Archives des Photographie - Le Délit https://www.delitfrancais.com/category/artsculture/photographie/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Wed, 30 Oct 2024 16:40:34 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 Derrière l’objectif, sommes-nous objectifs? https://www.delitfrancais.com/2024/10/30/derriere-lobjectif-sommes-nous-objectifs/ Wed, 30 Oct 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56360 Le photojournalisme : une question d'éthique.

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Tout autour de nous, des images racontent des histoires. Dans un monde qui en est saturé, il est essentiel de s’interroger sur celles qui dépassent le simple visuel pour devenir des récits porteurs de sens. Derrière chaque image se cache l’intention de dévoiler une réalité, parfois brutale, parfois inspirante. Là où d’autres images capturent l’esthétique d’un moment ou le souvenir d’une émotion, le photojournalisme s’impose comme un regard sur le monde, destiné à informer plutôt qu’à séduire. À la croisée des chemins entre art et engagement, cette discipline ne se contente pas de capturer des instants : elle forge notre compréhension des enjeux contemporains.

Photo. Journalisme. Une rencontre entre l’instantané et l’information. Comme son nom l’indique, la distinction entre le photojournalisme et toutes autres formes de photographie réside dans l’intention derrière l’image. C’est lorsque l’image a un mandat publique, celui de fournir des informations précises et honnêtes au public, qu’elle devient photojournalistique. Contrairement aux idées reçues, cette différenciation ne repose pas sur le caractère artistique de l’image. Toutes les photos comportent un aspect esthétique significatif, sans nécessairement être journalistiques. Cela soulève une question essentielle sur la place des artistes dans le journalisme et sur notre rapport à l’information visuelle. Pour répondre à ces questions créatives, techniques et éthiques, Le Délit a interrogé Jasmine, photojournaliste et activiste montréalaise.

La photo comme outil d’information

Aujourd’hui, notre rapport obsessionnel au numérique et aux réseaux sociaux a radicalement changé la manière dont les gens s’informent, suscitant un sentiment de méfiance et de scepticisme à l’égard des médias traditionnels. Ceux qui font le choix de payer un abonnement hebdomadaire au New York Times se font rares. Instagram défie cette barrière sociale élitiste et malgré les restrictions de Meta, la plateforme offre un accès à l’information quasi-universel.

Les médias traditionnels comme Radio-Canada rapportent l’actualité locale d’un point de vue souvent précis, avec un titre accrocheur qui cherche à vendre au lecteur l’intérêt de lire l’article. La confiance du public dans ces médias traditionnels diminue, dû notamment à la quantité d’informations produites quotidiennement. « Nous vivons dans un monde où les gens ne font plus confiance aux journalistes », rapporte Jasmine. Selon elle, c’est cette perte de confiance qui offre à la photo une place comme moyen pour continuer à s’informer. Même si les images peuvent être modifiées sur PhotoShop, ou alors par un usage de l’intelligence artificielle, les photos issues de sources indépendantes sont vitales à une société en quête d’information authentique et démocratisée.

Éthique du photojournalisme

Certains principes des chartes de déontologie du photojournalisme sont particulièrement importants pour Jasmine : ne pas user de méthodes déloyales pour obtenir des photographies, traiter les sujets avec respect et dignité, et ne pas faire intrusion dans les moments intimes de chagrin. Elle souligne également l’importance d’un usage impartial de ces clichés, afin d’éviter toute utilisation dans un contexte éditorial orienté. Pour ces raisons, Jasmine fait le choix de cacher le visage des enfants et de toute autre personne pour qui une image publique pourrait s’avérer nuisible : « L’esthétique de la photo reste importante, alors je vais m’assurer de choisir une photo où le visage est détourné. » Si au Canada, il est légal de photographier des manifestants, pour Jasmine, « il y a des choses qui ne se font pas. » À l’inverse, si quelqu’un se met en position plus visible, en montant sur un podium par exemple, alors ce geste traduit une volonté de détonner de la foule, une adhésion publique à la cause. Il est ainsi évident que le cliché peut être pris.

« Pour bon nombre de photojournalistes, il y a une part d’émotion et d’intérêt personnel et donc de subjectivité dans l’art du photojournalisme, et c’est justement ce qui humanise l’information »

Derrière l’objectif, il y a des rencontres, des êtres humains. Certes, l’objectif principal est d’obtenir la photo qui représente au mieux le message désiré. Pourtant, pour pouvoir photographier un sujet – qu’il s’agisse d’une seule personne, d’un groupe de manifestants, ou d’un événement quelconque – il y a un temps pour écouter, observer, et analyser la situation. Il faut pouvoir mettre à l’aise la personne qui fait face à l’objectif, rester discret et ne pas gêner les actions entreprises, se protéger et protéger son sujet, tout en réfléchissant au bon angle, à la lumière, et à l’esthétique de notre image.

L’objectivité n’existe pas

Pour bon nombre de photojournalistes, il y a une part d’émotion et d’intérêt personnel et donc de subjectivité dans l’art du photojournalisme, et c’est justement ce qui humanise l’information. Mais comment gérer les émotions, les pressions, les biais et les attentes qui accompagnent la couverture d’événements émotionnellement chargés? L’objectivité journalistique est un idéal qui vise soit la neutralité, soit la pluralité d’opinions. Pour assurer cette objectivité, il faudrait préconiser un détachement total, or pour Jasmine « c’est impossible, nous ne pouvons pas être complètement détachés du monde ». C’est pour cela qu’elle décide de couvrir des événements plus partisans comme les manifestations pro-Palestine, ainsi que les campements présents sur le campus de McGill l’été dernier. « Je choisis consciemment à qui et à quoi j’attribue une plateforme malgré mes quelques centaines d’abonnés [sur Instagram, ndlr], parce que ça vaut le coup d’être partagé. » Son but, et celui de beaucoup d’autres photojournalistes indépendants, est de varier les représentations médiatiques, de porter son regard sur les peuples sous-représentés. Au fil de l’histoire des mouvements socio-politiques, des révolutions et des guerres, la photographie a été fondamentale au partage des narratifs. Sans ces images, les acteurs de ces révolutions et les victimes d’injustices systémiques n’auraient pas pu être reconnus à leur juste valeur.

Margaux Thomas | Le Délit

Le risque des manifestations

Jasmine précise qu’elle ne cherche pas à monétiser ses photos. Elle les partage souvent sur Instagram ou les transmet gratuitement aux organisations impliquées, parfois sous couvert d’anonymat – par souci de sécurité. Sous ces publications se retrouvent parfois des commentaires critiques, qu’elle ne censure pas. Avant chaque événement, elle se questionne donc sur les conséquences potentielles de sa participation, même en tant qu’observatrice. C’est justement l’aspect sécuritaire qui demeure un défi constant. Elle reste vigilante, observe le comportement des forces de l’ordre et des manifestants pour anticiper les risques, qui sont d’autant plus élevés sans accréditation de presse officielle. À Montréal, en tant que journaliste, que l’on soit accrédité ou non, identifiable ou non, il est possible d’être agressé et arrêté au même statut qu’un manifestant. Face à une rangée de policiers en armure de combat – comme c’était le cas le 7 octobre dernier sur notre campus universitaire – un appareil photo peut vite être confondu avec une arme par la police. Cela souligne l’importance de l’image dans notre construction de la vérité. Pour Jasmine, il est vrai que les sujets portés par les manifestants sont chargés d’émotions, mais c’est la peur des forces de l’ordre qui lui pèse tout particulièrement. Elle considère que son appareil photo est un outil contre un système défaillant où les violences policières sont en hausse.

Le photojournalisme se situe ainsi à l’intersection de l’émotion et de l’engagement personnel, des éléments qui humanisent l’information tout en posant des défis éthiques. En naviguant entre la nécessité de documenter des événements remplis d’émotions et les risques inhérents à sa présence sur le terrain, la démarche de Jasmine souligne l’importance de la responsabilité éthique dans la couverture médiatique. En fin de compte, le photojournalisme ne se limite pas à capturer des images ; il s’agit de contribuer à une compréhension plus profonde de la vérité, même dans un contexte où la perception et la réalité peuvent se heurter violemment.

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La SPHR sous un nouveau nom https://www.delitfrancais.com/2024/09/25/la-sphr-sous-un-nouveau-nom/ Wed, 25 Sep 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55994 Photoreportage d’une des marches organisée pour la Palestine.

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Le 12 septembre dernier, lors de la journée d’action nationale pour la cause palestinienne, une marche a été organisée par la SPHR au centre-ville de Montréal.

Margaux Thomas | Le Délit La SPHR, qui signifiait autrefois « Solidarité pour les droits de l’homme palestiniens », a récemment changé son appellation pour « Étudiants pour l’honneur et la résistance de la Palestine », a annoncé le groupe mercredi dans un communiqué sur Instagram.
Margaux Thomas | Le Délit Plusieurs messages militants appelant à l’Intifada (soulèvement, tdlr) ont été exprimés par la SPHR.
Margaux Thomas | Le Délit
Margaux Thomas | Le Délit
Margaux Thomas | Le Délit Des dizaines d’étudiants-manifestants portant des keffieh, symbole de soutien à la Palestine.

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Contrapposto https://www.delitfrancais.com/2024/02/07/contrapposto/ Wed, 07 Feb 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=54585 Quelle est la place de la femme noire dans l’art? Harantxa Jean lui rend le statut qui lui est dû.

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Stéréotypée, oppressée, ou carrément ignorée, la femme noire n’était pas jugée digne d’être un sujet de beauté par le canon historique de l’art occidental. Reléguée aux marges, j’ai voulu changer les choses en créant Contrapposto : une série d’auto-portraits qui réinventent les chefs‑d’oeuvre antiques et contemporains, à travers le prisme de la beauté et de l’identité Noire.

Issue de la Grèce antique, la pose contrapposto était jadis un symbole de beauté et de grâce, mettant en valeur les courbes sinueuses de la figure féminine. J’ai choisi de m’insérer dans cette tradition célébrée au fil des siècles, en défiant les idéaux blancs et eurocentristes afin d’insuffler une nouvelle vie à des oeuvres mythiques.

Dans l’esprit du mouvement Black is Beautiful, mon oeuvre est une déclaration de la splendeur, du pouvoir et de la résilience de la femme Noire face à l’adversité. De Statuesque, inspirée par la Vénus de Milo, à She’s The First rendant hommage à Donyale Luna, pionnière noire de la mode et du mannequinat, en passant par l’actrice Zendaya, cette série redéfinit l’importance essentielle de l’inclusion et d’une représentation fidèle.

Bien plus que des images, Contrapposto est une révolution visuelle, invitant chaque femme noire à s’affirmer telle qu’elle est : autant bellissime qu’éminente.

Harantxa Jean STATUESQUE, inspiré par la Vénus de Milo (150–130 AV. J.-C.)
Harantxa Jean | Le Délit CRÉOLE, inspiré par Madame X (1884)
Harantxa Jean | Le Délit A MUSE, inspiré par Helen Bennett pour Vogue France (1936)
Harantxa Jean | Le Délit SHE’S THE FIRST , inspiré par Zendaya pour le magazine
Essence, qui rend hommage à Donyale Luna (2020)

Direction artistique, stylisme, éclairage, édition et mannequinat par Harantxa Jean.

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Sous le ciel d’Écosse https://www.delitfrancais.com/2023/11/22/sous-le-ciel-decosse/ Wed, 22 Nov 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=53527 Série de photos de mon premier voyage backpack seule. J’ai eu la chance de faire le tour de l’Écosse en train pendant 10 jours l’été dernier, en passant par Glasgow, Fort William, l’île de Skye, Inverness et Édimbourg. Le train m’a fait découvrir des paysages éloignés des grandes villes, des étendues vertes et des grands… Lire la suite »Sous le ciel d’Écosse

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Série de photos de mon premier voyage backpack seule. J’ai eu la chance de faire le tour de l’Écosse en train pendant 10 jours l’été dernier, en passant par Glasgow, Fort William, l’île de Skye, Inverness et Édimbourg. Le train m’a fait découvrir des paysages éloignés des grandes villes, des étendues vertes et des grands lacs absolument magnifiques. Le crissement des roues sur les rails, les paysages qui défilent, la pluie qui tombe, j’aime l’Écosse.

Camille Matuszyk | Le Délit Château de Dunvegan, Île de Skye.
Camille Matuszyk | Le Délit Château d’Urquhart, Loch Ness.
Camille Matuszyk | Le Délit Les jardins de la rue des princes, Édimbourg.
Camille Matuszyk | Le Délit Dean Village, Édimbourg.

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Quand la photographie alerte sur la fin d’un mode de vie https://www.delitfrancais.com/2023/09/13/quand-la-photographie-alerte-sur-la-fin-dun-mode-de-vie/ Wed, 13 Sep 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=51967 Entrevue avec Jonathan Fontaine, lauréat du concours World Press Photo 2023.

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Le 29 août, Le Délit s’est rendu en avant-première au vernissage de la 16e édition de l’exposition World Press Photo 2023. Désignée par le New York Times comme « le plus important événement en photojournalisme», l’exposition est prolongée de deux semaines cette année et sera ouverte au public du 30 août au 15 octobre au Marché Bonsecours à Montréal.

La Fondation World Press Photo, basée aux Pays-Bas, est une organisation à but non lucratif, engagée pour la liberté de la presse. Celle-ci est inscrite dans La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme comme le droit « de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit ». Cette liberté fondamentale représente un enjeu considérable pour les photojournalistes, qui sont souvent menacés lorsqu’ils se rendent sur le terrain dans certains pays moins démocratiques. Par ailleurs, elle ne cesse de reculer dans le monde depuis 2012, d’après un récent rapport de l’UNESCO. La Fondation World Press Photo propose un concours annuel aux photographes et photojournalistes internationaux, dont les œuvres sont ensuite exposées, qu’elles soient gagnantes ou non, pour mettre en lumière des enjeux sociétaux souvent dissimulés par certains gouvernements. Le Délit a eu l’occasion de réaliser une brève entrevue avec le lauréat de l’édition 2023, Jonathan Fontaine.

« Tu n’as pas d’appartement ; ta vie est un sac à dos »

Depuis 2013, ce photojournaliste français parcourt le monde pour réaliser des reportages photographiques. Cette année, il a reçu le premier prix pour sa série de photographies intitulée L’ultime voyage du nomade, dans laquelle il expose les conséquences du réchauffement climatique sur le nomadisme pastoral, en déclin dans la corne africaine. Ces nomades se déplacent avec leur troupeau, mais parce que les animaux périssent lors des grandes sécheresses, ils sont contraints d’abandonner leur mode de vie et de se sédentariser dans des camps, où ils deviennent des réfugiés climatiques. L’image gagnante représente Samira, jeune fille de seize ans, observant l’un
de ces camps de réfugiés, situé en Éthiopie.

Le Délit (LD) : Comment choisissez-vous vos destinations quand vous partez faire vos reportages?

Jonathan Fontaine (JF) : Il y a plusieurs facteurs. Parfois, je connais un petit peu le pays et le sujet que j’ai envie de réaliser. Ça m’arrive d’aller dans un pays que je ne connais pas et d’y trouver le reportage à faire. Donc, la destination n’est pas toujours commandée ou prévue. Je voyage non-stop depuis dix ans. Je suis constamment à la recherche de ce que je peux faire et à la découverte de nouveaux pays. Avant tout, je suis voyageur, photographe, et journaliste. Un exemple : l’Éthiopie fait un grand barrage sur le Nil, ce qui amoindrit l’eau au Soudan et en Égypte. Je me dis qu’il y a un truc qui se passe et j’y vais. Après, cela peut changer : on a une idée entre-temps et quand on est sur le terrain, soit c’est différent, soit ça change.

LD : Ciblez-vous particulièrement des pays en développement?

JF : Oui, je ne fais pas beaucoup le Canada (rires). Ce qui m’intéresse dans mon travail, c’est plutôt l’impact que la vie humaine, l’économie humaine, a sur les gens. Cela passe par la déforestation, le changement climatique. C’est pour cela que souvent, les pays les plus touchés restent en Afrique, en Amérique du Sud, et dans des parties de l’Asie. Donc, c’est sûr que je ne choisis pas les États-Unis. De toute façon, j’aime bien découvrir des cultures différentes de la mienne. On apprend toujours. Moi, j’ai une culture occidentale. Quand on est dans une forêt avec des gens qui sont nomades, il y a un décalage. Mais les gens, ils vivent comme ça et ils sont heureux, ou malheureux de ne plus vivre comme cela. Quand certains profitent des avions et d’une économie riche, d’autres en souffrent…

« Moi, l’art, j’aime quand il est engagé »

LD : Ne culpabilisez-vous pas parfois quand vous êtes sur place et comparez votre sort au leur?

JF : Non, c’est ma motivation. C’est parce que je viens de pays aisés que je me dis que c’est un devoir d’aller documenter ce savoir pour le ramener et changer les choses à ma manière. Cela amène beaucoup plus d’attention à ces injustices, alors c’est vrai que si je pouvais gagner tous les ans, cela m’aiderait!

LD : J’ai lu que vous vous déplacez à vélo pour réaliser vos reportages, n’est-ce pas trop difficile parfois?

JF : Ça c’est nouveau. Je commence à explorer de nouvelles façons de voyager. Et le vélo, j’aime beaucoup. Donc relier les chemins par la terre, cela permet de croiser des villages, faire des rencontres, et dénicher des histoires. C’est comme faire un documentaire. On trouve quelque chose et on reste vivre avec les gens. Je suis encore en train d’explorer ce mode de déplacement. Pour l’instant je ne vois pas ça comme une façon de faire, parce que je continue à voyager, à prendre l’avion, même si j’essaie de me limiter à deux vols par an. Mais si pendant mon voyage, je veux changer de pays, je m’impose de prendre le bus, ce qui est bien parce que l’on rencontre beaucoup plus de gens par les transports en commun qu’en avion. Une méthode lente, mais qui s’oppose justement à la mondialisation, qui veut que tout soit rapide. C’est un choix. Pas beaucoup de photojournalistes font comme moi. D’autres préfèrent voyager au gré des commandes, ou alors se baser dans un même pays pendant longtemps, c’est un autre modèle. Moi j’ai mon modèle à moi. Tu n’as pas d’appartement ; ta vie est un sac à dos.

LD : Quand vous faites vos photos, vous sentez-vous plus artiste ou journaliste?

JF : Journaliste.

LD : Vous donnez la priorité au message plutôt qu’à la beauté artistique?

JF : C’est ça. Disons que je privilégie le côté… intérêt général. Le journaliste rapporte la réalité à la presse internationale. Je me considère donc juste comme un rapporteur. Je rapporte les informations, et après, c’est la politique qui doit faire la suite. Clairement, c’est un grand débat, parce que les gens me disent : « Mais si, tu es un artiste! » Si on me perçoit comme artiste, d’accord, mais moi je me sens plutôt photographe-journaliste, documentariste. Mais, il y a différents types de photographes. Certains sont plus artistiques, contemporains. Moi, l’art, j’aime quand il est engagé.

Vous pouvez aller voir l’exposition World Press Photo au Marché Bonsecours jusqu’au 15 octobre pour y découvrir les photographies de Jonathan Fontaine, et de bien d’autres artistes engagés à travers la planète.

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Une gommette sous un bleuet https://www.delitfrancais.com/2022/03/30/une-gommette-sous-un-bleuet/ Wed, 30 Mar 2022 13:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=48277 Le Délit rencontre Catherine Côté, photographe culinaire.

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Catherine Côté est photographe culinaire et réalise notamment des projets pour des producteur·ice·s alimentaires, des chefs, des restaurants et des livres de recettes. Le Délit l’a rencontrée afin de discuter de sa pratique artistique et du processus de création derrière les projets de photographie culinaire. 

Le Délit (LD) : Parlez-nous un peu de votre parcours. Pourquoi êtes-vous devenue photographe culinaire?

Catherine Côté (CC) : J’ai étudié en Intégration multimédias au Cégep de Sainte-Foy, puis j’ai débuté mon parcours professionnel en tant que développeuse web. J’ai fait de la programmation de sites Internet pendant environ sept ou huit ans et en travaillant pour trois agences publicitaires. Ensuite, j’ai commencé à développer un intérêt pour la photo de nourriture ; ça a débuté par des soupers entre ami·e·s, où je prenais en photos des plats et partageais des recettes. Puis à un certain moment, comme je savais créer des sites web, j’ai créé un blogue culinaire. À Québec, il y a une espèce de communauté de gens qui adorent la nourriture et les restaurants qui se sont ensuite mis à parler de mon blogue. Un peu grâce à ces réseaux-là, l’éditeur de Québec Amérique a éventuellement repéré mon blogue et m’a offert mon premier contrat de photos culinaires.

Me lancer en photo culinaire n’était pas nécessairement un « vrai plan » au départ, mais tranquillement, les contrats se sont mis à arriver, puis à un certain moment, j’ai commencé à travailler un peu moins pour les agences publicitaires afin d’avoir plus de temps à consacrer à ces contrats. J’ai fait le saut vers la photographie culinaire à temps plein à la fin 2012, début 2013. 

« Au final, chaque photo me prend environ une heure, mais la première photo de la journée sera toujours plus longue et prend parfois le double du temps à réaliser »

LD : Quel est le rôle du·e la photographe culinaire dans le procesus de création d’une photo?

CC : C’est souvent un travail d’équipe. Le·a photographe est responsable du bon déroulement des choses et de la satisfaction de tout le monde. C’est aussi d’essayer de penser d’avance au look des aliments : est-ce qu’on a pensé à tout ce qu’il fallait ? Est-ce que j’ai posé toutes les questions aux client·e·s afin de ne pas avoir de surprises une fois rendu·e·s à la séance photo? Puis c’est aussi d’apporter des idées et d’écouter, il faut toujours tâter un peu le pouls de ce que le·a client·e a besoin et de ce qu’il·elle aime. Chaque photographe a aussi habituellement un style, une signature, mais c’est sûr que j’aime croire que je suis assez polyvalente. Par exemple, certains projets peuvent nécessiter des photos un peu plus foncées, tandis que d’autres, des styles super colorés ou très éclairés. Ensuite, une fois sur le plateau de photos, il y a beaucoup de feeling aussi, parfois ça ne sert à rien de prévoir d’avance un style trop préparé non plus ; sur place, on joue avec les décors, avec la vaisselle, on teste plein de combinaisons différentes pour voir ce qu’on peut faire de beau, dépendamment du style voulu. 

LD : Quelle est la durée moyenne de la réalisation d’un projet photo culinaire?

CC : Pour la plupart des photos dans mon portfolio, j’essaie de ne pas dépasser six à huit photos par jour. Parfois, ce n’est pas toujours possible selon les contrats et si la complexité des concepts n’est pas trop grande, il m’arrive d’aller jusqu’à 10 photos par jour. Au final, chaque photo me prend environ une heure, mais la première photo de la journée sera toujours plus longue et prend parfois le double du temps à réaliser, comme on doit s’installer et décider de la direction du style des photos, qui donnera ensuite un peu le ton au reste du projet. Un livre de cuisine, par exemple, prendra en moyenne 10 jours de séances photos, pour environ 60 à 80 photos par livre. 

LD : Y a‑t-il certains aliments ou types de recettes qui sont particulièrement difficiles à photographier?

CC : Oui, les lasagnes et les pâtés, comme le pâté chinois ou les pâtés à la viande, c’est ce que je trouve le plus difficile à rendre « beau ». Ce qui est difficile, mais très plaisant à photographier cependant, ce sont les hamburgers et les sandwichs ; on doit prendre notre temps afin que tous les étages soient bien visibles et parfois ajouter un cure-dent en arrière et créer des tourniquets de viande. Tout l’effort se finit par un très beau résultat.

« Sur place, on joue avec les décors, avec la vaisselle, on teste plein de combinaisons différentes pour voir ce qu’on peut faire de beau »

LD : Vous arrive-t-il de revisiter certaines recettes, par exemple en ajoutant certains ingrédients qui ne sont normalement pas utilisés, afin de changer la texture d’un plat pour qu’il paraisse mieux à la caméra?

CC : Une fois, j’ai eu un contrat de photos de crème glacée, où on devait faire des formes particulières, donc ce n’était vraiment pas une option de travailler avec de la vraie crème glacée ; on a plutôt fait une recette de fausse crème glacée, avec de la purée de pommes de terre Betty Crocker et de la margarine. Dans ces moments-là, je fais souvent affaire avec des stylistes culinaires ; pendant les premières années, je m’occupais moi-même de styliser les aliments, mais avec le temps, c’était important pour moi d’avoir une personne responsable de cela sur les plateaux, afin que je puisse me concentrer sur le reste. Parfois aussi, lorsque quelque chose doit être en hauteur ou bien tenir d’une certaine façon, je peux, par exemple, mettre une gommette en dessous d’un bleuet, un cure-dent par-ci, un morceau de papier collant par-là. 

Comme mes client·e·s sont des producteur·ice·s alimentaires et des chefs, on n’altère pas vraiment leur nourriture, ce sont des photos naturelles. Et ce qu’on prend en photos, on risque de le manger pendant l’heure du dîner, donc c’est rare qu’il y ait beaucoup d’altérations. Parfois aussi, je mets quelques sous en dessous des verres pour changer un peu leur angle et éviter un effet lightbulb, c’est-à-dire l’effet créé par le fait que plus la caméra est loin, plus les objets ont un peu l’air de tomber.

LD : En lien avec ce que vous venez de mentionner concernant la nourriture que vous mangez le midi, avez-vous des stratégies implantées en photographie culinaire pour éviter le gaspillage des aliments?

CC : C’est beaucoup le ou la chef qui s’en occupe, mais souvent, je dirais que les séances photos sont aussi du « développement recettes » pour les client·e·s, donc ils et elles vont aimer ce qui est cuisiné et vont vouloir le manger pour dîner. L’horaire des photos tient très souvent compte de cela. Par exemple, on va planifier ce qu’on mange pour dîner et prendre les photos de la recette en question juste avant la pause. Sinon, c’est sûr que ça arrive que j’aie beaucoup de restants provenant de séances photos dans mon frigo, je vais parfois les porter dans les frigos de partage en basse-ville de Québec, ou sinon il m’arrive d’appeler des ami·e·s en leur disant par exemple : « J’ai beaucoup de saucisses dans mon frigo, je ne vais pas m’en sortir toute seule ». Je suis toujours contente de faire profiter les gens autour de moi. Je dirais que les restants de nourriture sont quand même un « beau problème » de mon travail, que j’arrive habituellement à gérer. Je fais attention au gaspillage le plus possible, mais par contre, si je prends une photo d’un plat avec de la viande et que ce plat reste pendant des heures sur la table, je ne prends pas de chances non plus. 

Vous pouvez suivre les prochains projets de Catherine Côté sur son site web, sa page Facebook et sa page Instagram.

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L’île des pêcheurs https://www.delitfrancais.com/2022/02/23/lile-des-pecheurs/ Wed, 23 Feb 2022 13:26:32 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=47504 Ligne de fuite.

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Ange Guo | Le Délit
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Là où les fleurs s’épanouissent https://www.delitfrancais.com/2021/09/03/la-ou-les-fleurs-sepanouissent/ Fri, 03 Sep 2021 19:02:25 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=44377 L’article Là où les fleurs s’épanouissent est apparu en premier sur Le Délit.

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Ibrahim Mahmoud | Le Délit
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