Eve Leger-Belanger - Le Délit Le seul journal francophone de l'Université McGill Fri, 22 Oct 2010 08:29:24 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 Terrorisme écologique, chasse, secte et bacchanales https://www.delitfrancais.com/2010/10/18/terrorisme-ecologique-chasse-secte-et-bacchanales/ Mon, 18 Oct 2010 23:55:06 +0000 http://delitfrancais.com/?p=3742 Avec Comment appeler et chasser l’orignal publié aux éditions Coups de Tête, Sylvain Houde signe un polar à saveur masculine dans un décor typiquement québécois.

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La plume précise de Sylvain Houde fait mentir la réputation des polars souvent écrits d’une main paresseuse. Le récit se déroule principalement à Shawinigan, une petite ville industrielle de la Mauricie adjacente à un parc national: le domaine des orignaux. L’orignal sert de trame de fond omniprésente au livre. Que ce soit à travers un groupe de personnes nommé ORIGNAL, un documentaire à la télévision ou un camp de chasse, le lecteur fait constamment face au roi des forêts.

Simon Brisebois, le protagoniste, est journaliste pour une firme dénommée Polar Police. Il enquête sur un regroupement, l’ORIGNAL (L’Organisation révolutionnaire d’intervention guerrière de nuisance anticapitaliste libertaire). Ce groupe écolo-terroriste fait sauter des véhicules utilitaires sport énergivores comme coups d’éclats. Il se révèle cependant plus proche d’une secte de reclus de la société qui vivent selon certains principes, dont plusieurs ancestraux, et appliquent leur propre vision du monde à l’ensemble de la société,

Comment appeler et chasser l’orignal s’apparente ainsi au fameux récit Le Maître des illusions de Donna Tartt dans lequel un groupe restreint d’individus rassemblés autour d’un grand maître effectue des rituels primitifs, le tout sur fond de bacchanale. Dans le roman de Sylvain Houde, l’aspect primitif de l’orignal, lié notamment à la sexualité, est présent à travers les rites de ses adorateurs. L’érotisme bestial est peut-être ici trop mis en l’avant, ce qui crée une certaine rupture au sein de l’intrigue. Malgré tout, l’activisme écologique du groupe l’ORIGNAL soulève une question intéressante sur les limites des actions accomplies pour faire changer une situation, telle que celle de la conscience écologique. En outre, les diverses incursions dans l’étymologie de certains mots tels que «triskaidékaphobie» ou «curcubitacée» sont autant de pauses didactiques littéralement savoureuses. Les didascalies créent enfin un mélange des genres différent et novateur. Par ailleurs, l’expérience de l’auteur en tant que DJ aux Foufounes électriques se reflète dans son roman, puisque de nombreuses scènes se déroulent dans une boîte de nuit. Le lecteur découvre ainsi le monde de la nuit sous un angle original voire expert.

Comment appeler et chasser l’orignal, qui mériterait une seconde lecture, afin de saisir dans son intégralité la complexité et les enjeux du récit, est donc un polar dans lequel se mélangent regroupements écologistes et sectaires sur fond de sexualité débridée centrée sur l’imaginaire masculin.

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Rire noir https://www.delitfrancais.com/2010/03/02/rire-noir/ Wed, 03 Mar 2010 02:44:56 +0000 http://delitfrancais.com/?p=2764 Solitude et rire s’allient avec brio à l’Espace Go jusqu’au 13 mars.

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C’est au sein d’un décor disparate et familier que s’ouvre Porc-Épic, une pièce qui a pu être appréciée dans plusieurs pays en tant que créationclé de David Paquet, mise en scène ici par Patrick Dubois. Des cartons de bières côtoient une immense affiche de Coca-Cola, des supports à postiches, un jeu de twister et de vieux appareils électroménagers.

Ce décor scindé, mais uni par son aspect banal, montre trois vies séparées mais toutes aussi solitaires les unes que les autres. Il y a Cassandre (Marika Lhoumeau), dans sa cuisine, qui simule un anniversaire pour ne plus être seule; il y a Sylvain (Jean-Pascal Fournier), le propriétaire d’un dépanneur qui suit une thérapie pour troubles de confiance en lui et son amie (Dominique Quesnel), qui a perdu son goût pour la vie; il y a finalement Théodore (Antoine Bertrand) et Noémie (Geneviève Schmidt) qui, en apparence, semblent s’entendre, mais qui vivent une rupture difficile. Ces trois chemins s’unissent sur scène, mettant ainsi en lumière toute la solitude de l’homme et le profond échec de sa communication avec autrui.

Le titre de la pièce fait référence à une parabole de Schopenhauer: les hommes sont comme des porcs-épics, ils ont froid de vivre et ils se rapprochent les uns des autres, mais lorsqu’ils sont trop proches, ils se blessent avec leurs piquants et doivent s’éloigner, créant un mouvement d’aller-retour perpétuel. La symbolique est d’ailleurs omniprésente tout au long de la pièce, où tous les moyens sont bons pour combler la solitude: les femmes deviennent tour à tour enceinte d’un même rejeton, Cassandre se transforme en couverture réconfortante pour un enfant…

La pièce plonge le spectateur dans un univers noir, qui propose une réflexion sur les relations interpersonnelles et sur le fait que chaque être est emprisonné dans une prison de verre, sans fusion possible avec ses semblables. Afin de mieux transmettre ce message, David Paquet a choisi l’humour, et Patrice Dubois l’a suivi dans cette voie. Cette approche donne au spectateur la sensation d’être un équilibriste, hésitant sans cesse entre le rire et les pleurs. Le texte et les amusantes mimiques des personnages font parfois bien rire, mais le fond reste profondément troublant. Le rire devient alors un moyen de se libérer du malaise provoqué par la lourdeur de la solitude. Il est en outre important de noter la performance brillante et nuancée d’Antoine Bertrand, connu entre autres grâce au rôle qu’il tient dans la série télévisée Les Bougons.

Le rire est déjà présent avant même que la performance ne commence: le programme distribué à l’entrée contient une touche d’humour, abordant les multiples utilisations du symbole du porc-épic dans la société, mais ne fournissant par ailleurs aucun résumé de la pièce. Malgré le rire et la légèreté, qui sont certainement au rendez-vous, c’est une pièce marquante qui nous est offerte. Elle restera sans doute longtemps gravée dans les esprits grâce à son aspect réflexif, doublé d’une expression simple de la solitude humaine.

Porc-Épic
Où: Espace Go, 4890, boul. Saint-Laurent
Quand: jusqu’au 13 mars
Combien: 24$ (30 ans et moins)

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L’inspiration mur à mur https://www.delitfrancais.com/2010/02/09/l%e2%80%99inspiration-mur-a-mur/ https://www.delitfrancais.com/2010/02/09/l%e2%80%99inspiration-mur-a-mur/#comments Wed, 10 Feb 2010 00:59:14 +0000 http://delitfrancais.com/?p=2553 Jusqu’au 9 mai à l’Espace Création Loto-Québec, Diane Dufresne et Richard Langevin nous offrent une exposition multidisciplinaire à la mesure de leur démesure.

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Élève de l’incontournable frère Jérôme, Diane Dufresne s’est associée à son complice, le sculpteur Richard Langevin, dans le cadre de cette exposition diversifiée et haute en couleurs.

On plonge, dès l’entrée dans l’Espace Création, dans l’univers des artistes: c’est au son de chansons interprétées par Diane Dufresne elle-même, que le visiteur porte son regard d’une oeuvre à l’autre.

Trois types d’inspirations se démarquent dans la première des deux pièces, très colorée. Dans un premier temps, le visiteur peut y voir des oeuvres comprenant une touche à la Bretecher, rappelant l’univers de la bande dessinée. La déconstruction du corps étudiée ici se conjugue alors avec le thème omniprésent du mouvement. Dans une seconde série d’oeuvres, Diane Dufresne assume pleinement s’être inspirée de Picasso à travers le titre ludique de Picassiette qui affuble la série. L’univers multidisciplinaire permet d’ailleurs d’aborder non seulement des toiles, mais aussi des coussins peints, des sculptures, des montages et bien d’autres supports. La troisième inspiration convoque l’art moderne en se rapprochant du graffiti. Cent toiles s’emboîtent, un imposant montage de cubes de toiles peints qui occupe une grande partie du sol s’en fait d’ailleurs l’exemple.

La seconde pièce de l’exposition, quant à elle, tend plutôt vers les tons de blanc, de rouge et de noir. Le multimédia, support de prédilection de l’oeuvre de Richard Langevin, est ici adroitement intégré. L’oeuvre Ah! La vache attire particulièrement l’attention par sa façon d’exploiter le relief alors que de nombreux carrés peints, écrits ou filmés tapissent le mur et jonchent le sol.

MUR à MUR appelle à la liberté par l’intégration de plusieurs disciplines, par un souci accru d’investir l’espace et par le désir d’intégrer le spectateur à l’oeuvre. La citation affichée à l’entrée de l’exposition se fait justement dépositaire de ces intentions: «C’est primordial de vivre de sa créativité dans un monde qui tend de toutes parts à nous dépersonnaliser. N’oublions pas que nous sommes tous artistes, chacun dans notre domaine, si nous sommes attentifs à notre créativité. Un chef d’oeuvre n’existe pas s’il n’est pas regardé, lu, écouté.» Le visiteur est même invité à contribuer par l’écriture ou par le dessin à une installation communautaire située à l’entrée de l’édifice. Cette incitation à la création et au mouvement par le biais d’une oeuvre en constante construction introduit bien le visiteur à la vision de Diane Dufresne et de Richard Langevin.

Forme, couleur, inspiration et dynamisme sont donc au rendez-vous à l’Espace Création Loto-Québec à deux pas de McGill. Il serait fâcheux de ne pas en profiter.

Mur à mur
Où: Espace Création Loto-Québec, 500 Sherbrooke Ouest
Quand: 3 février au 9 mai
Combien: gratuit

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