François Legras - Le Délit https://www.delitfrancais.com/author/francois-legras/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Tue, 22 Mar 2016 04:28:24 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 My funny Chet Baker https://www.delitfrancais.com/2016/03/21/my-funny-chet-baker/ https://www.delitfrancais.com/2016/03/21/my-funny-chet-baker/#respond Tue, 22 Mar 2016 04:28:24 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=25208 Une nouvelle légende du jazz passe à travers les fils d’Hollywood au Cinéma du Parc.

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Quand on évoque le jazz, on pense évidemment à Miles Davis, Duke Ellington, ou John Coltrane. On aurait tort, il semblerait, d’y omettre Chet Baker. Trompettiste, bugliste, et chanteur sans précédent, il fut un musicien hors-norme, au profil plus qu’atypique. Quoi de mieux, donc, que de se rendre au Cinéma du Parc de Montréal un jeudi après-midi pluvieux et morne, pour y voir Born To Be Blue, long-métrage consacré à l’artiste?

Trompettes et prisons

Birdland Club, New York, 1954. Chet Baker et sa trompette bavardent avec l’atmosphère. Dans la fumée de cigarette et l’obscurité, on écoute, on contemple. On ressent la peine, puis la mélancolie, enfin l’amour: les passions s’entrechoquent. Il fait gris ce soir, à New York.

Accro à l’héroïne durant presque toute sa carrière, il fut arrêté plusieurs fois en possession de drogue, et c’est d’ailleurs dans la prison de Lucques, en Italie, que débute le film. Baker y est merveilleusement interprété par l’acteur américain Ethan Hawke: précis et authentique, il a lui même repris plusieurs refrains du chanteur, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat est admirable.

Après plusieurs années passées en Europe, dont deux en détention, Chet revient aux États-Unis. Bien que sa notoriété ne soit plus la même que lors de son apogée dans les années 1950, il est décidé à reprendre le travail. Seulement, un événement va bouleverser son existence: en 1966, à San Francisco, il est lâchement agressé par un groupe de dealers qui lui fracassent la mâchoire. Celle-ci constitue le socle de son art, d’abord parce qu’elle lui permet de chanter, mais aussi car il l’utilise pour jouer de son instrument. Méprisé par son père, délaissé par les maisons de disque, Baker va consacrer de longs mois de sa vie à se rétablir et tenter de retrouver son niveau initial. Pour cela, son addiction à l’héroïne doit cesser, et c’est grâce à la rencontre d’une nouvelle femme, d’un nouvel amour, Jane, subtilement interprétée par l’actrice Carmen Ejogo, que Baker va préparer son grand retour.

Charlie

Inévitable rechute

Semaine après semaine, Chet va regagner confiance – mais l’avait-t-il vraiment perdue? Même lorsque Miles Davis, pleinement incarné par Kedar Brown, l’observe d’un œil menaçant au Birdland en 1954, il reste imperturbable et réalise une prestation stupéfiante. Dans le début des années 1970, il est de nouveau prêt à monter sur scène; mais les vieilles habitudes perdurent. De retour à New York pour un nouveau concert, Chet va retomber dans ses travers liés à l’héroïne. Il perd donc Jane, pourtant enceinte, mais enchaîne les performances et retrouve l’Europe pour une nouvelle tournée.

Selon le Guardian, «Born To Be Blue est un curieux mélange de réalité et de fiction, de cliché et d’originalité, de style et d’émotion.» À l’heure où la parole est à Leonardo Dicaprio et Les Revenants, il est un film à ne pas manquer, certainement – à bon entendeur, salut.

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Le scandale s’expose https://www.delitfrancais.com/2016/01/19/le-scandale-sexpose/ https://www.delitfrancais.com/2016/01/19/le-scandale-sexpose/#respond Tue, 19 Jan 2016 21:06:41 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24458 La face cachée du Montréal d’après-guerre.

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«Officiellement, le couvre-feu à Montréal débute à deux heures du matin… mais n’y prêtez pas trop attention». Ces quelques mots, rédigés par le journaliste canadien  «Al» Palmer, témoignent d’une forte activité nocturne au sein de la ville dans les années 1950. C’est ainsi que débute l’exposition Scandale! Vice, crime, et moralité à Montréal, 1940–1960, proposée par le Centre d’Histoire de Montréal jusqu’au 30 décembre 2016. Al Palmer est présenté comme un personnage incontournable de l’époque: «journaliste, homme du monde et fin connaisseur de la faune des cabarets, il vit au rythme des nuits chaudes de la métropole qu’il décrit dans ses chroniques»

Salomé Grouard

Effervescence créative

Chaudes, ces nuits le sont effectivement. De nombreuses vedettes animent les différents quartiers de la ville; parmi elles, le pianiste Oscar Peterson, qui deviendra un artiste de renommée internationale, et qui reste aujourd’hui l’un des plus grands musiciens au Canada. Les chanteuses Alys Robi et Muriel Millard sont également présentes, mais aussi le comédien Jean Guilda, l’animateur Jacques Normand, ou encore le dramaturge Gratien Gélinas, considéré de nos jours comme l’un des précurseurs du théâtre et du cinéma québécois contemporains.

La ville de Montréal est alors composée de nombreux lieux –dits– «de plaisir»; «à l’angle de Sainte-Catherine et Saint-Laurent, les néons scintillent»: de nombreux clubs sont accessibles jusque tard dans la nuit, pour le plus grand bonheur des fêtards. Aussi, la drogue envahit la ville: «située au cœur d’un réseau maritime et ferroviaire avantageux, Montréal devient un véritable carrefour d’échanges licites et illicites; les cabarets et les tavernes se comptent par dizaines et les débits clandestins opèrent sans permis pour satisfaire la clientèle».

Salomé Grouard

Système parallèle

Une véritable «famille du crime» se forge: Luigi Greco, Lucien Rivard, Max Shapiro, Frank Petrula, Harry Ship… de nombreux bandits profitent de la situation pour ériger de considérables réseaux de drogue. En parallèle, la prostitution s’accroît au sein de Montréal; celle-ci est gérée par des femmes qui, «après avoir débuté leur carrière comme prostituées, deviennent généralement tenancières-propriétaires, sous la protection des gros caïds masculins». C’est ainsi par exemple qu’en 1945, Ida Katz, alias Liliane-la-Juive, possède sept bordels au sein de la ville.

Dans ce climat saisissant, «la presse écrite joue un rôle crucial dans la dénonciation des activités criminelles qui sévissent à Montréal: à coups d’articles révélateurs, de titres accrocheurs et d’éditoriaux enflammés, les grands quotidiens et les journaux jaunes inondent la ville de scandales». Les réactions sont alors nombreuses, parmi la population, certes, mais aussi chez les politiques qui organisent une véritable «opération nettoyage», notamment via l’initiative de Pacifique Plante, surnommé Pax Plante, avocat et policier de l’époque. Entouré de Pierre des Marais et de Jean Drapeau, «les réformistes» vont prendre de multiples mesures en vue de réduire le crime qui siège dans la ville.

Finalement, pour se rendre compte de l’ampleur du phénomène, on pourrait citer une nouvelle fois Al Palmer, qui écrit dans les années 1950: «notre ville est sans doute devenue l’agglomération la plus pittoresque du continent; tout ce que nous offrent New York, la Nouvelle-Orléans, San Francisco — ou n’importe quelle autre ville, à bien y penser —, Montréal le possède, et plus encore. Une sacrée ville à visiter, une sacrée ville où vivre, une sacrée ville où revenir: nous en aimons chaque recoin crasseux».

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La Bacchanale, plutôt pas mal https://www.delitfrancais.com/2015/09/26/la-bacchanale-plutot-pas-mal/ https://www.delitfrancais.com/2015/09/26/la-bacchanale-plutot-pas-mal/#respond Sat, 26 Sep 2015 20:38:25 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=23149 Immersion au cœur d'une nuit du festival de musique électronique.

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Il est minuit au Quai de l’horloge. Comme à son habitude, le Vieux Port de Montréal est animé, mais ce vendredi 18 septembre est à part. Le Bacchanale festival a libéré ses premières ondes et plus de 4000 personnes sont attendues d’ici le dimanche 20 septembre, date de fin de l’événement. Trois jours de fête, trois scènes, trente artistes, bref: le genre de rassemblement qui attire la convoitise.  

Après avoir acheté des billets à 40 dollars, les Montréalais présents se sont empressés de passer les portes du Hangar 16, pour se faire offrir des tokens, un masque de type «anonymous», puis se laisser guider pour se retrouver assez vite devant la scène. Le duo Extrawelt joue sur scène et on en gardera un souvenir plutôt médiocre: il faut dire que les deux allemands n’étaient pas aidés par la qualité du son. Alors on s’agite, on se remue, on s’éclipse. À l’extérieur, le paysage est vraiment à couper le souffle. La vue sur le Saint-Laurent ainsi que sur les bâtiments du centre ville est attrayante. Mais pas le temps de s’y attarder: le duo américain Phuture va débuter. Fondé en 1985 à Chicago par le légendaire DJ Pierre, le tandem a notamment produit le morceau Acid Trax, qui, aujourd’hui encore, constitue une référence pour toute personne qui affectionne l’acid music.

En quelques minutes, le volume s’intensifie. Intense, c’est le mot. On n’a pas le temps de faire de pause, les vibes s’enchaînent, le rythme s’accélère, les basses résonnent. C’est fort, très fort, puis trop fort, alors on prend du recul. Enfin, c’est au tour de l’américain Éric Cloutier, qui offre un DJ Set. À la fois excitant et paisible, son univers musical est probablement la plus belle surprise de la soirée. Cerise sur le gâteau, le volume retrouve un niveau écoutable et agréable. Alors on tape du pied, encore et encore, accroché par le rythme. Puis la musique cesse: c’est déjà fini. Les derniers fans en redemandent, puis capitulent et se dirigent vers la sortie pour enfin quitter le hangar. Alors, sur le chemin du retour, on se regarde, encore captivés, rêveurs, et on se dit que pour une première, c’était plutôt pas mal.

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