Luce Engérant - Le Délit https://www.delitfrancais.com/author/luce-engerant/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Fri, 12 Feb 2021 19:53:00 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 L’industrie pour redonner vie https://www.delitfrancais.com/2017/10/03/lindustrie-pour-redonner-vie/ Tue, 03 Oct 2017 14:52:47 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=29375 Une Conférence Canadienne sur le recyclage et l’économie circulaire à Montréal.

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Ce mercredi 27 septembre, Montréal accueillait la Conférence Canadienne sur le Stewardship (Canadian Conference on Stewardship, en anglais, ndlr). Ce congrès bi-annuel réuni des participants provenant des milieux privé et public autour du thème de la Responsabilité Élargie des Producteurs (REP).  D’après l’organisateur principal, Mark McKenney, cette édition 2017 était l’une des plus importantes avec environ 400 participants.

Une conférence créée pour les producteurs

La conférence, dont la première édition avait eu lieu en 2005 à Toronto, a d’abord été créée comme forum de discussion pour des compagnies privées. M. McKenney explique: «Les compagnies, régies par des lois [environnementales]

qui faisaient du recyclage ou de l’éco-design de leurs côtés voulaient pouvoir discuter ensemble de ce qu’elles faisaient, de ce qu’elles aimaient et n’aimaient pas». Depuis, la provenance des participants s’est élargie. L’édition de 2017 ne comptait qu’un tiers de ces compagnies dites «productrices», contre presque un tiers de participants issus du gouvernement municipal ou provincial, et un tiers d’exposants (recycleurs, consultants, fournisseurs).

Malgré tout, l’emphase reste sur la responsabilité des producteurs. L’orateur principal, M. Jean Lemire, écologiste et cinématographe Québécois, incite chacun des participants, quelque soit leur industrie, à être «leader dans ce qu’il connait de mieux» pour créer «un momentum autour du développement durable».

Accent sur l’économie circulaire

Le thème de cette édition 2017 était l’économie circulaire. D’après la définition de l’Institut de l’économie circulaire, ce concept cherche à remplacer le «schéma linéaire de production: matières premières extraites > production > consommation > déchet» en créant des «boucles de valeur positive», soit la réutilisation des matières post-consommations.

Pour M. McKenney, c’est un enjeu très important. Un représentant du gouvernement canadien, délégué à la conférence, confirme qu’en ce moment, l’économie circulaire est un mot à la mode dans le domaine du développement durable. 

Un concept qui, d’après la recherche commissionnée par la conférence et présentée par M. Rob Hutton, vice-président du Innovative Research Group, pourrait aller au delà de la REP et aider à engager d’avantage la responsabilité du consommateur.

Contexte Québécois?

Pour M. McKenney, l’appariement du thème de l’édition 2017 et sa tenue à Montréal est excellent, car pour lui: «le Québec est très actif dans ce domaine [l’économie circulaire]».

En effet, le partenaire principal de la conférence de cette année, Eco-Entreprise Québec (EEQ), vient d’annoncer que l’organisme fera don à la Ville de Montréal d’un système complet de tri et de nettoyage du verre pour le nouveau centre de tri des matières recyclables, qui devrait voir le jour dans l’arrondissement de Lachine.

Une représentante d’Eco Entreprise Québec, conseillère en optimisation de la collecte sélective et présente à la conférence, explique que ceci représente un investissement de 6,7 millions de dollars canadiens. Cet important investissement, qui fait aussi preuve d’innovation, devrait permettre un meilleur recyclage du verre à Montréal.

Pour elle, la conférence offre l’opportunité, entre autres, de parler à d’autres recycleurs de verre, mais aussi d’explorer la possibilité de vendre le verre recyclé montréalais à de nouveaux marchés.

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Lois de la Nature 6, 7, et de Hobbes https://www.delitfrancais.com/2016/09/27/lois-de-la-nature-6-7-et-de-hobbes/ Tue, 27 Sep 2016 21:24:08 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=25976 Opini-art-re

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chroniquevisu
Luce Engérant | Le Délit

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L’altruisme efficace à quatre yeux https://www.delitfrancais.com/2016/04/05/laltruisme-efficace-a-quatre-yeux/ https://www.delitfrancais.com/2016/04/05/laltruisme-efficace-a-quatre-yeux/#respond Tue, 05 Apr 2016 06:18:11 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=25325 Repenser l'humanitaire.

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Découverte d’une philosophie

Nous sommes à un moment de notre vie où l’on se pose plein de questions. Au-delà du cliché du constat, combien de fois avez-vous sombré en questionnement intérieur suite à la question: «Où veux-tu travailler plus tard?». J’en ai fait l’expérience plusieurs fois, et mes réponses se perdaient à chaque fois dans le vague de mes lignes directrices. Il me manquait une fondation stable, une philosophie de vie, pour combiner mes désirs de faire «le bien dans le monde», mais «de manière intelligente»!

Et puis récemment, j’ai entendu parler de Peter Singer en cours de philosophie politique. Le professeur, un utilitariste australien, nous présente une série de questions, auxquelles je vous invite à réfléchir maintenant.

Si vous voyez un enfant qui se noie dans un lac, avez-vous l’obligation de lui venir en aide, même si cela voudrait dire que vous vous saliriez et manqueriez votre premier cours de la journée? Si vous avez dit oui, changeriez-vous votre réponse s’il y avait d’autres personnes autour du lac, mais que personne ne réagissait? Et si l’enfant n’était pas dans le lac d’à côté, mais dans un autre pays à l’autre bout du monde, mais que vous pouviez néanmoins lui sauver la vie, sans grand coût et absolument sans danger pour vous: devriez-vous le faire?

Si vous avez répondu oui, c’est que vous êtes d’accord en principe avec l’idée que nous avons une responsabilité morale à venir en aide aux autres. Que nous les connaissions ou non, qu’ils soient devant nos yeux ou dans un pays lointain.

Singer extrapole cette logique à l’échelle mondiale. D’après l’UNICEF, tous les jours 16 000 enfants meurent de maladie évitable, liée à la pauvreté. Pouvons-nous prévenir ces morts? La réponse est oui, en donnant quelques dollars à une association caritative comme la fondation Contre la Malaria. Alors, conclut-il, avec une telle solution à portée de main, ne pas donner, ou mal donner, serait comme marcher au bord du lac en laissant l’enfant se noyer.

En approfondissant mes recherches, j’ai réalisé que la philosophie de Singer avait donné naissance à tout un mouvement: l’altruisme efficace (effective altruism en anglais), qui avait justement une branche à McGill.

Charlie

Éthique appliquée à l’université

Le groupe Altruisme Efficace pose une question: utilisons-nous nos ressources de manière optimale? Les conséquences de nos actions reflètent-elles l’altruisme de nos intentions?

Depuis quelques années, les associations caritatives sont évaluées par des groupes spécialisés (comme GiveWell), qui se fondent sur des critères précis et quantifiables tels que la transparence et le rapport coût-efficacité afin de déterminer avec précision l’utilité des associations. Par exemple, la fondation Make-A-Wish estime le coût moyen pour réaliser le rêve d’un enfant mourant à environ 7 500 dollars. Parallèlement, la fondation Contre la Malaria sauve une vie pour 2 840 dollars. Ces résultats nous permettent d’orienter les différents groupes des universités, désireux de verser de l’argent, vers des associations dont l’efficacité a été quantitativement prouvée, en les encourageant à examiner d’un œil nouveau les causes qui leur tiennent personnellement à cœur.

Aussi, Effective Altruism invite ses membres à considérer, avec une lucidité nouvelle, leur choix de carrière et d’aller à l’encontre de la doxa. Elle explique qu’en travaillant pour une œuvre de bienfaisance ou une ONG, on n’aide pas forcément plus qu’en réformant de l’intérieur les actions d’un groupe extracteur de pétrole.

À McGill, l’éventail d’initiatives étudiantes est monté sur des brins solides: la conscience sociale. Les étudiants agissent pour leurs convictions et utilisent leur temps et leurs ressources pour lutter contre les injustices, donner une voix à ceux qui en sont privés, faire de notre monde un monde meilleur. L’altruisme efficace encourage chacun à associer son coeur et ses passions philanthropes à sa raison.

L’approche quantitative sera vue par beaucoup comme une approche froide et inhumaine, car les hommes ne sont pas des statistiques. Cependant, en philanthropie, la fin n’est-elle pas plus importante que le moyen? 

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Donner des nuits pour les sans-abris https://www.delitfrancais.com/2016/03/21/donner-des-nuits-pour-les-sans-abris/ https://www.delitfrancais.com/2016/03/21/donner-des-nuits-pour-les-sans-abris/#respond Tue, 22 Mar 2016 04:34:44 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=25216 L’équipe de «5 jours pour l’itinérance» mène une campagne réussie à McGill.

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«On a eu plusieurs nuits sous la pluie, mais malgré les difficultés on garde le sourire! Après tout, ça fait partie de l’expérience» s’exclame Thomas, un des participants de «5 jours pour l’itinérance». L’événement, qui a eu lieu du dimanche 13 au vendredi 18 mars, a réuni plusieurs étudiants de McGill qui ont dormi à la belle étoile en face de la bibliothèque McLennan. Leur but: sensibiliser les étudiants aux problèmes des sans-abris et collecter des fonds pour deux organisations locales: Chez Doris et Dans la Rue.

L’histoire d’une campagne

La branche de McGill de «5 Jours pour l’ Itinérance», (5 Days for the Homeless, ndlr), fait partie d’une plus large campagne, présente dans diverses écoles de commerce à travers le Canada. En effet, l’organisation non-gouvernementale (ONG) a été fondée par des étudiants de commerce de l’université d’Alberta, qui avaient identifié l’itinérance comme un problème social important et qui voulaient redonner à leur communauté. Depuis sa création en 2005, l’ONG a récolté plus de 1 600 000 dollars canadiens pour la cause.

La singularité de la campagne? Au lieu d’être affiliée à une seule ONG, chaque école choisit de donner à des organisations locales qui travaillent sur l’itinérance. À Montréal, McGill et l’école de commerce John Molson de Concordia ont uni leurs forces pour donner les fonds récoltés à Dans la Rue et Chez Doris, qui viennent en aide aux femmes et jeunes en situation de précarité.

Nous amenons les étudiants à se questionner

Résultats des dons?

C’est un pari réussi pour 2016. Meghan Bottomley — étudiante en troisième année en science politique et études canadiennes — co-organisatrice de la campagne, nous explique: «Notre but était de gagner 15 000 dollars canadiens et nous en avons récolté plus de 16 000!». Cette année, la plupart des dons ont été effectués en ligne — une différence par rapport à l’année dernière, que Meghan explique par le nombre réduit des bénévoles. «Nous étions à peu près moitié moins cette année, donc moins pour le canvassing (récolte de dons au sceau auprès des passants, ndlr)».

Une campagne controversée

Mais alors qu’on pourrait fêter les résultats de la campagne orange-tonique, un nuage surgit à l’horizon. Cette année encore, la campagne n’a pas été libre de toute critique. Certains s’offensent de ce qu’ils considèrent comme un «jeu de mauvais goût», où les étudiants privilégiés jouent à être des sans abris. L’année dernière, une professeure de l’université de UBC (Université de la Colombie Britannique) Litsa Chatzivasileiou avait écrit un article cinglant, «Homelessness is not a choice» («L’itinérance n’est pas un choix», ndlr), qui a refait surface cette année. Elle dénonce en particulier une campagne «pseudo-altruiste», qui aide les entreprises à nettoyer leur nom de marque en l’associant à une ONG. Une campagne qui perpétue aussi le projet colonial, car elle manque de reconnaître que l’itinérance affecte disproportionnellement les autochtones et que la campagne a lieu sur des terres appropriées. Enfin, l’auteur critique l’appropriation du problème par les étudiants, qui, dès lors, taisent la voie des premiers affectés: les sans-abris.

C’est un pari réussi pour 2016

Les organisateurs sont au courant de ces critiques et d’après Meghan ce sont des arguments «valables et importants à discuter pour la campagne». La co-organisatrice dénonce par contre quelques accusations mal-fondées. Cette année par exemple, «5 Jours McGill» n’a reçu aucune donation d’entreprise: «nous ne sommes donc pas une avenue par laquelle les commerces peuvent faire leur autopromotion». Elle explique aussi que  le but essentiel de la campagne est de faire une collecte de fonds pour ces organisations qui font un travail exceptionnel: Chez Doris et Dans la Rue. Cent pour cent des donations leur sont reversées. En plus, «cette année nous avons fait un effort pour travailler plus proches d’elles et faire plus de volontariat en plus de la levée de fonds».

Qu’en est-il des commentaires qui reprochent  aux étudiants de «jouer la comédie»? Thomas, un participant, se défend: «Nous sommes conscients que pour nous, après une semaine, nous retournons à la maison et ne faisons pas face aux réalités constantes que représente la vie dans la rue: la solitude, les troubles mentaux et la marginalisation extrême. Là n’est pas notre but. Nous amenons les étudiants à se questionner». Il explique aussi que «notre mouvement est rempli d’empathie»: d’une part par l’expérience, qui donne un aperçu de la difficulté physique de vivre par manque de sommeil, mais aussi par les rencontres faites au cours de la semaine.

Vittorio Pessin

Rencontrer et apprendre

En effet, au cours de la semaine, les étudiants n’ont pas seulement dormi à la belle étoile, mais ont aussi rencontré plusieurs acteurs principaux. Mercredi, les participants on reçu la visite de Dans la Rue et leur service de première ligne: La Camionnette (The Van). Elle parcours la ville cinq fois par semaine et distribue des chien-chauds aux jeunes en situation de précarité. Les volontaires qui ont rencontré l’équipe de McGill expliquent que c’est ici que beaucoup de jeunes itinérants entendent parler de Dans la Rue pour la première fois, et des services qui pourraient les aider.

Le jeudi soir, les participants de McGill et de Concordia sont aussi allés partager leur nourriture avec les sans-abris dans la ville. Un moment de rencontres émouvantes d’après une participante qui raconte avoir été touchée par sa rencontre avec Terry, qui est Objiwé, de Barrie, Ontario: «Il nous a parlé du Mouvement Occupy Winnipeg auquel il a participé».

La semaine terminée, malgré le froid, les participants en garderont un souvenir positif. Thomas explique: «Le plaisir est contagieux et comme chaque année, c’était le meilleur moment du semestre: nouveau amis, nouvelles expériences, nouveaux échanges». Mais le problème de l’itinérance à Montréal continue et demandera de nouveaux efforts. On espère que les critiques de cette année susciteront des conversations constructives pour l’amélioration continue de la campagne pour l’année prochaine. 

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Altmejd en Flux https://www.delitfrancais.com/2015/09/15/altmejd-en-flux/ https://www.delitfrancais.com/2015/09/15/altmejd-en-flux/#respond Tue, 15 Sep 2015 21:07:57 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=22966 Le MAC expose l’imaginaire de David Altmejd.

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BOUM BOUM BOUM – Un gorille frappe à la porte et vous tend un fragile petit pétale de pâquerette. Quelque chose cloche, et pourtant…

Telle est l’expérience de FLUX, la rétrospective de David Altmejd à laquelle on pouvait assister pendant la nocturne du Musée d’Art Contemporain (MAC) le vendredi 11 septembre. Les tounes enchaînées du disc-jockey et la horde de visiteurs contrastent avec l’atmosphère singulière et introspective du sculpteur. Au moins la sécurité est déployée pour faire barrage au flot humain: une fois dans la salle d’exposition, on entre dans une clairière parsemée de visiteurs, pas plus nombreux que quelques champignons dispersés dans une forêt. Et cela tombe bien puisque l’exposition représente certains personnages sortis tout droit d’un conte de fée, d’un mythe terrible, ou d’une histoire moyenâgeuse.

FLUX est le premier partenariat dans son genre: collaboration entre le Musée d’Art Contemporain de Montréal et le Musée d’art moderne de la Ville de Paris, l’exposition réunit des œuvres réalisées pendant les quinze dernières années de travail de l’artiste. C’est l’occasion pour Altmejd d’exposer dans sa ville natale: né en 1974 à Montréal il vit et travaille maintenant à New York.

L’exposition commence par une tête. C’est une tête avec des cheveux, une couleur de chair et un trou béant en plein milieu. Dans ce trou poussent quelques cristaux. Cette première œuvre, composée de trois dimensions, est d’autant plus saisissante qu’elle est placée dans un coude de couloir, comme un macabre accueil. Pour amplifier l’effet frappant, on découvre au détour de la prochaine galerie que la première œuvre est inspirée de la tête de la sœur de l’artiste.

Par une adroite appropriation de l’espace et mise en scène des œuvres, Altmejd guide le visiteur de sous-salle en sous-salle, l’attirant dans quelques chambres lumineuses et à travers des galeries sombres, pour lui faire découvrir ses œuvres. On imagine l’artiste créant ce parcours afin de faire entrer le public dans son imaginaire. On suit volontiers le fil de la pensée du sculpteur.

Plusieurs sculptures rappellent le processus de création. Dans une grande antichambre, on découvre une énorme vitrine en plexiglas étiquetée «L’air». La police rappelle celle du fameux tableau de Magritte: La Trahison des images où on lit «Ceci n’est pas une pipe». Mais pourtant le contenu de la vitrine n’est il pas que de l’air? Sur un squelette de plexiglas, une forme humaine est à moitié tissée de fils fins. L’œuvre nous fait l’impression d’un atelier de production ou d’une pensée en pleine création dans le cerveau, dans l’imagination de l’artiste.

En entrevue, Altmejd avait dit s’être détourné de la peinture après avoir découvert le pouvoir de la sculpture. En effet, il maîtrise à merveille la 3D.  Dans une conférence donnée au MAC en juin, Altmejd expliquait qu’une «sculpture a quelque chose de très particulier que les autres mediums n’ont pas […] Elle existe dans l’espace réel, elle a potentiellement la même présence qu’un corps».

À coté des ses statues de plâtre ressortent ses assemblages féeriques de cheveux synthétiques, noix de cocos, fruits divers, insectes en plastique, cristaux et latex. L’ensemble de ces oeuvres font référence à la force de la création humaine, à la métamorphose des choses, ou à l’énergie créatrice qui surgit des êtres (zèbres ou hommes). Avec l’aide de ses vitrines impressionnantes on peut découvrir des formes presque tangibles sur la face ouest, et qui se décomposent entièrement sur la face sud.

Après cette visite dans l’imaginaire d’Altmejd, le visiteur ne peut que se plonger dans sa propre réflexion. Heureusement que la marée humaine qui grouillait devant l’exposition s’est dissipée et que la nuit de Montréal se prête bien a cet exercice de réflexion. ξ

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Voix lactées https://www.delitfrancais.com/2015/03/17/voix-lactees/ https://www.delitfrancais.com/2015/03/17/voix-lactees/#respond Tue, 17 Mar 2015 14:15:56 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=22596 Le duo montréalais Milk & Bone lance son premier album.

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La scène électro-pop montréalaise peut se targuer d’accueillir en son sein le duo prometteur Milk & Bone, qui lance son premier album «Little Mourning» sous le label Bonsound ce mardi 17 mars lors d’un concert — très attendu — au Centre Phi.

Le duo féminin, composé de Laurence Lafond-Beaulne et Camille Poliquin, nous propose un album délicieux dont vous pouvez déjà écouter les chansons «Coconut Water», «New York» et «Pressure» en ligne. Artistes complètes, les deux jeunes femmes ont écrit les textes de leur album, en plus de s’illustrer au piano et d’offrir une prestation vocale hypnotique. Combinant des musiques aériennes à des textes terre-à-terre, l’album est un mélange de douceur et de force tranquille, à l’image du nom du groupe.

Mais ce ne sont pas les premiers pas de Camille et Laurence dans le monde de la musique. Musiciennes et choristes de studio, elles ont fait les chœurs sur les albums de David Giguère. Le groupe Misteur Valaire les avait également réunies pour chanter avec lui sur le titre «Known By Sight» sur son dernier album en date («Bellevue», 2013). Mais les deux jeunes femmes, dont la complicité amicale et musicale grandit au fil des collaborations, décident de se lancer au-devant de la scène en formant Milk & Bone. Le public montréalais avait entre autres pu découvrir ce duo lors de l’édition 2014 du festival Les femmes s’en mêlent. Fort de ce passé musical, ce n’est pas étonnant que Milk & Bone nous propose un album mûr, abordant des thèmes crus (comme l’adultère et le désir), réalité brute qu’on retrouve dans le titre de l’album lui-même «Little Mourning».

La force du duo est de proposer un projet fini qui étonne par sa fluidité, mais qui, si on s’y penche de plus près, détonne par le foisonnement de ses sonorités. Enveloppée dans une musique tamisée, chaque chanson éclot et laisse éclater une saveur rythmique distincte – qui à chaque fois nous fait voyager: petit tambour méditerranéen dans «Easy to Read», balade polonaise dans «X», techno parfaite pour l’élite anglaise dans «Elephant». L’Amérique du Nord ressort aussi dans cet album: les thèmes de l’amitié et de l’amour sont dépeints sur des fonds de scènes proches de New York dans la chanson du même nom, alors que d’autres morceaux rappellent Montréal en été («Coconut Water») ou une cabine perdue dans les bois d’une campagne alentour («Elephant»).  D’ailleurs, le duo Milk & Bone a déjà commencé à faire parler de lui en Amérique du Nord mais aussi en France, où les critiques positives applaudissent déjà l’univers et la voix de ses deux jeunes interprètes.

Pourtant, certains pourraient reprocher aux rythmes et aux voix des chanteuses de ne pas être assez punchy, et d’emmener l’auditoire dans le monde dilué du rêve, d’où rien ne ressort vraiment. Même les voix des chanteuses sont indissociables l’une de l’autre. Sensuelles, elles s’entrecoupent et se mêlent pour créer des harmonies, qui sont non sans rappeler l’univers de Lorde, mais passé sous une brume épaisse. Pour d’autres, l’album se dessinera davantage comme un disque électrisant. Aux morceaux languissants et mélancoliques servis par des harmonies oniriques (on pense à «Pressure») s’entremêlent des morceaux plus ronds aux accents pop comme «Watch» — tous parcourus d’un son électro laid-back et entêtant (le final de «New York» nous en donne le meilleur exemple).

Au final, l’album est un millefeuille de planches sonores, avec quelques moments transcendants pâte feuilletée comme le feature rap de Terrell Morris dans «Tomodachi». Harmonies trop liquides ou tout simplement moelleuses, elles sont à dévorer par tous, et raviront à la fois les adeptes de la pop, l’indie pop, l’électro, et même les amoureux de la ballade romantique avec «X», une chanson où les voix cristallines du duo ne sont accompagnées que de la pureté d’un piano.

Alors comment et quand écouter cette album chill et chimérique ? Le Délit, qui a eu un accès exclusif à l’album, a testé son utilisation:

On vous recommande «Little Mourning» le matin, pour se réveiller tout en douceur un dimanche ou une journée d’hiver; pour préserver les brumes du sommeil un peu plus longtemps et prendre le temps de s’habiller, au fil des morceaux. Il est aussi conseillé le soir, sur le chemin nocturne du retour de soirée. La maison vous attend, peut être passez-vous devant la figure stoïque et majestueuse d’un Mont-Royal perdu sous le brouillard, sous un ciel sans étoiles ou à travers une ville illuminée. Votre casque vissé aux oreilles, les sons et les paroles deviennent vos compagnons de fortune et s’égrènent en accord avec la métrique de vos pas. Par contre, l’album est déconseillé pendant la soirée elle-même. Son caractère — fondu et fondant — pourrait laisser penser qu’il serait approprié comme musique de fond pour un rassemblement entre amis proches. Que Nenni. Un peu trop mélancolique pour être partagé en société, «Little Mourning» est plutôt un album à découvrir seul.

En somme, l’album est parfait pour accompagner la langueur d’une chaude journée d’été, quand le soleil vous abandonne somnolant et anesthésié; il ne vous privera pas de l’effet hallucinatoire de la chaleur écrasante, tout en vous désaltérant. Une écoute attentionnée est la clé pour parvenir à discerner le relief et la texture des morceaux – sans oublier le talent vocal de leurs interprètes. Chaque vague de son érode peu à peu les défenses de l’auditeur et les thèmes récurrents de l’amitié et de l’amour, en passant par la sensualité, le désir et la jalousie, vous plongeront surement dans une réflexion sur vos propres relations.

Avec cet album, Milk & Bone décide de laisser le public le découvrir à travers un univers intimiste et personnel, chic et sans une once de prétention. La sortie de l’album, prévue le 17 mars au Canada et le 31 mars aux États-Unis, ainsi que leur concert de lancement (le mardi 17 mars au Centre Phi à 18h00) offrira au public l’opportunité d’écouter le duo montréalais et de se forger sa propre opinion. 

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La grammaire, une chanson douce https://www.delitfrancais.com/2015/01/27/la-grammaire-une-chanson-douce/ https://www.delitfrancais.com/2015/01/27/la-grammaire-une-chanson-douce/#respond Tue, 27 Jan 2015 16:36:40 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=22175 Aucune fausse note pour le trio London Grammar.

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«Hey now, Hey now» commence Hannah Reid, chanteuse du groupe London Grammar, sur quelques notes de piano. La salle, immédiatement, est étreinte par la voix aussi intense que puissante de la chanteuse. Hannah Reid est accompagnée de Dot Major au synthé et aux percussions et de Dan Rothman à la guitare. Ce trio formé à Nottingham connait depuis trois ans une ascension fulgurante, qui «choque» d’ailleurs encore ces jeunes tout juste sortis de l’université, comme l’avouait Dot à la CBC. Et pour cause, leur album If You Wait est devenu album de platine au Royaume-Uni et en France. Pourtant, encore aujourd’hui, internet apporte peu d’informations sur eux, ce qui est dû à la fois à leur courte carrière, à un tempérament assez réservé, mais surtout à un désir de faire peu de presse pour mettre leur musique au premier plan. C’est à travers leur proposition musicale que les fans pourront apprendre à les connaitre, Hannah décrivant ses paroles comme «personnelles et introspectives».

Après la sortie de leur premier EP en février 2013 et de leur premier album en septembre de la même année, London Grammar avait entamé une première tournée européenne fin 2013, se produisant dans toutes les grandes villes d’Europe et dans plusieurs festivals comme celui des Inrocks à Paris. Attendu en novembre dernier en Amérique du Nord, le groupe avait annoncé en octobre – au plus grand dam de leurs fans – le report de la tournée nord-américaine au mois de janvier 2015. Vendredi dernier, les fans montréalais ont donc enfin pu assister au concert du groupe anglais à l’Olympia de Montréal.  Qu’elle soit posée sur quelques notes de piano ou accompagnée par le son des percussions et de la guitare, la voix de la chanteuse sait toujours trouver la bonne note, la bonne intensité. Le groupe parvient à insuffler de la chaleur malgré des tonalités assez classiques, résultat du contact entre le chant mélancolique plein de grâce d’Hannah et les rythmiques déstructurées planantes des deux musiciens. Les chansons, comme le passage d’une main sur une longue robe en velours, se suivent et se mêlent les unes aux autres, délicatement, pour créer un tout qui caresse l’imaginaire de tous. Le groupe, en entretien avec CBC, expliquait que l’esthétique minimaliste de l’album s’est développée avec le temps, suite à plusieurs expérimentations qui les ont confortées dans l’idée que la voix d’Hannah brillait dans cet univers épars. Ce minimalisme donnant naissance à un univers aérien a séduit le public mais également la maison Dior qui a repris Hey Now pour sa nouvelle campagne J’adore.

La salle de l’Olympia, loin d’être aussi grande que certaines salles de concert à Montréal, convenait parfaitement au naturel du groupe, décontracté en jeans et t‑shirts. Dot Major n’a pas manqué de partager quelques anecdotes avec le public – et en français s’il vous plait! Mais l’ambiance intimiste n’a pas empêché la foule d’être, comme l’a souligné la chanteuse, une des plus bruyantes que le groupe ait vu.  À l’Olympia, une chose est sure, vieux et moins vieux ont été charmés par le timbre suave d’Hannah Reid et l’énergie de ses deux compagnons. Le seul petit bémol est que le public venu en grand nombre acclamer le groupe a dû se satisfaire d’une heure de concert seulement.

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Regards (étudiants) croisés https://www.delitfrancais.com/2014/11/03/regards-etudiants-croises/ https://www.delitfrancais.com/2014/11/03/regards-etudiants-croises/#respond Mon, 03 Nov 2014 17:07:37 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=21709 La renégociation de l’accord fait jaser des deux côtés de l’Atlantique.

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L’entente franco-québécoise, signée en 1978, permet présentement à 12 000 Français d’étudier au Québec au tarif québécois et à plus de mille Québécois d’étudier en France au tarif français. La renégociation de l’accord fait jaser des deux côtés de l’Atlantique. Le Délit vous rapporte les propos d’étudiants québécois en France et d’étudiants français au Québec. 

 

« J’ai été très attirée par le multiculturalisme et le dynamisme de [Montréal]. De plus, à mon avis, une institution d’études secondaires en France n’ofre pas le même cadre de diversitéd’opportunités au niveau des implications parascolaires. Ici, quel que soit votre intérêt, il y a souvent une structure, un système de soutien et des connaissances institutionnelles en place qui vous permettent de l’explo- rer. […]. En tant que représentante étudiante sur l’AÉFA et l’AÉUM, et une des seules Françaises sur chaque conseil, je me dois de représenter adé- quatement la communauté française et de me battre contre la hausse quel que soit mon point de vue personnel.» Lola Baraldi, Vice-présidente aux afaires externes de l’AÉFA, McGill 

 

«Je crois [que les relations Québec-France] sont bonnes, mais il y manque, je crois, d’un fort sentiment de fraternité. Les pays de la francophonie devraient se serrer les coudes de façon plus manifeste encore.» Maxime, Récemment diplômé, Lettres, Université Paris-Sorbonne (Paris IV) 

 

«D’un point de vue personnel, ça m’embête [l’augmentation des frais de scolarité]. Mais c’est injuste que les Canadiens paient plus que [les Français] qui n’ont aucune attache ici. Les Canadiens restent, c’est leur pays. [L’augmentation des frais de scolarité pour les Français] est juste pour les Canadiens.» Miki Larrieu, U3, Faculté de gestion, Université McGill 

«C’est dommage [la renégociation de cet accord]. […] Ce n’est pas au proit des universités. […] McGill et Montréal attirent les Français grâce à l’environnement bilingue qu’on y trouve, [et parce que] le Québec est un choix abordable. [En renégociant cet accord], les Français ne viendront plus, le Québec va perdre des gens.» Thibault Leyne, U1, Faculté de génie, Université McGill 

«L’ accord entre le Québec et la France a facilité la procédure de visa, qui était tout de même vraiment compliquée à faire! J’aime aussi beaucoup le fait que je puisse garder mon assurance de la RAMQ en France sans avoir à souscrire à une assurance étudiante.» Stefany, Développement international et mondialisation, Sciences Po Paris 

 

«Des étudiants de mon lycée étaient venus à McGill et m’avaient recommandé l’Université. Les études au Québec représentaient la meilleure option inancière pour ce que c’était. Je n’avais pas envie d’être un fardeau [économique] pour ma famille. [La possibilité] d’étudier en anglais [est aussi] un avantage.» Elisa Sauvage, U4, Majeure en histoire de l’art, Université McGill 

«L’Université [McGill] veut être internationale, mais elle met des barrières [aux étudiants étrangers]. […]. Les études en France sont beaucoup moins chères. Le seul accord qui permet une expérience internationale abordable [pour les Français], c’est celui avec le Québec. Sans accord, je ne serais pas ici. [La renégociation de l’accord] change la donne.» Charlotte Martin, U2, Majeure en sciences politiques, Université McGill 

 

«J’étais attiré en France par la possibilité de vivre en Europe et de voyager dans le continent, la réputation de Sciences Po et la culture française, particulièrement la nourriture… [Par contre] j’étais très surpris, honnêtement, par les prix en France. Je m’attendais à une vie européenne très chère, mais ce n’est vraiment pas le cas. Ceci est peut-être à cause du fait que Reims n’est pas une grande ville comme Paris.» Sam, U1, Majeure en Relations Internationales, campus de Sciences Po Paris à Reims 

Si les frais de scolarité augmentent, […] cela rendra le Québec moins at- tractif et accessible. Les jeunes iront plutôt en Australie ou en Amérique  du Sud. Vous stopperiez une manne dont vous avez aussi besoin. Je suis fier de vivre au Québec, ier de partager cette culture et surtout de la promouvoir quand je rentre en France pour voir ma famille. Je compte […] demander la résidence permanente en vue d’obtenir la nationalité pour rester vivre ici, de préférence à Montréal. Les chances d’avoir une bonne job sont bien meilleures, [les stages] sont bien mieux payés qu’en Europe et surtout on donne aux jeunes bien plus de responsa- bilités: on leur fait coniance.» Xavier Khan, U3, Administration des afaires, HEC Montréal 

 

Toutes les procédures administratives sont très compliquées et longues à faire. Il faut se munir de beaucoup de patience! La majorité des documents ne sont pas numérisés et ça complique la vie de tout le monde. Les bureaux ressemblent souvent à la caverne d’Alibaba.» Gabrielle, Récemment diplômée du master spécialisé en entrepreneuriat, HEC Paris

De manière objective, il me me semble concevable voire normal de devoir payer comme les Canadiens et comme les Québécois. On reste malgré tout privilégiés par rapport aux autres pays et aux autres étudiants étrangers. D’un côté plus personnel, si cette augmentation vient à passer, j’ai peur que cela n’écourte mon aventure québécoise et peut-être m’empêche de continuer ma vie ici après… Les tarifs vont être chers, doubler carrément les frais d’un coup c’est énorme; cela va contraindre un grand nombre d’étudiants français à rentrer. […] Je comprends qu’il faille remédier au problème du déicit, mais il me semble que le Québec a besoin de l’immigration, et nous som- mes une majorité à venir contribuer au développement de la province et à rester par la suite.»

Margaux Gevrey, U1, Enseignement théâtral, UQAM 

 

 

 

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