Raphaël Thézé - Le Délit Le seul journal francophone de l'Université McGill Tue, 13 Sep 2011 13:24:39 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 La BD de la semaine https://www.delitfrancais.com/2011/09/13/la-bd-de-la-semaine-7/ Tue, 13 Sep 2011 13:24:39 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=8423 La BD pour l'édition du 13 septembre 2011.

L’article La BD de la semaine est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Raphaël Thézé | Le Délit

L’article La BD de la semaine est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
XVIe Congrès du PQ: confiance et renouveau https://www.delitfrancais.com/2011/04/18/xvie-congres-du-pq-confiance-et-renouveau/ Tue, 19 Apr 2011 04:34:06 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=8076 Un vote de confiance de 93% pour Pauline Marois et le gel des frais de scolarité pour les étudiants.

L’article XVIe Congrès du PQ: confiance et renouveau est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Cette fin de semaine avait lieu le XVIe Congrès national du Parti québécois à Montréal. Sous le slogan «Agir en toute liberté», près de 1700 délégués des quatre coins du Québec se sont réunis afin de débattre pendant trois jours du nouveau programme à adopter.

Un des moments essentiels de ce congrès fut le vote de confiance de Pauline Marois à la chefferie du parti. En effet, le vote tenait à cœur les membres du parti qui, à peine plus d’une heure après l’ouverture des urnes, étaient déjà 71% à s’être prononcés. À l’issue du décompte des voix, 93,08% des délégués avaient accordé leur confiance à Madame Marois, un résultat record (Bernard Landry avait obtenu 76,2% en 2005 et avait claqué la porte au parti) et prometteur.

Raphaël Thézé, Le Délit
Par ailleurs, les membres du conseil exécutif national ont été élus dont le nouveau président Raymond Archambault, ancien chef d’antenne à Radio-Canada. Il a su attirer la sympathie des délégués par sa «virginité politique» et son discours sur l’importance des communications modernes. Il s’agit d’une cuisante deuxième défaite pour Daniel Turp qui mettait en avant son expérience comme un atout essentiel à la présidence et avait pourtant insisté sur l’importance de la représentation des jeunes du parti.

 

Parmi les sept commissions qui étudièrent les propositions des différentes circonscriptions à travers le Québec, l’une d’entre elles était consacrée à l’éducation, les études supérieures et les universités. La proposition d’urgence concernait le gel des frais de scolarité dont la hausse avait été annoncée pour 2012 dans le dernier budget Bachand. Présentée par Christine Normandin, présidente de la CNJPQ, la résolution 414 prévoit de maintenir les frais de scolarité tel qu’ils sont actuellement jusqu’à la tenue d’un sommet sur l’éducation. La députée Marie Malavoy a pris la parole pour demander de prioriser la proposition lors de la plénière et contre toute attente, alors que l’on attendait un débat agité  entre les délégués, la proposition fut adoptée à quasi unanimité. Les détracteurs du Parti québécois dénoncent néanmoins cette prise de position comme une radicalisation du parti alors que la hausse des frais selon eux est une nécessité face au déficit budgétaire.

Lors de la même commission, des propositions, telles que l’élimination graduelle du financement des écoles privées au profit des écoles publiques tout en prévoyant l’intégration au secteur public des écoles privées, furent portées en plénière mais fortement défaites et d’autres portant sur la création de laissez-passer universels aux transports en commun pour les étudiants ou sur la possibilité pour ceux-ci d’avoir accès aux transports gratuitement, ne firent pas leur chemin jusqu’au bout. Des propositions sur la tolérance zéro face à l’intimidation et la violence dans les écoles ou sur l’augmentation du nombre d’intervenant spécialisé pour les élèves aux besoins particuliers furent pour leur part adoptées.

Le Parti québécois sort de ce congrès renforcé et voit la victoire de Pauline Marois comme un signe de maturité politique. Avec un gouvernement fédéral plus éloigné que jamais des intérêts québécois, et un gouvernement provincial largement critiqué, le Parti québécois se montre confiant pour l’avenir. Si les délégués soutiennent Pauline Marois et son nouveau programme, la question demeure cependant quant à la position que prendra la population québécoise lors des prochaines élections.

Photos du Congrès, ici.

L’article XVIe Congrès du PQ: confiance et renouveau est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Pauline Marois score avec 93% https://www.delitfrancais.com/2011/04/18/pauline-marois-score-avec-93/ Mon, 18 Apr 2011 15:10:23 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=8035 La chef du Parti québécois a obtenu un vote de confiance de 93,08%, samedi, lors du Congrès national du parti à Montréal.

L’article Pauline Marois score avec 93% est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Suite à ce score historique, Pauline Marois a prononcé ces mots : « Ma victoire, c’est la victoire d’un parti uni, d’un parti solidaire, d’un parti qui a le goût de proposer au peuple québécois que nous donnions ensemble un pays libre, un pays indépendant, que nous choisissons notre liberté ».

Photos: Raphaël Thézé

 

 

 

 

L’article Pauline Marois score avec 93% est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
La BD de la semaine https://www.delitfrancais.com/2011/04/05/la-bd-de-la-semaine-5/ Tue, 05 Apr 2011 18:03:59 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=7935 Tu sais que tu es à McGill...

L’article La BD de la semaine est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Raphaël Thézé | Le Délit

L’article La BD de la semaine est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
I have a dream https://www.delitfrancais.com/2011/04/05/i-have-a-dream/ Tue, 05 Apr 2011 17:41:31 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=7693 La nature de la conscience humaine a toujours été une question d’intérêt pour les philosophes et autres chercheurs de l’esprit.

L’article I have a dream est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Depuis peu, les neurobiologistes spécialistes des sciences cognitives tentent eux aussi d’y répondre en réalisant des études scientifiques aussi rigoureuses que possible. Une méthode parmi d’autres consiste à utiliser ce que l’on nomme les «rêves lucides», c’est-à-dire un état de conscience tel qu’un individu endormi sait qu’il est en train de rêver.

Le phénomène, nommé ainsi par le psychiatre néerlandais Frederik van Eeden en 1913, est documenté et étudié depuis le milieu du XIXe siècle. C’est l’aristocrate Hervey de Saint-Denys qui fut le premier à publier un livre sur le sujet en 1867. Son intérêt était d’explorer les implications morales des différents états de conscience, à savoir si l’on pouvait être tenu responsable du contenu de ses rêves. D’autres personnes eurent toutefois recours à ce procédé pour répondre à différentes questions, comme Mary Arnold-Forster qui écrivit tout un livre sur l’exploration des limites d’un rêve lucide. Les premières études objectives et scientifiques sur le sujet sont attribuées à K. M. Hearne (1978), suivant la découverte du sommeil paradoxal par Aserinsky et Kleitman (1953), et précédant le travail de Steven LaBerge (1980) qui fut certainement celui qui approfondit le plus la recherche dans ce domaine.

LaBerge a surtout exploré les possibilités d’informer un dormeur qu’il est en état de sommeil, sans pour autant le réveiller, pour ensuite communiquer avec lui dans son rêve. Lors du sommeil, tous les muscles du corps sont paralysés, excepté ceux des oreilles, de la langue et des yeux. Il devient ainsi possible de signaler au sujet qu’il se trouve en état de sommeil paradoxal par une série de pulsions lumineuses codées selon une certaine séquence prédéterminée. Le sujet peut ensuite répondre par une séquence de mouvement des yeux prédéterminée elle aussi, et le contact est établi.

Les problèmes que soulève ce genre d’étude est d’une part, la difficulté pour les sujets de devenir lucides lors d’un rêve, et, d’autre part, la rigueur objective des mesures effectuées. Naturellement, des détracteurs suspicieux ont protesté qu’il était impossible d’être conscient lors du sommeil paradoxal, et que les sujets devaient forcément être éveillés. Certaines études semblent situer l’occurrence des rêves lors du sommeil paradoxal, tout en mesurant un état éveillé du cerveau sur un électro-encéphalogramme (EEG), suggérant une dissociation de l’esprit entre deux états: éveillé et endormi au même moment.

Ce concept, troublant au premier abord, n’est pas aussi surprenant qu’il le paraît. Schenck et Mahowald (1996) soulignent le cas du somnambulisme, où la zone génératrice des mouvements de pas et le système de navigation du cerveau sont complètement fonctionnels, alors que le reste du cortex cérébral est encore au stade IV du sommeil. D’une certaine manière, les perceptions vivides d’un rêve peuvent être considérées littéralement comme une expérience hallucinatoire. En quelque sorte, lors d’une hallucination à œil ouvert, le système de génération d’image du sommeil paradoxal est enclenché en plein état de conscience. Le cerveau se trouve dans deux états simultanément. Allan Hobson semble en conclure que l’état de rêve lucide constituerait un troisième état de conscience, étudié empiriquement sans encore avoir été théorisé (2009).

Deux études supporteraient cette idée. La première, dirigée par Voss et ses collègues (2009), étudie la corrélation des profils de cohérence des ondes cérébrales entre l’état éveillé et endormi. Le rêve lucide est caractérisé par un état transitoire entre les deux, particulièrement dans la région frontale. La deuxième, une étude allemande menée par Michael Czisch (2005, 2007), fait appel aux techniques d’imagerie par résonnement magnétique (IRM) pour détecter les différentes régions cérébrales activées. En plus des régions frontales, certaines structures du cortex pariétal et temporal étaient actives, les mêmes qui furent proposées par Vincent et ses collègues (2007) comme étant le siège de la conscience.

Qu’en est-il alors de la conscience de l’esprit par rapport au cerveau? Peut-on parler de deux entités distinctes? Une question particulièrement pertinente à l’hypothèse de la virtualité du réel est de savoir si les actes de nos rêves font appel aux mêmes circuits neuronaux que lors de l’éveil. La réponse, il semblerait, se trouve à mi-chemin entre la philosophie, la parapsychologie et la neurologie… ou dans une bonne nuit de sommeil!

 

L’article I have a dream est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Quand les colombes portaient fusil en bandoulière https://www.delitfrancais.com/2011/03/29/quand-les-colombes-portaient-fusil-en-bandouliere/ Tue, 29 Mar 2011 13:20:55 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=7543 Godin est un documentaire à l’image de Gérald Godin, poète et homme politique qui marqua son époque.

L’article Quand les colombes portaient fusil en bandoulière est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Vous en souvenez-vous, de ce député-poète, amoureux du Québec et de la langue française, qui consacra sa vie à lutter pour l’indépendance de son pays? Celui qui rêvait de liberté et dénonçait les injustices, celui qui faisait campagne à vélo et écoutait les gens, ou celui qui parlait sérieusement avec humour? Vous pouvez le redécouvrir à travers un documentaire retraçant sa vie et son œuvre. On parle bien de redécouvrir car il s’agit de la première chose que l’on réalise en voyant ce film; n personnage de premier plan méconnu et une époque que l’on oublie peu à peu.

Gabor Szilasi, 1969. Archives nationales du Québec (OFQ)

Gagnant du prix du public Télé-Québec lors des rendez-vous du cinéma québécois, le documentaire fait resurgir les images du passé, et il est difficile de ne pas frissonner à la vue des séquences d’archives historiques des émeutes de la Saint-Jean et du samedi de la matraque, de la crise de l’hôtel Reine Elizabeth et des attentats du Front de Libération du Québec, mais surtout des centaines de milliers de Québécois passionnés applaudissant leurs chefs politiques. Ce voyage dans le passé est ponctué de témoignages poignants par des personnages l’ayant connu et qui partagent leurs souvenirs. On retrouve ainsi Jacques Parizeau et Denys Arcand, mais aussi André Gervais ou Guy Godin, son frère, qui tout au long du film partagent leur vision de la marque laissée par Gérald Godin. Figure marquante de la poésie québécoise, il avait les mots pour toucher les cœurs, il savait faire de la parlure québécoise une arme, une très belle arme, reprenant les termes de joual pour les faire tinter sur un air nationaliste.

D’après lui, l’indépendance d’un peuple passe par l’indépendance culturelle, et la force d’un peuple est avant tout sa langue. Il fut le premier, comme le mentionne Jacques Parizeau au cours du documentaire, à inclure les immigrants dans cette lutte et à les faire participer, les rendre concernés et impliqués. Fervent militant de l’intégration, il en faisait le combat de tous. «Nous devons former avec les communautés culturelles un monde nouveau, une société modèle, meilleure, libre, ouverte et accueillante, dit-il, car la diversité culturelle est garante de l’enrichissement et de l’ouverture d’esprit d’une nation.» Victime des arrestations d’Octobre, qui l’indignèrent car, s’il était indépendantiste, il n’avait pas l’âme terroriste, il n’était pas homme à se laisser abattre comme le prouve sa détermination renforcée après l’échec du référendum de 1980, et son courage au travers des épreuves infligées par la maladie. Des années 60 à Trois-Rivières jusqu’à sa mort en 1994, à la veille du second référendum de 1995, images d’archives et entrevues nous montrent qu’il s’est battu sans jamais cesser d’être présent pour le peuple Québécois et sans jamais diminuer son ardeur.

Gabor Szilasi, 1969. Archives nationales du Québec (OFQ)

L’ensemble du documentaire, peu objectif politiquement, berce l’esprit nationaliste au rythme des chansons de Pauline Julien, amante et âme sœur de Godin, qui pendant trente ans l’accompagna dans ses idéaux, à la fois muse et amie, à travers leur amour passionnel. Le film transmet un dynamisme qui se termine, hélas, de manière un peu abrupte, laissant le spectateur un peu décontenancé avec une fin lente qui survient brutalement alors que l’on aimerait en entendre d’avantage. Peut-être est-ce à l’image de la mort du poète, qui survint beaucoup trop tôt quand il aurait pu faire tellement plus.

L’article Quand les colombes portaient fusil en bandoulière est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
La science derrière le drame https://www.delitfrancais.com/2011/03/22/la-science-derriere-le-drame/ Tue, 22 Mar 2011 17:42:05 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=7353 Compte-rendu de la conférence organisée le 18 mars par des professeurs en génie nucléaire à l’École Polytechnique en réponse à l’accident survenu à la centrale nucléaire de Fukushima lors du séisme au Japon.

L’article La science derrière le drame est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Le 11 mars, le Japon était ébranlé par un puissant séisme de magnitude 8,8 qui, en plus de faire tanguer les immeubles de Tokyo sur plus d’un mètre, a provoqué par la suite un tsunami particulièrement ravageur sur la côte nord-est du pays. Ce dernier fit déferler des vagues hautes de dix mètres emportant tout sur leur passage. Malgré un dispositif de sécurité qui fut déclenché automatiquement, le Japon, l’un des pays les mieux préparés face aux tremblements de terre, s’est laissé surprendre. En plus des pertes humaines et des destructions matérielles dues au séisme, un drame supplémentaire a frappé le Japon; la centrale nucléaire de Fukushima avait été atteinte et endommagée par le tsunami.

Digital Globe Satellite

Physique nucléaire 101
La nature d’un atome est déterminée essentiellement par le nombre de protons qui le composent. Lorsque celui-ci est instable, le noyau libère de l’énergie, ainsi que des particules sous forme de radiations, afin d’atteindre un état plus stable. Il s’agit de la radioactivité. Lors d’une réaction de fission nucléaire, telle qu’il y en a dans les centrales, un noyau lourd est modifié dans son état quantique, ou plus exactement, il est brisé en plusieurs morceaux, ce qui libère de l’énergie. Dans le cœur d’un réacteur nucléaire, la réaction en chaîne est contrôlée par un bombardement continu de neutrons. Les barres d’uranium enrichi baignent dans une piscine où circule de l’eau sous pression qui, au contact du combustible, se vaporise et est envoyée vers des turbines pour produire de l’électricité, avant d’être refroidie et renvoyée dans le cœur du réacteur. Le débit d’eau contrôle la température globale et donc la puissance du réacteur. En cas de séisme, un Système d’Arrêt d’Urgence (SAU) hydraulique se déclenche, bloquant le flux de neutrons et empêchant ainsi toute réaction nucléaire.

Fukushima, les faits
La centrale de Fukushima possède six réacteurs, dont trois seulement étaient en activité lors de l’incident. Le quatrième, étant en entretien, étaient donc vidé de combustible. Les deux derniers étaient à l’arrêt depuis trois mois, car ils devaient prochainement être vidé du combustible. Lors des premières secousses du séisme, les réacteurs se sont automatiquement arrêtés selon la procédure d’urgence, et quelques secondes après, il n’y avait plus aucune réaction nucléaire en cours. Si le complexe est resté intact, le système d’alimentation électrique, quant à lui, a été entièrement détruit, privant ainsi la centrale d’électricité. À ce moment, les génératrices de secours au mazout ont pris le relais comme la procédure le prévoit, et tout était pour le mieux. Les choses se sont  compliquées lorsque le tsunami est arrivé, une heure après, balayant tout sur son passage, noyant l’ensemble des génératrices et emportant le tout dans son élan. Un deuxième système de secours s’est déclenché: un groupe électrogène permettant de maintenir la centrale fonctionnelle, mais n’ayant qu’une autonomie de huit heures et n’étant pas assez puissant pour activer les pompes du système de refroidissement. En raison des importants dommages causés par le tsunami aux infrastructures routières, la centrale était isolée, et au bout de huit heures, les secours n’avaient pu atteindre la centrale pour rétablir le courant. La génératrice s’est éteinte, la centrale a cessé de fonctionner, et le cœur du réacteur s’est échauffé.

Digital Globe Satellite

Le danger nucléaire
Lors d’une réaction nucléaire, les atomes lourds sont brisés pour libérer de l’énergie. Ce procédé a pour conséquence de laisser des atomes résiduels radioactifs instables qui se désintègrent plus ou moins rapidement. Il s’agit de la puissance résiduelle. Celle-ci continue, même après l’arrêt du réacteur, à être libérée sous forme de chaleur et de radiations. Les noyaux ayant la demi-vie la plus longue finissent par s’accumuler. Si l’on regarde le rapport de puissance résiduelle par rapport à celle du réacteur en fonction du temps, on observe que celui-ci s’élève à 6,5% au début –soit 65W d’énergie résiduelle produite pour 1000W par le réacteur– et diminue de manière exponentielle jusqu’à être presque nulle après une dizaine de jours. Ceci n’exclut pas de retirer l’énergie qui s’accumule, car si l’on ne refroidit pas, la chaleur augmente de manière critique. En effet, avec l’élévation de la température, l’eau bout et s’évapore de la piscine, exposant le combustible à l’air libre, ce qui le fait chauffer à vif et peut abîmer la gaine en zirconium (Zr) qui l’entoure. À 537°C, le Zr se brise. Aux environs de 982°C, une réaction exothermique à lieu entre le Zr, l’oxygène et l’hydrogène –c’est ce qui a entraîné des explosions à Fukushima. L’énergie de Zr-vapeur domine l’énergie résiduelle à 1371°C, et le Zr se combine à l’uranium pour former un eutectique; puis à 1950°C, le tout fond comme une bougie et se dépose au fond de la cuve en se désintégrant, ce qui peut avoir de terribles conséquences. Les produits radioactifs, sous forme de magma appelé Corium, peuvent alors percer la cuve et se retrouver dans l’enceinte de confinement. Si tel devait être le cas, le risque de rejet massif de produits radioactifs dans l’environnement devient possible. L’inquiétude actuelle vient du fait qu’il est impossible de mesurer avec précision la température effective, et la seule chose à faire pour les Japonais est de refroidir à tout prix le cœur du réacteur, tout en le maintenant isolé, afin d’éviter les émanations radioactives.

L’article La science derrière le drame est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Apocalypse not now https://www.delitfrancais.com/2011/03/22/apocalypse-not-now/ Tue, 22 Mar 2011 17:33:37 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=7351 Depuis dix jours que la crise du nucléaire a lieu au Japon, je ne cesse d’observer autour de moi les effets des médias sur les masses.

L’article Apocalypse not now est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Je trouve cela particulièrement insupportable de voir ceux-ci véhiculer un sentiment de peur par l’ignorance en utilisant la science. Quand on entend des Canadiens s’inquiéter des retombées, ou lorsque l’on voit les Français distribuer des pilules d’iodes en craignant un tremblement de terre en France, et que l’on pense à la position des Japonais en ce moment, cela frise le ridicule. Je ne suis pas en train de faire l’apologie du nucléaire en affirmant que le danger est nul, seulement je préfère savoir où se situe le vrai risque et je refuse de laisser le sentiment de panique me guider.

Digital Globe Satellite

Je ne reviendrai pas sur les détails techniques, qui sont largement expliqués en page 6, mais je m’efforcerai de poser un œil critique sur la situation. Le défi majeur qu’essayent de relever les Japonais est de refroidir le réacteur afin d’éviter une surchauffe qui pourrait être dramatique. Notez que les mesures prises sont des mesures de prévention. Il y a donc une différence entre réagir à une catastrophe nucléaire et agir pour en éviter une. La situation au moment où j’écris ces lignes est la suivante: tous les réacteurs ont été instantanément arrêtés lors du séisme. Les réacteurs 4, 5 et 6 ne sont pas à risques, le réacteur 2 vient d’avoir l’électricité rétablie, l’infrastructure du réacteur 3 est susceptible d’être endommagée et le réacteur 1 est probablement en surchauffe critique. En attendant que le système de refroidissement soit rétabli, on ne peut qu’essayer d’arroser le réacteur pour évacuer la chaleur. Il faut savoir que jeter de l’eau sur du métal très chaud crée un mince film de vapeur ralentissant le transfert de chaleur vers l’eau, mais heureusement la puissance résiduelle diminuant avec le temps, l’effet s’estompe. Conclusion, le risque d’une explosion nucléaire est inexistant.

Pour ce qui est de la radioactivité, le risque est réel, mais pas aussi catastrophique que l’on pourrait le croire. On m’a questionné l’autre jour sur la nature de la radioactivité, à savoir si l’on devenait radioactif au contact d’une matière qui l’était. Un élément qui est radioactif émet un rayonnement dangereux pour la matière vivante. S’il se trouve dans vos vêtements, ceux-ci deviendront radioactifs uniquement à cause de la présence de particules elles-mêmes radioactives, mais le tissu n’y est pour rien. Dans le cas de Fukushima, les deux éléments à craindre sont l’iode 131 et le césium 137. L’iode possède une demi-vie très courte de huit jours et disparaît en trente jours –d’où l’intérêt de prendre des pilules d’iode pour saturer les glandes thyroïdes en cas d’exposition aux radiations– alors que le Césium peut rester dans la nature pendant 120 ans. Cela ne veut pas dire que le Césium est plus dangereux. Ayant une demi-vie beaucoup plus longue de trente ans, et n’étant absorbé par le corps qu’une journée, les effets des radiations sont presque nuls si le contact n’est pas répété et prolongé.

Un autre débat qui revient souvent est celui autour du «nuage radioactif». Pour ceux qui auraient mal lu l’actualité et craindraient pour les côtes canadiennes, je rappelle que la zone à risque de haute teneur en radioactivité est un périmètre de trente kilomètres autour de Fukushima. Tant qu’il n’y aura pas de fuite, cela restera préventif. Pour le moment, les autorités ont relâché volontairement de la vapeur contaminée afin de diminuer la pression dans le réacteur et empêcher une explosion majeure. La quantité reste cependant minime. Supposons que tout le Césium présent dans le réacteur, ce qui représente une masse d’à peu près 200 kg, devait se libérer, il aurait largement le temps d’être dilué dans l’atmosphère avant d’atteindre les côtes canadiennes. Dans un pareil scénario, seuls les Japonais auraient à craindre des retombées radioactives. Et encore, il suffirait de rester cloîtrer chez soi jusqu’à ce qu’il pleuve et prendre des douches régulièrement et le risque serait grandement réduit. J’entends d’ici les jeunes écolos qui se dressent et s’inquiètent des retombées sur la nature, par exemple la faune marine.

Il est vrai que les quelques poissons directement en dessous recevront une bonne dose de radioactivité, mais qu’est-ce qu’une centaine de poissons dans tout un océan? Quand aux doses légales prescrites de cent milisieverts (mSv), je tiens à informer qu’aucune étude n’a été faite –fort heureusement– sur les limites à respecter et que les seules informations disponibles à ce jour proviennent des rescapés d’Hiroshima et des tests fait par l’armée américaine sur ses soldats. La dose limite est donc la dose du pire scénario supposé, divisé par deux, afin d’obtenir un chiffre suffisamment petit et sécuritaire. Bien sûr, un mSv est déjà de trop pour le corps, mais la marge avant que cela soit létal est quand même grande, et actuellement au Japon, le niveau de radioactivité n’est pas encore alarmant pour la santé.

Je ne suis pas non plus en train de dire qu’il n’y aura pas d’effets, je veux simplement rectifier le tir des mentalités de masse criant à la catastrophe nucléaire. La situation telle qu’elle est maintenant n’est pas hors de contrôle, et si elle se redresse, tel qu’il est prévu pour les prochains jours, les séquelles seront négligeables. Et de vous à moi, les seuls qui devraient s’inquiéter pour leur santé sont les Japonais.

L’article Apocalypse not now est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Le 7e art et les 6 autres https://www.delitfrancais.com/2011/03/22/le-7e-art-et-les-6-autres/ Tue, 22 Mar 2011 14:22:59 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=7360 Le Festival international du film sur l’art présente à Montréal un choix parmi les meilleures productions mondiales cinématographiques sur l’art. Chaque film, allant de l’enquête, de l’hommage, du portrait ou de la création pure est unique et offre au spectateur une occasion de développer un regard critique sur l’art.

L’article Le 7e art et les 6 autres est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Les différents volets s’ouvrent à des domaines variés tels que l’architecture, la peinture, la danse, le design, la musique, la mode, le théâtre, la photographie et bien d’autres. Cette édition est marquée par deux nouveautés: la création du prix Liliane Stewart pour les arts du design et l’inauguration du Marché International du Film sur l’Art, présenté du 24 au 27 mars aux professionnels de l’industrie du cinéma.

Gracieuseté du FIFA

La jeune fille au Napalm

The picture of the napalm girl est l’une des photos les plus célèbres au monde. Le 8 juin 1972, le village de Tran Bang est attaqué. Les villageois n’ont que le temps de voir les marqueurs tomber au sol avant d’être bombardés au napalm. La température s’élève instantanément et le paysage devient infernal. Nick Ut Cong Hyunh de l’Associated Press et ses collègues sont postés sur la route. Soudain, de l’épais nuage de fumée sortent des enfants. Ils sont déroutés, les yeux hagards, la peau noircie, en lambeaux. À la vue des photographes et des soldats, ils courent dans leur direction en pleurant. Cet événement selon certain changea le cours de la guerre du Vietnam; pour d’autres, il en est le symbole. Cette petite fille Kim Phùc âgée alors de huit ans, courant nue, ses vêtements ayant été soufflés par les flammes, se retrouva sur la couverture de tous les journaux du monde. Sauvée par le photographe qui l’emmena d’urgence à l’hôpital de Saigon, elle vit aujourd’hui au Canada. Poursuivie par une célébrité dont elle n’a jamais voulu, elle ne parvint jamais à mener une vie normale. Acceptant son destin, elle est maintenant ambassadrice pour la paix à l’UNESCO, et c’est avec un regard tendre qu’elle raconte son histoire. Le film se termine sur les paroles d’un journaliste présent à cette époque: «quand on regarde ces images, ce ne sont pas les événements qu’elles montrent qui sont inhabituels, on voit cela tous les jours à la guerre. Ce qui est inhabituel, c’est qu’il y ait des photos pour les montrer».

Gracieuseté du FIFA

La différence fait l’union

Figurez vous un monde sans tabou, où les images publicitaires font preuve d’une intelligence provocante et ouvrent le débat sur des sujets sensibles. C’est un monde tel que celui-ci que nous représente Oliviero Toscani par son travail et son art, et c’est ce monde que le documentaire The Rage of Images nous propose. «Ce qui m’intéresse ce sont les différences, je ne veux pas les cacher, au contraire. Un monde sans différence serait un monde ennuyant. Le consensus mène à la médiocrité.» Ce sont les mots du célèbre photographe. N’ayant jamais utilisé de mannequin professionnel et défiant les conventions sociales, Toscani a toujours inséré des messages sujets à la polémique dans ses campagnes publicitaires pour grandes lignes de vêtements, notamment pour United Colors of Benetton avec lequel il a rompu son contrat en 2001 après que la compagnie a fait des excuses publiques pour la série de photos de condamnés à mort au États-Unis. Toscani aime faire scandale, non pas par pur plaisir de choquer comme c’est le cas en art trop souvent, mais pour faire parler les gens, pour les pousser dans leur réflexion. En 2007, la campagne choc contre l’anorexie pour la ligne de vêtements No-l-ita avait causé beaucoup de remous. Comme le montrent les passants interrogés dans le film, les gens trouvent cela repoussant, dérangeant, et s’ils s’insurgent au début, ils admettent finalement que cette photo gigantesque et agressive pour le regard puritain les ont amenés à prendre conscience de cette réalité. Des vêtements ensanglantés ayant appartenus à un soldat mort, un jeune homme agonisant du SIDA, mais aussi le racisme et l’union de la race humaine sont des sujets chers au photographe jovial et bon vivant. Son plus beau projet est sans aucun doute La Razza Umana, dans lequel il photographie des passants, des inconnus dans leurs différences avec leur quotidien, marquant leur visage des angoisses et plaisirs qui ont fait leur existence, ayant tous en commun cette chose, leur humanité.

Gracieuseté du FIFA

Au commencement, il y eut le regard

L’espace est une chose, certes par sa forme, mais il n’a de sens réellement que sous le regard qu’on lui porte. C’est ce concept que l’artiste islando-danois Olafur Eliasson exploite à travers son œuvre.

Dans un long-métrage tourné en quatre ans, le spectateur est amené à comprendre ce qu’est l’espace, comment il peut être redéfini et réaménagé pour que notre interaction avec celui-ci en soit transformée. Chaque expérience est unique et personnelle, et la conception de l’espace s’accompagne d’une perception du temps qui la complète; on parle d’une quatrième dimension. «C’est votre perception qui crée l’espace. Celui-ci n’existe pas en tant que tel tant que votre regard ne l’a pas défini» explique l’artiste. Le film Space is Process suit l’évolution de l’ambitieux projet d’immenses cascades en milieu urbain à New York, dans le but de donner une nouvelle dimension à la ville par l’eau ainsi qu’une nouvelle interaction possible avec celle-ci pour le citadin. Ce cheminement est entrecoupé de séquences prises lors du montage d’une exposition rétrospective au Musée d’art moderne de New York ainsi qu’une séance de photographie époustouflante en Islande parmi les glaciers. Le tout est ponctué de commentaires de l’artiste qui, malgré l’écran et la pellicule qui nous séparent de lui, parvient à interagir avec le public, lui faisant faire de petites expériences et lui ouvrant les yeux sur l’espace qui l’entoure. «L’art ne prend pas le monde pour acquis, mais comme un modèle. La réalité soudainement peut changer.» Olafur Eliasson aura certainement eu un impact sur le monde et les perceptions de cause à effets que l’on retrouve dans l’art, la nature et la ville.

L’article Le 7e art et les 6 autres est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
La BD de la semaine https://www.delitfrancais.com/2011/03/22/la-bd-de-la-semaine-3/ Tue, 22 Mar 2011 14:19:21 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=7403 À quoi ressemblent vos habitudes d'étude?

L’article La BD de la semaine est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Raphaël Thézé | Le Délit

L’article La BD de la semaine est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Une mère déchaînée https://www.delitfrancais.com/2011/03/15/une-mere-dechainee/ Tue, 15 Mar 2011 16:59:52 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=7089 L’infanticide de Corinthe reprend vie au Théâtre Denise-Pelletier dans une mise en scène de Caroline Binet.

L’article Une mère déchaînée est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Pour la mythologie grecque, Médée est avant tout une femme trahie et répudiée, dont la fureur sera le moteur de sa vengeance. Bien qu’elle ait inspiré dramaturges et poètes dans diverses réécritures du mythe au cours des siècles, Euripide fut le premier à lui donner le visage de l’infanticide et ainsi accentuer la profondeur du sacrifice dans la tragédie.

Robert Etcheverry

Quand la pièce commence, l’histoire est déjà avancée, et l’aventure des Argonautes appartient au passé. Médée, qui vient d’être répudiée par Jason pour épouser la fille du roi Créon, se trouve dans le plus grand désespoir. On comprend par le biais d’une conversation entre la nourrice et le pédagogue que Médée est une femme capable de choses terribles dans sa fureur et que, comble du malheur, Créon compte la condamner à l’exil. Alors que Médée partage sa douleur avec les spectateurs par des cris gutturaux, arrive le chœur des Corinthiennes mettant fin au prologue. Le chœur, qui tout au long de la pièce sera présent pour la soutenir et la plaindre, opère ici une double fonction. En plus de multiplier le sens et l’émotion des personnages, il agit comme modèle d’identité de la femme, qui à l’époque n’avait aucun droit, solidaire dans l’épreuve que Médée traverse.

Après un début indolent, le rythme s’installe entre les répliques; le jeu des acteurs devient dynamique à l’arrivée sur scène de Créon, annonçant la terrible sentence. Cet élément vient précipiter l’action, et Médée ravagée laisse place à Médée vengeresse. Sans réfléchir inutilement, elle agit et parle de manière implacable, et révèle, au cours d’une scène d’agôn avec Jason, une nature vénéneuse, mais aussi courageuse; accusant, ne cachant rien de ses actes, alors que Jason esquive les propos et se réfugie dans des explications faussement morales et misogynes. L’ouragan essuyé, Médée met alors en place ses pions et exécute soigneusement ses plans avec une froide détermination.

Il est malheureusement regrettable que toute la force de la tragédie ne fût pas communiquée au public par l’actrice Violette Chauveau qui, sans que je remette son talent en doute, ne semble pas maîtriser la colère dans son répertoire d’émotions. Si elle n’avait ne serait-ce que modulé sa voix, elle aurait pu offrir une profondeur au personnage qui aurait ainsi provoqué un frisson de malaise chez le spectateur surprenant une scène intime et dramatique de la vie de Médée. La tragédie n’est pas à la portée de tous.

Mis à part cet élément, la pièce est admirablement mise en scène et fait preuve d’ingéniosité quand à l’effet visuel sur le spectateur. Les décors, d’une grande simplicité, évoquent la grandeur classique et froide de la civilisation hellénique, et les acteurs y contrastent par leurs costumes colorés. Le chœur des Corinthiennes évolue dans une chorégraphie minutieusement établie, reflétant la tragédie dans ses gestes mêmes, et donne un rythme à l’action par la polyphonie qu’il évoque. La parole, au lieu d’être à l’unisson, est morcelée, accentuant certaines idées et modulant le tout. Le chœur, qui traditionnellement n’est qu’une simple entité, laisse ici une place à l’individualité de celles qui le composent et donne un relief au drame. L’ensemble baigne dans des effets de lumières, d’ombres ou de fumée donnant à la scène une esthétique picturale.

La pièce se clôt sur le sacrifice de Médée qui, dépouillée de ses droits de citoyenne, de femme et de mère, pousse à l’extrême le raisonnement de justice de Jason et immole ses propres enfants après avoir tué Créon et sa fille. Jason se retrouve ainsi brisé, sans lignée, dépouillé lui aussi de ce qui lui était le plus cher. La représentation se termine de manière époustouflante par la métamorphose de la figure tragique de Médée victorieuse, portant ses enfants à l’autel des offrandes et disparaissant dans un nuage de fumée infernal, alors que sa voix résonne encore. Caroline Binet a fait preuve d’un excellent sens visuel et a su faire revivre la tragédie grecque dans sa mise en scène moderne d’un drame de la figure féminine.

 

L’article Une mère déchaînée est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
La Ligue des Cravates https://www.delitfrancais.com/2011/03/08/la-ligue-des-cravates/ Tue, 08 Mar 2011 13:25:52 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=6909 Tous les dimanches, dans la salle de spectacle du Petit Medley remplie à son comble, les regards se tournent vers la scène.

L’article La Ligue des Cravates est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
L’animateur de la soirée crée une ambiance propice au rire en commençant par un petit sketch, avant de nous présenter les joueurs de la soirée. Deux équipes, les blancs contre les noirs, se disputeront la victoire, sans prétention, avec pour seul objectif de nous faire rire grâce à des matchs remplis d’humour. Il s’agit de la ligue d’improvisation «Les Cravates». Le déroulement d’un match d’improvisation est comparable à une partie de hockey; il se divise en trois périodes, entrecoupées de pauses pendant lesquelles les spectateurs peuvent commenter les performances et se commander une nouvelle bière ou un plat de tapas. Improvisation mixte ou comparée, catégorie libre ou imposée, selon un thème, dans une certaine limite de temps, c’est ainsi que sont présentées les consignes. Les joueurs ont trente secondes de caucus pour trouver une idée, le reste viendra dans le feu de l’action.

Raphaël Thézé | Le Délit

Pour ne donner que quelques exemples, dimanche dernier, parmi les plus belles performances, «Les Cravates» ont improvisé, sur le thème «des chiffres et des chiffres…», une histoire aux airs de Néo parcourant la matrice dans laquelle le personnage tuait comptable sur comptable afin de retrouver la source, puis celui qui fait fluctuer les taux et varier les intérêts, pour enfin rencontrer la Bibliothécaire, qui un jour enleva le pouvoir aux mots pour le donner aux chiffres. Un astronaute jeune père est en mission dans l’espace tandis que ses collègues dans la navette reçoivent les photos du nouveau-né, particulièrement horrible, et ne savent comment le lui décrire, dans une improvisation avec pour thème «c’est pas très cute». Ou encore, rassemblant l’ensemble des joueurs, un groupe d’aide pour timides anonymes qui a fait rire aux éclats dans une orchestration d’angoisses stéréotypées.

Le match est ponctué de petites traditions propres à la ligue. En effet, au milieu du match, l’animateur lance le défi de la «chatte d’or» en posant une question pointue relative à une improvisation précédente. Celui qui répond le plus rapidement au signal de «go» uniquement, sous peine de se faire huer par la salle, recevra «une bière gratuite sans frais» ainsi qu’une petite statuette, la chatte d’or, qui donne à l’heureux gagnant le droit et le devoir de revenir la semaine suivante assister à un match gratuitement, accompagné d’une personne de son choix, et de restituer la statuette. La fin du match se termine par une cérémonie d’anti-étoiles, ne soulignant pas la qualité des joueurs, mais bien leurs petits défauts, leurs bourdes et autres cafouillages, rassemblés dans des catégories telles que «has been» pour le joueur trop récurrent dans ses thèmes, ou «ben voyons!» pour celui faisant preuve du jeu le plus inattendu. Après un palmarès des répliques les plus notables, les joueurs désignés nous offrent une improvisation supplémentaire, sens dessus-dessous, d’une durée indéterminée.

La Ligue des Cravates, fondée en 1994, rassemble aujourd’hui un peu moins d’une trentaine de membres, tous improvisateurs d’expérience, et n’a pour seule vocation que le plaisir du jeu. Comme le souligne Simon Boudreau, fondateur de la ligue, «J’étais au cégep, je voulais réunir des gens pour faire de l’improvisation l’été, un peu comme les games de hockey dans la rue.» Mission accomplie: dix-sept ans plus tard, la ligue dont la réputation n’est plus à faire reste un regroupement évoluant par lui-même, non compétitif et non lucratif, dont la notoriété se répand de bouche à oreille.

L’article La Ligue des Cravates est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
La BD de la semaine https://www.delitfrancais.com/2011/03/08/la-bd-de-la-semaine-2/ Tue, 08 Mar 2011 13:20:56 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=6937 La BD de la semaine du 8 mars 2011.

L’article La BD de la semaine est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Raphaël Thézé | Le Délit

L’article La BD de la semaine est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Attention, neurone à bord https://www.delitfrancais.com/2011/03/08/attention-neurone-a-bord/ Tue, 08 Mar 2011 13:15:15 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=6913 Je me souviens, lors d’un cours d’anatomie, tenant entre mes mains pour la première fois un cerveau humain, l’étrange sensation que de réaliser qu’il s’agissait là d’un individu, ayant vécu et emmagasiné toute une vie d’expériences dont la trace se trouvait dans cet amas de cellules mortes conservées dans le formol.

L’article Attention, neurone à bord est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Il y a certes un malaise à se séparer, littéralement, de son cerveau; pourtant, il s’agit là de la seule façon d’aider l’avancée médicale pour les troubles neurologiques. De par sa situation protégée dans la boite crânienne et de par son rôle essentiel et fragile –chaque seconde isolé du reste du corps cause des dommages irréversibles– il est très difficile d’observer de près les problèmes dont il peut souffrir. Ainsi, dans bien des cas, seule l’autopsie est révélatrice.

L’organisme Québec-Transplant, chargé de la gestion et de la coordination des dons d’organes au Québec, définit un donneur d’organe potentiel comme une personne atteinte de lésions neurologiques irréversibles entraînant une destruction du cerveau. En effet, l’organisme se concentre sur la transplantation d’organes essentiellement viscéraux et requiert donc que ceux-ci soient préservés au mieux afin de les réutiliser chez une autre personne. Le don d’organes post-mortem pour la recherche et, plus particulièrement, le don de cerveau ne reçoit pas, hélas, autant de publicité.

Lorianne DiSabato

Jeudi dernier, le Sport Legacy Institute annonçait la publication par des chercheurs de l’école de médecine de l’Université de Boston des résultats d’analyses du cerveau du joueur de hockey Bob Probert. Il avait choisi de donner son précieux organe peu de temps avant de mourir d’une crise cardiaque l’an dernier, à l’âge de 45 ans. Par un heureux hasard, il avait vu, six mois avant son décès, une émission relatant les recherches existantes sur l’Encéphalopathie Chronique Traumatique (ECT), une maladie dégénérative du cerveau possiblement causée par la pratique de sports violents. Cette maladie ne peut être diagnostiquée qu’après l’observation d’un dépôt caractéristique de protéines anormales Tau dans les tissus cérébraux lors d’une autopsie. Le défunt sportif, réputé pour avoir été impliqué dans plus de 200 bagarres au cours de sa carrière, a été déclaré souffrant d’ECT après son décès. Il s’agit du deuxième joueur de hockey diagnostiqué de ce genre de traumatisme dans une étude portant jusqu’ici sur les cerveaux de quarante sportifs, dont plus de trente ont été reconnus souffrant d’ECT.

Il faut tout de même noter que le joueur de hockey a souffert de nombreux traumatismes crâniens majeurs en dehors du sport qu’il pratiquait, notamment au cours d’un grave accident de voiture, sans oublier une jeunesse ponctuée d’abus liés à l’alcool ou aux drogues dures. Si une certaine corrélation semble se profiler entre la pratique de sports violents et la maladie, il reste à savoir s’il s’agit de la réelle cause. Il est fort probable que les chocs répétés en soient la cause, mais rien ne prouve que derrière ne se cachent pas certaines prédispositions génétiques chez les professionnels du sport, ou encore que le mode de vie lié à ce métier porte des facteurs propices à une dégénérescence du cerveau. Quoi qu’il en soit, la motivation de Bob Probert derrière ce don était d’aider à répondre à ces questions afin, entre autres, de protéger les enfants qui, comme les siens, pratiquent des sports violents très tôt. On ne répétera jamais assez que le cerveau est un organe fragile. Même si l’évolution humaine a doté celui-ci d’un crâne solide et d’un fluide cérébral dans lequel le cerveau repose en suspension, le protégeant des secousses lors de nos mouvements, elle n’a pas songé à le protéger contre des chocs brutaux et répétés.

L’article Attention, neurone à bord est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Armoiries, armoiries, dis-moi qui je suis https://www.delitfrancais.com/2011/03/01/armoiries-armoiries-dis-moi-qui-je-suis/ Tue, 01 Mar 2011 19:54:05 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=6718 Apparues en Europe à la fin du XIIe siècle, à une époque où il était difficile de s’y retrouver entre combattants lors d’une mêlée, les armoiries étaient au début de simples couleurs et figures peintes sur la surface des écus.

L’article Armoiries, armoiries, dis-moi qui je suis est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
En effet, tous portaient la même tenue armée qui leur couvrait presque entièrement le visage et n’aidait en rien le risque de frapper un compagnon d’armes. Les princes, puis les riches seigneurs, adoptèrent peu à peu leurs propres ornements, permettant une identification rapide du porteur, mais aussi créant une marque de propriété. Transmis d’une génération à une autre, ils devinrent rapidement le signe d’appartenance à une famille ou une terre, de nouveaux blasons naissant au gré de l’évolution sociale d’une famille ou par accolement lorsqu’un seigneur sans fils mariait sa fille à une autre famille, réunissant ainsi les deux blasons. Au fil des siècles, les styles et les goûts évoluèrent selon les modes, mais toujours en suivant certaines règles bien précises, dont la science se nomme l’héraldique.

Le but étant d’être vu et reconnu, on utilise des couleurs vives; il en existe sept: deux métaux, l’or et l’argent, et cinq émaux, azur ou bleu, gueules ou rouge, sable ou noir, sinople ou vert, pourpre ou violet, ainsi que l’hermine et le vair, inspirés de la texture d’une fourrure. Surmontant et entourant le blason, on retrouve les timbres, c’est-à-dire les ornements extérieurs de l’écu, qui font la beauté des armoiries par la richesse des détails symboliques et l’imposante effervescence d’attributs dont certaines font preuve. Le blason est divisé par des traits horizontaux, verticaux ou obliques, appelés partitions, selon des dizaines de combinaisons possibles. Les symboles sont appelées meubles et représentent le porteur. Par exemple, François 1er avait la salamandre, un animal légendaire réputé pour vivre dans le feu, dont elle est le symbole en alchimie, que l’on dit «sans âme» et représentant la foi qui ne peut être vaincue. Louis XIV choisit le soleil, symbole païen de l’ordre et de la vie, illustrant à merveille le théâtre du quotidien du roi que celui-ci imposait à la cour. Napoléon prit l’aigle, emblème de la Rome impériale et de Charlemagne, ainsi que les abeilles. Ces dernières, symboles d’immortalité, sont aussi liées à une mystérieuse histoire de tombeau de Childeric 1er, fondateur de la dynastie des Mérovingiens et plus ancien souverain de France, que l’on aurait trouvé enterré en 1653 avec trois cents abeilles en or, une tête de cheval coupée, une tête de taureau en or ainsi qu’une boule de cristal. Symboles de royauté et de sorcellerie semblent étrangement liés dans l’héraldique française.

Raphaël Thézé | Le Délit

Les armes royales de la couronne d’Angleterre racontent une toute autre histoire. Le blason contient les armoiries d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande. Sur les côtés, il est supporté à droite par le lion d’Angleterre et à gauche par la licorne d’Écosse et reposent tous sur une terrasse de roses pour l’Angleterre, de chardons pour l’Écosse et de trèfles pour l’Irlande. Le lion, qui habituellement est vu comme un symbole royal de force, cache ici autre chose. En héraldique, le lion et le léopard sont représentés de manière identique, excepté que le premier est de profil et le second de face. Une autre différence est que le lion est généralement rampant, c’est-à-dire debout, et le léopard est passant, c’est-à-dire allongé. Il faut savoir qu’à l’époque médiévale, le léopard trouve son origine dans une contraction de «lion-panthère-bâtard». Le lion, «roi des animaux» par sa réputation, a forcément séduit de nombreux seigneurs en quête de blason, notamment en Normandie, et, celui-ci devant être unique, il fallut trouver des variantes. L’héraldique anglaise choisissant d’ignorer ce détail créa le «lion passant regardant». Ainsi, ce qui est fièrement porté comme symbole de royauté chez les Anglais est vu comme mauvais chez leurs voisins. Notez aussi la devise en français «Dieu et mon droit» datant de Richard 1er, avant la bataille de Gisors. Il s’agissait d’un mot de passe, signifiant la volonté de celui-ci de ne pas être vassal du roi de France. Les Français perdirent la bataille et le mot de passe devint devise.

Qu’en est-il de notre chère université? Les armoiries de l’Université McGill sont directement inspirées des armoiries du fondateur, James McGill. Traditionnellement, les trois merlettes, petits oiseaux mythiques, lorsqu’elles sont rouges symbolisent l’ennemi tué sur le champ de bataille. En héraldique, elles sont habituellement représentées sans bec ni pattes pour illustrer les blessures reçues. Le livre ouvert, symbole académique, contient la devise de James McGill «En Dieu j’ai mon abri». Les couronnes font allusion au nom royal de la ville et prennent une forme de fleur de lys en hommage aux origines françaises de Montréal. Voilà un blason qui, malgré un certain aspect sanglant, illustre bien les épreuves que l’on traverse.

L’article Armoiries, armoiries, dis-moi qui je suis est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Grand Perdu Sans repère https://www.delitfrancais.com/2011/02/15/grand-perdu-sans-repere/ Tue, 15 Feb 2011 20:09:52 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=6394 J’ai récemment remarqué un sujet récurrent lors de différentes conversations avec des amis, qui, chaque fois, me laisse perplexe. Il s’agit d’une chose toute simple, une caractéristique dont certains d’entre nous sont dotés, et d’autres non. Cette variation au cœur de la population est tellement évidente que peu de gens, et moi le premier, se… Lire la suite »Grand Perdu Sans repère

L’article Grand Perdu Sans repère est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
J’ai récemment remarqué un sujet récurrent lors de différentes conversations avec des amis, qui, chaque fois, me laisse perplexe. Il s’agit d’une chose toute simple, une caractéristique dont certains d’entre nous sont dotés, et d’autres non. Cette variation au cœur de la population est tellement évidente que peu de gens, et moi le premier, se questionnent sur son origine jusqu’à ce que la curiosité me pousse à me poser cette question: Pourquoi certaines personnes n’ont aucun sens de l’orientation?

N’avez-vous personne dans votre entourage, si ce n’est le cas pour vous-même, qui montre le désarroi le plus complet lorsque vous lui indiquez les directions à suivre en termes de points cardinaux? Qui ne sait se rendre d’un point à un autre s’il ne possède une carte détaillée des directions à prendre? Cette différence de perception de l’orientation prend son origine dans les circuits même du cerveau.

En effet, il existe deux systèmes neurologiques entièrement différents nous permettant d’évoluer dans l’espace. Le premier, un système allocentrique, est indépendant de notre position dans notre environnement, alors que le deuxième, un système égocentrique, fait appel à notre position relative. Pour illustrer cette différence il suffit de comparer un chauffeur de bus à un chauffeur de taxi. Alors que le premier suit régulièrement le même trajet et ne fait appel qu’à la mémorisation d’une séquence précise de directions relatives et utilise donc un repérage égocentrique de navigation, le deuxième doit posséder une carte cognitive de la ville puisqu’il utilise à chaque fois un chemin différent pour se rendre d’un point aléatoire à un autre de la ville et utilise un repérage allocentrique de mémorisation spatiale.

Ce qu’il faut retenir de cet exemple est que, pour nous orienter, nous faisons appel à notre mémoire, et, plus encore, nous faisons appel à différents systèmes, mettant ainsi de côté toute représentation unitaire de la mémoire. Il faut savoir que le cortex pariétal est reconnu pour retenir les informations subjectives à l’individu alors que la région parahippocampale du cortex temporal est associée à la mémorisation de scènes d’un point de vue objectif. L’hippocampe intervient en réunissant les deux informations, créant une représentation mentale de l’espace. Une expérience par Ekstrom et ses collègues en 2003 effectuant des enregistrements de différentes régions cérébrales chez des sujets à qui l’on avait demandé de conduire un taxi virtuel les a amenés à la conclusion de l’existence de deux types de cellules nerveuses. Les premières, des cellules de «vue» unidirectionnelles se trouvant dans la région parahippocampale, sont activées lorsque le sujet se trouvait en un endroit selon un certain point de vue, alors que les deuxièmes, des cellules de «position» dans l’hippocampe, n’étaient activées qu’en fonction de la localisation de l’objectif  à atteindre indépendamment du point de vue du sujet.

Il existe donc une différence fondamentale entre naviguer d’un point à un autre –faire appel à la mémoire exécutive afin de coordonner une séquence de mouvements à droite ou à gauche et qui est à la portée de n’importe qui ayant une bonne mémoire– ou s’orienter avec un objectif à partir de repères allocentriques –faire usage essentiellement de notre hippocampe, qui fait lui-même appel à diverses régions du cerveau impliquées dans la mémoire, la planification et la prise de décision. Une étude de E. A. Maguire et ses collègues en 2006 a montré une corrélation positive entre le volume de matière grise de la partie postérieure de l’hippocampe et les années d’expérience d’un chauffeur de taxi. Réciproquement, une stimulation décrue de l’hippocampe peut atrophier celui-ci. La meilleure façon d’éviter ceci est bien sûr d’apprendre continuellement afin de se stimuler intellectuellement. Avec le vieillissement, qui commence dans la vingtaine pour le cerveau, les déficits sont inévitables. Moralité? Mettez votre GPS de côté autant que possible et faites travailler votre mémoire spatiale: c’est à prendre ou à perdre!

L’article Grand Perdu Sans repère est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
La magie d’une rencontre https://www.delitfrancais.com/2011/02/08/la-magie-d%e2%80%99une-rencontre/ Tue, 08 Feb 2011 19:02:01 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=6197 L’Illusionniste, un film d’animation de Sylvain Chomet, fait hommage à Jacques Tati.

L’article La magie d’une rencontre est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
L’Illusioniste raconte la rencontre entre deux êtres au plus fort de leur solitude. Dans un monde en pleine transformation, où les spectacles de music-hall ne rivalisent plus avec les stars du rock, un vieil illusionniste sur la fin de sa carrière est forcé de quitter Paris. Dans l’espoir de trouver de nouveaux contrats, il part pour l’Angleterre. Y faisant face à la même situation, il est contraint de pratiquer son art dans les petits théâtres de province et les bars. À force de cheminer, il se retrouve invité dans un village écossais isolé du monde et de la technologie, où il rencontre Alice, une jeune fille au crépuscule de l’adolescence habitée d’innocence enfantine, mais ayant les aspirations d’une jeune femme. À la fois touchée par l’attention qu’il lui porte et fascinée par ses tours de magie, elle décide de quitter son travail de femme de chambre et de le suivre dans ses aventures. Une relation touchante d’un père et d’une fille, mais aussi une dynamique de couple se développe entre eux. Elle prend en charge les tâches ménagères et ne cesse jamais de croire en lui, tandis qu’il cherche désespérément à gagner de l’argent et qu’il la gâte du mieux qu’il peut. Des moments qu’ils partageront naîtra une véritable magie, jusqu’à ce que la réalité les rattrape.

Gracieuseté de Métropole Films

Avec ce deuxième hommage à Jacques Tati, Sylvain Chomet fait renaître le réalisateur français. En effet, le scénario original avait été écrit par Tati lui-même dans les années 1950, puis mis de côté d’abord pour céder la place au film Playtime, mais aussi en raison du caractère très personnel de l’histoire. C’est Sophie Tatischeff, la fille de Jacques Tati, qui, charmée par Les Triplettes de Belleville, suggèrera à Sylvain Chomet de ressortir le scénario. Seul un film d’animation pouvait faire honneur au style de Tati et représenter le personnage de M. Hulot, auquel ressemble étrangement l’Illusionniste par ses traits, sa démarche et ses vêtements.

L’histoire tourne autour de l’idée du changement, avec une société en évolution, des personnages vieillissants et des sentiments nouveaux. Le regard que porte l’auteur sur cette époque reste tendre, peut-être fataliste, mais ne devient jamais dénonciateur, ce qui donne une légèreté au film et permet au spectateur d’être touché sans être écrasé par la tristesse des événements. Sylvain Chomet s’est surpassé dans la mise en place d’une infinité de détails, simples en eux-mêmes, mais ajoutant une complexité et une profondeur à l’histoire. Les caractéristiques physiques des personnages sont brillamment stéréotypées, les objets et les gestes sont méticuleusement travaillés, et l’on ne peut s’empêcher de sourire lorsqu’on voit les villageois s’étonner d’une ampoule électrique, ou encore avoir un pincement au cœur lorsqu’on voit le personnage du clown sombrer dans l’alcool et la mélancolie d’une époque révolue. Grâce à l’expressivité des personnages, le film se passe de dialogues, et les clins d’œil, nombreux mais subtils, séduisent avec un humour intelligent. L’ensemble porte ce film au même rang que le cinéma muet de Chaplin, de Tati, ou de Keaton qui surent aborder des sujets forts et sensibles à leur société.

Gracieuseté de Métropole Films

L’article La magie d’une rencontre est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Les bédés de la semaine https://www.delitfrancais.com/2011/02/01/les-bedes-de-la-semaine/ Tue, 01 Feb 2011 20:49:31 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=6032 La BD parue dans l'édition du 1er février, et une BD exclusive au site web.

L’article Les bédés de la semaine est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Raphaël Thézé | Le Délit
Matthieu Santerre | Le Délit

L’article Les bédés de la semaine est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Poésie et mascarade https://www.delitfrancais.com/2011/02/01/un-artiste-et-son-poete-ou-figure-de-mascarade-deux-expositions-en-art-contemporain-proposees-par-les-galeries-orange-et-occurence/ Tue, 01 Feb 2011 18:54:41 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=5806 Deux expositions pour explorer L’Art Contemporain à Montréal.

L’article Poésie et mascarade est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Tel un livre d’art, l’exposition L’artiste et son poète présente quinze artistes de diverses disciplines (gravure, sculpture, peinture…) dont l’œuvre a été jumelée à un poète de leur choix. C’est une pratique courante en art que d’avoir un artiste et un écrivain qui, dans une création commune, lient un texte à une œuvre d’art plastique. Généralement, le texte offre une certaine profondeur à l’œuvre en proposant une réflexion supplémentaire qui nous mène dans une direction parfois inattendue. Inversement, une œuvre illustrant un texte donne de nouveaux horizons à l’imagination et colore les mots.

Gracieuseté de la Galerie Orange

Cette exposition, malheureusement, est une combinaison de textes et d’œuvres préexistantes qui, malgré leurs qualités respectives, manquent parfois de cohésion. Ainsi, le spectateur évolue d’un duo à un autre en essayant de se laisser porter par les évocations subtiles, mais il passe hélas plus de temps à essayer de trouver des liens –qui ne sont pas forcément évidents, au premier abord–, jusqu’à en oublier le sens de l’œuvre.

L’exposition n’est peut-être pas aussi «fusionnelle» que la galerie le souhaiterait, mais elle reste malgré tout une belle expérience visuelle. La découverte simultanée de plusieurs artistes est toujours intéressante, car elle offre une grande diversité. La galerie Orange nous offre une aventure qui manque peut-être de structure, mais reste une sortie culturelle fructueuse.

Gracieuseté de la Galerie Orange

Parallèlement, la galerie Occurrence propose une nouvelle exposition du photographe Jean-Jacques Ringuette, dont le vernissage a eu lieu samedi dernier. Sur le thème de la mascarade, l’artiste se met en scène en tant que personnage de cirque, tantôt clownesque, tantôt macabre. Ici, le personnage traditionnellement drôle et rieur devient un personnage grotesque, illustrant peut-être le ridicule du monde adulte. Par des expressions faciales exagérées, des postures scabreuses –trop, diront certains–, il évoque l’univers des fêtes foraines où règnent les monstres de foires. En effet, dans ses mises en scènes, le photographe devient un être inquiétant ou obscène qui nargue le spectateur.

Une deuxième section de l’exposition est composée de clichés d’un être hybride: la tête de l’artiste est posée sur le corps d’un ours en peluche. Oscillant entre une créature malicieuse et innocente, les mises en scènes surchargées évoquent une enfance brisée. C’est le thème récurrent de l’exposition, l’enfance transformée au point d’en devenir grossière.

L’artiste souhaite-t-il entreprendre un périple psychologique dans sa propre enfance et revenir sur des événements troublant qui ont parsemé une quête d’identité? Le caractère statique d’une image photographique ne fait pas ressortir au mieux la dynamique des mises en scène, et finalement, les œuvres les plus marquantes sont les plus simples. Un visage, un drapé, une émotion voilée. C’est cette simplicité qui fait appel à notre for intérieur, et dans laquelle on réussit le mieux à se retrouver et à identifier l’être humain. N’en voulez cependant pas trop à l’artiste; il respecte ici sa thématique de la mascarade, il est donc de mise de déformer et d’amplifier tout ce qui peut être simple.

Figures de mascarade ou La vie passionnante de Félicien est une histoire racontée et un conte pour enfant réécrit, mais avant tout, c’est le récit de la rupture d’un mythe symbolique.

L’article Poésie et mascarade est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
La vie est une chose sérieuse https://www.delitfrancais.com/2011/02/01/la-vie-est-une-chose-serieuse/ Tue, 01 Feb 2011 18:43:57 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=5816 Étonnante science

L’article La vie est une chose sérieuse est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
La création, manipulation et cessation de la vie ont depuis toujours soulevé des questions éthiques qui restent encore aujourd’hui sans réponse, puisque la morale elle-même échappe à toute définition objective lorsqu’on la questionne. L’utilisation de cellules souches dans la médecine et la recherche est aujourd’hui synonyme de remède, tout comme de meurtre.

Les deux mots se font écho alors qu’un combat a lieu entre ceux qui souhaitent sauver la vie d’individus malades et ceux qui souhaitent préserver la vie d’individus qui ne sont pas nés. Il est important de comprendre que ces cellules correspondent à une population unique de cellules primitives ayant la capacité de se multiplier à l’infini et de se différencier vers n’importe quelle lignée cellulaire. Il en existe plusieurs, mais toutes ont en commun cette capacité inouïe de devenir n’importe quel organe, s’intégrer à n’importe quel système du corps pour le régénérer et guérir ce qui n’est plus fonctionnel.

Alors que la polémique sur l’utilisation de cellules souches à des fins thérapeutiques fait rage depuis quelques années, la connaissance de l’existence de ces cellules, ainsi que des possibilités qu’elles offrent, n’est pas récente. Les premières preuves de leurs capacités régénératrices remontent aux années soixante lorsque la présence de cellules souches adultes fut détectée dans la moelle osseuse. Quelques années plus tard, elles furent utilisées avec succès lors d’une transplantation pour guérir un cas d’Immunodéficience Sévère. Ce n’est que dans les années quatre-vingt que des scientifiques parvinrent à dériver des cellules souches embryonnaires à partir d’un fœtus de souris, puis en 1998 à partir d’un fœtus humain. Il n’en fallait pas plus pour lancer le débat.

En effet, si les cellules souches de moelle osseuse sont prometteuses, leur prélèvement est compliqué et douloureux: les risques de rejet ou de transmission de maladies sont élevés, car la greffe nécessite une compatibilité parfaite entre le donneur et le receveur. Les cellules embryonnaires n’ont pas ces inconvénients. En plus d’avoir un plus grand potentiel de différentiation, leur capacité de prolifération est accrue. Peut-être même trop, puisqu’il y a toujours un risque de causer un tératome (un type de tumeur).

La problématique majeure des cellules embryonnaires, cependant, réside dans leur origine. Elles sont issues de la masse intérieure de l’embryon et leur extraction rend impossible le développement futur de l’embryon. Des opposants à l’utilisation de ces cellules, pour des raisons éthiques, ou encore pour des questions d’ordre religieux, considèrent, pour certains, que ces cellules possèdent une âme et que la destruction d’un embryon est comparable aux pratiques d’expérimentation nazies. Dans un certain sens, elles sont vivantes, se multiplient et possèdent l’ADN d’un être humain complet.

Est-ce assez pour en faire un individu, sujet conscient de sa condition humaine? Il faut  savoir que ces embryons sont des «surplus» que l’on trouve dans les cliniques de fertilité. Après qu’une médicamentation a provoqué chez la femme la création d’une douzaine d’ovules matures qui seront tous fertilisés, seulement deux à quatre embryons seront implantés, tandis que les autres sont conservés indéfiniment ou jetés sans jamais avoir la possibilité de développer ne serait-ce que l’esquisse d’un système nerveux.

Le débat encore aujourd’hui s’enlise autour d’une synecdoque morale, les uns prenant la cellule pour l’âme et les autres ramenant le corps à une cellule. Heureusement pour la science et la médecine, un espoir existe de concilier les deux parties. Il s’agit des cellules souches du sang de cordon ombilical. En plus de ne créer aucun scandale moral, l’extraction est simple et ne présente aucun risque pour le nouveau-né. Une trousse de prélèvement qu’une infirmière peut utiliser est fournie par une compagnie offrant de filtrer le sang et d’entreposer les cellules. Tous les êtres humains à la naissance possèdent un cordon ombilical et ont la possibilité d’avoir en réserve des cellules souches pouvant un jour leur sauver la vie. L’immaturité immunitaire permet une compatibilité plus large entre le donneur et le receveur. Ainsi, les parents ne souhaitant pas conserver les cellules peuvent en faire don. Les frais associés peuvent s’élever à plusieurs milliers de dollars, mais amortis sur au moins quinze ans d’entreposage, l’investissement est minime.

Après seize ans de recherches et d’utilisation, ces cellules ont permis la guérison de soixante-dix maladies différentes. En définitive, il s’agit d’une option importante à considérer par les parents en vue d’un accouchement en raison de l’incroyable potentiel de ces cellules et de leur incidence sur la médecine.

L’article La vie est une chose sérieuse est apparu en premier sur Le Délit.

]]>