Jacques Simon - Le Délit https://www.delitfrancais.com/author/jacquessimon/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Mon, 02 Apr 2018 04:55:22 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 Coderre à l’aise devant Plante https://www.delitfrancais.com/2017/10/24/coderre-a-laise-devant-plante/ Tue, 24 Oct 2017 16:13:04 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=29571 Denis Coderre et Valérie Plante ont débattu dans le cadre des élections municipales.

L’article Coderre à l’aise devant Plante est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
C’est à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain que Denis Coderre, maire sortant, et Valérie Plante, deuxième dans les sondages, se sont retrouvés le jeudi 19 octobre pour un débat unique, dans le cadre des élections municipales qui auront lieu le 5 novembre prochain. Entourés de leurs soutiens, de la presse, et de citoyens intéressés, les deux candidats ont débattu pendant une heure sur des thèmes prédéfinis et identifiés comme les «grands enjeux de la métropole». Au menu, «Vivre à Montréal», «Gouverner Montréal», «Réussir à Montréal», et «Se déplacer à Montréal».

Des parcours contrastés

Selon les sondages, Coderre commence avec une avance sur sa principale concurrente. Grâce à sa notoriété, peut-être, mais pas que: «Il a remit Montréal sur la map (carte, ndlr)», explique une de ses connaissances, «Il a un petit côté dictatorial parfois, mais il a redonné un élan à la ville». Ce n’est pas pour autant que le pari est gagné d’avance. Valérie Plante mène une campagne de terrain efficace, offre un large éventail de propositions pour la ville, et monte tranquillement mais sûrement dans les sondages.

Reste que la différence de carrure qui sépare les deux candidats — Coderre en est à sa onzième élection — est marquante et s’est faite sentir pendant le débat. Le maire sortant a fait rire le public avant même que commence la discussion, en se mettant en scène en prenant un selfie avec un large sourire et le pouce levé. Plante, de son côté, a commencé en renversant son micro — qu’elle n’a d’ailleurs jamais relevé — ce qui a eu comme conséquence que sa voix resta plus faible que celle de son adversaire pendant toute la confrontation. Pendant le vif du débat, Coderre s’est montré à l’aise contre son adversaire, esquivant les piques qu’elle lui lançait et les lui retournant de plus belle. Sur le fond, les deux candidats ont débuté leurs ouvertures respectives par un message: Plante en soutenant les femmes qui dénoncent les agressions sexuelles qu’elles ont subies, et Coderre par un land acknowledgement en soutien aux communautés autochtones.

«Valérie Plante a essayé tant bien que mal de déstabiliser son adversaire»

Par la suite, le maire sortant est revenu sur l’efficacité de son mandat, de ses projets aboutis, et le rayonnement mondial de Montréal. Sa concurrente, elle, a reproché à son adversaire un manque de transparence, d’efficacité, et de moyens pour les enjeux de proximité. Manque de fonds pour les logements sociaux, trop de travaux peu productifs, absence de contact avec le contribuable, Valérie Plante a essayé tant bien que mal de déstabiliser son adversaire, impassible. Lui répondait par des exemples concrets de projets aboutis, et pointait du doigt la naïveté d’une personne qui n’avait pas encore connu les difficultés de la fonction.

Des candidats impassibles

Sur le tout, les deux opposants n’ont montré que très peu d’accord si ce n’est leur animosité envers la loi 62, qui a été adoptée à Québec la semaine dernière et qui interdit le port du voile intégral dans certains lieux publics (plus d’informations en page 6, ndlr). «Il n’est pas question de bafouer les droits des Montréalais, et c’est ce que cette loi fait. On ne les privera pas des services publics», a martelé Plante, faisant référence au flou qui entoure la loi quant à l’utilisation des transports en commun.

Coderre acquiesça, rappelant qu’il avait déjà fait savoir son mécontentement auprès du gouvernement provincial et n’entendait pas s’arrêter là.

Il est clair, cependant, que la victoire de ce débat porte le nom de Coderre. Vieux loup de la politique, il a su maîtriser une adversaire jeune et moins expérimentée.

Ce n’est pas pour autant que le maire sortant doit se reposer sur ses lauriers. S’il a gagné une bataille, la guerre n’est pas encore finie et Valérie Plante n’est pas loin derrière.

L’article Coderre à l’aise devant Plante est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Montréal déficitaire pour 2017 https://www.delitfrancais.com/2017/09/26/montreal-deficitaire-pour-2017/ Tue, 26 Sep 2017 12:13:04 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=29281 La ville de Montréal a déclaré qu’elle aurait un déficit de $31,4 millions cette année.

L’article Montréal déficitaire pour 2017 est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Voilà qui doit bien embêter Denis Coderre, maire de Montréal et candidat à sa propre réélection le 5 novembre prochain. Pour l’année 2017, la ville arborera un déficit de 31,4 millions de dollars, alors qu’elle avait pourtant fini l’année précédente avec un surplus de 139 millions. Bien qu’en dessous des 46,5 millions de dollars de déficit annoncés en mai dernier, la nouvelle fait tâche.

C’est le prix à payer, entre autres, pour les festivités du 375e anniversaire de la ville, qui auront coûté aux alentours d’un milliard de dollars, ce que rappelle Valérie Plante, elle aussi candidate aux élections municipales prochaines avec Projet Montréal.

La composition d’un déficit

Faisons un bref rappel à vos cours d’économie.

Qu’est-ce qu’un déficit? Au plus simple, c’est la situation financière de quelqu’un ou de quelque chose qui a moins d’entrées d’argent que de dépenses. Au niveau municipal, quelles sont les entrées de la ville? Tout d’abord, il y a l’aide provinciale qui revient à la ville, les impôts des citoyens, mais aussi les amendes en tous genres, notamment celles de stationnement, qui viennent remplir les caisses de Montréal chaque année. Or, sur ce dernier point, les recettes se font bien maigres par rapport aux prévisions. En effet, 19,7 millions de dollars séparent la réalité de ce qui avait été projeté en début d’année.

Et en ce qui concerne les sorties? Typiquement, il y a les travaux d’aménagement, nombreux à Montréal, et les salaires des fonctionnaires municipaux. Sur ce dernier point justement, les syndicats policiers ont réussi à faire augmenter le régime des retraites des forces de l’ordre, et un accord avec les pompiers ajoute une dépense imprévue à la ville — deux nouveautés qui coutent au-delà de 50 millions de dollars supplémentaires par an.

Mises à part les dépenses classiques, il y a aussi les coûts extraordinaires occasionnels. D’une part, la ville a dû couvrir 41% du milliard de dollars dépensés pour les festivités du 375e anniversaire de la ville, les 59% restants ayant été couverts en majorité par le gouvernement provincial québecois, et le gouvernement fédéral dans une moindre mesure, ainsi que des entreprises privées.

D’autre part, la nouvelle entente avec le gouvernement de Québec, un accord appelé ReflexMontréal et qui donne un statut particulier à la métropole, ajoute 22 millions de dollars de dépenses imprévues dans le budget annuel.

Remettre les points sur les «i»

Lors de son annonce, Yves Courchesne, directeur des finances de la ville de Montréal, a tenu à souligner le caractère minime du déficit. Il est vrai qu’avec un budget annuel de 5,2 milliards de dollars, 31,4 millions ne représentent qu’environ 0,6% du revenu de la ville, ce qui peut sembler négligeable.

L’année 2017 est donc «une année de transition, qui implique des dépenses imprévues. Mais à long terme, la ville sera gagnante parce qu’elle aura droit à une future subvention qui sera indexée», a‑t-il expliqué, faisant référence à ReflexMontréal et les possibles bénéfices que cet accord pourrait amener dans le futur.

« La loi ne permet pas à la municipalité montréalaise d’enregistrer un déficit, il va donc falloir couper ailleurs pour compenser »

Conséquences éléctorales

Cette nuance n’a pas empêché les adversaires politiques du maire de reprendre cette nouvelle à leur avantage. «Nous devons gérer l’argent des Montréalais·es plus efficacement et en toute transparence», a martelé Projet Montréal, principal adversaire de Coderre, sur Facebook.

Même reproche issu des rangs de Coalition Montréal: Marvin Rotrand, conseillé municipal de la formation et joint par Le Délit se questionne sur les raisons de ce déficit. «Y a‑t-il eu des ententes trop généreuses avec les syndicats? Des coûts cachés dans l’organisation du Grand Prix de Montréal ou du 375e anniversaire de la ville?» s’interroge t‑il. «Tout cela reste sous forme de questionnement, je ne peux pas y répondre, mais c’est inquiétant et ça aurait dû être évité.».

La loi ne permet pas à la municipalité montréalaise d’enregistrer un déficit, il va donc falloir couper ailleurs pour compenser. «Le fait que nous soyons en période électorale suggère que cela n’était pas prévu» explique Rotrand. Désormais, l’équipe Coderre est en effet dans l’obligation de trouver un domaine où couper des fonds, une démarche rarement appréciée par les électeurs.


Le déficit de Montréal en chiffres : 

L’article Montréal déficitaire pour 2017 est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Entretien avec Kiev Renaud, écrivaine mcgilloise https://www.delitfrancais.com/2017/08/05/entretien-avec-kiev-renaud-ecrivaine-mcgilloise/ Sat, 05 Aug 2017 15:21:46 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=28913 Le Délit s'est entretenu la finaliste du prix de la nouvelle Radio-Canada.

L’article Entretien avec Kiev Renaud, écrivaine mcgilloise est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Le Délit : Est-ce que tu peux te présenter rapidement ?

Kiev Renaud : Je suis étudiante au doctorat à McGill au département de langue et littérature françaises et, à côté de ma thèse, je fais aussi de la création littéraire. J’ai publié un roman chez Leméac en 2016, Je n’ai jamais embrassé Laure et je travaille pour la revue Contre-jour : cela me permet différentes approches de la littérature, c’est le bonheur!

 

LD : Dans Pratique d’incendie [le texte finaliste pour la nouvelle Radio-Canada 2016], ce qui est marquant, c’est que tu parles de l’angoisse de la banalité. La protagoniste a peur de n’avoir rien à dire. C’est paradoxal pour quelqu’un qui est auteure et qui, justement, raconte des histoires. Est-ce que c’est quelque chose que tu ressens toi ? Comment fais-tu pour combattre l’angoisse de la feuille blanche ?

KR : Je n’ai jamais eu de problème de « page blanche », je ne peux pas dire que j’ai ce type d’angoisse. Avant, j’attendais l’inspiration. Maintenant, j’ai compris qu’il faut s’assoir et travailler, qu’il n’y a pas de secret. La nouvelle « Pratique d’incendie » est un peu une métaphore de ça : la narratrice est comme une écrivaine qui a peur de n’avoir rien à raconter; pour elle, si sa maison n’a jamais brûlé, sa vie n’est pas intéressante. Alors elle fabule sur des trucs et invente des histoires, elle n’attend pas que les événements surviennent.

 

LD : Pour toi, l’angoisse de la feuille blanche c’est quelque chose de faux, si on travaille assez. Est-ce que, du coup, être auteur comme toi, c’est juste une question de boulot ou il y a une part de talent aussi ?

KR : Je viens de complètement rejeter l’idée de la page blanche, mais je la vis aussi d’une certaine façon : quand on a un projet de texte en tête, on le gâche nécessairement en l’écrivant. Ce n’est plus le projet idéal, parce qu’il est vrai : alors que ce qu’on avait imaginé, c’était le roman de notre vie. J’ai passé des années à ne pas écrire Je n’ai jamais embrassé Laure! Au début, c’était un roman de science-fiction ! Un jour, je me suis lancée et c’est en l’écrivant que je suis parti à la découverte du projet. J’essaie d’avoir confiance. J’ai déjà été bloquée des semaines sur un projet sans savoir ce qui allait se passer, mais j’ai aussi compris que les réflexions, les idées demandent du temps. Je peux porter une idée longtemps et avoir tout à coup une illumination qui me fait tout dénouer : l’illumination ne vient pas des muses mais du temps, simplement, de la macération – comme on trouve plus facilement nos clés quand on ne les cherchait plus.

 

LD : Comme tu es une auteurE, crois que ça fait une différence dans le monde littéraire ? Est-ce que les œuvres sont plus acceptées, moins acceptées ?

KR : Je ne sais pas trop comment répondre à cette question. Marguerite Duras dit quelque chose de tellement beau à ce sujet : « Tous les hommes font de la littérature qui se ressemble. La seule différente c’est la littérature féminine.  C’est comme si c’était une maladie locomotrice. Ils ne peuvent plus aller à droite, ils ne peuvent plus aller à gauche, ils sont obligés de suivre. Tandis que nous, nous n’étions pas sur la route. »

J’ai choisi de parler des relations entre femmes parce qu’il s’agit d’un point aveugle en littérature, qui offre très peu de représentations simplement normalisées, qui ne passent pas par le regard des hommes. Je n’ai jamais embrassé Laure parle de relations humaines, le fait que ce soit deux femmes qui s’aiment n’est qu’un détail.

 

LD : Par rapport à Je n’ai jamais embrassé Laure, est-ce que tu peux expliquer ce que c’est un « roman par nouvelles »?

KR : C’est un recueil de nouvelles, mais à un tel point unifié qu’elles peuvent être lues comme un seul et même roman. Le fil chronologique n’est pas important, cela peut être dans le désordre, mais il y a nécessairement un fil entre les textes, un début et une fin. C’est drôle parce que j’ai d’abord été portée vers cette forme par instinct : j’ai écrit plusieurs nouvelles avec les mêmes personnages qui revenaient et je me suis rendue compte que je situais de cette façon différents moments de leur vie. En les mettant tous ensemble et en travaillant la chronologie, ça se lisait comme un roman et cela faisait une histoire.

 

LD : Pourquoi as-tu choisi ce modèle d’écriture par rapport au roman ?

KR : Il ne se passe pas grand-chose dans Je n’ai jamais embrassé Laure. Et, surtout, il ne se passe pas grand-chose dont on soit certain : toute la tension se construit autour des non-dits, des différents points de vue qui se confrontent. Ce que j’ai voulu travailler, c’était la finesse des relations. C’est un peu comme regarder un album photo : différents moments croqués dans la vie de ces femmes. La forme du roman par nouvelles m’est donc venue naturellement et m’a permis de travailler différentes voix : pour moi, ça a presque été un exercice d’écriture.

 

LD : Il y a des histoires chouettes par rapport aux contextes dans lesquels se mettent les auteur.e.s pour écrire. Par exemple, Hemingway avait un bar à Cuba où il allait et se mettait debout pour écrire. Est-ce que tu as une histoire semblable ?

KR : Je n’ai vraiment pas d’histoire! Ça va dans ma démystification du travail d’écriture : avant j’écrivais la nuit, pour ne pas me faire déranger; alors que maintenant… J’écris quand je peux, toujours au même endroit, à mon bureau. C’est surtout une histoire de routine. En se mettant dans un tel contexte, qui a déjà marché, on dirait que ça appelle l’inspiration. Ça n’a rien d’exotique. Ce n’est pas définitivement pas un bar à Cuba.

 

LD : Comment fais-tu pour conjuguer études et écriture ? Est-ce que ce sont des choses qui se font en parallèle ou est-ce qu’elles se croisent ?

KR : J’ai eu mon idée de thèse en travaillant sur Je n’ai jamais embrassé Laure : j’essayais de décrire mon personnage de Laure, qui est très belle, et il ne me venait que des clichés. Elle est « blonde et pulpeuse »; je te dis ça et je suis mal à l’aise. C’est vraiment difficile à décrire. J’ai décidé de creuser la question et je fais ma thèse sur le portrait de la beauté en littérature contemporaine, à savoir comment s’inscrire dans une tradition littéraire, la réitérer ou la renouveler. Ces questions de recherches m’aident à mieux comprendre ma pratique.

 

LD : Le fait que tu aies passé d’un contexte où tu écrivais seule à un contexte où c’est ton boulot a‑t-il enlevé un certain romantisme ?

KR : C’était le romantisme qu’il me fallait quand j’étais adolescente. Je me disais : « voilà, j’écris des textes et je suis un être passionné. » Je me suis calmée. C’est vraiment libérateur de traiter la littérature comme un travail, la langue comme un matériel.

 

LD : Ça t’a pris combien de temps écrire Je n’ai jamais embrassé Laure ?

KR : C’est un projet que j’ai porté quatre ans, mais ça m’a pris un an de travail acharné pour l’écrire, en retravaillant sur de vieilles versions. Jusqu’aux dernières épreuves, je révisais et coupais. Une chance qu’ils l’ont envoyé chez l’imprimeur, car j’aurais continué de couper. Il aurait resté trois lignes.

 

Le dernier livre de Kiev Renaud est disponible ici.

L’article Entretien avec Kiev Renaud, écrivaine mcgilloise est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Entretien avec Deluxe https://www.delitfrancais.com/2017/07/15/entretien-avec-deluxe/ Sat, 15 Jul 2017 21:48:21 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=28881 Le Délit a pu parler au groupe Deluxe au lendemain de leur concert au Festival international de jazz de Montréal.

L’article Entretien avec Deluxe est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Le 4 juillet dernier, le groupe français Deluxe est venu faire danser le public du Festival international de jazz de Montréal. Devant le Club Soda, une longue queue s’étendait jusqu’au coin de la rue, tournait et allait se terminer quelques dizaines de mètres plus loin. Visiblement, le groupe d’Aix-en-Provence a des fans au Canada.

Quand les six musiciens sont montés sur scène, arborant moustaches et costumes comme à leur habitude, ils ont trouvé un public conquis qui chantait volontiers leurs chansons avec eux. Seul volet canadien du Stache Tour, Montréal a eu droit à une soirée déchaînée.

Le lendemain, Le Délit a pu parler au groupe.

 

Le Délit : Qu’est ce que ça fait pour vous de jouer au Québec ?

Deluxe : C’est trop bien ! C’est la deuxième fois qu’on vient et c’est un plaisir à chaque fois. L’accueil est top, c’est vraiment sympa.

 

LD : Comment est-ce-que vous qualifiez votre musique ?

Deluxe : C’est un peu un melting-pot. Je pense que chacun s’y retrouve : on fait un peu de chanson française, de hip hop, en passant par le jazz et l’électro. Du coup, c’est un peu compliqué à définir mais nous on aime dire qu’on fait du jazz-soul-hip-hop-funk.

 

LD : Comment est-ce-que vous avez construit votre style ?

Deluxe : On l’a construit par des années de collaboration et de travail entre nous. On a beaucoup joué dans les rues du sud de la France, ça nous a permis de nous construire un background assez solide avec le groupe.

 

LD : Est-ce-que vous avez évolué depuis vos débuts ?

Deluxe : Oui ! Au début c’était beaucoup plus énervé. Aujourd’hui on essaye de faire des choses un peu plus calmes mais qui parlent plus. Il y a eu plusieurs passages.

 

LD : Est-ce-que vous éprouvez une forme de nostalgie en repensant à cette époque où vous jouiez dans la rue ?

Deluxe : Carrément, d’ailleurs on y retourne souvent ! Pour le délire, on a sorti un DVD il y a un an pour une tournée qu’on a improvisée dans toutes les grandes villes de France. On prévenait les gens au dernier moment qu’on allait jouer à tel endroit, et on se retrouvait à 2000 dans les rues. C’était vachement drôle.

 

LD : Pourquoi la moustache ?

Deluxe : C’est un ralliement de groupe, c’est ce qui nous lie d’une certaine manière. C’est un peu un porte-bonheur.

 

LD : Et vos costumes ?

Deluxe : Les costumes ont toujours été très importants pour nous. On s’est toujours dit que si on avait l’occasion de monter sur scène, on serait costumés. Du coup, on bosse régulièrement avec notre costumière Louanna. D’ailleurs, on travaille sur une nouvelle série de costumes en ce moment. On change de costume à chaque tournée.

 

LD : Comment avez-vous appris l’anglais ?

Deluxe : C’est grâce à notre chanteuse, Liliboy, qui est franco-américaine et qui parle donc très bien anglais. Du coup, on parle essentiellement anglais entre nous, même dans les répètes, ou en studio. Pour elle, c’est très important qu’on fasse ça.

 

LD : Pourquoi est-ce-que vous avez choisi d’utiliser cette langue dans vos textes ?

Deluxe : C’est à l’image des musiques qu’on écoute et parce qu’on aime cette langue qui est plus facilement musicale.

 

LD : Vous avez collaboré avec M et IAM—des grands noms de la musique française. Si vous pouviez faire une collaboration avec n’importe quel artiste, vous choisiriez qui ?

Deluxe : On aime bien Prince, Amy Winehouse, Michael Jackson… voilà, si on devait choisir, ce serait sûrement parmi ces trois-là.

 

LD : Vous avez des projets pour le futur dont vous pouvez nous parler ?

Deluxe : D’abord, on termine le Stache tour. Après on va s’arrêter pendant un bon moment, en attendant d’avoir un album qui nous plaise. On ne sait pas trop ce qui nous attend, là.

L’article Entretien avec Deluxe est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Une vieille star frémit au loin https://www.delitfrancais.com/2017/07/11/une-vieille-star-fremit-au-loin/ Tue, 11 Jul 2017 08:22:45 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=28876 Bob Dylan s’est produit au Centre Bell de Montréal le vendredi 30 juin.

L’article Une vieille star frémit au loin est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Le 30 juin, une star comme on en fait rarement était de passage à Montréal. Devant un Centre Bell quasi-rempli, Robert Zimmerman, dit Bob Dylan, est venu chanter quelques chansons pour le public du Festival international de jazz, conquis d’avance.

 

Le billet indiquait un début de spectacle à 20h. Tant pis pour les retardataires, Dylan et son groupe ont commencé avec une précision militaire. Les huit coups de l’horloge n’avaient pas fini de retentir que déjà, les musiciens commençaient la première chanson.

De derrière son piano—dont il se détachera qu’à l’occasion pour se mettre au devant de la scène avec un micro—Bob Dylan a chanté des chansons puisées tant dans son large répertoire qu’ailleurs. Don’t think twice, it’s all right, Highway 61, ou Blowin’ in the wind, autant de piliers de la chanson folk américaine, côtoyaient des compositions plus récentes ainsi que de reprises de Sinatra.

Musicalement, Dylan sait s’entourer. À six sur scène, les musiciens ont fait une performance sans faute. Ils se connaissent, visiblement. Pas une parole, un regard de côté, pour les mélomanes : ils savent ce qu’ils doivent faire, quand, et comment. Le résultat est bluffant. On dirait un vinyle qui joue.

Dylan, lui, de haut ses 76 ans, n’est plus tout jeune. Pas d’acrobaties—ça n’a jamais été son style et puis ça risquerait de froisser son costard blanc—ni de guitare ou d’harmonica. Mise à part les cordes vocales, ses seules armes sur seine son les touches en ivoire. Sa voix, autrefois claire, s’est aggravée. Roque, il fait trembler la salle avec son ton de ténor. Et pourtant, il maîtrise son art : à la Tom Waits, son chant n’est pas obscurcie mais enrichie, à pris du corps, avec les années.

 

Malgré la qualité de la musique, un doute plane sur la salle durant tout le concert : serions-nous entrain de l’emmerder ? Est-ce-que Bob Dylan, qui n’en est plus à sa première tournée, en aurait marre ?

Dans la queue pour rentrer dans la salle, nous sommes informés du fait que nous ne pourrons pas prendre de photos, même sans flash. Pourquoi ? « Monsieur Dylan n’aime pas ça » s’explique la dame, sympathique par ailleurs, qui oriente la foule. Allons bon. Et comment Monsieur Dylan imagine-t-il que je vais nourrir ma story Snapchat ? Bref, passons. De toutes façons, à l’âge des smartphones, il en faudra plus pour nous empêcher d’immortaliser la scène : the times they are a‑changin’.

Mise à part cela, le chanteur a économisé sa salive pour ses chansons. Pas un mot ne lui a été décroché par la salle qui avait pourtant d’yeux que pour lui. Pas un « bonjour » en montant sur scène, pas une amitié entre les chansons, pas un « merci » à la fin. En guise d’au revoir, Dylan se place au milieu de la scène, avec ses musiciens, fixe le public… et part.

 

Vu le prix du billet—qui dépassait la centaine de dollars—on aurait pu espérer un accueil plus chaleureux et une mise en scène un peu plus travaillée. La scène, peu illuminée, n’était pas rediffusée sur un grand écran: tant pis pour ceux qui n’ont pas déboursé les gros billets et qui se sont donc retrouvés au fond.

Étudiants, étudiantes, vous qui avez de petits moyens, si l’envie vous prend de voir Dylan, peut-être feriez vous mieux de garder vos sous pour vous acheter un de ses disques, un bon truc à boire, et d’écouter ça tranquillement affalés sur votre canapé !

L’article Une vieille star frémit au loin est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Frédéric Lefebvre oscille entre avocat et député https://www.delitfrancais.com/2017/06/01/frederic-lefebvre-oscille-entre-avocat-et-depute/ Thu, 01 Jun 2017 21:57:18 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=28738 Frédéric Lefebvre s'est joint à un cabinet d'avocat international pendant son mandat de député.

L’article Frédéric Lefebvre oscille entre avocat et député est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
 

Entre remise en cause de l’intégrité de M. Lefebvre et l’exclusion de M. Regnard du parti Les Républicains, cet avant premier tour des législatives a été mouvementé pour la droite. Aujourd’hui député sortant et candidat à sa réélection, Frédéric Lefebvre n’est pas sûr de garder sa place à l’Assemblée nationale française. Lui qui a été élu en 2013 à l’occasion d’une élection partielle qui connut à l’époque un taux d’abstention de l’ordre de 80% est menacé sur sa gauche par Roland Lescure, candidat du mouvement d’Emmanuel Macron, et sur sa droite par Damien Regnard, candidat désormais dissident des Républicains.

Attaqué pour avoir employé sa femme comme collaboratrice parlementaire, et pour avoir continué à siéger au sein du Conseil régional d’Île-de-France alors élu député, il apparaît que M. Lefebvre a en début d’année rejoint un cabinet d’avocat international basé à Atlanta, en Géorgie.

Lemoine & co.

Créé en 1997, le cabinet d’avocats Carreras & Lemoine donne des conseils légaux en matière de droit international. Les deux avocats éponymes sont Eduardo Carreras et Dominique Lemoine, tous deux titulaires du barreau de l’État de Géorgie. Depuis 1992, monsieur Lemoine est aussi admis au barreau de New York. Quant à Monsieur Carreras, il avait été admis en 1979, mais a été suspendu à deux reprises, une fois en 2004 et une autre en 2013. Monsieur Lefebvre, lui, n’est titulaire d’aucun barreau de quelque État américain.

Le cabinet change de nom en janvier 2017, et devient Lemoine & Lefebvre. La description fournie par Linkedin est identique pour les deux entreprises, si ce n’est que la deuxième a «strategic investment advice» («conseils d’investissement stratégique», ndlr) à sa liste de compétences. Sur la page Facebook du cabinet, peu active, on peut notamment voir un post vantant la proximité apparente entre Frédéric Lefebvre et Bill Clinton lors de l’inauguration du président américain Donald Trump.

Interrogé par Le Délit, Dominique Lemoine a confirmé le rattachement du député des Français à l’étranger au cabinet. «Le nom du cabinet a été changé au cours du premier semestre de 2017» a‑t-il expliqué, précisant toutefois que la «participation» du député n’est pas encore «opérationnelle», et qu’il n’a, jusqu’à lors «contracté aucun client et [n’a] perçu aucune rémunération». M. Lefebvre, avocat au barreau de Paris, travaillera pour le bureau parisien du cabinet, indique M. Lemoine.

Lefebvre se défend de toute mauvaise intention

Interrogé par le Délit à travers son conseiller de presse Jean-Christian Larrain, monsieur Lefebvre s’est défendu  de toute mauvaise intention. «Une association est un grand classique» dans [la profession d’avocat ]» a‑t-il expliqué, avant d’ajouter que cette union «ancr[ait] encore plus [son] activité en Amérique du Nord».

Qui plus est, le député assure avoir reçu le «quitus du déontologie de l’Assemblée nationale en France en mars». Il n’a pas précisé s’il avait signalé son activité à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), organe qui, en France, s’occupe des situations fiscales et patrimoniales des élus.

Notons que la loi de la moralisation de la vie publique, présentée ce 1er juin par François Bayrou, ministre de la Justice, prévoit d’encadrer toute activité de conseil, et notamment la profession d’avocat, ceci pour tout parlementaire.

Pour l’instant, aucune des personnes interrogées par Le Délit n’a présenté l’expertise que monsieur Lefebvre allait apporter à la firme, ni expliqué pourquoi l’intéressé a effectué ces changements pendant qu’il siégeait à l’Assemblée Nationale.

L’article Frédéric Lefebvre oscille entre avocat et député est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Entrevue avec Frédéric Lefebvre https://www.delitfrancais.com/2017/04/22/interview-avec-frederic-lefebvre/ Sun, 23 Apr 2017 00:13:59 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=28514 Frédéric Lefebvre est un député français, élu à la circonscription d’Amérique du nord. Il a répondu aux questions du Délit lorsqu’il était de passage à Montréal, mardi le 18 avril 2017.

L’article Entrevue avec Frédéric Lefebvre est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
NB: Monsieur Lefebvre a clairement expliqué qu’il ne souhaitait pas répondre à des questions qui touchaient à ses affinités politiques et à la présidentielle. L’absence de questions à ce propos n’est pas souhaitée mais contrainte.

 

Le Délit: Quel est, selon vous, le plus grand défi des Français expatriés aujourd’hui ?

Frédéric Lefebvre: Le défi des Français quand ils sont partis c’est d’atteindre leur objectif. Ce n’est jamais le même: il peut être familial, professionnel, entrepreneurial, scolaire; mais d’abord, chacun veut réussir. Tout le travail que j’essaie de faire en m’appuyant sur les associations françaises qui existent déjà ou les élus locaux, c’est de les aider à réussir. En les aidant à réussir individuellement, on aide collectivement la France mondiale à réussir. Or, la France mondiale, pour moi, c’est celle qui est fidèle à son histoire. On est un pays qui est ouvert, qui a pour objectif de partir à la conquête du monde — c’est pour ça qu’on parle français sur tous les continents, il n’y a pas longtemps le français est devenu la troisième langue du monde en repassant devant l’espagnol.

Il y a des études démographiques américaines qui sont passionnantes. En France, on a parfois l’impression qu’on ne comprend pas que notre langue est une richesse. J’ai monté un certain nombre de programmes en tant que député pour que les Français puissent partir à la conquête du monde — y compris des jeunes qui n’ont pas la chance de pouvoir faire des études supérieures. C’est cette France-là que je veux essayer de porter, c’est-à-dire là France que j’ai rencontrée ici à Montréal.

 

LD: Avec son système scolaire mondialisé et sa place dans une communauté linguistique importante, la France a la capacité d’être un acteur de poids dans la communauté internationale. Comment expliquez-vous que la francophonie soit si absente dans les projets présidentiels.

FL: La France est en capacité, mais elle n’a pas pris conscience de cette force. C’est très frappant de voir que dans le monde politique, dans le débat public, souvent, on n’appréhende pas suffisamment cette force que nous avons pour peser dans le monde.

La logique de la France doit être d’investir — j’emploie ce mot parce que je ne pense pas que c’est des dépenses de fonctionnement — massivement sur la jeunesse française à l’étranger. J’ai la chance d’avoir des neveux et nièces franco-américaines, et je vois à quel point c’est difficile de maintenir le capital «France» chez ses propres enfants. À chaque fois que la France n’investie pas dans leur éducation, elle se coupe elle-même d’une chance de réussir. Je crois que c’est un des sujets absolument majeurs.

On peut aussi parler d’entrepreneuriat. J’entends toute la journée que les Français quittent la France parce qu’on y paye trop d’impôts. On accroche une étiquette négative aux jeunes qui lancent des startups, aux entrepreneurs… alors qu’en fait on se trompe complètement ! Les États-Unis et le Canada, honnêtement, ce sont des pays où l’on paye beaucoup d’impôts.

On a un pouvoir politique et économique qui n’est, de mon point de vue, pas à la hauteur de la dynamique mondiale qui pourrait exister. Quand on compare les pays du nord de l’Europe, qui ont compris qu’il faut investir sur l’Afrique, qui cherchent à faire venir des jeunes qui ont des racines africaines pour investir sur eux, et nous, qui avons tant de jeunes qui ont des racines africaines, au lieu de leur expliquer qu’ils ont un avenir on les stigmatise. Quand j’entends dans le débat public, à droite et à gauche, culpabiliser ceux qui ont deux nationalités ou qui assument leurs racines… moi quand je suis ici et que je vois un français, je lui dit «surtout, reste fière de tes racines, entretient les, la France en a besoin». Pourquoi j’aurais un discours inverse quand je suis en France? Pourquoi je dirais à quelqu’un qui a des origines et des racines d’un pays d’Afrique «tu dois t’assimiler totalement à la France, oublier tes racines…» c’est ridicule ! Au contraire, on a besoin de cette richesse-là.

Donc, c’est tout ça que j’essaye d’amener dans le débat public en France. C’est difficile avec le monde de la haute fonction publique, politique ou économique. La France a une tendance à se regarder le nombril, elle est recroquevillée sur elle-même, elle a peur de s’ouvrir.

 

LD: Vous avez donné une interview dans Nouvelles d’Arménie Magasine dans laquelle vous disiez que l’Europe ne devait plus céder à la Turquie et ne devait plus verser la rançon annuelle de six milliards de dollars. Votre position reste-t-elle la même après le résultat, serré, de ce référendum ?

FL: D’autant plus! Le référendum servait à renforcer les pouvoirs d’un homme qui en abuse déjà très largement avec des motivations que n’importe quel pays démocratique ne peut que regretter. Il y a une difficulté: c’est à la fois l’allié des Américains, des Canadiens, et de l’Europe via l’OTAN, et, en même temps, c’est un pays qui s’est fixé comme objectif depuis de nombreuses années d’intégrer l’Europe.

Prenons l’exemple de la Grèce, qui a les difficultés qu’on connaît. Honnêtement j’avais honte, vraiment, de la position qu’ont prise l’Italie, l’Allemagne ou la France quand il y a eu les réfugiés. Tout le monde s’est tourné vers les Grecs en leur tapant dessus parce qu’ils n’avaient pas protégé leurs frontières. Comment est-ce que l’on peut demander aux Grecs dont on connaît la situation, et comment est-ce que l’on peut être aussi inconséquent pour laisser la protection de la frontière commune européenne uniquement sous l’autorité d’un pays?

Je ne fais pas partie de ceux qui pensent qu’il y a trop d’Europe, je pense qu’il n’y en a pas assez. Je reproche fortement à l’Europe de ne pas assumer cette mission-là. Ça fait des années que je demande un coup de rein, une réaction, et j’aimerais que la France soit à la tête de cette réaction. Je le demandais quand j’étais ministre!

 

LD: Vous connaissez bien Montréal ?

FL: Je viens très souvent à Montréal, oui.

 

LD: Est-ce-que vous avez un lieu culturel préféré ?

FL: C’est ce qui est amusant: je trouve que Montréal c’est presque en soi un lieu culturel. Les endroits où je prends le plus de plaisir, c’est où je me retrouve emmené dans une des discussions avec des gens qui portent des projets. Ce que j’aime ici c’est qu’on est dans la culture vivante.

Je vais vous faire une confidence, et beaucoup de Français qui vivent ici me disent la même chose: je ne vais pas beaucoup au musée ici. Quand on connaît les musées français, on ne peut pas dire qu’on ait une grande chance de découvrir des choses…

En revanche, je trouve absolument extraordinaire qu’on puisse avoir une espèce de culture ambiante. Ça, c’est passionnant. Je dirais, qu’au lieu de parler d’un lieu précis, ici, la culture elle est partout. Ce qui est le plus intéressant c’est ce que réussi à faire naître le mélange culturel. L’atmosphère est à l’échange ici, je pense que c’est une des grandes forces.

 

LD: Si vous aviez un projet que vous pouviez mettre en œuvre pour renforcer l’amitié franco-québécoise, ce serait quoi ?

FL: Il faut pas se voiler la face: ce n’est pas tous les jours rose les rapports entre les Français et les Québécois, y compris quand on construit son avenir. On fait ses études ici, et quand on commence à chercher un boulot, on ne trouve pas toujours ce qu’on veut, on vous offre pas toujours le même parcours qu’à un Québécois. Je dis ça avec des mots policés, mais c’est parfois le parcours du combattant, même quand on est là depuis très longtemps.

Les citoyens, ils ont envie de faire des choses ensemble. Les entrepreneurs, je les vois, ils ont envie de faire des choses ensemble. Les entrepreneurs québécois admirent beaucoup la France, et réciproquement. Les gens ont envie, c’est les institutions qui bloquent.

Je pense qu’aujourd’hui, on est parfois un peu trop dans des discussions qui font référence à notre histoire, à votre amitié et à nos liens culturels, et on n’est pas assez dans l’efficacité. Si je devais vraiment changer quelque chose c’est ça.

 

LD: Comment est-ce-que vous concevez votre rôle de député étant donné le fait que vous représentez les français établis à l’étranger? Est-ce-que vous considérez que cela vous différencie de vos collègues? En quoi?

FL: D’abord, j’ai été député en France, donc j’ai un bon moyen de comparer. J’ai une circonscription qui est un petit peu plus grande que celle que j’avais quand j’étais en région parisienne (rires). Elle fait quarante fois la taille de la France.

Quand j’étais en France, comme tous les députés, il y avait un endroit où les gens savaient qu’ils pouvaient venir me voir. J’ai rapidement compris que [maintenant] je devais aller vers les gens. Donc, mes permanences je les fais en allant dans toutes les grandes villes de la circonscription.

Les gens viennent de voir. Croire que les gens sont à l’étranger et ont zéro problème, c’est ridicule. Moi, je vois plein de gens qui ont des difficultés sociales, avec le système fiscal en France, sur le plan de la santé… j’en vois en permanence des gens.

C’est exactement la même chose que quand j’étais député en France, c’est-à-dire que je vois des gens pour essayer de les aider à régler leurs problèmes, sauf que l’organisation est quand même pas tout à fait la même. Je vois beaucoup de gens dans les avions. Ça me permet d’écrire. Je suis dans un système qui est assez différent. Pendant six mois, je suis très actif sur les sujets qui concernent les Français qui vivent dans cette circonscription immense, et je suis à leur rencontre les six autres mois sur tout le territoire.

Quand je suis à Montréal, je suis au consulat pour faire la permanence. Quand je suis à Kansas City, comme je l’étais l’autre jour, je fais la permanence dans un café. Mais ça pour moi c’est très important parce que, c’est le paradoxe, je ne cesse de nourrir mon travail de député à l’assemblée avec tout ce que les gens viennent me dire quand je les vois dans les permanences.

 

LD: En mot de fin, est-ce-que vous avez quelque chose à dire par rapport aux récentes révélations concernant la planification d’un attentat contre un ou des candidat·e·s à la présidentielle ? (NB: cette question a été posé avant les événements qui ont eu lieu sur les Champs-Elysées le 20 avril dernier)

FL: C’est un sujet absolument majeur. On voit bien que ça a d’ailleurs servi un peu de prétexte, même sans faire référence aux menaces terroristes, mais par exemple les hypothétiques manipulations [de puissances extérieures], pour empêcher le vote internet. Ce n’est pas à Montréal que c’est essentiel, mais plutôt à d’autres endroits au Canada ou aux États-Unis.

Moi, je suis trop attaché à la démocratie, au droit de vote des Français ici, à la capacité des Français de se mobiliser sur les sujets essentiels, pour que ce qui vient de se passer (où le gouvernement a déjoué avec les forces de police un attentat qui était orchestré pour éliminer un des candidats à la présidentielle, qui semblerait être Fillon) ne m’effraie. Et en même temps, ce sont des choses que l’on a eu l’habitude de voir dans des pays comme les États-Unis, où tout le monde a en tête les assassinats qu’il y a pu avoir, voir que ce sont des choses qui commencent à arriver en France et en Europe, ça demande que l’on crie tous notre attachement à la démocratie. Qu’on montre à quel point on ne cèdera jamais au terrorisme, jamais à ces combats qui sont menés au nom, non pas de la religion, mais au dévoiement de la religion.

Le Canada a été frappé, à plusieurs reprises, et il n’y a pas du tout le même type de politique. Moi qui ai des témoignages, y compris de jeunes, qui ont pu aller dans un certain nombre de régions du monde qui sont aujourd’hui en guerre, c’est vrai que pour eux, sur place, c’est plus facile d’avoir la vie sauve en disant «On a étudié au Canada» qu’en disant «On a étudié en France». Le Canada est vécu comme laissant plus de libertés, et étant plus tolérant. Ça ne l’a pas épargné pour autant. Aujourd’hui, les démocraties n’ont pas les réponses. Là encore, je pense que les réponses viendront des citoyens, et de la force des citoyens qui résisteront et qui ne se laisseront pas manipuler par des terroristes.

L’article Entrevue avec Frédéric Lefebvre est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Violence sexuelle, un pas de plus https://www.delitfrancais.com/2016/11/30/violence-sexuelle-un-pas-de-plus/ Thu, 01 Dec 2016 01:55:17 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=27014 Une nouvelle version de la politique de lutte contre les agressions sexuelles a été votée par le sénat.

L’article Violence sexuelle, un pas de plus est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
 

Ça s’est passé vite: un vote à main levée, unanimité, motion approuvée. Mercredi 23 novembre, le sénat mcgillois s’est prononcé en faveur de la politique de lutte contre les agressions sexuelles (Sexual Assault Policy — SAP en anglais). C’est une avancée majeure pour un débat qui dure depuis deux longues années, et aussi un pas dans la bonne direction pour les victimes d’agressions sexuelles.

Une politique large

La motion prévoit plusieurs mesures afin de combattre et répondre aux agressions sexuelles de façon plus efficace. Concernant la prévention, il y a la création d’un bureau dédié à l’éducation et aux contremesures  aux violences sexuelles. Celui-ci sera «armé» de professionnels entrainés et spécialisés dans le domaine. La politique prévoit aussi un cours obligatoire pour tous les membres de la communauté des services mcgillois qui sont susceptibles d’être confrontés à de telles problématiques.

Pour ce qui est du soutien aux victimes, le texte suggère une habilitation par le biais d’une procédure claire, confidentielle, et sans jugements. Un suivi centré sur la communication sera aussi établi pour celles et ceux qui ont rapporté une agression.

Si la politique est explicitement orientée vers les victimes, elle touche néanmoins aussi à la façon dont McGill compte sanctionner les présumés coupables. Le texte envisage en effet de clarifier l’éventail des procédures disciplinaires pour ceux qui sont accusés d’avoir commis un tel crime.

Erratum

La version du 23 novembre est retravaillée par rapport aux versions précédentes du texte, dont le langage avait parfois été présenté comme «ambigu ou légaliste» et «potentiellement aliénant».

Ainsi, alors qu’auparavant «violence sexuelle» se référait simplement à une activité sexuelle sans consentement exprimé, la définition a été élargie et clarifiée. Aujourd’hui, elle n’incorpore pas que des actions physiques, mais aussi le voyeurisme ou l’exhibition publique, et peut avoir lieu sur Internet ou au téléphone. De plus, si les objectifs étaient avant excessivement vagues, la version actuelle contient un plan détaillé en huit points. Ceux-ci parlent, entre autres, d’une allocation de fond pour la création d’un bureau, l’embauche de personnel qualifié en la matière ou encore la révision et l’amélioration des services qui sont actuellement à disposition des victimes.

Ces précisions sont évidemment les bienvenues, puisqu’elles clarifient la direction dans laquelle la politique contre les agressions sexuelles ira, et permettront de rappeler l’administration à l’ordre plus facilement si celle-ci venait à faillir sur ses promesses.

On y est presque

Il est important de se rappeler que cette avancée n’a aucune implication concrète — pour l’instant. Il faut en effet que le Conseil des gouverneurs ratifie la décision avant qu’elle ne soit appliquée.

Cet organe exécutif a le dernier mot sur toutes les politiques mcgilloises, et est donc un acteur absolument essentiel de la vie du campus. Il est composé de 25 votants et de 2 observateurs. Ceux-ci sont des membres académiques et administratifs, des représentants d’associations étudiantes, ou encore d’anciens élèves.

Pour faire la démarche

Si vous souhaitez parler d’une agression sexuelle, il est important de savoir que McGill prévoit dès aujourd’hui des services à cet effet. Vous pouvez aller au B‑27 du bâtiment de l’AÉUM (devant Gert’s) pour parler avec la SACOMSS (Sexual Assault Center of the Mcgill Students’ Society en anglais). Là, vous pourrez avoir une conversation avec une personne qui vous écoutera, qui vous croira, et qui pourra vous conseiller sur la démarche à suivre.

L’article Violence sexuelle, un pas de plus est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Oléoducs: Trudeau dit oui https://www.delitfrancais.com/2016/11/30/oleoducs-trudeau-dit-oui/ Wed, 30 Nov 2016 16:26:17 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=26994 Le gouvernement libéral de Justin Trudeau a donné son feu vert pour deux des trois oléoducs à propos desquels il devait se prononcer avant la mi-décembre.

L’article Oléoducs: Trudeau dit oui est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Lors d’une conférence de presse tenue après son retour du sommet de la Francophonie, Justin Trudeau a annoncé que son gouvernement avait décidé d’appuyer la construction des oléoducs Kinder Morgan et Line 3. Il a cependant bloqué la construction du projet Northern Gateway.

Trudeau a commencé sa conférence en rappelant un des principes sur lesquels il a été élu: faire le lien entre l’économie et l’environnement. «Les électeurs ont rejeté la vieille mentalité qui dictait que ce qui est bon pour l’économie ne l’est pas pour l’environnement» a‑t-il expliqué. La formule est maligne: elle permet de poursuivre les politiques actuelles, et de se dédouaner de toute responsabilité écologique.

Bien qu’il essayait de projeter la confiance, Trudeau était toutefois bien sur la défensive. Il a rappelé qu’il avait mis un prix au carbone et a souligné qu’il avait l’accord de la Première Ministre Albertaine. Il a également mis l’emphase sur les 15 000 nouveaux emplois présumés, et a évoqué les moments qu’il a passés sur la côte ouest dans son enfance.

 

De quoi parle-t-on?

Kinder Morgan, de loin l’oléoduc le plus polémique et médiatisé, vise à augmenter les capacités actuelles des transports de pétrole. Ce projet coûte quelques 6,8 milliards de dollars, et fera circuler l’or noir sur 1 150 kilomètres entre Edmonton en Alberta et la ville portuaire de Burnaby en Colombie Britannique. L’oléoduc ferait croître la capacité de transport actuelle de 300 000 à 890 000 barils de pétroles quotidiens. L’agence canadienne d’évaluation environnementale projette que Kinder Morgan causerait entre 13,5 et 17 mégatonnes d’émissions de gazes à effet de serre par an.

Line 3 est un projet organisé par la société pétrolière Enbridge Pipelines. S’il a été moins médiatisé, cet oléoduc a néanmoins des proportions bien comparables à son cousin de l’Ouest. Il vise à déplacer 760 000 barils quotidiennement entre Hardisty en Alberta jusqu’à Superior au Wisconsin; un trajet 1 659 kilomètres. Le projet coûte 7,5 milliards de dollars.

Quant au Northern Gateway, l’oléoduc rejeté par le gouvernement fédéral, il s’agissait d’un projet de 7,9 milliards de dollars, qui aurait fait passer 525 000 barils tous les jours entre les 1 177 kilomètres qui séparent Bruderheim en Alberta et Kitimat en Colombie Britannique.

 

«C’est extrêmement, extrêmement décevant»

L’annonce n’a pas plu aux militants de Divest McGill, une organisation étudiante mcgilloise qui a pour objectif notoire de demander à l’Université de se séparer de ses investissements dans les énergies fossiles. Ceux-ci s’étaient d’ailleurs déplacés par dizaines à Ottawa le 24 octobre pour manifester contre le projet Kinder Morgan. Ils avaient fait parti des 99 étudiants arrêtés pour avoir franchi un barrage policier devant le Parlement fédéral.

«C’est n’importe quoi de dire que l’on protège l’économie et l’environnement quand on donne son accord pour trois oléoducs en un an» s’exclame Nicolas Protetch, militant de l’organisation. «Dire que le gouvernement lie écologie et économie est illusoire» ajoute Julia Epstein, «il ne fait qu’appuyer l’économie et ne se soucie pas des personnes réelles qui vont être affectés par cette décision. […] C’est extrêmement, extrêmement décevant».

 

Indignations autochtones

Parmi les «personnes réelles» dont parle Epstein, il y a notamment les communautés autochtones, qui se sont largement positionnées contre les oléoducs.

Plusieurs communautés autochtones se sont en effet fermement opposées au projet Kinder Morgan ces dernières années. Entre autres, la nation Tsleil-Waututh, une communauté Salish de la côte, lutte contre l’agrandissement de l’oléoduc depuis mai 2014. Selon la cheffe Maureen Thomas, le projet est une violation de leurs droits territoriaux. Son accroissement représente également de nombreux risques environnementaux pour les conditions de vie de ses membres, qui vivent à proximité du terminal pétrolier de Burnaby. La communauté craint particulièrement les fuites de pétrole pouvant être occasionnées par le développement des capacités de l’oléoduc. Ces dites fuites sont susceptibles de détruire l’environnement marin dont les activités halieutiques de la communauté dépendent.

La nation Squamish s’était également opposée au projet «au nom des générations à venir». En juin dernier, son équipe légale avait lancé une action en justice et demandé une révision judiciaire du rapport de l’Office National de l’Énergie. Cette dernière avait approuvé l’agrandissement du réseau de Trans Mountain, sous réserve du respect de 157 conditions.

Selon le chef Ian Campbell, les recommandations de l’Office National de l’Énergie ne faisaient pas assez cas des préoccupations et des intérêts de la nation Squamish. Ce rapport avait également été dénoncé par la nation Tsleil-Waututh. Le 28 novembre, la cheffe Maureen Thomas expliquait que l’approbation du projet allait à l’encontre des promesses de Justin Trudeau relatives aux affaires autochtones lors de sa campagne en 2015. Ce dernier s’était en effet engagé à bâtir une relation «de nation à nation», fondée sur la consultation, et à prendre en compte les revendications des Autochtones dans le processus de prise de décision.

 

Le revers de la médaille

Quelques personnes et organisations se sont toutefois félicitées de la position prise par le gouvernement. C’est notamment le cas de nombreux Albertains, qui, dû à la chute du cours du pétrole, vivent une crise économique assez grave. «Notre province a été brutalement affectée par la chute des prix des commodités », a expliqué Rachel Notely, la première ministre de l’Alberta qui est allée rencontrer Trudeau à Ottawa dès que l’annonce a été faite. Notely a expliqué que cela était la «lumière du jour» après une «longue nuit». Même analyse pour Gary Leach, président de l’association canadienne des explorateurs et producteurs, qui a parlé d’«un grand jour pour l’industrie canadienne».

Au delà des réjouissances pour les nouveaux oléoducs, certains ont aussi salué les interdictions. Sven Biggs de l’ONG Stand Earth par exemple, a expliqué que la proposition Northern Gateway était «dangereuse» et que le gouvernement avait bien fait de la bloquer. Il a néanmoins souligné son désaccord avec le reste de la ligne gouvernementale.

Ce qui est en tout cas clair, est que cette position vient encore affaiblir la lune-de-miel que s’est octroyée le gouvernement libéral, depuis son élection il y a un an. Si l’administration reste encore appréciée du grand public, sa prise de position vient, au fur et à mesure, miner sa base de sympathisants. Les membres de Divest McGill expliquaient par exemple en parlant du Trudeau il y a quelques semaines, que «s’il est pour les oléoducs, nous ne serons pas pour lui lors des prochaines élections». Reste donc à savoir combien de temps le gouvernement pourra surfer sur sa vague de popularité avant qu’elle ne s’écrase.

L’article Oléoducs: Trudeau dit oui est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Violence sexuelle https://www.delitfrancais.com/2016/11/28/violence-sexuelle/ Mon, 28 Nov 2016 14:25:34 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=26898 Le Sénat vote la nouvelle politique.

L’article Violence sexuelle est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Cela s’est passé vite: un vote à main levée, unanimité, motion approuvée. Mercredi 23 novembre, le Sénat mcgillois s’est prononcé en faveur de la politique de lutte contre les agressions sexuelles (Sexual Assault Policy — SAP en anglais). C’est une avancée majeure pour un débat qui dure depuis deux longues années, et aussi un pas dans la bonne direction pour les survivants d’agressions sexuelles.

Une politique large

La motion prévoit plusieurs mesures afin de combattre et répondre aux agressions sexuelles de façon plus efficace.

Concernant la prévention, il y a la création d’un bureau dédié à l’éducation et aux contremesures  aux violences sexuelles. Celui-ci sera «armé» de professionnels entrainés et spécialisés dans le domaine. La politique prévoit aussi un cours obligatoire pour tous les membres de la communauté des services mcgillois qui sont susceptibles d’être confrontés à de telles problématiques.

Pour ce qui est d’entourer les survivants, le texte suggère une démarche de soutien par le biais d’une procédure claire, confidentielle, et sans jugements. Un suivi centré sur la communication sera aussi établi pour celles et ceux qui ont rapporté une agression.

Si la politique est explicitement orientée vers les survivants, elle touche néanmoins aussi à la façon dont McGill compte sanctionner les présumés coupables. Le texte envisage en effet de clarifier l’éventail des procédures disciplinaires pour ceux qui sont accusés d’avoir commis de tels actes.

Erratum

La version du 23 novembre est retravaillée par rapport aux versions précédentes du texte, dont le langage avait parfois été présenté comme «ambigu ou légaliste» et «potentiellement aliénant».

Ainsi, alors qu’auparavant «violence sexuelle» se référait simplement à une activité sexuelle sans consentement exprimé, la définition a été élargie et clarifiée. Aujourd’hui, elle n’incorpore pas que des actions physiques, mais aussi le voyeurisme ou l’exhibition publique, et peut avoir lieu sur Internet ou au téléphone. De plus, si les objectifs étaient avant excessivement vagues, la version actuelle contient un plan détaillé en huit points. Ceux-ci parlent, entre autres, d’une allocation de fonds pour la création d’un bureau, l’embauche de personnel qualifié en la matière ou encore la révision et l’amélioration des services qui sont actuellement à disposition des victimes.

Ces précisions sont évidemment les bienvenues, puisqu’elles clarifient la direction dans laquelle la politique contre les agressions sexuelles ira, et permettront de rappeler l’administration à l’ordre plus facilement si celle-ci venait à faillir à ses promesses.

On y est presque

Il est important de se rappeler que cette avancée n’a aucune implication concrète — pour l’instant. Il faut en effet que le Conseil des gouverneurs ratifie la décision avant qu’elle ne soit appliquée.

Cet organe exécutif a le dernier mot sur toutes les politiques mcgilloises, et est donc un acteur absolument essentiel de la vie du campus. Il est composé de 25 votants et de 2 observateurs. Ceux-ci sont des membres académiques et administratifs, des représentants d’associations étudiantes, ou encore d’anciens élèves. 

L’article Violence sexuelle est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Socialismo o muerte, ou les deux https://www.delitfrancais.com/2016/11/28/socialismo-o-muerte-ou-les-deux/ Mon, 28 Nov 2016 05:17:46 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=26891 Le meneur de la révolution cubaine s’est éteint.

L’article Socialismo o muerte, ou les deux est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
«¡Hasta la victoria siempre, Fidel!» titre Granma, l’organe officiel du comité central du parti communiste cubain, samedi 26 novembre. Celui qui avait, avec le Che, mené la révolution cubaine s’est en effet éteint à la Havane la veille, pendant la nuit. Celui qui avait été visé par la CIA quelques 638 fois (!) a fini par succomber à la vieillesse à l’âge bien respectable de 90 ans.

Une figure historique

Bien qu’il avait laissé les reins du pays à son frère Raoul dix ans auparavant, Fidel Castro restait le chef symbolique de Cuba. Il avait en effet dirigé l’île pendant cinquante ans, et conservait un rôle important dans le gouvernement.

Docteur de droit et de sciences sociales, le jeune Fidel avait, dans un premier temps, essayé de déchoir le sanguinaire dictateur Batista par la voie légale. Face à un échec, il s’exila en Amérique latine, où il rencontra un certain Che Guevara. Ensemble, ils ont théorisé et mené, en plusieurs fois, une révolution populaire.

Au début, ils avaient le soutien des États-Unis. Celui-ci s’est cependant rapidement évaporé après des différents financiers. Au fur et à mesure que les Américains tentent de faire tomber le gouvernement, Castro s’est déplacé vers la gauche sur l’échiquier politique. In fine, la révolution sera déclarée «socialiste» et l’île deviendra un satellite soviétique.

Dès lors, Cuba et son meneur jouent un grand rôle dans le monde de part de leur proximité avec le géant américain, et ce, en pleine guerre froide. Les tensions sont à leur apogée lorsque, en 1962, les États-Unis repèrent des missiles soviétiques sur l’île. Le spectre d’une guerre nucléaire fait retenir son souffle au monde entier.

Les tensions ne finiront pas par provoquer l’irréversible, mais aboutiront tout de même à un renforcement de l’embargo américain sur l’île socialiste. Celui-ci aura des effets désastreux sur l’économie cubaine, mais ne parviendra pas à faire tomber le régime.

Un bilan mitigé

Fidel Castro a fait de Cuba une des nations les plus prospères des caraïbes.

L’île revendique fièrement une des taux d’illettrisme les plus faibles au monde. Avec 99,8% de sa population alphabétisée, la proportion de Cubains capables de lire est plus élevée que n’importe quel autre pays du globe, hormis la Géorgie. En termes de proportion du PIB, Cuba investi plus dans l’éducation que n’importe quel autre pays.

Le système de santé est aussi souvent mis de l’avant par les défendeurs de la révolution, à raison. Cuba est un «modèle» pour le monde selon l’Organisation Mondiale de la Santé. Le taux de mortalité infantile y est plus faible qu’au Canada, et l’île a 58,2 médecins pour 10000 habitants. Pendant l’épidémie d’Ébola en Afrique de l’Ouest, Cuba avait envoyé le plus grand convoi de médecins pour assister les populations touchées.

Ce bilan extrêmement positif vient cependant se heurter au régime dur de l’île.

Cuba n’a en effet qu’un seul parti au pouvoir depuis la révolution. Des élections législatives ont lieu périodiquement, sans grand résultat concret puisque les seuls candidats ont été préalablement approuvés par le Parti.

Pour ce qui est des droits de l’Homme, la situation cubaine laisse aussi à désirer. Seule la presse issue de celui-ci (le Parti) a le droit de circuler, ce qui mène Reporters sans frontières à classer Cuba 169e sur 180 en termes de liberté de la presse. Il y a aussi une répression réelle sur les opposants au régime qui ont parfois été condamnés à de longues peines de prison.

Adios el Jefe

Le monde entier a commenté la mort du révolutionnaire cubain. Malgré certaines réjouissances, notamment parmi les communautés cubaines de Miami, la plupart des gens ont salué un homme important dans l’histoire du monde.

Philippe Couillard, premier ministre québécois, a présenté ses «condoléances au peuple cubain suite au décès de Fidel Castro», qu’il a appelé «un géant de l’histoire qui a marqué le 20e siècle». Quant à Justin Trudeau, premier ministre fédéral, il a dit avoir appris la nouvelle avec «profonde tristesse» la disparition du leader «remarquable» et «plus grand que nature».

Certains groupes étudiants ont pleuré sa mort, notamment ceux qui se revendiquent du même héritage politique que le guérillero Cubain. La Riposte socialiste par exemple, a souligné à quel point la disparition de Fidel mettait «un point d’interrogation sur l’avenir de la Révolution Cubaine». Hasard du calendrier, ces derniers organisent un groupe de discussion portant sur «Fidel Castro et la Révolution cubaine» mercredi prochain à l’Université de Montréal.

Maintenant que le Jefe a disparu, Cuba va sûrement connaître un profond changement. L’ouverture économique vers les États-Unis, «l’empire» comme l’appelait Fidel, continue graduellement son chemin.

Fidel Castro avait dit que l’histoire l’absoudrait. Le futur nous le dira.

¡Hasta la victoria siempre!

Erratum: Un lecteur assidu a relevé une erreur qui s’était malencontreusement insérée dans le texte. Si la première version laissait entendre que l’embargo américain sur Cuba avait été placé à la suite de la crise des missiles de 1962, la vérité est autre: les État-Unis avaient déjà un embargo de longue date sur l’île. Le Délit vous prie de l’excuser pour cette erreur.

L’article Socialismo o muerte, ou les deux est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Fuite d’humour avec le Faucet https://www.delitfrancais.com/2016/11/15/fuite-dhumour-avec-le-faucet/ Tue, 15 Nov 2016 21:34:24 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=26810 À McGill, il n'y a aujourd'hui qu'un journal humoristique, le Plumber's Faucet, qui se fait connaître depuis quelques années.

L’article Fuite d’humour avec le Faucet est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
«C’est assez commun d’avoir un magazine d’humour universitaire», à McGill, c’est le Plumber’s Faucet, nous explique un de ses éditeurs. À coup de caricatures et de satires, il a su se créer une petite renommée auprès des étudiants avides d’un bon rire. À l’origine, la revue était basée dans la Faculté de génie, mais récemment elle s’est étendue à l’ensemble du campus et a même un système d’abonnements qui permet aux fidèles de recevoir chaque exemplaire. Le tirage est sporadique, mais le magazine vise à publier mensuellement.

«Les McGillois n’ont pas une identité aussi fortement revendiquée que les étudiants des autres universités» déplore notre éditeur. Pour lui, avoir un magazine d’humour permet d’externaliser ses élans artistiques, et renforcer un certain sentiment d’appartenance.

Si auparavant le Faucet était principalement orienté vers les ingénieurs, le magazine touche aujourd’hui à des sujets bien plus variés. L’humour porte surtout sur les questions mcgilloises, mais aussi, plus largement, sur la vie montréalaise et canadienne. L’édition d’octobre 2016, exceptionnellement à double face, arborait sur le verso des étudiants interrompus en plein cours par des constructions, et sur le verso un adulte faisant peur à des enfants avec un masque de Donald Trump.

Le Plumber’s Faucet est disponible sur les étendoirs à journaux d’une douzaine de facultés de McGill. Si vous souhaitez y jeter un coup d’œil, vous pouvez toujours vous procurer le tirage spécial Halloween ou attendre l’édition de novembre est dorénavant disponible et a comme thème la nourriture.

Pour en apprendre plus sur la presse mcgilloise indépendante et créative, retrouvez-ici nos profils de The Veg, Folio, The Scrivener, Radix et de Lieu Commun.

L’article Fuite d’humour avec le Faucet est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Lieu commun: la francophonie s’affirme https://www.delitfrancais.com/2016/11/15/lieu-commun-la-francophonie-saffirme/ Tue, 15 Nov 2016 21:27:15 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=26805 Découverte de la revue littéraire qui fait vivre l'écriture créative francophone à McGill depuis 2012.

L’article Lieu commun: la francophonie s’affirme est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Au grand dam des membres du Délit, la francophonie est peu représentée dans les journaux étudiants mcgillois. Heureusement, Lieu commun est là pour essayer de rétablir l’équilibre. Fondée en 2012, la revue est affiliée au département de langue et littérature française. Poésie, théâtre, prose ou encore essai, le périodique est là pour offrir une plateforme à toute personne souhaitant écrire et publier en français. Le nom souligne l’idée d’union qui guide le projet. «Chaque thème est un lieu commun, qu’on essaye d’exprimer, de réfléchir, de déconstruire ensemble» explique Jeanne Simoneau, éditrice-en-chef. Plusieurs grands noms de la littérature québécoise, Louis Hamelin ou Kiev Renaud, sont d’ailleurs passés par Lieu commun.

À chaque session universitaire son tirage. À raison d’une cinquantaine de pages, l’équipe publie une dizaine d’œuvres littéraire, le tout regroupé dans un livret à la couverture minimaliste. Seuls un dessin et le titre composent le revêtement.

La publication fonctionne sous appel de texte. Les soumissions sont ouvertes aux étudiants de McGill, bien évidemment, mais aussi aux membres d’autres universités et même aux non-étudiants. C’est donc une revue ouverte à tous ceux qui souhaitent participer. Pour chaque entrée il y a un processus d’édition. Correction, rencontre avec l’auteur·e et révision et, ensemble, les cinq membres de Lieu commun font un travail littéraire rigoureux. «L’auteur·e a toujours le dernier mot sur son texte» souligne toutefois Jeanne.

Cette année exceptionnellement, une édition «double» d’une centaine de pages sera tirée en avril. La première moitié, correspondant au semestre d’automne est presque bouclée. La deuxième cependant, sera effectuée à partir de janvier. Si vous souhaitez participer à ce beau projet, et mettre en valeur vos talents littéraires, vous pouvez répondre à leur appel de texte et leur envoyer votre œuvre. La rédaction fait aussi une soirée de poésie bilingue avec le Scrivener Creative Review le mardi 15 au café Kafein, auquel vous êtes invités.

Pour en apprendre plus sur la presse mcgilloise indépendante et créative, retrouvez-ici nos profils de The Veg, Folio, The Scrivener, Radixet du Plumber’s Faucet.

L’article Lieu commun: la francophonie s’affirme est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Le chiffrage https://www.delitfrancais.com/2016/11/08/le-chiffrage/ Tue, 08 Nov 2016 14:35:53 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=26630 Texte par Jacques Simon Infographie réalisée par Magdalena Morales Icônes réalisées par Freepik, Roundicons et Madebyoliver sur www.flaticons.com

L’article Le chiffrage est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Texte par Jacques Simon

Infographie réalisée par Magdalena Morales

Icônes réalisées par Freepik, Roundicons et Madebyoliver sur www.flaticons.com

L’article Le chiffrage est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Au piquet des grévistes du SEOUM https://www.delitfrancais.com/2016/11/02/au-piquet-des-grevistes-du-seoum/ Wed, 02 Nov 2016 17:24:06 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=26559 Une petite cinquantaine de personnes étaient présentes au piquet de grève ce lundi 31 octobre, Le Délit en était.

L’article Au piquet des grévistes du SEOUM est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Quelques grévistes du Syndicat des employé•e•s occasionel•le•s de l’Université McGill (SEOUM, AMUSE en anglais) ont manifesté lundi 31 octobre devant le portail Roddick.Après y avoir été présents samedi et dimanche, on a aussi pu les y voir ce mardi et ils y seront encore aujourd’hui mercredi, dernier jour de grève, qui s’achèvera ce soir par un rassemblement de solidarité ouvert à tous, devant le portail Milton. Ayant voté la grève par une large majorité de 82% le jeudi 20, les salariés revendiquent un traitement égal pour un travail égal.

En effet, les disparités au sein des travailleurs mcgillois se font sentir. C’est ce qu’explique Parker Finley, un des manifestants interrogés par Le Délit: pas de calcul d’ancienneté pour les travailleurs à temps partiel, inégalités face aux revenus, salaires en dessous du minimum vital (établi à 15$)… les syndiqués ont l’impression de travailler dans des conditions injustes.

Sans surprise, le club étudiant la Riposte Socialiste (Socialist Fightback en anglais, ndlr) était de tout cœur avec les manifestants. De tout cœur et de tout corps, puisqu’une vingtaine d’entre eux avaient fait le déplacement pour soutenir leurs camarades. «Nous sommes en solidarité avec tous les travailleurs luttant pour de meilleurs conditions de vie» explique Joël Bergman, un des meneurs de l’organisation.

Pancartes, tractes, et pamphlets à la main, les deux groupes sont restés environ quatre heures dans le froid, déterminés à rallier les passants à leur cause et à faire pression sur l’administration de McGill.

L’article Au piquet des grévistes du SEOUM est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
99 problèmes, 1 cause https://www.delitfrancais.com/2016/11/01/99-problemes-1-cause/ Tue, 01 Nov 2016 13:30:48 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=26467 99 étudiants ont été arrêtés à Ottawa le 24 octobre, dont 25 militants de Divest McGill.

L’article 99 problèmes, 1 cause est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Le lundi 24 octobre avait lieu à Ottawa une manifestation dénonçant le laxisme du gouvernement Trudeau vis-à-vis des enjeux écologiques. Sur les 250 participant•e•s, 99 furent mis•e•s en état d’arrestation. Parmi ceux-ci, un bon quart fait partie de Divest McGill, une grande organisation étudiante mcgilloise qui a pour objectif notoire de demander à l’Université de se séparer de ses investissements dans les énergies fossiles.

Entre écologisme et politique

«Écologiquement, c’est irresponsable» explique Jed Lenetsky, un des manifestants arrêtés. «Trudeau ne peut pas seulement penser en termes de profits immédiats et d’emplois» ajoute-il, «il doit aussi penser au futur du Canada, et de la terre entière». En effet, continuer dans la lignée actuelle du projet d’oléoduc Kinder Morgan est irréconciliable avec les accords de la COP21 signés il y a un an à Paris, et que le gouvernement fédéral vient tout juste de ratifier. Selon les militants, ce projet, s‘il est exploité à son plein potentiel, fera inévitablement dépasser de plus de 2 degrés Celsius les températures mondiales actuelles. D’où le slogan «les leaders du climat ne construisent pas des oléoducs».

En plus des évidentes retombées écologiques, il y a aussi un aspect politique non négligeable. Pour Lenetsky, le fait que Trudeau soit aussi laxiste montre que son calcul est politique et non idéologique: les bénéfices à court terme sont favorables à l’image de son gouvernement, tandis que les désavantages n’ont pas un impact immédiat. Morgen Bertheussen, qui a elle aussi été arrêtée, conçoit la chose comme un ultimatum: «s’il est pour les oléoducs, nous ne serons pas pour lui lors des prochaines élections». Donc, au gouvernement de choisir: soit il continue dans sa lancée, soit il fait volte-face et conserve ses jeunes électeurs qui ont une conscience écologique.

Désobéissance civile

Quatre-vingt-dix-neuf personnes arrêtées, ça fait beaucoup. Et pourtant, les manifestants soulignent qu’ils n’ont aucune amertume envers les forces de l’ordre. «Tout s’est fait très pacifiquement» raconte Julia Epstein qui était aussi présente. En effet, il n’y avait pas vocation à avoir de conflit: la police a dressé un grillage au pied du Parlement, et a expliqué aux manifestants que s’ils le franchissaient, ils se trouveraient en état d’arrestation. Les termes ayant été posés, un à un des étudiants ont grimpé au-dessus de la barrière en toute connaissance de cause. «Le fait d’avoir été arrêtés apporte de l’intensité à notre geste» explique Bertheussen, «ça montre au premier ministre que nos revendications nous tiennent à cœur».

À la prochaine?

Une chose est sûre, les militants de Divest McGill  ne sont pas effrayés à l’idée de continuer. Julia Epstein a participé à cette démonstration de désobéissance civile alors qu’elle est au Canada grâce à un visa d’études, et est donc sujette à se faire renvoyer du pays. Heureusement pour elle, la police a décidé de ne donner suite à aucune des arrestations. «Mais ça, nous ne le savions pas en allant nous faire arrêter» souligne Bertheussen. Y‑aura-t-il donc une suite? «Nous resterons actifs» promet Lenetsky. Ils réfléchissent d’ailleurs déjà à la prochaine étape: ils souhaitent rencontrer l’administration de McGill et le premier ministre pour leur faire part de leurs inquiétudes et de leurs propositions, et vont envoyer leur certificat d’arrestation à la résidence personnelle de Justin Trudeau, avec un message écrit à l’endos. 

L’article 99 problèmes, 1 cause est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Aznavour n’a (presque) rien oublié https://www.delitfrancais.com/2016/10/25/aznavour-na-presque-rien-oublie/ Tue, 25 Oct 2016 14:04:06 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=26398 Charles Aznavour était en concert au Centre Bell vendredi 21 octobre.

L’article Aznavour n’a (presque) rien oublié est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Il nous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Et pourtant, plus de 70 ans après les débuts de Charles Aznavour sur scène, son succès ne se dément pas. Bien que maintenant nonagénaire, il est reparti en tournée internationale pour nous faire profiter d’une partie de sa discographie débordante.

Aznavour, ce petit géant

Que celui qui n’a jamais siffloté un air d’Aznavour lance la première pierre! Personne? C’est ce qu’il me semblait. On a tous déjà entendu Emmenez-moi, La Bohème, For me formidable, ou  Mes emmerdes. Chacun d’entre nous peut reconnaître une ou deux chansons parmi les centaines qu’il a entonnées durant sa longue carrière.

En réalité, il n’y a pas assez de lignes sur cette page pour faire justice à la carrière de ce chanteur «cultissime». Aux côtés d’Édith Piaf (qui est d’ailleurs la première à avoir reconnu son talent), de Brel et autres Brassens il fait partie de ceux qui ont forgé la chanson française du 20e siècle. Avec ses 51 albums studios, sa vingtaines de lives, ainsi que sa participation à des films de Jean Cocteau, de François Truffaut ou de Claude Lelouch, il a laissé une empreinte indélébile sur la scène artistique et la culture de son temps.

Le concert

C’est donc du haut de ses 92 ans bien sonnés que Charles Aznavour est venu chanter au Centre Bell de Montréal devant un public de spectateurs de tous âges. Habillé en costard et en bretelles rouge pétard, il arrive sur scène sous un tonnerre d’applaudissements. Les bras écartés il se prosterne, nous remercie d’être venus, et commence à chanter. Son spectacle est introduit par des chansons moins connues. Il «ressort les fonds de terroirs» et c’est pour beaucoup une belle découverte.Cependant la vraie partie de plaisir est pendant la deuxième moitié, lorsqu’il entonne ses plus grands succès, accompagné par le public qui chante, qui tape au rythme des chansons, qui est tout ouïe pour Aznavour.

Pour l’accompagner, il s’est entouré de beau monde. Parmi les six musiciens et les deux choristes, il y a sa fille Katia, une guitariste avec d’innombrables guitares pour mieux accompagner les chansons, un claviériste, ainsi qu’un pianiste qui —fait assez rare pour un français — est titulaire du prestigieux prix Frédéric Chopin. D’excellents musiciens qui mettent pleinement en valeur les pièces de cet excellent chanteur.

Aznavour d’aujourd’hui, Aznavour d’avant-hier

Les aléas de sa vieillesse, qu’il assume largement, sont compensés par un prompteur. «À mon âge, on commence à avoir quelques problèmes» nous explique-il. «Je vois plus rien, je suis pas sourd mais complètement sourdingue, et j’ai la mémoire qui flanche». Du coup, il a ses textes qui lui défilent devant les yeux, et un siège sur lequel il s’assoit le temps d’une chanson ici et là. Et pour cause, comme dit un journaliste de Radio-Canada, «Aznavour pourrait être le père de Mick Jagger». Pourtant, beaucoup aimeraient avoir une telle vieillesse! Il n’a presque rien perdu de sa voix (si ce n’est un peu de souffle), il danse pendant quelques chansons, il chante en cinq langues, converse aisément avec le public, et offre un vrai spectacle pendant près de deux heures. Peut-être n’aurons-nous pas la chance d’avoir la belle vieillesse de Charles Aznavour. Nous qui avons, pour la plupart, la vingtaine qu’il regrette tant, profitons-en donc pleinement. «Il faut boire jusqu’à l’ivresse, sa jeunesse.» 

L’article Aznavour n’a (presque) rien oublié est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Dossier spécial un an de gouvernement Trudeau https://www.delitfrancais.com/2016/10/25/dossier-special-un-an-de-gouvernement-trudeau/ Tue, 25 Oct 2016 13:40:40 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=26370 Le Délit revient sur quelques points clefs.

L’article Dossier spécial un an de gouvernement Trudeau est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
On dit souvent que les élus ont cent jours de grâce après leur élection. Or, ça y est, cela fait un an que Justin Trudeau a été élu le 23e premier ministre du Canada. Pour beaucoup, Trudeau, c’était un nom, un renouveau, un espoir; en un mot: un phénomène. Qu’en est-il aujourd’hui? Le Délit revient sur quelques points clefs de cette première année du gouvernement libéral.

Économie

Il peut sembler un peu tôt pour juger du bilan économique du gouvernement Trudeau. En effet, la politique économique est de ces domaines où les effets mettent du temps à apparaître: la meilleure des réformes ne peut porter ses fruits que longtemps après avoir été mise en place. On peut cependant se demander si les politiques du gouvernement libéral sont alignées sur les promesses de campagne de leur chef.

Budget et emploi

On s’en souvient, Trudeau avait étonné par l’ampleur de sa politique de relance d’inspiration keynésienne. Il avait en effet doublé sur leur gauche les sociaux-démocrates du Nouveau parti démocratique (NPD) en annonçant qu’il y aurait un déficit budgétaire d’une petite dizaine de milliards de dollars lors de ses premières années au pouvoir avant que l’équilibre financier ne soit rétabli in fine en 2019. Or, en mars dernier, le ministre des finances Bill Morneau annonçait que le déficit sur l’année fiscale 2016 s’élèverait à 29,4 milliards de dollars, soit trois fois plus qu’initialement envisagé. Cela est d’autant plus impressionnant si l’on prend en compte le fait que les rentrées fiscales liées à l’imposition ont augmenté considérablement par rapport aux années Harper.

s-eco
Webmestre, Le Délit

Néanmoins, beaucoup de gens s’accorderont à dire que l’équilibre budgétaire n’est pas une fin en soi. Ici, la question essentielle qui permettra de formuler une critique est davantage à qui et à quoi ont servi ces «excès».

Les chômeurs, quant à eux, ont vu leurs prestations augmenter, notamment dans les régions particulièrement affectées par la chute du cours du pétrole. L’obligation d’accepter un emploi moins bien payé et loin de chez soi a aussi été abolie par le gouvernement Trudeau. Les personnes âgées peuvent se rassurer, l’âge de la retraite restera à 65 ans, contrairement à ce qui avait été envisagé sous Harper. Pour nous autres étudiants, les prêts gouvernementaux ont largement augmenté, et ne sont remboursables que lorsqu’un emploi payant plus de 25 000 dollars par an a été trouvé. Le gouvernement fédéral a aussi annoncé des investissements massifs dans l’infrastructure (vous avez remarqué qu’il y a quelques travaux ici et là?) à la hauteur de 120 milliards de dollars sur la prochaine décennie.

Fiscalité et croissance

L’impôt sur le revenu figurait aussi parmi les débats de campagne. Sur ce plan là, le gouvernement libéral a tenu promesse: pour les revenus supérieurs à 200 000 dollars, le taux d’imposition est passé de 29% à 33%. Quant aux classes moyennes, dont les voix étaient très recherchées pendant la période électorale, elles ont vu leur taux passer de 22% à 20,5% pour les revenus entre 45 282 dollars et 90 563 dollars. Cette baisse n’a cependant pas été compensée par la hausse sur les revenus élevés, contrairement à ce qui avait été dit: ces changements entraineront une baisse de recettes de quelque 1,2 milliards de dollars pour le gouvernement fédéral sur l’année fiscale 2016–2017.

En termes de croissance du PIB, l’économie canadienne prévoit une augmentation de 1,44% pour 2016, soit légèrement plus qu’en 2015. Bien qu’en dessous de ce qui avait initialement été espéré, il faut souligner que la crise pétrolière a eu un effet imprévisible sur les économies des provinces de l’Ouest, qui sont largement dépendantes des revenus de l’or noir.

À vous donc de formuler votre propre opinion. Une chose est claire cependant: en matière d’économie, le gouvernement Trudeau représente un tournant net par rapport aux années Harper placées sous le signe de l’austérité. – Jacques Simon


Santé

Sur le plan de la santé, le bilan du gouvernement Trudeau ne semble pas être aussi reluisant que l’on pourrait le croire. Certes, le gouvernement a bel et bien augmenté le budget en matière de santé publique, investissant plus de 25 milliards de dollars, dès 2016, sur une période de cinq ans. Cette politique est conforme aux déclarations de Justin Trudeau lors de sa campagne, ce dernier s’étant dit convaincu «que tout le monde a[vait] le droit d’avoir accès […] à un système de soins de santé public et universel de première qualité et financé par l’État» — tout en critiquant au passage le gouvernement Harper pour son inaction en matière de santé publique.

Cependant, d’autres dossiers semblent à la traine, comme la promesse d’améliorer l’accessibilité et l’offre des services de santé mentale. En effet, à l’heure actuelle, aucun projet de loi ou de plan d’action n’a été annoncé par Santé Canada. Pour pallier à cette lacune, la ministre de la Santé fédérale a annoncé le 24 octobre une révision du Guide alimentaire canadien et d’autres initiatives telle que l’interdiction du marketing dirigé vers les enfants, pour contrer la malbouffe.

s-medecin
Webmestre, Le Délit

De plus, si la Loi sur l’aide médicale à mourir est bien entrée en vigueur le 17 juin dernier, cela n’a pas été sans controverses. Des sénateurs ont admis avoir voté pour «à contrecœur», certains critères ayant été jugés trop vagues voire inconstitutionnels. De plus, quelques députés libéraux ont voté contre, l’un des plus notoires étant David Lametti, député de LaSalle-Émard-Verdun et ancien professeur de droit à McGill. 

Plus récemment, le gouvernement libéral de Justin Trudeau s’est engagé à négocier une nouvelle entente de long terme avec les provinces relativement au financement des soins de santé.

Pourtant, ces négociations semblent loin de faire l’unanimité, malgré les paroles rassurantes de la ministre de la Santé, Jane Philpott, qui se félicitait d’une rencontre positive avec ses homologues provinciaux. Le ministre de la Santé québécois Gaétan Barrette a au contraire dénoncé une «perspective sombre», le gouvernement fédéral souhaitant diviser le taux annuel d’augmentation des transferts en santé de 6% à 3% à compter d’avril prochain, forçant alors le premier ministre Couillard à demander une rencontre avec M. Trudeau et les autres premiers ministres pour discuter du sujet. – Sébastien Oudin-Filipecki


Affaires Autochtones

Le 7 juillet 2015, Justin Trudeau déclarait: «les libéraux ont un plan pour du vrai changement qui rétablira la relation entre le gouvernement fédéral et les peuples autochtones.» La question des peuples autochtones a en effet été un élément clé de la campagne du Parti libéral. Justin Trudeau avait tout particulièrement insisté sur la nécessité de rompre avec l’approche du gouvernement Harper et d’amorcer une nouvelle ère, fondée sur la reconnaissance et la réconciliation.

Un an après son élection, le Parti libéral a mis en place un certain nombre de mesures significatives en faveur des peuples autochtones. Dès décembre 2015, Justin Trudeau déclarait l’ouverture d’une enquête sur les femmes autochtones disparues ou assassinées. Alors qu’elles représentent 4% de la population féminine canadienne, 16% des femmes assassinées entre 1980 et 2012 étaient autochtones. La reconnaissance de la violence exercée envers les autochtones faisait partie intégrante de l’effort de réconciliation prôné par Trudeau lors de sa campagne.

Sur le plan budgétaire, le budget fédéral de 2016 propose d’investir 8,4 milliards de dollars sur les cinq prochaines années dans des projets destinés à l’amélioration des conditions socio-économiques des autochtones, notamment dans les domaines de l’éducation, de l’infrastructure et de la santé. Le Parti libéral a également décidé d’investir dans l’infrastructure culturelle des collectivités des Premières Nations — les autochtones du Canada à l’exception des Inuits et des Métis — à hauteur de 76,9 millions de dollars pour les deux années à venir. Cependant, contrairement à ce qu’avait envisagé Justin Trudeau, le plafond de 2% sur l’augmentation annuelle du budget des Premières Nations est resté en place jusqu’à aujourd’hui. Cette limitation, qui ne prend pas en compte la croissance démographique des communautés concernées, est largement critiquée par ses représentants. La matérialisation de cette promesse demeure donc une nécessité pressante.

s-autochotne
Webmestre, Le Délit

Enfin, si Justin Trudeau avait souligné sa volonté d’implémenter les 94 recommandations de la Commission de vérité et réconciliation, notamment celle concernant la nécessité d’obtenir le consentement des communautés autochtones avant de procéder à des projets de développement économique, cette mesure semble compromise: le gouvernement soutient en effet des projets socialement préjudiciables, comme la construction d’oléoducs ou de barrages. En juillet dernier, le gouvernement libéral a notamment octroyé deux permis fédéraux au projet du site C en Colombie britannique, un barrage hydroélectrique situé sur la rivière Peace. Or ce projet qui menace d’inondation des territoires dont dépendent plusieurs Premières Nations. Comme le souligne Perry Bellegarde, l’actuel chef national des Premières Nations, cette décision va à l’encontre du respect des droits des autochtones prôné par Trudeau. Ayant fait part en décembre dernier de son optimisme à l’égard de l’approche de Trudeau des questions autochtones, Bellegarde signale que des mesures restent à prendre pour matérialiser ces promesses en politiques concrètes. – Hortense Chauvin


Immigration

Sur la question de l’immigration, Justin Trudeau et son parti se sont montrés beaucoup plus ouverts que l’ancien gouvernement de Stephen Harper. En effet, pour répondre à la crise humanitaire qui affecte le Moyen-Orient, Trudeau avait fait le vœu d’accueillir 25 000 réfugiés de cette région avant la fin de l’année 2015. Le  premier ministre libéral ne s’est pas fait attendre sur cette question. Tout juste sa nomination confirmée, les Canadiens ont pu le voir accueillir les réfugiés dans les aéroports de Montréal et de Toronto. L’échéance de son premier objectif a dû être repoussée et c’est fin février que sa promesse fut concrétisée, le 25 000e réfugié ayant mis le pied au Canada. En mars dernier, le gouvernement libéral a doublé son objectif: il a exprimé son souhait d’accueillir au moins 50 000 réfugiés de par le monde avant la fin de l’année. Les dernières statistiques du site du gouvernement du Canada indiquent qu’à ce jour, un peu plus de 32 000 réfugiés sont arrivés au pays.

Outre les réfugiés, le gouvernement libéral a également fait de la réunification des familles l’une de ses priorités, en promettant d’accélérer le délai de traitement des dossiers. Pour ce faire, Justin Trudeau avait prévu à cet effet de doubler le budget consacré aux traitements des demandes. Cependant, il est encore trop tôt pour savoir si l’objectif concernant ce processus a été ou est en voie d’être atteint.  La publication des statistiques  est prévue pour février 2017.

s-immigratkion
Webmestre, Le Délit

Bien qu’il ne soit pas encore possible de faire un compte-rendu rigoureux, on peut déjà constater que l’ouverture qui rend le Parti libéral si fier n’a pas tardé à faire ses preuves. Depuis leur arrivée au pouvoir, le pays a accueilli un nombre record de nouveaux arrivants. En effet, selon Statistiques Canada, durant l’année 2015–2016 plus de 320 000 immigrants sont arrivés au pays. Ce chiffre est nettement supérieur à la moyenne annuelle de 250 000 observée pendant la dernière décennie. – Lisa Phuong Nguyen


Environnement

Quid de la politique de lutte contre les changements climatiques? Elle était un point saillant de la campagne libérale en 2015, après dix ans d’inaction de la part du gouvernement Harper. Immédiatement après son élection, Trudeau s’est rendu à la COP 21, où il a délivré un message environnementaliste fort, avant de signer l’accord de Paris, ratifié enfin au début de l’automne 2016. La même annonce de changement a été faite lors d’une réunion de tous les premiers ministres à Vancouver, à l’aube de l’année 2016.

Plusieurs promesses de campagne et du début de mandat de M. Trudeau ont été tenues, notamment l’établissement d’un accord d’une «ambitieuse entente nord-américaine sur l’énergie propre et l’environnement», pour citer la plateforme du premier ministre, lors du sommet des «trois amigos» l’été dernier. Reste ensuite à chacun de comprendre le mot «ambitieux» comme il veut: les dirigeants se sont accordés sur une diminution de 45% des émissions de méthane d’ici 2025 comparativement au niveau de 2012, ainsi que sur la fin des subventions aux combustibles fossiles d’ici 2025.

Autre promesse tenue: l’établissement d’un prix national sur le carbone. Selon cette nouvelle politique, chaque province devra mettre en place une Bourse du carbone; le cas échéant, Ottawa leur imposera à compter de 2018 un prix de 10 dollars la tonne, qui montera jusqu’à 50 dollars en 2022. C’est une décision polémique: d’un côté, les canadiens soutenant la taxe carbone déplorent qu’elle ne soit pas assez ambitieuse (la science préconise un prix de 200 dollars la tonne pour lutter efficacement contre les changements climatiques). De l’autre côté, nombre de canadiens s’opposent encore à cette mesure qui met des bâtons dans les roues des pétroliers et fait monter les prix.

Côté pétrole et autres énergies fossiles, le bilan n’a pas grandement évolué depuis l’an dernier. Le gouvernement continue de soutenir les projets d’oléoducs, et de faire rimer économie verte avec combustibles fossiles.

On attend encore que le gouvernement délivre son Plan d’action pour le climat qui définira plus précisément les objectifs et mécanismes de lutte contre les changements climatiques, et respecter les engagements pris suite à l’accord de Paris.  – Esther Perrin-Tabarly

L’article Dossier spécial un an de gouvernement Trudeau est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Plongée au sein de l’extrême droite https://www.delitfrancais.com/2016/10/25/plongee-au-sein-de-lextreme-droite/ Tue, 25 Oct 2016 13:19:42 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=26358 Jean-François Nadeau fait trois conférences ce mois-ci sur les mouvances extrêmes.

L’article Plongée au sein de l’extrême droite est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
«Les fascistes ont beau être de droite, ils ne sont pas conservateurs pour autant. En réalité, ce sont plutôt des révolutionnaires» fait remarquer Jean-François Nadeau. C’est d’ailleurs ce qui est intéressant dans l’extrême droite. Souvent, on ne sait pas bien où, ni comment, la placer sur l’échiquier politique. Et pour cause: il serait faux de parler d’une extrême droite tant les mouvements, les idées, les tendances, et les opinions sont fracturés au sein de cette famille. D’ailleurs, à l’inverse de philosophies comme le marxisme, l’extrême droite ne se reconnaît pas dans un auteur, ni même un ouvrage, à partir duquel découlerait l’ensemble des mouvements se revendiquant de cette idéologie. C’est d’autant plus complexe que ces mouvements ont tendance à s’afficher comme anti-idéologiques. L’action, la force, le geste, ont tendance à avoir la primauté sur l’idée.

C’est donc pour essayer d’éclaircir un peu ce mélange aussi compliqué qu’intéressant que Jean-François Nadeau, journaliste au Devoir et historien spécialisé en nationalisme québécois, a entrepris de créer une conférence à trois volets portant sur «l’extrême droite au Québec dans les années 1930» et présentée au cours des Belles Soirées de l’Université de Montréal.

Les origines de l’extrême droite

La conférence part d’un constat: l’extrême droite est apparue de façon indépendante et quasi-simultanée dans des régions du monde différentes. On peut donc dire qu’il y avait, fin 19e, début 20e siècle, des conditions objectives et communes à beaucoup d’endroits du globe qui  ont favorisé l’émergence de telles idéologies, sans que les chefs se consultent entre eux.

Ces conditions ont suscité l’intérêt de beaucoup d’invididus pour une compréhension du monde en termes de «races» hiérarchisées, et ont contribué à faire émerger un «Homme nouveau». Celui-ci correspondrait à un être épuré du toute déviance, et représenterait une évolution de l’Homme, une espèce de surhomme nietzschéen à la sauce «race pure».

Nadeau s’efforce donc de comprendre d’où viennent ces envies, et comment les différents mouvements se sont liés entre eux, se sont influencés tout en restant fondamentalement distincts.

Nadeau le conférencier

Jean-François Nadeau, c’est d’abord un historien et un politologue. Pour lui, «l’Histoire, c’est la capacité à étirer le temps pour le faire parler». Or, le temps, il fait plus que l’étirer. Il le manie comme il le souhaite, le fait changer de forme pour le voir autrement, et le tourne dans tous les sens pour en dévoiler les rouages.

Peut-être est-ce cette qualité de spécialiste qui fait que Nadeau se refuse tout commentaire hâtif sur la politique? La discussion avait en effet lieu pendant le troisième et dernier débat de la présidentielle américaine. «Traiter quelqu’un de fasciste, c’est un dérapage qu’on fait tous» nous explique-t-il. Et pourtant, il fait attention de ne pas le faire. Relancé maintes fois sur le sujet de Donald Trump, il restera sur sa position: pas d’analyse profonde, pas de rapprochement avec les mouvances des années 30, pas d’envolées lyriques à l’encontre du candidat américain. Nadeau semble formel: le format n’est pas adapté à une critique approfondie, et s’y lancer serait donc malhonnête.

Mais Jean-François Nadeau, c’est aussi l’animateur de «C’est une autre histoire» sur Radio-Canada. Parler à un public, il sait faire. Raconter l’Histoire c’est son métier, et il le fait bien. À un rythme entraînant et avec humour, il explique la montée du fascisme en Europe, et les liens entretenus entre l’extrême droite française et le Québec. Il plonge dans l’affaire Dreyfus, la lie à l’Action française, et en fait sortir Adrien Arcand (journaliste et homme politique québécois de tendance nazie et antisémite, ndlr).

Allez voir!

Vous pouvez donc, si vous le souhaitez, assister aux deux conférences restantes, qui s’intéresseront ces deux mercredi prochains à la distinction entre nationalistes et impérialistes, et aux chemises bleues d’Adrien Arcand, en compagnie de Nadeau, toujours. 

L’article Plongée au sein de l’extrême droite est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Objectif 15$ : Autre revendication publique https://www.delitfrancais.com/2016/10/24/objectif-15-autre-revendication-publique/ Mon, 24 Oct 2016 21:02:51 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=26315 Le mouvement pour un salaire minimum de 15 dollars se remet en branle à Montréal.

L’article Objectif 15$ : Autre revendication publique est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Le 15 octobre dernier, une grande manifestation a eu lieu à Montréal, réclamant une augmentation du salaire minimum à 15 dollars de l’heure. Marchant au rythme des tambours, environ 1500 personnes ont défilé entre le Parc Prévost et la place de la gare Jean-Talon. Le mouvement ratisse large: une trentaine de contingents différents représentaient des tendances politiques diverses et variées. Sociaux-démocrates, communistes, indépendantistes, syndicalistes, et autres écologistes avaient momentanément mis de côté leurs différents pour s’unir en faveur de 15 dollars de l’heure.

Un mouvement québécois

La demande n’est pas nouvelle, loin s’en faut. Les travailleurs du Vieux-Port de Montréal sont, par exemple, en grève depuis le 27 mai dernier dans l’espoir de voir leurs salaires s’élever au moins à 15 dollars de l’heure. Ces derniers ont rejeté plusieurs propositions depuis le début de leur mouvement parce qu’elles n’assouvissaient pas cette demande phare. Dans le monde politique, de plus en plus de partis se profilent en faveur de cette augmentation. Sans surprise, QS (Québec Solidaire, de gauche) en fait une des mesures de son programme. La députée de Sainte-Marie, Saint-Jacques Manon Massé, ainsi que la députée de Gouin et porte-parole de ce parti, Françoise David, faisaient d’ailleurs partie des manifestants.                                                                                                     Le NPD (Nouveau Parti Démocratique, de centre-gauche) s’est lui aussi prononcé en faveur… ou presque. Cela fit polémique, on s’en souvient, lors des élections fédérales de 2015, lorsque Thomas Mulcair appela à augmenter le salaire minimum à 15 dollars, mais uniquement pour les employés du gouvernement fédéral. Ses opposants avaient alors fait remarquer que cette proposition toucherait moins d’un pourcent des travailleurs touchant le salaire minimum. Pourtant, à en juger par le nombre de drapeaux aux couleurs du NPD présents lors de la manifestation, la base militante, elle, est en faveur d’une augmentation plus générale.                                                                                                                                                                                                                                                      Si le PQ (Parti Québécois, souverainiste) a officiellement adhéré au début de l’année à la proposition menée par QS, il fait toutefois peu de militantisme en faveur d’une augmentation. Avec la prise de fonction de son nouveau président, Jean-François Lisée, il sera intéressant de voir dans quelle direction évoluera la ligne du parti.                                                                                                                  Quant au PLQ (Parti Liberal Québécois, de centre-gauche), actuellement au pouvoir, il s’est officiellement prononcé contre une augmentation de l’ordre de 15 dollars. C’est embêtant pour les partisans d’une augmentation, puisqu’ils sont actuellement en position d’opposition minoritaire, et n’ont donc, a priori, pas le poids suffisant à l’Assemblée nationale pour faire adopter une législation sans le soutien du PLQ.

Un mouvement nord-américain

L’idée d’augmenter le salaire minimum à 15 dollars horaire n’est pas une spécialité québécoise. À travers le Canada, en effet, des mouvements semblables existent, en Alberta notamment, où le gouvernement néo-démocrate s’est engagé à en faire une réalité d’ici 2018. Le mouvement est aussi présent de façon importante en Ontario et en Colombie Britannique.                                                           Chez nos voisins du sud, l’idée est aussi de plus en plus populaire. Elle faisait partie des mesures phares de la candidature de Bernie Sanders, l’État de la Californie est en cours d’augmenter son salaire minimum d’ici 2022, tout comme la ville de Seattle qui, elle, a pour objectif d’y arriver en 2020. On peut donc parler d’un véritable mouvement, international qui plus est.                                       Ce n’est pas pour autant que votre prochain boulot sera payé à 15 dollars de l’heure. Si un mouvement favorable est présent un peu partout, l’opposition des dirigeants reste la norme très générale. La question est donc la suivante: les partis s’étant prononcés en faveur d’une augmentation sauront-ils rester fidèles à leurs principes une fois que l’alternance démocratique les aura portés au pouvoir ?

L’article Objectif 15$ : Autre revendication publique est apparu en premier sur Le Délit.

]]>