Esther Perrin Tabarly - Le Délit https://www.delitfrancais.com/author/esther-perrin-tabarly/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Fri, 12 Feb 2021 19:53:00 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 Sauver la presse francophone https://www.delitfrancais.com/2017/11/14/sauver-la-presse-francophone/ Tue, 14 Nov 2017 16:46:23 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=29857 40 ans après sa naissance, Le Délit risque de disparaître.

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Les universités québécoises, censées être le lieu du savoir et du débat d’idées, manquent à leur devoir de protection de la liberté d’expression. Sans presse libre et indépendante au sein des universités, cette liberté d’expression ne devient que façade. Nous demandons aux dirigeants de l’Université McGill d’abolir la mesure exigeant la tenue d’un référendum quinquennal sur les frais de cotisation de 3$ par session que chaque étudiant est tenu de payer aux journaux étudiants, Le Délit, The Mcgill Daily et le McGill Tribune

Nous pensons que cette mesure fragilise la liberté d’expression au sein de l’Université tout en marginalisant davantage les voix minoritaires, telles que les voix francophones qui sont représentées par Le Délit, le seul journal francophone de l’Université McGill. Nous demandons à l’administration de l’Université d’abolir cette obligation qui précarise la francophonie et les journaux étudiants sur le campus.

McGill néglige sa francophonie

Né sous le lys en 1977, Le Délit est la publication sœur du McGill Daily, créé en 1911, le plus vieux journal étudiant du Québec. Les deux rédactions forment la Société de publication du Daily (SPD), un organisme indépendant et à but non lucratif. Ce sont les éditeurs du Daily qui, lors des débats de la loi 101 sur le bilinguisme, ont reconnu la nécessité d’un journal entièrement francophone. Conséquement ils créèrent Le McGill Daily français, notre actuel Délit. Leur motivation était simple: favoriser l’entente entre les deux solitudes. 

À l’image des deux groupes linguistiques majoritaires du Québec, le Daily et Le Délit ont grandi dans l’interdépendance. Deux journaux, deux équipes, deux lignes éditoriales mais un seul bureau et une même vocation: proposer une presse libre et indépendante aux étudiants de l’université.

Jusqu’au 16 novembre, les étudiants doivent se prononcer sur la survie de ces deux institutions pour le référendum quinquennal. Un peu plus tôt ce mois-ci, le conseil législatif de l’Association des étudiants de l’Université McGill (AÉUM ou SSMU, en anglais, ndlr), a voté contre une motion de soutien au référendum d’existence de la SPD. Ce désaveu de la part des élu·e·s étudiants prouve leur absence de considération pour la francophonie à McGill.

Les francophones représentent pourtant 20% du corps étudiant, lequel est bilingue à plus de 50%. Pour tous ceux-là, Le Délit est un porte-parole et un acteur majeur de la vie étudiante. Dans ses pages, il couvre la scène et les coulisses de la politique étudiante mcgilloise, montréalaise et québécoise, désespérément cantonnée à la sphère anglophone. Dans la communauté, il joue un rôle prépondérant en co-organisant notamment la Francofête, une semaine de célébrations de la francophonie sur le campus. Il est aussi le représentant de McGill au sein de l’association de la Presse étudiante francophone (PrEF) et a remporté le prix du meilleur journal étudiant du Québec décerné par les Amis du Devoir. Ainsi, Le Délit relie nos étudiant·e·s francophones, parfois enfermés dans la McGill bubble, au reste du Québec.

De l’importance de la presse étudiante

Au cours de ces dernières années, les journaux étudiants mcgillois ont été d’utiles lanceurs d’alerte sur le campus. Agressions sexuelles, dysfonctionnement chronique des services de santé mentale, précarité ou encore malnutrition étudiante, autant de sujets mis en lumière par le Délit et The Daily.

Par ailleurs, en l’absence d’une école de journalisme à McGill, les journaux étudiants compensent et forment à chaque année des dizaines de mcgillois·e·s au journalisme en français et en anglais.

L’imposition de ce référendum menace les rédactions étudiantes comme une épée de Damoclès. Au lieu d’assurer leur fonction, elles se voient régulièrement contraintes d’allouer leurs maigres ressources à une campagne de survie. De plus, cette campagne devient en quelque sorte permanente, tant il faut se plier à la majorité et au bon vouloir des groupes de pression du campus. Comment, dans ces conditions, assurer la liberté de la presse et le fonctionnement même de la démocratie dans notre communauté étudiante?

Nous comptons sur la bonne volonté de l’administration de l’Université McGill pour mettre fin à ce système référendaire qui précarise les journaux étudiants et met en péril la seule voix francophone, indépendante et libre du campus.

Signataires : 

Ronny Al-Nosir, chef de section innovations, automne 2016

Joseph Boju, rédacteur en chef, 2014–2015

Julia Denis, rédactrice en chef, 2015–2016

Inès Dubois, coordinatrice réseaux sociaux, 2014–2016

Céline Fabre, chef de section culture 2015–2016

Ikram Mecheri, rédactrice en chef, 2016–2017

Magdalena Morales, coordinatrice multimédias, automne 2016

Chloé Mour, cheffe de section culture, automne 2016

Matilda Nottage, coordinatrice multimédias, 2015–2016

Esther Perrin Tabarly, cheffe de section société, 2015–2016

Théophile Vareille, éditeur de section actualités, 2015–2017

Arno Pedram, responsable multimédia Le Délit, hiver 2017, éditeur culture The McGill Daily, 2017–2018

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Le climat, éternel combat https://www.delitfrancais.com/2016/11/28/le-climat-eternel-combat/ Mon, 28 Nov 2016 15:11:11 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=26921 Réflexion sur le pouvoir des individus et le développement durable.

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Cette semaine, le gouvernement canadien devrait rendre sa décision sur le projet d’oléoduc Kinder Morgan. L’oléoduc transporterait chaque jour près de 900 000 barils de pétrole entre l’Alberta et la Colombie Britannique. Le projet a été largement dénoncé par la société civile nationale et internationale, parce qu’il empêcherait tout simplement le Canada de respecter les promesses faites lors de la ratification de l’Accord de Paris. Au sud de la frontière, des centaines de personnes se sont mobilisées dans la réserve sioux de Standing Rock pour exprimer leur opposition au nouvel oléoduc Dakota Access.
Lundi le 24 novembre, des opposants à Kinder Morgan se sont rassemblés sur la colline du Parlement à Ottawa, pour tenter d’exercer une pression sur le gouvernement libéral. Une centaine d’étudiants ont été arrêtées. À Standing Rock, les forces de l’ordre ont déployé poivre de Cayenne, gaz lacrymogène, balles en caoutchouc et jets d’eau par températures glaciales pour dissuader les participants. Plus de 400 personnes ont été arrêtées depuis le début des manifestations, et plusieurs dizaines ont été blessées, certaines hospitalisées. Ces deux exemples d’opposition viennent illustrer la relation compliquée entre gouvernements et citoyens lorsqu’il s’agit d’action pour le climat.
L’irréfutable impact des changements climatiques

La question des changements climatiques est devenu l’objet d’un brouhaha politique qui semble opposer deux formes de pouvoir: le pouvoir institutionnel, et le pouvoir civil.
D’un côté, les gouvernements sont mariés de longue date avec les industries fossiles, ce qu’ils tentent de concilier à de leur concubinage passionnel avec le développement d’une économie verte. Arrêtons ici la métaphore, avant que les subventions aux sociétés pétrolières et gazières — de l’ordre de 3,3 milliards de dollars annuellement au Canada — ne deviennent un acte de galanterie.
De l’autre côté, une grande partie de la société civile est de plus en plus sensibilisée à la cause climatique et sa mobilisation politique grandissante ces dernières années en est la preuve. À l’automne 2015, 25 000 personnes défilèrent à Ottawa à l’occasion de la Marche mondiale pour le climat. Au même moment, ils furent 400 000 à New York. Selon un sondage du groupe de recherche Nanos, 72% des Canadiens pensent que «la science des changements climatiques est irréfutable». De ce côté-ci des barricades, l’activiste le plus endurci, tout comme l’engagé occasionnel, se posent la même question: quelle influence avons-nous vraiment sur les politiques de nos politiques? Le pouvoir de l’électeur est-il une illusion? L’activiste fait-il une différence?

Mi-figue, mi-raisin

Il est difficile de ne pas devenir cynique quand on suit de près les développements de la politique climatique. Nos chefs d’État font des déclarations de héros à l’écran, et des pas de fourmis pour le progrès. Le changement aura-t-il lieu si nos gouvernements ne suivent pas la cadence? Peut-être devrons-nous remettre en cause notre façon de concevoir, de déléguer et d’utiliser le pouvoir si nous voulons sauver les meubles. Il est grand temps d’adapter nos institutions. On peut néanmoins se permettre un peu d’optimisme: si la société civile n’a que peu d’influence sur les décisions étatiques, la métamorphose récente de leur demande de consommation oblige le secteur privé à, lui, avancer. Qui aurait cru que le capitalisme serait en partie le moteur du développement durable? Les consommateurs cherchent en effet de plus en plus à consommer responsable. Cette récente tendance explique l’essor du «bio», du végétarisme ou encore du commerce équitable. Aussi, dans le secteur privé, de plus en plus d’initiatives prennent vie. Des sommes considérables sont investies dans la recherche et développement de solutions propres. La part des énergies renouvelables, par exemple, augmente d’année en année. De plus en plus d’entreprises développent leur composante de responsabilité sociale. Avec le génie des masses et des espaces collaboratifs au niveau individuel comme moteurs, ce progrès semble presque inéluctable. En cela repose le pouvoir civil.

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Aux tweeters, scrutateurs et autres brutes https://www.delitfrancais.com/2016/11/08/aux-tweeters-scrutateurs-et-autres-brutes/ Tue, 08 Nov 2016 14:52:01 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=26648 La féminité de Safia Nolin ne vous appartient pas.

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Elle a appris la guitare toute seule sur Internet, sorti son premier album à l’automne 2015, ravi le Québec et remporté le Félix de la révélation de l’année le dimanche 30 octobre dernier. À la sortie de son album Limoilou, justement, Le Délit l’avait attendue au tournant pour une entrevue: elle nous avait bluffés par sa simplicité et sa présence familière. Safia Nolin, pour reprendre ses propres mots dans le magazine Châtelaine, a choisi d’«être vraie partout», sans excuses et sans complexes.

Une «pas de classe»

Safia Nolin est même tellement vraie qu’elle a accepté son Félix en jeans, espadrilles et T‑shirt à l’effigie de Gerry Boulet, tout en prononçant quelques sacres. S’est ensuivie une vague de critiques et intimidations à l’encontre de son apparence et de son allure. On vous épargnera les titres que la musicienne s’est vue décerner sur les réseaux sociaux. Elle a pourtant profité de sa créativité comme d’un échappatoire à l’intimidation qu’elle vécut adolescente. L’artiste a passé sa vie — et son début de carrière — à lutter contre ceux qui se servent des défis qu’elle lance à la norme et de son tour de taille pour critiquer son existence.

Me voici encore affairée à l’écriture d’un article féministe qui me fait penser que je suis à la fois outrée et pas vraiment surprise par les événements. Après tout, c’est loin d’être la première fois, et sûrement pas la dernière, qu’une femme sous la lumière des projecteurs se fait disqualifier parce qu’elle ne correspond pas au modèle qu’on veut lui prêter. Parce qu’elle est une femme et qu’elle ne s’excuse pas d’en être une.

Dans l’œil du public, Safia Nolin, maintenant célébrité, est une cible d’intimidation facile. Il suffit de 140 caractères pour détruire l’assurance de quelqu’un depuis son canapé.

Une question de féminité

Le 1er novembre, Lise Ravary commentait la controverse dans le Journal de Montréal: «Nous nous sommes tellement battues dans les années 70 et 80 pour que féminisme ne rime plus avec bottes de construction, jambes pas rasées et ponchos en terre cuite. […] Encore aujourd’hui, les féministes radicales s’habillent comme si la féminité était toxique pour les femmes.» Correction, s’il vous plaît. Aujourd’hui, les féministes (ajoutons à cela toutes les femmes) s’habillent comme elles veulent, et ce que Mme Ravary qualifie d’«asservissement aux hommes» est une réappropriation de la féminité. Il n’appartient qu’à Safia Nolin de définir comment elle est femme, et si elle se retrouve dans les jeans et l’audace, on n’a rien à en redire. Le respect, ne ce n’est pas s’épiler, ou mettre des vêtements qu’on n’aime pas pour les autres, ce n’est pas vraiment sentir bon. Le respect, ça commence surtout quand on ne se permet pas de harceler.

Dans un texte publié sur Urbania, l’artiste appelle le Québec à s’assouplir, et se dit triste que les insultes reçues viennent surtout de femmes: «faites ce que vous avez envie de faire à la place d’être enragées contre celles qui se sentent libres de le faire.» Puis, elle ajoute qu’elle souhaite à chacun de se sentir un jour aussi fier qu’elle l’est. Elle garde la tête haute, les pieds sur terre et le coeur gros comme ça.  

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Dossier spécial un an de gouvernement Trudeau https://www.delitfrancais.com/2016/10/25/dossier-special-un-an-de-gouvernement-trudeau/ Tue, 25 Oct 2016 13:40:40 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=26370 Le Délit revient sur quelques points clefs.

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On dit souvent que les élus ont cent jours de grâce après leur élection. Or, ça y est, cela fait un an que Justin Trudeau a été élu le 23e premier ministre du Canada. Pour beaucoup, Trudeau, c’était un nom, un renouveau, un espoir; en un mot: un phénomène. Qu’en est-il aujourd’hui? Le Délit revient sur quelques points clefs de cette première année du gouvernement libéral.

Économie

Il peut sembler un peu tôt pour juger du bilan économique du gouvernement Trudeau. En effet, la politique économique est de ces domaines où les effets mettent du temps à apparaître: la meilleure des réformes ne peut porter ses fruits que longtemps après avoir été mise en place. On peut cependant se demander si les politiques du gouvernement libéral sont alignées sur les promesses de campagne de leur chef.

Budget et emploi

On s’en souvient, Trudeau avait étonné par l’ampleur de sa politique de relance d’inspiration keynésienne. Il avait en effet doublé sur leur gauche les sociaux-démocrates du Nouveau parti démocratique (NPD) en annonçant qu’il y aurait un déficit budgétaire d’une petite dizaine de milliards de dollars lors de ses premières années au pouvoir avant que l’équilibre financier ne soit rétabli in fine en 2019. Or, en mars dernier, le ministre des finances Bill Morneau annonçait que le déficit sur l’année fiscale 2016 s’élèverait à 29,4 milliards de dollars, soit trois fois plus qu’initialement envisagé. Cela est d’autant plus impressionnant si l’on prend en compte le fait que les rentrées fiscales liées à l’imposition ont augmenté considérablement par rapport aux années Harper.

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Webmestre, Le Délit

Néanmoins, beaucoup de gens s’accorderont à dire que l’équilibre budgétaire n’est pas une fin en soi. Ici, la question essentielle qui permettra de formuler une critique est davantage à qui et à quoi ont servi ces «excès».

Les chômeurs, quant à eux, ont vu leurs prestations augmenter, notamment dans les régions particulièrement affectées par la chute du cours du pétrole. L’obligation d’accepter un emploi moins bien payé et loin de chez soi a aussi été abolie par le gouvernement Trudeau. Les personnes âgées peuvent se rassurer, l’âge de la retraite restera à 65 ans, contrairement à ce qui avait été envisagé sous Harper. Pour nous autres étudiants, les prêts gouvernementaux ont largement augmenté, et ne sont remboursables que lorsqu’un emploi payant plus de 25 000 dollars par an a été trouvé. Le gouvernement fédéral a aussi annoncé des investissements massifs dans l’infrastructure (vous avez remarqué qu’il y a quelques travaux ici et là?) à la hauteur de 120 milliards de dollars sur la prochaine décennie.

Fiscalité et croissance

L’impôt sur le revenu figurait aussi parmi les débats de campagne. Sur ce plan là, le gouvernement libéral a tenu promesse: pour les revenus supérieurs à 200 000 dollars, le taux d’imposition est passé de 29% à 33%. Quant aux classes moyennes, dont les voix étaient très recherchées pendant la période électorale, elles ont vu leur taux passer de 22% à 20,5% pour les revenus entre 45 282 dollars et 90 563 dollars. Cette baisse n’a cependant pas été compensée par la hausse sur les revenus élevés, contrairement à ce qui avait été dit: ces changements entraineront une baisse de recettes de quelque 1,2 milliards de dollars pour le gouvernement fédéral sur l’année fiscale 2016–2017.

En termes de croissance du PIB, l’économie canadienne prévoit une augmentation de 1,44% pour 2016, soit légèrement plus qu’en 2015. Bien qu’en dessous de ce qui avait initialement été espéré, il faut souligner que la crise pétrolière a eu un effet imprévisible sur les économies des provinces de l’Ouest, qui sont largement dépendantes des revenus de l’or noir.

À vous donc de formuler votre propre opinion. Une chose est claire cependant: en matière d’économie, le gouvernement Trudeau représente un tournant net par rapport aux années Harper placées sous le signe de l’austérité. – Jacques Simon


Santé

Sur le plan de la santé, le bilan du gouvernement Trudeau ne semble pas être aussi reluisant que l’on pourrait le croire. Certes, le gouvernement a bel et bien augmenté le budget en matière de santé publique, investissant plus de 25 milliards de dollars, dès 2016, sur une période de cinq ans. Cette politique est conforme aux déclarations de Justin Trudeau lors de sa campagne, ce dernier s’étant dit convaincu «que tout le monde a[vait] le droit d’avoir accès […] à un système de soins de santé public et universel de première qualité et financé par l’État» — tout en critiquant au passage le gouvernement Harper pour son inaction en matière de santé publique.

Cependant, d’autres dossiers semblent à la traine, comme la promesse d’améliorer l’accessibilité et l’offre des services de santé mentale. En effet, à l’heure actuelle, aucun projet de loi ou de plan d’action n’a été annoncé par Santé Canada. Pour pallier à cette lacune, la ministre de la Santé fédérale a annoncé le 24 octobre une révision du Guide alimentaire canadien et d’autres initiatives telle que l’interdiction du marketing dirigé vers les enfants, pour contrer la malbouffe.

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Webmestre, Le Délit

De plus, si la Loi sur l’aide médicale à mourir est bien entrée en vigueur le 17 juin dernier, cela n’a pas été sans controverses. Des sénateurs ont admis avoir voté pour «à contrecœur», certains critères ayant été jugés trop vagues voire inconstitutionnels. De plus, quelques députés libéraux ont voté contre, l’un des plus notoires étant David Lametti, député de LaSalle-Émard-Verdun et ancien professeur de droit à McGill. 

Plus récemment, le gouvernement libéral de Justin Trudeau s’est engagé à négocier une nouvelle entente de long terme avec les provinces relativement au financement des soins de santé.

Pourtant, ces négociations semblent loin de faire l’unanimité, malgré les paroles rassurantes de la ministre de la Santé, Jane Philpott, qui se félicitait d’une rencontre positive avec ses homologues provinciaux. Le ministre de la Santé québécois Gaétan Barrette a au contraire dénoncé une «perspective sombre», le gouvernement fédéral souhaitant diviser le taux annuel d’augmentation des transferts en santé de 6% à 3% à compter d’avril prochain, forçant alors le premier ministre Couillard à demander une rencontre avec M. Trudeau et les autres premiers ministres pour discuter du sujet. – Sébastien Oudin-Filipecki


Affaires Autochtones

Le 7 juillet 2015, Justin Trudeau déclarait: «les libéraux ont un plan pour du vrai changement qui rétablira la relation entre le gouvernement fédéral et les peuples autochtones.» La question des peuples autochtones a en effet été un élément clé de la campagne du Parti libéral. Justin Trudeau avait tout particulièrement insisté sur la nécessité de rompre avec l’approche du gouvernement Harper et d’amorcer une nouvelle ère, fondée sur la reconnaissance et la réconciliation.

Un an après son élection, le Parti libéral a mis en place un certain nombre de mesures significatives en faveur des peuples autochtones. Dès décembre 2015, Justin Trudeau déclarait l’ouverture d’une enquête sur les femmes autochtones disparues ou assassinées. Alors qu’elles représentent 4% de la population féminine canadienne, 16% des femmes assassinées entre 1980 et 2012 étaient autochtones. La reconnaissance de la violence exercée envers les autochtones faisait partie intégrante de l’effort de réconciliation prôné par Trudeau lors de sa campagne.

Sur le plan budgétaire, le budget fédéral de 2016 propose d’investir 8,4 milliards de dollars sur les cinq prochaines années dans des projets destinés à l’amélioration des conditions socio-économiques des autochtones, notamment dans les domaines de l’éducation, de l’infrastructure et de la santé. Le Parti libéral a également décidé d’investir dans l’infrastructure culturelle des collectivités des Premières Nations — les autochtones du Canada à l’exception des Inuits et des Métis — à hauteur de 76,9 millions de dollars pour les deux années à venir. Cependant, contrairement à ce qu’avait envisagé Justin Trudeau, le plafond de 2% sur l’augmentation annuelle du budget des Premières Nations est resté en place jusqu’à aujourd’hui. Cette limitation, qui ne prend pas en compte la croissance démographique des communautés concernées, est largement critiquée par ses représentants. La matérialisation de cette promesse demeure donc une nécessité pressante.

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Webmestre, Le Délit

Enfin, si Justin Trudeau avait souligné sa volonté d’implémenter les 94 recommandations de la Commission de vérité et réconciliation, notamment celle concernant la nécessité d’obtenir le consentement des communautés autochtones avant de procéder à des projets de développement économique, cette mesure semble compromise: le gouvernement soutient en effet des projets socialement préjudiciables, comme la construction d’oléoducs ou de barrages. En juillet dernier, le gouvernement libéral a notamment octroyé deux permis fédéraux au projet du site C en Colombie britannique, un barrage hydroélectrique situé sur la rivière Peace. Or ce projet qui menace d’inondation des territoires dont dépendent plusieurs Premières Nations. Comme le souligne Perry Bellegarde, l’actuel chef national des Premières Nations, cette décision va à l’encontre du respect des droits des autochtones prôné par Trudeau. Ayant fait part en décembre dernier de son optimisme à l’égard de l’approche de Trudeau des questions autochtones, Bellegarde signale que des mesures restent à prendre pour matérialiser ces promesses en politiques concrètes. – Hortense Chauvin


Immigration

Sur la question de l’immigration, Justin Trudeau et son parti se sont montrés beaucoup plus ouverts que l’ancien gouvernement de Stephen Harper. En effet, pour répondre à la crise humanitaire qui affecte le Moyen-Orient, Trudeau avait fait le vœu d’accueillir 25 000 réfugiés de cette région avant la fin de l’année 2015. Le  premier ministre libéral ne s’est pas fait attendre sur cette question. Tout juste sa nomination confirmée, les Canadiens ont pu le voir accueillir les réfugiés dans les aéroports de Montréal et de Toronto. L’échéance de son premier objectif a dû être repoussée et c’est fin février que sa promesse fut concrétisée, le 25 000e réfugié ayant mis le pied au Canada. En mars dernier, le gouvernement libéral a doublé son objectif: il a exprimé son souhait d’accueillir au moins 50 000 réfugiés de par le monde avant la fin de l’année. Les dernières statistiques du site du gouvernement du Canada indiquent qu’à ce jour, un peu plus de 32 000 réfugiés sont arrivés au pays.

Outre les réfugiés, le gouvernement libéral a également fait de la réunification des familles l’une de ses priorités, en promettant d’accélérer le délai de traitement des dossiers. Pour ce faire, Justin Trudeau avait prévu à cet effet de doubler le budget consacré aux traitements des demandes. Cependant, il est encore trop tôt pour savoir si l’objectif concernant ce processus a été ou est en voie d’être atteint.  La publication des statistiques  est prévue pour février 2017.

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Webmestre, Le Délit

Bien qu’il ne soit pas encore possible de faire un compte-rendu rigoureux, on peut déjà constater que l’ouverture qui rend le Parti libéral si fier n’a pas tardé à faire ses preuves. Depuis leur arrivée au pouvoir, le pays a accueilli un nombre record de nouveaux arrivants. En effet, selon Statistiques Canada, durant l’année 2015–2016 plus de 320 000 immigrants sont arrivés au pays. Ce chiffre est nettement supérieur à la moyenne annuelle de 250 000 observée pendant la dernière décennie. – Lisa Phuong Nguyen


Environnement

Quid de la politique de lutte contre les changements climatiques? Elle était un point saillant de la campagne libérale en 2015, après dix ans d’inaction de la part du gouvernement Harper. Immédiatement après son élection, Trudeau s’est rendu à la COP 21, où il a délivré un message environnementaliste fort, avant de signer l’accord de Paris, ratifié enfin au début de l’automne 2016. La même annonce de changement a été faite lors d’une réunion de tous les premiers ministres à Vancouver, à l’aube de l’année 2016.

Plusieurs promesses de campagne et du début de mandat de M. Trudeau ont été tenues, notamment l’établissement d’un accord d’une «ambitieuse entente nord-américaine sur l’énergie propre et l’environnement», pour citer la plateforme du premier ministre, lors du sommet des «trois amigos» l’été dernier. Reste ensuite à chacun de comprendre le mot «ambitieux» comme il veut: les dirigeants se sont accordés sur une diminution de 45% des émissions de méthane d’ici 2025 comparativement au niveau de 2012, ainsi que sur la fin des subventions aux combustibles fossiles d’ici 2025.

Autre promesse tenue: l’établissement d’un prix national sur le carbone. Selon cette nouvelle politique, chaque province devra mettre en place une Bourse du carbone; le cas échéant, Ottawa leur imposera à compter de 2018 un prix de 10 dollars la tonne, qui montera jusqu’à 50 dollars en 2022. C’est une décision polémique: d’un côté, les canadiens soutenant la taxe carbone déplorent qu’elle ne soit pas assez ambitieuse (la science préconise un prix de 200 dollars la tonne pour lutter efficacement contre les changements climatiques). De l’autre côté, nombre de canadiens s’opposent encore à cette mesure qui met des bâtons dans les roues des pétroliers et fait monter les prix.

Côté pétrole et autres énergies fossiles, le bilan n’a pas grandement évolué depuis l’an dernier. Le gouvernement continue de soutenir les projets d’oléoducs, et de faire rimer économie verte avec combustibles fossiles.

On attend encore que le gouvernement délivre son Plan d’action pour le climat qui définira plus précisément les objectifs et mécanismes de lutte contre les changements climatiques, et respecter les engagements pris suite à l’accord de Paris.  – Esther Perrin-Tabarly

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Aventures montréalaises (ou pas) de la société civile https://www.delitfrancais.com/2016/08/16/aventures-montrealaises-ou-pas-de-la-societe-civile/ https://www.delitfrancais.com/2016/08/16/aventures-montrealaises-ou-pas-de-la-societe-civile/#respond Tue, 16 Aug 2016 06:01:18 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=25481 Le Forum Social Mondial monte au Nord pour la première fois.

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Si vous ne le saviez pas déjà, Montréal accueillait la semaine passée la 16ème édition du Forum Social Mondial (FSM). Le FSM est un rendez-vous de la société civile internationale autour de nombreuses thématiques allant cette année des alternatives économiques «face à la crise capitaliste», à la lutte contre la dictature, à la justice environnementale, à la démilitarisation… Selon l’équipe qui l’organise, le Forum a accueilli cette année plus de 1300 activités autogérées: le programme pour les cinq jours de la conférence faisait plus de cent pages. La même équipe était préparée pour la venue de 50 000 personnes, sur la base de l’affluence aux éditions précédentes. Pourtant, selon Le Devoir, seuls 15 000 participants auraient participé à l’inscription en ligne. Pourquoi ce vide?

Montréal au Nord du monde

Ce qui faisait de cette édition du Forum Social Mondial une première, c’était justement son emplacement inédit dans un pays de l’hémisphère Nord de la planète. Le premier FSM avait eu lieu au Brésil en 2001 et plusieurs fois après, deux fois en Tunisie, mais aussi en Inde, au Kenya… La charte de principes du Forum requiert que «les alternatives proposées […] s’opposent à un processus de mondialisation capitaliste commandé par les grands entreprises multinationales et les gouvernements et institutions internationales […]». On comprendra donc que Montréal, ville du Canada, pays libéral, et même récemment conservateur, allié économique des États-Unis, grand pollueur, fondé sur le colonialisme et aveugle face aux griefs de sa population autochtone, ne soit pas une destination de premier choix.

Pourrait-on inversement considérer la tenue du Forum dans un pays du Nord comme un symbolisme et une occasion de bouleverser le statu quo? Un évènement d’une telle envergure peut permettre d’augmenter la visibilité de groupes activistes canadiens pour qu’ils se fassent justice en leur territoire. Mardi le 9 août, lors de la grande marche qui a traversé Montréal pour lancer le FSM, plusieurs groupes de premiers peuples du continent étaient en tête de cortège. Manon Barbeau, fondatrice du Wakiponi mobile (une association qui met à disposition de premiers peuples du matériel de tournage, ndlr), estime qu’«en ce moment, la question autochtone prend une place qu’elle n’a jamais prise».

 

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Raphaël Canet | Le Délit

Placer le Sud au centre de nos préoccupations

Il n’empêche que les contrôles d’immigration canadiens ont grandement entravé la tenue du Forum Social Mondial. Selon Le Devoir, dimanche, plus de 300 personnes avaient contacté les organisateurs du Forum pour témoigner du rejet de leur demande de visa. Ces mêmes organisateurs ont récemment sondé 312 organisations du Sud invitées : 70% d’entre elles ont répondu s’être vu refuser un visa. Les prix élevés du voyage ont aussi empêché plus d’un de faire le déplacement. Kamoga Hassan, activiste et réalisateur LGBTQ+ Ougandais, a dû faire appel à la générosité du public sur GoFundMe (plateforme de financement participatif en ligne, ndlr): près de 2700 dollars ont été levés en neuf jours pour lui permettre d’assister au Forum. Il a pu participer, en outre, au premier grand panel organisé sur la cause LGBTQ+ lors d’un Forum Social Mondial. Mais tous n’ont pas disposé pas du soutien de M. Hassan. Le mois d’août est la haute saison touristique à Montréal, il est donc cher de se loger. Ajoutez à cela le prix de la nourriture, du visa, et le billet d’avion, vous obtenez une addition prohibitive pour beaucoup de militants (qui roulent rarement sur l’or).

Tous ces obstacles ont compromis la traditionnelle volonté inclusive du Forum Social Mondial, ce qui tue dans l’œuf son ambition première: renverser l’ordre des relations globales.

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Laisser mourir? https://www.delitfrancais.com/2016/06/14/laisser-mourir/ https://www.delitfrancais.com/2016/06/14/laisser-mourir/#respond Tue, 14 Jun 2016 16:26:38 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=25367 Les chambres peinent à s’accorder sur le projet de loi C-14.

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Le projet de loi C‑14 sur l’aide médicale à mourir, déposé par le gouvernement libéral en avril dernier, est en cours d’évaluation au Sénat. Le regard des non-élus sur le projet de loi suscite un débat et des allers et retours entre les deux chambres fédérales. La question qui fâche est la restriction — ou non — du droit à l’aide à mourir aux personnes qui ne sont pas en fin de vie. En attendant que les deux organes législatifs tombent d’accord, il n’existe pas de restriction sur l’aide médicale à mourir au Canada depuis le 6 juin dernier.

Dangereuse politique

Au cours de sa révision du projet de loi le mercredi 8 juin, le Sénat a adopté un amendement qui vise à élargir les critères d’admissibilité. Il propose d’inclure les personnes qui ne sont pas en fin de vie, en supprimant la clause stipulant que la «mort naturelle» d’un patient doit être «raisonnablement prévisible» pour qu’il puisse bénéficier d’assistance.

L’amendement force le renvoi du projet de loi au Parlement, où il sera débattu une seconde fois, retardant encore la promulgation de sa forme finale. Les ministres de la Santé et de la Justice, Jane Philpott et Jody Wilson-Raybould, ont annoncé qu’elles s’opposeraient à l’amendement qui ne fait que revenir sur une question déjà débattue, et rejetée, par le Parlement.

Les réponses à la révision du projet de loi par le Sénat vont même bien plus loin politiquement: «c’est frustrant qu’un Sénat non élu qui ne rend de compte à personne [y] apporte des changements», a déclaré la chef conservatrice par intérim Rona Ambrose. Sauf que tant que le cœur du système politique canadien n’aura pas été réformé, et c’est encore une autre affaire, le Sénat dispose encore d’une légitimité et d’un devoir de législation. Dénoncer les retardements de la chambre haute alors qu’il n’existe pas de cadre légal à l’assistance médicale à la mort, c’est une chose. Nier son rôle, c’en est une autre.

Il va falloir s’attendre à d’autres modifications du texte, le Sénat ayant déjà approuvé trois amendements. Et le projet de loi dans son ensemble pourrait être mis en danger si la Chambre des communes décidait d’ignorer les propositions de la chambre haute.

Le droit de mourir, pour qui?

Sortons un instant des matches de boxe entre nos représentants. Le débat sur la restriction du droit à l’aide à mourir repose sur la constitutionnalité de l’exclusion de certaines personnes. Selon certains, en restreignant ce droit aux personnes en fin de vie, le gouvernement va à l’encontre du verdict sur l’affaire Carter rendu par la Cour suprême en 2015. Selon Benoît Pelletier, professeur à la Faculté de droit d’Ottawa et ancien membre du comité fédéral externe sur l’aide médicale à mourir, l’interprétation la plus plausible de l’arrêt Carter est qu’il «s’applique à tout patient qui est affecté de problèmes de santé graves et irrémédiables lui causant des souffrances persistantes et intolérables». Les principes utilisés pour justifier le projet de loi, tels que l’intégrité psychologique et la qualité de vie du patient, le droit à la vie, à la liberté et la sécurité de la personne humaine, reviennent de droit aux personnes qui ne sont pas en fin de vie. Il serait donc anticonstitutionnel et injustement rétroactif de le retirer. Pour d’autres, la Cour avait au travers de l’arrêt Carter signifié que ce droit s’appliquait aux gens malades. Le délaiement de la décision fédérale repose sur un désaccord quant à l’interprétation de la décision de la Cour suprême, et la question est pertinente. Toutefois, retarder encore l’adoption du texte, c’est accepter qu’il n’y ait pas encore de cadre légal à l’assistance à mourir. C’est mettre en danger l’éthique médicale, sous couvert de jeux politiques.

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Pour le choix, pour la vie https://www.delitfrancais.com/2016/04/04/pour-le-choix-pour-la-vie/ https://www.delitfrancais.com/2016/04/04/pour-le-choix-pour-la-vie/#respond Tue, 05 Apr 2016 04:35:05 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=25273 Quand l’intimidation sert d’outil dans les campagnes anti-IVG.

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Le 24 février 2016, la députée péquiste Carole Poirier a déposé à l’Assemblée nationale du Québec le projet de loi 595, visant à créer un périmètre de sécurité autour des établissements pratiquant l’interruption volontaire de grossesse (IVG). L’objectif est de protéger et faciliter l’accès aux cliniques pour les femmes qui souhaitent conserver leur anonymat et leur calme, tout simplement, pour une procédure qui leur revient de droit.

Il n’est pas rare que les groupes militant contre l’avortement manifestent devant de tels établissements. Selon la Fédération Nationale de l’Avortement, entre 1995 et 2013, le personnel des cliniques d’avortement américaines et canadiennes a  subi 103 agressions physiques, 350 traques et 203 menaces de mort. La Fédération relève aussi 14636 cas de harcèlement électronique. La mise en place de mesures pour garantir la sécurité des femmes et des professionnels de la santé, qui agissent en toute légalité et légitimité, paraît être une démarche nécessaire. Le projet de loi ne fait cependant pas l’unanimité. 

La réponse des groupes anti-avortement

La proposition de Mme Poirier n’est pas passée inaperçue auprès des groupes militants anti-avortement du Québec. La Campagne Québec Vie (CQV) a répondu dans un article qui dénonce l’inutilité du projet, déclarant que seuls les militants pacifiques seront touchés par sa mise en place. La CQV ajoute que la loi 595 ne servira «que de bâillon pour empêcher l’expression de vérités impopulaires». Bien que la CQV ne prône pas la violence, mais seulement les démonstrations pacifiques, l’intimidation des femmes avant une telle opération est aussi une forme d’agression symbolique. L’avortement est une décision difficile à prendre même si elle est nécessaire, et il est scandaleux que les mouvements pro-vie se servent des cliniques comme d’outils de propagande. Notons aussi que la CQV propose sur son site une liste de cliniques d’avortement pour les femmes inquiètes, une initiative qui semble faire preuve d’ouverture d’esprit. Cependant, avant d’accéder à la liste, les femmes se retrouvent confrontées à l’image sanglante d’un fœtus avorté à onze semaines, une image dérangeante qui a sans doute pour but de les décourager alors qu’elles doivent déjà faire face à un choix déchirant.

Luce Engérant

Protéger un acquis et un droit

Au Canada, l’IVG est légale depuis 1988, lorsque la Cour Suprême a jugé que l’article du Code criminel qui condamnait l’avortement était anticonstitutionnel. C’est ainsi que les tribunaux ont permis aux Canadiennes de disposer librement de leur corps. Cette intervention médicale devrait être entendue comme un droit fondamental, qui permet à chacune de choisir quand et avec qui elle procréera.

Les campagnes pro-vie se servent trop souvent d’arguments sexistes et blâment les femmes pour des décisions qui n’appartiennent qu’à elles. Dans sa rubrique Nouvelles, le site de la CQV titre: «Violée […], elle a refusé de se faire avorter et élève maintenant sa fille seule», ou encore «Atteinte d’un cancer, une mère refuse l’avortement et la chimio et donne naissance à des jumeaux en santé». Oui, peut-être qu’il est possible d’être heureuse en donnant naissance au fruit d’une agression sexuelle. Peut-être même qu’il est possible qu’une femme et sa progéniture survivent aux deux épreuves physiquement destructives que sont le cancer et l’accouchement. Ces success stories anecdotiques peuvent représenter une lueur d’espoir. Mais elles ne sont, en aucun cas, des sources d’information fiables et suffisantes pour prendre une décision telle que celle de devenir maman pour une femme qui ne se sent pas prête.

De plus, ces histoires glorifient le courage, la force d’esprit des femmes pour qui garder un enfant a été une réussite. Dans la suite logique, avorter, c’est refuser d’affronter l’épreuve, c’est être faible. N’est-ce pas de l’intimidation et de la violence psychologique que de faire croire à une femme qu’elle est criminelle de ne pas se sentir mère?

Outre les statistiques qui prouvent que certaines femmes qui se font avorter subissent des violences physiques, il faut élargir cette définition sémantique de l’agression. Lorsque les groupes anti-avortement défendent leur droits aux démonstrations «pacifiques» devant les cliniques, ils revendiquent la violence psychologique et la culpabilisation des femmes qui elles, exercent leur droit. 

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Croissance, mort ou durabilité https://www.delitfrancais.com/2016/03/21/croissance-mort-ou-durabilite/ https://www.delitfrancais.com/2016/03/21/croissance-mort-ou-durabilite/#respond Tue, 22 Mar 2016 03:27:39 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=25167 La minute écolo

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Vittorio Pessin

Au vu de tous les avertissements des experts et climatologues, le fin mot de l’histoire est que nous devrons adapter nos modes de vie, nos comportements, nos choix idéologiques et politiques à la nouvelle réalité. Celle des pluies acides, de la sécheresse, des inondations, des maladies, de l’extinction progressive de membres de la chaîne alimentaire… On en passe et des meilleurs. Lorsque la communauté internationale parle d’adaptation, de résilience ou de transition, c’est dans l’optique modérée d’intégrer ce défi à la machine. Comme une plante verte au coin d’un bureau.

Peut-on conjuguer capitalisme et durabilité?

Favorite parmi les thématiques qui poussent comme des mauvaises herbes au pied de nos dirigeants, est la question de la viabilité du capitalisme dans ce nouveau modèle. Entendons par là: si l’on compte réellement opérer un changement et léguer aux générations futures ne serait-ce qu’un peu d’air frais. Pied de nez au réalisme désabusé, le raisonnement a un intérêt purement philosophique, et pas qu’un peu jouissif. Nombre de théoriciens se sont déjà penchés sur la question. En 2009, David Schweickart, de l’Université Loyola de Chicago, s’interroge sur le postulat du système capitaliste: la croissance ou la mort. «Une économie capitaliste» écrit-il, «doit croître pour rester en santé parce que le capitalisme repose sur les investisseurs privés.» Si les profits stagnent, ou pire, diminuent, les capitaux se désintéressent, et «leur pessimisme devient une prophétie auto-réalisatrice»: chômage, baisse de la consommation, baisse de la demande globale. Dans la suite logique, les gouvernements ont moins de revenus et sont donc incapables d’assurer les services sociaux.

Évidemment, en période de récession, les émissions de gaz à effet de serre chutent. Inversement, dans l’équation économique, plus de CO2 dans l’atmosphère, c’est aussi un PIB en croissance. La création d’emploi nécessaire au nettoyage suite à une marée noire comptera positivement dans le produit intérieur brut.

C’est la loi du marché qu’on a pu observer jusqu’ici dans le comportement des entreprises face aux régulations environnementales imposées par les gouvernements. Sous sa forme actuelle, l’économie est imperméable aux nouvelles formes d’énergie et de consommation, parce qu’elles sont plus chères et donc moins rentables.

Démocratiser l’économie

Schweickart poursuit en se posant la question suivante: «pouvons-nous concevoir une alternative économique au capitalisme qui soit a) économiquement viable, b) indépendante de la croissance pour rester stable, mais c) qui conduise à l’innovation entrepreneuriale dont nous aurons besoin pour surpasser la crise actuelle?» Il conçoit dans sa recherche le projet d’un nouveau modèle économique qu’il qualifie de «démocratique». Celui-ci est basé sur une direction élue par les travailleurs, et le remplacement des salaires par des parts de profits, afin que chacun ait un intérêt direct à participer activement au succès de l’entreprise. L’investissement aussi serait repensé. Substitué par la taxation des capitaux, chacun paierait alors pour ce qu’il consomme en production. Schweickart dessine par la suite une méthode proportionnelle de redistribution des revenus publics, donc «le fonds d’investissement est généré par les taxes». Ces fonds publics restent locaux, et peuvent être réinvestis dans des initiatives et innovations plus vertes. En bref, le modèle démocratique cherche à soutirer le futur de l’environnement au courtier en bourse, et le replacer entre les mains de l’individu. Il ne rejette pas le capitalisme puisqu’en soi, plus de profits serait synonyme de plus de taxes, donc plus de revenus, et plus de potentiel d’investissement.

Conclusion

Le modèle décrit ci-dessus est une incitation à la réflexion. Il découle de mes lectures de vacances plus que de mes convictions personnelles. Mais il est intéressant parce qu’il soulève les questions qui font partie du chemin de pensée nécessaire, en fin de compte (et de chronique, à un progrès) dans notre mentalité. Devons-nous nous arrêter aux règles économiques que l’on nous a léguées? Le client est-il véritablement roi, ou consomme-t-il pour répondre à la loi de l’excès, du profit? Pouvons-nous, et voudrons-nous repenser le monde dans lequel nous allons travailler, dépenser, vieillir et procréer? Il reste vital de remettre en cause ce que nous savons déjà, et de mettre en valeur ce que nous apprenons. 

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AÉUM: Dossier Spécial Élections https://www.delitfrancais.com/2016/03/15/aeum-dossier-special-elections/ https://www.delitfrancais.com/2016/03/15/aeum-dossier-special-elections/#respond Tue, 15 Mar 2016 07:14:19 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=25110 Que les jeux commencent.

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Que les jeux commencent!

Mercredi dernier, dans la salle de bal du bâtiment Shatner, les candidats aux postes exécutifs de l’Association des Étudiants de l’Université McGill (AÉUM) se sont réunis pour les débats médiatiques, lançant ainsi le début de leur campagne. Celle-ci commence d’ailleurs sur les chapeaux de roue, et la presse étudiante déplore qu’au moment des débats, il manque encore une plateforme accessible pour certains candidats.

À la lumière de la candidature, puis du retrait non-officiel puis du retour de M. Simakov au poste de v.-p. aux Affaires externes, on pourrait s’attendre à une période d’élections haute en rebondissements. Toutefois, l’ancien opposant de M. Ibrahim — aujourd’hui président de l’AÉUM — ne s’est même pas rendu au débat, laissant ainsi la parole à M. Aird , que l’on sait désormais officieusement seul prétendant à la couronne des Affaires externes.

Peu d’opposition

Il est intéressant de remarquer que la plupart des postes sont sujets à une seule candidature. Les seuls sièges qui impliquent une compétition cette année seront ceux de président, et de v.-p. à la Vie étudiante (précédemment v.-p. Clubs et services, ndlr). Lors des débats de mercredi, ce sont donc les seuls qui ont présenté un véritable intérêt et des nouveautés. La pierre angulaire du débat entre les potentiels v.-p. à la Vie étudiante a été la question de leur gestion du temps pour jongler entre l’avancement de la question de la santé mentale sur le campus et le reste des fonctions qui leur incomberaient. Dushan Tripp a mis l’emphase sur la présence de représentants des clubs et services. Son opposante Elaine Patterson, elle, s’est dite confiante en sa capacité à gérer une telle quantité de travail. Mentionnant, par la même occasion, que les difficultés rencontrées par l’actuelle v.-p., Kimber Bialik, s’expliquent par les multiples démissions qu’a vécues l’AÉUM au cours de l’année.

Débat présidentiel

Le mot final a été donné par les deux candidats à la présidence, Ben Ger et Jordan Sinder. Les deux candidats se sont dits opposés à la motion pour amender la constitution afin de bloquer les motions «divisives» lors des Assemblées générales (dont le conseil législatif a discuté pour la première fois le 25 février, ndlr): l’exécutif se doit de rester neutre face aux débats d’ordre politique sur le campus. Ger de conclure: «Je suis entièrement pour la démocratie directe!».

C’était cependant un des seuls points d’accord entre les deux candidats. Quand M. Ger a corrigé M. Sinder qui parlait de la gestion des clubs, lui disant que cette tâche ne relève pas du rôle du président, il a provoqué le départ furieux d’un membre de l’assemblée. M. Sinder en a profité pour relever «le grand problème dans notre institution: les clubs et associations étudiants sont la force directrice du campus», et méritent l’attention de l’AÉUM. ‑Esther Perrin Tabarly


L’étrange campagne d’Alexei Simakov

Le candidat au poste de v.-p. Externe Alexei Simakov s’est retiré de façon officieuse de l’élection du conseil exécutif de l’AÉUM. Dans un message humoristique publié sur sa page Facebook, M. Simakov a ironiquement déclaré vouloir se présenter aux élections présidentielles américaines devant la vague de soutien envers Donald Trump.

Alors qu’il a souhaité bonne chance à son adversaire David Aird pour l’élection à venir, il ne s’est toutefois pas retiré de la course, selon Elections SSMU, mais ne mène pas campagne pour autant.

Certains étudiants y voient une tactique électorale de la part de M. Simakov, qui n’en est pas à son premier coup d’éclat dans sa carrière politique étudiante. L’année passée, il s’était incliné avec un écart de 225 voix face à l’actuel président de l’AÉUM Kareem Ibrahim. Il avait décidé quelques temps plus tard de déposer une plainte auprès de la commission juridique pointant les dysfonctionnements du comité des élections de l’AÉUM.

Au semestre dernier, M. Simakov s’était présenté au poste de v.-p. aux Affaires internes de l’AÉUM laissé vacant par Lola Baraldi, démissionnaire. Sa concurrente Céleste Pagniello s’était retirée le matin même de l’élection, et une campagne du «Non» contre M. Simakov avait été organisée dans la foulée par Ben Ger, candidat cette année au poste de président et proche de Kareem Ibrahim.

À l’heure où nous écrivons ces lignes, un dernier rebondissement dans les élections de cette année a lieu: M. Simakov a publié une lettre ouverte à l’AÉUM sur le site de la version mcgilloise du Tab — une plate-forme dédiée au journalisme étudiant — dans laquelle il dénonce «le cirque SSMU» et la faillite de représentativité de l’Association étudiante. Il a aussi annoncé en privé au Délit qu’il était encore candidat. Tous ces coups d’éclat ont bien l’air d’une campagne électorale rondement menée. ‑Baptiste Rinner


La politique a‑t-elle sa place à l’AÉUM?

La motion «anti-polémique» proposée au référendum est controversée.

La dernière assemblée générale de l’AÉUM qui s’est déroulée le 22 février dernier s’est fait remarquer par son caractère polémique. En effet, la motion concernant le soutien au mouvement BDS McGill avait fait controverse durant les semaines précédant l’assemblée et ne fut adoptée qu’au terme d’un long et virulent débat.

Suite à cela, Adam Templer, Matthew Sattherthwaite et François-Paul Truc — trois étudiants représentants à l’AÉUM — ont proposé un amendement soutenant la création d’un comité de directeurs externes à l’Association qui auraient la responsabilité de poser un droit de véto sur les motions jugées controversées et extrinsèques à la vie étudiante. Lorsqu’interrogé sur la composition d’un tel comité Adam Templer nous répond que ce dernier «devrait inclure des membres de l’AÉUM en général qui s’ajouteraient au comité directeur actuel (en charge des révisions grammaticales des motions et de la conformité de ces dernières avec le règlement intérieur, ndlr).»

De plus, ils proposent que ce type de motion doive nécessiter l’obtention des deux tiers du vote étudiant par la suite. Templer ressent aussi la nécessité d’apporter une clarification sur l’amendement en lui même: «[…]qualifier certaines motions comme étant polémiques et externes est juste une mise en garde au corps étudiant de McGill pour s’assurer que de telles motions bénéficient d’un large soutien plutôt que d’une simple majorité

Mahaut Engérant

Une proposition qui fait polémique

Cette éventualité divise au sein même de la direction de l’Association. En effet, si la résolution a aujourd’hui obtenu assez de soutien pour être présentée au référendum, elle est aussi fermement rejetée par une partie des exécutifs. Emily Boytinck, v.-p. aux Affaires externes, s’explique: «L’Assemblée générale est l’un des seuls endroits où les membres de l’AÉUM peuvent participer de manière démocratique et directe, il est donc très important que nous soyons capables de discuter et de débattre d’un large éventail de questions.» Boytinck, ainsi que Kareem Ibrahim et Chloé Rourke, ont donc constitué en vue du référendum un comité en faveur du «Non».

Face à la contestation, Adam Templer défend néanmoins le projet et réfute les accusations de censure et d’atteinte au processus démocratique: «Il ne s’agit pas là de couper court au débat mais plutôt de le favoriser. Les motions concernant des questions externes à la vie étudiante sont bénéficières d’un soutien financier supérieur à la moyenne, en conséquence les étudiants deviennent victimes d’un effet de mode et prennent parti sans savoir. D’autre part, il y a des moyens bien plus probant pour défendre une cause que l’Assemblée générale: une campagne de sensibilisation par exemple est bien plus efficace qu’une discussion d’un exécutif de l’AÉUM avec un responsable de l’université à huit clos». Il ajoute que les divisions qui résultent de certaines motions ont un impact qui dépasse la simple controverse: «Certains incidents m’ont été reportés par des étudiants, des actes antisémites, islamophobes ou racistes. Le jeu en vaut-il la chandelle?»

La nécessité d’une politique étudiante engagée

Pour certains exécutifs tels que Rourke, ce discours est trompeur et extrêmement problématique. Pour elle, le fait de qualifier une motion comme étant «politique» ou «controversée» est un acte politique en lui-même. De plus, elle s’interroge sur la pertinence du terme externe: «Est ce que manifester sa solidarité envers les femmes indigènes disparues et assassinées est un problème externe à l’université? Qu’en est-il d’une motion qui se pose en faveur du mouvement Black Lives Matter? S’agit-il là de questions externes à la vie des étudiants indigènes ou noirs?» Elle affirme que faire de l’AÉUM une organisation fermée aux débats d’opinions revient à ignorer la diversité du corps étudiant et refuser à certains la possibilité de faire entendre leur voix. Cette vision d’une AÉUM «plus représentative» et «moins politique» devient problématique lorsqu’elle est appliquée aux principes d’équité et de justice sociale.

L’amendement reçoit un accueil tiède, parmi les étudiants: si certains nous ont confié qu’ils voyaient dans cette motion un geste raisonnable et justifié, certains comme Mary (U2) trouvent cela «aberrant» ou encore comme Reem (U0), «à l’encontre de l’esprit de l’université». Reste donc à savoir quelle sera l’issue du référendum qui approche à grand pas. ‑Dior Sow

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Intégrer les jeunes au globe https://www.delitfrancais.com/2016/02/16/integrer-les-jeunes-au-globe/ https://www.delitfrancais.com/2016/02/16/integrer-les-jeunes-au-globe/#respond Tue, 16 Feb 2016 07:30:12 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24857 Un regard sur l’investissement étudiant dans les causes internationales.

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Vendredi dernier, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a profité de sa visite canadienne pour faire devant une assemblée mcgilloise une allocution très prisée sur le rôle et l’importance des jeunes pour le progrès futur, à travers le prisme des institutions internationales. C’est un discours que l’on nous sert à toutes les sauces. Jamais les jeunes n’ont exercé leur droit de vote aussi peu que maintenant et c’est parce qu’ils se sentent abandonnés par la classe politique. Pourtant, selon les paroles de M. Ban: «nous devons investir dans la jeunesse, travailler avec eux et pour eux».

M. Ban a insisté sur l’investissement des jeunes dans les affaires de la communauté internationale, sur le privilège et la nécessité de profiter de l’éducation qui est mise à notre disposition. Il souhaite que l’aide aux plus défavorisés prenne en compte les défis et besoins de leurs membres les plus jeunes et nous a appelé à participer à l’effort humanitaire. Notre engagement prend racine à l’université.

McGill à l’ONU

À McGill, plusieurs associations étudiantes visent à reproduire les systèmes onusiens ou mènent des campagnes sous l’égide d’agences spécialisées. C’est le cas, notamment, de l’Association des Étudiants de McGill pour l’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l’Enfance), qui organise des levées de fonds et des séances thématiques pour sensibiliser leurs collègues étudiants à la cause des conditions de vie infantiles dans les pays en guerre ou sujets à des catastrophes naturelles. Selon Maud Schram, coprésidente de l’association avec Anna Qian, «dans le monde d’aujourd’hui, l’investissement dans les relations internationales (RI) n’est pas limité aux étudiants qui cherchent à s’orienter dans les affaires internationales. Les RI sont importantes pour nous tous parce que nous avons maintenant tous des liens internationaux.» Et en effet, les étudiants investis dans l’UNICEF de McGill étudient en sciences politiques, études du développement international, mais aussi en gestion, pharmacologie, physiologie, économie, chimie, médecine… Il n’y a pas de discrimination disciplinaire à l’engagement dans les causes humanitaires internationales; ces associations ne sont donc pas seulement qu’un tremplin de carrière pour les aspirants à la diplomatie. Et la diversité des parcours y permet d’enrichir le débat, d’y donner de multiples points de vue.

Maéva Proteau, étudiante de troisième année, travaille à l’Association des Étudiants en Relations Internationales de McGill (IRSAM), est investie de longue date à McMUN, mais est surtout l’éditrice en chef de la Revue Internationale de McGill (McGill International Review,  ndlr).

Elle explique ainsi en entrevue avec  Le Délit que «l’investissement des étudiants est d’une importance capitale. À la McGill International Review, les éditeurs et les écrivains contribuent avec leurs idées à une communauté qui dépasse les frontières de l’Université. Ils contribuent tous à un échange non seulement de connaissances mais aussi d’opinions qui rend notre monde essentiellement plus riche. Aussi, ils apportent une voix qui représente la jeunesse.»

Vittorio Pessin

Les jeunes croient-ils encore à l’ONU?

Les relations internationales font aussi l’objet d’un cynisme assez répandu. La diplomatie a cela de frustrant qu’elle parait plus souvent rhétorique qu’efficace. Mme Schram commente: «Pour le meilleur ou pour le pire, nos actions individuelles ont des conséquences internationales et vice versa. Pour cette raison, nous devrions tous nous renseigner sur les relations internationales.» Elle croit toutefois sincèrement dans le bien-fondé et l’utilité sociale d’associations telles que l’UNICEF. Selon elle, il est clair qu’il reste un travail immense, mais «nous devrions être optimistes quant aux possibilités futures et libertés que nous pouvons offrir aux enfants, si l’on prend en compte le progrès déjà accompli

Mme Proteau conclue: «J’aime croire que la communauté internationale, malgré la situation trouble dans laquelle nous sommes tous, est et restera entre de bonnes mains. En général, les gens du milieu que je rencontre sont passionnés par ce qu’ils font et ont à cœur les causes qu’ils soutiennent.» 

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Le Canada mis au défi https://www.delitfrancais.com/2016/02/08/le-canada-mis-au-defi/ https://www.delitfrancais.com/2016/02/08/le-canada-mis-au-defi/#respond Tue, 09 Feb 2016 02:03:40 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24714 La minute écolo.

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Vittorio Pessin

Le samedi 12 décembre dernier, après deux semaines de négociations, les 165 parties participant à la COP21 ont adopté l’accord de Paris, un document de quarante pages censé énoncer les engagements de la communauté internationale pour pallier les effets du changement climatique. Le Canada fait partie des signataires du texte qui prévoit de limiter le réchauffement climatique en-dessous du seuil des 2 degrés Celsius, de financer l’investissement dans la durabilité des pays en développement et qui mentionne, quoique timidement, l’hypothèse d’un monde sans carbone d’ici 2100.

Elizabeth May, dirigeante du Parti vert du Canada, a assisté à la Conférence des Parties et s’est dite satisfaite de ce traité qu’elle caractérise d’«historique et potentiellement salvateur». Ce dernier, qualifié par le président de la COP21, Laurent Fabius, de «différencié, juste, durable, dynamique, équilibré et juridiquement contraignant», doit encore surmonter bien des obstacles de bureaucratie au niveau international et national avant d’entrer en vigueur en 2020.

Promesses canadiennes

En amont de la COP21, le Canada a partagé la contribution que le gouvernment Trudeau comptait mettre en place à l’échelle nationale, qui soulignait notamment que le pays souhaitait s’engager à une réduction de 30% de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, par rapport au niveau de référence de 2005. Lors de sa visite à Paris à l’occasion de la conférence, M. Trudeau avait en outre fait part de son intention de faire du changement climatique une priorité, qu’il conjuguerait avec une croissance durable. Il avait cité son intention de s’investir aux côtés d’initiatives collaboratives telles que Mission Innovation ou la Coalition pour le leadership en matière de tarification du carbone (CPLC). «Ceux qui peuvent se doivent d’aider», avait-il conclu.

«Ceux qui peuvent se doivent d’aider»

Le ministre canadien des Affaires étrangères Stéphane Dion a affirmé, suite à la signature de l’accord, que le premier ministre Justin Trudeau rencontrerait les provinces et les territoires pour discuter de sa mise en place dans les 90 jours suivant la fin de la COP21. On n’a pas encore eu vent d’un tel rassemblement, malgré l’attitude enthousiaste des représentants du gouvernement à la clôture de la conférence.

Promesses politiques?

Mais quel sera l’écart canadien entre les promesses et les faits accomplis? Le gouvernement a certes grandement changé de positionnement par rapport à la dernière Conférence des Parties. Le recul des conservateurs face au protocole de Kyoto est un précédent politique qui reste brûlant. Celui de Paris est le premier accord sur le climat qui exprime une vocation universelle. Le Canada sera-t-il à la hauteur du défi?

L’économie du pays repose grandement sur l’exploitation de ses ressources naturelles (et fossiles). L’effort à faire en matière de conversion énergétique et industrielle est énorme. L’accord de Paris n’aura pas d’impact sur le Canada si le pays ne s’investit pas pleinement dans la transition verte.

Certains doutent même de la réelle valeur de l’engagement pris à Paris. Selon Gideon Forman, un analyste à la Fondation David Suzuki, le gouvernement canadien devrait s’engager à se reconvertir à 100% vers les énergies renouvelables au cours des 35 prochaines années, s’il souhaite rester en-dessous de la barre des 1,5 degrés Celsius. Dans cette transition radicale mais, pour reprendre les paroles de Mme May, «salvatrice», le gouvernement aura indéniablement besoin du soutien d’une poigne de fer et du public. Vient le moment de découvrir si les positions du nouveau Canada libéral sur les thématiques du climat sont politiques ou réelles.

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Muse inspiré https://www.delitfrancais.com/2016/01/26/muse-inspire/ https://www.delitfrancais.com/2016/01/26/muse-inspire/#respond Tue, 26 Jan 2016 20:52:56 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24575 Vague de rock britannique au Centre Bell de Montréal.

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Pour présenter leur dernier album Drones, la tournée mondiale du groupe de rock alternatif Muse est passée au Centre Bell pour deux soirs de spectacle à plein régime. En première partie du concert du 21 janvier, le groupe américain X Ambassadors a interprété, devant un public enthousiaste mais distrait, plusieurs de ses tubes, dont Renegades (2015).

Un spectacle en résistance

Muse, groupe créé en 1994 par les adolescents britanniques Matthew Bellamy, Christopher Wolstenholme et Dominic Howard, est ensuite monté sur scène dans la clameur du stade presque plein. Il faut souligner la production élaborée, impressionnante, du concert. La scène ronde centrale (et pivotante) — entre deux passerelles rejoignant des plateformes latérales — était surmontée d’un écran circulaire gigantesque. Au-dessus des passerelles, de chaque côté, quatre rideaux blancs se déroulaient de temps à autre, pour la projection d’animations. Plusieurs fois, notamment au début du concert, des drones sphériques illuminés volaient au-dessus de la salle, dans une danse lente et régulière. À un moment, c’est même un gigantesque missile noir qui a fait le tour du stade, à quelques mètres de la foule. Tout le spectacle a été composé autour du thème de Drones: la robotisation, la déshumanisation, la violence militaire, la société de surveillance… Les lumières, les animations, les décors suggéraient une sorte de dystopie mécanique, métallique.

«Les décors suggéraient une sorte de dystopiemécanique, métallique.»

L’effet scénique le plus impressionnant restera la projection, au-dessus du chanteur-guitariste Matt Bellamy et du bassiste Chris Wolstenholme, de deux mains colossales, argentées, avec des fils noués au bout des doigts. Elles semblaient guider les musiciens comme des marionnettes tout au long de The Handler.

Le groupe a abordé la critique politique avec Drones,  Psycho et Dead Inside en ouverture, suivis de près par Isolated System. Toutefois, avec des chansons comme Revolt, Resistance ou Uprising, servies dans la deuxième moitié, persistait un message appelant au soulèvement, à l’anticonformisme.

Luce Engérant

Retour sur la performance

Hormis la mise en scène spectaculaire, Muse a su contenter les fans les plus acharnés en jouant ses chansons les plus emblématiques : Map of the Problematique, Hysteria, Undisclosed Desires, Supermassive Black Hole, Time is Running Out… La clôture s’est faite en grandeur, avec Knights of Cydonia, endiablée, introduite par le thème célébrissime du western Il était une fois dans l’Ouest (composé par Ennio Morricone). Quand on a vingt ans de carrière derrière soi, quelque part, le public surexcité fait la moitié du travail en matière d’ambiance.

L’enchaînement des chansons, et surtout l’alternance entre les chansons les plus récentes tirées de Drones, et les classiques, a quelque peu enrayé la performance. Après que la foule ait entonné le chant de ralliement de Uprising, «they will not control us, we will be victorious» («ils ne nous contrôleront pas, nous sortirons vainqueurs», ndlr), il était dommage de poursuivre le concert avec The Globalist, longue et plus lente. Bien que les animations à l’écran — des paysages urbains en décrépitude, pittoresques et colorés — aient captivé l’assemblée, cette suite a complètement brisé l’excitation générale. Le public, près du terme d’un concert de deux heures, a eu le temps de réaliser qu’il avait soif et mal au dos.

Somme toute, cette tournée mondiale en met plein la vue, parce qu’elle est de ces productions qui jouent de créativité et d’ambiances thématiques. Il ne se place pas en première place des meilleurs concerts de l’Histoire, mais certainement parmi les plus mémorables.

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Terre d’accueil https://www.delitfrancais.com/2016/01/26/terre-daccueil/ https://www.delitfrancais.com/2016/01/26/terre-daccueil/#respond Tue, 26 Jan 2016 16:17:39 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24498 Le Canada se refait une réputation humanitaire.

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Le conflit syrien qui oppose depuis 2011 les rebelles au régime de Bachar al-Assad a provoqué selon l’UNHCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, ndlr) le déplacement de plus de 4,5 millions de personnes à l’étranger. Sur ce nombre, 1,9 million est parvenu en Turquie et un million au Liban. Près de 350 000 d’entre eux ont déjà obtenu l’asile en Europe mais le flux reste abondant et provoque dans les pays concernés nombre de débats politiques à propos des limites de l’accueil.

Le même a lieu au Canada où, après presque une décennie sous le gouvernement conservateur et réticent de Stephen Harper, le nouveau cabinet libéral de Justin Trudeau s’est engagé à faire venir 25 000 Syriens. Mais qui sont les réfugiés? Comment arrivent-ils ici? Quels sont les enjeux, politiques et réels, de leur venue au Canada? Le Délit a rencontré Farès Antaki, étudiant en médecine à McGill d’origine syrienne, mais surtout président de la Fondation d’Alep, une association qui s’occupe de l’accueil de Syriens à Montréal, Chantal Hudson, coordinatrice à l’Alliance Canadienne pour l’Aide aux Syriens (CASA) et enfin Mitchell Goldberg, avocat chez Goldberg Berger. Ces derniers ont répondu à nos questions afin de démêler les nœuds de l’asile politique au Canada.

Mahaut Engérant

«Réfugié», mode d’emploi

Il nous revient, comme à tout bon élève, de définir les termes et les éléments à la base du problème. La Convention de Genève, adoptée en 1951, définit le statut de réfugié comme tel: toute personne située hors de son pays de nationalité ou de résidence habituelle, «craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques» et qui ne veut ou ne peut se réclamer de la protection de ce pays. Selon cette même convention, les pays doivent accorder l’asile aux réfugiés et ne peuvent sous aucune condition les renvoyer dans leur pays d’origine.

«Il y a quelque chose de très primitif qui provoque une réaction négative chez les Canadiens»

Les réfugiés cherchant à rentrer au Canada doivent faire valoir auprès de la Commission de l’Immigration et du Statut de Réfugié (CISR) qu’ils correspondent aux critères définis par la Convention de Genève. Une fois le formulaire «Fondement de la demande d’asile» remis à la CISR, les demandeurs disposent d’entre 30 et 60 jours (selon leur pays d’origine et la forme de leur demande), pour rassembler les documents relatifs à la demande et se préparer à l’audience de détermination du statut de réfugié.

En réalité, la procédure de demande d’asile est souvent bien plus lente que stipulée par la CISR. En septembre dernier, le journal La Presse racontait l’histoire de Hussein Rahim qui, arrivé en 2012, n’avait toujours pas été convoqué pour son audience. Tenu de rester sur le territoire canadien tant qu’il n’a pas officialisé son statut, M. Rahim dispose pour l’instant de documents valides jusqu’en 2017. Il précise dans son témoignage que deux de ses amis, arrivés eux aussi en 2012, font face aux mêmes difficultés. Le problème viendrait de l’excès de demandes en attente (8 000 au 1er janvier 2015, selon la même source).

Rhétorique d’élections

Selon Me Goldberg, «historiquement, le Canada a toujours été l’un des pays en tête pour l’accueil des réfugiés». Pourtant, dans les dernières années, le pays a pris un grand retard en terme d’aide humanitaire. L’accueil des réfugiés est devenu un sujet de prédilection en politique. Le Parti conservateur attache une rhétorique négative au sujet des réfugiés, en en faisant une affaire de sécurité interne et de protection des citoyens canadiens; «le gouvernement conservateur a permis à seulement 3 000 réfugiés de venir en quatre ans et cela inclut aussi ceux qui sont parvenus aux Canada avant de faire une demande d’asile», précise Me Goldberg.

En 2012, les lois relatives à l’immigration ont été changées. Le nombre de détentions à l’arrivée a fortement augmenté,et la période de préparation à l’audience a été réduite. La loi a aussi établi une liste de quarante pays dits «sûrs», dont les ressortissants n’ont pas droit d’appel à la décision de la CISR.

«Nous avons réussi à récolter 36 000 dollars jusqu’ici, et 30 000 ont été reversés là-bas!»

La vision des réfugiés dans l’opinion publique est souvent teintée de peur. Il y a une stigmatisation machinale de l’immigrant qui débarque d’un bateau, avec ses histoires d’horreur, ses pertes inimaginables et son malheur qui fait mal à voir, à admettre. Pour rassurer ceux qui s’arrêteraient à cette image réductrice, nos trois interlocuteurs se sont accordés sur le haut niveau d’éducation des Syriens arrivant au Canada (le nombre d’années obligatoires à l’école est de neuf ans en Syrie, ndlr). Ce sont surtout des membres de la classe moyenne qui arrivent ici. «Il y a quelque chose de très primitif qui provoque une réaction négative chez les Canadiens», commente Me Goldberg. Et cela est d’autant plus vrai chez nos voisins européens.

Le Canada et le Québec ont une population vieillissante: l’immigration peut être la solution.

En 2015, «la plateforme libérale a été construite avec une forte volonté de protection des réfugiés», dit Me Goldberg. La rhétorique libérale a été accompagnée d’une restauration du discours médiatique sur les réfugiés. «Avec la photo du petit Aylan sur la plage, lequel s’est avéré avoir une connexion directe avec le Canada, la demande d’asile de sa famille ayant été rejetée, mais aussi avec la quantité grandissante de réfugiés arrivant à nos portes, l’opinion publique s’est mobilisée pour leur venir en aide.»

Les promesses de campagne des Libéraux ont abouti à un programme d’accueil des réfugiés, dont la première lancée a eu lieu avant la fin de l’année 2015. Dix-mille réfugiés ont déjà été amenés au Canada et le gouvernement prévoit que le reste arrivera d’ici la fin du mois de février. Il a déjà accumulé du retard sur la promesse initiale (25 000 avant le 1er janvier); c’était sans prendre en compte la prise de pouvoir quelque peu tardive (au mois de novembre) et la mise en place des infrastructures nécessaires. Selon Me Goldberg, «le Canada a pris du retard sur ses voisins allemands, libanais et turcs, mais il est en bonne passe de les rattraper.»

Essentielles associations

Alors que le gouvernement se mobilise tant bien que mal pour trouver des logements, assurer des services sociaux et des emplois, les associations d’aide caritative dans l’ensemble du pays ont un rôle fondamental. C’est le cas, notamment, de CASA. Mme Hudson a énuméré les domaines d’action de l’alliance pour laquelle elle travaille: l’objectif primordial est de «participer à l’intégration des réfugiés syriens dans la région du grand Montréal et secondairement au Canada». Ceci implique la mise en place «d’une ligne d’appel pour répondre aux questions du public et des réfugiés», la distribution de «matériel d’urgence pour les premiers jours à Montréal». En plus de son mandat canadien, CASA s’occupe de lever des fonds pour financer l’aide aux réfugiés dans les camps libanais et turques. Cette mobilisation a notamment permis la création de l’école al-Salam (qui veut dire «la paix» en arabe, ndlr), dans laquelle sont admis 1 500 étudiants réfugiés syriens. L’alliance a aussi travaillé avec l’association des étudiants syriens de Concordia pour obtenir des bourses afin que les meilleurs éléments de cette école puissent venir étudier à Montréal.

M. Antaki, pour sa part, nous a parlé de la Fondation d’Alep, organisme qu’il a fondé en avril 2015. Tout comme CASA, la Fondation s’occupe de prendre soin des Syriens qui arrivent à Montréal, et d’envoyer de l’argent en Syrie. «Nous avons réussi à récolter 36 000 dollars jusqu’ici, et 30 000 ont été reversés là-bas!» La Fondation d’Alep, en outre, a recueilli des vêtements d’hiver pour seize familles à Sherbrooke. Dans les autres fonctions de l’organisme figurent l’aide à l’apprentissage de la langue (le gouvernement québécois propose d’ailleurs des cours de français gratuits à l’arrivée, ndlr), l’inscription à l’école, la facilitation de l’accès aux services de santé, légaux, etc.

Cela nécessite un travail urgent et abondant, mais Mme Hudson autant que M. Antaki assurent que l’intégration des Syriens une fois arrivés et installés se fait sans réelles difficultés: «il y a déjà beaucoup de Syriens ici, et la communauté est très active», précise Farès.

Mme Hudson conclut ainsi que «l’arrivée au Canada est toujours un moment très positif, mais c’est très peu quand on pense à tous ceux qui sont restés. Ceux qui sont venus sont très chanceux dans leur malheur.» Avec des chiffres de déplacement pareils, cela tient presque du miracle.

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Solidaires https://www.delitfrancais.com/2016/01/26/solidaires/ https://www.delitfrancais.com/2016/01/26/solidaires/#respond Tue, 26 Jan 2016 15:53:32 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24488 Éditorial.

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Prisonniers, coincés, piégés dans leur propre calvaire. La couverture du Délit tente d’illustrer la situation des 4,5 millions de réfugiés syriens récemment comptés par l’ONU. Contraints de quitter leur pays pour leur survie, beaucoup se sont installés dans des camps de réfugiés voisins, où les conditions sociales et sanitaires sont difficiles. D’autres ont pu bénéficier de programmes d’accueils dans des pays plus lointains, en Europe ou ailleurs; mais leur situation et leur intégration restent très difficiles — comme en témoignent les tensions actuelles en Allemagne. Plus de quatre millions d’humains demeurent enfermés entre quatre murs: celui de la menace constante en Syrie, celui de refus de leur accueil par un grand nombre de pays, celui de la stigmatisation et du racisme, et enfin celui de la difficulté de refaire sa vie ailleurs.

Le projet de Justin Trudeau qui prévoit l’accueil de 25 000 réfugiés au Canada d’ici la fin du mois de février, se présente comme une politique humanitaire, pour beaucoup une source d’espoir. Elle représente aussi un virement et un vent de changement pour le gouvernement canadien qui, ayant pourtant des précédents humanitaires, a pris un retard considérable en matière d’accueil des réfugiés depuis le début du conflit syrien

L’édition du Délit de cette semaine a pour but d’expliquer, décortiquer, louer, interroger et même critiquer cette politique d’accueil des réfugiés syriens au Canada par le gouvernement libéral.

Esther Perrin Tabarly (p.9) enquête les conditions d’accueil des réfugiés syriens sur le sol canadien. Elle interroge aussi deux associations – La Fondation d’Alep et l’Alliance Canadienne pour l’Aide aux Syriens (CASA) – qui viennent en aide aux arrivants.

Ikram Mecheri a réalisé une entrevue avec Danielle Létourneau (p.16) qui a lancé l’initiative de l’association 25 000 Tuques. Elle explique au Délit comment elle a décidé de tricoter 25 000 tuques pour les 25 000 réfugiés que Justin Trudeau a promis d’accueillir.

Enfin, dans un article d’opinion, Chloé Anastassiadis (p.8) nuance tout de même l’ovation qui se doit d’être faite quant à la politique du Canada vis-à-vis des Syriens. En effet, Chloé Anastassiadis rappelle que le gouvernement n’a pas encore arrêté les frappes en Syrie et a récemment vendu du matériel militaire à l’Arabie Saoudite.

Les étudiants membres de l’équipe du Délit ont conscience du privilège qu’ils ont: vivre en sécurité, étudier et, pour certains, avoir pu être intégrés immédiatement au sein de la société canadienne après avoir immigré pour leurs études. Nous souhaitons rappeler que l’éducation est un droit reconnu par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Nous tenons à exprimer notre solidarité avec ces Syriens de nos âges. Mais la sympathie seule ne suffira pas: il faut aussi appeler à l’action plutôt qu’être complices implicites de cette crise humanitaire.

La communauté mcgilloise tente de répondre à cette crise humanitaire et partager avec de jeunes Syriens certains des privilèges dont nous bénéficions. En partenariat avec EUMC (Entraide Universitaire Mondiale du Canada) et son Programme d’étudiants réfugiés (PER), McGill a récemment annoncé l’accueil de 19 étudiants syriens supplémentaires pour septembre 2016. L’association permettait déjà d’accueillir à McGill deux étudiants syriens par an. Ces derniers étaient alors aidés par une bourse financée par une cotisation des étudiants sur leurs frais de scolarité. Aux actions de EUMC s’ajoute l’initiative d’un groupe d’étudiants des résidences de McGill. Ces derniers ont organisé des sessions Skype, offrant des cours d’anglais à de jeunes Syriens déterminés à passer le TOEFL dans le but de poursuivre leurs études au Canada.

Il est important de saluer les efforts effectués par le gouvernement, les citoyens canadiens et les différentes associations impliquées sur le campus ou au-delà.

Toutefois, et malheureusement, il est aussi fondamental de souligner que ces efforts ne suffisent à aider qu’une petite minorité des populations touchées par les conflits. En décembre 2015, Le Délit et The Daily publiaient une édition spéciale sur la durabilité: ce concept s’applique aussi à la lutte quotidienne et de long terme contre les désastres humanitaires.

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Trois petites merlettes vertes https://www.delitfrancais.com/2015/11/28/trois-petites-merlettes-vertes/ https://www.delitfrancais.com/2015/11/28/trois-petites-merlettes-vertes/#respond Sun, 29 Nov 2015 01:20:10 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24295 La minute écolo.

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Éléonore Nouel | Le Délit

Un collectif d’universitaires canadiens, Dialogues pour un Canada vert (DCV), a composé une feuille de route pour que le Canada s’adapte aux impératifs écologiques. Tous s’accordent sur la nécessité de fixer un prix sur le carbone, en adoptant une taxe nationale sur les émissions de carbone ou en établissant un système national de plafonnement et d’échange de droits à l’émission. Les autres recommandations du collectif concernent le choix d’objectifs réalistes mais ambitieux en terme de réduction d’empreinte écologique pour chaque secteur, d’élimination des subventions envers le secteur des combustibles fossiles, de transition vers des énergies propres et renouvelables, etc.

Dans son ensemble, le rapport se veut être une recommandation envers le gouvernement du Canada pour sa participation à la COP21. Il est important, parce qu’il vise à rassembler la communauté scientifique du pays derrière un plan de route précis, et parce que l’investissement des experts dans l’éco-blanchiment de la nation est une étape fondamentale au changement.

On peut émettre une réserve, par contre, sur l’ambition du collectif. Le rapport répond à l’appel en amont de la Conférence des Parties à fixer des objectifs pour atteindre un réchauffement climatique inférieur à 2 degrés celsius. Deux petits degrés, un objectif que certains politiques jugent impossibles à atteindre, et que certains experts considèrent pourtant comme insuffisants. Cet été, un rapport de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) concluait qu’il faudrait probablement fixer l’objectif à 1,5 degré celsius, un réchauffement dont l’impact environnemental semble bien moindre par rapport à celui des 2 degrés de départ.

McGill investit pour le futur?!

Mais revenons à nos moutons. McGill, université de rang mondial, institution dédiée et dévouée à l’éducation, au progrès et à l’avancement de la société (n’est-ce-pas?) s’en va à Paris pour la COP21. La conférence à l’étranger permet à l’université de rayonner mais plonge dans l’obscurité une autre vérité qui est celle de McGill. Depuis trois ans, l’association étudiante Divest McGill (Désinvestissons McGill, ndlr), exhorte l’administration de l’université à se défaire de ses dotations dans le secteur des énergies fossiles. Le collectif estime que les investissements de l’université atteignent la modique somme de 70 millions de dollars au total. Il a récolté le soutien de nombreux professeurs de l’université, plus de 2 500 signatures sur sa pétition,  ainsi que l’appui de certains anciens étudiants mcgillois qui menacent l’administration de rendre symboliquement leurs diplômes s’il n’y a pas de désinvestissement…

L’administration reste de marbre. Il convient de revenir à la thématique, justement, du rayonnement de McGill. Si elle se place sous la lumière des projecteurs pendant quelques événements parallèles lors de la COP21, son mutisme à propos des dotations en combustibles fossiles n’est plus un secret. Le combat de Divest McGill a été relayé par plusieurs chaines médiatiques nationales et le stoïcisme administratif ne fait pas reluire l’image de McGill.

Alors, chapeau bas à l’administration pour sa participation à une conférence sur le climat dont on n’a pas besoin de prouver l’importance. Mais peut-être devrait-elle revoir ses priorités. Comme le dit l’adage, peut-être devrait-elle balayer devant sa porte, avant de balayer devant celle des autres. Ou quelque chose comme ça.

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Le Québec pour le Développement durable https://www.delitfrancais.com/2015/11/28/le-quebec-pour-le-developpement-durable/ https://www.delitfrancais.com/2015/11/28/le-quebec-pour-le-developpement-durable/#respond Sun, 29 Nov 2015 00:17:50 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24261 Un plan d’action 2013-2030 définit les priorités.

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1. Le plan d’action promet de soutenir la recherche en adaptation ainsi que la prévention et les soins médicaux pour favoriser la santé et la qualité de vie.

2. Dans le domaine de l’économie et de l’innovation, il prévoit:

  • d’instaurer un système de plafonnement et d’échange des droits d’émission;
  • de favoriser le développement du transport collectif et/ou écoénergétique;
  • de réduire les émissions de gaz à effet de serre des entreprises, des cultures et    des élevages;
  • d’augmenter la part des bioénergies.

3. Pour dynamiser et adapter ses régions et ses villes, il souhaite aménager le territoire pour le rendre plus durable, tout en verdissant les normes relatives au bâtiment.

4. Pour la sécurité du public, il s’engage à protéger les collectivités et les acteurs les plus vulnérables.

5. Enfin, il fait le serment de lutter pour la protection des écosystèmes et de participer à l’effort international contre les changements climatiques.

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Pour une révolution https://www.delitfrancais.com/2015/11/28/pour-une-revolution/ https://www.delitfrancais.com/2015/11/28/pour-une-revolution/#respond Sun, 29 Nov 2015 00:07:52 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24254 Éditorial.

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Le développement durable est l’Everest des gouvernements pour le 21e siècle. Défini en 1987 par le rapport Brundtland comme un mode de vie répondant «aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs», il est devenu un terme générique pour décrire nos réponses aux conflits entre les pays, aux défis environnementaux, économiques, politiques et sociaux. Il hante sans relâche les résolutions de la communauté internationale, se présentant comme la doctrine de la croissance qui nous épanouira. Quelques éoliennes dans les champs, quelques dollars de plus pour des produits issus du commerce équitable, pour que nos enfants puissent vivre dans le confort dont nous jouissons à présent.

Aujourd’hui, le 30 novembre 2015, a débuté la 21e Conférence des Parties tenue par la Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques à Paris (p.21), qui veut arriver à un accord international pour lutter contre la réalité et les effets du réchauffement – avec comme livret d’instruction les Objectifs de développement durable définis par l’Assemblée générale de l’ONU (p.19).

Luce Engérant

Pour signifier développement durable, on parle aussi de durabilité, ou éventuellement de soutenabilité. Par opposition à l’obsolescence, elle permettrait à notre mode de vie «idéal» de se perpétuer indéfiniment. Pourtant, sans vouloir jouer au rabat-joie, il est peu probable que l’on puisse se permettre de vivre comme l’on vit aujourd’hui, sans que les générations futures et les populations déjà vulnérables en paient le prix. Pour que le développement durable devienne une notion adaptée et respectée de tous, il faut qu’il soit également défini par les citoyens. Certains se prêtent au jeu; le Dark Mountain Project, par exemple, un collectif d’écrivains, artistes et penseurs qui «a arrêté d’écouter les histoires que se raconte notre civilisation», opte pour un changement civilisationnel, reposant sur un renouvellement de la culture. Ils cherchent à s’affranchir du «mythe du progrès, du mythe de la centralité humaine, et du mythe de notre autonomie vis-à-vis de la nature». Il s’agirait donc de ne plus placer l’Homme au centre des débats, de cesser de le considérer comme un être au-dessus des autres, se plaçant ainsi dans une logique en contradiction avec le «simple» changement de modèle social et économique, classiquement proposé par les pouvoirs en place (p.15). Dans un registre similaire, le Contre-sommet mondial sur le climat, organisé par le journal La décroissance, qui devait se tenir à Vénissieux (Rhône-Alpes, France) le 14 novembre, propose un changement radical. Ils proclament: «Nous contestons le sens général vers lequel se dirige notre société; celle de l’idéologie du développement, de l’expansion illimitée, du capitalisme libéral… mais cette opposition ne nous place pas en dehors de la société, bien au contraire; notre désir de participer à sa transformation fait que nous en sommes pleinement partie intégrante.»

Plus qu’un développement quantitatif, ces initiatives semblent pencher vers une révolution qualitative, vers la mutation complète de notre façon de penser et d’appréhender le monde.

Parce que, chers dirigeants, nous avons été de gentils êtres humains cette année. Alors, pour la COP21, nous aimerions: que la voix des hommes, femmes et enfants, quels qu’ils soient, valent plus que celle des industries qui viennent vous serrer la main; que vous signiez un accord contraignant qui identifie et relève les vrais défis que nous pose le changement climatique; que vous le respectiez coûte que coûte. Que vous donniez, en quelques mots, à la société d’aujourd’hui et à ses descendants, la chance de donner un nouveau visage au futur.

Il ne suffira pas de signer ou ratifier quelques pages de discours bien intentionnés. Et comme il appartient à chacun d’opérer des changements dans son mode de vie et de pensée, par respect pour la planète, pour ses enfants, et pour le reste de l’humanité, il faut que la poussée vienne d’en bas, il faut rappeler que nous avons chacun notre propre responsabilité.

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Hommages aux victimes à Montréal https://www.delitfrancais.com/2015/11/17/hommages-aux-victimes-a-montreal/ https://www.delitfrancais.com/2015/11/17/hommages-aux-victimes-a-montreal/#respond Tue, 17 Nov 2015 16:43:17 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24136 Ils étaient des centaines, devant le consulat de France, Place des Arts et à l’intersection Y pour honorer la mémoire des morts à Paris.

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Marc Blondeau, directeur de la Place des Arts: «Consternation d’apprendre qu’un tel carnage ait eu lieu dans une salle de spectacle. Nous avons pensé proposer un rendez vous simple, sobre, un rassemblement de solidarité pour la paix, contre la violence et la peur, un événement de recueillement (…) mais aussi, et peut être surtout, un événement de prise de parole par plusieurs personnes du milieu culturel.»

Louis Baudoin-Laarman

Margaux et Chloé, étudiantes mcgilloises françaises: «Parce qu’on est loin et que dans des moments comme ça, ça fait du bien de se réunir pour se serrer les coudes.»

Salomé Grouard

Adrien, étudiant parisien en visite à Montréal: «Je trouve ça bien qu’il y ait quelque chose comme ça qui se mette en place. Avec tout ce qui se passe, même depuis l’étranger, donner ne serait-ce qu’un peu de soutien c’est déjà ça. On fait ce qu’on peut de là où on est...»

Eléonore Nouel

Marily, étudiante à McGill originaire de l’Île-du-Prince-Édouard: «Je n’attendais pas autant de gens mais je pense que c’est très impressionnant, ça montre à quel point l’humanité est puissante, et que nous pouvons tous nous rassembler quand un événement aussi horrible arrive, et promouvoir tous ensemble la paix.»

Nouédyn Baspin

Emily, étudiante à McGill originaire de l’Île-du-Prince-Édouard: «Leur montrer que ça n’a pas marché, que nous n’avons pas peur et que, quoi qu’il arrive, ça ne nous empêche pas de sortir de chez nous.»

Inès Léopoldie-Dubois

Anne, originaire de Clermont-Ferrand: «Je trouve toujours ça très émouvant comme rassemblement. Et puis de se retrouver avec des gens de tous les horizons qui ne se connaissent pas, pour la même raison, c’est toujours un bon moment. J’espère juste que l’élan de solidarité ne va pas s’éteindre demain. Et puis on va essayer de faire en sorte de tous rester debout, ensemble, collectivement dans les prochaines semaines et mois parce que malheureusement ça risque de ne pas être la seule épreuve à laquelle on va être confronté…»

Louis Baudoin-Laarman

Michel Dumont, comédien et directeur du théâtre Jean-Duceppe: «Deux solutions: ou on se terre, on se cache, on plie, on arrête de vivre et on arrête de croire; ou bien on relève la tête, et on continue à avoir la foi en l’Homme, malgré toutes les folies dont il est capable.»

Eléonore Nouel

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Le climat est un enjeu politique https://www.delitfrancais.com/2015/11/03/le-climat-est-un-enjeu-politique/ https://www.delitfrancais.com/2015/11/03/le-climat-est-un-enjeu-politique/#respond Tue, 03 Nov 2015 15:49:51 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=23873 La minute écolo.

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Éléonore Nouel | Le Délit

Alors que la recherche sur le changement climatique fait de grandes avancées, qu’elle devient plus précise, le sujet reste fortement controversé. Au sein de la communauté scientifique, il n’y a plus de remise en cause de son existence, mais le débat se poursuit sur son envergure et sur ses causes. Chez les politiciens, c’est la ligne d’actions à mener qui cause maints désaccords.

Selon un sondage du Pew Research Centre (Centre de recherche statistique et sociale basé à Washington, ndlr) datant de 2014, basé sur un échantillon de 1504 personnes, 26% de la population américaine considèrent qu’il n’y a pas de preuves solides du réchauffement climatique, dont 13% concluent qu’il n’est pas en train d’avoir lieu.

Le pavé dans la mare a été jeté en 1998 par Arthur B. Robinson, président de l’Institut de l’Oregon pour la Science et la Médecine (Oregon Institute of Science and Medicine). Ce dernier a organisé et fait circuler la Pétition de l’Oregon, un projet de pétition à l’échelle globale sur le réchauffement climatique. Il encourageait alors les politiciens à rejeter le protocole de Kyoto signé en 1997, tout en exprimant un fort scepticisme sur les causes anthropiques, et sur les aspects nocifs du dioxyde de carbone. Selon M. Robinson, la pétition a réuni à l’année 2013 plus de 31000 signataires, dont plus de 9000 se déclarent titulaires d’un doctorat, pour la plupart dans le domaine des sciences.

Mais un haut niveau d’éducation suffit-il à convaincre? Le bien-fondé des résultats de la pétition a été fortement critiqué. Peter Hadfield, du journal New Scientist, écrivait en 2010: «La vaste majorité des scientifiques signataires de la pétition n’ont jamais étudié la climatologie et ne font aucune recherche sur le sujet. Alors, ça n’a pas vraiment de pertinence qu’ils aient un doctorat. Un doctorat en métallurgie vous rend juste meilleur en métallurgie.» L’année d’après, Scientific American contactait un échantillon des signataires qui s’étaient déclarés diplômés en sciences relatives au climat: environ un tiers a répondu être encore en accord avec le contenu de la pétition.  Le journal finit par conclure qu’en réalité, la part de la communauté scientifique (pertinente) qui est encore sceptique quant au sujet du changement climatique est plus réduite que ne laisse paraitre le capharnaüm médiatique.

En effet, pour certains, ce qu’on appelle le «climato-scepticisme» est une pseudoscience. Même si l’on peut désormais prendre pour acquis le consensus scientifique sur les causes anthropiques, l’aspect politique du mouvement reste fortement impacté par le déni du changement climatique. En 1996, un rapport de George E. Brown Jr., membre du Caucus Démocrate du Comité sur la Science de la Chambre des représentants américaine, dénonçait que l’attention du climato-scepticisme se portait plus sur l’opinion publique sur des preuves scientifiques. Les médias populaires profilant ce genre d’opinions vendeuses plus que celles de la communauté scientifique moins glamour, le débat paraît déséquilibré.

Il reste à préciser le rôle certains des lobbys industriels, géants dans la balance de la controverse. Entre autres, on remarquera l’importance contribution financière de compagnies pétrolières aux efforts des groupes d’intérêts… Selon un article du New York Times en 2010, les industries pétrolière, charbonnière et celle des services publics «ont collectivement dépensé 500 millions de dollars juste depuis le début de l’année 2009 pour faire pression contre la législation sur le changement climatique et pour vaincre des candidats

L’ancien président de l’Académie Nationale des Sciences américaine, Frederick Seitz, déclarait dans les années 1980 que «le changement climatique est bien plus une histoire de politique que de climat». Non sans surprise, ce dernier est l’auteur de la pétition de l’Oregon. CQFD.

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AG fantôme https://www.delitfrancais.com/2015/11/03/ag-fantome/ https://www.delitfrancais.com/2015/11/03/ag-fantome/#respond Tue, 03 Nov 2015 15:19:51 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=23818 Éditorial.

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Il n’y a eu aucune motion proposée pour l’Assemblée Générale (AG) de l’AÉUM qui se tiendra lundi prochain. Zéro, niet, nada, rien, nothing. Une première historique. Un désastre de plus pour l’équipe exécutive de l’AÉUM qui enchaîne les coups durs depuis ce début d’année. Un comble alors que Kareem Ibrahim, président de l’AÉUM, promettait encore en septembre de s’engager pour lutter contre le désengagement des étudiants dans la politique étudiante et de renforcer la démocratisation des décisions de l’association.

La chute est brutale. À l’automne dernier, la motion pour «exprimer une solidarité envers les peuples des territoires palestiniens occupés» proposées par Solidarity for Palestinian Human Rights (Solidarité envers les Droits de l’Homme en Palestine, ndlr) avait réveillé les passions, les clivages et l’intérêt des étudiants pour le sort de leur association. Plus de 800 étudiants s’étaient entassés dans la salle de bal et la cafétéria du bâtiment Shatner pour débattre et voter. Pour cette session six motions avaient été proposées.

Forte de ce succès sans précédent, l’AÉUM avait décidé de tenir son AG d’hiver dans le grand amphithéâtre de Leacock 132. Encore une fois plus de 500 participants s’étaient déplacés. Encore une fois le corps étudiant s’était mobilisé pour décider d’une motion à propos des territoires palestiniens (proposant cette fois le désinvestissement de McGill auprès des compagnies profitant de l’occupation illégale des territoires palestiniens). Cette fois-ci quatre motions avaient été proposées. 

Cependant la participation des mcgillois aux AG n’a pas toujours été aussi forte. L’AÉUM a longtemps manqué de participants pour atteindre un quorum (un minimum de 100 personnes présentes pour voter une motion, ndlr) permettant de voter officiellement des motions – sans devoir les refaire passer devant le conseil législatif de l’AÉUM. Peu de participants… mais toujours des motions. À l’automne 2012, six motions proposées, deux ratifiées sous quorum, trop peu d’étudiants présents. À l’hiver 2013, trois motions proposées, pas de quorum. À l’automne 2013, deux motions proposées, pas de quorum. À l’hiver 2014, cinq motions et un quorum enfin atteint.

Après l’apogée de l’AG l’année passée, l’AÉUM n’aura finalement pas besoin de réserver le Centre Bell pour accueillir tous les étudiants enthousiastes à l’idée de s’impliquer dans la vie politique du campus! Automne 2015, aucune motion, et un quorum qui sera difficile à réunir compte tenu du fait que la seule discussion portera sur le sujet des audits financiers de l’AÉUM. Pourquoi un tel vide?

Luce Engérant

La clé pourrait être le manque flagrant de communication de la part du corps exécutif de l’AÉUM concernant l’Assemblée Générale. Presque aucune information n’a été relayée sur la page Facebook de l’association et l’événement ne compte que quelques dizaines de participants, pour la plupart des membres déjà actifs de la scène associative étudiante. On peut souligner la procédure longue et fastidieuse, propre à chaque administration, qui accompagne les motions de l’élaboration au vote.

On pourrait ramener l’argument de l’apathie étudiante, mais les débats de l’an dernier nous ont prouvé le contraire: il existe une dimension politique à McGill. Peut-être un peu trop présente, si l’on voit la violence des propos tenus, souvent, dans la sphère étudiante.

Mais n’est-ce pas justement cette politisation du corps étudiant qui peut expliquer l’absence de motion? À voir le sort réservé à ceux qui ont le malheur de proposer la tenue d’un événement visant à exposer les conditions de vie des réfugiés on peut comprendre que beaucoup n’osent pas s’aventurer dans l’arène politique. Les membres du collectif EUMC McGill (p.3), c’est-à-dire des étudiants (dont d’anciens réfugiés), s’impliquant pour que des réfugiés aient la chance d’étudier parmi nous, ont eu le malheur de donner à leur session d’information un titre hasardeux. La foudre s’est alors abattue sur eux, des critiques 2.0 ne cherchant souvent pas à aller au-delà du titre de l’événement. Cet épisode, un parmi tant d’autres, illustre la volonté qu’ont certains de limiter le débat à des sujets consensuels et «sécuritaires» qui surtout ne doivent heurter personne, quitte à oublier que le débat et l’opposition font bouger les choses bien plus que la censure, formelle ou non. 


Assemblée Générale, lundi 9 novembre de 15:00 à 20:00, salle de Bal du bâtiment Shatner (AÉUM)

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