Hannah Raffin - Le Délit https://www.delitfrancais.com/author/hannahraffin/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Tue, 20 Nov 2018 20:07:43 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 Guerre[ison] https://www.delitfrancais.com/2018/11/20/guerreison/ https://www.delitfrancais.com/2018/11/20/guerreison/#respond Tue, 20 Nov 2018 15:19:53 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=32662 Rencontre avec Julien Fréchette, réalisateur de Ma Guerre, présenté aux RIDM.

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Le Délit est allé à la rencontre du documentariste et cinéaste québécois Julien Fréchette. Son film Ma guerre a été présenté à la dernière édition du festival des rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM). Le documentaire se penche sur un phénomène méconnu : l’engagement d’occidentaux·ales dans le combat contre Daesh aux côtés des forces kurdes en Syrie et en Irak. En suivant quatre combattant·e·s, on découvre les motivations diverses de ces combattant·e·s qui traversent les océans pour mener une guerre qui n’est pas forcément la leur.

Le Délit (LD) :  J’imagine que le·a spectateur·rice s’attend à voir pas mal de combats, d’être plongé·e dans la guerre, mais finalement ce n’est pas du tout ce qui se passe. Quelles étaient vos attentes quand vous êtes allé·e·s sur le terrain, une situation d’attente ou un combat intense?

Julien Fréchette (JF) : C’était du 50/50, dans la mesure où l’on ne pouvait pas prévoir ce qui allait se passer. On devait travailler avec la contrainte du fait qu’on avait uniquement vingt jours de tournage disponibles à l’étranger. Cela laissait à peu près deux séjours de dix jours là-bas. C’est sûr que si l’on avait été dans une dynamique de compagnonnage, où l’on avait passé un mois avec les personnes sur le terrain, on aurait eu davantage de bombes… Je pense qu’on a été chanceux, il y a un bon échantillonnage de ce qu’il se passe pendant une guerre. C’est pas toujours de l’action et des bombes : il y a énormément d’attente.

LD : Par rapport à votre relation avec les combattant·e·s que vous avez suivi·e·s, avec qui vous avez passé beaucoup de temps, quel type de relation avez-vous nouée avec eux·elles ? Avez-vous pu vous identifier à leurs aspirations?

JF : Dans une certaine mesure, oui. À partir du moment où l’on va ensemble sur le terrain, qu’on prend des risques d’une façon commune, je dirais qu’on est dans le même bateau. Il va se développer un esprit de camaraderie. De la même manière, j’imagine que cela peut arriver entre soldats. Je me voyais davantage comme un intervenant qui était là pour questionner, mais de façon tout à fait transparente, sans complaisance, les gens que je filmais, parce que moi-même j’étais curieux d’essayer de comprendre.

Je me voyais davantage comme un intervenant qui était là pour questionner, mais de façon tout à fait transparente, sans complaisance

LD : Peut-on faire des comparaisons entre les combattant·e·s de ce côté du front et de l’autre côté? Est-ce que ça nous apprend quelque chose sur les autres combattant·e·s?

JF : Il y a des vases communicants, je pense que ce sont deux miroirs. Il y a des choses qui se ressemblent, dans le processus de départ. Certains jeunes par exemple, tant du côté kurde que du côté de l’État islamique, cachaient à leur entourage le fait qu’ils allaient combattre. Des deux côtés il y en avait pour qui ce n’était pas la première guerre. Il y avait des vétérans de la Tchétchénie, d’autres guerres civiles de l’autre côté de la frontière. De notre côté, c’était peut-être des militaires de carrière. Ils n’ont rien et tout en commun en même temps. La différence est que l’État islamique, on découvre en fait sans cesse les crimes contre l’humanité commis, le nombre de charniers qu’on a retrouvé, c’est pas quelque chose qu’on retrouvait chez les kurdes. Il y a deux poids deux mesures. C’est dit dans le film : c’est la rencontre de deux idéologies qui se combattent.

LD : On retrouve dans les combattant·e·s occidentaux·ales partant au combat un discours disant : « c’est ma place », « je vais prendre les armes », « c’est ce à quoi je suis habitué·e ».

JF : Pour l’Américain par exemple, de tous les personnages c’est celui qui je pense avait la motivation la plus complexe. Il y avait un côté presque thérapeutique dans sa démarche de retourner sur le terrain, du fait qu’il avait fait partie d’une force d’invasion de l’Irak, ça n’avait pas été forcément la guerre qu’on lui avait vendue initialement. Là il avait l’opportunité d’être vu comme un libérateur, d’être bien accueilli, de se retrouver du bon côté de l’Histoire.

LD : On peut voir dans le film que pour les personnes impliquées, c’était vraiment une quête de sens personnelle, d’où le titre du documentaire, d’ailleurs. De l’autre côté, il y a des civils qui vivent un réel désespoir, leurs vies en dépendent. Ça peut mettre un peu mal à l’aise, ce contraste. Avez-vous un tel ressenti?

JF : Il faut remettre les choses en perspective. Dans toute guerre, il y a toujours eu des gens qui venaient de l’extérieur, qui se sentaient concernés des quatre coins du globe. Il y a toujours eu ce phénomène-là. La différence est que là il se passe à une ère où il y a les médias sociaux, où il est relativement facile d’obtenir les informations pour y aller. Honnêtement, c’est la seule différence. Après, c’est sûr qu’on peut voir ça de façon un peu déconnectée, mais il est clair que les civils irakiens qui se retrouvaient entre l’État islamique et les Kurdes sont les principales victimes. C’était la même chose du côté de l’État islamique, il y avait plein de gens qui venaient du monde entier, c’est pas quelque chose qui m’a tant dérangé, honnêtement. Toute la situation est dérangeante, le fait qu’ils·elles soient là (les occidentaux·ales, ndlr) n’est pas la question en soi.

LD : Quel message avez-vous voulu transmettre à travers votre film, et qu’est-ce que vous en avez tiré?

En tant que documentariste, mon but n’est pas tant de donner des leçons, mais plutôt d’amener les gens à réfléchir.

JF : Le point focal, l’objectif du film, c’était d’amener le spectateur à réfléchir au phénomène de la guerre. En tant que documentariste, mon but n’est pas tant de donner des leçons, mais plutôt d’amener les gens à réfléchir. À partir du moment où quelqu’un me dit : « C’était dérangeant, j’y ai pensé pendant trois-quatre jours », je me dis : « Parfait, mon travail est fait. » Essentiellement c’est ça, c’est « qu’est-ce que j’ai appris ? » Toute expérience en tant que cinéaste est formatrice, ça nous amène un autre regard sur le monde, sur la guerre. C’est clair qu’on a tous une préconception de ce qu’est la guerre, de ce que ça implique. La vivre d’un peu plus près, ça change notre perspective, on est peut-être un peu plus réservé par rapport à tout ça. Je vois la chose comme un étrange phénomène, une sorte de mal nécessaire, qui est difficile à arrêter.

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Une identité tournée vers l’avenir https://www.delitfrancais.com/2017/10/31/une-identite-tournee-vers-lavenir/ Tue, 31 Oct 2017 17:08:52 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=29709 À la rencontre de Fabrice Vil, co-fondateur de l’association Pour 3 Points (P3P) et chroniqueur au Devoir.

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Talentueux avocat, Fabrice Vil a mis fin à sa carrière en 2010 pour se lancer dans l’entrepreneuriat social avec l’association qu’il a co-fondé, Pour 3 Points (P3P). L’organisme propose à la fois entraînements au basketball et aides aux devoirs pour des jeunes Montréalais. Chroniqueur au Devoir d’origine haïtienne, il a écrit plusieurs articles sur la diversité, le racisme, et l’articulation de l’identité dans la société québécoise. Le Délit s’est entretenu avec lui pour discuter du concept de l’identité et de ses multiples facettes.

Le Délit (LD): Comment votre identité québécoise et votre identité haïtienne ont-elles cohabité pendant votre enfance? Ont-elles été conflictuelles?

Fabrice Vil (FV): C’est une bonne question. D’abord, il y a toujours une question à poser: c’est quoi une identité? Une identité, ce n’est pas une définition claire, elle se compose à travers les histoires qu’on se raconte, les symboles qu’on a dans notre quotidien, nos actions. C’est vraiment tout un mélange à mon avis. Ayant ça en tête, je ne dirais pas que j’ai plusieurs identités, j’en ai une seule. Maintenant, à travers cette identité là, qui est composée donc entre autres de mes origines haïtiennes, de mon vécu depuis ma naissance comme Québécois, oui il y a eu des moments où il y a eu des confrontations ou des conflits. Ne serait-ce que de concilier l’accent de la maison, l’accent haïtien créole, avec la nécessité de modifier cet accent-là pour être un peu mieux accepté dans mon entourage à l’école primaire… Ça, ça faisait partie des enjeux que j’ai eu à vivre. À mon sens, ça demeure une seule identité qui compose une identité plus grande, collective, au Québec ou au Canada.

« Le Canada à mon sens fait bien de célébrer sa diversité, mais ça n’excuse pas ou ça ne libère personne de l’obligation de creuser et de gérer ses propres enjeux »

LD: Comment compareriez-vous ce rapport à l’identité entre une première génération d’immigrés, comme vos parents, et une seconde génération, née ici et ayant vécu ici toute leur vie, dans leur rapport à leur identité culturelle? Voyez-vous une grande différence?

FV: Si je me réfère à la manière dont mes parents ont vécu, ils sont à mon sens Québécois à part entière. Ils ont vécu plus longtemps au Québec qu’en Haïti. Ils sont arrivés dans la vingtaine. En terme du nombre d’années, la plus grande partie de leur existence s’est passée au Québec. C’est quelque chose qu’il ne faut pas oublier. Maintenant, mes parents ont vécu la situation d’immigrants qui ont eu à tailler leur place dans la société d’accueil. Ils ont été confrontés à une certaine époque, surtout à leurs débuts au Québec, aux distinctions entre leur vie en Haïti et ici. Ils ont eu à s’adapter et à lutter pour tailler leur place. Moi je suis né ici, je n’ai pas eu ce conflit là que mes parents ont pu avoir. Ce qui n’empêche pas que les défis étaient autres. Je n’ai pas eu à changer d’environnement.

LD: Vous avez eu des défis de nature différente. Vos parents ont dû s’adapter à un différent environnement, alors que vous l’avez depuis votre enfance.

FV: Oui, mais j’ai aussi une plus grande facilité. C’est l’environnement que je connais. Mes parents ont eu, à un moment donné, le constat qu’ils sont dans une société d’accueil en tant que personnes qui viennent d’ailleurs. Moi je n’ai jamais eu ça. J’ai eu cette facilité là. C’est pas juste une question de distinction entre mes parents et moi, ou n’importe quel immigrant de première ou de seconde génération. La société évolue aussi. Quand mes parents sont arrivés ici, il y avait beaucoup moins de variété en termes de nourriture [au supermarché]. C’était dérangeant pour eux, ils n’arrivaient même pas à faire la nourriture qu’ils voulaient faire! Alors qu’aujourd’hui, ce n’est même plus un enjeu. La société en elle-même a évolué. Du moins à Montréal. Ça évolue de différente manière selon les différents endroits où on se trouve.

LD: On a souvent cette image de Montréal comme une ville multiculturelle, revendiquant sa diversité comme une force. Est-ce que vous pensez que cette image correspond à la réalité, ou cache-t-elle une réalité moins édulcorée?

FV: Je pense qu’il faut regarder ça au niveau mondial. Si on compare le Canada au reste du monde, ou à plusieurs endroits dans le monde, je pense que la réponse est oui. Le Canada fait un meilleur travail que beaucoup d’autres pays pour gérer la diversité. La diversité est une force. On arrive à gérer cette diversité avec beaucoup moins de violence que dans plusieurs autres régions dans le monde. D’abord, il faut reconnaître ça. Les choses vont relativement bien. Par contre, il ne faudrait pas nier les enjeux auxquels on est confronté non plus. Le fait que ça aille bien ne veut pas dire non plus qu’il n’y pas d’enjeux. La question des relations avec les Premières Nations, les autochtones, c’en est un d’enjeu. La question de composer avec les enjeux relatifs à l’islam, au Québec présentement, c’en est un autre. Les questions de racisme à l’encontre des personnes noires. Quand on dit qu’entre 2003 et 2013 la population carcérale au sein des Noirs a augmenté de 90% durant cette période-là, ça c’est un autre enjeu. Les enjeux de pauvreté aussi, parce qu’ils sont liés, je pourrais en donner plusieurs. Le Canada à mon sens fait bien de célébrer sa diversité, mais ça n’excuse pas ou ça ne libère pas personne de l’obligation de creuser et de gérer ses propres enjeux, ses propres problèmes et problématiques.

« L’idée c’est pas de rejeter notre héritage, en fait c’est même le contraire que je proposerais, c’est de voir comment notre héritage peut contribuer au collectif, peut enrichir la collectivité »

LD: Comment est-ce que vous définiriez l’identité québécoise?

FV: D’abord, et avant tout, le français est important. Mais en bout de ligne, on parle de gens qui habitent au Québec, qui aiment le Québec, qui l’ont comme point de rattachement. Il y a comme une espèce de nécessité de définir le tout, alors qu’en bout de ligne le Québec c’est présentement un collectif de gens qui se rassemblement, qui veut produire une société positive. Ce que je trouverais intéressant, au-delà de la question de la défense du français, avec laquelle je suis d’accord, c’est qu’on définisse une identité québécoise axée sur des enjeux collectifs importants — la promotion de l’environnement, la lutte contre les inégalités — qu’on soit champion de ce genre de choses là ça serait intéressant qu’on le voit et qu’on l’affirme un peu plus.

Pourquoi est-ce que ça ne pourrait pas faire partie de notre identité de regarder l’avenir, de regarder vers où on se projette plutôt que de protéger coûte que coûte des [héritages du] passés. Sans oublier le passé, ce n’est pas ça le problème, c’est important de se rappeler qui on est, mais je ne voudrais pas tomber dans [le piège] de toujours regarder en arrière.

LD: Qu’est ce que vous répondriez aux personnes qui considèrent le multiculturalisme et l’immigration comme des menaces à la pérennité de l’identité québécoise?

FV: Je pense que le terme multiculturalisme fait beaucoup réagir, puis que ce soit multiculturalisme, ou communautarisme, ou un autre terme, il m’apparaît important d’éviter que des groupes donnés arrivent au Québec ou au Canada puis se juxtaposent l’un à côté de l’autre, sans réelle synergie et interaction. Ça c’est ce qu’il faut éviter parce que là, on ne serait pas en train d’avoir des identités communes, on serait juste des cellules qui coexistent l’une à côté de l’autre sans participer à un projet commun. Ça, c’est problématique et dangereux et donc, de ce que je ressens de la crainte du multiculturalisme, c’est ça que je perçois. Après, l’important c’est de construire un projet commun en étant aussi conscient de la réalité de la société d’accueil, mais il ne faut pas non plus dans cette conversation là être hypocrite. Le Canada d’aujourd’hui a été bâti aussi en violation de droits de personnes qui étaient présentes, les personnes autochtones, donc c’est comme un respect de reconnaître que nous, qui sommes venus ici qui veulent protéger leurs frontières sont aussi en violation des droits d’autres personnes.

« Ce que je trouverais intéressant, au-delà de la question de la défense du français, avec laquelle je suis d’accord, c’est qu’on définisse une identité québécoise axée sur des enjeux collectifs importants »

LD: Ne craignez-vous pas que cette image de la peur du communautarisme force les gens à rejeter une part de leur identité parce qu’elle est différente de l’héritage catholique-blanc québécois?

FV: C’est là où, à mon sens, on essaye de rendre simple quelque chose qui est hyper complexe. J’ai jamais dit que les gens qui arrivent ici devraient rejeter leurs propres identités. Moi j’ai un amour pour mes origines haïtiennes, je l’ai dit à chaque seconde de ma vie, l’idée c’est pas de rejeter notre héritage, en fait c’est même le contraire que je proposerais, c’est de voir comment notre héritage peut contribuer au collectif, peut enrichir la collectivité. L’exemple que je donnerais, c’est un exemple très simple et intéressant, c’est l’exemple du potluck. On fait une soirée ensemble, puis chacun arrive avec son repas, il mange son repas seul, sans partager. Ça fait une soirée un peu dry, un peu plate, mais si on fait un potluck et qu’on dit que tout le monde apporte sa nourriture sur la table et qu’on partage, juste ça rend la dynamique beaucoup plus intéressante parce que le bagage qu’on amène de chez nous contribue aux autres, puis on est fiers de l’apporter avec nous.

LD: Depuis que vous vous êtes lancé dans le projet d’entreprenariat social de Pour3Points, on peut imaginer que votre mode de vie, vos ambitions et votre quotidien ont beaucoup changé. Quelle importance ces éléments ont eu dans la construction de votre identité? De passer du métier d’avocat à travailler avec des jeunes, c’est une atmosphère très différente, et des ambitions différentes…

FV: Y’a deux choses qui me viennent à l’esprit. Le travail de Pour3Points, on a parlé beaucoup d’identité culturelle jusque là, et je pense que c’est important de savoir qu’une identité se compose de tellement d’éléments qui vont au delà de la dimension purement culturelle. On pourrait parler des activités que l’on fait au quotidien, on pourrait parler du sexe, je ne pourrais même pas les nommer puis les marquer en notes, ces éléments qui composent notre identité. Maintenant, ce que le travail de Pour3Points m’a permis de faire, c’est de réaliser que les jeunes qu’on accompagne dans les écoles des milieux défavorisées se retrouvent dans des contextes où ils sont entrain, eux aussi, de construire leur identité. Pour moi, c’est un plaisir de soutenir des jeunes dans la construction de cette identité là, et que ces jeunes là se sentent des citoyens et des individus à part entière dans leur société.

LD: Vous pensez que le sport participe à la construction de leur identité parce qu’ils ont le sentiment de faire partie de quelque chose? C’est ça pour vous le point central dans la construction de leur identité avec le sport?

FV: Je pense que le sport peut avoir cet effet là, d’aider à construire une identité, ça permet aux jeunes de s’ancrer dans un groupe positif une équipe ça permet aux jeunes de s’identifier dans leur contexte à une école, même plus loin, à représenter leur quartier. Ensemble on travaille à devenir de bonnes personnes, de bons sportifs et de bons étudiants, ça résonne, pis là, ça devient plus facile pour eux de comprendre pourquoi ils doivent être de bons élèves à l’école, de voir pourquoi on peut être exigeants avec nous, même d’un point de vue sportif: ça part de l’identité qu’on construit ensemble.

 

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Voyages, voyages https://www.delitfrancais.com/2017/10/31/voyages-voyages/ Tue, 31 Oct 2017 14:52:45 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=29640 «Moins on se connaît, mieux on se porte», écrivait Clément Rosset dans son ouvrage Loin de moi, défendant la thèse selon laquelle la recherche obsessive d’une identité bien définie nuit à la poésie de l’existence. L’idée d’une identité figée peut, sans conteste, être nocive à l’épanouissement personnel. Elle soumet le rapport à soi-même à une… Lire la suite »Voyages, voyages

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«Moins on se connaît, mieux on se porte», écrivait Clément Rosset dans son ouvrage Loin de moi, défendant la thèse selon laquelle la recherche obsessive d’une identité bien définie nuit à la poésie de l’existence. L’idée d’une identité figée peut, sans conteste, être nocive à l’épanouissement personnel. Elle soumet le rapport à soi-même à une image prédéfinie, gêne tout changement, paralyse toute redéfinition de soi. Elle restreint l’identité en lui donnant l’apparence d’une complétude. Cette édition spéciale, au contraire, s’attache à déchiffrer ces différentes facettes, cette mosaïque complexe qui forme notre rapport unique au monde.

La période universitaire, cette arrivée dans un nouvel univers culturel et académique, est propice à la redéfinition de son identité. L’arrivée à McGill, une institution qui se distingue par l’origine diverse de ses membres, peut être synonyme d’un nouveau départ pour l’étudiant de première année en quête de renaissance. C’est une période charnière durant laquelle chacun a l’opportunité de s’émanciper du moule de l’adolescence, de laisser derrière soi le spectre des études secondaires pour mieux définir son futur.

Quid de l’identité?

Sommes-nous agents ou produits de notre identité? À quel point la dessinons-nous? Dans quelle mesure nous définit-elle? Cette question se pose de manière particulièrement forte pour les étudiants que nous sommes: encore dans les limbes universitaires, piégés dans cette période stationnaire entre le confort du nid familial et l’entrée (toujours retardée) dans le monde «adulte». Entre les périodes de révision à McLennan et les escapades nocturnes sur Saint-Laurent, nombre d’entre nous vont faire des choix décisifs, ou du moins formateurs. Que choisir d’étudier? Faut-il rejoindre Conservative McGill, ou écrire pour nos confrères du McGill Daily? Devenir militant de Divest McGill ou v.-p. Événements de la Management Undergraduate Society? Franc-Jeu, ou le club de taillage de silex (oui, ça existe)? Ces choix s’entremêlent avec nos identités intimes, qu’elles soient raciales, genrées, sexuelles, ou de classe, qui précèdent parfois nos débuts sur la scène universitaire et auxquelles le regard des autres nous limite souvent.

Une identité multiforme 

Penser le monde sous l’angle de l’identité peut en effet nous amener à succomber à la tentation de classer les individus selon des catégories prédéfinies, à les enfermer dans des cases. Les articles présentés dans cette édition spéciale montrent les limites de cette approche. Nos contributeurs explorent les influences multiples qui composent l’identité. Elle n’est jamais unique, mais se nourrit plutôt de ses multiples influences. Semblable à une matière cosmique en fusion, sa seule constante est sa transformation. 

L’immensité qui réside en chacun de nous doit trouver sa place au sein de villes comme Montréal, où la catégorisation du soi et de l’autre semble parfois inévitable. À travers la métropole, de multiples identités entrent en collision chaque jour, finissant soit par fusionner, soit par adopter des trajectoires opposées. L’actualité récente n’en est que l’exemple: la loi 62 a récemment réveillé les tensions autour de l’identité religieuse au Québec, confrontant la province aux enjeux grandissants du vivre-ensemble. Comment accommoder cette complexité dans cette province francophone, dont la réputation de terre-refuge se heurte parfois à une réalité moins reluisante ?

Jetons les masques

Et nous voilà donc, pour la plupart, voguant, enchevêtrés entre plusieurs identités culturelles. Plusieurs nationalités, plusieurs cercles de connaissance, parfois à cheval entre le réel et le virtuel. Aujourd’hui 31 octobre, jour d’Halloween, nous nous déguisons, en masquant ou en dévoilant encore un autre petit bout de nous-même. Le déguisement nous procure une échappatoire, une page vierge pour nous repenser. Nous repartons vers un nouveau voyage identitaire. Bonne lecture!

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Re-commencer https://www.delitfrancais.com/2017/09/12/re-commencer/ Tue, 12 Sep 2017 15:41:01 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=29025 C’est donc une nouvelle année universitaire qui (re)commence. Un recommencement aussi au sein de notre journal hebdomadaire – le quarantième, pour être plus exacte. Nouvelle année, nouvelle équipe, nouveaux enjeux. Néanmoins, certains principes résistent à l’été, ceux qui reflètent un mandat, une identité. Il y a de cela quarante ans, Le Délit naquit dans les… Lire la suite »Re-commencer

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C’est donc une nouvelle année universitaire qui (re)commence. Un recommencement aussi au sein de notre journal hebdomadaire – le quarantième, pour être plus exacte. Nouvelle année, nouvelle équipe, nouveaux enjeux. Néanmoins, certains principes résistent à l’été, ceux qui reflètent un mandat, une identité. Il y a de cela quarante ans, Le Délit naquit dans les pages de nos confrères du McGill Daily. Une naissance qui fit couler l’encre et qui propulsa notre jeune journal (qui ne consistait, à l’époque, que de quelques pages) dans le monde du militantisme. Une naissance difficile, évoquée par ce nom qui nous est, à présent, si cher. Ni les mères d’élèves irrités, ni l’administration ne put stopper l’avancée du Délit, qui prônait entente et collaboration dès le premier édito.

«Nous croyons que la promotion du français ne doit pas être seulement l’objet d’une résistance ou d’une protection, mais elle doit plutôt être conçue comme une contribution et un apport nécessaire et souhaitable.»          extrait du mandat du Délit

Le Délit, c’est d’abord le seul journal francophone de McGill. Par francophone, nous entendons à la fois un journal en langue française, mais aussi une volonté de promouvoir les intérêts de la minorité francophone du campus. Cette francophonie est d’ailleurs, pour certains d’entre nous, une des raisons qui nous mena aux berges du Saint-Laurent. Au sein de ce campus ou les nationalités et les cultures de chacun varient, il ne nous reste que la francophonie. Le Délit l’honore en créant et en maintenant ce forum de découverte et d’échange; découverte et échange de sentiments et d’opinions variées dans notre section Société, de sens et de sensibilité dans nos pages Culture, de nouveautés et de nouvelles dans nos pages Actualités et Innovations. 

«Une presse libre et indépendante est un élément indispensable d’un campus démocratique.»

            extrait du mandat du Délit

Enfin, Le Délit, c’est surtout un journal étudiant qui a la chance d’être indépendant. Une possibilité unique de traiter des sujets de notre choix et d’offrir un espace au dialogue, où les pensées et les témoignages les plus différents cohabitent. Le Délit ne cherche pas à transmettre une vision du monde particulière, si ce n’est celle de donner une voix à des points de vue divergents, voire parfois aux antipodes, dans la mesure où aucune opinion n’incite directement à la haine de l’autre et s’inscrit dans un contexte de respect et de véracité. 

Cette année, c’est l’année de nos quarante ans, mais aussi celle de notre référendum quinquennal. Référendum sur la cotisation étudiante (6 dollars par semestre et par étudiant) qui finance les opérations non seulement de notre journal, mais aussi celles de notre homonyme anglophone le Daily. Ce vote, qui aura lieu ce semestre, déterminera la survie de cette presse libre, indépendante et indispensable.

À l’aube de cet anniversaire, il semblerait que quarante ans n’aient pas suffi à diluer la ferveur de ce journal et de son équipe. La presse étudiante est toujours bien présente à McGill et j’espère qu’à l’issue de ce référendum, il en sera toujours de même.

Au plaisir de rester pour vous une contribution et un apport nécessaire et souhaitable pour les quarante ans à venir. 

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Bruxelles à Montréal https://www.delitfrancais.com/2017/06/18/bruxelles-a-montreal/ Sun, 18 Jun 2017 15:16:15 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=28777 La nouvelle génération de rappeurs belges débarque dans la métropole québécoise.

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On le sait déjà, Montréal est le carrefour des artistes francophones en Amérique du Nord. À l’occasion des nombreux festivals qui ont lieu à Montréal au mois de juin, comme le Festival Mural et les Francofolies, ce sont nos compatriotes belges qui sont de passage au Québec. Tout juste un an après leur première performance au Québec en juin 2016, ces artistes représentatifs de cette nouvelle vague du rap belge affirment ainsi leur influence au-delà des frontières de leur royaume.

La venue de plusieurs d’entre eux a été rendue possible grâce à la coordination de la maison de production Smoking Camel, et de l’émission Hip Hop Café radio. 

On y retrouve notamment le duo Caballero et JeanJass, après la sortie de leur dernier projet Double Hélice 2, mais aussi Roméo Elvis et le Motel, ou encore le plus belge des parisiens, Lomepal.

La Poutine, meilleure avec des frites belges?

Tout d’abord, le 9 juin dernier, l’événement « Bruxelles arrive » présentait le duo Caballero et JeanJass partageant la tête d’affiche avec Lomepal. Ces derniers étaient précédés par le rappeur québécois La Hes et le groupe Clay and Friends. Une première partie agréable, bien que tirant relativement sur le long qui a donné naissance à une impatience latente du public. Dès la demie-heure se rapprochant de l’arrivée sur scène de Lomepal, la foule s’est faite plus compacte. L’énergie de celui qu’on peut désigner comme un performer s’est dès lors transmise à la fosse, ne la quittant plus jusqu’à la fermeture de l’établissement. Jean Jass et Caballero ont donc fait leur arrivée devant un public chauffé à blanc, et en ont bien bénéficié. Le public semblait être connaisseur des morceaux du premier et second volet de leur projet « Double Hélice ». Un accueil plaisant et étonnant pour ces derniers, qui ne se produisent que très peu outre atlantique et peuvent aujourd’hui se targuer d’y avoir des fans fidèles.

Ce soir, c’est Roméo Elvis et Le Motel, ainsi que l’Or du Commun qui se produiront dans la même salle. La frite sera t‑elle de qualité?

Du rap français au rap francophone

Au programme donc, rap belge, rap québécois, et rap français. Est-ce le début d’un réel dialogue entre les différentes scènes de rap francophones? Dans une entrevue avec le Devoir, Caballero précise « Je pense qu’il y a des parallèles à faire entre la scène rap du Québec et celle de la Belgique» » 

Le duo qu’il forme avec Jean Jass se distingue en effet des grands pans du rap Francais – au sens national du terme. Plus ou moins proches des thèmes abordés par les rappeurs de l’hexagone ( l’argent, le succès, la marijuana en quantité, et les filles), ces derniers l’abordent tout comme Roméo Elvis avec un certain second degré, apportant ainsi leur touche belge. L’accent est réellement mis sur la musicalité et la dimension divertissante du morceau narratif. La langue française est en effet chez certains rappeurs belges mise au service d’un récit: au-delà de leur simple beauté, les rimes ont aussi ici une réelle utilité. A voir, par exemple, le couplet du rappeur Le Dé dans le Grunt 33, spécial bruxelles élaborant sur une sombre altercation finalement amusante entre poissons humanisés.

Cette dimension du rap belge rejoint le travail de certains artistes québécois, à l’image de Dead Obies ou de Fouki, qui usent de la même impression narrative tout en utilisant le slang québécois ou même l’anglais.

Ici, le géant français ne semble plus faire de l’ombre à des jeunes scènes aux talents en expansion.

Pour creuser le sujet, consultez notre édition spéciale rap du 7 Février 2017, en version papier digitalisée,  ou sur notre site internet directement :

https://www.delitfrancais.com/2017/02/07/27543/

https://www.delitfrancais.com/2017/02/08/la-guerre-des-mots/

https://www.delitfrancais.com/2017/02/07/le-rap-cetait-mieux-avant/

https://www.delitfrancais.com/2017/02/07/nouvelle-vague-du-rap-montrealais/

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…et beaucoup d’autres!

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X‑capade XXX https://www.delitfrancais.com/2017/02/14/x-capade-xxx/ Tue, 14 Feb 2017 14:31:41 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=27722 Le Cinéma L’Amour nous a ouvert ses portes samedi soir dernier. On vous raconte.

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Dans le cadre de notre édition spéciale sexe, une partie de l’équipe du Délit s’est autorisée une virée au Cinéma L’Amour. Au coin de la rue Duluth et du boulevard St Laurent, qui n’a pas déjà été intrigué par la devanture vieillissante mais provocatrice du seul cinéma libertin de Montréal?

Une institution singulière donc, qui ne comporte qu’une grande salle de projection de 400 sièges. Cette dernière fit ses débuts en 1914 comme salle de théâtre, et le majestueux de la pièce aux couleurs pourpres est resté intact. Devenu un cinéma pornographique dans les années 60, cette entreprise familiale projette deux films X par semaine pour la somme de 11 dollars  avec une ristourne de 75 sous pour les personnes du troisième âge. On ne paye pas pour la séance mais pour le temps d’ouverture du cinéma. On peut donc, à sa guise, déambuler dans la salle, discuter avec la clientèle, sortir fumer, et bien sûr venir voir une des deux ou trois projections de la journée.

L’Amour est loin d’égaler les recettes du Cinéma du Parc ou du Cineplex. Toutefois, les prix n’ont pas augmenté depuis plusieurs années et des soirées spéciales sont organisées. Sachez que si vous êtes en couple, l’entrée est gratuite les lundis, mardis et jeudis. Gratuit pour les femmes le vendredi et le jeudi pour les travestis, le cinéma cherche à diversifier sa clientèle, qui, bien que rajeunie depuis quelques années, demeure monopolisée par des seniors. 

- Chloé Mour


20h40. Nous sommes réunis devant la porte du cinéma érotique, mais impossible de franchir la porte. La honte nous laisse tétanisés à l’entrée. «Allez, on y va!»: on s’élance, des passants circulent et on se dégonfle à nouveau. Le sexe, et plus particulièrement la masturbation, est généralement quelque chose de tabou, d’intime, confiné dans nos sphères des plus privées. Ici, dans la rue, l’espace public par définition, il est écrit sur notre front que nous rentrons dans un cinéma avec l’objectif d’avoir du plaisir sexuel. Et c’est alors que nous prenons notre courage à deux mains et enjambons le pas de la porte.

À notre arrivée, la caissière paraît surprise de nous voir: «vous savez qu’il s’agit d’un cinéma porno?» Oui, les dizaines d’affiches de culs qui nous entouraient nous l’avait bien confirmé. «Je ne sais pas pourquoi vous-êtes là, mais si quelqu’un s’approche trop de vous, dites-lui de partir et normalement tout se passera bien.» Elle ajoute: «Si quelqu’un vous dérange, n’hésitez pas à venir nous voir.» Un autre homme nous conduit dans un espace «réservé», une rangée de siège entourée de deux barrières où nous ne sommes pas censé-es être dérangé-e‑s. Le film a déjà commencé. La salle est plongée dans une pénombre où l’on peut quand même distinguer des silhouettes et leurs visages. Il traîne dans l’air comme une odeur rance. Il n’y a qu’une dizaine de personnes présentes: à part une unique femme, venue avec son compagnon, le reste des personnes présentes sont des hommes dans la cinquantaine, qui semblent être venus seuls. Contrairement à nous trois, il ne restent pas ancrés dans leur siège de vieux cuir. Les hommes déambulent dans la salle, changent de siège, mais surtout s’approchent de l’écran jusqu’à presque s’y coller. Pour quelle raison? Nous se sommes pas sûr-e‑s de connaître la réponse.

Mahaut Engérant | Le Délit

Alors que nous étions deux femmes et un homme, quelque chose a commencé à nous déranger: de nombreux hommes, sans rentrer dans notre «espace réservé», s’asseyaient dans les rangs proches de nous et nous regardaient avec insistance sur une durée prolongée. À croire que nous étions plus intéressantes que le film porno en lui-même, dont beaucoup ne semblaient pas tellement y porter attention. Venu-e‑s comme spectateurs-rices, nous devenons spectacle le temps d’un court moment. Trente minutes plus tard, nous décidons de quitter la salle, et sortons aussi vite que nous sommes rentré-e‑s, encore incapables de mettre des mots sur cette expérience nouvelle. 

- Hannah Raffin


Comme le Beverley du 2e arrondissement de Paris, Cinéma L’Amour représente un dernier bastion du cinéma pour adultes. Autant son écran 16:9, ses fauteuils de velours et son système son surround peuvent offrir à l’autoérotisme bien des atouts, la démocratisation de la pornographie dans l’ère de Pornhub, Youporn aurait dû voir ce lieu disparaitre, suivant donc la fatalité des cybercafés. Les vas-et-viens quotidiens aux portes de celui-ci encore érigé nous montrent cependant le contraire. Dressé entre les yeux et l’écran, l’acte autoérotique communément intime, prendrait donc ici une déviante sociale. Différent du confort de son bureau ou de sa couette, ce lieu satisferait les envies de celles et ceux souhaitant partager de près comme de loin le plaisir visuel. Suivant le jeu du regard attiré, le tandem du voyeurisme et de l’exhibitionnisme servirait donc à expliquer cette fréquentation qui persiste.

Dans un espace où l’objectification de la sexualité passant par l’illusionnel de la vidéo pornographique atteint son comble, la réalité quasi-exclusivement masculine de ce lieu amènent vers d’autres questions. Alors que la masturbation devient avec l’âge un acte solitaire et même ironiquement taboo, l’éveil sexuel et surtout l’introduction à la pornographie pendant la puberté se révèle être un phénomène social et sociable entre amis. À cet âge où la testostérone bout et la virilité est encore critère requise, ce partage amical se lie au besoin de validation entre égals dans une atmosphère de competition masculine. Retrouvant peut-être les dynamiques d’un plus jeune âge, il est possible que cet forme dèexpression sexuelle ne soit aussi qu’en réponse à un besoin de validation intermasculine plus profonde. C’est ainsi  que certains fantasmes passant encore aujourd’hui par l’anathème méritéraient une plus juste familiarisation.

- Vittorio Pessin

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Drogués à la productivité https://www.delitfrancais.com/2017/01/31/drogues-a-la-productivite/ Tue, 31 Jan 2017 14:21:46 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=27416 Réflexions sur le monde des drogues à usage académique.

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Il est 16h30. En cette journée de fin novembre, les immeubles que j’aperçois par la fenêtre de la bibliothèque s’allument déjà. L’atmosphère extérieure est entre chien et loup. Il fera nuit dans quelques minutes, et la prochaine fois que le jour réapparaîtra, je dois avoir fini mon papier de 15 pages. La nuit promet… Il va me falloir de l’énergie et de la concentration pour réussir à «pondre» un essai de 8000 mots! Pourtant, je sens déjà la fatigue peser sur mon corps et ai l’impression que mon esprit est saturé d’idées. Cela va faire trois semaines de suite que je me retrouve dans des situations similaires à celle-ci, avec d’autres cours, et ma motivation pour «tout donner» s’effrite. Mais pourquoi ne m’y suis-je pas prise plus tôt? Pourquoi? C’est dans ces moments-là que l’on se déteste, que l’on dit «plus jamais!» C’est aussi dans ces moments-là qu’on voudrait une pilule magique,  une qui  procurerait motivation, persévérance, énergie, et concentration pendant plusieurs heures à la suite.

C’est la promesse que tiennent l’Adderall, le Ritalin, la Modafinil, le Vyvanse, le Concerta, et pour certains même de la marijuana. Toutes ces smart drugs, aussi appelées stimulants d’ordonnance, sont normalement prescrites sur ordonnance pour d’autres troubles neurologiques comme le TDAH (Trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) ou encore la narcolepsie. Elles sont cependant utilisées par de nombreux étudiants en bonne santé qui les obtiennent illégalement. La consommation de tels produits a grimpé en flèche pendant la dernière décennie, bien qu’elle concerne surtout des personnes sans antécédents neurologiques, notamment des étudiants de premier cycle. L’usage non-médical de psychostimulants représente la deuxième forme d’usage de drogues illégales à l’université, juste après la marijuana. Entre 2010 et 2015, la consommation de Ritalin, un des stimulants d’ordonnance les plus vendus au Québec, a augmenté de 56%. Cette réalité choque certains, alors que d’autres félicitent la science d’avoir inventé ce nouveau «boosteur» cognitif.

Reste à savoir quelles sont les raisons et enjeux derrière cette hausse d’usage. Est-ce une avancée scientifique signifiante, assouvissant le perpétuel désir humain d’augmenter ses capacités intellectuelles? Ou est-ce une fausse-bonne idée? Afin de mieux comprendre ce phénomène contemporain, Le Délit a recueilli dix-neuf témoignages, majoritairement d’étudiants mcgillois utilisant des psychostimulants.

Une «smart drug» rend-elle réellement plus intelligent?

La plupart des smart drugs agissent — au même titre que la cocaïne et la méthamphétamine — sur la quantité de dopamine qui circule dans notre cerveau, un neurotransmetteur associé au plaisir, au mouvement et à l’attention. Bien que ces psychostimulants aient des différences notables de fonctionnement neurologique et d’effets, la principale raison donnée dans les témoignages relève de leur capacité à augmenter la concentration chez l’individu pendant plusieurs heures d’affilée. Ces stimulants permettent aussi de couper la sensation de faim ou de fatigue. On ne peut cependant pas dire que ces substances augmentent nos capacités intellectuelles à proprement parler. Les stimulants aident à booster la performance d’un individu lors de l’apprentissage dit «par cœur» (rote-learning task, ndlr), mais ils n’augmentent en aucuns cas le Quotient Intellectuel (QI) de l’individu.

Est-ce une avancée scientifique signifiante, assouvissant le perpétuel désir humain d’augmenter ses capacités intellectuelles? Ou est-ce une fausse-bonne idée?

Tout démarre à l’université et ce n’est pas un hasard

L’exemple cité plus haut n’est qu’un profil d’usage de ces drogues parmi une plus grande variété de situations. Sur les 19 personnes ayant participé au sondage, 11 ont répondu à la question «Pour quelle occasion consommez-vous le plus souvent ce type de produit», par «Quand j’ai vraiment une charge de travail trop importante et que je dois cram de manière efficace». Ces mêmes personnes semblent aussi consommer la drogue occasionnellement, «très rarement» ou «2 à 4 fois par semestre». Un·e témoignant·e assure qu’il ou elle a réussi, grâce à un stimulant, à rattraper l’entièreté du contenu d’un cours en seulement trois jours. Il ne serait pas étonnant que cela soit le cas durant la période des examens de mi-session et des examens finaux.

L’université — fonctionnant très différemment des études secondaires — repose sur un système où l’Étudiant est peu évalué pendant une longue période, mais où il doit s’auto-discipliner pour travailler régulièrement. Aucun ou très peu de suivi de l’élève est assuré durant cette période par le professeur, ou bien le TA (Teaching Assistant, ou Assistant au Professeur, ndlr). Puis, à certaines périodes, toutes les évaluations — aussi importantes les unes que les autres, puisque peu nombreuses le long du semestre — tombent au même moment. L’étudiant est majeur, nous-dirions nous, «il est grand maintenant», il doit se gérer comme un adulte sans que quelqu’un ne doive lui tenir la main? Certes, mais ce n’est pas si simple lorsque l’on sait qu’aucune transition n’est assurée avec le système éducatif précédent, et qu’il s’agit aussi en première année de savoir jongler entre vie académique, extra-scolaire et sociale, et, pour beaucoup, loin de leur famille,  l’entité structurante principale pour la plupart d’entre eux auparavant. De nombreux témoignages précisent d’ailleurs avoir commencé à en prendre lors de leur première année d’université.

Plus problématique encore, 9 personnes disaient consommer ce produit «pour obtenir les résultats escomptés», alors que 10 en prennent pour «réussir à simplement faire tous mes devoirs». À cela s’ajoute le fait que l’usage de psychostimulants est proportionnel à la compétitivité des universités, et que l’on se plaît à surnommer McGill le «Harvard du Canada». Il s’agirait donc ici d’un usage avec un objectif différent: pallier son écart de notes avec les autres étudiants de l’Université, ou réussir à gérer la quantité de travail assignée — ici, au quotidien. McGill est connue pour être une université avec une exigence académique considérable, et certains diront même qu’il y règne une ambiance de compétition entre les élèves. Pour avoir des «A», un petit «coup de pouce» avec un psychostimulant peut augmenter les notes qu’auraient les étudiants par rapport à la situation ou ils travailleraient «sobres».

Ces stimulants, pris plus régulièrement, semblent être la seule voie possible pour réussir à atteindre les objectifs souvent trop ambitieux d’étudiants sous pression, parfois asservis par cette idée de toujours être plus performant. À la question, «Avez-vous l’impression que vous ne pouvez pas réussir (académiquement, socialement ou autre) sans consommer ce produit?», 4 personnes ont répondu «Oui». Ils ou elles justifient cette réponse par des réponses variées: «Je n’arrive pas à me discipliner sans», «ça me permet de réussir à tous les niveaux de ma vie» ou encore «Je n’arrive pas à avoir les notes dont j’ai besoin, je n’arrive pas à étudier pendant des heures comme les autres». Il ne s’agit pas ici de généraliser. 7 personnes ont répondu qu’ils pourraient très bien vivre sans, et que s’ils «ne “procrastinaient” pas tant» ou qu’ils «géraient leur temps d’une meilleure manière», ils n’en auraient pas besoin.

Comment justifier cette augmentation d’utilisation?

Il semblerait tout d’abord que l’on assisterait à un surdiagnostic du TDAH au Québec ces dernières années, qui pourrait être expliqué, selon les docteurs Joel Paris et Brett Thombs de l’Université McGill, par une définition trop vague des critères pour définir la condition d’hyperactivité. Ainsi, des étudiants pourraient obtenir une ordonnance assez facilement en allant voir un médecin. On sait aussi, à en croire le sondage du Délit et d’autres témoignages sur Internet, qu’une grande partie des étudiants qui consomment illicitement des stimulants se le procurent par un ami qui a lui-même une ordonnance. 

Des facteurs générationnels pourraient aussi être à l’origine de cette augmentation. Dans un article académique, N. Katherine Hayles met en lumière la différence entre deux modes cognitifs symboles de leurs générations respectives — l’hyper attention et l’attention profonde (hyper and deep attention, ndlr). Alors que les générations précédentes tendaient à porter une attention profonde aux tâches qu’ils effectuaient — c’est à dire se concentrer sur une seule et unique tâche pendant une durée prolongée, avec un seul média d’information — la nouvelle génération aurait un mode de fonctionnement cognitif alternatif. Avec l’explosion de la diversité des sources médiatiques, et des médias par lesquels nous communiquons, nous aurions tendance à favoriser l’hyper attention et l’hyper stimulation: autrement dit, au lieu de se concentrer sur une seule tâche en particulier, nous préférerions effectuer plusieurs choses à la fois en passant très rapidement d’une tâche à l’autre, mais tout en allant moins en profondeur que si nous ne réalisions qu’une unique tâche. Parallèlement à cette évolution, les attentes universitaires n’ont que peu changé, restant ainsi plus adaptées à une forme d’attention profonde — par exemple, faire des lectures de plusieurs dizaines de pages, au lieu de favoriser un format d’apprentissage plus interactif. Ainsi, nous sommes confrontés à un mal-être générationnel, et éprouvons beaucoup plus de difficulté à se concentrer sur une seule tâche et donc à faire les choses en profondeur. D’après Hayles, notre déficit d’attention et de concentration se rapprocherait même des symptômes ressentis par les personnes atteintes du TDAH — ironique quand l’on sait que les stimulants pris par les étudiants sont à l’origine créés pour traiter cette déficience.

Un pari risqué

Il faut mettre des mots sur une réalité: utiliser des stimulants non prescrits reste un pari risqué. Le faire, c’est s’exposer à des risques très importants. Comme pour tout médicament, les antécédents personnels influent considérablement sur les possibles effets indésirables que peut provoquer la prise d’une substance. Les psychostimulants sont prescrits avec prudence puisqu’ils sont, par exemple, connus pour être extrêmement dangereux pour des personnes avec des antécédents cardiaques (ils peuvent causer une mort subite).

Bien qu’ils ne touchent pas l’ensemble des ses consommateurs, ces substances comportent de nombreux effet secondaires indésirables. Parmi les témoignages recueillis par Le Délit, si 5 personnes assuraient ne pas avoir ressenti d’effets secondaires particuliers, 5 personnes déclaraient être sujettes à une forte anxiété pendant le temps d’effet du médicament.   

Il est aussi facile de faire une overdose, notamment avec l’Adderall: les dosages à prescrire dépendent du poids et de la taille de la personne, et le changement de dose peut faire une très grande différence. Une overdose d’un stimulant peut causer une psychose, des convulsions, ou des événements cardiovasculaires (hypertension et tachycardie), entre autres. Se pose aussi la question d’accoutumance à la substance ingurgitée, même si cela concerne davantage les utilisateurs réguliers. Si la Modafinil ne semble pas être addictive, Adderall a un potentiel très important d’addiction. Dans un des témoignages recueillis par Le Délit, un individu qui a pris de l’Adderall tous les jours pendant 8 mois raconte à quel point il a été dur d’arrêter d’en prendre après, et comment il ou elle s’est alors senti·e lassé·e, fatigué·e et non productive.

Quant aux effets des stimulants à long-terme, ils restent encore très peu documentés car l’utilisation de ce type de drogue est assez récente. Certains chercheurs pensent que l’usage de cette drogue pourrait affecter notre plasticité cérébrale, c’est-à-dire la capacité de notre cerveau à remodeler ses connexions entre nos neurones, et donc celle à s’adapter à différents contextes et situations. Cependant nous ne sommes pas à l’abri d’autres effets à long terme qui n’ont pas encore été anticipés.

Surtout, ces substances semblent déteindre très négativement sur la vie sociale du consommateur — un effet secondaire susceptible d’inquiéter particulièrement des jeunes dans leur âge d’or. De nombreux témoignant·e·s relevaient l’impact des stimulants sur leur sociabilité: «je suis froide avec les gens autour de moi, je vis un détachement social» disait l’une. Un autre individu du sondage, qui prenait de l’Adderall tous les jours, énonçait «je suis devenue une personne différente. Je n’aimais pas la personne que j’étais devenue, j’ai perdu mon aptitude à me relaxer et j’ai perdu mon sens de l’humour. Même des mois après avoir arrêté, je me battais pour retrouver mon «mojo»». Sebastian Serrano, journaliste pour le site Vice, intitulait son récent article «Prendre de la Modafinil m’a fait aimé le travail mais détester les gens». 

Des enjeux éthiques à la fois clairs et ambigus.

Plusieurs questionnements éthiques se posent quant à l’utilisation de ces drogues. Les psychostimulants pourraient-ils être un facteur d’inégalités entre les étudiants? Premièrement, il faut penser aux personnes qui ont réellement besoin de ces traitements, les personnes atteintes de TDAH (ou d’autres déficiences neurologiques). Grâce à ces stimulants, il arrivent à remédier à leurs lacunes et donc à arriver au même niveau que celui de leurs camarades. Mais qu’en est-il lorsque ceux-là commencent eux aussi à prendre le même traitement? C’est un retour à la case départ: leur retard par rapport aux autres est de nouveau rétabli. C’est aussi une inégalité financière qui est à la clé. Ces substances ont un prix élevé: si beaucoup d’étudiants se mettent à utiliser cette drogue, les étudiants qui n’ont pas les moyens d’acheter ces pilules «magiques» pourraient être désavantagés dans la course à la meilleure GPA (Grading Point Average, ndlr).

Cela nous amène à une autre question capitale: celle de la tricherie — alors qu’il est rappelé dans la totalité des syllabi que «L’Université McGill attache une haute importance à l’honnêteté académique». À quel point modifier artificiellement nos capacités cognitives peut-être assimilé à de la tricherie? C’est une interrogation à laquelle il est difficile de répondre, puisque considérer les psychostimulants comme de la tricherie nous amènerait à devoir caser le café et les boissons énergisantes dans la même catégorie — deux psychostimulants qui sont utilisés à tire-larigot par la majorité des étudiants. Aussi, où tracer la limite de l’acceptable? Devrions-nous mécaniquement suivre la limite normative qui découle de notre système légal entre le licite — café et boissons énergisantes — et l’illicite? Si il est clair que le café a des effets plus faibles que les psychostimulants, à quel point plusieurs tasses de cafés peuvent-elles être considérées équivalentes à une demi-pilule de Modafinil faiblement dosé? 

La robotisation de la société et la course à la productivité

Ce qui dérange, fondamentalement, c’est la manière dont cette consommation témoigne de manière frappante des vices de notre société contemporaine. L’utilisation régulière de stimulants cognitifs à la fois découle du paradigme de la réussite et de la productivité, dont les étudiants semblent être les premières victimes, mais aussi nourrit davantage. Derrière cette utilisation de substances psychotropes prône la volonté d’être encore plus performant au prix, pour beaucoup, de sa santé et de sa vie sociale.

C’est pourtant un jeu dangereux: le chemin de l’amélioration de la productivité n’a pas de fin. Si l’utilisation de stimulants se banalise réellement, un nouveau pallier sera alors créé. Les compteurs seront remis à zéro, nous serons à nouveau tous au même niveau, et nous chercherons à nouveau à améliorer nos capacités. Ce cycle de la destruction créatrice dans la technologie — celui qui nous fait passer du téléphone fixe au portable, puis au téléphone intelligent, etc — serait transposé à l’humain.

Il ne s’agit pas ici de porter un jugement sur les étudiants qui utilisent des psychostimulants. Cette enquête démontre qu’ils en prennent pour pallier des difficultés compréhensibles et partagées. Mais est-ce vraiment la solution à ces problèmes? L’utilisation de ces stimulants révèle les maux dont souffrent les étudiants sans être pour autant le meilleur remède. Il faudrait peut-être mieux s’attaquer aux causes de ces difficultés, et non pas à nos cerveaux en bonne santé. Il s’agirait de repenser notre système scolaire qui manque d’accompagnement, de soutien, et de méthodes pédagogiques adaptées à notre ère. Il s’agirait aussi de remettre en question notre conception de la réussite et de la productivité qui semble nous amener à être bien trop durs et exigeants avec nous-mêmes. 

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Regards Croisés: le fils de Jean https://www.delitfrancais.com/2016/11/15/regards-croises-le-fils-de-jean/ Tue, 15 Nov 2016 15:24:26 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=26785 À l’occasion de la sortie du film Le Fils de Jean au festival du cinéma francophone Cinémania,  Le Délit a rencontré le réalisateur Philippe Lioret ainsi que l’un des acteurs principaux du film Gabriel Arcand. Le film: le Fils de Jean Comment résumeriez-vous l’intrigue de votre film en quelques mots? Philippe Lioret: Ma façon de… Lire la suite »Regards Croisés: le fils de Jean

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À l’occasion de la sortie du film Le Fils de Jean au festival du cinéma francophone Cinémania,  Le Délit a rencontré le réalisateur Philippe Lioret ainsi que l’un des acteurs principaux du film Gabriel Arcand.


Le film: le Fils de Jean

Comment résumeriez-vous l’intrigue de votre film en quelques mots?

Philippe Lioret: Ma façon de communiquer autour de cette histoire, c’est de dire que c’est l’histoire d’un mec qui reçoit un coup de téléphone un jour et qui découvre que son père, qu’il n’a pas connu, est québécois et qu’il a eu deux enfants, deux fils, ainsi quand il découvre qu’il a deux frères, il veut absolument les voir, savoir qui c’est, c’est comme une nécessité vitale. Puis, il y va, il est piloté par le meilleur ami de son père qui se demande ce qu’il fout là, pourquoi il est venu, et il va rencontrer ses deux frères, et ça ne va pas très bien se passer. Il est dans la dynamique d’un mec qui a besoin de retrouver sa famille. Et il va retrouver, dans la famille de l’ami de son père, une famille de substitution, parce qu’en fait l’histoire pourrait aussi se raconter que comme ça, c’est l’histoire d’un type qui trouve une famille de substitution.

L’acteur: Gabriel Arcand

Quelles sont les deux traits principaux de votre personnalité?

Philippe Lioret: Son engagement et sa pudeur. Son engagement à être, à vivre les choses, et sa pudeur énorme. Un engagement et une pudeur immense. Et les deux doivent cohabiter ensembles dans un seul bonhomme, je ne sais pas comment c’est possible. Il ne demande qu’à s’engager dans les choses, dans la vie, dans l’art dramatique, dans l’amour, dans tout. Et il a une grande réserve, une grande pudeur. Et ça fait un personnage, ça fait lui quoi. Puis c’est un bon camarade.

Gabriel Arcand: Un curieux mélange d’insouciance et de ténacité. Si je tiens vraiment à quelque chose, je vais m’y tenir vraiment, et puis en même temps, après y avoir tenu, je fais comme si ça n’avait pas d’importance.

Est-ce que vous avez un exemple concret qui personnifierait ce mélange?

Gabriel Arcand: C’est ma vie. Je m’occupe d’un théâtre depuis 40 ans sans fléchir, et puis en même temps je peux, je ne sais pas, subitement me détacher de quelque chose à laquelle je tiens, je ne sais pas pourquoi je suis comme ça.

Est-ce que vous avez plus d’affinités avec le théâtre qu’avec le cinéma?

Gabriel Arcand: J’ai de l’affinité avec la création. J’ai plus d’affinités avec le cinéma d’auteur qu’avec le cinéma commercial. J’aime mieux quelqu’un, par exemple, comme Philippe Lioret qui vient me voir et qui me dit «Écoute j’ai écrit un scénario, c’est mon film, c’est mon idée, ça m’intéresse de filmer ça, est-ce que tu veux collaborer à ça?» plutôt qu’un agent qui m’appelle et qui me dit «Écoute il y a une super-production américaine qui se tourne, c’est le rôle d’un méchant, c’est cinq jours de tournage, il y a beaucoup de mitraillettes, et puis tu voles une banque». Je vais être plus intéressé par le projet de Philippe Lioret que par la super-production américaine parce que c’est son projet à lui, il l’a créé, il l’a généré, il l’a inventé, il l’a conçu. La super-production américaine a été écrite par cinq personnes assis en buvant de la bière dans un café, puis ils ont écrit ça comme ça pour faire de l’argent, pour gagner le plus d’argent possible. Philippe Lioret, il ne tourne pas son film pour faire de l’argent, il tourne son film parce qu’il veut être un cinéaste, il veut parler des choses qui le préoccupent et qui l’intéressent C’est la même chose au théâtre. Si j’ai le choix de participer au projet d’un jeune auteur pas connu dans le petit théâtre auquel je collabore chez nous ou dans le théâtre des Champs Élysées qui monte une pièce de George Feydeau, je vais choisir la pièce du jeune auteur. Je pense que ce qui me guide c’est la curiosité. J’aime ça découvrir des choses, découvrir et rencontrer des personnes, plus que les recettes toutes faites.

Comment s’est passé votre travail sur le personnage?

Gabriel Arcand: Bien, bien, bien, ça a été un processus assez graduel. On a eu la chance de prendre le temps avant le début du tournage, moi et mes partenaires — ceux qui jouent ma famille dans le film — de relire tout le scénario à voix haute, ce qui fait que lorsqu’on avait des problèmes de langage, par exemple, quand Philippe disait «Je ne comprends pas ce que vous dites» on trouvait une autre formule, et la même chose quand parfois nous, on ne comprenait pas des formules parfois trop françaises. La question c’est comment tu le prononces pour que les Français le comprennent sans que les Québécois n’éclatent de rire. Dans le film, il fallait que tu trouves exactement la ligne où tout le monde comprend! Et puis, durant le tournage ça s’est bien passé. Philippe est très clair, il sait ce qu’il veut, mais en même temps il est inclusif, il est ouvert, si on propose de changer des choses, il écoute, il n’est pas rigide.

e-lioret
Ikram Mecheri | Le Délit

Le réalisateur: Philippe Lioret

D’où vous est venu l’idée de réaliser ce film?

Philippe Lioret: C’est une vieille histoire. Le thème du film, ça fait plus de 10 ans que je l’ai en moi, parce que ça se rapporte à une histoire qui est un peu personnelle, dont je ne vous dirai rien même sous la torture (rires). C’est pour ça que j’ai fait des films, c’est pour pouvoir raconter des histoires qui me concernent mais sans que les gens le sachent. En fait, je ne voyais pas bien comment l’aborder, et puis j’ai lu ce livre de Jean-Paul Dubois Si ce livre pouvait me rapprocher de toi, il m’a beaucoup plu, et en le lisant je ne pouvais pas m’empêcher de faire des passerelles avec mon histoire et de me dire «ah tiens, ce serait une façon de me cacher derrière le fait que ça se passe au Québec». Le livre de Jean-Paul ne raconte pas du tout cette histoire-là, mais il y avait des ambiances, des personnages, qui pouvaient me ramener à mon histoire.

Est-ce difficile de créer une émotion forte sans tomber dans la sensiblerie?

Philippe Lioret: Toute la difficulté est là. Il ne faut pas vouloir susciter une émotion, il faut que le résultat de ce que vous avez fait le fasse. Ce n’est pas un but en soi, si ça la suscite c’est bien, mais si on cherche à la susciter on n’y arrive jamais. Ou alors ça donne un truc fabriqué et ça ne marche pas. Je ne fais pas mes films pour essayer d’émouvoir qui que ce soit, je fais ça pour essayer d’être droit dans mes bottes, et si c’est suffisamment fort, ça doit arriver à cela par la force des choses, mais il n’y a pas de volonté de plaire. Si il y a la volonté de plaire on ne plaît pas. Mais plaire à qui? Au public? Je ne sais pas qui c’est le public. Je connais un spectateur: c’est moi. Je ne demande qu’à être ça au cinéma; être spectateur d’une toile d’ectoplasme qui se promène sur l’écran. Je ne veux même pas savoir que c’est un film au bout de 10 minutes, je veux être dedans et me projeter, m’identifier. Et puis que l’histoire qui se passe devant moi me concerne. Si ça on y arrive, c’est super quoi! Quand le spectateur sort de la salle et traverse l’avenue, et puis il est encore là dedans [dans l’histoire], même si ça ne dure qu’un quart d’heure. Mais si le film dure encore un quart d’heure après le film, ben c’est réussi. Nous avons atteint le but. Je vais bien ne t’en fais pas, ça fait un moment que vous l’avez vu? Et vous y pensez encore, pour moi c’est encore mieux que d’avoir un Oscar!

Qu’est-ce que que vous trouvez comme ‘ressort’ narratif dans la famille?

Philippe Lioret: C’est tout. Il y a tout. Parce que la famille c’est grand, entre le rapport que peuvent avoir un frère et une soeur, deux frères, un fils et sa mère, un fils et son père. Ça me nourrit un peu, on vient de là. Nos vies font que l’on va devenir pour nos enfants ce qu’étaient nos parents. Et puis je trouve que c’est l’endroit de tous les secrets, tous les mystères, et de toutes les grandes aventures. C’est la grande aventure en fait. Vous voyez le film, il va sortir en même temps que Star Wars en fait. En contre-programmation, les gens qui n’auront pas envie de voir Star Wars pourront voir ca. J’ai dit au distributeur, c’est pas une mauvaise idée. Et après j’ai réfléchi et je lui ai dit, tu sais c’est la même histoire (il fait la voix de Star Wars: «rshh je suis ton père») (rires)! Mais c’est la même histoire sauf que nous on la raconte en se passant de ce plateau. Ca fait deux mille ans que l’on raconte des histoires. Il n’y a pas d’autres méthode de les raconter que les méthodes habituelles. Après c’est donner l’impression au spectateur qu’on emmène faire un voyage qu’il n’a jamais fait. Moi je le fais avec les moyens que j’ai, mais je sais que si je me retrouvais avec des millions de dollars, ce serait pour aller raconter au fin fond de tout cette histoire, la même histoire.

Quel est l’intérêt scénaristique du Canada pour vous dans l’histoire?

Philippe Lioret: Plusieurs rôles. Déjà parce que je m’y retrouve, dans la mesure où c’est un pays que je connais bien. Quand j’étais môme, ma grand-tante vivait ici et je venais très souvent la voir. Et puis je voulais que Mathieu parte loin, parce que s’il partait à 300 kilomètres de Paris c’était pas pareil. Ici, c’était une nécessité vitale. Parce que faire 6000 kilomètres pour 48h pour aller à l’enterrement d’un mec qu’on a jamais rencontré, ça ressort d’une pulsion, d’un truc fort.  Le film il a sa nature profonde qui parle de l’intime, des relations intimes, et j’essaye toujours que ce soit pas un film intimiste, parce que il y a rien de plus chiant. Que ça nous parle, que ça vienne parler à notre intime. Les films intimistes c’est des films qui se passent entre quatre murs tout le temps. Il faut que ça respire, il faut que ça soit dans un mouvement, dans la vie, il faut que les choses se passent au milieu d’autres choses, je trouve. C’est aussi pour ça que c’était bien de venir tourner ça au Québec, parce que c’est un pays qui respire.

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Des ®enseignements bien réels https://www.delitfrancais.com/2016/11/08/des-renseignements-bien-reels/ Tue, 08 Nov 2016 14:33:10 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=26627 Edward Snowden parle surveillance à McGill.

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Ancien employé de la National Security Agency (NSA), Edward Snowden est devenu l’un des lanceurs d’alertes les plus marquants du 21e siècle en révélant des informations classées secret Défense sur de nombreux programmes de surveillance de masse américains et britanniques. Depuis la Russie — où il s’est exilé depuis qu’il est poursuivi par le gouvernement américain — Snowden a donné une vidéoconférence le mercredi 2 novembre au bâtiment Leacock de McGill. Sa vision de la réalité: notre système démocratique s’érode face à la puissance grandissante de la surveillance gouvernementale.

Les mutations de la surveillance

Snowden rappelle que la manière de surveiller a beaucoup évolué depuis l’arrivée d’Internet et des nouvelles technologies. Avant, une personne était espionnée parce qu’elle était suspectée de quelque chose, et cette surveillance impliquait des dépenses importantes en termes de ressources, sous toutes ses formes: humaines (une équipe pour tracer un seul individu), financières, temporelles… De nos jours, à l’inverse, l’informatisation de nos données personnelles non-protégées permettent un espionnage sans frontière ni limite: des informations sur chacun d’entre nous sont enregistrées par des ordinateurs de manière instantanée et constante, et ce pour un moindre coût. La surveillance n’est plus restreinte aux personnes mettant en danger notre sécurité: tous les individus sont espionnés quel que soit leur casier judiciaire. Ce n’est pas le contenu même de nos données qui est sauvegardé, mais les métadonnées. Il s’agit des données de nos données: contenant par exemple la date, la durée ou le lieu où une donnée a été produite. Elles sont aujourd’hui aussi précieuses que le contenu même des données. Pourtant, aucune réelle protection légale de cette partie de notre vie privée n’a été établie.

Des politiques qui tendent vers l’autoritarisme

Toujours selon Snowden , nos institutions ne méritent plus la confiance que nous plaçons en elles. En effet, nous n’avons pas de moyens de vérifier que ces dernières obéissent à la loi, d’autant plus que nos «représentants» ne ressentent aucune gêne à nous mentir ouvertement. L’affaire Lagacé est une douloureuse confirmation de cette vision pessimiste: comment un tel scandale a pu avoir lieu alors que la loi est censée protéger nos droits civiques? La conclusion est sans appel: l’équilibre de pouvoir entre les institutions et les citoyens est inégal.

La  fin ne justifierait pas les moyens

Supposons que l’augmentation de cette supposée sécurité nous protège mieux des dangers auxquels les sociétés font face. Snowden répondrait que la surveillance de masse n’est en réalité pas très efficace: elle n’a jamais eu un impact significatif sur la lutte contre le terrorisme par exemple.  Il ajoute que même si c’était le cas, la question est erronée. Snowden nous rappelle donc la vraie question à se poser: voulons-nous vivre dans un monde où nous serions privés de nos droits fondamentaux? Cette question fait référence à d’autres dilemmes éthiques avec lesquels les conséquentialistes doivent se confronter, par exemple: devrait-on autoriser la pratique de la torture au nom d’une plus grande efficacité? En suivant ce raisonnement, le principe de l’État de droit s’effondre. L’augmentation des pouvoirs de la surveillance est liée à une soif de pouvoir des institutions et de ceux qui les tiennent, non à une augmentation de notre sécurité. Si l’Occident est aujourd’hui plus ou moins sans danger explicite, nous n’avons jamais été aussi vulnérable aux pouvoirs de nos institutions, explique Snowden.

Quelle solution pour l’avenir?

Snowden rappelle aux jeunes qu’il faut montrer aux politiciens que, contrairement à ce qu’ils disent, nous nous sentons concernés par la surveillance et qu’elle nous préoccupe. Il faut affirmer que «Oui, nous avons quelque chose à cacher»: notre vie privée, qui constitue notre droit d’être nous-mêmes, d’avoir quelque chose à soi, de «posséder» nos idées. 

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Rendre la banalité extraordinaire https://www.delitfrancais.com/2016/11/01/rendre-la-banalite-extraordinaire/ Tue, 01 Nov 2016 14:30:52 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=26517 Vincent Biron nous présente Prank, son premier long-métrage.

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Primé au Festival du Nouveau Cinéma, après avoir été présenté à la semaine de la critique de la Mostra de Venise, de Raindance et de Hambourg, le film Prank est désormais en salle dans les cinémas de Montréal. Prank revient sur la rencontre entre Stefie, jeune adolescent gauche et dans son monde, et une nouvelle gang. Stefie et ses trois nouveaux acolytes se mettent alors à multiplier les pranks (farces, ndlr), qu’ils filment avec leurs cellulaires avant de les diffuser sur internet. Vincent Biron signe avec ce film une comédie qui offre un regard insolite sur l’adolescence. Le Délit est parti à la rencontre du sympathique réalisateur.


Le Délit (LD): Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire ce film et sur ce sujet, celui de l’adolescence ?

Vincent Biron (VB): En fait l’impulsion première de faire le film est arrivée d’un endroit assez sombre dans ma vie, parce que mon père était malade du cancer. Côtoyer la mort comme ça, avoir mon père qui me disait «Fais ce que tu as envie de faire dans la vie», ça m’a comme un peu réveillé et je me suis dit «Avant d’être un vieux crouton, faudrait que je me lance et que je fasse un premier long-métrage». Au même moment je lisais un livre de Peter Biskind qui s’appelle Down and dirty pictures: Miramax, Sundance, and the rise of independent film qui raconte l’histoire du cinéma américain du début des années 90: Kevin Smith, Richard Linklater, Tarantino, toute cette gang-là qui ont fait des films avec des bouts de ficelle et qui n’ont pas attendu que les grandes instances leur disent «Vous pouvez aller tourner vos films.», qui avaient juste l’impulsion de tourner. Au même moment j’ai un de mes amis qui m’a invité à faire des pranks le 1er avril; je me suis mis à regarder sur Youtube des vidéos de gens qui en font, je me suis rendue compte que de nos jours elles sont vraiment plus élaborées que quand moi j’étais jeune. Fait que c’est un peu comme ça que j’ai eu l’idée de faire cette histoire-là, une histoire sur une gang de jeunes qui veulent un peu se rendre célèbres ou mettre la marde un peu partout où ils passent.

LD: L’adolescence est souvent traitée de manière caricaturale dans les arts et au cinéma, mais Prank a une approche originale du sujet. Quelle vision de l’adolescence essaies-tu de dépeindre?

VB: Il y a beaucoup de gens qui font ça comme premier film, c’est une constante dans le cinéma. Je pense que c’est normal, c’est la première période où tu vis des choses très intenses, tu découvres la vie, le clash d’être un enfant et de passer à l’âge adulte, c’est quelque chose de très traumatisant pour tout le monde. Je ne voulais pas prendre la même approche que tout le monde, qui est souvent une approche très dramatique. Moi mon adolescence, oui elle a été ingrate, comme tout le monde, mais c’est aussi la période où tu déconnes avec les amis, et j’avais envie de parler de ça. Je ne voulais pas parler uniquement de ce qu’il y a d’ingrat dans l’âge ingrat. Je pense que le fait de l’avoir écrit avec trois de mes meilleurs amis, ça a un peu donné ce côté-là, on est retombé dans l’adolescence, c’est pour ça qu’il y a beaucoup de jokes de pénis, de caca. Au final, je suis vraiment content, c’est une approche atypique, particulièrement au Québec. Ici souvent les films sur l’adolescence sont à teneur plus dramatique, des films sur l’intimidation, sur le suicide.

LD: Est-ce que tu t’es inspiré de ta propre expérience ?

VB: Big time! Il y a un peu de nous tous dedans. Je jouais de la clarinette au secondaire. Tout l’élément avec les films d’action des années 80, nous à la télé, c’était ces films-là qui jouaient constamment le samedi après-midi. Quand c’était pluvieux et que tu restais chez toi, c’étaient des films de Jean Claude Van Damme qui jouaient. On avait tous les mêmes références, c’était une manière de rendre hommage à ce qui nous avait fait aimer le cinéma. Après ça j’ai découvert Linklater, Kevin Smith, Fellini, une cinéphilie c’est quelque chose qui se construit, mais je trouve que souvent, par affect, beaucoup de cinéastes renoncent à leurs amours de jeunesse. Moi je trouve que ce serait malhonnête intellectuellement de nier ces influences-là, on les revendique. Je pense que c’est ce qui fait que les gens trouvent le film rafraîchissant. Il y a quelque chose d’assumé là-dedans. Je me la pète vraiment aujourd’hui, désolé (rires)!

LD: Quelle est la visée de ton film? Quel est le message que tu voulais faire passer, s’il y en a un?

VB: Le message, c’est qu’il n’y a aucune amitié à laquelle on peut se fier (rires)! L’idée d’un message dans un film c’est quelque chose qui m’irrite un peu, je trouve qu’il y a quelque chose d’un peu réactionnaire là-dedans. Ça fait très «moi j’ai quelque chose à livrer aux gens». Surtout en faisant un film sur les jeunes: moi qui ne suis plus si jeune, faire un film à message sur les jeunes, je trouve que c’est très très vieux jeu. Nous avons comme essayé d’être un peu nihilistes, un peu fous. Quand je dis que je ne voulais pas avoir de message, je ne voulais pas rien dire non plus. Quelque part il y a un message d’espoir, c’est pour ça que l’on fait sourire le personnage principal à la fin, dans le petit film d’animation. J’ai voulu donner une espèce de coup sur l’épaule du spectateur pour dire qu’au final, tout ça est un peu une prank. On se fait tous écœurer, on est tous le souffre-douleur de quelqu’un d’autre, même les gens les plus populaires finissent par être un souffre-douleur à un moment ou à un autre de leur vie. C’est aussi un message de tirer de Prank, «life is though, go up». J’étais un peu le rejet, j’étais un peu comme Stefie au secondaire, ça m’a juste rendu plus though,  j’ai une carapace. Ce n’est pas la majorité des adolescents qui vivent une intimidation qui les poussent sur le bord du suicide, la plupart du monde s’en tire. Cela dit, pour moi, c’est important qu’il y ait un conflit émotionnel au sein du film, la comédie juste pour la comédie ça ne m’intéresse pas tant comme cinéaste. C’est ça qui m’intéresse, c’est l’ambiguïté, c’est faire un film où dans une scène un personnage chie sur un char, mais où il vit quand même quelque chose d’intense.

LD: Qu’aimerais-tu apporter au cinéma et à la comédie québécoise?

VB: Shit! C’est une question à laquelle je ne pense pas trop, je vais apporter ce que je peux apporter, si le monde en a besoin ça va être aux gens de décider. Si l’on peut apporter un vent de fraîcheur, alors je vais considérer que c’est mission accomplie. Je pense que le cinéma québécois est dû pour une émancipation. Ça fait des années, on a comme l’impression que pour avoir un cinéma valable en tant qu’auteur il faut avoir un cinéma dramatique, qui dit des grandes choses. Ma cinéphilie est super éclectique, j’aime autant Alain Resnais que Superbad. Moi j’espère que la nouvelle génération après nous-autres ne va pas juste faire des drames, j’espère voir des comédies musicales, j’espère voir un éclatement des formats. Si Prank peut avoir contribué à ça, je vais pouvoir mourir en paix, parce que j’ai un pied dans la tombe à mon âge (rires).

LD: Comment définirais-tu ton rapport à la banalité, dans le film et en général?

VB: Je suis quelqu’un de très banal (rires)! Moi c’est quelque chose qui me fait beaucoup rire, la banalité, les drames ordinaires, quelqu’un qui se fait laisser dans un fast-food, ce genre de trucs c’est quelque chose que je trouve touchant. C’est quelque chose qui m’intéresse beaucoup dans le cinéma. C’est un média narratif mais c’est aussi un média où tu crées des moments qui vivent devant la caméra. Je trouve que c’est un super beau média pour explorer la banalité et montrer ce qu’il y a d’extraordinaire dedans, c’est un peu paradoxal mais c’est ça qui m’intéresse. Je pense qu’il y en a un peu dans Prank de ça. Ça me fait beaucoup rire et je trouve ça touchant en même temps.

LD: Pourquoi avoir décidé de ne jamais montrer les parents des personnages?

VB: L’adolescence, c’est une période assez insulaire. Quand tu es avec tes amis, ultimement tout le monde adulte est en périphérie, avec ton groupe d’amis tu es auto-suffisant, et tu n’as pas besoin du reste du monde, ça devient ça ton monde. Je trouvais que de ne pas mettre de parents ça nous permettait d’illustrer ça. Après, ça nous aidait pour des raisons de logistique, ça nous évitait d’avoir à caster des parents, c’est un film qui a été fait avec les moyens du bord, on était trois sur le tournage la plupart du temps, j’ai fait les costumes (rires). On voulait éviter le piège du film à message, je ne voulais pas faire un film de vieux con, je ne voulais pas faire comme «ah oui c’est vrai les jeunes ne peuvent donc pas communiquer avec leurs parents!», ça a déjà été fait. Je trouve triste les cinéastes dont je vois trop les influences. Moi j’ai envie de dire aux gens d’aller voir les films que j’ai aimés, je n’ai pas envie de juste leur resservir ce que moi j’ai aimé.

LD: Es-tu toi-même un prankster (farceur, ndlr)?

VB: Pas tant, quand j’étais jeune j’essayais d’en faire, mais nous c’était très simple, on sonnait chez les gens et on se sauvait en regardant les gens sortir, et on se trouvait très drôle. Quand j’ai eu l’idée de faire un film j’ai des amis qui m’ont invité à faire des pranks pour le 1er avril mais c’est fucking difficile de faire des pranks réussies! Dans Prank, ils ne sont pas très bon, ce ne sont pas des bons pranksters, il y a toujours quelque chose d’assez off, je trouvais ça plus drôle qu’ils ne soient pas bons parce que c’est vraiment difficile, c’est un art qu’il faut perfectionner avec le temps. Donc non, je n’en ai jamais vraiment fait. Moi j’étais un peu comme Stefie quand j’étais jeune, je n’étais pas très cool, fait que voilà (rires)! 

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Echappée vers un autre monde https://www.delitfrancais.com/2016/10/18/echappee-vers-un-autre-monde/ Tue, 18 Oct 2016 14:28:56 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=26266 Le FNC a pour but de défendre des formes innovantes et alternatives d’oeuvres audiovisuelles : il ne pouvait pas mieux remplir cet objectif qu’en exposant des œuvres de réalité virtuelle! Le concept est simple : enfilez vos lunettes (qui s’assimile en fait davantage à un casque au vu de leur couvrance et de leur taille)… Lire la suite »Echappée vers un autre monde

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Le FNC a pour but de défendre des formes innovantes et alternatives d’oeuvres audiovisuelles : il ne pouvait pas mieux remplir cet objectif qu’en exposant des œuvres de réalité virtuelle! Le concept est simple : enfilez vos lunettes (qui s’assimile en fait davantage à un casque au vu de leur couvrance et de leur taille) et votre rapport avec le monde extérieur se modifie radicalement. Détrompez-vous! Il ne s’agit pas ici de regarder un film au cinéma, ou même une vidéo en 3D: avec la réalité virtuelle, le sujet n’est plus spectateur, il devient acteur…

Cette expérience est des plus immersives parce qu’elle amène le sujet à s’immiscer dans le corps du personnage fictif — expérience comparable au point de vue interne au narrateur en littérature: il pense ce qu’il pense, il voit ce qu’elle voit, il entend ce qu’il entend, il touche ce qu’elle touche. Retour sur deux des nombreuses œuvres présentées au festival.

L’oeuvre Patterns – VR est l’occasion inespérée de vivre un rêve — ou cauchemar? — éveillé. On pars à la découverte d’un monde glauque et complètement surnaturel: l’artiste met en scène une vielle maison sans toit, qui flotte dans le vide d’un espace galactique. On peux se déplacer où on le souhaite dans la maison à l’aide d’une lanterne. Cependant, on ne se déplace pas avec une manette comme dans un jeu vidéo: on marche réellement avec nos lunettes sur le nez! À la fin de l’oeuvre, la maison s’effondre autour du sujet, et on ressent réellement l’impression de tomber dans le vide.

L’installation  In my shoes amène quant à elle le spectateur à vivre le quotidien d’une femme victime de crises épileptiques: on revit une scène qui fait partie de son quotidien. On suit son chemin de pensée qui devient de plus en plus saccadé et incohérent lorsqu’elle déjeune au restaurant avec un ami, puis on voit ses yeux se fermer et s’ouvrir successivement jusqu’à perdre connaissance avec elle. Cette oeuvre nous amène à mieux comprendre ce que vivent exactement les personnes atteintes de cette maladie.

Ces deux œuvres repoussent donc les limites établies de l’imagination et démontrent le spectre des possibilités qui s’ouvrent à nous avec la réalité virtuelle. Au delà de l’exponentialisation des possibilités artistiques, le potentiel psychique de ce nouveau rapport à notre environnement est énorme. Celle qui amène le plus à réfléchir est la dernière oeuvre, une esquisse de ce qui peut devenir un nouveau moyen de compréhension des réalités que vivent les personnes autour de nous, et qui sont parfois si difficiles à comprendre…la réalité virtuelle, c’est se mettre dans la peau — au sens propre et figuré — de quelqu’un d’autre. 

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Mosaïque théâtrale https://www.delitfrancais.com/2016/04/02/un-jeu-franc/ https://www.delitfrancais.com/2016/04/02/un-jeu-franc/#respond Sat, 02 Apr 2016 21:24:48 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=25247 Alter-Ego dépeint avec humour les égarements de notre société contemporaine.

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Franc-Jeu, la seule troupe de théâtre francophone de McGill, nous présentait son spectacle d’hiver du 24 au 27 mars au théâtre l’Espace Libre. Création originale, Alter-Ego caricature des situations et des personnages auxquels on pourrait (presque) tous être confrontés dans notre vie d’adulte. La troupe met en scène des petites histoires d’individus dans la norme, qui pourtant nous paraissent absurdes quand leurs réactions sont à peine  exagérées. Retour sur quelques exemples de ces fictions, pourtant si réalistes.

Histoires (a)normales?

Quoi de plus banal qu’un couple pour qui la passion s’affaiblit et qui va donc faire une thérapie ensemble à la recherche d’une solution miracle? Le «thérapeute» leur donne des conseils qui ne correspondent pas du tout à ce dont ils ont besoin, et nous montre ainsi comment nous essayons aujourd’hui de rationaliser nos relations amoureuses, dans un monde où l’idéologie de la raison et de l’efficacité formate chaque élément de notre vie. On suit aussi la détresse d’une jeune cadre, constamment sous pression, tant professionnelle que sociale: elle redoute que son petit ami ne la trompe et pousse la paranoïa si loin qu’elle se met à acheter quantité d’outils pour l’espionner. Son ordinateur, incarné par un comédien, ne cesse de l’étouffer de questions pour connaître son taux de bonheur, de satisfaction dans son couple et représente ainsi très bien la pression que l’on subi tous en quête d’une vie parfaite.

Dans un autre registre, Franc-Jeu aborde un thème récurrent dans nos sociétés contemporaines: le chômage. Au sein d’un centre social pour chômeurs, des adultes désabusés doivent suivre des séances de formation obligatoire pour toucher leurs allocations. Leur profil contraste avec leur tuteur, un chef d’entreprise qui semble avoir tout pour lui. Il prône la détermination, «ne rien lâcher!» dit-il… mais on perçoit ses veines gonfler sur son cou tant il est tendu et hargneux. Ses tocs — il se balance compulsivement sur sa chaise — ou encore ses pics de nerfs, qui trahissent un état de stress extrême. Tout lui réussit professionnellement mais est-t-il heureux? On sait que ce n’est pas le cas quand on découvre dans une autre scène qu’il est désespéré (la vie de son fils étant en danger) au point d’essayer d’acheter des mendiants pour un test médical.

Toujours sur le même thème, les comédiens de Franc-Jeu rendent compte des relations contradictoires entre éthique et réussite professionnelle. Ainsi, pour gravir les échelons dans son entreprise, un personnage sera tenté de forniquer avec des mendiantes qui lui promettent qu’en échange il deviendra «le plus grand de tous les siens». En effet, ses supérieurs disparaissent les uns après les autres de morts accidentelles et il arrive à obtenir la position la plus importante dans son entreprise. Cependant on ne voit sur son visage que du dégoût, d’autant plus que c’est sa propre femme qui l’a poussé à commettre cet adultère. Encore plus dérangeant: la pièce nous place face à un homme qui nous explique comment il a tué sa femme pour pouvoir annuler ses dettes et s’acheter une voiture de luxe…

Luce Engérant

Entre rires et pleurs?

Quant aux effets scéniques, ils sont sobres mais très modernes. Des vidéos projetées sur le grand mur de la salle, comme la vidéo «mode d’emploi pour un couple réussi», ou l’échange Skype d’un couple.  Des effets sonores sont utilisés pour retransmettre avec justesse les petites voix dans nos têtes qui nous dévorent de l’intérieur.

En somme, c’est un pari réussi pour la compagnie étudiante. On rigole tout le long, on pleure presque aussi à certains moments. La pièce transmet un vrai message sur la société dans laquelle on vit tous aujourd’hui et qui nous pousse parfois au fond du gouffre.

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https://www.delitfrancais.com/2016/04/02/un-jeu-franc/feed/ 0
Présentation des candidats https://www.delitfrancais.com/2016/03/15/presentation-des-candidats/ https://www.delitfrancais.com/2016/03/15/presentation-des-candidats/#respond Tue, 15 Mar 2016 08:43:01 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=25099 Présentation des candidats pour l'équipe exécutive de l'AÉUM 2016-2017.

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Président

Ben Ger, U2 – Environnement

Son expérience

Ben a déjà beaucoup d’expérience au sein de l’AÉUM derrière lui, et ce, à  différents niveaux. Il a travaillé en tant que volontaire dans le Conseil de révision constitutionnelle du règlement intérieur et il a été Coordinateur au comité de Recherche des finances éthiques  (Financial Ethics Research Committee, ndlr). Il a aussi prouvé ses capacités de leader et d’entrepreneur en tenant différentes positions d’exécutif (en résidence et dans sa faculté), mais surtout en ayant créé un tout nouveau poste au sein du conseil de l’AÉUM: celui de représentant de la Société des Étudiants en Environnement à Mcgill (McGill Environment Students Society, ndlr)

Son programme

Il se résume en cinq points. D’abord, Ben veut faire bouger la politique de santé mentale à McGill en créant un cours 101 pour le corps professoral et en accordant plus d’espace pour la clinique de santé mentale et les thérapies de groupes. Puis, en créant un Comité de Réforme du Conseil [de l’AÉUM], il cherche à augmenter la représentativité des groupes marginalisés au sein de ce même Conseil, qu’il ne considère pas assez représentatif des étudiants mcgillois. Troisièmement, il veut augmenter l’accessibilité et la visibilité de l’AÉUM auprès des étudiants mcgillois à travers différentes politiques, en augmentant la formation des étudiants à propos de l’AÉUM. Enfin, il a pour objectif de rééquilibrer le budget de l’AÉUM et d’accroître la communication et la coopération avec les Facultés de management et d’ingénierie.

Son mantra

«Mes amis, l’amour est cent fois meilleur que la haine. L’espoir est meilleur que la peur. L’optimisme est meilleur que le désespoir. Alors, aimons, gardons espoir et restons optimistes. Et nous changerons le monde.» — Jack Layton

Jordan Sinder, U1- Microbiologie et Immunologie

Son expérience

Président du Conseil de la Citadelle, Frosh leader pour la Faculté de sciences. Il a également travaillé durant deux ans dans quatre associations de McGill, dont TVM et le McGill Tribune.

Son programme

Son mot d’ordre: rassembler les étudiants du campus. Pour ce faire, il promet davantage de neutralité politique de la part des représentants de l’AÉUM afin de mieux représenter la diversité étudiante. Il désire également une AÉUM plus transparente et responsable, qui se rapproche des étudiants, notamment en priorisant les intérêts des clubs et services du campus. Ses deux autres promesses électorales sont plus responsabilité fiscale en privilégiant des stratégies financières innovantes et créatives au lieu d’augmenter les frais étudiants, ainsi que l’amélioration des services de santé mentale pour un meilleur accès.

Son mantra

«On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré.» — Albert Einstein


V.-p. Affaires universitaires

Erin Sobat, U2 – Histoire

Son expérience

Il est cette année sénateur de la faculté des Arts et conseiller de l’AÉUM. Il a été dans le passé v.-p. aux Affaires académiques à l’Association Étudiante de la Faculté des arts (AÉFA) et coordonnateur du Fonds d’amélioration des bibliothèques à l’AÉUM.

Son programme

Il s’articule autour de la santé mentale, le droit des étudiants, les finances, et l’espace sur le campus. Pour le premier point, on retient notamment sa volonté d’introduire deux journées de relâche au semestre d’automne. Pour le deuxième, Erin veut surtout augmenter la visibilité des étudiants. Quant aux finances, il veut empêcher l’augmentation des frais ancillaires et internationaux. Enfin, il a pour but d’augmenter l’espace disponible aux étudiants sur le campus.

Pourquoi lui?

Pour le projet d’une période de relâche en automne, projet pour lequel il avait déjà travaillé en tant que sénateur.


V.-p. Opérations

Sacha Lefebvre Madger, U2 – Biochimie

Son expérience

Il a été en 2012–2013 représentant des étudiants en sciences pour l’Union des Étudiants du College Dawson (Dawson Student Union, ndlr). Il était coordinateur du Frosh de la Faculté des sciences cette année. Il est actuellement président de la Société des Étudiants en Biochimie de premier cycle (Biochemistry Undergraduate Society, ndlr).

Son programme

Le point principal de son programme, c’est le projet ambitieux de créer un emplacement permanent où les étudiants pourraient dormir. Mais aussi, il veut augmenter la participation des étudiants dans les politiques de l’AÉUM: dans son cas, il veut qu’on entende plus la voix des étudiants dans les établissements qu’il doit lui-même gérer: Gerts et la Cafétéria des Étudiants (The Student Run Cafe, ndlr). Enfin, il souhaite améliorer la promotion des mini-cours.

Pourquoi lui?

Pour sa volonté d’inclure les étudiants dans le processus décisionnel. En entretien avec Le Délit, Sacha nous dit: «Je voudrais montrer aux étudiants que leurs idées ambitieuses peuvent aussi devenir réalité


V.-p. Vie étudiante

Elaine Patterson, U2 – Littérature anglaise

Son expérience

Son expérience montre qu’un lieu de prédilection d’Elaine est la communication, matière qui constitue par ailleurs une des mineures de son baccalauréat. Elle était v.-p. Communications dans sa résidence en 2013–2014 (elle a occupé un autre poste dans le comité des résidences mcgilloises l’année d’après), et elle occupe aujourd’hui la même position dans la Société des Étudiants de premier cycle en Arts (Arts Undergraduate Society,  ndlr).

Son programme

Toujours au niveau de la communication, elle veut augmenter cette dernière avec les clubs et services de l’AÉUM. Mais aussi, elle veut s’investir dans l’amélioration de la politique de santé mentale de l’Association. Elle a en effet l’idée d’en harmoniser les services, de faire une évaluation de la politique deux fois par semestre, d’augmenter le bien-être mental des étudiants pendant le Frosh, ou encore de créer un programme de conseil mental de pair à pair.

Pourquoi elle?

Elaine a un programme concret et détaillé pour la politique de santé mentale. Ses connaissances en communication pourront être un atout pour la communication avec les clubs et services. Par ailleurs, en entretien avec Le Délit, elle rappelle que c’est la seule candidate féminine, et qu’elle veut «encourager plus de femmes à s’impliquer dans le gouvernement étudiant dans les années à venir.»

Dushan Tripp, U3 – Histoire

Son expérience

Dushan accumule une expérience importante au niveau des clubs et services. Il a été v.-p. Finances du club Tonal Ecstasy. Il a aussi rejoint l’administration de The Savoy Society, un club artistique de l’AÉUM. Il est actuellement Représentant des Clubs dans le comité législatif de l’AÉUM.

Son programme

Dans la même lignée que son expérience, son programme accorde une importance particulière aux clubs et services: augmenter la transparence des politiques de l’AÉUM vis-à-vis des clubs, créer plus d’espaces dans les bâtiments de l’AÉUM pour ces derniers, créer une plateforme internet qui leur serait dédié (ClubHub). La santé mentale est tout de même précisée dans sa campagne: il souhaiterait augmenter la visibilité des politiques de santé mentale de l’AÉUM.

Pourquoi lui?

Il a beaucoup d’expérience et de savoir dans la gestion des clubs et services, à la fois en tant que membre et administrateur. En entretien avec Le Délit Dushan nous dit que «comme beaucoup de personnes, j’ai rejoint un club en 2012 pour diminuer mon stress et pour me faire des amis, mais je n’aurais jamais imaginé que la communauté de l’AÉUM deviendrait petit à petit une de mes passions


V.-p. Finances

Niall Carolan, U2 – Comptabilité et marketing stratégique

Son expérience

Il a été membre du bureau d’administration et comptable senior de la Société de Management du Premier Cycle Universitaire (MUS), membre du conseil législatif, membre du comité de financement et réviseur-comptable de Clubs de l’AÉUM. Il a également géré les finances et opérations de la chaine Tim Hortons.

Son programme

Il se concentre sur trois points majeurs: rationaliser, simplifier et accélérer le processus de demande de financement des clubs, fournir des mises à jour financières concises, transparentes et claires, et enfin, collaborer avec le v.-p. Opérations afin de garantir la stabilité financière de l’AÉUM. Niall entrevoit deux sources potentielles de revenus pour l’AÉUM: relancer l’hébergement de locataires commerciaux et le mécénat d’entreprises.

Son mantra

«Cela semble toujours impossible, jusqu’a ce qu’on le fasse» — Nelson Mandela


V.-p. Affaires internes

Daniel Lawrie, U1 – Ingénieurie

Son expérience

Daniel a été directeur social de sa fraternité, représentant du comité pan-hellénistique (Inter-Greek Letter Council, ndlr), une association de fraternités et sororités, ainsi que Frosh leader. Il est actuellement administrateur de One Class, un site de partage de cours et de guides d’examens.

Son programme

Daniel compte regagner la confiance des étudiants, en améliorant la communication, notamment grâce aux applications telles que Snapchat ou l’application officielle McGill. D’autre part, il souhaite résoudre le problème du Yearbook — qui entraîne un déficit annuel de 20 000 dollars — en faisant payer les étudiants qui souhaitent l’obtenir. Dialoguer avec les étudiants sur les événements planifiés est une autre de ses priorités de communication, afin d’éviter que des échecs tels que «4 Floors» ne se reproduisent. Au niveau de l’organisation, Daniel maintiendrait une étroite collaboration avec les facultés, surtout lors du Frosh et de la semaine d’orientation, que l’AÉUM continuerait de superviser. Enfin, il promet une plus grande transparence et inclusion au sein de l’AÉUM.

Son mantra

«Tout ce que nous avons à décider, c’est ce que nous devons faire du temps qui nous est imparti» — Le Seigneur des Anneaux, J.R.R Tolkien. En entrevue, il nous confie que «cette citation [l]’inspire à entreprendre du changement au sein de l’AÉUM.»


V.-p. Affaires externes

David Aird, U2 ‑Sciences politiques et philosophie

Son expérience

Il a été coordinateur des campagnes politiques sous la direction de l’actuelle v.-p. aux Affaires externes (Emily), et a mené la campagne Anti-Austérité. De plus, il a déjà eu l’opportunité de collaborer avec d’autres universités en organisant Philopolis, une conférence qui favorise les échanges philosophiques entre quatre universités montréalaises.

Son programme

Il contient trois axes principaux: une éducation accessible, le maintien des frais de scolarité bas pour tous les étudiants, et la garantie d’une éducation de qualité. Un point important de la politique de sa plateforme: David compte poursuivre la lutte contre l’austérité et les coupes budgétaires et rejoindre l’Association pour la Voix étudiante au Québec (association provinciale qui défend l’accès à l’éducation et fait valoir la voix des étudiants du Québec). Il compte amplifier la visibilité de la Comission des Affaires francophones et collaborer avec les associations autochtones de McGill, afin qu’elles prennent activement part aux politiques menées.

Pourquoi lui?

David est Montréalais, et fier de l’être. Il compte rester vivre au Québec dans les prochaines années à venir, et c’est pour cela qu’il est très attaché à maintenir une éducation accessible et de qualité. «C’est une manière pour moi de contribuer à la réalisation d’une société dans laquelle je souhaite vivre».

Alexei Simakov, U4 ‑Développement International

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L’AG pose son empreinte https://www.delitfrancais.com/2016/02/23/lag-pose-son-empreinte/ https://www.delitfrancais.com/2016/02/23/lag-pose-son-empreinte/#respond Tue, 23 Feb 2016 06:09:36 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=25009 L’Assemblée générale d’hiver 2016 accepte cinq motions et en reporte une.

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«Chaque étudiant a une voix égale. C’est ce en quoi consiste l’Assemblée générale.» Il ne fallait pas compter rentrer dans la Ballroom de l’AÉUM pour assister à l’Assemblée générale d’hiver sans arriver très en avance. Dès 14h30, les escaliers du bâtiment de l’AÉUM étaient remplis d’étudiants.

Les deux premières motions ont été très rapidement adoptées. Elles concernaient tout d’abord la nomination de l’audit de l’association pour l’année prochaine — l’entreprise Fuller Landau — puis la ratification du conseil des gouverneurs. Aucune remarque, une large majorité vote «oui» sans autre forme de procès.

Motion historique

Puis, arrive la motion la plus attendue, mais également la plus redoutée de cette AG. Il s’agit de celle souhaitant le soutien du mouvement BDS McGill (Boycott, Désinvestissement et Sanctions). Cela fait plusieurs années que des motions similaires à celle-ci sont rejetées et font débat pendant des semaines sur le campus. Dès le lancement de la période de discussion, des dizaines d’étudiants se lèvent pour prendre la parole, un discours étoffé en amont. La salle de bal prend des allures de tribunal, car après une minute, le président de l’assemblée use de son marteau de juge. Le débat dure pas moins de deux heures. Puis, après presque une heure d’attente, la réponse est enfin dans les mains du président. La salle retombe dans le silence et l’atmosphère est électrique. La motion est adoptée! Et ce, à une majorité considérable: 512 voix pour, 357 contre, et 14 abstentions. Rappelons que l’année dernière, à l’Assemblée générale d’automne, une motion similaire avait été proposée. Cependant, suite à 1h30 de débat, il avait été décidé que la motion soit reportée. À l’entente des résultats, énormément d’étudiants crient de joie, se lèvent, se prennent dans les bras en pleurs.

A-AG
Jules Tomi

Surprise de dernière minute

Après cette motion, la salle se vide de moitié. La prochaine motion a pour but que McGill considère d’arrêter l’utilisation des minéraux issus d’une production contraire à l’éthique. La suivante concerne l’augmentation du contenu académique autochtone à McGill. Les deux sont acceptées presque instantanément et à l’unanimité. Puis, à la surprise de l’assemblée, une nouvelle motion qui n’avait pas été évoquée antérieurement au lancement de l’assemblée, est proposée. Elle est à propos du soutien de la communauté autochtone Kahtihon’tia:kwenio. Alors que beaucoup s’attendent à ce que cette motion soit adoptée aussi vite que les toutes dernières, coup de théâtre: Ashley Bach, coordinatrice de l’Alliance des Étudiants Autochtones de Mcgill, prend une position plus qu’inattendue. Elle soutient que les étudiants autochtones de Mcgill n’ont pas été consultés, et que les défenseurs de la motion — notamment une femme en particulier, Kahentinetha — défend une position très controversée qui n’est en aucun cas représentative de la communauté autochtone dans son ensemble. Une motion est donc votée pour reporter cette même motion à une prochaine assemblée, quand le sujet délicat aura été examiné de manière plus approfondie.

Enfin, une discussion est ouverte sur la politique de tabagisme dans le campus. La v.-p. aux affaires de l’université prend la parole et présente les résultats d’un sondage effectué sur ce thème. Elle soutient que de nombreux étudiants sont concernés par les effets du tabagisme passif et qu’en conséquence, le Groupe de Travail à propos du Tabagisme sur le Campus a été créé. Dans sa présentation, elle évoque l’idée de la création d’abris pour fumeurs, politique qui serait soit définitive, soit temporaire — en vue d’un futur campus sans tabac. Cependant, elle rappelle que ce ne sont que des hypothèses et que ce groupe de travail est totalement ouvert au dialogue, et c’est d’ailleurs pour cela qu’une discussion ouverte est tenue à l’Assemblée. Quelques étudiants viennent donc poser des questions aux présentateurs.

En somme, cette Assemblée générale a été pleine de rebondissements, et riche en conséquences, du moins symboliquement. On a pu y voir des étudiants engagés, concernés par ce qui se passe autour d’eux, et qui veulent vraiment changer les choses — bien que leur implication à l’Assemblée était inégale entre les différentes motions. 

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Quand les mots choquent https://www.delitfrancais.com/2016/02/23/quand-les-mots-choquent/ https://www.delitfrancais.com/2016/02/23/quand-les-mots-choquent/#respond Tue, 23 Feb 2016 05:01:04 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24984 Quel est l’impact de la violence verbale dans la création artistique?

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Orelsan, rappeur français, certes connu pour ses propos trash et sombres, mais aussi reconnu pour son talent de compositeur, vient d’être relaxé le jeudi 18 février dernier, après trois procès qui se sont étendus en longueur. En effet, après l’interprétation de chansons provenant notamment de son album Perdu d’Avance (2009), nombreux de ses morceaux ont été incriminés pour incitation à la violence envers les femmes. Les plaignantes de ce procès sont cinq associations féministes: Chiennes de garde, le Collectif féministe contre le viol, la Fédération nationale solidarité femmes, Femmes solidaires et enfin le Mouvement français pour le planning familial.

Nombreux de ses morceaux contiennent en effet des phrases et des mots très sexistes et violents comme: «J’respecte les schneks avec un QI en déficit, celles qui encaissent jusqu’à finir handicapées physiques» (issu du morceaux Saint Valentin) ou encore «J’te quitterai dès qu’j’trouve une chienne avec un meilleur pedigree» (Pour le pire).

Vittorio Pessin

Avis partagés

À première vue, il semble évident qu’Orelsan est lui-même misogyne et violent. Pourtant, plusieurs personnes plaident le contraire, et lui en premier. Alors qu’il a «une copine» depuis déjà six ans, il rappelle que ses textes racontent l’histoire de personnages fictifs auquel il ne s’identifie en aucun cas. La très controversée Sale pute est ainsi l’histoire d’un banquier issu de la classe moyenne qui rentre chez lui et surprend sa femme en train le tromper. Il est alors envahi d’un élan de violence extrême, de sentiments monstrueux avec un penchant pour l’homicide, pour la faire souffrir à son tour. Ce serait donc un travail d’artiste ici comparable à un réalisateur de film qui met en scène un homme épris d’émotions très sombres. Il rajoute aussi que ses paroles sont à prendre au second degré, notamment dans sa chanson Saint Valentin, où il joue le rôle d’un «gros naze» qui n’est en aucun cas à rapprocher à sa propre identité. Mais alors, d’aucuns se demandent: peut-on donc rire de tout? Même de groupes ciblés dans la société? Cette question épineuse fait débat au delà du rap d’Orelsan. Elle se pose aussi dans le cas des blagues qui font référence à un groupe de personnes en raison de leur genre, leur orientation sexuelle, leur religion, etc.

Cela pose aussi la question de la liberté d’expression, valeur capitale dans une démocratie, mais qui a ses limites: où trouver le juste milieu entre la lutte contre la discrimination et l’incitation à la violence envers un groupe d’individus — ce qui peut impliquer de la censure — et la liberté d’expression de l’artiste? D’autres artistes et acteurs de la scène publique ont provoqué des controverses similaires en France. Charlie Hebdo, journal satirique, dont les dessins sont parfois accusées d’être irrespectueuses ou encore le comique Dieudonné qui a été inculpé pour antisémitisme.

Mahaut Engérant

Qu’en est-il au Québec?

La même controverse existe de notre côté de l’Atlantique. En effet, le groupe de rap Black Taboo a reçu beaucoup de critiques de la presse et d’associations féministes québécoises avec les mêmes accusations: paroles sexistes et violentes. Leur morceau God bless the topless (Que Dieu bénisse les seins nus, ndlr) illustre bien les thèmes traités dans leurs chansons. Cependant, ce groupe répète lui aussi que leurs paroles sont «ironiques».

L’annulation de dernière minute du concert du rappeur américain Action Bronson au festival de musique de Montréal Osheaga en août 2015 s’inscrit parfaitement dans cette controverse. Le Conseil du statut de la femme et d’autres membres de la société civile avaient milité pour son annulation, alors que son concert venait aussi d’être annulé à Toronto. Il était accusé des mêmes faits que les rappeurs précédemment évoqués.

«Où trouver le juste milieu entre la lutte contre la discrimination et l’incitation à la violence envers un groupe d’individus et la liberté d’expression de l’artiste?»

Denis Coderre, le maire de Montréal avait aussi pris position sur le sujet, après avoir regardé le clip d’une de ces dernières chansons, Brunch. On y voit notamment un homme manger sur le corps d’une femme morte, la mettre dans son coffre, puis la poignarder en s’apercevant que celle-ci était toujours vivante, tout en lui crachant dessus et en lui criant des propos sexistes. Le maire avait ainsi dit: «Je me demande comment on peut permettre ce genre de vidéo, qui a quand même été visionnée par 2,8 millions de personnes sur Internet», avant d’ajouter: «Où s’arrête la liberté d’expression? Quel message envoie-t-on? La façon dont c’est fait est dégradante et inacceptable». Pourtant, d’autres rappeurs très en vogue à Montréal, comme Koriass (qui se considère comme pro-féministe), défendait l’artiste: «Action Bronson, c’est un des rappeurs les plus en vue et les plus originaux qui existe en ce moment. Il faut faire la différence entre ce qu’il pense réellement et ce qu’il fait dans son art.»

Le rap: violent de nature?

Le compte rendu de la cour d’appel de Versailles sur l’affaire Orelsan estime que le rap est «par nature un mode d’expression brutal, provocateur, vulgaire, voire violent puisqu’il se veut le reflet d’une génération désabusée et révoltée». Le rap serait donc intrinsèquement violent. Peut-on réellement réduire un courant d’une grande variété, qui existe depuis près de 40 ans, sous une seule de ses branches? Pour le politologue Thomas Guénolé, spécialiste des banlieues françaises, «c’est une grossière généralisation d’une partie du rap ramenée à tout l’ensemble. Une frange brutale, provoc’ et violente existe, mais le rap ne se limite pas à ça.» En effet, il ne faut pas oublier les autres formes de rap tel que la trap, le rap egotrip mais surtout le rap conscient, qui cherche à dénoncer et à s’engager. Oxmo Puccino en France, avec son titre L’Arme de Paix, en est un exemple: «Le malheur de l’un ne fait le bonheur de personne; comprenez, guérir est la seule porte». Au Québec, il y a aussi Dubmatique, avec son morceau «L’Avenir»: «j’écris donc je pense, je pense donc j’avance, je suis le seul à l’attaque, maître de la défense, les médias retransmettent tant de données dans le désordre, mieux vaut lire entre les lignes et ne pas suivre la horde.»

Penser à l’image que l’on dégage

Denis Coderre relève un détail considérable qu’il ne faut pas oublier de prendre en compte: celui du message que l’on transmet. Si tous ces artistes s’expriment au second degré et cherchent juste à faire rire, est-ce la perception du public? Il est intéressant de se demander à quel point les représentations que les médias dégagent — films, musiques, clips musicaux, etc. — influencent de manière latente notre vision du monde, notre manière de penser la société.

Selon une étude publiée par l’Association Psychologique Américaine (APA), les chansons avec des paroles violentes ont un lien direct avec l’augmentation des pensées agressives. Bien sur, l’étude s’est focalisée sur les précurseurs de l’agression plus que sur le comportement violent lui-même. Mais si ces artistes ne mettent pas en scène leur composition de manière à dénoncer cette violence, cette misogynie, il est très difficile pour le public — majoritairement jeune et donc encore en construction psychologique — de faire la part des choses et de comprendre que ce n’est que virtuel. Cela concerne l’incitation à la violence, tout autant que le sexisme ou le racisme.

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Projet de loi 86: échec ou réussite? https://www.delitfrancais.com/2016/02/02/projet-de-loi-86-echec-ou-reussite/ https://www.delitfrancais.com/2016/02/02/projet-de-loi-86-echec-ou-reussite/#respond Tue, 02 Feb 2016 15:40:18 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24607 Le projet de loi sur les commissions scolaires fait débat.

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François Blais, ex-ministre de l’Éducation au Québec avant le tout dernier remaniement, avait soumis une proposition de loi le 4 décembre 2015 dont l’objectif est la  réforme des commissions scolaires. La consultation du projet de loi au sein de l’Assemblée parlementaire a commencé jeudi dernier.

Rappelons tout d’abord la mission de ces infrastructures. Les commissions scolaires sont des institutions présentes dans chacune des régions du Québec et constituées de commissaires élus localement au suffrage universel. Ces administrations sont notamment chargées d’allouer les différentes ressources équitablement entre les établissements et de prendre en charge l’organisation et la gestion de tous les services liés à l’éducation dans leurs régions respectives.

Le projet de loi 86 en bref

Cette loi prévoit principalement le remplacement des commissaires par un conseil scolaire, qui serait composé de dix-sept membres: six parents, un enseignant, un professionnel, deux directeurs d’école, six personnes représentant la communauté et un directeur général. Ces représentants seront élus ou nommés par leurs pairs. De plus, on note la volonté d’accroître les prérogatives du Ministre au sein du processus décisionnel des commissions scolaires.

Mahaut Engérant

Une réforme à double-tranchant

Le projet a pour visée principale de donner plus d’autonomie aux écoles, qui sont parfois trop dépendantes des commissions scolaires — ces dernières pouvant être déconnectées de leurs réels besoins et attentes. Aussi, il permettrait de rapprocher les parents d’élèves et l’équipe pédagogique des établissements des lieux de décision. Également, le projet de supprimer les élections des commissaires scolaires permettrait d’effectuer plusieurs millions de dollars d’économie, sans que le changement soit notable pour les électeurs, étant donné le faible taux de participation aux dernières élections scolaires.

Cependant, il n’est pas sans fondement de s’attarder sur les critiques de cette loi qui, en apparence, semble sans reproche. Cette prétendue augmentation de la démocratie participative (le rôle de la société civile dans l’institution étant élargi) ne serait-elle pas en trompe‑l’œil? En effet, la pratique démocratique du suffrage universel est supprimée puisque les représentants sont élus ou nommés par leurs pairs. Les citoyens n’auront donc plus aucune prise sur leurs représentants. Mais encore, en donnant beaucoup plus de pouvoir au Ministre, on court le risque de diminuer le rôle de ces mêmes représentants face au membre du gouvernement qui a le dernier mot sur toutes les décisions. Deuxièmement, dans l’hypothèse où ces représentants exerceraient une réelle influence, rien n’assure qu’au niveau de la répartition des ressources ils ne succomberont pas à la tentation du clientélisme. Les commissaires pourraient favoriser les intérêts individuels de leur école ou de leur propre enfant plutôt que de penser aux intérêts de la collectivité.

Enfin, on peut se demander si ce «brassage de structure» aura un réel impact sur les élèves, qui après tout représentent l’enjeu le plus important dans cette réforme. Selon Egide Royer, professeur en sciences de l’éducation à l’Université Laval, cette réforme rate sa cible. Elle ignorerait un des plus grand fléau de l’Éducation au Québec: le décrochage scolaire. 

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Mcgill à découvert https://www.delitfrancais.com/2016/01/26/mcgill-a-decouvert/ https://www.delitfrancais.com/2016/01/26/mcgill-a-decouvert/#respond Tue, 26 Jan 2016 20:59:35 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24521 Une série de conférence pour parler de science et foi.

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Cette semaine, l’humain se révèle derrière l’élève et les voiles tombent dans le cadre de l’événement Uncover McGill: ce projet notamment organisé par deux associations chrétiennes de McGill — la Newman Catholic Student’s Society et le McGill Christian Fellowship — propose des discussions qui touchent au fondement de notre identité et aux grandes questions de la vie. Le Délit s’est rendu à deux d’entre elles.


À la croisée des chemins entre science et spiritualité
Science et religion ne seraient pas antagonistes, bien au contraire.

Le jeudi 21 janvier, Basil D. Favis, un professeur en génie chimique à l’université Polytechnique de  Montréal, a tenté de donner des éléments de réponses à une question très débattue: la foi et la science entretiennent-elles un rapport conflictuel?

Si pour beaucoup d’entre nous, ces deux éléments qui imprègnent notre quotidien constituent une dichotomie, le professeur québécois est convaincu du contraire. Il en est la preuve en personne: c’est à la fois un chrétien pratiquant et un scientifique passionné, qui a notamment publié des recherches sur les polymères et les biomatériaux. Mais ne vous méprenez pas, il n’est pas l’exception qui confirme la règle.

Des scientifiques aussi théologiens

On a tendance à l’oublier, mais une grande partie des scientifiques sont aussi religieux. Copernic, qui a découvert au 16e siècle que ce n’est pas la Terre qui est au centre de notre système mais bien le Soleil, était très croyant et avait fait des études en théologie. Pascal, qui a prouvé l’existence de la pression atmosphérique, est aussi un grand théologien français et défenseur des jansénistes. Isaac Newton, scientifique majeur qui a découvert notamment les lois de la gravitation universelle, a mis de côté la science à 35 ans pour publier de nombreux ouvrages religieux. Les origines de la science moderne sont donc en lien direct avec la religion. Mais aujourd’hui encore, des scientifiques renommés tel que Antony Flew, Kenneth A. Miller, ou encore Francis S. Collins, défendent cette relation entre science et spiritualité.

Un être divin comme déclencheur du Big Bang

Ces derniers puisent leur foi dans la science elle-même. En effet, comment expliquer ce réglage si précis des lois de la nature à l’origine de notre planète? Pourquoi le monde n’est-il pas chaotique? Par exemple, le professeur explique que le dosage entre les forces d’expansion et de gravitation dans l’univers sont le fruit d’un équilibre parfait: si la force d’expansion était ne serait-ce qu’un peu plus forte, il n’y aurait pas d’étoiles. Au contraire, si la force gravitationnelle était un petit peu plus puissante, l’univers s’effondrerait.

Il en est de même pour la masse de protons et d’électrons. Qui est responsable de cette proportion si précise des éléments de l’univers? C’est là que différentes écoles de pensée s’opposent. Peut-être que nous sommes vraiment très chanceux. Basil D. Favis soutient que les scientifiques n’aiment pas parler de «chance». Une autre hypothèse serait celle d’un «multivers»: peut-être vivons-nous juste dans le bon univers où le dosage s’est effectué correctement, alors que les autres univers sont chaotiques?

Pour l’intervenant, il y aurait une autre explication: cet univers rationnel serait le fruit d’un esprit divin. Il suggère donc que Dieu aurait créé notre univers en définissant ces lois si précises. Mais alors, si les lois de la nature sont si parfaites, pourquoi l’Homme, lui, est si imparfait? Le professeur me répond que Dieu a voulu donner le choix à l’être humain d’être ce qu’il voulait être. ‑Hannah Raffin

Vittorio Pessin

Intervention divine dans les locaux de l’AÉUM
Une conférence au sujet de Dieu: un dialogue au service de la paix.

Mercredi 20 au soir, une centaine d’élèves assistait avec d’autres Montréalais à une conférence au titre mystérieux «Qui est Dieu?».

Quelques heures avant, les étudiants sont perplexes: le prosélytisme semble en désaccord avec l’esprit McGillois. L’Université retournerait-t-elle sa veste pour revêtir une soutane, un talit ou un kesa? La réponse est non, et heureusement.

Un dialogue nécessaire contre le sentiment anti-religieux

L’audience est unanime: un message pacifiste est crucial. À l’échelle mondiale, le nombre de croyants ne cesse de croître. Selon la World Christian Encyclopedia, plus de 64% de la population mondiale seraient aujourd’hui de confession chrétienne, hindouiste et musulmane, contre 50% au début du 20e siècle. Contrairement à ce que beaucoup prédisaient, le monde ne devient pas plus laïc à mesure qu’il se modernise.

Cependant, cette montée de la religion s’accompagne d’une hostilité grandissante. Aujourd’hui, conflits et amalgames teintent les religions d’un sombre gris. Dans l’auditoire, se mêlent croyants, agnostiques et athées, partageant un espoir commun: que les préjugés religieux soient déconstruits. Les auditeurs désirent entendre ce qui lie les religions et veulent en finir avec toute diabolisation. Deux étudiantes assurent que les tensions religieuses existent jusque sur notre campus. Joel, père de famille et ouvrier du bâtiment, souligne l’importance de l’université pour la liberté d’expression, souvent bafouée lorsqu’elle touche au sujet sensible qu’est la religion.

Ainsi, les spectateurs écoutèrent avec intérêt un dialogue inter-religieux animé, teinté de respect et de sincérité. Tour à tour, Mohamad Jebara, imam et érudit du Cordova Spiritual Education Centre et Abdu Murray, spécialiste du Christianisme, membre du Ministère Ravi Zacharias expliquèrent l’essence de Dieu dans leur religion respective. Chacun offrit une explication documentée, sans rendre le débat ésotérique. D’entrée de jeu, l’échange fut placé sous le signe de l’écoute et de l’humour: «We can disagree without being disagreeable» («Nous pouvons être en désaccord sans en devenir désagréable», ndlr).

Nombreux furent les points où les interlocuteurs se rejoignirent. À la question de l’identité de Dieu, les deux orateurs répondirent qu’il est le même dans chaque religion: il s’agit du même Être Suprême, prenant différents aspects et caractéristiques. L’idée de l’Amour inconditionnel revint à plusieurs reprises: Dieu est un Être aimant, figure de Bonté et d’Espérance. Dieu attend du musulman comme du chrétien, une conduite morale et respectueuse. Les religions semblent donc promouvoir des valeurs universellement justes.

Ainsi, il semble résider au cœur des religions, des valeurs pacifistes. La diversité religieuse doit être encouragée et les représentants des religions écoutés, pour lutter à la fois contre l’extrémisme et le sentiment anti-religieux, et pour que ni l’athéisme ni la religion ne fassent loi, dans un pays de droit. ‑Lara Benattar

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Rétrospective 2015 https://www.delitfrancais.com/2016/01/19/retrospective-2015/ https://www.delitfrancais.com/2016/01/19/retrospective-2015/#respond Tue, 19 Jan 2016 16:06:58 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24383 Retour sur les événements marquants au Canada cette année.

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1er janvier: Michaëlle Jean, l’ancienne Gouverneure générale du Canada, est désignée nouvelle secrétaire générale de l‘Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Elle succède ainsi à l’ancien président sénégalais Abdou Diouf. C’est la première femme canadienne à acquérir ce poste.

15 mars: Xavier Dolan, réalisateur québécois, remporte le Jutra du meilleur film avec le film Mommy. Il obtient huit autres prix.

23 mars: Une nouvelle vague de grèves étudiantes québécoises contre l’austérité débute. Une des manifestations est dispersée par la police de Montréal. Les départements de médecine, de droit et de langue et littérature française de McGill prennent part à cette grève. La grève continue par endroit encore aujourd’hui à l’UQAM (Université du Québec à Montréal).

15 mai: La direction du parti québécois est remportée à 58% des voix par Pierre Karl Péladeau. Une commission parlementaire est ouverte en raison de sa place à Quebecor, un conglomérat très important de médias québécois.

6 juin au 5 juillet: La coupe du monde de football féminin se déroule au Canada. 2015 est décrétée année du sport et FIFA 16 est la première édition à comporter des équipes féminines.

8 juillet: Le gouvernement Couillard s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 80 à 95 % d’ici 2050.

19 octobre: Justin Trudeau, chef du Parti libéral du Canada, remporte les élections fédérales et forme un gouvernement majoritaire. Le résultat au Canada est de 184 libéraux, 99 conservateurs, 44 néo-démocrates, 10 bloquistes et 1 vert. Au Québec, les résultats sont de 40 libéraux, 16 néo-démocrates, 12 conservateurs et 10 bloquistes mais Gilles Duceppe perd dans sa circonscription de Laurier-Sainte-Marie.

24 novembre: Le rapport de la commission Charbonneau est finalement déposé et rendu public. Il propose 60 recommandations pour enrayer la collusion et la corruption au Québec, qui est selon la juriste un problème réellement enraciné dans la région. Ce serait notamment le cas dans le domaine de la gestion des contrats publics de construction, où le crime organisé aurait pénétré l’économie locale.

8 décembre: Le Premier ministre Justin Trudeau confirme la tenue des travaux d’une commission d’enquête sur les femmes autochtones disparues et assassinées.

13 décembre: Début de l’accueil de 25 000 réfugiés syriens au Canada.

31 décembre: Après 131 ans,  La Presse arrête la publication de son édition imprimée les jours de semaine. 

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Pour un Québec responsable https://www.delitfrancais.com/2015/11/28/pour-un-quebec-responsable/ https://www.delitfrancais.com/2015/11/28/pour-un-quebec-responsable/#respond Sun, 29 Nov 2015 00:16:15 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24258 La société civile, Manon Massé, et l’environnment.

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Manon Massé, députée de Québec Solidaire (QS), sera présente à la COP21 aux côtés des autres dirigeants québécois et canadiens.  À l’approche de cette conférence internationale, qui vise à créer un nouvel accord sur le climat, elle a organisé une rencontre-débat accessible à tous lundi 23 novembre, dans le chaleureux pub l’Île Noire, rue Saint-Denis. Retour sur cet événement original.

La COP21: un enjeu d’une grande ampleur

À 17h15, tout le monde, un verre à la main, discute du sommet de la COP21 qui approche à grands pas. La députée de QS, dans la circonscription de Sainte-Marie-Saint-Jacques, y participera et compte bien y représenter les convictions de la population de sa circonscription. En effet, elle croit fermement que «c’est toujours la société civile qui a permis le changement», et c’est pourquoi elle insiste sur l’importance d’être à son écoute, de la rencontrer, d’échanger avec celle-ci.

Manon Massé commence par rappeler quels sont, selon elle, les grands enjeux de ce sommet international. Elle est très ferme: si beaucoup de ses homologues affirment que l’objectif de contenir le réchauffement climatique à seulement 2 degrés Celsius n’est pas réalisable, celle-ci fera tout son possible pour que ce chiffre n’augmente pas.

La parole est aux citoyens

Puis c’est au tour des personnes présentes de parler. Des discussions en petits groupes se mettent en place pour répondre à deux questions clés: à quoi les gouvernements du Québec et du Canada devraient mettre un frein? Et qu’est ce que ces deux derniers devraient mettre en place pour assurer leur responsabilité environnementale mondiale? Et c’est là que la salle devient le théâtre de débats animés par des personnes pleines d’ambition.

Parmi les idées énoncées et largement saluées, on retrouve des propositions dans la lignée du programme de Québec Solidaire: on retient notamment la volonté de diminuer les trajets en automobile et de développer les transports en commun — les transports se placent en effet comme les premiers émetteurs de gaz à effet de serre au Québec — mais aussi celle de lutter contre l’agriculture industrielle, qui constitue quant à elle le deuxième plus grand pollueur. Ou encore, on parle d’assurer une transition énergétique, c’est-à-dire de réduire significativement la dépendance de la région aux énergies fossiles et non renouvelables, et de développer parallèlement les énergies propres. Plus globalement, beaucoup insistent sur l’importance de développer des politiques écologiques au niveau local et à l’échelle des individus. Manon Massé rappelle aussi sa position singulière sur la taxe carbone: elle s’oppose à celle-ci, car elle soutient qu’elle touche surtout les plus pauvres. Sa position est intéressante, car elle prend aussi en compte la dimension sociale de la définition du développement durable.

Peut-on vraiment parler de débat?

Toutes les idées sont largement applaudies par la députée et par toutes les autres personnes présentes: mais où est passée la dialectique, essence même du débat? Aucune idée n’est remise en cause, questionnée, approfondie. Pourtant, si toutes les propositions ont un sens et une visée respectable, elles ne sont pas toutes réalistes. Manon Massé compte représenter la société civile de sa circonscription, mais ne nous voilons pas la face: celle-ci devra se mettre d’accord avec beaucoup d’autres dirigeants. Malheureusement, il est assez probable que beaucoup de personnes présentes ce lundi soient déçues du résultat. Ne vaudrait-il pas mieux se concentrer sur un ou deux objectifs ambitieux, représentant les valeurs de Québec Solidaire, mais qui resteraient atteignables et acceptables par les homologues québécois et canadiens de la députée? On le saura à la fin de la conférence de Paris.

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Hommages aux victimes à Montréal https://www.delitfrancais.com/2015/11/17/hommages-aux-victimes-a-montreal/ https://www.delitfrancais.com/2015/11/17/hommages-aux-victimes-a-montreal/#respond Tue, 17 Nov 2015 16:43:17 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24136 Ils étaient des centaines, devant le consulat de France, Place des Arts et à l’intersection Y pour honorer la mémoire des morts à Paris.

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Marc Blondeau, directeur de la Place des Arts: «Consternation d’apprendre qu’un tel carnage ait eu lieu dans une salle de spectacle. Nous avons pensé proposer un rendez vous simple, sobre, un rassemblement de solidarité pour la paix, contre la violence et la peur, un événement de recueillement (…) mais aussi, et peut être surtout, un événement de prise de parole par plusieurs personnes du milieu culturel.»

Louis Baudoin-Laarman

Margaux et Chloé, étudiantes mcgilloises françaises: «Parce qu’on est loin et que dans des moments comme ça, ça fait du bien de se réunir pour se serrer les coudes.»

Salomé Grouard

Adrien, étudiant parisien en visite à Montréal: «Je trouve ça bien qu’il y ait quelque chose comme ça qui se mette en place. Avec tout ce qui se passe, même depuis l’étranger, donner ne serait-ce qu’un peu de soutien c’est déjà ça. On fait ce qu’on peut de là où on est...»

Eléonore Nouel

Marily, étudiante à McGill originaire de l’Île-du-Prince-Édouard: «Je n’attendais pas autant de gens mais je pense que c’est très impressionnant, ça montre à quel point l’humanité est puissante, et que nous pouvons tous nous rassembler quand un événement aussi horrible arrive, et promouvoir tous ensemble la paix.»

Nouédyn Baspin

Emily, étudiante à McGill originaire de l’Île-du-Prince-Édouard: «Leur montrer que ça n’a pas marché, que nous n’avons pas peur et que, quoi qu’il arrive, ça ne nous empêche pas de sortir de chez nous.»

Inès Léopoldie-Dubois

Anne, originaire de Clermont-Ferrand: «Je trouve toujours ça très émouvant comme rassemblement. Et puis de se retrouver avec des gens de tous les horizons qui ne se connaissent pas, pour la même raison, c’est toujours un bon moment. J’espère juste que l’élan de solidarité ne va pas s’éteindre demain. Et puis on va essayer de faire en sorte de tous rester debout, ensemble, collectivement dans les prochaines semaines et mois parce que malheureusement ça risque de ne pas être la seule épreuve à laquelle on va être confronté…»

Louis Baudoin-Laarman

Michel Dumont, comédien et directeur du théâtre Jean-Duceppe: «Deux solutions: ou on se terre, on se cache, on plie, on arrête de vivre et on arrête de croire; ou bien on relève la tête, et on continue à avoir la foi en l’Homme, malgré toutes les folies dont il est capable.»

Eléonore Nouel

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