Margaux Sporrer - Le Délit https://www.delitfrancais.com/author/margaux-sporrer/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Thu, 01 Feb 2018 15:48:03 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 Le testament de Tarkovski https://www.delitfrancais.com/2018/01/31/le-testament-de-tarkovski/ https://www.delitfrancais.com/2018/01/31/le-testament-de-tarkovski/#respond Wed, 31 Jan 2018 16:56:19 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=30300 Restauré, Le Sacrifice, du cinéaste Andrei Tarkovski, est en salle au Cinéma du Parc.

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Le film raconte la journée d’anniversaire d’un comédien à la retraite, joué par le théâtral Erland Josephson, parti vivre avec sa famille sur une île au large des côtes suédoises. Le premier plan, la prise la plus longue de Tarkovski, montre Alexandre et son fils, muet suite à une opération, planter un arbre sec au bord de la mer. Le facteur Otto les rejoint sur sa bicyclette pour transmettre un télégramme et parler de Nietzsche. Puis, arrive Victor, le médecin qui a opéré le fils d’Alexandre, accompagné d’Adelaïde, la femme de l’ancien comédien. 

Tout le monde est de retour à la maison, et l’annonce d’une catastrophe nucléaire plonge les personnages dans la frayeur et l’hystérie.

«Un cadeau implique un sacrifice»

Après cette terrifiante nouvelle, Alexandre, ressentant alors le poids de la misère humaine, prie et offre à Dieu le sacrifice de sa vie et de sa parole, pour que soient sauvées sa famille, et l’humanité plus généralement. Il est intéressant de se demander si ce sacrifice ne se vit pas aussi comme une libération.

Par ailleurs, tout au long du film, le thème de la religion est très présent avec des symboles en abondance, comme lors du générique de début sur le tableau de Léonard De Vinci L’Adoration des Mages avec La Passion selon Saint Matthieu de Bach en bande son. Tarkovski voit la religion comme un rituel nécessaire à la vie spirituelle. Ceci provoque une plongée dans le film plutôt mystique et envoûtante. Une sensation de pureté se dégage aussi, soulignée par un minimalisme scénographique qui met en valeur les dialogues échangés par les protagonistes.

«J’ai étudié […] l’esthétique»

Les images soulignent cette idée de transcendance par le jeu de la lumière et la pureté qui se dégage des longs plans berçants. Sven Nykvist est un directeur de la photographie et réalisateur suédois considéré comme un des grands cinéastes du monde. Sa particularité a été de simplifier au plus cet art en se concentrant sur ses composantes les plus élémentaires (lumière, composition, mouvement) pour atteindre un idéal de naturel. Le travail de la lumière est sa grande signature qu’il utilise pour transmettre les sensations et pour souligner les émotions des personnages. Il a fait de la lumière sa quête cinématographique.

«Avec espoir et confiance»

Au festival de Cannes de 1986, Le Sacrifice remporta le Grand Prix spécial du jury. Tarkovsky était malade et soigné à Paris. Il envoya son fils le récupérer. La présence du jeune homme sublima ce message

d’espoir pour l’avenir qu’Andrei Tarkovsky dédicace à son fils, Andriosha. Ce dernier film, testament du grand cinéaste russe, qui clôture en beauté la carrière d’un homme à la sensibilité unique. Cinéaste poète, il communique par symboles et part du principe que le film ne doit pas se comprendre fondamentalement, mais se ressentir plus profondément. C’est une poursuite de la vérité, une quête existentielle. Comme disait le peintre anglais Francis Bacon: «le travail de l’artiste est de toujours sonder le mystère».

Ainsi, malgré quelques longueurs,  Le Sacrifice reste un film extraordinairement esthétique, qui parlera davantage aux initiés qu’aux novices. L’équipe recoWmmande néanmoins à tous de se pencher sur ces sujets et, avec le scénario en tête, de se rendre au cinéma pour se confronter aux questionnements du cinéaste. C’est aussi l’occasion d’admirer le fruit de la collaboration de grands personnages des cinémas suédois et russes.

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Ligne de Fuite https://www.delitfrancais.com/2017/11/28/ligne-de-fuite-8/ Tue, 28 Nov 2017 17:25:05 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=30005 Chronique d'expression créative.

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Sous les abricotiers, les cerisiers

Elle bascule la tête en arrière

D’un souffle chaud, contenté

Expire son bien-être.

La chaleur, les odeurs

La fraîcheur de l’herbe

La peinture de la nature.

Souvenirs d’été

De simplicité

Le soleil

La mer

Les vignes

Les plaisirs doux

D’un profond amour

Avec soi plus que face à soi

Une douceur bienveillante,

Une force battante

Pour avancer, avancer.

Se cultiver comme une fleur,

Apprécier l’élégance de la pluie

Et la sensualité du désert.

Comme une sombre forêt

Fierté, tendresse et passion.

Et à l’ombre des fougères,

Démultiplier la vie.


Quand les mots se bousculent dans ma tête j’essaie de les laisser me parler.

En les écrivant je les écoute.

Je ne cherche plus tellement à provoquer l’écriture mais je la laisse venir et je la saisis.

C’est un peu un moment libérateur, proche de l’écriture automatique.

Comme peindre les yeux fermés et les ouvrir à la fin.


Putain, putain, putain

Cette envie toujours plus pressante

Voler, s’enfuir, s’enfouir

Prendre la route et lâcher cette vie

Cette impression d’attendre en cage

Couper les ponts, disparaître pour renaître

Écarter mes ailes, m’ébrouer et m’envoler

Comme un oiseau ou comme un ange

Dans les deux cas, un monde nouveau

J’écoute cette douce mélancolie

D’un avenir incertain

Aux trésors lointains

Et respire dans le creux de ma main

Mes passions, broyées

Et leur nuage parfumé.

Des murmures dans les feuilles.

La vie sera belle

Et les matins, des promesses.

Mais pour l’instant il fait gris

Et je me tourne vers le ciel.


Textes de Margaux Sporrer. 

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Le Manifeste de la Jeune Fille https://www.delitfrancais.com/2017/02/07/le-manifeste-de-la-jeune-fille/ Tue, 07 Feb 2017 15:30:48 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=27582 Olivier Choinière nous transporte dans le monde ludique de la réalité.

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Standing ovation pour le «Manifeste de la Jeune- Fille», pièce éminemment contemporaine jouée à l’Espace Go jusqu’au 18 février.

Olivier Choinière, auteur et metteur en scène, réussit brillamment à dépeindre avec un regard critique la société dans laquelle nous évoluons. Les huit comédiens sont remarquables, fougueux, drôles, et impressionnants d’énergie. Rien n’est laissé au hasard dans cette pièce très chorégraphiée, que ce soit la mise en scène, le décor, les lumières, les costumes ou le son. C’est dans une ambiance hyperréaliste à la lumière aliénante que l’on part à la rencontre de ces personnages caricaturaux mais aux airs familiers. La musique rythme les deux heures de voyage et de réflexion. Par moment elle rappelle le rythme sourd techno, par moment elle semble plutôt orientale, mais est toujours là pour souligner le message véhiculé. Les personnages changent de peaux et de costumes régulièrement ce qui permet d’offrir d’innombrables points de vue différents sur les thèmes sociétaux abordés.

La mise en scène, précise et réfléchie, met en valeur le méticuleux travail d’Olivier Choinière et sert le message de fond même si l’abondance des thèmes abordés peut parfois perdre le public.

Spectateurs de nos propres déboires

Cette pièce est un must-see car en l’espace de deux heures, elle balaye un vaste spectre d’inquiétudes, de positions, d’idéaux que nous avons tous déjà sûrement envisagés. En fait, une fois assis dans son siège, il devient impossible pour le spectateur de ne pas se sentir concerné, de ne pas rire, de ne pas s’arrêter un moment pour réfléchir sur les répliques frappantes des comédiens. Ces derniers nous jouent et se jouent de nous. Les capitalistes avides, les écolos intransigeants, les consommateurs frénétiques, les vieux déprimants, les jeunes désabusés, les révolutionnaires naïfs, les terroristes illuminés… Bref, tout le monde y passe.

De ce manège de vie, folle- ment satirique, ressortent néanmoins des messages importants et rassurants. L’amour de soi, l’acceptation de la vieillesse, l’ouverture à l’autre, le progrès individuel, faire la part des choses, et surtout l’importance de la culture, du théâtre: des nécessités que l’on oublie trop vite. Qualifier cette pièce d’un coup de gueule reviendrait à réduire au néant la dimension philosophique très présente de la pièce. Plus encore, cette pièce multiplie les rires, les clins d’œil au public, d’énergie en surprenant le spectateur du début à la fin.

Certes, deux heures sans entracte peuvent paraître longues pour le spectateur. Pourtant, malgré cette longueur, on ressort enthousiasmé de cette pièce. Lorsque les lumières se rallument et que le public réalise que c’est la fin, le charme met du temps à se dissiper. Le spectateur est alors confronté à cette impression géniale de ne plus savoir quoi faire ni quoi dire, abasourdi avec un sourire de contentement aux lèvres. Or, n’est-ce pas là le signe d’une pièce réussie?

Cette ode au théâtre abolit les frontières de la réflexion et pousse à l’extrême des concepts d’actualité. Mais surtout, elle fait naître une connexion folle et intense au sein du public et avec les acteurs, mettant du baume sur le cœur des désenchantés, des mélancoliques et des lassés.

Je n’insisterai donc sûrement jamais assez: cette pièce est foisonnante, délirante, qu’il faut absolu- ment voir, vivre et que vous n’oublieriez pas car elle est intemporelle.

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Révolution des perceptions https://www.delitfrancais.com/2017/01/17/revolution-des-perceptions/ Tue, 17 Jan 2017 15:05:16 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=27183 Dans le jardin de Réalité Virtuelle, le Centre Phi fait tourner la tête.

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Avec l’invitation du Centre Phi à profiter gratuitement de cette immersion nouvelle jusqu’au 12 mars, la réalité virtuelle se démocratise. Cette technologie de pointe fonctionne comme une extension de la conscience en proposant une infinité de mondes et d’environnements accessibles d’un mouvement de tête ou d’un regard. 

L’expérience est complète et l’on se laisse complètement sombrer dans ce nouvel univers. Les sens sont stimulés et provoquent des émotions intenses et inédites qui laissent émerveillé. En effet, la musique, le mouvement, les couleurs et le monde qui nous guide dans chaque voyage créent une ambiance complètement nouvelle à chaque fois.

Au cœur du récit

Le Centre Phi propose cinq expériences d’animation en réalité virtuelle. Elles permettent d’interroger la condition humaine par le récit, les personnages, les archétypes, l’aventure et le jeu. En effet, Henry, gagnant d’un Emmy et narré par Elijah Wood, raconte l’histoire d’un petit hérisson en quête d’affection et qui, après s’être retrouvé seul à son anniversaire, fait un vœu qui transformera le reste de sa vie.

Présenté au festival Sundance lors de l’édition 2016, The Rose and I, raconte l’histoire de la solitaire Rose dans univers poétique, flottant et inédit, qui  rappelle un peu Le Petit Prince.

Lost, présenté à l’édition 2015 de ce même festival, permet au spectateur de suivre les péripéties d’une main de robot à la quête de son propre corps tout en lui donnant la liberté d’interagir avec l’environnement.

Minotour, quant à lui, présente l’odyssée d’un héro à travers la vie, la mort et la renaissance. 

Finalement, Eagle Flight, permet au spectateur de se métamorphoser en aigle et de surplomber Paris après l’extinction de la race humaine le temps d’un vol incroyable.

Quel avenir pour la réalité virtuelle?

Au delà de la chance de pouvoir vivre ces cinq expériences aussi facilement, c’est peut-être aussi l’amorce d’une réflexion sur la place que la réalité virtuelle peut prendre dans nos vies, ou bien en tant qu’alternative à nos vies. Chacun a sa vision des révolutions technologiques, avec ce qu’elles entrainent de positif comme de négatif.  Néanmoins, il est certain qu’une transition est en marche et que c’est tout un nouveau monde qui ouvre ses portes à l’imagination, sans limites. 

Jusqu’au 12 mars au Centre Phi     

    

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Garder les yeux ouverts https://www.delitfrancais.com/2016/11/15/garder-les-yeux-ouverts/ Tue, 15 Nov 2016 15:09:27 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=26775 Before the flood sonne l’alerte.

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Le film Before the Flood (Avant le déluge, ndlr), sorti en 2016, suit à travers le monde l’acteur et activiste Leonardo DiCaprio. Le spectateur assiste aux différentes conversations qu’il entretient avec des scientifiques, des politiciens, et des habitants locaux qui subissent directement les effets du réchauffement climatique. Après la COP21, l’enjeu est de taille pour chaque pays, chacun ayant ses propres défis à surmonter. Les pays sont en effet inégaux dans les moyens à leur disposition pour effectuer la transition vers une économie et une politique mondiale plus respectueuse de l’environnement.

«Si la Chine peut le faire, alors le reste du monde aussi»

En Chine par exemple, les problèmes environnementaux sont devenus la plus importante cause de manifestations dans les rues. En effet, la vie quotidienne y est directement affectée par la pollution et celle-ci met la santé des habitants en péril. Rares sont ceux d’entre nous qui subissent les effets du changement climatique et de la pollution de manière concrète et handicapante au jour le jour, et heureusement. Toutefois, si on attend d’être affecté pour réagir, il sera trop tard. La Chine l’a d’ailleurs bien compris et fait maintenant parti des pays ayant les plus grosses compagnies d’énergie solaire et éolienne. L’exemple de la Chine est utilisé pour sensibiliser les Américains au fait que le changement ne peut se faire sans un revirement immédiat dans leur consommation, et qu’il est hypocrite de demander aux pays en développement de faire les efforts qu’ils ne font pas eux-mêmes. En effet, sans l’entière participation des États-Unis, le deuxième plus grand émetteur de gaz à effet de serre après la Chine, les projets écologiques actuels comme la COP21 sont voués à l’échec.

Une opportunité médiatique décevante

Tant de documentaires climatiques sont sortis sur les écrans qu’il serait naïf de croire que le manque d’information est ce qui fait obstacle au manque d’engagement politique. Comme l’explique le film, les résultats de sondages, les manifestations et nos propres voix sont les seuls moyens d’atteindre des résultats concrets. Un film associé à Leonardo DiCaprio pourrait avoir une grosse répercussion médiatique et encourager l’opinion publique à accepter la réalité et à agir pour faire que les choses changent.  Malheureusement, Before the Flood est un énième avertissement sur le réchauffement climatique. Ses intentions sont honorables, mais son contenu est décevant, car similaire à ce qui a déjà été fait. Le film perd son opportunité d’utiliser la voix de Leonardo DiCaprio pour inspirer, sortir du lot et enclencher un réel mouvement qui persisterait au delà de la salle. Contrairement au film Demain, on retrouve dans Before the flood des ressorts scénaristiques souvent utilisés dans les blockbusters américains: son style est paniquant, alertant, dramatique. Ces deux films se complètent pourtant: Before the flood sert d’électrochoc et met en lumière des réalités inquiétantes, tandis que l’autre redonne de l’espoir, inspire, engage une réflexion et un mouvement à chaque échelle.

Le changement climatique est un problème majeur de notre temps. Tout le monde le sait, mais personne ne veut garder les yeux ouverts. Comme le souligne très justement Leonardo DiCaprio, «essaie d’avoir une conversation sur le changement climatique, les gens déconnectent». 

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Cinemania-que https://www.delitfrancais.com/2016/11/08/cinemania-que/ Tue, 08 Nov 2016 15:15:51 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=26662 La chose principale Mal de pierres est le dernier film de Nicole Garcia, à voir absolument pendant le festival du cinéma francophone Cinémania, qui a lieu à Montréal jusqu’au 13 novembre. Adapté du roman de l’Italienne Milena Agus, c’est un film bouleversant qui parle très bien d’amour, d’apprentissage et du désir féminin. C’est aussi un… Lire la suite »Cinemania-que

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La chose principale

Mal de pierres est le dernier film de Nicole Garcia, à voir absolument pendant le festival du cinéma francophone Cinémania, qui a lieu à Montréal jusqu’au 13 novembre. Adapté du roman de l’Italienne Milena Agus, c’est un film bouleversant qui parle très bien d’amour, d’apprentissage et du désir féminin. C’est aussi un film esthétique avec des images superbes, et de belles prises de la Provence, des forêts suisses et de la Méditerranée. Les trois personnages principaux sont poignants et émouvants, joués à merveille par Marion Cotillard, Louis Garrel et Alex Brendemühl.

Marion Cotillard est parfaite dans ce rôle de femme complexe à la quête de la «chose principale», l’amour absolu. Elle est charnelle, fougueuse,  fiévreuse. C’est une femme à la fois très libre dans sa manière de ressentir la vie et pourtant soumise aux choix des autres. Son personnage Gabrielle épouse un homme qu’elle pense ne jamais pouvoir aimer mais, pendant sa cure dans les Alpes, son désir se cristallise alors autour d’un autre malade, interprété par Louis Garrel. Il s’agit d’un lieutenant rapatrié de la guerre d’Indochine qui a du mal à oublier le conflit. Proche de la mort, il commence à renoncer à l’amour. Le mari de Gabrielle, José, est joué par l’acteur catalan Alex Brendemühl. C’est un espagnol taiseux qui a fui la guerre civile, et dont les très grandes qualités, telles que la générosité, la patience et l’intelligence, se dévoilent progressivement.

Marion Cotillard sublime le personnage de Gabrielle, et le rôle de l’officier blessé sied à l’élégance mélancolique de Louis Garrel. L’excellente surprise vient de l’acteur Alex Brendemühl. Tout en intériorité dans le film, son personnage intense dédie sa vie à essayer de conquérir Gabrielle, de la satisfaire, de croiser son regard. Gabrielle ne trouvera peut-être pas l’amour dont elle rêvait mais elle trouvera un amour. Les personnages masculins du film incarnent une déclinaison de cet amour qui lui manque et qu’elle va apprendre à apprivoiser.

Il semblerait que l’amour ne se trouve pas forcément là où on aimerait qu’il soit. C’est un film extrême, chargé d’émotion, avec des personnalités très fortes et un twist final tragique et somptueux.

Margaux Sporrer

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Carlotta Esposito

Quand la mort permet la vie

Réparer les vivants est l’adaptation par Katell Quillévéré du best-seller de Maylis de Kerangal. C’est l’histoire du cœur du jeune Simon (Gabin Verdet), mort dans un accident de la route. Un cœur qui, grâce à la science, se remettra à battre dans le corps de Claire, atteinte d’une maladie cardiaque. Un cœur amoureux et aimé: par sa petite amie Juliette (Galatéa Bellugi) et ses parents, Marianne (Emmanuelle Seigner) et Vincent (Kool Shen) chargés de prendre la lourde décision de donner ses organes. Un cœur qui offrira une seconde vie à Claire, magnifiquement interprétée par Anne Dorval, vivant désormais «comme une petite vieille», sa maladie l’ayant forcée à tourner le dos à la femme qu’elle aime (Alice Taglioni). Malgré la culpabilité de «vivre avec le cœur d’un mort», l’espoir d’être «réparée» lui redonne le goût de la vie et de l’amour. Enfin, c’est l’histoire d’un simple muscle pour les médecins, qui chamboulera cependant leur journée. Tahar Rahim est touchant de simplicité dans le rôle de Thomas Remige, véritable chef d’orchestre de la greffe.

Comme l’a déclaré Emmanuelle Seigner, «triste mais pas déprimant, c’est un film d’amour, doux, délicat». L’apaisante bande son, signée Alexandre Desplat, et l’absence de dialogues superflus suffisent à nous bouleverser. Sans personnage principal, c’est l’histoire d’un tourbillon de vies autour d’un cœur, ce qui permet de s’identifier avec chacun des protagonistes. Une certaine pudeur se reflète aussi dans la douceur des tons choisis par la réalisatrice. Réparer les vivants transmet un magnifique message d’espoir, traitant de la mort tout en donnant l’envie de vivre. Pour Emmanuelle Seigner, «quand on sort du film on a envie de donner ses organes, […] c’est magnifique de pouvoir redonner la vie».  Sans tomber dans le voyeurisme, ce film fera sûrement réfléchir les jeunes sur l’importance du sujet, à un âge où la mort semble abstraite. 

- Colombe De Grandmaison

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Madeleine Courbariaux | Le Délit

En scène

Le premier film de Stéphanie Di Giusto, La danseuse est une des projections phares de cette édition du Festival Cinemania. Il met à l’écran l’histoire de Loïe Fuller, une artiste franco-américaine dont les créations avant-gardes lui ont permis d’accéder à une gloire fulgurante mais éphémère. Nous suivons son parcours des étendues de l’ouest américain au Paris de la Belle Époque, au grè des rencontres qui façonnent sa vie.    

Le film est porté par une distribution artistique d’exception: dans le rôle de Loïe, Soko nous touche de par sa sensibilité brute, qui lui évite de tomber dans le mielleux. Elle est accompagnée à l’écran par Gaspard Ulliel qui donne vie au personnage de l’aristocrate ruinée, par Mélanie Thierry et François Damien qui excellent en directeurs artistiques des Folies Bergères, et enfin par Lily-Rose Depp, qui par contre ne nous convainc qu’à moitié dans son interprétation – très dans l’évidence – de la manipulatrice Isadora Duncan.

    La danseuse se distingue aussi par sa photographie époustouflante. Elle participe à la dichotomie entre les efforts physiques et psychologiques que la vie d’artiste et la création artistique imposent à Loïe et sa légèreté sur scène. Les séquences de danse que Soko a réalisé sans doublure nous montre la transition entre Loïe et «la danseuse»: un être éthéré, perdu dans ses voiles et qui s’éloigne de l’humain pour rejoindre le naturel, voire le surnaturel.

  En un peu moins de deux heures, c’est donc une belle expérience cinématographique que nous offre ce film. Avec ses sept nominations au Festival de Cannes, il révèle au grand jour le talent de sa réalisatrice et de son actrice principale. 

- Dior Sow

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La Danseuse le Film

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«Les solutions existent!» https://www.delitfrancais.com/2016/09/27/les-solutions-existent/ Tue, 27 Sep 2016 13:59:23 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=25921 Loin du catastrophisme, des solutions pour Demain.

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Fort de son succès, Demain, de Mélanie Laurent et Cyril Dion, est en salle au cinéma Beaubien, plus de dix mois après sa sortie. Ce documentaire raconte la prise de conscience qui a suivi la sortie de l’étude du journal Nature en 2012, annonçant la possible disparition d’une partie de l’humanité d’ici 2100 en raison de l’évolution de notre mode de croissance. À la différence des documentaires angoissants, pessimistes et sombres, le film adopte une attitude positive, pédagogique et même ludique. Il nous propose des solutions et nous fait découvrir des communautés qui agissent tous les jours à leur échelle pour réinventer notre monde.

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Demain le film

Loin des cris alarmistes

Au fil du film, Mélanie Laurent et Cyril Dion nous guident à travers la découverte d’un monde qui ne demande qu’à changer. Ils nous proposent d’explorer des solutions dans des domaines aussi variés que l’agriculture, l’énergie, l’économie, la démocratie et finalement, l’éducation. Dans chacun de ses chapitres, le road-movie fait voyager le spectateur dans des pays où des mouvements alternatifs sont déjà en marche. On réalise ainsi très vite que les résultats sont là, et qu’ils sont tellement prometteurs que l’on ne peut s’empêcher de se sentir concerné et capable de contribuer à l’effort commun.

Dans le domaine de l’agriculture par exemple, les concepts de micro-fermes, d’alliances entre agricultures urbaines et rurales, et de permaculture font beaucoup réfléchir. Il faut encourager une densification et une diversification des cultures en se basant sur l’exemple naturel des écosystèmes. Les résultats sont stupéfiants, car en travaillant manuellement une parcelle de seulement 1000 mètres carrés, le chiffre d’affaire annuel dégagé par la ferme du Bec Hellouin en Normandie est de 54 000 euros. Des études expliquent même que ces micro-fermes pourraient nourrir 10 à 12 milliards d’habitants!

Le film développe une bien longue liste de solutions, que nous ne pourrions détailler ici, mais elles existent bien déjà, sont concrètes, intelligentes et accessibles à tous.

Une révolution sociale

Le monde de demain devra être différent de celui d’aujourd’hui.  Et comme le montre le film, cela passe par l’éducation. On nous encourage à prendre conscience de notre pouvoir et à cultiver notre autonomie, notre responsabilité et notre créativité. La clé est de créer des systèmes de relations plus complexes, enrichis et diversifiés où chacun participe activement à une démocratie véritable. Chacun, en contribuant avec ses spécificités, permet de renforcer et de stabiliser un monde et des ressources qui ne sont pas inépuisables.

Le parti pris par Mélanie Laurent et Cyril Dion est didactique, car il promeut une éducation des prochaines générations à la hauteur des enjeux auxquels nous sommes confrontés. En regardant ce film, on comprend que ce n’est pas à l’échelle des états que se font les véritables changements, mais à celle des villes et des quartiers. C’est ainsi que l’on reconstruit un écosystème social.

Ce que l’on pourrait retenir du film c’est que, loin d’être culpabilisant, il offre une vision rafraichissante et pleine d’espoir sur un avenir qui nous concerne tous. Chacun peut s’engager à sa façon, à son échelle et transmettre aux autres sa connaissance et son enthousiasme. Finalement, c’est un film qui est beau, intelligent, différent et qui devrait être vu par tout le monde.

À Montréal, par exemple, il est facile de s’engager, déjà en consommant localement, en recyclant et en réutilisant. Pour ceux qui veulent aller plus loin en s’engageant dans des projets concrets, vous pouvez vous renseigner sur les programmes du site d’Outremont ou de la Coop Bioma, pour n’en citer que deux.

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S’interroger gentiment https://www.delitfrancais.com/2016/03/15/sinterroger-gentiment/ https://www.delitfrancais.com/2016/03/15/sinterroger-gentiment/#respond Tue, 15 Mar 2016 06:24:27 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=25084 Un animal (mort) nous guide vers une douce transformation.

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Le metteur en scène Félix Antoine Boutin revient au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui du 8 au 26 mars avec Un animal (mort). La pièce, inspirée d’un conte indochinois, invite à une réflexion sur ce que nous étions, ce que nous sommes et ce que nous devenons.

On entre dans une petite salle tamisée à l’ambiance intime. Les lumières s’éteignent et le premier acte commence, avec vous. C’est un moment que l’on vit comme un rêve, avec des personnages qui nous parlent et nous interrogent, le 4e mur n’existant plus. C’est une histoire simple mais dont découle beaucoup de réflexion et de poésie. Le jeu est délicat, touchant et comique et rend la pièce rafraîchissante. On assiste à la rencontre de deux amants, la naissance de leur amour, mais aussi au doute qui naît entre eux dû à une tierce personne. Les générations se confondent ensuite et c’est un discours sur la transmission qui conclut le spectacle. 

Nans Bortuzzo

L’Homme caméléon

La beauté de cette pièce et sa poésie résident dans sa capacité à interroger le concept de relation entre deux personnes. Il semblerait que nous ne soyons chez nous nulle part, même avec soi, jusqu’à ce que nous tombions amoureux. L’autre devient alors miroir de soi et c’est en lui que l’on se rencontre. Felix Antoine Boutin nous pose comme immigrant de nulle part, dépendant de l’Autre pour s’aboutir. La mort dans ce conte théâtralisé devient alors une étape dans l’accomplissement de soi. C’est une opportunité de rédemption, une renaissance qui viendrait toujours avec le regard de l’autre.

«L’autre devient alors miroir de soi et c’est en lui que l’on se rencontre»

L’illusion d’un soi isolé 

Dans un deuxième temps, Un animal (mort) aborde l’héritage que nous laissons derrière nous aux prochaines générations. Le plus frappant est la tendresse qui se dégage du discours entre les personnages. Celle-ci aide à soutenir l’idée que nous sommes une des parts d’un patrimoine qui appartient à tous. Une histoire qui se partage, qui se transmet et qui ne peut être contenue par nos corps respectifs. Ce n’est pas notre vie que l’on vit, mais la vie. «La vie passe en nous comme le vent dans le bleu du ciel», dit l’un des acteurs pour peindre l’idée.

L’esthétique du dernier spectacle de Félix Antoine Boutin, ainsi que les thèmes abordés font de Un animal (mort), une œuvre de qualité. Des questions sont levées mais avec humour et poésie et c’est ce qui fait le charme de cette création. Finalement, le discours qu’entretiennent les comédiens avec les spectateurs pose la question de la relation entre le public insatiable et les acteurs qui prennent vie grâce à celui-ci.  Ils naissent car nous les faisons naître.  La pièce rappelle ainsi que l’on est tous plus que le rôle que l’on nous donne. Il est alors possible de se retrouver à l’infini car la mort dans la fable devient une occasion de renaître toujours meilleur et plus proche de soi. 

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