Mamoun Alami Idrissi - Le Délit https://www.delitfrancais.com/author/mamoun-alami-idrissi/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Tue, 05 Apr 2016 05:35:12 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 Les FinTech en effervescence https://www.delitfrancais.com/2016/04/05/les-fintech-en-effervescence/ https://www.delitfrancais.com/2016/04/05/les-fintech-en-effervescence/#respond Tue, 05 Apr 2016 05:34:25 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=25297 Une légion de start-ups se propose de dynamiter le secteur bancaire traditionnel.

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Alors que c’est la semaine du Money 2020 en Europe, la plus grande conférence européenne sur les FinTech, penchons-nous sur ce groupe de compagnies qui veut réinventer une des industries les plus haïes d’Amérique du Nord, selon le DailyFinance.

Le terme «FinTech» (mot-valise contenant finance et technologie) se réfère à ces nouvelles start-ups qui tentent de perturber le système bancaire traditionnel à l’aide des nouvelles technologies, en offrant des services moins chers ou de meilleure qualité.

Des paiements à l’intermédiation entre les épargnes et les investissements, en passant par les assurances, ces jeunes pousses essaient aujourd’hui de prendre d’assaut chacune des fonctions essentielles du monde de la finance. Un rapport de McKinsey prédisait ainsi que 20 à 60% des profits des banques dans cinq secteurs d’activités seraient en péril d’ici à 2025.

L’angle d’attaque de ces «institutions financières 2.0» est simple: proposer ce que les institutions classiques, de par leur taille, ne peuvent offrir. Alors que la norme est à la standardisation des produits financiers et qu’une nouvelle vague de régulations déferle sur les institutions bancaires traditionnelles, la numérisation des services offerts permet aux FinTech de tailler des produits sur mesure pour chacun de ses clients afin de combler au mieux ses attentes et envies, souvent à un coût amoindri et avec une efficacité accrue.

La transformation des paiements

L’apparition de nouveaux moyens de paiements et de gestion des finances, tels que les téléphones intelligents ou les ordinateurs, rendent possible une meilleure expérience client.

PayFirma propose ainsi une solution permettant aux compagnies d’accepter n’importe quelle sorte de paiement, en toute sécurité, de même qu’une consultation de leurs chiffres comptables en temps réel.

Une autre possibilité offerte par les récentes avancées technologiques est la mise en place de paiements instantanés et sûrs à l’aide de la technologie Blockchain (chaîne de blocs). Cette technologie consiste en la distribution d’une base de données, décentralisée, qui maintient des enregistrements, en constante croissance, où chaque donnée se réfère à des données précédentes dans la liste. La falsification et la révision sont quasiment impossibles et il suffit de vérifier la validité d’une donnée en observant sa cohérence avec les nœuds précédents du réseau. Cette technologie est à la base du système des Bitcoins, et peut être utilisée pour la gestion des risques, les transferts de devises, trading, etc. Récemment, même les grands acteurs de l’industrie financière se sont lancés dans une course aux armements en termes de sécurité. En effet, le consortium R3, composé des plus importantes banques multinationales telles que JP Morgan et Citigroup, a signé un contrat hier avec Microsoft et ses partenaires visant à la mise en place de la technologie Blockchain au sein de leurs secteurs d’activités les plus critiques.

Mahaut Engérant

Désintermédiation des investissements

L’avènement des FinTech a rendu possible aux jeunes pousses l’accès à des financements sans avoir à être filtrés par le système traditionnel. Les plateformes de crowdfunding (financement participatif, ndlr) agissent comme les têtes de proue de ce nouvel ordre. SeedUps, par exemple, permet aux entreprises de présenter et de financer leurs projets par une multitude d’individus, en échange d’actions dans la compagnie. À l’instar d’abeilles fondant sur un champ de fleurs, parents, jeunes travailleurs, trentenaires et étudiants se jettent aujourd’hui sur ces opportunités d’investissements dans l’espoir de voir émerger des retours mirobolants. Par exemple, le Financial Post reportait le 22 janvier dernier que la québécoise Dubuc Motors s’était finalement tournée vers le financement participatif pour la production de son véhicule de sport haut de gamme électrique, faute de pouvoir trouver des investisseurs auprès des acteurs classiques de l’industrie.

Dans la même foulée, les initiatives de peer-to-peer lending (prêt entre particuliers, ndlr) ont aussi permis l’émergence d’un nouveau modèle de distribution de fonds. Les prêts sont maintenant financés directement par les investisseurs qui assument les risques, à l’inverse du mécanisme classique où cela est fait par un système de dépôts et de réserves obligatoires dans les institutions. Lending Loop est la première entreprise canadienne dans le genre, mettant en relation des compagnies avec une variété d’investisseurs désirant aider les petites entreprises canadiennes. Citi suggère ainsi un «marché adressable» de 3 200 milliards de dollars américains pour le peer-to-peer lending uniquement aux États-Unis.

La mise en relation directe des protagonistes est aussi utilisée pour réduire les coûts d’échange de devises. TransferWise, la star européenne du secteur des FinTech, met ainsi indirectement en relation des individus et leur propose des taux plus intéressants pour chacun, réduisant jusqu’à 90% les frais associés généralement aux échanges de devises.

Limites

Il est toutefois à noter que les autorités cherchent à aborder le problème des régulations pour les FinTech et que de nombreuses mesures de sécurité verront le jour et feront obstacle au développement de certaines FinTech.

D’après Todd Roberts, un vice-président à la Banque Royale du Canada, la banque est en effet «un secteur très complexe, à forte intensité de capital». Le domaine est «très régulé et les institutions ont besoin de beaucoup de compétences pour pouvoir fonctionner.» C’est tout particulièrement le cas au Canada, où l’industrie financière est une véritable «forteresse institutionnelle», comme le suggère le professeur Gregory Vit de la faculté Desautels à McGill. Il explique alors que le secteur bancaire est protégé par des strates de régulations et normes industrielles, ainsi que par de nombreux accords implicites entre le gouvernement et les grandes banques nationales, ce qui rend toute nouvelle compétition difficile. Lending Loop, mentionnée plus tôt, a par exemple décidé d’arrêter d’afficher de nouvelles demandes de prêts sur son site internet jusqu’à la fin de ses discussions avec les autorités.

Les institutions financières, rigides et oligopolistiques, n’avaient auparavant aucun intérêt à innover, les marges largement profitables déjà dégagées n’étant pas menacées.

Avec l’avènement des FinTech, les banques traditionnelles réfléchissent et réagissent pour rester dans la partie. Gregory Smith, un associé en conseil aux services financiers à Ernst & Young au Canada, déclarait ainsi que «les compagnies financières devraient être bien plus agressives et créatives pour conserver leurs consommateurs.»

Certaines institutions ont tout simplement décidé de s‘associer avec lesdites startups afin de compléter leur panel de produits offerts. CIBC a de ce fait conclu un partenariat avec Thinking Capital, un petit prêteur aux entreprises.

Autrement, certaines firmes numérisent leurs services pour ne pas être «ubérisées». Tangerine a d’ailleurs lancé une application de gestion bancaire vocale qui permet d’avoir une conversation avec un chargé d’accueil numérique, tandis que la Banque Royal du Canada et MasterCard testent actuellement un bracelet qui identifie les utilisateurs par leur rythme cardiaque pour une meilleure sécurité de paiement.

Il reste donc un grand chemin à parcourir pour écarter les grandes institutions. Les ressources et relations industrielles vont rendre féroce la compétition entre les institutions traditionnelles et les FinTech. De plus, on peut s’attendre à ce que les usagers, déjà historiquement réticents à changer de banques, aient du mal à changer de modèle de fonctionnement.

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Le Big Data, Eldorado du 21e siècle https://www.delitfrancais.com/2016/03/21/le-big-data-eldorado-du-21e-siecle/ https://www.delitfrancais.com/2016/03/21/le-big-data-eldorado-du-21e-siecle/#respond Tue, 22 Mar 2016 04:17:47 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=25195 Analyse et explications des bénéfices et défis posés par les mégadonnées.

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D’après Eric Schmidt, ex-PDG de Google, plus de données sont aujourd’hui créées en deux jours, qu’entre le début de l’histoire de l’humanité et 2003.

Ces larges quantités données apparaissant sous plusieurs formes (vidéo, audio, “J’aime”…) nécessitaient autrefois un vaste déploiement de ressources et de temps pour être traitées, conservées et analysées, et produisaient souvent des résultats imprécis. Les outils de gestion et les entrepôts de données classiques leur sont en effet peu adaptés.

Le Big Data

Les récentes avancées technologiques en matière de puissance de processeurs, de stockage et de logiciels, permettent de mieux exploiter ces énormes agrégats de données plus rapidement et plus efficacement.

Les solutions et techniques développées pour le traitement de ces données sont appelées Big Data (mégadonnées, ndlr). Le volume, la vélocité (fréquence de création, collecte et partage, ndlr) et la variété des données traitées sont ainsi considérablement augmentés.

«63% des institutions financières auraient au moins un projet relatif au Big Data en production»

Les analyses de la Big Data permettent notamment de renforcer «l’intelligence client» (analyse des détails et des activités des clients, ndlr) en comprenant plus précisément les besoins, perceptions et attentes de ces derniers. En récoltant les données à partir des réseaux sociaux, blogues, et appareils mobiles, les compagnies obtiennent une idée plus précise des comportements et réactions de chaque consommateur et peuvent donc proposer des produits plus adaptés à chacun. Par exemple, certaines compagnies développent maintenant des produits bancaires et des rabais personnalisés, qui vont attirer de nouveaux clients et les fidéliser.

Un rapport de Capgemini explique ainsi qu’en moyenne, les banques utilisant le Big Data pour comprendre les pertes de clients ont une avance de 12% en terme de parts de marché face aux banques ne l’utilisant pas.

Paul Pieuchot

Les institutions financières à la conquête du Big Data

Les institutions financières ont besoin de gérer un énorme volume de données pour concevoir des algorithmes divers, utiles au Trading haute-fréquence (THF) par exemple. Des algorithmes plus précis peuvent maintenant être développés en étant testés et validés sur des volumes de données plus larges et plus variées, ce qui rend les investissements plus sûrs et rentables.

De même, les banques d’investissements et les gestionnaires d’actifs utilisent le Big Data afin de réaliser des analyses plus pertinentes à partir de données de meilleure qualité. De leur côté, les assurances et fonds de pension peuvent avoir accès à des informations plus précises sur des politiques et des déclarations pour une meilleure gestion de leurs risques. Les risques sur les dettes et les assurances peuvent être également réduits, grâce à une meilleure observation du client et de ses habitudes.

Ainsi, le Big Data permet d’améliorer les connaissances des firmes sur leur industrie, leurs opérations et leurs clients. En conséquence 63% des institutions financières auraient au moins un projet relatif au Big Data en production, d’après un rapport de New Vantage Partners.

Des institutions plus globales peuvent améliorer leur capacité à opérer sur différents marchés aux données disparates en comprenant mieux, et surtout à un coût largement réduit le fonctionnement, et les spécificités de chaque marché.

«Les banques utilisant le Big Data pour comprendre les pertes de clients ont une avance de 12% en terme de parts de marché face aux banques ne l’utilisant pas.»

Enfin, le Big Data permettrait à usage interne d’améliorer l’analyse de la conformité des opérations avec les régulations et les attentes publiques, ce qui augmente leur transparence. Les organisations peuvent aussi prendre des décisions stratégiques et faire des efforts relatifs au recrutement et à la conservation de leurs effectifs, ce qui rend possibles d’importantes réductions de coûts.

Aujourd’hui, selon Forbes, seul 0,5% des données sont analysées ou utilisées. En d’autres mots, seule une infime partie du potentiel du Big Data est exploitée, et pourtant de nombreux défis se présentent. Des questions d’intégrité des données se posent face aux atteintes à la vie privée et il reste difficile pour les firmes de prévoir si de tels investissements onéreux seraient utiles, et comment ils devraient être appliqués. Certaines compagnies, distantes du Big Data, pourraient manquer un réel tournant.

En conclusion, le Big Data est souvent comparé à la ruée vers l’or du XXIe siècle, mais en vérité, au vu des défis et des coûts imposés par ce secteur, il semble plus s’apparenter à l’exploration des grands fonds marins: largement inconnus et sources des rêves les plus fous.

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