Philippe Morin - Le Délit Le seul journal francophone de l'Université McGill Wed, 31 Mar 2010 18:56:27 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 Billets de scalper https://www.delitfrancais.com/2010/03/30/billets-de-scalper/ https://www.delitfrancais.com/2010/03/30/billets-de-scalper/#comments Tue, 30 Mar 2010 18:52:55 +0000 http://delitfrancais.com/?p=3159 Manifeste pour les coups à la tête

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Catherine Pogonat signait la semaine dernière un beau billet, un «Manifeste pour le bruit». Elle en appelait à plus de mouvement, de folie dans la ville, notamment dans le Quartier des spectacles. Selon elle, les plaintes de résidents et les interventions de la police rendaient la ville plate.

Plus près de nous, dans le cadre de l’émission de radio que j’animais à CKUT, j’ai reçu un membre de l’équipe de quidditch de McGill. Oui, oui, quidditch, le jeu de balais dans Harry Potter. L’idée d’imiter des personnages d’Harry Potter en courant après quelqu’un en lycra jaune en tenant un balai entre ses jambes est complètement débile. Débile, mais je l’aime bien. Et c’est un peu ce qui manque à ce campus: de la folie, de l’exubérance.

Je n’aime pas faire mon donneur de leçons, donc je ne vous critiquerai pas. Disons que c’est une autocritique. Nous sommes plates. Sédentaires. Solitaires.

Cet hiver, en revenant d’une marche sur le Mont-Royal, je passe par les résidences. Une vision mignonne: de gentils petits étudiants mcgillois jouent au hockey. Ça m’a attendri. J’ai été m’acheter des patins pour finalement comprendre que dorénavant l’hiver montréalais ne dure que deux mois.

Mais au-delà de cette constatation déprimante, force est de constater que la spontanéité liée au fait de se rendre au terrain de basket ou sur une glace extérieure et de rencontrer des amis improvisés avec qui se défouler momentanément, a quelque chose de profondément humain et social. C’est un réseau social.

Vous avez vu la finale de hockey olympique masculin? Avez-vous remarqué les visages des pauvres joueurs américains en recevant leur médaille d’argent? Des larmes. Il y avait quelque chose de magnifique dans cette image. Pas tant de voir des Américains pleurer mais de voir ces professionnels si tristes à cause d’une puck.

Or, la lutte politique, les mouvements sociaux, c’est un peu comme le hockey pick-up. On y entre souvent sans trop savoir exactement ce qui nous attend. On y fait des rencontres, bonnes et mauvaises. On s’investit. On se défonce. Et on pleure. Pas en mettant un «Vous aimez» sur facebook. Pour le vrai. C’est d’ailleurs pour comprendre les larmes des anarchistes que Francis Dupuis-Déri a écrit Lacrymos. Récits d’anarchistes face aux pleurs, un livre qui sera probablement très rafraîchissant. Il y a quelques années une amie me parlait de l’étrange sentiment cathartique qu’elle avait ressenti dans une manifestation. L’énergie collective, la puissance qui s’en dégage, provoquent un réel buzz. C’est le même phénomène que m’ont décrit des amis qui étaient à l’UQAM pendant la grève de 2005. Une intensité des relations humaines inouïe couplée à la tentative de parvenir à un monde plus juste, du moins pour l’accessibilité aux études.

Micah White, un auteur du magazine Adbusters, écrivait récemment un autre billet contre l’activisme virtuel. Il y citait ces beaux mots de Micheal Hardt, «la révolution est une transformation de la nature humaine qui rend possible une transformation de la société».

Essayez pour voir. Faites du sport mais surtout engagez-vous pour «changer la vie». Vous en sortirez transformés.

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HALTE-LÀ! https://www.delitfrancais.com/2010/03/23/halte-la/ Wed, 24 Mar 2010 03:10:45 +0000 http://delitfrancais.com/?p=3042 Que l’on aime ou pas le hockey, il faut se rendre à l’évidence: le Canadien est un phénomène social majeur au Québec. Il rend les gens heureux (et dépressifs). Il contribue à l’intégration des immigrants. Il unit les Francos aux Anglos. Il fait partie de nos vies.

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En 1998, Frank Trovato de l’Université de Calgary publie un article au titre pour le moins intriguant: The Stanley Cup of Hockey and Suicide in Quebec, 1951–1992. Lorsque la Sainte-Flanelle est éliminée au début des séries éliminatoires, la tendance aux comportements d’autodestruction augmente. Explications: les séries éliminatoires renforcent le tissu social. Des inconnus se parlent, on aborde nos voisins, les chauffeurs d’autobus nous saluent, les contacts informels sont plus fréquents. Une élimination hâtive du Canadien provoque l’éclatement de cet éphémère tissu. Le Délit enquête sur le Canadien, pour le bien public.

MATHIEU DARCHE

Le grand numéro 52, Montréalais d’origine et ancien joueur des Redmen de McGill.

Gracieuseté du Canadien de Montréal

Le Délit (LD): Mathieu, tu joues maintenant pour le Grand Club, comment peut-on être certain que tu es un vrai fan des Habs?

Mathieu Darche (MD): Je suis un fan du CH depuis que je peux m’en rappeler. J’ai grandi en adorant les Canadiens, en lisant sur le Canadien

LD: On te croit sur parole. Que penses-tu des fans du Canadien? La passion pour l’équipe n’est-elle pas exagérée?

MD: Moi j’adore ça, c’est quelque chose de spécial de jouer à Montréal. Y’a rien de comparable. Quand je jouais à Tampa Bay, il y avait deux journalistes qui couvraient l’équipe. Ici, le vestiaire est toujours plein. C’est tellement différent. Tu va avoir une ovation parce que tu bloques un lancer! Les amateurs de Montréal sont des connaisseurs de hockey. Même certains pensent en connaître un peu trop…

LD: Est-ce qu’il y a des mauvais fans?

MD: 98% des fans à Montréal sont d’excellents fans. C’est seulement une petite minorité qui s’en prend personnellement à un joueur, à la famille d’un joueur. C’est pas correct. Les fans ont droit de manifester leur mécontentement. Mais c’est une minorité de fans qui va insulter ta famille et ainsi de suite.

LD: Comment expliquer que certains joueurs, par exemple Steve Bégin, se soient attirés un respect inconditionnel des partisans alors que d’autres se font huer dès qu’ils remettent les pieds au Centre Bell?

MD: À Montréal y’aiment beaucoup les travaillants. Tsé, l’expression «manger les bandes», les fans montréalais aiment ça. Steve était comme ça. Il faut donner tout ce que tu as à donner. Des fois, le joueur fait des mauvais commentaires sur l’équipe ou la ville quand il est échangé. Ça les fans ne l’oublient pas.

LD: Tu as joué quatre ans pour McGill. Selon toi, pourquoi personne ne suit les performances des Redmen?

MD: Si c’est pas les Canadiens, c’est dur de créer un engouement. Dans la culture québécoise et canadienne le monde aime le junior majeur. Dans le circuit universitaire c’est souvent des gars pour qui ça a pas marché le junior. C’est du très bon hockey quand même.

LD: Price ou Halak?

MD: (…) On a deux très bons gardiens.

LD: Arghhh!

DOMINIC PERAZZINO, alias Ménick

Barbier constructeur de liens sociaux

Photo: Frédéric Faddoul

LD: Ménick, tu gères un salon de barbier depuis maintenant 50 ans. Tu as reçu chez toi René Lévesque et Chuck Norris mais surtout à peu près tous les amateurs de sports de la ville et d’ailleurs. Pourquoi les fans du Canadien viennent chez toi?

Ménick (M): Je sais pas. Ça a commencé tranquillement. Au début, j’étais pas connu comme LE barbier des sportifs. J’ai joué au hockey jusqu’à midget. C’est là que j’ai connu Michel Bergeron (ancien coach des Nordiques, ndlr) et Ghislain Delage. Pis j’ai ouvert mon salon de barbier mais eux ils ont continué à jouer. C’était ma gang. Le monde venait au salon pour jaser. Moi, je dis toujours oui. Pis le monde me le rend. À date, j’ai eu la Coupe Stanley trois fois dans mon salon.

LD: Ton salon c’est un peu un refuge pour ceux qui veulent parler de hockey?

M: Écoutes, quand Michel Thérien (ancien coach du Canadien, ndlr) s’est fait renvoyer, sa première sortie publique ça a été ici. Moi j’accueille tout le monde. Le monde y vient ici, je leur offre un café, on jase. C’est pas compliqué.

LD: Te rappelles-tu la dernière fois où tu as passé une journée sans parler du Canadien?

M: C’est jamais arrivé. Pis ça arrivera jamais. Tsé, en ce moment y’a une crise économique. Y’a du monde qui perdent leur job, qui ont pas beaucoup d’argent. Ils viennent parler de sport. C’est un baume sur leur plaie pendant la crise. Ça les tient occupés.

LD: Donc, chialer fait du bien aux gens.

M: Chialer c’est thérapeutique! Pis quand on gagne, ben on est fier.

LD: Mais ça fait presque 20 ans que le Canadien n’a pas gagné. Il passe même pas proche. Pourquoi les partisans continuent d’idolâtrer les joueurs et l’organisation?

M: Le hockey c’est notre sport national. C’est pas le soccer, pas le baseball. On aime le Canadien pis le Canadien nous le rend bien. Il prend soin de son public. Regarde la tension que les séries suscitent, l’intérêt. Quand Canadien fait une conférence de presse, tout s’arrête. 17 ans qu’on a pas gagné mais c’est toujours sold-out. Les gens espèrent encore. C’est l’espoir.

LD: Est-ce que les partisans du Canadien sont trop fanatiques?

M: On applaudit Kovalev, un Russe, pis on hue Daniel Brière. C’est comme dans le temps de la rivalité avec les Nordiques. Michel Bergeron, on l’haïssait. On l’haïssait pour de vrai. Mais en même temps on l’aimait. On écoute notre coeur, c’est ça la beauté du sport.

FAITS D’HIVER

En 2009, le sport a occupé un poids médiatique 25 fois supérieur à celui de la pauvreté des aînés et des autochtones réunis.

Le poids médiatique de 3,7 parties du CH équivaut à l’ensemble des nouvelles publiées au Québec sur l’Afrique en une année.

Google référence 48 800 articles pour «Carbonneau, cravate».

Le 24 mai 1986, le Canadiens, mené par Patrick Roy, remporte une 23e coupe Stanley. Des émeutes éclatent… à Roberval.

Le 9 juin 1993, le CH élimine Wayne Gretzky et boit du champagne dans sa 24e coupe Stanley. Résultat: 168 blessés dont 49 policiers.

ANN-SOPHIE BETTEZ

Joueuse de 5’4’’ des Martlets l’équipe féminine de hockey de McGill

LD: Les Canadiens ont conquis six victoires de suite et la ville est devenue folle. Les Martlets ont réussit l’exploit d’atteindre 86 victoires de suite et personne n’en a parlé. À cause?

Ann-Sophie Bettez (ASB): Comparé à des universités dans des petites villes comme St.Lawrence (où a joué Jacques Martin, ndlr) ou Clarckson, Montréal c’est une grande ville où le monde peut faire d’autres choses que d’aller voir des matchs de hockey universitaire. Au hockey féminin, il y a moins de partisans qu’au masculin. Le jeu masculin est plus physique, il y a plus de batailles. Nous, c’est pas la même chose. On a plus de temps pour préparer des jouer, pour faire circuler la rondelle.

LD: Quand tu étais plus jeune, suivais-tu déjà le hockey professionnel masculin?

ASB: J’ai toujours été une partisane des Canadiens. Moi et mon frère. Mon grand-père, lui, prenait pour les Nordiques. Ça a donc toujours été une compétition entre nous et notre grand-père. Quand le CH faisait des buts on criait. C’était drôle. Quand j’étais plus jeune, je n’aimais pas ça écouter le hockey quand ce n’était pas le Canadien qui jouait. Je ne connaissais pas les autres joueurs. Maintenant, je peux regarder Vancouver contre Ottawa et quand même apprécier le match.

LD: Au sein des équipes nationales, ou même chez les Martlets, il y a des filles d’un peu partout au Canada. C’est possible de vivre avec des partisanes de d’autres clubs s’en s’arracher la tête?

ASB: Haa! (Rires). C’est sûr qu’il y a une grosse rivalité avec les filles qui aiment les Leafs. Parfois dans le vestiaire il y en a qui nous demandent si les Maple Leafs ont gagné la veille. Nous, on répond «sûrement pas!» (Rires). J’habite avec deux filles d’Ontario. Quand il y a un match de Toronto et de Montréal en même temps à deux postes de télé différents, on a des conflits pour savoir qui va regarder qui. On s’ostine. Mais on va pas commencer à se battre non plus pour ça. C’est pas comme une religion, «je dois absolument regarder les Canadiens». Si j’ai un travail à faire pour le lendemain, je vais sauter le match. C’est pas plus grave. Je vais juste regarder les highlights.

LD: Price ou Halak?

ASB: Les deux ont leurs forces et leurs faiblesses.

LD: Arghh!!!

MARTIN SASSEVILLE

Fan de hockey, auteur über-geek du blogue Puck ta vie et sociologue qui travaille dans un organisme de défense des droits des personnes handicapées. Rencontre avec un maniaque de hockey capable de citer Roland Barthes et Maxime Lapierre dans la même phrase.

Photo : Frédéric Faddoul

LD: Comment expliques-tu que le Canadien soit si populaire au Québec?

Martin Sasseville (MS): Il y a trois ans, le lock-out a fait réaliser aux gens qu’ils s’ennuyaient du hockey. Le département de marketing du Canadien a fait le reste. Tsé, c’est pas très subtil mais La ville est hockey, c’est majestueux. C’est un peu étrange au Québec de s’enorgueillir d’être un peuple de hockey. C’est pas vrai. C’est le Canadien et c’est tout.

LD: Certaines personnes dénoncent le hockey professionnel comme étant un spectacle de masse.

MS: Mais c’est dénonciable! Mais moi j’embarque dans la game. Quand j’y vais au Centre Bell je l’achète la bière à 12$. Et ça me fait vraiment chier de voir le salaire de Scott Gomez. Le hockey ça fait avoir des trips stupides. T’es avec tes chums, tu prends un verre de trop: ça te rend heureux. C’est une belle satisfaction et ça fait pas de mal à personne. C’est pas si sérieux, c’est juste du hockey.

LD: C’est pas sérieux mais tu es en train d’écrire un livre sur le hockey et ça fait maintenant deux ans que tu animes un blogue sur le hockey…

MS: J’aime ça le savoir stupide. Je retiens des petits détails anodins. C’est pas sérieux mais c’est ça le fun. C’est mieux que de parler de la météo. Moi quand je rencontre quelqu’un, avant de lui dire que je fais un doctorat, j’aime mieux dire que je trippe sur le Canadien. Le hockey tu peux en parler avec quelqu’un de n’importe quel statut social. Au pire, la personne te dit que c’est un sport de cons. Pis elle a raison.

LD: C’est pas exagéré toute cette attention?

MS: Ça reste qu’on est tous, à l’intérieur, le petit cul qui joue au hockey. Ici, dans Côte-des-Neiges, je trouve ça beau de voir des flos de pleins de nationalités. Un petit Indien qui échange des cartes de hockey avec un petit Chinois ça me rend heureux. D’un autre côté, les gens connaissent mieux l’actualité du Canadien que la politique. Le PQ vient de virer à droite: c’est grave. Les gens s’en fouttent. Le seul débat de société qu’on a c’est: Price ou Halak!

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Billet de scalper https://www.delitfrancais.com/2010/03/16/billet-de-scalper-6/ Tue, 16 Mar 2010 11:30:54 +0000 http://delitfrancais.com/?p=2932 Ode au patrimoine immatériel

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Cette semaine, contrairement à votre habitude, certains d’entre vous vont se saouler à 11h de l’avant-midi. Le prétexte: la fête d’un saint irlandais mort à une date inconnue il y a au moins 1500 ans. Si un martien débarquait sur terre, la fête ne manquerait pas de le rendre perplexe.

Dans une ville multiculturelle défendant dur comme fer sa laïcité, des milliers de personnes se rassemblent sous la pluie battante pour s’intoxiquer et regarder parader des hommes en jupes soufflant dans des sacs. C’était mon premier défilé de la Saint-Patrick et, malgré tout le faste et les artifices, j’ai trouvé ça mignon. J’ai été charmé par le caractère participatif et rassembleur. Mais aussi par le mélange des générations. On peut résumer tout ça par un terme coquet, le patrimoine immatériel.

Depuis 2001, l’UNESCO dresse une liste des chefs d’oeuvres du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. C’est une liste fort intéressante. Le Carnaval de Barranquilla en Colombie y côtoie l’opéra Kunqu de Chine (comme dans le film Adieu ma concubine) et les fêtes des morts au Mexique. Ce dernier pays a d’ailleurs tenté de faire reconnaître sa cuisine traditionnelle comme faisant partie du patrimoine de l’humanité. En vain. Les bonzes de l’UNESCO n’aiment pas la gastronomie semble-t-il. Ils n’aiment pas non plus le sport. En effet, on retrouve des centaines de danses, de formes de théâtre, de types de chants mais aucune activité sportive. Étrange. Car dans la parade de la Saint-Patrick il n’y avait pas que des vieux Shriners avec des sacs en plastique sur leurs chapeaux, il y avait aussi une équipe de hurling. Si vous ne le saviez pas, le hurling est une espèce de hockey sur gazon irlandais.

Je suis unanime avec moi-même: le hurling doit faire partie du patrimoine immatériel de l’humanité. Tout comme la pelote basque, la crosse et la boxe Muay Thai. L’ulama mexicain fait aussi partie intégrante de ce qui rend l’humain supérieur aux phoques. Les phoques ne sont pas capables de fabriquer des balles en caoutchouc et ne sont surtout pas capables de jouer à l’aki avec des balles de 7 livres en n’utilisant que leurs hanches pour les faire rebondir. Je ne serai satisfait que lorsque l’humanité reconnaîtra que le Kin-Ball a la même valeur que la Grande Muraille de Chine.

Mais avant de vous immoler pour le Kin-Ball, une mise en garde s’impose. Si vous êtes en vélo au coin de Mont-Royal et Saint-Denis, faites attention à la voie de tramway. Oui, oui, les nids de poules sont tellement profonds qu’un rail de tramway risque de vous faire chuter. Qui dit tramway dit chevaux. Et qui dit chevaux dit écuries et courses.

En juillet prochain U2 (prononcer youtou) fera deux shows à Montréal. Au Centre Bell? Non. U2 investira 3 millions de dollars pour faire monter une scène dans l’hippodrome Blue Bonnets. Et ensuite la démolir. Démolir la scène. Et l’hippodrome. C’est tout un pan de l’histoire sportive montréalaise qui disparaîtra.

Au même moment, des citoyens de Griffintown, un quartier irlandais tout près de McGill, se battent pour préserver la plus ancienne écurie de Montréal, le Griffintown Horse Palace, utilisée depuis 1862. La ville de Montréal s’est construite grâce aux chevaux. Les animaux et les courses ont fait partie intégrante de l’histoire. Une fois détruits, ce ne sont pas que des bâtiments qui seront perdus. Ce sera aussi toute la culture les entourant.

L’avenir nous dira si les concerts de U2 feront partie du patrimoine de l’humanité. Permettez-moi d’en douter.

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Billet de scalper https://www.delitfrancais.com/2010/03/02/billet-de-scalper-5/ Wed, 03 Mar 2010 02:37:20 +0000 http://delitfrancais.com/?p=2746 Orwell ne jouait pas au curling

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À 15 ans, je commençais mon premier vrai emploi: bus boy dans un restaurant chic du Vieux-Québec. Je prenais mon métier au sérieux: tout devait être propre, toutes les conventions de l’étiquette devaient être respectées. C’est là où j’ai compris qu’il fallait commencer à fumer pour avoir des pauses au travail. L’amour du travail bien fait, même si ce travail est absolument répétitif. J’ai compris ce que voulait dire le mot «aliénation» quand ma blonde m’a appris que je pliais des nappes imaginaires, la nuit.

Somnambulisme de l’employé

George Orwell a magnifiquement illustré le pire effet secondaire d’un travail dans la restauration. Au-delà du mal de dos et du manque de sommeil, son oeuvre Dans la dèche à Paris et à Londres illustre comment l’auteur, après avoir travaillé dans un restaurant, remarque tous les petits détails dégueulasses des restaurants où il mange. Dès que je vois un serveur qui met un doigt dans un verre, qui apporte un bac de glace ou des ustensiles non astiqués, j’ai comme un petit pincement. Mon plaisir à manger en est réduit. Une sorte de déformation professionnelle qui m’empêche d’apprécier ce qui, pour les autres, est un plaisir naïf.

Les Olympiques c’est la même chose

Vous êtes en deuxième année de maîtrise? Ça fait dix-huit ans que vous êtes assis sur les bancs d’école à vous faire inculquer (si vous êtes chanceux) la nécessité de développer son esprit critique, d’aller au-delà des apparences, de tenter de discerner la vérité au-delà des discours. J’ai travaillé pendant deux ans dans un resto, et mon coeur se déchire encore quand je vois une coupe ébréchée. J’ai étudié durant dix-huit ans. Malgré moi, mon esprit a été dressé à être critique. Alors quand les Jeux Olympiques arrivent en ville, mon esprit s’arrête sur le nombre d’arbres abattus pour faire des pistes de bobsleigh, sur les centaines de femmes autochtones qui ont disparu de la Colombie Britannique en l’espace de quelques années. L’inaction totale des gouvernements face à la pauvreté du Downtown East-Side, l’omniprésence des logos de Coca-Cola et de la Banque «royale» et les milliards de dollars dépensés en sécurité m’empoisonnent la vie.

Ces Jeux, je les ai regardés. J’ai hurlé de joie quand Jon Montgomery a terminé premier au skeleton. L’histoire de Joannie Rochette m’a ému, même si je crois sincèrement que sa performance ne méritait pas une médaille de bronze. Donc, détrompez- vous, je ne suis pas totalement dénué de sentiments. Surtout pas quand je vois Alexander Ovechkin se faire rentrer dans une bande.

J’ai maudit Cheryl Bernard lorsqu’elle a ruiné la victoire canadienne de l’équipe féminine de curling. Je me suis bien rattrapé en voyant les pantalons de l’équipe norvégienne. Mais quand je vois ces milliers de Vancouvérois avec drapeaux unifoliés et tatouages de feuilles d’érable dans la face, mon esprit critique revient à la charge: «Les Jeux Olympiques sont une machine de propagande nationaliste bien huilée par des corporations multinationales.»

Je veux arrêter de penser. Je veux vivre des émotions aussi fortes que dénuées de sens. Dénuées de sens.

Docteur, aidez-moi.

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Billet de scalper https://www.delitfrancais.com/2010/01/26/billet-de-scalper-4/ Tue, 26 Jan 2010 13:00:18 +0000 http://delitfrancais.com/?p=2390 Jean Perron, l’apartheid israélien et la rigueur

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On m’a repêché au Délit pour écrire des articles politico-sportifs. Le contrat est assez flou pour faire un peu n’importe quoi. L’important c’est d’avoir des idées… et de ne pas radoter.

Or, la semaine dernière, je crus avoir une idée de génie lorsque je découvris que Jean Perron, mythique entraîneur du Canadien (au singulier) de Montréal, gagnant de la Coupe Stanley en 1985–86, avait une carrière parallèle.

Rappelons d’abord que dans cette finale mémorable (j’avais très exactement 9 mois et un jour, donc je m’en rappelle très bien), le Canadien put compter sur un gardien recru, Patrick E. Roy, qui, avec ses 120 livres mouillé, mena l’équipe au championnat alors qu’il n’était âgé que de 20 ans. Incroyable. C’est à cette époque que Roy fut surnommé «Casseau», mot typiquement québécois faisant référence à son appétit pour les frites et à sa propre silhouette pas particulièrement enveloppée. Je vous invite fortement à chercher des vidéos de cette époque que des maniaques ont copiées de leur vidéo Béta à YouTube. Le #33 donne l’impression d’être un mélange de psychopathe et d’anorexique. Terrifiant. De fait, il fut l’objet d’une enquête pour méfait criminel et violence conjugale.

Anyway, on s’en fout du Canadien; moi, à 9 mois et un jour, j’étais fan des Nordiques, comme je le suis toujours.

Mais Jean Perron, au-delà de ses errements avec le Canadien, est une légende de la langue française. Il a en effet prêté son nom aux «perronismes», ces entorses à la langue française, tel «Ça s’est vendu comme des petits ponchos.»

En tant que pseudo-journaliste (je couvre les sports, donc c’est par définition peu sérieux), je voulais vous annoncer un scoop. Jean Perron est entraîneur de l’équipe israélienne de hockey sur glace. Monumental. Je m’attendais à entrer dans l’histoire et que les 122 lecteurs du Délit me vénèrent pour l’éternité. Je voulais même profiter de cette «exclusivité» pour inviter les lectrices fan de hockey à correspondre avec moi. Par la poste évidemment.

Or, c’est faux. J’avais tout écrit mon article et désirais faire un lien avec la campagne BDS (boycott, désinvestissement et sanctions) contre l’apartheid israélien mais mon enthousiasme a été interrompu. Car bien que le Daily se fût délecté de cette histoire (taper sur le clou d’Israël et folkloriser les Québécois, une combinaison parfaite), au Délit on veille au grain.

Jean Perron n’est plus entraîneur en Israël. Il a effectivement jugé plus prioritaire de participer à l’émission 110% à Vidanges-Télé que de coacher de jeunes Russes à Tel-Aviv. Et vlan dans les dents du pseudo-journaliste. J’ai été niqué par la rédactrice-en-cheffe. Manque de rigueur. J’ai failli pleurer.

* * *

Rien d’autre à ajouter si ce n’est que certaines personnes de ce journal font de l’excellent travail, notamment les correcteurs qui se tapent mes participes passés. Moi-même, bien humblement, j’ai prévu le renvoi de Georges Laraque et incité le Canadien à réprimer les scalpers. Ce qui a été fait, en vain.

En terminant, un seul conseil pour vous les enfants: ne vous fiez pas à Wikipédia et ne sous-estimez jamais la rédactrice-en-cheffe.

Dans deux semaines, un récit des aventures du hockey junior à Chicoutimi, lâ lâ.

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Billet de scalper https://www.delitfrancais.com/2010/01/12/billet-de-scalper-3/ Wed, 13 Jan 2010 00:10:23 +0000 http://delitfrancais.com/?p=2155 J’aime la fondue chinoise à la viande équine

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Il y a peu de choses aussi savoureuses dans la vie que lorsque des sportifs prennent position politiquement. Lorsque Georges Laraque, le cogneur version géante du Canadiens (sic), s’émeut devant le sort des animaux (Georges et ses 245 livres sont végétaliens), il est grand temps de se dire: «Ouin, c’est pu ce que ça’ déjà été!». Parce que certains athlètes professionnels ont parfois posé des gestes courageux, pris des positions politiques admirables, ont risqué leur carrière pour des causes et des idéaux.

La palme revient sans doute à John Carlos et Tommie Smith, qui, en 1968, du haut du podium olympique à Mexico, tendirent un poing levé et ganté des Black Panthers. Leur histoire est magnifique, tout comme la disgrâce que leur geste leur apporta au sein de la communauté des athlètes. Notons que Peter Norman (l’autre gars, le Blanc) a aussi manifesté sa solidarité sur le podium pour se faire ensuite kicker out de l’équipe d’athlétisme australienne. Or, pour répéter l’exploit de ces athlètes, Laraque devrait monter sur un podium. Il semble plutôt être sur le bord de se faire mettre dehors du Canadiens, donc pour le poing levé on repassera.

Muhammed Ali est célèbre pour son refus de participer à la guerre du Vietnam. Interrogé sur ses motivations, il aurait déclaré : «I ain’t got no quarrel with them Viet Cong… They never called me nigger.» Dans les dents! La liste pourrait s’allonger: le footballeur et demi-dieu argentin Diego “Cocaina” Maradona est au front de la lutte révolutionnaire en Amérique latine (il s’est d’ailleurs fait tatouer le Che sur une épaule). Parlant de tatouages, Mike Tyson a aussi un signe marquant: le visage du Camarade Mao sur son épaule droite. Plus mystérieux qu’inspirant disons. Magic Johnson a quant à lui contribué à changer la perception que la population avait des victimes du VIH en faisant un coming-out dès 1991 en rendant public son statut de séropositif. Remarquable.

Mais qu’est-ce qui manque à cette liste? Les femmes. Car, à ceux et celles qui s’évertuent à proclamer que l’égalité est arrivée, que la lutte féministe est dépassée, je vous invite fortement à lire cette nouvelle. L’Associated Press a fait connaître ses finalistes pour le titre d’athlète féminine de l’année 2009. La gagnante: Serena Williams. Bravo à elle. Ce qui est par contre INCROYABLE, c’est la personne qui a obtenu la deuxième place.

Zenyatta, née le 1er avril 2004 au Kentucky a effectivement connue une brillante carrière. Elle est notamment demeurée invaincue en quatorze courses. Mais Zenyatta est un CHEVAL! Une jument pour être exact. À titre de jument elle se qualifie donc pour le titre d’athlète féminine de l’année… Ça ne s’est pas passé il y a 40 ans, à l’époque où selon certains «la cause féministe était justifiée», mais il y a deux semaines. En fouillant ma mémoire (et les internet) pour trouver des femmes athlètes ayant pris position politiquement j’ai eu extrêmement de difficulté à faire une liste. Mentionnons quand même: Jackie Joyner-Kersee, une pionnière de l’athlétisme et de la place des femmes dans le sport. Manon Rhéaume aussi, comme gardienne de but. Les tenniswomen Billie Jean King (qui n’a malheureusement aucun rapport avec Michael Jackson) et Martina Navratilova ont courageusement fait connaître leur homosexualité et milité pour les droits des lesbiennes.

Pourquoi une aussi courte liste? Peut-être parce qu’une jument est considérée comme la deuxième meilleure athlète féminine de l’année. Comment voulez-vous que les sportives prennent position publiquement pour des causes controversées si elles sont en compétition avec le règne animal? Demandons à Big Georges? Ha non, entre deux publicités il est occupé à sauver les animaux.

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Vous êtes des hamsters https://www.delitfrancais.com/2009/11/30/vous-etes-des-hamsters/ Mon, 30 Nov 2009 14:30:01 +0000 http://delitfrancais.com/?p=2050 Oui, le sport est un sujet léger qui se prête merveilleusement bien aux divagations. Mais il existe un sport sérieux, un sport pour intellectuels: le cyclisme. Pierre Foglia a raison: le cyclisme est l’essence de la vie. Les cyclistes professionnels sont les descendants des gladiateurs romains. Il y a quelques années, j’ai assisté au Giro,… Lire la suite »Vous êtes des hamsters

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Oui, le sport est un sujet léger qui se prête merveilleusement bien aux divagations. Mais il existe un sport sérieux, un sport pour intellectuels: le cyclisme. Pierre Foglia a raison: le cyclisme est l’essence de la vie.

Les cyclistes professionnels sont les descendants des gladiateurs romains. Il y a quelques années, j’ai assisté au Giro, le Tour d’Italie. Incroyable. Les cuisses des coureurs sont des pièces de viande. Vous savez, ces jambons que les Espagnols font sécher pour faire du jambon cru, c’est ça une cuisse de cycliste. Mais en plus musclé. Il n’y a rien de plus impressionnant qu’un cycliste avec des jambes de 50 lbs et des bras de 10 g. tirant sur son guidon à s’en faire exploser les veines du front. Certains sont des génies. Des Albert Einstein du pédalier. Le pouls de Miguel Indurain, quintuple champion du Tour de France, était de 28 pulsations par minute. Le vôtre est trois fois plus rapide.

Enfants, les futurs coureurs se font diagnostiquer: «Tu es capable, si tu persévères tu iras loin dans la vie.» Ils se mettent à y croire. Ils s’embarquent. Ils s’entraînent sans semaine de lecture. Mais un élément fondamental distingue le cyclisme du sport. Le cyclisme tue. Généralement on fait du sport pour le plaisir, pour être en santé. Or, ce n’est pas pour la santé que l’on s’entraîne à devenir cycliste professionnel. En fait, les cyclistes –ces êtres surhumains conscients de leur alimentation, entourés des meilleurs entraîneurs et nutritionnistes– ont une espérance de vie significativement inférieure à la moyenne. Parmi les coureurs du Tour de France entre 1970 et 1998, dix sont morts avant 45 ans d’un accident vasculaire. Ça, ils le savent tous. Mais ils persévèrent. L’objectif: la gloire. Une vie familiale? Impensable. Un engagement réel dans la communauté? Plus tard, à la retraite. L’important est de briser les records. Coûte que coûte.

J’ai perdu à tout jamais ma naïveté lorsque Geneviève Jeanson a avoué s’être dopée dès l’âge de 16 ans. Elle a menti. Mais au-delà de la tricherie, ce qui est fondamental et ce sur quoi il faut se pencher, c’est la logique qui sous-tend ce sport. Avancer. Être le meilleur. Se démarquer. Tout sacrifier. Peut-être qu’autrefois les véritables génies se distinguaient; maintenant, ils sont des milliers à se sacrifier pour la course. Leurs exploits sont grandioses. Vitesse moyenne de Lance Armstrong en 2005: 41 km/h, Alpes et Pyrénées inclues. La dernière fois qu’il a enseigné à un enfant à rouler à vélo? Jamais. Plus longue étape du Tour: 482 km (remportée par Robert Jacquinot avec un temps de 20 heures 16 minutes et 26 secondes). Ils roulent mais ne vont nulle part.

Le monde académique actuel est comme le cyclisme. Malade de sa propre logique. Vous êtes au bac. Votre seul objectif: avoir les meilleures notes pour entrer à la maîtrise. Vous êtes à la maîtrise. Votre seul objectif: publier pour avoir des bourses pour aller au doc. Vous êtes au doc. Votre seul objectif: publier pour avoir un poste de professeur. Vous êtes professeur: publier pour avoir des subventions. Une roue sans fin.

De 1998 à 2008, il s’est publié au Canada 414 248 articles scientifiques. Génial. Mais à quoi sert cette connaissance? À aller plus loin. À «briller parmi les meilleurs». Pendant ce temps, 7% des Canadiens ont de la difficulté avec tout matériel écrit. Ici, à l’université, on invente, on progresse. Mais combien d’entre nous contribuons à aider les millions d’analphabètes qui vivent dans notre ville, sur notre planète? On est trop occupés, il faut publier.

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Billet de scalper https://www.delitfrancais.com/2009/11/17/billet-de-scalper-2/ Tue, 17 Nov 2009 15:00:35 +0000 http://delitfrancais.com/?p=1829 Bob Gainey, ce mangeur de bébés

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Lors de mes belle s années à McGill, j’ai eu la chance de faire ma thèse avec le professeur Donald Von Eschen. Grâce à lui, j’ai appris deux grandes choses sur la vie.

Premièrement, un rétroprojecteur, ça peut être compliqué à manipuler.

Deuxièmement, nous vivons dans une société stratifiée en classes sociales.

Pour résumer, la société se divise entre ceux qui peuvent avoir des billets du Canadiens et les autres. Il y a les bourgeois qui se payent des billets à 263$ et les mégabourgeois qui ont des billets payés par «la compagnie». On sait jamais quelle exactement est cette compagnie, mais c’est précisément le flou donné au terme qui symbolise la puissance de ces individus.

Méfiez-vous toujours de celui qui prétend être capable de vous avoir des billets de hockey. C’est comme le jeune Ricardo dans le film 1981. Vous ne l’avez pas vu? Tant pis, je ne connais pas d’exemple avec Twilight. En tout cas, celui qui vous dit qu’il peut vous avoir des billets de hockey, croyez-moi, c’est un menteur. Ou bien un frais-chié. Avez-vous vraiment le goût de passer trois heures de votre vie à boire de la bière à 10$ aux côtés d’une telle personne?

Le but n’est évidemment pas de voir le match. On voit mieux à la TV. C’est de pouvoir crier des insultes à Hall «grand flanc mou» Gill ou à Carey «adolescent attardé- Judas» Price et espérer de manière tout à fait irrationnelle qu’ils nous entendent. Le but est aussi, quelques jours plus tard, d’aller voir nos chums et d’attendre qu’ils parlent de la dernière game et de dire: «Ouin, en tout cas, Latendresse quand je l’ai vu mardi passé, il ne patinait pas aussi vite qu’à la TV.» Vous êtes la star de la soirée.

Pour les prolétaires que nous sommes, il existe deux moyens d’accéder au pitt du Centre Bell.

Premier moyen: les scalpers, le lumpenproletariat du hockey, ces traîtres sans foi ni loi qui vendent des billets sur le trottoir. La rumeur veut que les scalpers de Montréal mangent des bébés de prolétaires (comme Bob) et aiment mieux jeter leurs billets dans l’égoût plutôt que de les vendre à seulement vingt fois le prix coûtant. Une race pire que ceux qui vous font croire qu’ils peuvent vous avoir des billets. Contre-révolutionnaires.

L’autre moyen est plus laborieux. C’est aussi dur que de s’inscrire au bon séminaire sur Minerva. Le 15 de chaque mois, le Canadiens met en vente 200 billets. Deux cents! Il y a 21 273 places. Donc, vous vous placez devant votre ordi, vous ouvrez vingt fenêtres de Firefox et vous vous faites aller la souris. Le 8 novembre dernier, La Presse titrait: «20 000 fans assistent à une pratique du CH». Vingt mille. Une pratique! Deux cents billets pour un match. C’est rire du monde. Révolution!

* * *

Pour ce numéro spécial «Régions» je passe aux aveux. Je suis un humble expatrié de la région de Québec. Non, Québec n’est pas une région. C’est la Capitale nationale. Le centre du monde. Et tout compte fait, deux choses distinguent le 418 du 438–514: une équipe de la LNH et le Rouge et Or de l’Université Laval. L’équipe de football de Québec a gagné son 7e championnat de suite samedi dernier. Haha. Pauvre Université de Montréal. Mais surtout, pauvre McGill. Dans les années 80, les Redmen régnaient en rois et maîtres sur le football universitaire québécois. Mais hélas, un balai dans un anus a compliqué les choses et McGill a perdu TOUS ses matchs pendant trois ans. Maintenant que le balai est loin derrière, on peut espérer recommencer à gagner.

Vous pouvez écouter Philippe tous les jeudis de 7h à 9h lors de l’émission Le Lendemain de la veille, à l’antenne de CKUT 90,3 FM.

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Billet de scalper https://www.delitfrancais.com/2009/11/03/billet-de-scalper/ Wed, 04 Nov 2009 01:32:19 +0000 http://delitfrancais.com/?p=1495 La flamme olympique

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En 1995, j’avais 10 ans. J’avais aussi une casquette en espèce de suède «achetée» chez McDo qui témoignait clairement de ma volonté que Québec accueille les Jeux Olympiques de 2002. Je ne pardonnerai jamais à feu la mairesse Boucher d’avoir nolisé un avion avec une banderole annonçant que les citoyens ne voulaient pas les Jeux. C’est peut-être à ce moment-là qu’est née ma méfiance des politiciens…

En fin de semaine dernière, séjour chez les parents permettant, je me suis délecté d’un de mes rares moments de télé de l’année. Juste à temps pour tomber sur l’arrivée de la flamme olympique au Canada. En fait, je regardais du monde en bateau qui ramait pour apporter la flamme sur le rivage. Pas pire comme concept. C’est sûr que ce n’est pas Los Angeles en 1984 avec un bonhomme qui arrive en volant avec un jet-pack. Ça c’était du spectacle. Think Big, sti!

C’est alors que j’ai eu un de ces moments où Pierre Falardeau m’apparaît comme un oracle. Ça arrive périodiquement. Je pense que c’est un effet secondaire de ses oeuvres. Elles nous restent dans la tête. Et, parmi les phrases dévastatrices du Temps des Bouffons, une m’est revenue pendant l’arrivée de la flamme: «les Indiens se mettent des plumes dans le cul pour faire autochtones ». Wow! Le comble du politically incorrect. Vous ne lirez pas cette phrase dans le Daily, mais elle colle particulièrement bien aux Jeux Olympiques de Vancouver. Car si ceux de Beijing ont vu déferler une horde de militants pro-Tibétains prêts à en découdre avec la police, les Jeux de Vancouver se targuent d’être un événement impliquant de manière exceptionnelle les Premières Nations.

C’est tout à fait vrai que les nations Lil’wat, Musqueam, Squamish et Tsleil- Waututh collaborent avec l’organisation des Jeux et sont même considérées comme les nations-hôtes. Il faut sans aucun doute saluer cet effort du Comité organisateur. Ce qui est un peu plus troublant, c’est la répression qui frappe les personnes, autochtones et non-autochtones, qui osent s’opposer aux Jeux. La Colombie-Britannique tente présentement de voter une loi spéciale permettant d’emprisonner jusqu’à six mois toute personne ayant du matériel critique des Jeux. Débile. La loi, vivement dénoncée par le B.C. Civil Liberties Association, interrompt la liberté d’expression. Et qui seront les personnes emprisonnées, vous pensez? Les mêmes que d’habitude: les pauvres du Downtown Eastside. Souvent autochtones eux-mêmes.

Je ne noliserai pas un avion pour empêcher la tenue des Jeux. Je comprends néanmoins la rage de certains. Un jour, il faudra s’arrêter et se poser la question de savoir si ces Jeux Olympiques auront contribué à faire progresser les droits des autochtones ou n’auront été que la suite logique d’un phénomène de dépossession.

* * *

Mais y sont-tu laides les mascottes des Jeux. Sérieusement, en soi, ça devrait être assez pour nous faire douter de la santé mentale du comité organisateur. Quatchi, la poche de patate brune sensée représenter un sasquatch fait sérieusement peur. Beijing n’avait elle pas Yingying l’antilope tibétaine comme mascotte? Tokenism vous dites?

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