année prochaine. À défaut, s’il se contente de présenter un projet sans concertation – à l’image de ce qu’avait fait Bayrou – il s’expose à une censure dès le mois de décembre.

*L’article 49.3 permet au premier ministre de faire adopter un projet de loi sans vote par l’Assemblée nationale.

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Au Texas, le vote latino pèse désormais trois fois moins que le vote blanc https://www.delitfrancais.com/2025/09/17/au-texas-le-vote-latino-pese-desormais-trois-fois-moins-que-le-vote-blanc/ Wed, 17 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58482 Le redécoupage électoral : entre légalité et manipulation démocratique.

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Redessiner les circonscriptions électorales pour s’assurer une victoire aux prochaines élections : c’est la stratégie adoptée le mois dernier par le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott, sous l’impulsion de Donald Trump. Ce procédé, connu sous le nom de gerrymandering ou « charcutage électoral », remet en cause la juste représentation des électeurs et devrait offrir aux républicains entre trois et cinq sièges supplémentaires à la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat de novembre 2026.

Mais qu’est-ce que le charcutage électoral? Est-ce une pratique légale et courante aux États-Unis? Pour comprendre ce phénomène, Le Délit s’est entretenu avec Benjamin Forest, professeur associé au département de géographie et de science politique à McGill.

Rendre « inutiles » les voix du parti adverse

Aux États-Unis comme au Canada, les représentants politiques sont élus selon le modèle des circonscriptions. Le traçage de ces dernières – dont la responsabilité revient aux états – est déterminé par un certain nombre de règles assurant une juste représentation des citoyens : « les circonscriptions doivent par exemple avoir des populations relativement égales, et être contiguës (tdlr) », explique le professeur.

Le charcutage électoral, donc, consiste à « jouer avec ces règles en identifiant la localisation des électeurs du parti opposé, et créer des circonscriptions offrant naturellement une majorité aux prochaines élections ».

Il existe deux stratégies de charcutage, « l’empaquetage » et le « craquage ». « L’empaquetage correspond à concentrer les sympathisants du parti adverse dans une seule circonscription, explique le professeur. Si cela leur assure de gagner la circonscription avec une très haute avance, cela crée beaucoup de voix dites « perdues », qui auraient pu permettre de gagner une deuxième circonscription ». Pour obtenir une majorité, il suffit seulement d’avoir 50% des votes, plus une voix. Les voix supplémentaires n’affectent plus le vote : qu’un parti ait 51% ou 99% des voix, il ne recevra qu’un siège dans la circonscription.

Le craquage, poursuit le professeur, est l’inverse : « C’est diluer les voix du parti adverse dans d’autres circonscriptions, ne leur permettant pas d’atteindre la majorité pour gagner ». Dans les deux cas, si le charcutage est efficacement réalisé, il diminue significativement le poids du vote des sympathisants du parti adverse : leurs votes sont tout bonnement inutiles.

Une pratique légale

Le découpage électoral est historiquement encadré par le « Voting Rights Act » de 1965. Le professeur explique que « cette loi interdit notamment tout charcutage racial, c’est-à-dire discriminant et atténuant le poids électoral des minorités raciales et ethniques aux États-Unis. En revanche, elle n’impose pas de restrictions sur le charcutage partisan – favorisant un parti aux dépens de l’autre ».

L’histoire montre néanmoins une forte corrélation entre vote « racial » et vote « partisan » aux États-Unis, rendant floue la frontière légale entre les deux.

Au Texas, par exemple, le projet de redécoupage des circonscriptions diminuera fortement le poids électoral des minorités latinos et noires : la « valeur » du vote d’un Texan latino est désormais réduite à un tiers de celle d’un Texan blanc, et celle d’un Texan noir à un cinquième.

Un phénomène qui va s’accentuer

Même si le redécoupage électoral ne date pas d’hier, Forest estime qu’il y a eu une augmentation de la pratique au cours des dernières décennies : « Avant les années 1990, le charcutage électoral était une opération complexe, exigeant de nombreux calculs et un temps considérable. Les données démographiques disponibles n’étaient quant à elle actualisées qu’une fois par décennie à la suite des recensements de population ».

À partir des années 2000, l’arrivée des technologies SIG (système d’information géographique) et des ordinateurs modernes a changé la donne : « Aujourd’hui, on peut découper des circonscriptions avec n’importe quel ordinateur portable, et les données démographiques sont bien plus précises. Les états peuvent redessiner leurs circonscriptions aussi fréquemment qu’ils le souhaitent. Il n’y a aucune raison de penser qu’ils ne vont pas redécouper pour l’élection de 2028, puis à nouveau pour celle de 2030. »

À la suite de l’annonce de redécoupage électoral du gouverneur du Texas, plusieurs gouverneurs d’états, dont Gavin Newsom et Kathy Hochul, ont annoncé entamer des procédures similaires dans leurs états, afin de « répondre » à la procédure texane.

« Il est clair que nous sommes dans une guerre de redécoupage électoral », explique le professeur. Une guerre qui, quoi qu’il arrive, endommagera la juste représentation des électeurs américains sur le long terme.

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Vos prochaines sorties https://www.delitfrancais.com/2025/09/10/vos-prochaines-sorties/ Wed, 10 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58461 Événements à venir sur le campus et à Montréal.

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Associations : activité de la rentrée

Les associations étudiantes de sciences politiques (AÉSP), d’économie (ESA), d’histoire (HSA) et d’études en développement international (IDSSA) vous invitent à leur traditionnelle activité sociale de la rentrée pour une soirée remplie de jeux, de questionnaires, de prix, de boissons et de belles rencontres. Les billets seront disponibles via leurs pages Instagram respectives.

Quand : Jeudi 18 septembre à 19h00

Où : Brasserie Brutopia

Sports interuniversitaires

La saison des sports interuniversitaires est officiellement lancée à McGill. Du soccer au football, en passant par le rugby, plusieurs matchs palpitants auront lieu au cours des prochaines semaines.

Rugby : McGill contre Bishop’s le 20 septembre prochain à 19h30.

Soccer masculin : McGill contre l’UQAM le 12 septembre à 20h15.

Soccer féminin : McGill contre l’UQAM le 12 septembre à 18h.

Course : Terry Fox

La Fondation Terry Fox de Montréal organise sa course annuelle le 14 septembre prochain. Terry Fox est un jeune athlète canadien atteint par le cancer qui a traversé le Canada à la course en 1980. Après qu’il eut perdu sa lutte contre le cancer, des courses en son honneur, et ayant pour but de récolter des fonds pour la recherche sur le cancer, ont été organisées annuellement à travers le Canada. La Fondation Terry Fox organisera des courses de 1 km, 2,5 km et 10 km.

Quand : Dimanche 14 septembre

Grand Prix cycliste

La fin de semaine prochaine aura lieu le Grand Prix cycliste de Mont- réal, où les Montréalais auront la chance de voir des cyclistes professionnels s’affronter dans les rues de la ville. Tadej Pogačar, le vainqueur du dernier Tour de France, sera présent. Le départ sera au parc Jeanne- Mance à 10h15. Il consistera de 17 tours autour du Mont-Royal. Cet événement gratuit sera ouvert à tous!

Quand : Dimanche 14 septembre

Théâtre : 12 hommes en colère

Le théâtre Outremont présente 12 hommes en colère, dont la grande première aura lieu le 13 septembre 2025. Ce classique des années 50 met en scène un jury de 12 hommes qui doit décider du sort d’un jeune homme accusé d’homicide. La preuve et les faits réunis contre lui sont accablants. Le verdict qui parait évident ne convainc pas un des membres du jury. La pièce aborde des thèmes tels que la discrimination, les préjugés, la justice, la responsabilité individuelle et la force du collectif.

Quand : Samedi 13 septembre à 20h

JACKALOPE

Pendant trois jours, le quai Jacques-Cartier au Vieux-Port se transformera en scène d’action avec des compétitions d’athlètes professionnels en planche à roulettes et en escalade de bloc. C’est un événement gratuit, ouvert à tous, parfait pour vivre l’adrénaline des sports d’action!

Quand : Du 12 au 14 septembre

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Clic-bip! Le retour des appareils photo numériques. https://www.delitfrancais.com/2025/09/10/clic-bip-le-retour-des-appareils-photo-numeriques/ Wed, 10 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58457 Nostalgie d'une technologie imparfaite.

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Sous-sol animé, musique forte, gobelets rouges partout. Clic-bip! Un petit objet argenté émet un flash brutal : sourires figés, texture granuleuse, yeux rouges partout. C’est le retour des caméras numériques.

Ces appareils compacts très populaires dans les années 2000 ont vite été remplacés par les appareils photo intégrés aux téléphones intelligents que l’on connaît aujourd’hui. Pourtant, une vague de popularité pour ces machines a vu le jour dans les dernières années, s’inscrivant dans la mode Y2K (an 2000). Et peut-être aussi dans une réaction aux esthétiques trop lisses des derniers temps, comme la tendance clean girl, idéalisant une apparence nette et minimaliste.

Une tendance nostalgique

En plus d’être un accessoire distinctif, l’appareil photo numérique apporte quelque chose que le multifonctionnel iPhone ou tout autre téléphone cellulaire n’offre pas : une réponse à un certain besoin de nostalgie. Miya, étudiante à l’Université de Montréal, se reconnaît dans ce sentiment : « J’avais une caméra numérique quand j’étais toute jeune, à cinq ou six ans, avec laquelle je m’amusais beaucoup, sans trop me poser de questions quant à la qualité des images ou de mon cadrage. Le fait de réutiliser aujourd’hui cette même caméra évoque une douce nostalgie. Les photos prises avec une caméra digitale, veut, veut pas, me rappellent l’enfance, et transforment des images parfois banales en souvenirs empreints d’émotions. »

Le coût de la technologie ultra-performante – qui offre une qualité de photos exceptionnelle et une utilisation tellement simple qu’elle en devient automatique – semble être celui de l’authenticité.

Plutôt que de reproduire l’image exactement telle qu’on la voit, on valorise, en choisissant l’appareil numérique, l’émotion derrière la scène. La qualité brute, le flash intense, le grain, le mouvement flou des sujets ; toutes ces imperfections font le charme des photographies. Le hasard trahit une sincérité. Lhassa, étudiant à l’Université McGill, comprend pourquoi ces appareils sont attirants : « Ils donnent un aspect vintage et granuleux aux photos, qui pourrait presque se comparer à l’argentique, mais justement sans les coûts importants de l’achat de pellicules et de leur développement. »

Les technologies rétro comme refuges

Ce retour au rétro n’est pas qu’esthétique : il traduit un mouvement culturel plus large. De plus en plus de personnes réalisent l’ampleur de leur dépendance aux téléphones cellulaires et autres appareils intelligents. L’utilisation grandissante d’appareils photo numériques peut être une échappatoire à cette dépendance, comme l’est celle d’objets dits « analogiques », tels que les vinyles ou les téléphones pliables (flip phones).

On peut aussi expliquer la résurgence des appareils photo numériques par l’état actuel du monde : crise climatique, instabilité politique, évolution fulgurante de l’intelligence artificielle… Les derniers millénariaux, la génération Z et la nouvelle génération Alpha, en début de vie adulte, semblent se tourner vers ce qui leur rappelle leur enfance et le « bon vieux temps », alors qu’ils affrontent un futur incertain.

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Du bison, ça se mange? https://www.delitfrancais.com/2025/09/10/du-bison-ca-se-mange/ Wed, 10 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58453 L’histoire tumultueuse du roi des prairies : d’une liberté absolue aux fermes d’élevage.

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Bison bison, c’est le nom scientifique du majestueux Bison d’Amérique, qui dominait autrefois l’étendue des terres aux États-Unis et au Canada. Il était le plus grand mammifère terrestre du continent, avec une population se chiffrant en dizaines de millions avant l’arrivée des Européens ; ses migrations causaient même des tremblements de terre au Missouri, bien avant les Harley-Davidson! Le bison, c’est l’histoire d’une éradication, d’un gros gâchis, et puis d’une réconciliation limitée. Aujourd’hui, plutôt que de profiter des geysers de Yellowstone ou des vastes étendues du parc national Wood Buffalo en Alberta, la plupart des bisons se trouvent en troupeaux d’élevage. Allons à la rencontre de cet animal longtemps pourchassé.

À première vue, l’image du bison (symbole de liberté, d’insoumission générale aux ordres civils, d’une résilience redoutable) devrait coller parfaitement avec celle des États-Unis. Il a beau être reconnu comme mammifère national du pays, sa reconnaissance par l’État est arrivée bien trop tard. Après la guerre de Sécession, quand il fut temps de construire des rails et d’étaler l’urbanisation vers l’Ouest, le bison faisait obstacle à l’expansion des colons. On ne connaissait pas encore les grèves de la STM, mais les troupeaux de bisons, s’étendant sur plusieurs kilomètres de long, s’avéraient un obstacle de taille pour le transport.

Certes, l’aspect économique a contribué à la chute de leur population. Dans les années 1870, on considérait leur langue comme un mets délicat, et leur cuir comme un produit de valeur. Dès lors, les portes de l’Ouest s’ouvrirent aux chasseurs en quête de fortune. Malheureusement, ce qui a suivi a été une quasi-extinction des bisons sauvages, effaçant 99,9% de leur population. Ce fut un gâchis incalculable : très vite, les seules traces qu’il restait des bisons d’Amérique étaient leurs carcasses en décomposition, souvent laissées presque intactes par les chasseurs.

Le bison, c’est l’histoire d’une éradication, d’un gros gâchis, et puis d’une réconciliation limitée

Et la réponse du gouvernement lorsqu’il fut mis au fait de cette tuerie? Silence. Il faut rappeler que l’extermination du bison facilitait l’appropriation des terres de l’Ouest, notamment en affaiblissant ces nations autochtones si méprisées par la Maison-Blanche. L’éradication du bison a condamné de nombreuses communautés autochtones à une famine orchestrée, détruisant une symbiose ayant duré près de 10 000 ans. Des Comanches aux Lakotas, des plaines du Sud aux plaines du Nord, tout un mode de vie qui avait misé sur le bison depuis des millénaires a disparu.

Élevage de bison

Aujourd’hui, après avoir frôlé l’extinction, le bison vit essentiellement dans des fermes d’élevage commerciales destinées à la consommation. Le Québec en compte au moins une vingtaine. Et la viande elle-même? Elle est réputée pour sa faible matière grasse, sa riche quantité de protéine et son goût plus recherché que d’autres viandes bovines – de quoi mettre les gym bros en liesse.

Son prix, cependant, révèle un produit haut de gamme. Les conditions d’élevage et la disponibilité sont des facteurs qui contribuent à cette viande, constituant seulement 1% du marché de consommation de viande au Canada. Contrairement à d’autres animaux, le bison peut paraître comme un choix « plus naturel». En tant qu’espèce indigène, leur présence est bénéfique à l’environnement, aidant la flore et la faune comme elle a pu le faire pour les Prairies pendant si longtemps. Et, similairement à d’autres animaux d’élevage, les bisons du Canada sont élevés sans hormones ni antibiotiques ajoutés à leur alimentation.

L’avis du boucher

À Montréal, le bison n’est pas disponible partout, mais on peut le trouver haché dans les grandes chaînes de supermarchés, dont Métro, et en steak chez certains bouchers. L’une de ces boucheries : Les Volailles et Gibiers Fernando, située sur le Plateau Mont-Royal. C’est dans cette institution alimentaire que j’ai rencontré Stéphane, le boucher, qui travaille dans l’industrie depuis 45 ans, et estime avoir « dépecé, abattu et portionné à peu près tous les animaux qui existent, sauf des éléphants parce qu’il n’y en a pas au Canada ».

En parlant du bison, Stéphane affirme qu’il « adore ça parce que ça sort de l’ordinaire… Et c’est ça qui est agréable ». Selon lui, comme les autres viandes exotiques, l’essentiel est que le consommateur soit bien informé : connaître le descriptif, l’origine, les différentes possibilités culinaires, et savoir à quoi s’attendre. Par exemple, le bison est aujourd’hui considéré comme un gibier ; un terme qui pourrait faire hausser les sourcils de certains. Mais ce statut, nous indique Stéphane, est trompeur, parce que cela va faire plus que 100 ans que ces animaux sont élevés par des humains. Il en résulte une viande au goût peut-être un peu plus prononcé que les habitudes du consommateur, mais rien d’excessif ni d’intimidant.

Et pour la cuisson? Comparé au bœuf, « c’est le même procédé ». Il me montre ainsi une pièce entière du faux-filet d’un bison, un morceau qui se trouve dans le dos de l’animal, et qui, une fois coupé en tranches, forme des steaks très tendres et appréciés dans le monde culinaire. Stéphane ajoute : « C’est la même pièce que le bœuf. C’est cuit de la même façon, selon vos goûts, c’est-à-dire qu’on peut aller de bleu à semelle de botte [très cuit] ». Et la méthode de cuisson? « Autant au poêlon qu’au barbecue, on peut même le faire braiser ou en faire des sautés. Sky’s the limit », me dit-t-il.

Il en résulte une viande au goût peut- être un peu plus prononcé que les habitudes du consommateur, mais rien d’excessif ni d’intimidant

Malgré un coût assez élevé, le bison d’élevage voit sa popularité croître au Canada. Entre 2016 et 2021, l’Association canadienne du bison constate une augmentation de 25,3% de leur population. Stéphane évoque un changement d’habitude de la part de notre génération. On s’éloigne de « l’habitude de nos parents, de nos grands-parents, qui, eux, étaient plus des consommateurs de viande et de volailles conventionnelles ». Au contraire, « les gens maintenant ont tendance à vouloir explorer un peu plus, surtout les nouvelles générations qui sont moins ancrées dans leurs habitudes et qui ont plus le goût du risque ».

En fin de compte, le bison ne remplacera sans doute pas le bœuf dans votre régime quotidien. Je pense pourtant qu’il mérite une petite place dans votre assiette, surtout pour des occasions spéciales. Ce serait un choix environnemental, vous encourageriez les éleveurs canadiens, et vous pourriez élargir votre palette gastronomique. Quoi de mieux?

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T.O.C. (Trouble d’opposition colonial) https://www.delitfrancais.com/2025/09/10/t-o-c-trouble-dopposition-colonial/ Wed, 10 Sep 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58449 L’illusion du désir d’un McGill en français.

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Les opinions exprimées sur les retombées de la loi 96 (sur la langue officielle et commune du Québec) par la communauté mcgilloise sont pour le plus souvent articulées par des crétins, non-Québécois de surcroît. Je n’ai pas moi-même la prétention de ne pas être un crétin, mais au moins, je suis un Québécois. Francophone. Une précision quelque peu pléonastique, si vous voulez mon avis.

En premier lieu, je vous avertis. Ne vous avisez même pas de m’accuser frénétiquement d’être moi-même un avide colonialiste quant au sort linguistique des Premières Nations et des Inuit. Leur combat est le plus ardu de tous, et leur souveraineté se doit d’être une priorité étatique. Mais, par pitié, lisez la loi d’abord! Lisez le préambule! Elle n’est pas parfaite. Elle est même nettement insuffisante dans certains aspects. Mais elle vise à faire du français la seule vraie langue d’État québécoise. C’est tout. Il est carrément ignoble de démoniser les actions qu’un peuple prend pour assurer sa survie, et de présenter de manière malhonnête un projet de protection du français et de l’identité nationale. Un combat ne voit pas sa légitimité amoindrie par l’existence d’une autre injustice.

Il fallait bien sûr que la minorité anglophone y voie une tentative ethnonationaliste de les éradiquer, de faire de leur vie un calvaire, le français faisant office d’engin de torture moyenâgeux. Il en faudra davantage pour me soutirer des larmes. Ce sont ces mêmes geignards anglophones qui ont rendu nécessaires les mesures de protection démocratiques législatives de la langue officielle du Québec! Le français n’est parlé au Québec que grâce à la résistance, la survivance courageuse de nos ancêtres colonisés, rabroués, humiliés et vassalisés. Ils ont donné leurs vies pour se réapproprier les systèmes démocratiques et économiques du Québec, pour se retirer du joug étouffant d’une minorité d’aristocrates et de bourgeois voraces.

Vous avez encore le droit de parler en anglais, je vous rassure. Comme j’ai le droit de parler français en Hongrie. Ou bien de baragouiner quelques phrases d’italien en Indonésie. Mais ce n’est pas la langue d’État. On ne peut pas s’attendre à ce que toute une société se contorsionne et renie son identité pour accommoder nos caprices linguistiques. On doit bien être la seule nation qui doit se justifier de vouloir protéger sa langue! Au Québec, c’est en français que ça se passe. C’est en français que ça doit continuer de se passer.

Sauf à McGill, évidemment.

Le fier bastion du bilinguisme approximatif (on y alterne l’anglais et la langue de bois) mène des campagnes pour essayer de nous faire croire que le français lui importe. Qu’il faut vivre McGill en français, ou du moins être capable de le faire. Soyons sérieux : il est impossible de vivre McGill dans une autre langue que l’anglais, exception faite de quelques facultés. J’ai rarement vu plus hypocrite. Mais, je vais donner raison à l’administration sur un point : les hausses des tarifs pour les étudiants hors Québec sont paralysantes et administrées de manière bancale par les législateurs de la Coalition Avenir Québec (CAQ). C’est complètement contre-productif d’induire des coupes budgétaires alors que l’on souhaite que l’Université amplifie la prestation de services de francisation. Colossale erreur de jugement, sans doute.

Vous avez encore le droit de parler en anglais, je vous rassure. Comme j’ai le droit de parler français en Hongrie. Ou bien de baragouiner quelques phrases d’italien en Indonésie. Mais ce n’est pas la langue d’État. On ne peut pas s’attendre à ce que toute une société se contorsionne et renie son identité pour accommoder nos caprices linguistiques

Quand des mesures concrètes sont implantées par le gouvernement pour franciser la population étudiante, l’Université s’oppose. Et ça, il fallait s’y attendre. Pourtant, le seuil de francisation fonctionnelle des étudiants, établi à 80%, est bien loin d’être déraisonnable, quoi qu’en dise la Cour supérieure du Québec (dont les juges sont nommés, évidemment, par le fédéral). Ça pourrait même être 100%, quant à moi. Mais pour McGill, il n’en est pas question. Franciser, c’est trop cher, pas assez important, trop relatif, trop chronophage… franciser, ça les emmerde!

Et bon, pragmatisme oblige, les étudiants internationaux anglophones sont tellement plus lucratifs!

Je suis aussi tanné d’entendre régurgiter l’espèce d’adage débilitant qui affirme que « si on force les gens à apprendre le français, ils ne s’en servent pas sur le long terme, ils ne seront pas motivés à le faire ». Ils sont par contre assez motivés pour choisir consciemment de venir s’installer au sein d’une nation francophone, mais pas assez pour l’intégrer. Étrange. C’est sûr que la motivation tend à s’effacer quand on sait pertinemment que l’on peut s’établir dans une enclave unilingue anglophone et être parfaitement fonctionnel.

Si on veut s’installer au Québec, il faut apprendre à parler français. C’est enrageant de voir qu’une logique qui s’applique à absolument toutes les nations du monde (si on se refuse à appeler le Québec un pays) se bute à tellement de gens qui ignorent l’histoire et la réalité de l’endroit qu’ils habitent. Relisez (ou, pour la plupart, lisez) votre histoire québécoise : vous serez moins récalcitrants. Vous comprendrez pourquoi une multitude de gouvernements ont fait des efforts herculéens (et parfois maladroits) pour protéger la langue du peuple. Je me répète, me direz-vous, mais ça me paraît tellement simple! Tellement évident!

Un autre argument inventé pour s’opposer à la loi 96 repose sur un refus total de reconnaître le déclin du français au Québec. Refus complètement insensé : le français perd du terrain, surtout chez les jeunes, et les Québécois francophones ont le poids démographique le plus faible de leur histoire, en comparaison au reste de la population canadienne. Les Québécois francophones ont beau être majoritaires sur leur territoire, ils perdent du terrain, confinés à leur protectorat néocolonial. Nier un déclin qui crève les yeux, c’est vraiment un non-sens. Dites-le, si vous ne voulez pas parler français, mais ne faites pas semblant que vous n’avez aucun impact sur l’existence de notre société.

Bon, et quel rapport avec l’Université?

Dans l’imaginaire collectif francophone, elle reste le symbole de l’Anglo-patroneux-arrogant. L’université du petit bourgeois qui fait son chemin du manoir de Westmount de son papa, le grand bourgeois, jusqu’au pied du Mount Royal. En saisissant la Cour supérieure du Québec pour s’opposer à la francisation de son corps étudiant, elle entretient soigneusement cette image. McGill veut éduquer ses étudiants en anglais, strictement en anglais, toujours en anglais. Elle continue d’asseoir sa supériorité sur le peuple québécois francophone, ne lui jetant que quelques miettes minables pour calmer son appétit.

Je suis très loin d’aimer la CAQ. Même que je l’abhorre. Mais la loi 96, malgré ses défauts, sera assurément un outil de protection et de promotion de la langue assez formidable. Tout devra être produit ou traduit en français, des documents légaux aux promesses d’affaires… et c’est normal! Le français, c’est encore notre langue, et en dépit des efforts d’une minorité qui a longtemps agi comme une majorité, j’ose espérer que ce le sera toujours.

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