Léonard Smith, Catey Fifield - Le Délit https://www.delitfrancais.com/author/smithleonard/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Tue, 09 Jan 2024 01:38:20 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 Des kiosques aux archives https://www.delitfrancais.com/2023/11/29/des-kiosques-aux-archives/ Wed, 29 Nov 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=53831 Le McGill Daily et Le Délit ont servi la communauté mcgilloise bien avant que nous soyons étudiant·e·s et continueront à favoriser l’échange d’informations et d’idées bien après l’obtention de notre diplôme. Le McGill Daily a été fondé en 1911 en tant que journal sportif quotidien. C’est le plus ancien journal étudiant du campus qui existe… Lire la suite »Des kiosques aux archives

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Le McGill Daily et Le Délit ont servi la communauté mcgilloise bien avant que nous soyons étudiant·e·s et continueront à favoriser l’échange d’informations et d’idées bien après l’obtention de notre diplôme.

Le McGill Daily a été fondé en 1911 en tant que journal sportif quotidien. C’est le plus ancien journal étudiant du campus qui existe encore à ce jour et l’un des plus anciens au Canada. Maintenant publié « hebdomadairement » au lieu de « quotidiennement », le Daily a élargi sa ligne éditoriale pour couvrir les nouvelles de dernière heure, publier des commentaires importants, célébrer les arts et la culture et explorer les derniers développements en sciences et en technologie. Nous avons également adopté un mandat anti-oppression et nous nous sommes engagé·e·s à « dépeindre et analyser les relations de pouvoir aussi précisément que possible dans notre couverture (tdlr) ». Ce mandat a guidé nos efforts pour exiger des options alimentaires abordables sur le campus, pour condamner la violence à l’encontre des femmes autochtones, pour protester contre la législation discriminatoire du gouvernement québécois et pour mettre en lumière des histoires et des voix négligées par les médias traditionnels.

Dès le départ, Le Délit avait pour but de représenter la voix des étudiant·e·s francophones du campus, qui n’avaient jusqu’alors pas leur propre journal. Le Délit se distingue par son journalisme d’investigation sur nombre d’enjeux liés au campus. Une enquête récente sur la dépendance aux jeux vidéo a permis au Délit de révéler l’ampleur du phénomène grâce aux témoignages d’un expert, d’un concepteur de jeux à succès international et d’un étudiant de McGill. Dans la section Actualités, notre dossier sur les Mères Mohawk a permis de fournir les derniers développements sur la fouille des tombes anonymes d’enfants autochtones, qui auraient été victimes des expériences MK-Ultra à McGill. Parallèlement, Le Délit a eu l’occasion de passer en entrevue l’une des rares survivantes de ces expériences. La section tournante du journal, destinée à se renouveler, permet également de jeter un regard différent sur l’actualité. Cette année, la rubrique Au Féminin aborde des enjeux politiques et sociaux sous un angle féministe, notamment le leadership et l’entrepreneuriat, la santé, la sexualité, le militantisme, l’intersectionnalité et la philosophie.

Le monde évolue rapidement, et tout comme les vêtements peuvent se démoder aussi vite qu’ils sont devenus à la mode, les nouvelles de dernière minute sont rapidement considérées comme de l’information ancienne. Mais les exemplaires non réclamés du Daily et du Délit qui se retrouvent chaque semaine dans les bacs de recyclage sont bien plus que de « vieilles actualités ». Chaque article, photographie et illustration que nous publions fait partie des archives de nos journaux. Ces archives sont constituées de plusieurs dizaines de gros volumes reliés en cuir conservés dans nos bureaux ainsi que dans les collections imprimées et numériques de la bibliothèque de McGill. Les chercheurs intéressés peuvent également accéder à tous les numéros du Daily et du Délit publiés avant 2001 sur Internet Archive et à tous les numéros publiés depuis 2009 sur les pages du site Issuu du Daily et du Délit. La numérisation de plus de 9 000 numéros publiés entre 1911 et 2001 a été rendue possible grâce aux efforts inlassables de l’équipe de numérisation de la bibliothèque de McGill.

En tant que membres du Daily et du Délit, nous nous retrouvons fréquemment à plonger dans les archives de nos journaux. Il est crucial de le faire afin de rappeler les succès et les échecs des mouvements étudiants passés, de suivre les changements dans les politiques de l’administration de McGill et de notre gouvernement étudiant, et de réfléchir aux événements importants qui ont façonné notre corps étudiant tout en continuant de le faire.

En rédigeant son dernier éditorial, sur la politique de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) contre le génocide en Palestine, le Daily a souligné le succès des manifestants étudiants qui ont convaincu l’administration de McGill de se désinvestir de ses avoirs en Afrique du Sud lors de l’apartheid en 1985. La couverture du Daily de cette même année a fourni une preuve importante de la résistance étudiante, et, nous l’espérons, un encouragement pour les étudiants actuels qui se battent pour que McGill désinvestisse.

Lors du référendum de l’année dernière sur le renouvellement des frais facturés par la Société des publications du Daily aux étudiant·e·s de McGill, un éditorial du Délit citait une lettre intitulée « French, with tears » publiée la veille de la parution du premier exemplaire du Délit en 1977, et signée par « an Irate Mother ». Cette lettre affirmait que l’édition hebdomadaire en français était une « sottise », une « action scandaleuse » qui allait « détruire » l’Université et « miner l’unité canadienne ». Malgré les objections, 46 ans plus tard, Le Délit a prouvé son importance en tant que source principale d’informations en français sur le campus.

Comment choisir judicieusement ses mots, et s’ils parviendront à atteindre notre public sont des questions qui préoccupent tous⋅te⋅s aspirant·e·s journalistes au Daily et au Délit. En variant les angles de reportages plus neutres aux articles d’opinion, nous pouvons offrir un large espace d’expression dans nos pages. Malgré les différences dans la manière dont nous couvrons certains événements, nos deux journaux partagent la responsabilité de décrire les réalités difficiles des étudiant·e·s et des autres personnes sur le campus. Une attention particulière aux faits et aux détails est nécessaire si nous voulons traduire et communiquer ces histoires. En ce sens, nos journaux doivent continuer à ouvrir leurs portes aux personnes qui souhaitent découvrir des écoles de journalisme alternatives sans pareil à McGill.

En effet, bien que McGill n’offre pas de programme de journalisme, le Daily et Le Délit offrent depuis des décennies une formation inestimable aux aspirants journalistes. Les rédacteur·rice·s en chef des deux journaux ont ensuite travaillé pour des publications aussi renommées que CBC/Radio-Canada, le Montreal Gazette, le National Post, Slate, La Presse, Le Journal de Montréal, Le Droit et TF1. Tout en honorant le travail de ceux qui nous ont précédés, nous nous réjouissons d’accueillir la prochaine génération de rédacteur·rice·s, de collaborateur·rice·s et de lecteur·rice·s du Daily et du Délit. Nous vous remercions de votre soutien continu et nous vous invitons à explorer les vastes archives de nos journaux et à collaborer dans notre projet d’enregistrement, de commémoration et de célébration de la vie étudiante à McGill.

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Le voyage a‑t-il un avenir? https://www.delitfrancais.com/2023/11/22/le-voyage-a-t-il-un-avenir/ Wed, 22 Nov 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=53492 Le voyage est souvent vu comme une opportunité de tisser un lien fort avec la destination d’accueil, que ce soit par la création d’amitiés ou de souvenirs durables. Cet impact positif du voyage sur l’individu tend parfois à nous faire oublier ses répercussions sur l’ensemble de la société. Là où voyager a une empreinte culturelle… Lire la suite »Le voyage a‑t-il un avenir?

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Le voyage est souvent vu comme une opportunité de tisser un lien fort avec la destination d’accueil, que ce soit par la création d’amitiés ou de souvenirs durables. Cet impact positif du voyage sur l’individu tend parfois à nous faire oublier ses répercussions sur l’ensemble de la société. Là où voyager a une empreinte culturelle positive, il comporte aussi une empreinte environnementale non négligeable qui pèse sur le climat. Selon une étude réalisée auprès de 160 pays et publiée en 2018 dans la revue scientifique Nature Climate Change, le tourisme représente environ 8 % de l’ensemble des émissions de carbone produites dans le monde.

Voyager différemment

Le voyage atteste finalement de notre rapport individualiste à l’environnement : nous savons que prendre l’avion est très polluant, mais comme il nous accommode dans nos déplacements, nous abandonnons rapidement l’idée de revoir nos modes de transport. Le voyage peut-il devenir plus écologique à long terme? À quel point sommes-nous aptes à faire des sacrifices pour l’environnement? Telles sont les questions d’éthique contemporaines qu’implique le voyage.

L’augmentation de phénomènes météorologiques violents comme les ouragans, les feux de forêt ou encore les inondations auront un impact sur la désirabilité de certaines destinations. On peut estimer que les choix de voyage de plus en plus limités dans les années à venir contribueront à accroître le phénomène de tourisme de masse. Plus on continue de voyager sans égard à notre empreinte environnementale, plus certaines destinations pourraient devenir inaccessibles. C’était le cas l’été dernier en Grèce, où les épisodes de forte canicule ont limité le tourisme, notamment l’accès à l’acropole, qui avait dû fermer ses portes pendant plusieurs heures de la journée.

Mais cet impact sur le voyage demeure mineur face à la dégradation des conditions de vie de certaines régions du globe. Alors que les touristes peuvent faire le choix ou non de s’envoler vers certaines destinations, celles-ci sont un lieu de vie pour les populations locales, qui doivent vivre avec les conséquences directes du réchauffement climatique au quotidien.

Et les études à l’étranger?

En plus de leur coût économique, les études à l’étranger contribuent à la dégradation de l’environnement, car elles amènent les étudiants à prendre l’avion à plusieurs reprises dans l’année sur de plus ou moins longues distances. Cela, pour retourner voir leurs familles au moment des fêtes ou simplement rentrer pendant les vacances. Dans un monde où il va falloir redéfinir nos moyens de transports, les études internationales peuvent- elles être conciliées avec la lutte contre la dégradation de l’environnement?

McGill possède une communauté étudiante internationale qui vient des quatre coins du monde. À l’automne 2023, ce sont 11 987 étudiants qui proviennent de près de 150 pays. Si l’on considère que chaque étudiant international fait un aller-retour chaque année, cela représente environ 22 000 trajets d’avions. Alors que nous tentons de revoir nos modes de consommation, favoriser les études dans sa propres région semble être le choix écologiquement responsable. Pourtant, selon le principal de McGill Deep Saini, la récente décision du premier ministre François Legault de rehausser les frais de scolarité ne contribuerait pas à diminuer le nombre d’étudiants internationaux à McGill.

Dans sa forme actuelle, le voyage doit être amené à se réinventer. Si nous voulons conserver des conditions de vie de qualité, peut-être nous faut-il renoncer au confort de voyager quand l’on veut, et où l’on veut. Les étudiants à l’étranger ont eux aussi un rôle à jouer dans la protection de l’environnement. Là où faire des études à l’étranger est encore aujourd’hui acceptable et valorisé, qu’en sera-t-il dans quelques décennies? Traverser l’Atlantique pour étudier sera-t-il devenu un choix irresponsable?

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France-Québec : regards croisés sur l’actualité https://www.delitfrancais.com/2023/11/08/france-quebec-regards-croises-sur-lactualite/ Wed, 08 Nov 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=53293 Dans un communiqué diffusé le 2 novembre dernier, le Principal et vice-chancelier de McGill Deep Saini a expliqué que la hausse des frais de scolarité pour les étudiants canadiens hors province incite l’Université « à élargir [sa] clientèle provenant du Québec et d’autres pays du monde pour combler le manque à gagner ». Un tel… Lire la suite »France-Québec : regards croisés sur l’actualité

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Dans un communiqué diffusé le 2 novembre dernier, le Principal et vice-chancelier de McGill Deep Saini a expliqué que la hausse des frais de scolarité pour les étudiants canadiens hors province incite l’Université « à élargir [sa] clientèle provenant du Québec et d’autres pays du monde pour combler le manque à gagner ». Un tel objectif de la part de McGill d’accroître sa clientèle internationale, quelle que soit sa langue parlée, semble s’écarter des efforts déployés par la Coalition Avenir Québec (CAQ) pour franciser Montréal. La décision gouvernementale de ne pas augmenter les frais de scolarité pour les étudiants français, annoncée le 14 octobre dernier, semble s’inscrire dans la même lignée que l’objectif du gouvernement Legault d’atteindre une immigration 100% francophone au Québec d’ici 2026. La proportion importante de Français à Montréal ainsi que la possible augmentation de leur immigration d’ici les prochaines années soulève parfois des interrogations concernant la pérennité de la culture québécoise.

Et au Délit?

La division sur la question de la langue permet d’interroger la place diversifiée du français au sein de McGill, mais également au sein de l’équipe du Délit. Si les étudiants français venaient à devenir plus importants à McGill, est-ce que cela créerait un enjeu de représentativité au sein de l’équipe éditoriale? Comment les biais des étudiants français influencent-ils la couverture de l’actualité québécoise?

Dans une université où la présence québécoise demeure majoritaire, dix des éditeurs au Délit sont français alors que seulement huit sont québécois. Ce déséquilibre peut être justifié du point de vue de la répartition linguistique, puisqu’une bonne part des étudiants québécois à McGill sont anglophones unilingues.

Cette explication est sans doute à elle seule insuffisante pour rendre compte d’une autre réalité socio-économique à McGill, qui concerne les francophones d’ici et d’outre-mer. Les frais de scolarité en France demeurent extrêmement bas en comparaison de ceux déboursés à McGill. La majorité de ces étudiants font donc le choix de payer plus cher pour poursuivre des études supérieures à l’étranger. Cette tranche d’étudiants, dont les moyens financiers sont plus élevés, peut donc davantage se consacrer à des engagements parascolaires. Les étudiants québécois, contrairement aux étudiants français, préfèrent souvent un emploi mieux rémunéré à une implication étudiante qui, bien que stimulante, s’avère chronophage.

Les journaux étudiants comme le nôtre sont également limités dans leur capacité de diffusion. La présence d’organisations étudiantes s’étend rarement en dehors de la bulle restreinte des universités, et lorsqu’elles font la une des grands médias, c’est souvent pour réaffirmer leur statut précaire. Pour Le Délit, ce défi de diffusion se double d’une mission ardue de recruter de nouveaux membres au sein des quelque 8 000 étudiants dont la langue maternelle est le français à McGill. Et au sein de cette population, 2 100 étudiants sont d’origine française et représentent un peu plus que le quart de la population totale francophone de l’Université.

Il n’est peut-être donc pas étonnant de dénombrer 4 315 visiteurs français contre 4 078 visiteurs canadiens sur le site web du Délit, selon les chiffres du mois d’octobre 2023. Mais comment expliquer une telle disparité? Est-ce seulement parce que les étudiants d’origine canadienne sont plus portés à lire la presse étudiante anglophone, comme The Daily ou The Tribune? Ou est-ce que les angles de couverture du Délit rejoignent davantage les préoccupations françaises?

Il semble hâtif de trancher pour l’un ou pour l’autre. Quoi qu’il en soit, à leur arrivée au Délit, les Français semblent davantage portés vers une couverture internationale et moins intéressés par l’actualité québécoise. Cela soulève la question des choix de sujets, qui devraient être orientés vers une couverture locale. Les Français ont-ils le pouvoir d’effacer leurs biais vis-à-vis de l’actualité québécoise?

Nous sommes d’avis que oui, mais cela demande un effort de conscientisation de ces biais. L’intérêt de faire partie du Délit pour un étudiant international, comme pour toute autre organisation étudiante, c’est de s’ouvrir aux événements et aux problématiques qui font la spécificité de la culture québécoise. Sans nécessairement s’y identifier, on peut faire le travail d’essayer de comprendre la culture de l’autre, afin d’amorcer un dialogue avec sa propre culture d’appartenance. Plutôt que de considérer l’origine française des membres du Délit comme un frein à la représentativité québécoise, nous valorisons la diversité des points de vue qui font la ligne éditoriale du Délit. Il nous importe de continuer dans cette voie en rendant compte de manière juste des différentes réalités qui constellent le contexte mcgillois.

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La Faculté de musique de McGill : un avenir incertain https://www.delitfrancais.com/2023/11/08/la-faculte-de-musique-de-mcgill-un-avenir-incertain/ Wed, 08 Nov 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=53301 Des étudiantes témoignent sur les répercussions de la hausse des frais de scolarité.

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Dans un communiqué diffusé le 2 novembre dernier, le Principal et vice-chancelier de l’Université McGill, Deep Saini, a décrit la hausse des frais de scolarité pour les étudiants canadiens hors province comme une « menace à la culture même de McGill ». La décision gouvernementale pourrait se traduire par la perte de « 700 emplois », entraîner la dissolution des équipes sportives des Redbirds et des Martlets ainsi que compromettre la réalisation de grands projets d’infrastructures. Le Principal souligne que la décision du gouvernement provincial aura des répercussions sur plusieurs facultés, notamment en Sciences de l’agriculture, de l’environnement et de l’éducation, et plus particulièrement l’École de musique Schulich, dont l’avenir pourrait être mis « en péril ».

Schulich particulièrement fragile?

L’école de musique Schulich, composée de deux principales orientations, l’interprétation et la recherche musicale, comptait à l’automne 2022 851 étudiants inscrits à temps plein et à temps partiel, soit environ 2,2% de la population étudiante. Parmi les étudiants de premier cycle en musique, ils proviennent « à près de 40% de l’extérieur du Québec », selon les chiffres avancés dans le communiqué de Deep Saini. Une baisse du nombre d’étudiants canadiens hors province pourrait avoir comme effet de modifier la composition du corps étudiant de la Faculté de musique.

Elizabeth Wirth, présidente du comité consultatif de la faculté de l’École de musique Schulich, a déclaré que malgré l’annonce gouvernementale, les bourses et l’aide financière accordées aux étudiants de l’extérieur du Québec seront préservées. Elle explique toutefois qu’une telle mesure pourrait causer du tort à la Faculté de musique dans sa mission de « demeurer la meilleure école de musique au Canada ». En 2016, l’École était classée au 26e rang dans le Classement mondial des universités QS.

Les inquiétudes chez des étudiantes en musique

En entretien avec Le Délit, Daisy Marroquin-Gil, étudiante en concentration interprétation en trombone, s’inquiète de l’impact de cette hausse des frais de scolarité sur la « réputation et la qualité de la Faculté de musique ». Selon elle, cette mesure pourrait limiter les choix d’orientation et de parcours : « Si l’École est moins financée, s’il y a moins de professeurs pour donner les cours, on aura moins de choix et on devra composer avec un parcours plus restreint. » Catherine*, étudiante de quatrième année en musique à McGill, évoque pour sa part un « manque matériel » dans la Faculté, qui serait exacerbé par la mesure gouvernementale : « Les professeurs sont souvent dans l’incapacité de réserver des locaux de pratique, qui sont pourtant essentiels pour permettre aux étudiants de s’améliorer. » Selon elle, ce problème d’espace s’ajoute au financement déjà insuffisant accordé à l’École. « Lorsqu’on fait la demande de remplacer certains lutrins ou des amplificateurs défectueux, on nous rétorque qu’il n’y a pas de budget disponible », renchérit-elle.

« Les professeurs sont souvent dans l’incapacité de réserver des locaux de pratique, qui sont pourtant essentiels pour permettre aux étudiants de s’améliorer »

Catherine*, étudiante en musique à McGill

Les deux étudiantes s’entendent au sujet de l’apport significatif des étudiants étrangers dans le monde de la musique à Montréal. « Je trouve que les personnes de l’extérieur du Québec contribuent à rendre l’univers de la musique au Québec plus riche et vivant. Je peux comprendre que le gouvernement ait d’autres priorités, mais c’est l’aspect [celui de la diversité en musique, ndlr] qui me semble vraiment délaissé », explique Daisy. Catherine explique que l’attrait de Schulich réside dans la grande variété d’ensembles musicaux, en passant par les orchestres jazz, baroques, à vents, à cordes et vocaux. « Malgré qu’on ait nombreux des meilleurs professeurs de musique du pays et la crème de la crème des étudiants en musique à l’international, le manque de locaux de répétition ou d’équipement vient souvent faire perdre du temps de cours et augmenter la frustration de tous », explique-t-elle.

Catherine évoque également un « retard » chez les étudiants en musique issus du système d’éducation secondaire québécois par rapport aux étudiants en jazz en Colombie-Britannique, qui sont formés musicalement plus tôt et peuvent ainsi enrichir les cours à McGill en partageant leurs connaissances aux autres étudiants. La hausse des frais de scolarité nuirait selon Catherine au « développement du jazz en empêchant l’expression de la créativité musicale au Québec ». Selon l’étudiante, si la mesure gouvernementale applique une hausse des frais de scolarité dès l’automne 2024, c’est bien le signe que « la qualité et l’importance des réalisations de Schulich [ne sont pas reconnues, ndlr] à leur juste valeur ».

*Prénom fictif

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La hausse des frais de scolarité est-elle discriminatoire? https://www.delitfrancais.com/2023/11/01/engagement-etudiant-montreal/ Wed, 01 Nov 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=53130 Le 25 octobre dernier, une assemblée générale organisée par le regroupement blue fall protest et les affaires externes de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) avait pour but de former un front commun contre la récente hausse des frais de scolarité pour les étudiants hors province. « Payer pour l’éducation supérieure est déjà un problème,… Lire la suite »La hausse des frais de scolarité est-elle discriminatoire?

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Le 25 octobre dernier, une assemblée générale organisée par le regroupement blue fall protest et les affaires externes de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) avait pour but de former un front commun contre la récente hausse des frais de scolarité pour les étudiants hors province. « Payer pour l’éducation supérieure est déjà un problème, et la récente décision du gouvernement aggrave ce problème, empêchant les classes plus défavorisées d’accéder à l’éducation (tdlr) », s’est ainsi exprimé un étudiant lors de l’assemblée. Une telle mesure diminuera-t-elle l’attrait de McGill pour les étudiants venus d’ailleurs? Le parti politique Coalition Avenir Québec (CAQ) s’y prend-il de la bonne manière pour rééquilibrer le réseau universitaire francophone?

Les frais de scolarité des étudiants internationaux, qui varient entre 20 000$ et 65 000$ par an à McGill, sont extrêmement déréglementés en comparaison à ceux déboursés par les étudiants québécois, tournant plutôt autour de 3 000$ par année. Une forme de statu quo se maintient donc pour les étudiants internationaux, alors que le tarif minimal qui leur est imposé, établi à 20 000$ par la CAQ, est plus bas que les tarifs déjà demandés dans une vaste majorité de programmes.

Or, les étudiants du reste du Canada payaient jusqu’à maintenant un peu moins de 9 000$ par an pour étudier dans l’une des trois universités anglophones du Québec – McGill, Concordia et Bishop’s. Ils devront désormais débourser 17 000$ par an. Ce sont donc ces étudiants qui seront principalement impactés par cette hausse des frais de scolarité dès l’automne 2024, s’ils souhaitent entamer leurs études dans une université anglophone du Québec.

L’enjeu pour la CAQ, c’est que la plupart de ces étudiants ne restent pas dans la province après leurs études. Ils bénéficient de frais de scolarité avantageux à McGill sans pour autant contribuer sur le long terme à la société québécoise. 20 598 des étudiants internationaux au Québec étaient inscrits en 2022 dans l’une des trois universités anglophones, contre 33 723 dans les 16 universités francophones. Pour beaucoup de ces étudiants canadiens, leur passage au Québec se limite à une bulle anglophone, un mode de vie unilingue qui ne nécessite pas d’effort de francisation pour s’intégrer dans une métropole bilingue.

Si le gouvernement veut réellement protéger la langue française, ses efforts devraient surtout être orientés vers la rétention et la francisation des étudiants canadiens plutôt que de rendre les universités anglophones moins attrayantes d’un point de vue financier. L’impact de la demi-mesure employée par la CAQ pour protéger le français aura surtout pour effet de décourager les étudiants du reste du Canada de faire l’expérience du mode de vie montréalais et bien souvent d’apprendre le français.

On peut s’inquiéter de l’impact d’une telle mesure – non modulée en fonction de chaque université – sur la qualité de l’enseignement de Concordia ou Bishop’s, qui ne disposent pas des mêmes moyens financiers et du rayonnement international de McGill. À titre d’exemple, Bishop’s est une petite université anglophone d’un peu moins de 2 800 étudiants, au sein desquels près de 30% des étudiants proviennent des autres provinces canadiennes. La mesure du gouvernement pourrait donc diminuer significativement la qualité de l’enseignement et des recherches qui y sont proposées dans les prochaines années, alors que les répercussions pourraient être plus facilement absorbées par la réputation internationale et les ressources financières dont jouit déjà McGill.

Le débat sur les frais de scolarité, loin de se réduire aux financements accordés aux universités anglophones et francophones, remet à l’avant-plan la question de l’identité culturelle québécoise. Veut-on prêcher en faveur d’un protectionnisme linguistique ou d’une ouverture à la culture anglophone? La situation sociolinguistique diversifiée pourrait souffrir de ne plus recevoir assez d’étudiants d’ailleurs.

Veut-on restreindre l’usage de l’anglais ou plutôt favoriser un profil linguistique montréalais qui favorise la cohabitation de réalités culturelles et la curiosité pour la langue d’autrui? C’est peut-être là que résident toute la complexité et l’attrait de notre métropole québécoise.

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Et si le public proposait les sujets? https://www.delitfrancais.com/2023/10/25/et-si-le-public-proposait-les-sujets/ Wed, 25 Oct 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=52968 Pivot inaugure sa nouvelle plateforme web : la Salle de nouvelles.

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Créé en 2021, le média indépendant et progressiste Pivot a lancé le 19 octobre dernier la Salle de nouvelles, une plateforme en ligne qui permet à ses abonné·e·s de soumettre des idées d’articles et de commenter les propositions des autres membres de la communauté. Cette initiative a pour but de créer un espace d’échange entre l’équipe éditoriale et les préoccupations du lectorat, qui peut se prononcer sur les sujets qu’il souhaite voir couverts.

Lors de la soirée de lancement agrémentée de numéros d’humoristes, collaborateur·rice·s et grand public étaient convié·e·s pour se familiariser avec le fonctionnement de la Salle de nouvelles. Il suffit de se connecter à la plateforme en ligne –accessible aux abonné·e·s – pour voir apparaître les suggestions d’article, qui seront révisées par l’équipe éditoriale de Pivot et qui, en fonction de leur popularité, pourraient se voir choisies. La personne qui est à l’origine de l’idée d’article serait alors mentionnée dans l’article lors de sa publication, afin de mettre en valeur ce tout nouveau processus collaboratif de production des nouvelles.

Comment se définit Pivot?

La soirée du 19 octobre a aussi été l’occasion de présenter la ligne éditoriale de Pivot, afin de faire connaître ses angles de prédilection dans la couverture de l’actualité. Créé il y a plus de deux ans, Pivot résulte de la fusion du volet francophone de journal multiplateforme Ricochet et du média Majeur, qui proposait jusqu’en 2021 du « contenu d’actualité à contre-courant des intérêts des élites économiques et politiques », comme indiqué sur son site web. Dans la continuité de cette mission, Pivot se présente comme un média ouvertement progressiste qui entend élargir les perspectives journalistiques au Québec, optant pour le traitement de certaines questions d’actualité qui ne sont pas assez contextualisées dans les médias traditionnels.

« Pivot estime que la prétention à l’objectivité ou à la neutralité masque surtout la persistance, consciente ou non, du point de vue, des conceptions et des valeurs dans l’information »

Un article sur la bande dessinée Résister et fleurir qui décrit la lutte contre le déboisement à Hochelaga ou encore un dossier d’enquête sur les conditions des travailleur·se·s au Club Med de Charlevoix ; voici quelques exemples des histoires pour lesquelles certain·e·s membres de l’équipe se sont dits particulièrement interpellés. Éclairant des enjeux locaux, Pivot se consacre également aux enjeux internationaux à résonance locale comme les impacts du conflit israélo-palestinien à Montréal. La couverture de la manifestation pro-palestinienne du 13 octobre dernier au centre-ville aura été l’occasion de recueillir des témoignages à chaud sur la condamnation par les gouvernements provincial et fédéral de toute manifestation pro-Palestine.

Pivot propose un journalisme « factuel » et « critique », selon sa page web dédiée à sa politique éditoriale. On peut également
y lire que « Pivot estime que la prétention à l’objectivité ou à la neutralité masque surtout la persistance, consciente ou non, du point de vue, des conceptions et des valeurs dans l’information », qui interviennent « inévitablement à diverses étapes » de l’élaboration des articles.

La Salle de nouvelles a pour objectif de permettre au public de participer activement au processus de création des nouvelles en évitant pour Pivot de se cantonner à une perspective journalistique unique. Selon Alex Ross, ayant cofondé Pivot et maintenant à sa rédaction en chef, la salle de nouvelles devient une manière de « travailler en collégialité » et de développer « une méthode plus démocratique » par la réinvention des pratiques du milieu. Iel explique que si les biais dans les choix des sujets sont inévitables, la participation des abonné·e·s permettrait un rééquilibrage des perspectives autour de la notion de progressisme de laquelle se réclame Pivot.

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MK-Ultra : les victimes réclament justice https://www.delitfrancais.com/2023/10/18/mk-ultra-les-victimes-reclament-justice/ Wed, 18 Oct 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=52797 Des expériences illégales menées sur des sujets humains à McGill.

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Le 2 octobre dernier, la Cour d’appel du Québec a accordé l’immunité juridique au gouvernement américain, qui aurait laissé libre cours à des expériences de lavage de cerveau 70 ans plus tôt dans un hôpital psychiatrique de McGill. Le programme de recherche MK-Ultra, créé secrètement en 1953 par la CIA, développait des techniques de contrôle de l’esprit sur des cobayes humains non consentants. Il a pris place dans plus de 80 institutions, dont l’Institut Allan Memorial à McGill. Depuis, plusieurs familles de victimes réclament justice et estiment que des dommages irréparables leur ont été causés.

Cette affaire fait suite à une action collective entreprise en 2019 au nom de toute personne ayant subi des préjudices à la suite des expériences MK-Ultra. Cette action collective poursuit l’Université McGill, l’Hôpital Royal Victoria et les gouvernements canadien et américain.

En vertu de la Loi sur l’immunité des États de 1982, la Cour d’appel du Québec a décrété que le gouvernement américain ne peut être poursuivi en sol canadien, bénéficiant d’une immunité au moment où les expériences MK-Ultra ont été orchestrées. Les avocats du procureur général des États-Unis ont obtenu gain de cause en plaidant que tout procès intenté à l’encontre du gouvernement américain doit avoir lieu dans leur pays. Selon les plaignants, cette décision est invalide parce qu’elle ne tient pas compte d’une application rétrospective de la clause 6A de la Loi, qui établit une dérogation à l’immunité de juridiction dans le cas de « décès ou dommages corporels survenus au Canada ».

Dans quel contexte MK-Ultra a‑t-il eu lieu?

Au début de la guerre froide, la CIA suspectait l’URSS d’avoir découvert une drogue puissante permettant le lavage de cerveau, alors que certains combattants américains auraient été reconditionnés au sortir de leur emprisonnement dans le camp communiste. Durant la « Peur Rouge », un fort sentiment anticommuniste se propage aux États-Unis ; c’est dans ce contexte que la CIA crée le projet hautement confidentiel MK-Ultra, afin de mettre au point des techniques de manipulation mentale. Il est reconnu assez unanimement que le financement des expériences à l’hôpital psychiatrique de McGill provenait en partie de la CIA, sous couvert de fausses associations.

Électrochocs 30 à 40 fois plus forts que la moyenne, administration de LSD-25, coma artificiel et mélange de médicaments : tels étaient les traitements infligés aux patients qui entraient à l’Institut Allan Memorial, dirigé par son tout premier directeur, Donald Ewen Cameron. Co-fondateur de l’association mondiale de psychiatrie (WPA), il est à l’époque psychiatrique de renom et a participé à l’examen du cas dirigeant nazi Rudoplh Hess lors du procès de Nuremberg en 1945.

De 1948 à 1964, Cameron est à la tête de l’hôpital psychiatrique en plein cœur de Montréal. Il y instaure une politique d’« hôpital de jour », considérée novatrice à l’époque, parce qu’elle laisse le choix aux patients de retourner chez eux après avoir reçu leurs traitements dans la journée. Elle permet ainsi d’humaniser les soins et de limiter l’impression d’enfermement.

Une partie des recherches de Cameron mises en œuvre à l’Institut Allan Memorial de McGill portaient sur le traitement de la schizophrénie. Son article co-rédigé en 1958 présente une approche psychiatrique visant la « déstructuration » du cerveau du patient : « L’objectif de la thérapie par électrochocs est de produire, en combinaison avec le sommeil, un état de confusion que nous appelons déstructuration complète. (tdlr) » Cet « état de confusion » mènerait alors le patient à perdre toute notion spatio-temporelle, puis de son identité, afin d’entamer par la suite une période de « reprogrammation » du cerveau en le bombardant de messages à répétition. Ces expériences auraient notamment créé des troubles de la parole, d’incontinence et l’amnésie chez les patients.

Témoignage d’une survivante

Lana Ponting, une Winnipégoise de 82 ans contactée par Le Délit, a subi les expériences de Cameron et a accepté de témoigner de son passage au Allan Memorial Institute. Elle réclame une reconnaissance de ses traumatismes ainsi qu’une compensation financière de la part du gouvernement canadien. Ponting a fait une déclaration sous serment devant la Cour supérieure du Québec, appuyant le procès intenté par les mères Mohawks, puisqu’elle croit que des victimes des expériences MK-Ultra ont bel et bien été enterrées en sol mcgillois.

Pour rappel, le collectif des mères Mohawks a déposé une plainte en mars 2022 contre la construction du Nouveau Vic, alléguant que des tombes non marquées d’enfants autochtones, victimes des expériences du docteur Cameron et de mauvais traitements, seraient présentes sur le site.

De tempérament fugueuse, Ponting a été envoyée à l’hôpital psychiatrique en 1958 alors qu’elle était âgée de 15 ans. « J’avais des problèmes avec ma famille. Mon père et ma belle-mère n’avaient aucune idée de ce qu’était réellement l’Allan Memorial Institute. Et puis j’y suis entrée. On m’a donné beaucoup de drogues, y compris du LSD », explique-t-elle.

Ponting avoue ne pas se souvenir beaucoup de cette époque, en raison de la forte dose de médicaments et de drogues qu’elle ingérait. Elle conserve tout de même le souvenir de Cameron comme d’« un homme très méchant » et définit ses traitements comme de la « torture » qui ont laissé chez elle des traces physiques et mentales.

Elle est l’une des rares personnes qui a pu accéder à son dossier médical, qui consignait des notes sur le contexte des expérimentations illégales. Ce dossier s’avère bien souvent crucial pour récolter des preuves médico-légales de ce qui s’est véritablement passé à l’Institut Allan Memorial. En effet, plusieurs familles de survivants n’ont pas pu mettre la main sur ce dossier pour des raisons de confidentialité, ou encore parce qu’il aurait été détruit dans la foulée de la décision de la CIA d’éliminer en 1973 tout document relié au projet MK-Ultra.

Elle conserve tout de même le souvenir de Cameron comme d’« un homme très méchant » et définit ses traitements comme de la « torture » qui ont laissé chez elle des traces physiques et mentales.

Lana Ponting dit ne pas faire ses démarches légales uniquement pour elle-même, mais bien parce qu’elle désire que « tout le monde sache que cela s’est vraiment passé ». Il est toujours possible que l’action collective se poursuive devant la Cour suprême pour infirmer la décision d’accorder l’immunité aux États-Unis dans l’affaire MK-Ultra.

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McLennan-Redpath : ambitions et inquiétudes https://www.delitfrancais.com/2023/10/04/mclennan-redpath-ambitions-et-inquietudes/ Wed, 04 Oct 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=52656 Le projet de rénovation Fiat Lux sera-t-il à la hauteur des attentes?

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En fin de semestre, alors que de nombreux étudiants stressés se hâtent vers le célèbre gymnase Tomlinson pour réaliser leurs examens finaux, d’autres s’entassent dans les bibliothèques pour d’intenses sessions de révisions. Pendant cette période, l’un des problèmes majeurs rencontré par les étudiants est le manque de place dans les bibliothèques du campus. En effet, beaucoup d’étudiants n’ont pas la chance d’avoir un environnement favorable aux révisions chez eux, et se retrouvent alors désemparés, privés de lieux pour réviser, ou du moins très limités dans leur choix.

La bibliothèque des sciences humaines et sociales, située au sein du complexe McLennan-Redpath, est le plus grand lieu d’études sur le campus de McGill. En fin de semestre, elle ne parvient que rarement à accueillir l’ensemble des étudiants ayant besoin d’un lieu pour travailler ; d’ailleurs elle avait reçu une moyenne de 5000 visites journalières lors des examens finaux à l’hiver 2023.

Fiat Lux, le projet de rénovation de la bibliothèque McLennan-Redpath prévu pour l’année 2025, vise à résoudre ce fort taux d’achalandage. Il devrait permettre de mieux répondre aux besoins des étudiants, des professeurs, des chercheurs, ainsi que des autres usagers de la bibliothèque.

La date exacte du début des travaux, quant à elle, n’est pas encore fixée et pourrait changer au cours des prochains mois. C’est ce qu’explique Guylaine Beaudry, la doyenne des bibliothèques, en entrevue avec Le Délit : « On ne s’attend pas à ce que la construction débute avant 2025. Est-ce que ce sera janvier? Est-ce que ce sera avril ou septembre-octobre? Ça, je ne peux pas vous le dire. »

Cette imprécision s’explique par le fait que certains éléments préalables à la concrétisation du projet sont toujours en cours de réalisation. « La préparation des plans d’architecture et technique en est à 60% [de sa réalisation, ndlr]. Nos architectes et nos ingénieurs doivent construire sur papier la bibliothèque et tout ce qu’il y a derrière, comme les réseaux électriques, la plomberie et le système de ventilation, ce qui prend quand même un certain temps. En parallèle, le budget n’est pas complètement bouclé. Alors, on travaille aussi avec la direction de l’Université, qui est très mobilisée pour livrer ce projet-là », fait valoir la doyenne des bibliothèques.

Faisant l’objet de consultations depuis 2012, le budget du projet Fiat Lux s’élève à au moins 200 millions de dollars, divisé entre un investissement de l’Université et des donations privées, et sa construction devrait s’échelonner sur une durée de deux à trois ans. L’inauguration de cette nouvelle bibliothèque n’aura donc pas lieu avant 2027.

Des besoins en constante évolution

Le projet Fiat Lux, locution latine signifiant « que la lumière soit », en référence aux immenses baies vitrées qui laisseront pénétrer les rayons du soleil dans les espaces de travail, vise à résoudre un problème de technologie. Chaque année augmente encore un peu plus le décalage entre les services proposés par la bibliothèque et les besoins réels des étudiants. Le site du projet indique que la nouvelle bibliothèque « permettra le déploiement d’avancées captivantes en apprentissage fondées sur la technologie et en pédagogie pour se positionner de manière proactive afin de combler les besoins actuels et futurs des étudiants, des professeurs et des chercheurs mcgillois » et se présente comme un « pôle de connexion à la fine pointe de la technologie consacré à l’enseignement […] en cette ère numérique ». Fiat Lux sera dotée d’équipements comme des imprimantes 3D, des visiocasques et traqueurs de réalité virtuelle, des cartes de circuit ou encore des studios d’enregistrement insonorisés.

De ce point de vue, la rénovation de la bibliothèque répond au virage numérique qui est en train de se produire dans le milieu éducatif et met en avant le rôle de plus en plus important que joue la technologie dans l’apprentissage. Guylaine Beaudry souligne que « la bibliothèque [à son origine, ndlr] n’a pas été conçue pour l’ère numérique. Et là, 90 % des achats [pour nos collections, ndlr] sont numériques. Il faut prendre le temps de consulter les bibliothécaires, les employés de soutien et les professionnels pour effectuer cette transition là ».

« [Le projet] permettra le déploiement d’avancées captivantes en apprentissage fondées sur la technologie et en pédagogie pour se positionner de manière proactive afin de combler les besoins actuels et futurs des étudiants, des professeurs et des chercheurs mcgillois »


Site du projet Fiat Lux

Pour rappel, le complexe Redpath-McLennan est ancien : l’ouverture du pavillon Redpath à titre de bibliothèque date de
la fin du 19e siècle
, avec des extensions et des améliorations effectuées au cours du 20e siècle ; l’ouverture du pavillon McLennan, aujourd’hui considéré comme l’un des lieux majeurs de recherche et de travail sur le campus, remonte à 1969. Ainsi, en plus de 50 ans, aucun projet majeur de rénovation ou de transformation n’a été entrepris.

L’espace occupé représente-t-il l’espace disponible?

McGill comptait un peu moins de 17 000 étudiants à temps plein en 1970. Alors que la bibliothèque parvenait sûrement à combler les besoins des étudiants à cette époque, il est normal que ce ne soit plus le cas : à l’automne 2022, le nombre a plus que doublé, avec environ 40 000 étudiants à temps plein.

Un rapport de 2015, réalisé par l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM), permet de mieux comprendre le conflit d’espace que provoque la surpopulation de la bibliothèque. Alors que 82% des étudiants interrogés déclarent utiliser la bibliothèque uniquement pour travailler ou réviser, seuls ou en groupe, seulement 32% de l’espace disponible dans la bibliothèque est réellement alloué à cette utilisation. De leur côté, les livres occupent 51% de l’espace disponible, alors qu’uniquement 7% des utilisateurs confient utiliser la bibliothèque pour consulter ou emprunter des ouvrages.

Ce déséquilibre entre les utilisateurs, leurs besoins et l’espace qui leur est dédié, est l’un des problèmes que vise à résoudre le projet Fiat Lux. Une grande partie des collections du complexe McLennan-Redpath sera relocalisée vers un centre de collection ultra-technologique situé à Salaberry-De-Valleyfield, au sud de l’Île de Montréal. De plus, Fiat Lux accueillera 5189 places de travail, un chiffre avancé par Guylaine Beaudry, ce qui représente près du double des espaces actuels.

Entre le transfert des livres et le début de la rénovation prévue pour 2025, il y aura également la création de places d’études temporaires, nous assure Guylaine Beaudry : « Le cycle va probablement être terminé au cours de l’été prochain, pour la prochaine année universitaire. Pour le moment, ce ne sera pas de très beaux espaces, parce que ce ne sera pas rénové, mais quand même, vous allez avoir des tables et des chaises pour pouvoir travailler. » S’ils ne seront sans doute pas optimaux, ces espaces se révéleront accommodants, compte tenu de la situation. Reste à savoir si l’emplacement qui leur sera dédié sera suffisamment silencieux pour favoriser la concentration.

Les aléas des travaux : à quoi s’attendre?

L’entièreté du complexe McLennan-Redpath sera inaccessible pendant la durée des travaux. Or, la présentation du Sénat de l’Université McGill le 16 janvier 2019 prévoyait que le pavillon Redpath pourrait demeurer ouvert pendant la rénovation de McLennan. La doyenne a examiné cette possibilité à maintes reprises et nous explique pourquoi l’administration de McGill
a rendu sa décision officielle de fermer simultanément les deux pavillons lors des rénovations : « Il y aura un trou qui sera creusé entre la bibliothèque McLennan et Redpath, [ce qui représente l’équivalent, ndlr] de quatre étages de profondeur. Ils vont refaire la structure sismique, mais aussi tous les services de ventilation […] Les ingénieurs nous ont expliqué qu’on ne pouvait pas laisser Redpath ouverte pendant cette période-là. »

La réouverture cet automne de la bibliothèque Schulich, qui comporte plus de 800 places, sème l’espoir pour l’administration McGill. Elle permettra en partie d’accommoder les étudiants pendant la période de rénovation, même si sa capacité d’accueil est loin d’offrir suffisamment d’espace de travail. Dans cette optique, Guylaine Beaudry a manifesté sa volonté de trouver un nombre équivalent de places d’études à McLennan-Redpath dans le système de McGill. « Il faut trouver 2000 places d’études dans le campus quelque part, pour compenser […] Pendant la construction, il faut qu’on ait au moins la même chose que ce qu’on a maintenant. Si on peut avoir plus, tant mieux », précise-t-elle.

Alors que Fiat Lux vise à augmenter le nombre de places assises pour les étudiants, une grande portion de l’espace de travail sera inaccessible pendant une bonne partie des travaux.

Dans la bibliothèque des sciences sociales, ce n’est pas une mince affaire. Si l’espace concerné venait à disparaître, ne serait-ce que pour une courte durée, les conséquences pourraient être importantes pour les étudiants.

Charlotte*, étudiante en Sciences politiques à McGill, avoue voir le bon côté du projet Fiat Lux : « Ce sera l’occasion de découvrir d’autres bibliothèques à McGill comme les bibliothèques de la Faculté de droit, des études islamiques ou encore les espaces de travail dans les bâtiments de sciences. Je pense que les étudiants vont s’adapter sans trop de problèmes. » Elle avoue cependant que la durée de deux à trois ans des travaux lui paraît particulièrement longue, et que le fait de ne pouvoir accéder à un espace aussi central que McLennan-Redpath pendant plusieurs années sera sans doute contraignant.

Dès les prochaines semaines, le retrait des rayons de livres dans McLennan-Redpath amènera inévitablement une baisse significative du nombre d’ouvrages disponibles pour effectuer des travaux. Certaines facultés à McGill pourraient éprouver des difficultés à se procurer des ouvrages physiques qui leur sont nécessaires. Guylaine Beaudry reconnaît à ce titre que « dans les disciplines des sciences humaines et sociales, il faut apporter une attention encore plus importante ». En effet, ces disciplines peuvent dépendre davantage d’ouvrages qui n’ont pas encore été numérisés, mais qui sont nécessaires pour l’accomplissement de travaux de recherche, tels que les mémoires ou les thèses. D’un autre côté, la proximité avec la BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec), ainsi que les trois autres universités de Montréal, a l’avantage de faciliter grandement l’emprunt d’ouvrages au sein de ces institutions voisines via la plateforme en ligne Sofia.

« Ce sera l’occasion de découvrir d’autres bibliothèques à McGill comme les bibliothèques de la Faculté de droit, des études islamiques ou encore les espaces de travail dans les bâtiments de sciences. Je pense que les étudiants vont s’adapter sans trop de problèmes »


Charlotte, étudiante en Sciences politiques à McGill

Compte tenu de l’envergure du projet Fiat Lux, les travaux pourraient générer des inquiétudes, particulièrement dans l’atteinte des objectifs temporels fixés par la direction du projet. Il faut le dire, les travaux à McGill, et plus largement dans Montréal, ont mauvaise réputation. Outre le retard que pourrait prendre le chantier, le projet Fiat Lux occasionnera sans doute plusieurs maux de tête chez les étudiants, notamment pour bien situer les ressources relocalisées à d’autres endroits sur le campus.

L’enjeu de la communication

Louis*, étudiant en Sciences politiques à McGill, nous a fait part de sa perception des impacts du projet Fiat Lux sur le futur de la communauté étudiante. « Les étudiants qui arriveront en 2025, qui sont à McGill pour trois ans, ils ne vont pas voir l’Université comme nous on la voit. Ils vont avoir une expérience complètement différente. Parce que pour moi, McLennan-Redpath, c’est quand même la principale bibliothèque de McGill. C’est quand même un endroit de travail, mais aussi de socialisation, je trouve. C’est un espace où on peut faire des rencontres, travailler en commun avec beaucoup de gens. Moi, c’est là où j’ai construit quelques amitiés », explique-t-il.

Il a également renchéri sur l’importance de la communication que doit prendre selon lui l’administration de McGill en charge du projet : « Il faut savoir concrètement où est-ce qu’on peut aller travailler. Il faut que l’administration de McGill nous liste exactement toutes les bibliothèques et les espaces possibles, parce que les gens vont peut-être mettre un petit moment pour s’adapter à trouver un espace qui leur convient. »

« Pour moi, McLennan-Redpath, c’est quand même un endroit de travail, mais aussi de socialisation, je trouve. C’est un espace où on peut faire des rencontres, travailler en commun avec beaucoup de gens. Moi, c’est là où j’ai construit quelques amitiés »


Louis, étudiant en Sciences politiques à McGill

De son côté, Guylaine Beaudry soutient l’importance de communiquer de manière soutenue et transparente avec la communauté étudiante pour les tenir informés de l’avancement du projet de construction. « Huit mois avant la fermeture de McLennan-Redpath, vous saurez à quels endroits vous pourrez étudier », déclare-t-elle. Elle s’engage, en concertation avec l’Université, à aviser les étudiants au moins un an avant la fermeture de la bibliothèque : « Donc dans 12 mois, on ne sera pas fermé. Vous allez le savoir à l’avance, mais ce que j’ai envie de vous dire, c’est qu’on va organiser cet automne des séances pour communiquer sur le projet, parce que je pense qu’il n’y a pas assez d’informations sur le projet dans la communauté […] Pour le moment, ce sont les collections qui sont acheminées au Centre des collections de l’Université McGill à Salaberry-de-Valleyfield, et ça commence lundi le 2 octobre. »

*Noms fictifs


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Entre minimisation et diabolisation de la dépendance https://www.delitfrancais.com/2023/09/27/entre-minimisation-et-diabolisation-de-la-dependance/ Wed, 27 Sep 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=52440 Cette semaine, Le Délit vous propose une édition spéciale sur les dépendances, les addictions et les obsessions. Le concept d’addiction entretient un sens très proche avec celui de dépendance, « le premier étant généralement défini par le second » selon la Banque de dépannage linguistique. Le phénomène d’obsession doit cependant en être distinct, même s’il… Lire la suite »Entre minimisation et diabolisation de la dépendance

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Cette semaine, Le Délit vous propose une édition spéciale sur les dépendances, les addictions et les obsessions. Le concept d’addiction entretient un sens très proche avec celui de dépendance, « le premier étant généralement défini par le second » selon la Banque de dépannage linguistique. Le phénomène d’obsession doit cependant en être distinct, même s’il peut être corrélé avec certaines formes de dépendance. Comment rendre compte des spécificités de chacune de ces conditions, sans pour autant les réduire à des catégories médicales ou sous-estimer la souffrance des personnes qui les vivent? Voici un petit guide non exhaustif pour mieux s’y retrouver à travers les notions de troubles addictifs ou obsessionnels.

L’obsession n’est pas une addiction

L’obsession consiste en des idées ou des images, notamment sous forme d’angoisses et de peurs irrationnelles, qui se manifestent à l’esprit de manière persistante. Il faut encore la distinguer du trouble obsessionnel compulsif (TOC), qui amène les personnes atteintes à concrétiser leurs obsessions à travers des actes (lavage des mains excessif par peur de contamination, par exemple).

Les comportements compulsifs peuvent s’apparenter à des addictions par leur difficulté à être contrôlés ou à leur mettre fin. Or, ces deux notions sont foncièrement différentes, et il peut très bien avoir présence de l’une en l’absence de l’autre. Les compulsions peuvent être neutres ou déplaisantes, alors que « la dépendance implique des substances ou des comportements qui offrent une récompense. Ils peuvent procurer du plaisir, de l’excitation ou de l’évasion. Bien qu’ils puissent être nocifs dans l’ensemble, l’activité elle-même reste agréable, même si ce n’est que temporairement », comme nous l’explique un article scientifique paru dans MedicalNewsToday.

La dépendance se manifeste donc le plus souvent à travers le besoin irrépressible de consommer une substance (alcool, tabac, drogue). L’Organisation mondiale de la santé (OMS) la décrit comme « un état psychique et parfois physique, résultant de l’interaction entre un organisme vivant et un produit, caractérisé par des réponses comportementales ou autres qui comportent toujours une compulsion à prendre le produit de façon régulière ou périodique pour ressentir ses effets psychiques et parfois éviter l’inconfort de son absence ».

Et si la dépendance pouvait être positive?

La définition de l’OMS a peut-être pour seul défaut d’omettre que la dépendance peut se manifester aussi à travers l’accomplissement d’une activité.

Il est donc possible d’envisager cette notion non plus seulement en fonction du degré de nocivité des substances ingérées. Le phénomène des « addictions positives », rendu populaire par le psychiatre américain William Glasser en 1976, s’intéresse à la course à pied et à la méditation comme des pratiques dont le potentiel « addictogène » contribue à créer une dépendance bénéfique pour le corps et l’esprit.

Or, même les activités physiques peuvent se révéler mauvaises lorsqu’elles sont pratiquées à l’excès. Le sport pratiqué outre mesure ne cache-t-il pas lui aussi son lot de comportements et d’habitudes malsaines qui méritent d’être élucidés? On pourrait penser à l’apparition de troubles alimentaires liés à la poursuite obsessive du corps parfait, ou même à la tentation de consommer des stéroïdes anabolisants à usage récréatif chez les jeunes adeptes de salle de musculation.

Sur la question des activités, certaines pourraient être plus insidieuses que la dépendance aux substances. L’addiction aux jeux vidéo, dans la mesure où ses effets néfastes ne sont pas directement observables sur la santé physique du joueur, impactent plutôt sa santé mentale, sa vie sociale ou académique, et l’empêchent d’accomplir d’autres activités. C’est lorsqu’il y a un empiètement disproportionné de la sphère virtuelle sur la sphère réelle que l’usage des jeux vidéo devient problématique, selon le psychiatre et docteur en neurosciences Olivier Phan.

Demander de l’aide nécessite du courage

Il n’y a nulle prétention ici de porter un regard clinique sur les dépendances et les obsessions, qui sont des phénomènes complexes en interaction avec une foule de facteurs sociaux, mentaux, environnementaux et génétiques. Leur consacrer une édition spéciale peut toutefois sensibiliser à ces troubles qui sont parfois mal compris et mènent à l’isolement des personnes touchées.

L’identification d’une addiction et la progression à travers les étapes du sevrage sont des processus qui demandent du courage. L’accompagnement d’une personne touchée par l’un de ses troubles, du diagnostic jusqu’à son traitement, peut s’avérer crucial. Voici quelques ressources en libre accès qui peuvent être utiles :

Tel-jeunes (Région de Montréal) : 514 288‑2266

Le site gouvernemental Alcochoix+ propose différentes formules d’accompagnement pour les gens touchés par une dépendance à l’alcool.

Le Centre universitaire de santé de McGill offre également des services de traitement de la dépendance aux substances : 514–934-8311

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McGill et les terres non cédées : promesses et (in)action https://www.delitfrancais.com/2023/09/20/mcgill-et-les-terres-non-cedees-promesses-et-inaction/ Wed, 20 Sep 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=52186 Les reconnaissances territoriales peuvent-elles mener vers la réconciliation?

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Les reconnaissances territoriales sont aujourd’hui mises de l’avant comme une manière de souligner l’appartenance des territoires sur lesquels nous vivons aux peuples autochtones, mais aussi de rappeler qu’il est important d’honorer leurs droits ancestraux et la préservation de leur culture sur les terres qui leur ont été enlevées durant la période coloniale. Cette forme de réappropriation symbolique du territoire, loin d’être une finalité en soi, doit servir de rappel constant du passé des terres sur lesquelles nous nous retrouvons pour étudier.

L’Université McGill, dont le campus du centre-ville est situé sur les terres autochtones de la communauté Kanien’kehá:ka, a non seulement un devoir de reconnaissance, mais doit également être l’instigatrice d’un mouvement de sensibilisation à l’égard de la cause autochtone sur le campus car elle demeure parfois mal comprise. Alors que les reconnaissances de territoire se retrouvent dans la plupart des plans de cours et dans la majorité des événements académiques de l’Université, leur lecture conserve-t-elle leur pertinence si elles ne sont pas suffisamment mises en contexte et n’entraînent pas d’actions concrètes de la part de McGill?

Que fait McGill pour la cause autochtone?

En 2017, le Groupe de travail du vice-principal exécutif sur les études et l’éducation autochtones publie un rapport final, au sein duquel sont émis 52 appels à l’action « jugés essentiels au succès du projet de réconciliation et de reconnaissance des peuples autochtones de McGill », comme l’indique le site web du Bureau des initiatives autochtones (BIA). Ce Bureau, qui a été créé en réponse à l’appel à l’action 48, incite McGill à se mobiliser davantage pour encadrer les étudiant·e·s autochtones à travers leur parcours universitaire et accroître le financement accordé à la cause autochtone.

Interrogée par Le Délit, Frédérique Mazerolle, agente des relations avec les médias de l’Université McGill, a développé sur la mission du Bureau : « En tant que responsable institutionnel de la vision de McGill en matière d’enjeux autochtones, le BIA, dirigé par la vice-principale exécutive adjointe (Initiatives autochtones), joue un rôle à plusieurs niveaux en s’efforçant d’intégrer l’identité autochtone dans toutes les facettes de la vie universitaire. Il s’emploie également à renforcer la sensibilisation et l’harmonisation des diverses initiatives autochtones dans l’ensemble de l’Université, à favoriser la réussite des étudiants et des professeurs autochtones, et à soutenir la mise en œuvre des 52 appels à l’action de McGill en matière d’études autochtones et d’éducation autochtone. »

Or, la manière dont s’orchestrent les consultations entre l’Université et les communautés autochtones sur le campus nous paraissent floues et difficilement accessibles. Frédérique Mazerolle soutient que « l’Université s’engage à travailler en collaboration avec les membres de la communauté mcgilloise pour faire avancer les appels lancés par la Commission de vérité et de réconciliation du Canada et les engagements en faveur de la décolonisation et de l’autochtonisation dans les domaines de l’enseignement autochtone, de la réussite des étudiants autochtones, des communications, des événements et de l’établissement de relations, en renforçant la présence autochtone et la représentation physique des autochtones sur nos campus ».

« Les colonisateurs ne comprennent pas le sens [des reconnaissances territoriales], n’ont pas fait de recherches sur ce qu’ils disent, et [ leur emploi] est générique et trop souvent répété »


Aaron, membre des communatés Anishinaabe et Haudenosaunee

Témoignage d’étudiant·e·s mcgillois·e·s

Le Délit s’est entretenu avec Aaron*, un étudiant de première année à McGill et membre des communautés Anishinaabe et Haudenosaunee. Il nous confie : « Je crois que les reconnaissances de territoire sont une pratique importante. Aux temps pré-coloniaux, lorsque les peuples autochtones se déplaçaient sur les territoires d’autres nations, ils remerciaient la nation hôte pour son hospitalité et reconnaissaient la terre sur laquelle ils étaient invités. Bien que les reconnaissances de territoire soient importantes, il existe tout de même une tendance chez les colonisateurs à les instrumentaliser pour signifier leur solidarité. Souvent, les colonisateurs n’en comprennent pas le sens, n’ont pas fait de recherches sur ce qu’ils disent, et utilisent une reconnaissance de territoire générique et trop répétée. Ceci amoindrit la nécessité et la valeur de ces reconnaissances et propage une fausse solidarité qui est préjudiciable et blessante pour les personnes autochtones qui partagent leur espace avec des colonisateurs. (tdlr) » À une question sur les actions entreprises par l’Université McGill, Aaron précise qu’il n’est qu’en première année et juge ne pas être pleinement renseigné sur les initiatives de McGill. Ceci dit, il juge que « les reconnaissances de territoire ne cachent pas nécessairement un manque d’actions concrètes. Effectivement, dans plusieurs cas, les colonisateurs croient qu’une reconnaissance de territoire représente la majeure partie du travail qu’ils doivent accomplir, alors que la plupart des personnes autochtones préféreraient éviter les reconnaissances de territoire vides de sens et superficielles. Malgré tout, McGill a lentement entrepris des actions concrètes pour améliorer ses relations avec les peuples autochtones. Cela inclut la mise en place de mécanismes de consultation, des cours d’études autochtones, ainsi que le financement de la First Peoples’ House. Cependant, McGill devrait également éduquer sur la compréhension des reconnaissances territoriales, ainsi qu’améliorer les ressources disponibles sur l’importance de la terre sur laquelle les colons résident ».

Le sens que revêtent ces reconnaissances de territoire et le contexte dans lequel elles interviennent est-il en revanche bien compris par tous·tes? Selon Clara*, ayant été coordonnatrice à l’édition 2023 de Frosh et ayant suivi des formations afin de bien réciter les reconnaissances territoriales, « il y a un manque de communication de la part de McGill sur la raison derrière ces reconnaissances de territoire. Il a fallu que je reçoive un entraînement pour comprendre pourquoi on en faisait ».

Elle a reçu de la part des personnes responsables de son entraînement des directives qui pourraient paraître « contradictoires », selon ses propres mots. La première de ces directives, « c’est surtout ne pas écorcher les noms, et que si on pense ne pas être en mesure de les prononcer, il faut mettre l’audio, pour une question de respect. Mais la deuxième directive demande aussi de faire un effort individuel [pour respecter la prononciation, ndlr] », nous explique-t-elle. Elle dit avoir tenté de comprendre comment bien les dire, car il s’agit d’« une manière de respecter l’histoire, de respecter ce qui s’est passé, et surtout de faire un travail de non-oubli sur l’histoire et ces territoires non cédés ».

Marie Prince | Le Délit

Que des paroles en l’air?

Les témoignages d’Aaron et Clara nous éclairent sur le manque d’exhaustivité quant aux raisons pour lesquelles on s’adonne aux reconnaissances territoriales, et leur absence de corrélation avec des gestes significatifs posés par McGill. Bien que les reconnaissances de territoire partent d’une intention noble, elles semblent presque surfaites dans le contexte mcgillois, et on doute que leur impact soit conséquent pour initier un véritable désir de s’informer sur ses enjeux adjacents de la part de la communauté étudiante. La préservation des langues, la défense des droits, la promotion des cultures autochtones sont tout autant des dossiers de taille, qui semblent délaissés, mais qui devraient faire l’objet d’une attention continue. Alors que les reconnaissances de territoire sont en soi un pas dans la bonne direction, il reste du devoir de McGill d’accorder la même importance à ces enjeux que celle donnée à l’histoire du territoire mcgillois.

Au-delà du fait que les reconnaissances territoriales manquent parfois de contextualisation, on juge que l’élocution expéditive qui les caractérise dénote souvent une certaine indifférence. Initialement, la mise en place d’une telle mesure a dû sembler novatrice, et a certainement mené un certain nombre d’étudiant·e·s à se renseigner sur les questions autochtones, mais on craint qu’à l’usure, les reconnaissances territoriales ne soient devenues dans l’oreille de plusieurs que des mots dénués de sens qu’on nous répète au début de chaque trimestre. Bien qu’on juge important de continuer à en faire, leur portée nous semble actuellement limitée.

L’Université devrait en ce sens faire un travail beaucoup plus conséquent pour rendre publiques et facilement accessibles les informations qui ont trait aux initiatives dont l’accomplissement est en cours. La communication de la part de McGill quant aux avancées des appels à l’action est aussi défaillante, et laisse transparaître une forme de laxisme pour tenir informée la population étudiante quant aux initiatives relatives aux causes autochtones. Parmi les 52 appels à l’action rédigés en 2017, le cinquantième nous semble assez représentatif de l’état des affaires autochtones à McGill. Ce dernier invitait l’Université à « créer une stratégie de communication coordonnée concernant les initiatives, les programmes et les peuples autochtones. […] le Groupe de travail invite en outre notre Université à explorer et à développer des modes systématiques visant à améliorer la prise de conscience générale et la compréhension quant aux questions autochtones et à stimuler la participation ayant trait aux initiatives d’éducation par tous les membres de la communauté mcgilloise ».

« La réconciliation ne consiste donc pas simplement à cocher une case permet- tant d’affirmer que tel ou tel problème est résolu. Au contraire, c’est plutôt un continuum d’actions visant à aborder les préoccupations, les problèmes existants et à créer des relations positives entre colonisateurs et colonisés »


Aaron, membre des communautés Anishinaabe et Haudenosaunee

Six ans après le rapport du Groupe de travail, il nous semble difficile d’affirmer avec confiance que McGill a réussi dans ce domaine. Nous aurions aimé pouvoir témoigner de la réussite de l’appel à l’action 50, mais cela nous semble loin d’être accompli.

Pour Aaron, « La réconciliation signifie la prise de mesures significatives par les institutions coloniales afin de résoudre les problèmes qu’elles ont créés, causant des préjudices et des traumatismes aux peuples autochtones, et un engagement à marcher main dans la main tel que prévu dans les traités de ceintures wampum et autres accords. Cela inclut notamment comme première étape cruciale la reconnaissance des méfaits et des rôles joués par les colonisateurs dans la création d’une structure de racisme institutionnalisé et systémique. La réconciliation ne consiste donc pas simplement à cocher une case permettant d’affirmer que tel ou tel problème est résolu. Au contraire, c’est plutôt un continuum d’actions visant à aborder les préoccupations, les problèmes existants et à créer des relations positives entre colonisateurs et colonisés ».

Bien que les reconnaissances territoriales soient essentielles à la sensibilisation aux causes autochtones, elles devraient s’inscrire au sein d’un effort constant pour la réconciliation. Comme Aaron le souligne, McGill se doit d’entreprendre des actions concrètes de façon continue afin d’amoindrir les effets de l’institutionnalisation de la discrimination à l’égard des personnes autochtones.

*Noms fictifs

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Le monde des TAs : regards sur McGill https://www.delitfrancais.com/2023/09/13/le-monde-des-tas-regards-sur-mcgill/ Wed, 13 Sep 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=52053 Une exploration de leurs conditions de travail et de leurs expériences.

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Alors que bon nombre d’étudiant·e·s cherchent à économiser pendant l’été, d’autres dépendent du salaire d’un emploi à mi-temps, effectué en parallèle de leurs cours. Quels que soient les profils, l’emploi à mi-temps se révèle être une composante essentielle de la vie étudiante, que ce soit à McGill ou dans d’autres universités canadiennes. Une étude de 2015 du Consortium Canadien de Recherche révèle que « près de six étudiant·e·s de dernière année sur dix occupent […] un emploi, dans 15 % des cas sur le campus ».

Parmi les étudiant·e·s‑travailleur·se·s qui convoitent une expérience professionnelle formatrice, plusieur·e·s s’orientent vers la position d’auxiliaire d’enseignement ou Teaching Assistant (TA), qui leur permet d’acquérir des compétences dans le champ d’expertise où ils·elles souhaitent exercer plus tard. Ce poste, pratiqué en étroite collaboration avec les responsables du cours, permet également de mieux s’initier à la pédagogie dans un contexte d’apprentissage réel. L’auxiliariat d’enseignement est-il à la hauteur des attentes des personnes qui l’exercent? Le Délit s’est penché sur la question en interrogeant divers TAs, ainsi que leur syndicat, afin de comprendre comment sont régies leurs conditions de travail.

Entre engagement et compensation financière

Présent dans la majorité des universités canadiennes, l’auxiliariat d’enseignement constitue l’une des voies d’avenir les plus intéressantes qui s’offrent aux étudiant·e·s lorsqu’ils·elles en viennent à chercher un travail à côté de leurs études. À McGill, le poste présente un salaire relativement compétitif, s’élevant à plus de 30$ de l’heure, celui-ci pouvant légèrement diverger entre les départements. En sciences politiques, le salaire s’élevait à 32,38$ par heure au semestre d’hiver 2022 et demeurait donc très avantageux comparativement au salaire minimum, qui était alors de 13,50$ au Québec.

Raphaël*, qui a exercé à maintes reprises le poste d’auxiliaire d’enseignement durant son cursus universitaire, notamment durant sa maîtrise et son doctorat, confirme que « la compensation financière pour le travail de TA est fantastique (tdlr) ». Il ajoute cependant que le système de rémunération peut paraître ambigu à certains moments : « Le seul domaine où il y a une sorte de zone grise, je suppose, où cela ne semble pas nécessairement juste, c’est la façon dont l’argent gagné en tant qu’auxiliaire d’enseignement est parfois pris en compte dans l’enveloppe globale de financement. Vous travaillez, vous gagnez cet argent, mais ensuite c’est comme si c’était pris en compte dans le montant que vous êtes censés payer à McGill de toute façon. Certains étudiants pourraient avoir l’impression que le système fonctionne de manière à profiter d’eux. »

« En sciences politiques, le salaire s’élevait à 32,38$ par heure au semestre d’hiver 2022 et demeurait donc très avantageux comparativement au salaire minimum »

Ce système, au sein duquel opèrent les TAs, est bien connu de l’Association des étudiant·e·s diplômé·e·s employé·e·s de McGill (AÉÉDEM). Ce syndicat, fondé en 1993 et représentant plus de 2000 travailleuses et travailleurs, lutte pour les droits des auxiliaires d’enseignement à McGill. Leur principale mission : obtenir de meilleures conditions de travail et de meilleurs taux de rémunération pour les TAs, ainsi que de meilleurs services pour les étudiant·e·s.

Jade Lê | Le Délit

La convention collective établie entre l’Association et l’Université McGill, ayant expiré le 31 juillet dernier, doit être renégociée au cours de l’automne 2023. Selon le site web du syndicat, cette convention assure « des pratiques d’embauche justes et transparentes, une priorité d’embauche, un salaire standard qui augmente avec l’inflation, des congés sans solde, des protections contre le harcèlement et la discrimination au travail, une procédure de grief et une formation rémunérée ». Raphaël confie que le rôle de l’association est crucial : « Tous les TAs, du simple fait qu’ils ont un poste, sont techniquement membres de l’AÉÉDEM. Le syndicat [fait] beaucoup pour soutenir les TAs et s’assurer qu’ils vivent une bonne expérience à McGill. Ils sont en quelque sorte un point de contact en cas de problème, et ont négocié au cours des années un très bon taux horaire pour les TAs. » Mario Roy, président de l’AÉÉDEM, confirme dans une entrevue avec Le Délit que le syndicat est là « si nécessaire, pour supporter et faciliter les discussions [entre l’auxiliaire d’enseignement et le responsable du cours] afin de s’assurer que toutes les heures travaillées soient payées ».

« Le syndicat [fait] beaucoup pour soutenir les TAs et s’assurer qu’ils vivent une bonne expérience à McGill. Ils sont en quelque sorte un point de contact »


Raphaël*, ancien TA en musique

Comment les TAs gèrent-ils leur temps?

La comptabilisation des heures doit normalement être déterminée préalablement entre le TA et le responsable du cours. « Le professeur rencontre les TAs au début du trimestre, puis à la moitié du trimestre, pour signer ce qu’on appelle un formulaire de charge de travail qui contient les détails sur la manière dont les heures vont être réparties. Il est ensuite recommandé aux TAs de suivre leurs heures afin de s’assurer qu’ils ne dépassent pas le nombre d’heures fixé pour le trimestre », nous explique Raphaël.

La convention collective prévoit que « l’affectation d’une Personne Auxiliaire d’enseignement à temps plein comporte au maximum cent quatre-vingts (180) heures de travail par trimestre », ce qui représente « en moyenne douze heures de travail par semaine ». Les instances pour lesquelles les TAs ne sont pas payé·e·s pourraient alors être le résultat d’heures supplémentaires qui n’ont pas été déclarées par les TAs.

En effet, la démarche pour faire reconnaître un surplus d’heures peut se révéler laborieuse, voire décourageante pour plus d’un·e. C’est le cas d’Emma*, TA en science politique aux trimestres d’automne 2021 et 2022 : « J’ai entendu dire qu’il serait possible de déclarer un surplus d’heures en les compilant, si on en avait besoin. Personnellement, je n’en ai jamais fait la demande, parce que même si c’est quelque chose qui peut être fait, je me sentirais mal à l’aise d’aller demander plus d’argent », nous a‑t-elle admis.

L’accès à davantage de ressources financières pour les TAs peut également se voir entravé par la nature du rapport entretenu avec la personne responsable du cours, par peur d’obtenir une mauvaise réaction de sa part.

Emma explique que les « professeur·e·s peuvent être des superviseur·e·s de maîtrise ou de thèse dont tu respectes le travail », et les relations avec eux·lles s’échelonnent parfois sur plusieurs années. Mario Roy évoque également que plusieurs TAs « aimeraient parfois solutionner un problème, mais ne sont pas prêts à écrire un grief pour maintenir une bonne relation avec leur professeur·e qui est aussi leur superviseur·e ».

Sur le site web de l’AÉÉDEM, il est estimé que « dans certains départements, les TAs qui ont des contrats de 45 heures travaillent régulièrement deux fois leurs heures, ce qui représente près de 1 500 $ par TA. » Est-ce le résultat d’un manque d’organisation des auxiliaires d’enseignement, ou est-ce plutôt le système mis en place pour encadrer leur emploi qui ne prend pas suffisamment en compte leur charge de travail réelle effectuée au quotidien?

L’encadrement de l’emploi concerne également le processus d’embauche par lequel doivent passer les TAs avant leur entrée en poste. Ce processus fait l’objet d’un clivage, alors qu’il est décrit comme « opaque » par Emma mais comme « transparent » du côté de Louise*, ayant occupé le poste de TA en développement international et en sciences politiques. Sur le plan syndical, l’AÉÉDEM revendique pour sa part une plus grande clarté dans la détermination des critères d’embauche. « On a l’impression que des fois, il peut y avoir du favoritisme envers certains·es candidats·es au lieu de suivre l’ordre des priorités », nous explique Mario Roy.

Le processus d’embauche fonctionne selon un système de bassins prioritaires établi en fonction de l’année du candidat à la maîtrise ou au doctorat. Raphaël explique que « vous n’obtiendrez probablement pas de poste au cours de votre premier semestre, mais au cours de vos deuxième et troisième années dans le programme, vous aurez beaucoup plus de chances d’obtenir un poste ». Par souci de transparence l’Unité d’embauche est toutefois mandatée dans l’article 13 de la convention collective de transmettre au délégué syndical une « liste de toutes les personnes candidates du bassin prioritaire […] qui n’ont pas obtenu d’affectation de Personne Auxiliaire d’enseignement » et de « fournir, s’il y a lieu, des précisions sur le processus de sélection ».

À cela s’ajoutent des facteurs d’embauche variables selon les besoins spécifiques de chaque faculté, chaque cohorte et chaque cours. En effet, les types de poste de TA peuvent varier selon la nature du travail demandé, que ce soit superviser des laboratoires, corriger des examens, ou encore effectuer du mentorat. Comment les auxiliaires d’enseignement appréhendent-ils·elles eux·elles-mêmes leur propre expérience dans le milieu enseignant?

Jade Lê | Le Délit

Relations TA-étudiants : un apprentissage mutuel?

Le poste d’auxiliaire d’enseignement permet de travailler dans le domaine d’intérêt de l’étudiant·e, tout en lui permettant de développer de nouvelles capacités organisationnelles. Alors que certain·e·s considèrent cette expérience comme profondément enrichissante sur les plans humains et pédagogiques, d’autres l’ont davantage vécue comme un poids au quotidien.

Les TAs doivent adopter une méthodologie rigoureuse afin de corriger un grand nombre de copies ainsi qu’organiser et animer des conférences. Ces aspects organisationnels du poste sont vécus différemment selon les profils. Emma explique : « Honnêtement, j’ai trouvé ça tellement formateur. […] J’ai vraiment appris à m’approprier des sujets, des lectures complexes, pour pouvoir les expliquer et en discuter. Ça m’a vraiment ouvert des portes. C’est comme si j’avais suivi un cours, j’ai été payée pour le suivre. C’est vraiment un avantage, je trouve. »

Elle n’omet pas pour autant la charge mentale importante au quotidien. Ainsi, être TA peut se révéler pour certain·e·s être un obstacle dans l’accomplissement de leur propre carrière académique : « La façon dont le cours était monté […] j’ai trouvé ça très stressant […] parce que je suis en position d’autorité, mais j’apprends en même temps que les étudiantes et étudiants qui suivent le cours », nous a déclaré Emma.

Du côté de Raphaël et Louise, l’expérience se révèle majoritairement positive. Chacun confie qu’être TA est une expérience qui peut aider dans leur propre orientation, aider à mieux connaître leurs champs d’intérêt. Louise explique : « Je me suis juste inscrite pour être TA parce que c’est ce que tout le monde fait. Mais j’ai découvert que j’avais une passion pour l’éducation. En fait, je travaille maintenant hors du campus en même temps d’être tutrice parce que j’aime tellement enseigner. J’ai découvert cela, et j’ai vraiment apprécié chaque partie de l’expérience d’enseignement. J’ai orienté ma thèse de recherche sur les implications politiques de l’éducation en raison de cela. »

« La façon dont le cours était monté, […] j’ai trouvé ça très stressant […] parce que je suis en position d’autorité »


Emma*, ancienne TA en sciences politiques

Enseigner en tant qu’étudiant·e permet de développer des compétences dans le rapport à l’apprentissage. Louise explique qu’elle a établi une méthodologie stricte, et un système de notation poussé, qui a suscité quelques protestations de la part d’étudiant·e·s insatisfait·e·s: « La chose la plus importante en termes de compétences transférables est en quelque sorte de négocier les attentes. Surtout en ce qui concerne les notes, parce qu’on m’a accusé d’être une correctrice très sévère, très exigeante. […] Il m’est arrivé que des étudiants viennent à mon bureau avec l’air d’être prêts à se battre. Je leur dis alors : “D’accord, parle-moi de ça. Asseyons-nous et discutons, car ce n’est pas toi contre moi ou moi contre toi. C’est nous contre la note. Parle-moi donc un peu de ton point de vue. Qu’est-ce que j’ai manqué?” »

L’équilibre réside alors entre l’autorité et l’écoute : le poste devient une formation accélérée qui peut servir dans plusieurs domaines, surtout si l’élève compte s’orienter vers l’enseignement.

Le fait d’être TA peut être envisagé comme une expérience humaine qui change, dans une certaine mesure, le cours d’une vie. Louise, dans un témoignage plein d’émotions, montre que sa vie actuelle a été en partie forgée par son poste d’auxiliaire d’enseignement : « J’ai eu tellement d’expériences positives, et je suis presque gênée d’être si positive, si émotive. Mais j’ai vraiment adoré nouer des liens. J’ai plusieurs étudiants qui sont restés en contact avec moi après avoir obtenu leur diplôme. »

Raphaël estime vouloir donner en retour à ses TAs ce qu’il a appris en faisant lui-même l’expérience de ce poste. « J’essaie de m’assurer que mes TAs comprennent qu’il s’agit d’une occasion pour eux d’acquérir de l’expérience, de se sentir à l’aise pour contribuer aux cours et pour interagir avec les étudiants. Je veux qu’ils tirent le meilleur parti de cette opportunité. »

« J’ai eu tellement d’expériences positives […]. J’ai vraiment adoré nouer des liens »


Louise*, ancienne TA

L’Université McGill en fait-elle assez pour assurer aux TAs de meilleures conditions de travail et pour s’assurer que leur cheminement se déroule sans embûche? Ou est-ce plutôt le fruit des années de combat de l’AÉÉDEM? Louise offre certains éléments de réponse : « Je pense que mon opinion pourrait être un peu impopulaire. […] J’ai été surprise au cours des deux derniers semestres par ce que j’ai entendu de la part de mes collègues TAs au sujet des exigences ou de la charge de travail qui reste, à mon avis, incroyablement juste. » Elle admet tout de même que « c’est grâce au syndicat que nous bénéficions d’une situation aussi favorable à l’heure actuelle. Nous sommes incroyablement bien payés par rapport à tout ce que nous pourrions faire d’autre ».

*Prénoms fictifs

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Meta éclipse les nouvelles canadiennes : enjeux et solutions https://www.delitfrancais.com/2023/08/30/meta-eclipse-les-nouvelles-canadiennes-enjeux-et-solutions/ Wed, 30 Aug 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=51779 En cette rentrée du congé estival, Le Délit fait face à un nouvel enjeu de taille, en plus de celui du recrutement de nouveaux membres au sein de son équipe éditoriale : rétablir le lien de manière efficace auprès de ses lecteur·rice·s après le blocage des nouvelles canadiennes. Alors que Le Délit continue d’être distribué… Lire la suite »Meta éclipse les nouvelles canadiennes : enjeux et solutions

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En cette rentrée du congé estival, Le Délit fait face à un nouvel enjeu de taille, en plus de celui du recrutement de nouveaux membres au sein de son équipe éditoriale : rétablir le lien de manière efficace auprès de ses lecteur·rice·s après le blocage des nouvelles canadiennes. Alors que Le Délit continue d’être distribué sous sa forme papier à travers les présentoirs du campus, sa portée sur les plateformes en ligne, n’affichant plus les dernières parutions hebdomadaires du journal, s’en trouve considérablement réduite.

Pour rappel, en réponse au projet de loi fédéral C‑18, qui exige aux géants numériques Meta et Google de compenser financièrement les médias canadiens pour le contenu diffusé sur leurs plateformes, l’entreprise Meta a mis fin le 1er août dernier à l’accès aux nouvelles sur Facebook et Instagram, et ce, dans l’ensemble du Canada. Nous sommes donc loin d’être le seul média touché par cette mesure de l’entreprise américaine, qui filtre, selon ses propres intérêts économiques, le contenu diffusé sur Instagram et Facebook.

Les médias canadiens sont devenus malgré eux les sujets d’une décision unidirectionnelle de la part de Meta, qui utilise sa position hégémonique dans le domaine numérique pour exercer un lobbyisme sans prendre en considération les besoins en information de ses utilisateur·rice·s. Le public se retrouve ainsi coupé d’actualités qui pourraient leur être cruciales, comme c’est le cas en Colombie-Britannique et dans les Territoires du Nord-Ouest, où l’état d’urgence a été déclaré en raison des feux de forêts qui y sévissent. Les mesures prises par Meta empêchent les communautés d’être tenues au fait des dernières directives d’évacuation émises par les autorités.

Cette situation coercitive révèle la place essentielle que doivent continuer d’occuper les médias au sein de l’espace public. Le blocage des nouvelles se fait au détriment de l’intérêt des citoyen·ne·s voulant demeurer avisé·e·s des plus récentes actualités, et plus largement, du droit fondamental à l’information.

Voici quelques suggestions pour minimiser l’impact d’un tel blocage sur notre journal :

1. Porter une attention particulière à notre infolettre distribuée via votre adresse courriel McGill, pour rester avisé·e de toutes les nouvelles sorties d’articles ;

2. Nous suivre sur TikTok, où sont publiées certaines informations importantes concernant l’emplacement du journal sur le campus, nos activités à l’interne, ainsi que des formats condensés des articles parus dans nos pages ;

3. Récupérer Le Délit sous sa forme papier, disponible dans les présentoirs à l’entrée des bâtiments de l’Université.

Le virage numérique aura mis à l’épreuve les médias dans leur capacité à renouveler leurs moyens de diffusion. Il nous revient une fois de plus de faire preuve de créativité, mais cette fois-ci, en nous serrant les coudes pour trouver des moyens de pression efficaces contre les géants du web. Si les médias sociaux ont trop longtemps été pris pour des espaces publics ouverts, on a sans doute oublié que ce sont des multinationales qui dictent les règles du jeu en matière de contenu diffusé sur leurs propres plateformes.

Alors que cette situation met en lumière notre besoin crucial de cultiver notre indépendance médiatique, elle doit être saisie comme une opportunité d’examiner notre rapport collectif à la consommation des nouvelles. Le droit à l’information est intrinsèquement lié à la liberté de diffusion des médias, qui, comme en atteste la décision du blocage sur Meta, n’est pas encore acquise.

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La pilule abortive illégale aux États-Unis? https://www.delitfrancais.com/2023/04/05/la-pilule-abortive-illegale-aux-etats-unis/ Wed, 05 Apr 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=51491 Le Wyoming est devenu le premier État américain à interdire l’accès à la pilule abortive.

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Le 17 mars dernier, le Wyoming est devenu le premier État américain à interdire la pilule abortive. Cette interdiction s’insère plus largement dans le contexte de la révocation l’an dernier de l’arrêt Roe vs Wade, inscrivant le droit à l’avortement dans la législation fédérale. La révocation de l’arrêt donne libre cours aux États de restreindre ou d’interdire l’accès à l’avortement sur leurs sols.

Une nouvelle bataille pour le droit à l’avortement

Alors que 18 États américains ont déjà ou sont en voie d’interdire l’avortement, neuf mois après le revirement de la Cour suprême sur Roe vs Wade, une nouvelle bataille s’engage. Cette fois-ci, sur la pilule abortive, qui représente plus de 53% des avortements aux États-Unis. La mifépristone, l’un des deux médicaments employés pour avorter, peut être utilisée pour interrompre le processus de gestation dans les dix premières semaines de grossesse.

Ce nouveau combat a été déclenché au Wyoming, un État rouge (républicain) du Nord-Est des États-Unis, devenu la semaine dernière le premier État américain à inscrire l’interdiction de la pilule abortive dans sa législation. Cette loi, l’Interdiction des avortements chimiques (tdlr) (SEA 0093), promulguée le 17 mars dernier, devant prendre effet le 1er juillet prochain, fait déjà l’objet d’une poursuite devant un tribunal. L’action en justice intentée par six plaignants vise à révoquer deux lois nouvellement passées : la loi interdisant l’usage de la pilule abortive, ainsi que la loi sur La vie est un droit de l’Homme (HEA 0088), passée elle aussi le 17 mars dernier, criminalisant l’avortement sauf en cas d’inceste, de viol ou de danger pour la vie de la mère. L’une des plaignantes dans l’action en justice contre la nouvelle loi sur la pilule abortive au Wyoming est la gynécologue obstétricienne Giovannina Anthony, qui détient la seule clinique abortive au Wyoming. Elle explique que la criminalisation d’un médicament vérifié par la science « pourrait mener à des décès maternels et à des situations horribles pour les mères et les bébés ».

Le 22 mars dernier, la juge Melissa Owens du tribunal de district du comté de Tetona dans l’État du Wyoming a temporairement bloqué l’interdiction d’avorter, mais elle ne s’est cependant pas encore prononcée au sujet de la loi sur la pilule abortive, aussi contestée devant son tribunal. La juge avait déjà stoppé une loi similaire sur l’avortement en juillet dernier après le revirement de la Cour suprême sur Roe vs Wade.

L’inventeur de la pilule abortive – le scientifique français Étienne-Émile Baulieu – a dénoncé dans un entretien avec l’Agence France Presse (AFP) une loi qui traduit le « fanatisme et l’ignorance ». Elle représente selon lui « un recul pour la liberté des femmes, surtout pour les plus précaires qui n’auront pas les moyens d’aller dans un autre État pour se la procurer ».

La loi sur l’interdiction de la pilule abortive au Wyoming intervient alors que le juge fédéral du district Nord du Texas, Matthew Kacsmaryk, devrait bientôt rendre une décision préliminaire qui pourrait remettre en question la circulation aux États-Unis de l’un des deux médicaments utilisés pour les interruptions de grossesses volontaires, la mifépristone.

« L’inventeur de la pilule abortive – le scientifique français Étienne-Émile Baulieu – a dénoncé dans un entretien avec l’Agence France Presse une loi qui traduit le “fanatisme et l’ignorance” »

Lors d’une audience devant le juge texan Kacsmaryk, une coalition anti-avortement a souligné que le médicament représente « un danger pour les femmes » et qu’il « a été approuvé trop hâtivement par l’Agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) ». Aux États-Unis, tout produit pharmaceutique tel que la mifépristone est d’abord approuvé par la FDA avant d’être mis sur le marché. Leur site officiel indique à ce sujet que tout médicament passe par un processus de vérification permettant d’assurer qu’il « fonctionne correctement et que ses avantages pour la santé l’emportent sur les risques connus ».

Une ordonnance rendue au cours du procès pourrait interdire l’accès à ce médicament sur l’ensemble du territoire américain. Lors d’une audience d’une coalition anti-avortement ayant eu lieu le 15 mars dernier à Amarillo, où le juge Kacsmaryk était le seul juge fédéral, celui-ci a dit vouloir rendre sa décision « le plus rapidement possible ». La mifépristone, l’un des deux médicaments utilisés depuis deux décennies pour interrompre le processus de grossesse, pourrait alors se voir retirer des tablettes et interdire toute circulation dans le pays.

Une telle décision pourrait, selon des défenseurs du droit à l’avortement, avoir un retentissement similaire à la révocation de Roe vs Wade. En effet, les restrictions ou les interdictions sur l’avortement imposées jusqu’alors étaient dans le cadre législatif des États. Ici, des États pro-avortement comme New York, où l’usage de la pilule abortive représente plus de 40% des interruptions de grossesse, verraient leur accès à ces médicaments et à l’avortement en général restreint malgré eux.

« Des États pro-avortement […] verraient leur accès à ces médicaments et à l’avortement en général restreint malgré eux »

Les recours possibles de la FDA

Malgré les législations différentes d’un État à l’autre sur l’avortement, il est possible de se procurer des pilules abortives dans les 50 États américains en les commandant sur Internet. En entretien avec Le Délit, Jennifer Fishman, professeure à l’Unité d’éthique biomédicale et au Département des sciences sociales de la médecine de McGill, a souligné : « Il y a maintenant un certain nombre d’organisations aux États-Unis et à l’étranger, y compris l’Aid Access, qui fournissent des pilules à tous les citoyens. L’Aid Access offre également un service qui fournit des provisions avancées de pilules, ce qui signifie que vous pouvez avoir les pilules à portée de main avant d’être enceinte. »

Toutefois, les législateurs texans pourraient aussi restreindre, voire interdire le recours à ces organisations en bloquant l’accès aux fournisseurs en ligne, impactant ainsi la distribution de la mifépristone sur l’ensemble du territoire américain. Cependant, comme l’explique Pr Fishman, « il y aura beaucoup plus de décisions à prendre de la part de la FDA et de l’administration Biden quant à la manière de protéger l’accès aux pilules abortives dans les États qui ne l’ont pas interdite ».

Néanmoins, le retrait de l’autorisation sur un médicament ne relève pas seulement d’une décision de la législation fédérale. Il suit un processus strict pouvant être prolongé par une suite de recours juridiques. Selon neuf juristes et avocats américains en droit des aliments et drogues, l’Agence détient l’autorité nécessaire pour « retarder » ou « atténuer » l’ordonnance de retirer la pilule abortive du marché. De plus, des études montrant l’inefficacité de la mifépristone pourraient être requises afin de déclencher le processus de son interdiction devant les tribunaux.

La réaction de la communauté mcgilloise

En comparaison avec les États-Unis, le Canada n’a pas de loi particulière sur l’avortement. Sa décriminalisation s’est effectuée de manière complètement différente de son voisin américain. « L’avortement est traité comme n’importe quelle autre procédure médicale au Canada et est par la suite inscrite dans la Loi canadienne sur la santé. Il s’agit d’une intervention médicale couverte par l’assurance fédérale, au même titre qu’une arthroplastie de la hanche », explique la Pr Jennifer Fishman.

L’absence de légifération canadienne sur l’avortement limite grandement la possibilité d’en interdire les moyens. La professeure souligne à ce titre qu’« il est possible que les défenseurs de l’avortement et des droits en matière de santé sexuelle ne veulent pas de lois sur l’avortement, parce que cela ouvre la porte à davantage de restrictions si les gouvernements conservateurs prennent le pouvoir dans les provinces ou à l’échelle nationale ».

Si l’interdiction de l’avortement n’est pas envisageable dans l’avenir immédiat au Canada, Le Délit s’est entretenu avec des étudiantes américaines de McGill pour connaître leur perception de la situation aux États-Unis.

« Renverser un jugement sur la base de fausses informations, c’est ça qui est dangereux »

Hannah Allen

Hannah Allen, étudiante détentrice d’un bac en musique au Oberlin College en Ohio, s’inquiète de l’impact scientifique du projet de loi au Texas contre la pilule abortive. Elle explique que le jugement prononcé contre la pilule abortive au Texas, pourtant approuvée par la FDA, représente un danger pour l’accessibilité aux médicaments en général. « À chaque fois que la FDA donne son approbation pour un médicament ou une pilule, ça prend du temps, c’est vraiment rigoureux. L’idée de ne plus leur accorder la légitimité pour approuver certains médicaments, ça ne sert à rien. Pourquoi faire confiance à toute une entreprise ou une organisation pour assurer la santé et la sûreté de ces produits si on veut renverser par la suite le processus? », questionne-t-elle.

« Renverser un jugement sur la base de fausses informations, c’est ça qui est dangereux », selon Hannah Allen. Le fait de « mêler tout ce qui est politique avec le réel et le scientifique » présente selon elle des risques de dérapages sérieux sur la question de l’avortement, déjà très polarisante aux États-Unis.

Interrogée par Le Délit sur la nouvelle bataille engagée contre la pilule abortive aux États-Unis, Morgane Garrick, étudiante franco-américaine à la Faculté des arts, a dénoncé une décision qui relègue l’agentivité des femmes au second plan : « La priorité n’est jamais donnée à la femme, mais toujours à la religion, à certaines valeurs. » Morgane nous a rapporté une formulation cynique entendue, représentant bien selon elle la situation : « Ils donnent la priorité à un enfant à naître parce qu’il y a encore 50 % de chances que ce soit un homme. »

Les deux étudiantes témoignent de leurs craintes et de celles de leurs proches vis-à-vis des implications posées par les restrictions et les interdictions à l’avortement, notamment sur les plans de carrière. Hannah témoigne que plusieurs personnes pourraient avoir peur de s’installer au Texas pour poursuivre des études, ou commencer un emploi, en sachant qu’elles n’auraient pas accès à l’avortement là-bas.

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Le français en sursis à McGill? https://www.delitfrancais.com/2023/03/22/le-francais-en-sursis-a-mcgill/ Wed, 22 Mar 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=51335 À l’occasion de la Journée internationale de la Francophonie, une libre opinion signée par le Groupe d’action pour l’avenir de la langue française (GAALF) dans Le Devoir soulignait la nécessité de « prendre tous les moyens nécessaires pour ralentir, arrêter, puis inverser le déclin de la langue française au Québec ». Le GAALF, notamment composé… Lire la suite »Le français en sursis à McGill?

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À l’occasion de la Journée internationale de la Francophonie, une libre opinion signée par le Groupe d’action pour l’avenir de la langue française (GAALF) dans Le Devoir soulignait la nécessité de « prendre tous les moyens nécessaires pour ralentir, arrêter, puis inverser le déclin de la langue française au Québec ». Le GAALF, notamment composé des ministres caquistes Martine Biron et Jean-François Roberge, affirme que les efforts pour la préservation du français doivent être particulièrement orientés vers les jeunes, qui sont davantage exposés à l’anglais dans la vie de tous les jours. En tant qu’étudiant·e d’une université anglophone, on peut légitimement se demander quels obstacles se présentent aux initiatives à McGill pour valoriser le français et assurer son accessibilité sur le campus.

Parmi la liste non exhaustive d’initiatives étudiantes qui donnent une plateforme d’expression au français à McGill, on peut citer l’équipe éditoriale du Délit, le Collectif de poésie francophone de McGill, le club de débat francophone de McGill ou encore l’Association générale des étudiant(e)s de langue et littérature françaises qui se renouvellent constamment et doivent trouver une relève au sein de 20% de la communauté mcgilloise, soit l’équivalent de sa population francophone. Être une minorité francophone sur le campus n’est d’ailleurs jamais bien éloigné de la perspective d’une fin des activités pour ces groupes. C’est d’ailleurs le sort réservé à la seule troupe francophone de théâtre de l’Université McGill, Franc-Jeu, qui a dû fermer ses portes à l’automne dernier en raison d’un « manque d’effectif ».

Selon Ana Popa, commissaire aux Affaires francophones de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM), la curiosité pour les initiatives francophones de la part des étudiant·e·s est cruciale pour revendiquer une amélioration des services qui leur sont offerts, voire pour leur pérennité. L’existence des groupes francophones peut se révéler elle-même un enjeu de taille dans le cadre des référendums de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM). Par exemple, la demande de création de frais d’accessibilité en français de 0,25$, l’une des plus basses contributions demandées lors d’un référendum étudiant à l’AÉUM, a été refusée à l’hiver 2022. En ce qui a trait au bien-fondé de la présence des groupes francophones sur le campus, « on voit encore des préjugés envers la communauté francophone », souligne Ana Popa.

Il persiste également une méconnaissance des ressources francophones disponibles. Assurant la cohésion et le partage de ressources entre différentes organisations francophones de McGill, la Commission aux Affaires francophones (CAF) a d’abord pour mandat la défense des droits étudiants. Un questionnaire mené auprès de 100 étudiant·e·s par la CAF cherchait à sonder la population étudiante sur leurs connaissances des droits étudiants. Une bonne partie des réponses révélaient une « hésitation » de se prévaloir de certains droits, notamment celui « de soumettre en français ou en anglais tout travail écrit devant être noté », indiqué à l’article 15 de la Charte des droits de l’étudiant. La crainte « d’être évalué injustement » ou que « les professeurs et chargés de cours saisissent mal le propos en raison d’une mauvaise maîtrise du français » sont des motifs mentionnés de manière récurrente.

Il existe donc bel et bien un écart entre les droits francophones et la capacité des étudiant·e·s à s’en prévaloir. Les ressources censées faciliter l’accès au français à McGill demeurent souvent trop peu partagées, voire inaccessibles pour bon nombre de francophones sur le campus. Sur cet enjeu, la CAF et l’AÉUM travaillent à traduire les pages d’organisations étudiantes, de clubs et de services pour lesquelles il n’existe actuellement aucune description en français.

Cette accessibilité au français ne se limite toutefois pas à la traduction et devrait faire l’objet d’un effort soutenu de la part de l’Université. Si les services en anglais sont naturellement priorisés pour permettre à une majorité d’étudiant·e·s d’en profiter, tout le monde n’a pas une même aisance avec cette langue. Ana Popa mentionne à ce titre que le niveau d’anglais requis dans les cours n’est pas le même que celui nécessaire pour bénéficier de conseils en santé mentale ou pour se défendre devant le comité d’intégrité universitaire. En ce sens, l’implication des étudiant·e·s ne peut seulement servir de vecteur de la langue française; elle doit permettre une meilleure compréhension des enjeux communautaires qui atteignent directement la vie des francophones.

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Remédier à l’insécurité alimentaire à McGill https://www.delitfrancais.com/2023/03/15/remedier-a-linsecurite-alimentaire-a-mcgill/ Wed, 15 Mar 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=51180 Une assemblée organisée par Let’s Eat McGill.

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Le mardi 7 mars dernier, Let’s Eat McGill, une organisation étudiante visant à réduire les coûts de la nourriture offerte dans les résidences et dans les cafés sur le campus de l’Université, a organisé une assemblée sur l’insécurité alimentaire. Cette dernière a réuni plus de 200 étudiant·e·s dans une salle du pavillon des Arts, alors que l’organisation menait en parallèle une distribution de dépliants visant à sensibiliser les étudiants sur différentes initiatives alimentaires à moindre prix à McGill, comme Midnight Kitchen ou encore le Student Nutrition Accessibility Club. En guise d’ouverture de l’assemblée, les étudiant·e·s présent·e·s ont été invité·e·s à se prononcer sur l’abordabilité de la nourriture sur le campus. Plusieurs ont affirmé leur mécontentement quant aux coûts de la nourriture actuelle, en expliquant par exemple que « les prix sont disproportionnés par rapport à la qualité de la nourriture dans la plupart des cafés de McGill (tdlr) ». Une autre personne a dénoncé le fait que l’Université, bien au courant de la dépendance des étudiant·e·s vis-à-vis des services alimentaires offerts sur le campus, profite pourtant de cette situation et donne libre cours à l’augmentation significative des prix par rapport à la moyenne observable dans les supermarchés. Une pointe de pizza vendue à 11$, une coupe de fruits à presque 7$ et une salade pouvant aller jusqu’à 17,69$ sont des prix déraisonnables selon Let’s Eat McGill.

« Lorsque Let’s Eat McGill a demandé si certaines personnes avaient volontairement passé un repas pour économiser sur le campus, près de la moitié de l’audience a levé la main »

Une personne s’est également dite frustrée de constater que des systèmes de distribution de nourriture sont offerts gratuitement ou à faible coût dans certaines universités voisines. Une initiative comme Hive Free Lunch, financée par des associations étudiantes de Concordia, a pour mandat de fournir un service gratuit aux étudiant·e·s. People’s Potato, « soupe populaire » gérée par des étudiant·e·s, offre également des paniers alimentaires d’urgence aux étudiants de Concordia.

Le manque d’alternatives abordables permettant à la communauté de McGill de subvenir à ses besoins alimentaires est ressorti de manière récurrente durant l’assemblée. Une personne a par exemple expliqué assister dans son entourage à un phénomène de « normalisation de l’abstention des repas ». Dans une étude menée par Meal Exchange, l’insécurité alimentaire s’élevait à 56,8% parmi les étudiant·e·s canadien·ne·s à l’automne 2021, tandis qu’un cinquième d’entre eux·lles serait en situation d’insécurité alimentaire sévère. Lorsque Let’s Eat McGill a demandé si certaines personnes avaient volontairement passé un repas pour économiser sur le campus, près de la moitié de l’audience a levé la main.

Quel modèle pour les services alimentaires mcgillois?

Depuis 2019, l’offre de distribution alimentaire de nombreux cafés à McGill et de plusieurs salles à manger en résidence est assurée par Dana Hospitality, une compagnie privée de services alimentaires. Cette concentration des services d’alimentation sur le campus entre les mains du privé contribue selon Let’s Eat McGill à la dégradation de l’accessibilité à la nourriture constatée depuis 2016.

Pour Let’s Eat McGill, l’un des aspects les plus problématiques de l’accès à la nourriture au sein du campus est le forfait de repas (Mandatory Meal Plan), obligatoire pour les étudiant·e·s de premier cycle habitant dans les résidences. Ce forfait, totalisant 6200$ avec les frais administratifs, comprend 4725$ pouvant être utilisés pour l’achat de nourriture sur le campus. Étalé tout au long de l’année universitaire, le forfait de repas obligatoire représente un budget de 775$ par mois pour les étudiant·e·s en résidence, une somme qui correspond pour plusieurs au prix de location d’un appartement, comme l’a noté une étudiante lors de l’assemblée. Cependant, ce montant ne suffit pas toujours à couvrir les frais alimentaires puisqu’un repas coûte en moyenne 13$ dans les salles à manger des résidences pour les étudiant·e·s de premier cycle. Cette situation est dénoncée par les organisateur·rice·s et les étudiant·e·s présent·e·s.

« Dans une étude menée par Meal Exchange, l’insécurité alimentaire s’élevait à 56,8% parmi les étudiant·e·s canadien·ne·s à l’automne 2021 »

À l’heure actuelle, McGill refuse de laisser tomber le forfait de repas obligatoire, mais planifie de le réformer. Mathieu Laperle, directeur des services alimentaires de l’Université McGill, propose la mise en place d’un nouveau plan pour l’automne 2023. Ce plan, inspiré d’un modèle similaire à celui de l’Université d’Ottawa, permettra aux étudiant·e·s de payer un prix fixe afin de manger comme ils·elles le veulent dans les cafétérias de McGill. Dans une entrevue accordée à CBC News le 8 mars dernier, Lola Milder, membre de Let’s Eat McGill, s’inquiète pour sa part de la réglementation entourant l’établissement de ce nouveau plan ainsi que son abordabilité.

La privatisation de la nourriture à McGill

« McGill tente de fermer toutes les initiatives alimentaires dirigées par les élèves », selon une personne présente lors de l’assemblée. Let’s Eat McGill a recomposé l’historique de la privatisation des services alimentaires à McGill. Les services alimentaires de McGill sont passés aux mains de plusieurs compagnies à travers les années 2000, dont Coke, Chartwell et Dana Hospitality. Avant d’être repris et privatisés par McGill en 2007, la plupart des cafés étaient gérés par des étudiant·e·s, dont Architecture Café et AUS Snax. Noa Scheifler, étudiante en Arts et Sciences interrogée par Le Délit, explique que « McGill connaît l’histoire des services alimentaires », mais que « nous n’avons pas conscience de notre capacité à les gérer par nous-mêmes ». Une autre étudiante a souligné que « les initiatives agricoles pourraient nourrir les étudiants du campus du centre-ville ». À la fin de l’assemblée, Let’s Eat McGill a également mis à l’avant des initiatives locales comme la distribution de samosas, de fruits et légumes provenant des jardins écologiques étudiants du campus MacDonald.

« Plusieurs ont affirmé leur mécontentement quant aux coûts de la nourriture actuelle, en affirmant par exemple que ‘‘les prix sont disproportionnés par rapport à la qualité de la nourriture dans la plupart des cafés de McGill (tdlr)’’ »

Maïa Salhofer

Au moment d’écrire les lignes, Let’s Eat McGill fait circuler une pétition comptabilisant 1931 signatures pour mettre fin aux prix « exorbitants » dans les cafétérias de McGill. L’initiative étudiante souligne l’importance de recourir à des « actions collectives », notamment par l’association avec « d’autres sociétés étudiantes ». Ils ont également fait part de leur stratégie pour encourager l’engagement à court, moyen ou long terme. Parmi les petits gestes pouvant aider la cause de Let’s Eat McGill, l’organisation a souligné l’importance de compléter le sondage sur les services alimentaires du campus. Ce questionnaire permettra de chiffrer l’insécurité alimentaire sur le campus afin de présenter les résultats au conseil d’administration de McGill, dernière instance décisionnelle qui décide des dépenses et des investissements de l’Université.

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Repenser le mythe de l’objectivité https://www.delitfrancais.com/2023/02/22/repenser-le-mythe-de-lobjectivite/ Wed, 22 Feb 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=50981 Le milieu journalistique, assujetti aux contraintes financières, ne peut faire abstraction de la demande du public quant à la manière de traiter l’information. La tour d’ivoire journalistique n’est en fait qu’un grand bâtiment commercial. La politologue Anne-Marie Gingras tient une position similaire dans son ouvrage Médias et démocratie : «[L]es médias sont coincés entre la nécessaire rentabilité… Lire la suite »Repenser le mythe de l’objectivité

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Le milieu journalistique, assujetti aux contraintes financières, ne peut faire abstraction de la demande du public quant à la manière de traiter l’information. La tour d’ivoire journalistique n’est en fait qu’un grand bâtiment commercial. La politologue Anne-Marie Gingras tient une position similaire dans son ouvrage Médias et démocratie : «[L]es médias sont coincés entre la nécessaire rentabilité et une mission d’information politique, deux objectifs étrangers l’un à l’autre. » Ces dernières années, la prolifération des verrous d’accès payants (paywalls) a permis la monétisation des nouvelles journalistiques, face à une hausse de la consommation des contenus en ligne, limitant grandement l’accessibilité de l’information au grand public. Philippe Marcotte, chercheur au Centre d’étude sur les médias (CEM) de l’Université Laval, note que « les auditoires – et donc les revenus [des médias] – se fragmentent devant l’explosion de l’offre ».

En quoi cette fragmentation affecte-t-elle le contenu? Confronté à des plateformes médiatiques plus attractives, le journalisme factuel semble aujourd’hui insuffisant à lui seul pour capter l’attention du public. La hausse des prises de parole sous la forme de textes d’opinion, d’éditoriaux ou de chroniques permet-elle de fidéliser davantage les lecteurs·rices, en leur proposant un contenu qui idéologise l’information?

Dans une enquête publiée en 2020 par Simon Langlois, Serge Proulx et Florian Sauvageau, près d’un tiers des répondant·e·s révélaient une préférence pour un journalisme d’opinion plutôt qu’un journalisme factuel. Si ces chiffres nous invitent à questionner le rôle que doivent jouer les partis pris idéologiques dans la sphère journalistique, ils ne spécifient pas précisément quelles sont les conditions d’une « bonne » opinion.

Parmi les 121 professionnels de l’information québécois interrogés en 2016 dans l’enquête « Bouleversements médiatiques et qualité de l’information », une majorité d’entre eux·lles ont déclaré que le critère le plus important de l’« excellence journalistique » réside dans la qualité de la recherche. Celle-ci peut être définie comme une approche d’investigation méthodique et rigoureuse sur un sujet donné, en prenant toujours soin de mettre en contexte les lecteurs·rices. L’opinion doit-elle s’en tenir au même critère?

Lorsqu’ils sont maîtrisés, les textes d’opinion permettent de conférer un nouvel éclairage sur les faits, de
se faire le témoignage de points de vue et d’amener à interroger ses propres a priori sur l’actualité. Or, il est important que la présence d’opinion dans le paysage médiatique ne prenne pas la place de l’information factuelle, qui doit servir de base commune au dialogue démocratique éclairé. Sans les faits, l’opinion risque de se construire sur des a priori et sur le ouï-dire, ce qui mène potentiellement à une argumentation circulaire ou péremptoire. Pour qu’une opinion soit bien écrite, elle doit alors se fonder sur une recherche aussi rigoureuse que le journalisme factuel.

Le journalisme est toujours une médiation, et non une diffusion des faits eux-mêmes. La nature de cette médiation oscille selon le genre pratiqué : alors que les textes d’opinion incitent à adhérer ou non à de la prise de position développée, le journalisme factuel requiert une forme d’effacement, d’impartialité de la part du journaliste vis-à-vis de l’information transmise. La distinction entre ces pratiques journalistiques n’est toutefois pas toujours aussi nette. Dans le cadre d’une étude menée par Philippe Marcotte au CEM, un journaliste constate d’ailleurs que le « commentaire » a de plus en plus tendance à se substituer à l’information. « Il y a de plus en plus de chevauchements entre les deux types de pratique », explique-t-il.

Il apparaît donc primordial de délimiter les sphères respectives de l’opinion et du journalisme factuel. Les médias d’information doivent se faire un devoir de fournir les balises nécessaires pour permettre au public de classifier les différents types d’information auxquels il est confronté. Alors qu’Internet se fragmente en « espaces publics mosaïques », les lecteurs·rices devraient pouvoir reconnaître facilement si une information journalistique relève de l’opinion ou du fait. Si l’on considère qu’une nouvelle est d’« intérêt public », la transparence quant à l’angle éditorial adopté pour la couvrir l’est tout autant.

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Le Délit, passerelle linguistique? https://www.delitfrancais.com/2023/02/15/le-delit-passerelle-linguistique/ Wed, 15 Feb 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=50856 Il y a près d’un mois, l’Office québécois de la langue française (OQLF) lançait la Vitrine linguistique, une nouvelle plateforme en ligne rassemblant les contenus associés aux sites de la Banque de dépannage linguistique (BDL) et du Grand Dictionnaire terminologique (GDT). La Vitrine linguistique fusionne les filtres de recherche auparavant distincts de la BDL et… Lire la suite »Le Délit, passerelle linguistique?

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Il y a près d’un mois, l’Office québécois de la langue française (OQLF) lançait la Vitrine linguistique, une nouvelle plateforme en ligne rassemblant les contenus associés aux sites de la Banque de dépannage linguistique (BDL) et du Grand Dictionnaire terminologique (GDT). La Vitrine linguistique fusionne les filtres de recherche auparavant distincts de la BDL et du GDT afin de centraliser les ressources linguistiques francophones et d’en faciliter l’accès. On peut y trouver des réponses aux questions relatives à la syntaxe, au vocabulaire, aux emprunts à l’anglais, des guides à la rédaction, mais aussi des méthodes facilitant l’apprentissage de la langue française.

La vitrine concrétise en quelque sorte l’idée de rendre visible le français dans la société tout en le démocratisant et en le rendant plus accessible. Cette initiative de l’OQLF part sans doute d’une volonté de réduire l’impression d’exclusivité liée à la bonne connaissance de la langue de Molière, notamment chez les nouveaux·elles apprenant·e·s qui doivent composer avec la mémorisation des règles de grammaire regorgeant d’exceptions. En ce sens, les six mois prévus par la loi 96 pour permettre aux immigrant·e·s d’apprendre cette nouvelle langue – après lesquels l’État prévoit de fournir des services uniquement en français – sont largement insuffisants. La connaissance d’une nouvelle langue est intrinsèquement liée à la lente appréhension des us et coutumes d’une société, de ses valeurs et de sa culture. La volonté de doter le français au Québec d’une « vitrine linguistique », n’est-ce pas déjà lui donner le statut d’une langue exclusive, en affirmant du même geste qu’elle est complexe et difficile d’approche?

Il n’est pas question ici de remettre en cause le bien-fondé des ressources linguistiques mises à disposition par le BDL et le GDT. Cependant, la manière avec laquelle on met de l’avant le français a un impact sur les représentations collectives entourant sa pratique. Est-ce que la langue « commune » du Québec, telle que définie par la Charte de la langue française, est aussi démocratique et accessible qu’on le prétend?

Le Délit, seul journal francophone de l’Université McGill, agit comme une vitrine linguistique du français à l’échelle réduite d’un campus majoritairement anglophone. Sans avoir pour but de mettre en avant la richesse de la langue française, nous y participons indirectement par la publication d’articles qui reflètent des problématiques liées à la communauté francophone de McGill. Notre rôle principal, c’est d’agir comme porte-voix des enjeux liés à la francophonie, tout en s’assurant de ne pas éclipser les enjeux qui touchent également les communautés anglophones et allophones sur le campus. Le Délit doit demeurer un univers invitant et ouvert qui valorise les différentes manières d’expression du français. La manière avec laquelle on s’exprime ne transparaît pas seulement à l’oral et à travers nos usages linguistiques ; la langue, fondée sur un agrégat de pratiques plutôt que sur un modèle unifié, est au fondement même de nos représentations du monde. Le Délit se doit d’être le vecteur de transmission écrite de ces diverses représentations. 

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Éclatement de conduites d’eau à McGill https://www.delitfrancais.com/2023/02/08/eclatement-de-conduites-deau-a-mcgill/ Wed, 08 Feb 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=50727 Le Centre des opérations d’urgence accaparé par une opération de nettoyage sur le campus.

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Le dimanche 5 février dernier en fin de soirée, les étudiant·e·s, le corps enseignant ainsi que le personnel de McGill ont été prévenu·e·s par courriel que des conduites d’eau avaient éclaté dans certains pavillons du campus. Dans un communiqué signé au nom du Centre des opérations d’urgence de McGill, le directeur principal de la protection et de la prévention de l’Université, Pierre Barbarie, a rapporté que les températures extrêmes des derniers jours ont provoqué des dégâts d’eau importants dans plusieurs bâtiments de McGill. On peut y lire que le pavillon Stewart des sciences biologiques a été particulièrement touché, et que par conséquent l’ensemble des classes prévues le lundi 7 février au matin devraient être tenues en distanciel jusqu’à 12h30, afin que les équipes de réparation puissent terminer le nettoyage et rétablir l’approvisionnement en eau dans l’ensemble du bâtiment.

Pierre Barbarie a spécifié quelques heures plus tard dans un second communiqué que le bâtiment Stewart resterait complètement fermé jusqu’à jeudi matin au plus tôt, afin de terminer le nettoyage complet du bâtiment et de procéder à une évaluation exhaustive des dommages, obligeant les étudiant·e·s ayant des cours dans ce bâtiment à demeurer en distanciel jusqu’à nouvel ordre.

Le pavillon Stewart, assigné aux départements de biologie et de psychologie, possède deux grands amphithéâtres de 150 et 300 places, en plus de donner accès au Phytotron, une vaste serre de recherche

L’Université McGill est loin d’être le seul établissement à avoir connu des problèmes de cette sorte. Cette fin de semaine, le journal La Presse a rapporté de nombreux problèmes de tuyauterie dans plusieurs hôpitaux de l’Estrie, comme l’Hôtel-Dieu de Sherbrooke, l’Hôpital Fleurimont, ou encore l’Hôpital et centre d’hébergement d’Youville. Ces incidents ont fortement ralenti le service dans ces établissements.

Le froid hivernal cause chaque année d’importants dégâts sur les canalisations et tuyauteries de nombreux bâtiments. Selon CEP Forensique, en hiver, le froid extrême peut occasionner le gel des tuyauteries ainsi que celui de l’eau qu’elles contiennent. Comme pour une bouteille d’eau laissée au congélateur pendant plusieurs heures, le gel entraîne une prise de volume de l’eau pouvant atteindre 9%, causant une pression importante sur la tuyauterie. Les canalisations sont donc soumises à une énorme pression interne, qui peut parfois mener à leur éclatement. 

Les équipes de réparation de McGill se trouvent donc accaparées par la récente découverte d’amiante au campus MacDonald et par la problématique actuelle de l’endommagement de la tuyauterie à McGill. Pierre Barbarie tiendra au courant la communauté mcgilloise du développement de la situation et de la réouverture prochaine des bâtiments. 

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L’eau, ressource commune ou commerciale? https://www.delitfrancais.com/2023/02/08/leau-ressource-commune-ou-commerciale/ Wed, 08 Feb 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=50696 Le Québec jouit sans doute d’une situation hydrographique enviable par sa possession de 3% des réserves en eau douce renouvelables de la planète. Si ce chiffre représente une capacité exceptionnelle de production et d’exportation hydroélectrique, les tenants et les aboutissants de la gestion de l’eau québécoise sont imprécis, et les implications de la privatisation d’une… Lire la suite »L’eau, ressource commune ou commerciale?

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Le Québec jouit sans doute d’une situation hydrographique enviable par sa possession de 3% des réserves en eau douce renouvelables de la planète. Si ce chiffre représente une capacité exceptionnelle de production et d’exportation hydroélectrique, les tenants et les aboutissants de la gestion de l’eau québécoise sont imprécis, et les implications de la privatisation d’une ressource qui relève en principe du bien commun demeurent inexplorées. On doit rappeler que l’eau du Québec représente à l’heure actuelle un marché d’investissement plus qu’intéressant pour les entreprises, les taxes perçues sur l’eau étant minimes par rapport aux quantités d’eau prélevées. À ce titre, le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, a annoncé l’an dernier vouloir imposer des redevances plus importantes aux embouteilleurs, comme Amaro, Pepsi et Coca-Cola, qui s’abreuvent dans les sources d’eau du Québec sans payer leur juste part. Bien que cette initiative ait été critiquée, elle permettrait d’établir un suivi plus rigoureux et transparent quant aux quantités d’eau puisée au Québec.

La divulgation des chiffres plus précis de l’attribution de l’eau au secteur privé doit mettre en lumière les enjeux trop peu discutés de l’appropriation et de la commercialisation de l’« or bleu». L’adoption de la Loi affirmant le caractère collectif des ressources en eau en juin 2009 reconnaît que l’eau fait partie du «patrimoine commun». La Loi admet également «la nécessité de satisfaire en priorité les besoins de la population et de concilier ensuite les besoins des écosystèmes et des activités à caractère économique». Or, l’eau appartient-elle vraiment à tout le monde comme on le prétend? Son utilisation est-elle trop contrôlée ou trop peu réglementée par la sphère publique? L’article «Eau Québec, quel avenir pour l’or bleu?» écrit à l’Université de Sherbrooke révèle que l’exploitation lucrative des réserves d’eau aurait souvent été privilégiée au détriment de la préservation des milieux humides.

En dépit du flou qui persiste quant au respect des quotas d’eau prélevée par les embouteilleurs, on peut – et avec raison – se demander quel serait l’impact si des sociétés d’actionnaires avaient une mainmise sur la gestion des ressources d’eau disponibles. Le professeur au Département de géographie de l’Université Laval Frédéric Lasserre souligne par exemple que le pompage par les embouteilleurs, dans certaines régions, peut avoir un impact significatif sur les populations locales, qui doivent composer avec des réserves d’eau grandement réduites. L’eau est une ressource renouvelable mais limitée, et octroyer des permis privés pour son exploitation peut se faire aux dépens des communautés qui sont directement touchées par cette problématique.

Maintenant, que pouvons-nous faire pour garantir une répartition plus équitable de cette ressource naturelle sur tout le territoire du Québec, notamment pour les communautés autochtones qui ont toujours un accès limité à l’eau potable? Une plus grande transparence quant aux quantités d’eau pompée par des compagnies privées doit être saisie comme une opportunité de raviver le débat public autour du partage de cette ressource collective. Nous réalisons peu le privilège que représente le fait de posséder un réservoir abondant d’eau potable situé dans le bassin du fleuve Saint-Laurent. Si notre consommation individuelle d’eau au Québec est certainement à revoir, l’enjeu de sa privatisation ne se limite pas à l’embouteillage. Les partenariats publics-privés (PPP) pourraient jouer un rôle grandissant dans la gestion des services d’eau au Québec, et il nous revient d’en surveiller l’expansion. 

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Relativiser les «chambres d’écho» à l’ère numérique https://www.delitfrancais.com/2023/01/25/relativiser-les-chambres-decho-a-lere-numerique/ Wed, 25 Jan 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=50577 Avant l’existence d’Internet, la presse écrite et les bulletins de nouvelles télévisés consolidaient nos biais cognitifs en hiérarchisant les sujets selon leur degré d’importance, en traitant l’actualité sous un certain angle, parfois même avec une certaine intention de commercialiser l’information. La ligne éditoriale d’un journal sous-tend toujours son lot de croyances et de valeurs auxquelles… Lire la suite »Relativiser les «chambres d’écho» à l’ère numérique

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Avant l’existence d’Internet, la presse écrite et les bulletins de nouvelles télévisés consolidaient nos biais cognitifs en hiérarchisant les sujets selon leur degré d’importance, en traitant l’actualité sous un certain angle, parfois même avec une certaine intention de commercialiser l’information. La ligne éditoriale d’un journal sous-tend toujours son lot de croyances et de valeurs auxquelles le public adhère ou non. Alors qu’il serait probablement édifiant de lire tous les journaux de Montréal pour les confronter entre eux, en avons-nous le temps, et sommes-nous réellement disposé·e·s à le faire? La plupart du temps, nous nous contentons de saisir une idée dans un article qui a été vérifiée par une autorité, qui confirme notre vision du monde ou la met au défi. En ce sens, le phénomène des chambres d’écho, selon lequel un même type de contenu nous serait proposé de manière récurrente et renforcerait nos schèmes de pensée, s’est-il vraiment intensifié avec l’avènement des médias sociaux?

Il semblerait hâtif de tenir les chambres d’écho pour responsables de notre renfermement sur des perspectives uniques. Plusieurs études montrent que le fameux phénomène des chambres d’écho devrait être relativisé, et non généralisé à l’ensemble des utilisateurs·rices : seulement 3 à 5% de la population serait véritablement dans une chambre d’écho, selon le professeur de sciences des données Chris Bail à l’Université Duke. Judith Möller, spécialiste en communication politique et en journalisme de l’Université d’Amsterdam, avance pour sa part que les algorithmes de recommandation nous confronteraient à un spectre élargi de réalités sociales, politiques, et culturelles, permettant une diversification des voix.

Le phénomène des chambres d’écho tend à rendre compte d’une vision des utilisateur·rice·s du web comme étant sous l’emprise des histoires leur étant fournies, dépossédé·e·s de leur faculté de jugement. Or, « l’exposition à des histoires incongrues ne conduit pas automatiquement à leur adhésion par le public (tdlr) », explique Mykola Makhortykh, chercheur à l’Institut de communication et d’étude des médias à l’Université de Berne. Ce n’est donc pas seulement l’algorithme qui doit passer en revue notre profil et nous proposer du contenu en fonction de nos intérêts. Nous devons également garder un œil critique vis-à-vis des contenus en libre diffusion sur Internet et conserver la saine habitude de corroborer une information par plusieurs sources.

Au-delà de son application circonscrite, la théorie médiatique des chambres d’écho pose en filigrane la question de la distinction entre une information fiable et non fiable. Ce problème se posait beaucoup moins avant l’avènement du web, lorsque les journalistes bénéficiaient d’une tribune dans la presse papier, à la radio ou dans les chaînes d’information en continu. Les informations journalistiques entraient alors beaucoup moins en concurrence avec d’autres types de contenus médiatiques et n’étaient pas conçues dans une recherche constante de l’attention du public. Aujourd’hui, les informations journalistiques se retrouvent de plus en plus sur un pied d’égalité avec des contenus médiatiques, potentiellement non vérifiés, du fait de leur présence accrue sur les fils d’actualités.

Et ce n’est peut-être pas une mauvaise chose. Il nous faut seulement garder à l’esprit que des discours de provenances hétérogènes peuvent se mêler les uns aux autres dans l’espace public, et que le risque de désinformation est dès lors accru. Tandis que notre attention s’éparpille du fait de la décentralisation de l’information journalistique, notre manière de lire l’actualité est en pleine transformation. Nous sommes placé·e·s face à une profusion de différentes visions du monde qui contiennent leur lot de contradictions et qui complexifient notre rapport à la réalité. Il reste à savoir si la multiplication des sources d’information contribue ou nuit à une bonne compréhension des nouvelles. 

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