Emma Ailinn Hautecoeur - Le Délit Le seul journal francophone de l'Université McGill Tue, 24 Apr 2012 06:08:47 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 Discipline: McGill met les bouchées doubles https://www.delitfrancais.com/2012/04/03/discipline-mcgill-met-les-bouchees-doubles/ Tue, 03 Apr 2012 13:31:28 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=12593 Les mesures disciplinaires non-académiques visent toujours les mêmes.

L’article Discipline: McGill met les bouchées doubles est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Quatre étudiants ont été exclus du campus pour leurs activités en lien avec l’affluence des grèves départementales qui ont eu lieu durant les deux dernières semaines. Les raisons de ces exclusions étaient assez douteuses pour susciter l’intérêt de Me Julius Grey, avocat et personnalité publique au Québec, reconnu pour sa défense des cas de liberté individuelle. Pendant ce temps, plusieurs étudiants ont fait des demandes d’accès à l’information auprès de l’université pour obtenir les informations que les services de sécurité ont accumulées sur eux. L’avocat et les étudiants concernés parlent de ciblage, ce que nie l’officier disciplinaire qui s’occupe de leur cas, Prof. André Costopoulos.

21(a)
L’exclusion des quatre étudiants a suivi les incidents de piquetage agressif durant les grèves des facultés de Service social, des soins infirmiers et Littérature anglaise. Cependant, c’est pour des incidents minimes que trois des quatre étudiants exclus du campus ont reçu un avis d’exclusion la semaine suivant la grève du 22 mars. Chris Bangs dit ne pas avoir empêché les étudiants de passer les lignes de piquetage le lundi 26 mars quand il a été approché par Costopoulos. Il distribuait simplement des pamphlets informatifs, ce qui ne viole  pas le Code de conduite de l’étudiant et des procédures disciplinaires. Il avait cependant reçu plus tôt des allégations disciplinaires sous l’article 5(a) pour du piquetage agressif. Une vidéo filmée par des étudiants et rendue publique sur Facebook par ModPac, le groupe de modérés qui demandent aux gens de dénoncer les lignes de piquetage selon eux «illégales», l’a incriminée. La vidéo montrait huit autres étudiants qui piquetaient avec Bangs à l’extérieur de la salle Arts 260, mais aucun d’eux n’a été avisé.

Joël Pedneault, VP externe de l’AÉUM, a lui aussi été exclu lundi dernier. Il avait été invité en tant que «représentant politique» par l’AESSUQAM (Association du secteur des sciences de l’UQAM) à un cours relocalisé à McGill à cause de la grève. Prof. Costopoulos n’était pas présent quand le cours a eu lieu, mais en a eu vent, selon Pedneault, par la sécurité de McGill. «Costopoulos m’a approché l’après-midi pour me demander si j’avais reçu une lettre de son bureau» Comme ce n’était pas le cas, «il a immédiatement appelé sa secrétaire pour demander de l’envoyer», raconte Joël. La lettre ne justifiait pas la suspension, mais mentionnait la tenue du cours de l’UQAM.

L’article 21 (a) du Code de conduite stipule que tout étudiant peut être exclu du campus pour un maximum de 5 jours si l’officier disciplinaire estime qu’il nuit «au bon ordre, ou constitue une menace pour la sécurité d’autrui». L’étudiant peut être admis sur le campus pour des raisons académiques valables, comme un examen ou une présentation notée. Aucune mesure disciplinaire ne peut s’ensuivre de l’expulsion temporaire, mais il n’y a aucun moyen de faire appel à la décision non plus. «Je pense qu’il y a un problème en particulier avec 21(a). 21(b) possède un CSD (Committee on Student Discipline), c’est-à-dire une instance supérieure qui a un regard sur les conséquences de l’article», mais ce n’est pas le cas pour 21(a) fait remarquer Costopoulos. Il n’y a donc aucune instance pour s’assurer qu’il n’y ait pas d’abus dans l’utilisation du 21(a).

Récidivistes
Micha Stettin et Ethan Feldman sont les deux autres étudiants qui ont été exclus sous l’article 21(a). Les deux étudiants ont, au fil de l’année, entretenu une réputation auprès des autorités de l’université. Micha comptabilise neufs allégations disciplinaires en plus du 21(a) à son effectif, dont deux exonérations, deux admonestations, et cinq en cours. Il a été expulsé pour avoir été sur les lieux d’un piquetage futur; selon ses mots, «avant même que la ligne de piquetage ne puisse exister» étant donné que la salle était à ce moment occupée par un cours. Il a été escorté par la sécurité à l’extérieur du campus avant même d’avoir reçu le courriel de Costopoulos. Feldman a quant à lui reçu une allégation sous l’article 8(b) pour avoir dessiné une caricature politique sur un tableau noir. La partie du Code concernant cet incident stipule que peut être discipliné une action qui peut «sciemment créer une situation […] qui menace le bien-être d’autres personnes».

Il va sans dire que la sécurité de McGill connaît déjà les visages et les noms des quatre étudiants qui sont activement engagés dans diverses activités politiques sur le campus. Ils pensent tous d’ailleurs que Costopoulos les a visés particulièrement parce qu’ils avaient tous déjà fait l’objet de mesures disciplinaires réglées ou non, plus tôt dans l’année. «Nous nous posons beaucoup de questions à savoir pourquoi nous sommes les seuls à avoir été exclus. Ce n’est pas qu’une question de maintenir le «bon ordre» c’est sûr.»

Le VP externe pense pourtant que la volonté vient de plus haut. «Costopoulos m’a donné assez d’indices qu’il n’était pas d’accord avec les expulsions sous 21(a)», dit-il. En entrevue, Costopoulos n’a pas voulu infirmer ou confirmer qu’il était sous pression pour appliquer certaines mesures. Il a simplement dit qu’il recevait des «conseils et toute sorte de feedback de beaucoup de monde de la communauté» et que ces conseils étaient parfois non sollicités.

Demandes d’accès personnelles
Chris Bangs et Micha Stettin sont parmi les étudiants à avoir demandé l’accès à leur dossier tenu par la sécurité par le biais de la loi sur l’accès à l’information. Celui de Micha fait 127 pages. La sécurité garde une trace extrêmement détaillée de ses allées et venues depuis le 7 septembre et celles de Chris, depuis le 21 janvier. Le rapport datant du 7 septembre mentionne que Micha est «extrêment actif sur le front de perturbations». Il est identifié comme le leader dans plusieurs actions dissidentes et son numéro d’étudiant accompagne son nom sur plusieurs pages. Durant une manifestation pour MUNACA (la date n’est pas inscrite) la sécurité rapporte avoir fermé le bâtiment d’administration (James) avec accès par carte seulement, parce qu’ils avaient vu Micha entrer dans le bâtiment Leacock sur caméra vidéo. Micha pense que «l’administration ne sait pas ce qui se passe sur le campus et pense pouvoir étouffer le mouvement en ciblant les personnes clés» et bien évidemment celles que la sécurité peut identifier le plus facilement, à raison. Cet argument pour expliquer l’action disciplinaire est également partagée par l’avocat Julius Grey.

Grey
Les quatre étudiants ainsi que plusieurs professeurs ont rencontré Me Julius Grey la semaine dernière. Celui-ci a envoyé une mise en demeure à Costopoulos et à Linda Starkey, associée de la doyenne aux étudiants, demandant de suspendre toutes les mesures disciplinaire injustifiées en cours ainsi que d’empêcher toute nouvelle suspension sous l’article 21 (a) du Code. «McGill nous a répondu de façon assez certaine qu’il n’y avait aucune ouverture», a révélé Me Grey.

Ce dernier se dit prêt à défendre les quatre étudiants au cas par cas, si l’affaire en vient au litige, c’est-à-dire s’il s’agit «d’accusations purement politiques» et que l’université ne peut pas fournir de preuves du sérieux des actions commises. L’avocat explique que «si les accusations leur reprochent tout simplement d’avoir été quelque part où ils ne devaient pas être, alors c’est purement politique.» Il semble que cet exemple s’applique au moins à un des étudiants exclus sous 21(a).

Étant, comme il le dit lui-même, le «produit des années soixante», Grey a connu une période où les relations entre l’administration et les étudiants étaient plus roses. «Je dînais une fois par semaine avec le principal Dr. Robertson», se rappelle l’ancien président de l’AÉUM. Durant ses études, il n’y avait pas eu de cas de discipline excepté pour John Fekete, un chroniqueur au McGill Daily qui avait publié en 1967 un article qui, selon les standards de l’époque, était obscène. «Par contre on pouvait dire n’importe quoi sur l’administration, on n’avait pas besoin d’honorer des commanditaires corporatifs et l’université nous aidait», raconte Grey.

Les absents n’ont pas tort
Costopoulos dit que, au moins pour la faculté des Arts, il y a eu une hausse du nombre de cas disciplinaires sous les articles 5(a) et 21(a) du Code de conduite de l’étudiant et des procédures disciplinaires au sein de la faculté des Arts. Entre 2008 et 2011 il y avait déjà eu une recrudescence des cas disciplinaires non académiques, passant de 67 à 193 par année. Les statistiques pour cette année n’ont pas encore été compilées. À cet effectif on compte, malgré tout, plusieurs allégations qui se sont résolues en exonération. Notamment, l’allégation faite contre Joël Pedneault, VP externe de l’AÉUM et Micha Stettin, tous deux participants au groupe Mobsquad, pour leur implication supposée dans un sit-in en soutien aux grévistes de MUNACA, en octobre 2011.

L’allégation avait été retirée, les preuves contre eux étant insuffisantes, et Pedneault n’ayant pas été présent lors de cet événement.
L’erreur s’est répétée dans le cas de plusieurs étudiants qui n’étaient pas présents à la rencontre du Conseil des Directeurs (BoG) le 31 janvier mais qui ont reçu une lettre les invitant à se présenter à une entrevue disciplinaire. La rencontre avait été interrompue et reportée à cause d’un groupe d’étudiants déguisés en pirates. Cette action de protestation s’est soldée par des sanctions disciplinaires à l’encontre de plusieurs étudiants qui y avaient participé. Micha Stettin a réclamé tous les documents le concernant compilés par la sécurité de McGill. Ces documents révèlent que la sécurité a reproduit la liste des noms des participants qui avaient orchestré une première occupation du BoG en novembre, pour savoir qui punir pour la deuxième, en janvier. Certains nouveaux ont bien sûr été oubliés dans le processus. L’article 5(a) établit que «l’étudiant ne peut, par des actes, des menaces ou autrement, faire sciemment obstruction aux activités universitaires». Cet article du Code a été invoqué pour admonester les pirates du BoG.

Intimidation
Plusieurs autres sanctions, qui n’ont cependant rien à voir avec le Code, évoquent la volonté de l’université de voir les actions nuisibles punies. Francis «Danji» Buck-Moore et Drew Childerhose, parce qu’ils avaient «fait la fête à Mendelson», ont perdu leur emploi de floor-fellow, et par la même occasion leur logis et gagne-pain. Ces deux cas de renvoi dans les résidences, bien qu’ils aient été médiatisés par le McGill Daily, ne sont pas uniques. Une personne (dont l’employeur est McGill) ayant participé à ces actions et qui souhaite garder l’anonymat, raconte avoir eu quelques problèmes à son travail qui ne semblent techniquement pas reliés à ses actions de protestations. Elle note pourtant «que le timing était suspect». On lui a reproché son retard et coupé des heures alors que cela n’était jamais arrivé avant que son nom et sa photo soient publiquement associés à des actions dissidentes. «C’est une technique d’intimidation», pense-t-elle. Une autre personne qu’elle connaît a perdu son emploi pour les mêmes raisons.

Costopoulos est maintenant submergé de cas disciplinaires à gérer, ce qui explique pourquoi beaucoup d’entre eux sont toujours en cours. Certaines allégations contre les participants à la dernière occupation ont été déjà entamées. Des entrevues ont eu lieu pour les étudiants qui ont élu domicile dans le hall du James en solidarité au #6party. Mais il est difficile de savoir ce qu’il adviendra, étant donné que tous les cas sont confidentiels et les étudiants hésitent à parler.

«Dans une période où il y a moins d’agitation, pourquoi ces administrateurs qui avaient dans mon temps une sympathie pour les étudiants, se sont-ils transformés en policiers?» C’est la question que cherche à élucider personnellement Julius Grey.

L’article Discipline: McGill met les bouchées doubles est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
« Le » Black Bloc n’existe pas https://www.delitfrancais.com/2012/03/27/le-black-bloc-nexiste-pas/ Tue, 27 Mar 2012 14:51:05 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=12214 «Tous les Black Blocs ne sont pas des anarchistes.»

L’article « Le » Black Bloc n’existe pas est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Le 22 mars, alors que plusieurs centaines d’étudiants, de parents, et de citoyens ont manifesté dans les rues de Montréal, il n’y a eu aucune arrestation. Beaucoup s’attendaient au pire étant donné la brutalité des récentes manifestations contre la hausse. On s’attendait à ce que le feu d’artifice lancé soit le signal du début des festivités orchestrées par les casseurs. Et que Line Beauchamp puisse dire, une fois de plus, qu’elle ne négociera pas avec des étudiants violents. On s’attendait «à la visite du Black Bloc».

Victor Tangermann

«Le» Black Bloc n’existe pas
Le Black Bloc n’est pas un groupe, même informel, mais une tactique. Les médias ont, faute de mieux, adopté une grammaire qui peut parfois porter à confusion. Ce n’est pas «le» Black Bloc, mais bien certains individus qui ont en commun la nécessité de garder l’anonymat pour parfois effectuer des tactiques qui sont illégales. Cette pluralité de stratégies ne vise non pas à la violence gratuite mais à mettre la lumière sur la brutalité policière, protéger les autres manifestants et éveiller les consciences.

Une partie intégrante des objectifs de la tactique est de donner conscience aux manifestants de leur relation avec les forces de l’ordre. Marc*, qui a déjà employé ces tactiques dans certaines manifestations à Montréal, pense que de là aussi découle la raison d’être de la destruction matérielle: «On abîme la propriété privée et en réaction la police fait mal au gens. Comme ça les manifestants réalisent [que la police agit en toute impunité].»

Aucun des bloqueurs que Le Délit a eu en entrevue ne pense que le Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) a besoin d’être provoqué pour réprimer les manifestants. Du moment que le trajet d’une manifestation est gardé secret, la manifestation peut être déclarée illégale. «La police est par nature brutale, ils n’ont pas besoin de nous pour les provoquer, c’est une évidence,» pense Hannah* qui utilise aussi fréquemment les tactiques Black Bloc.

Celles-ci répondent à celles des policiers. Lorsque le SPVM reste calme, ils s’organisent en bloc et font du grabuge, mais quand la police réplique, ils contribuent à la désescalade et appellent au calme. Ils essaient d’empêcher les arrestations en agrippant en groupe le manifestant visé.

Organisation
Il serait bien trop dangereux pour un individu de se montrer seul et de «bloquer» dans une manifestation sans avoir d’expérience, pense Roy.* Ce dernier et Hannah*, qui ont tous deux participé à plusieurs reprises dans des tactiques Black Bloc à Montréal, soulignent une certaine forme d’organisation entre groupes d’intérêts communs. Parfois sur des forums anonymes sur Internet, un «appel au bloc» est lancé. L’organisation reste tout de même hyper-décentralisée. Marc* dit s’être organisé au sein d’un groupe avant une manifestation et avoir rejoint un autre noyau qui se préparait à bloquer. Ce dernier leur a indiqué où se trouvait le principal contingent, qui se trouve généralement au milieu du cortège.

L’intégration se fait de manière progressive. Hannah* explique qu’elle était une habituée des manifestations et qu’à un moment elle a décidé d’employer cette stratégie. «La plupart des gens en entendent parler par des amis, ou ils ont observé les tactiques Black Bloc dans des manifestations.» Elle a participé à certaines manifestations, vêtue de noir, mains et visage couverts. Cela ne signifie cependant pas qu’elle ait à chaque fois fait de la casse. Hannah* fait également remarquer que les gens qui utilisent des tactiques Black Bloc prennent part à diverses autres actions sociales.

Identité dissimulée
Une chose est sûre, il est impossible de savoir qui ils sont, ni de les contacter. L’anonymat est la seule manière pour eux de se protéger de la police «pour pouvoir protéger les autres et renforcer les manifestations». Le noir fait en sorte que leurs pièces de vêtements sont difficilement identifiables sur des enregistrements vidéo, sur des photos, ou même dans la rue lorsqu’ils sont portés dans d’autres contextes. Photographier un Black Bloc signifie le mettre en danger.

Roy* affirme que la police garde toujours une trace comme ils peuvent des «anarchistes». «Si par exemple, je me fais prendre en photo, mes bottes sont reconnaissables et ce n’est pas quelque chose qui est facile à changer comme un t‑shirt.» Ceci explique parfois leur agressivité envers les photographes.

Le noir est aussi une façon pour les Black Blocs de se reconnaître entre eux, car ils agissent de concert une fois en bloc. Marc* note que les Black Blocs utilisent beaucoup le contact physique pour la coordination, ils évitent de trop parler, leur voix pouvant elles aussi être potentiellement identifiables.

Profilage
Cette particularité vitale pour les manifestants qui «bloquent» durant les manifestations mènent à ce que beaucoup identifient comme étant du profilage de la part du SPVM. Marc* a eu une expérience directe de profilage il y a quelques années lors d’une manifestation alors qu’il ne participait pas à des tactiques Black Bloc à Montréal. «Je marchais tranquillement vers la fin de la file et je jouais du tambour. J’étais vêtu de noir mais mon visage n’était pas couvert. Ensuite, une connaissance est venue me parler pendant à peine 45 secondes avant de partir par le métro. Il s’est ensuite fait arrêter par un policier qui lui a demandé comment il connaissait le Black Bloc.»

Hannah* pense être sur une liste de surveillance du fait de son engagement actif dans diverses causes sociales. «Le profilage ne se limite pas au Black Bloc.» Elle rappelle d’ailleurs l’existence de l’escouade GAMMA (qui relève de la division du crime organisé) qui depuis près d’un an surveille les mouvements des groupes «marginaux et anarchistes».

Parfois, des manifestants ordinaires mettent à profit cette vulnérabilité pour empêcher les tactiques de casse. Ils vont par exemple essayer de tirer le masque ou le foulard cachant le visage des casseurs. Lors de la manifestation du 13 mars 2012, par exemple, un groupe de manifestants s’est assis sur la chaussée pour empêcher des gens de fracasser une voiture de police. «Ils veulent bien paraître pour les journaux», dit Hannah*, alors que pour le Black Bloc, comme le précise Marc*, «le but n’est pas de plaire aux médias de masse ni aux middle class homeowners.»

Le SPVM dans la mêlée
Les policiers infiltrés avec les Black Bloc dans les manifestations tentent parfois de semer la pagaille. Mais ils font rarement d’arrestations majeures sur le moment car n’importe quel geste suspect pourrait mener le bloc à essayer de les chasser ou à se disperser. Ils ne sont pas si faciles à repérer. Comme les Black Bloc développent des liens serrés de confiance, ils communiquent entre eux pour essayer de repérer les intrus lors des manifestations. Marc* rappelle qu’à la suite de l’incident qui a presque coûté son œil à un manifestant, le 7 mars, des Black Bloc ont essayé dans la soirée d’aller détruire les portes des quartiers généraux du SPVM. Au sein du petit groupe, «deux hommes costauds habillés en noir ont empêché deux autres Black Bloc de briser la porte.» Le lendemain, deux arrestations avaient été effectués: celles des individus qui avaient tenté la casse au SPVM la veille.

Le SPVM n’a pas répondu aux multiples demandes d’entrevues du Délit.

Sous l’aile des étudiants?
Lors de la plus grosse manifestation nationale étudiante le 22 mars, il n’y eu aucune arrestation et pas de casse. Pour Martine Desjardins, présidente de la Fédération des Étudiant/es universitaires du Québec (FEUQ), cela ne signifie qu’une chose: la pression est sur le gouvernement. «Comme ça, il sont obligés de parler de l’enjeux et pas de parler de la casse», rajoute-t-elle.

Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de la CLASSE pense cependant, que c’est la combinaison de plusieurs types de manifestations qui permet d’exercer une pression maximale. Jusqu’à maintenant, aucun des deux regroupements n’a osé se positionner clairement sur le phénomène des Black Bloc dans les manifestations étudiantes. De part et d’autres, le discours officiel est à la non condamnation, mais de la part des individus impliqués dans des tactiques Black Bloc, les avis sont clairs: «La FEUQ déteste le Black Bloc c’est sûr» et «La CLASSE, peut-être plus bureaucratique maintenant, a toujours été tolérante d’une multitude de stratégies.»

Quant à la sécurité assurée par les regroupements étudiants nationaux, reste toujours le fameux débat si l’on doit révéler ou non le trajet des manifestants au SPVM. Gabriel Nadeau-Dubois pense qu’il n’y a aucun lien de causalité entre la présence des casseurs et le trajet donné ou pas. Il croit d’ailleurs que de garder le trajet secret relève d’une «question de sécurité». «On a observé que dans certaines manifestations passées, d’avoir donné le trajet permettait aux forces policières de réprimer encore plus les manifestants», relate Nadeau-Dubois.

Malgré tous les obstacles, Roy* pense qu’ «il n’y a aucun moyen d’arrêter un Bloc» et certainement pas la mauvaise réputation qu’on lui attribue.

* Seul les noms des trois bloqueurs ont été changés.

L’article « Le » Black Bloc n’existe pas est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
L’AÉUM de l’avenir https://www.delitfrancais.com/2012/03/13/aeum-de-lavenir/ Tue, 13 Mar 2012 14:52:17 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=11971 Le Délit vous informe sur tous les candidats intéressés à former le conseil exécutif de l'AÉUM.

L’article L’AÉUM de l’avenir est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
PRÉSIDENT

Dès le début de la campagne, on a attribué une allégeance politique à chacun des deux candidats à la présidence. Shyam Patel est l’étudiant en gestion féministe de «gauche», et Josh Redel représente ceux qui se disent modérés mais ceux que certains qualifieraient de «droite». Les deux candidats en sont conscients, mais ils ne semblent pas vouloir insister sur cette identité propre dans leurs plates-formes. Il faut d’ailleurs rappeler qu’une des promesses clés de cette campagne est la dépolarisation et la réunification du campus ainsi que la réconciliation avec l’administration.

Josh Redel est tout plein d’idées ludiques et intelligentes pour améliorer la vie étudiante, passant du chariot de nourriture sur l’allée McLennan à la réinvention des salles de classes en salles d’études le soir pour qu’on arrête d’entendre que l’université manque d’espace pour pourvoir aux divers besoins. Il en connaît aussi un peu sur la présumée apathie des étudiants, ayant considérablement accru la participation de ces derniers dans les votes de l’Association des étudiants en ingénierie, dont il est maintenant le président. Dans la même veine, il souhaite changer l’image des AG en utilisant les programmes informatiques de Webinar (réunions interactives sur le web) pour que plus d’étudiants puissent participer au processus démocratique confortablement assis dans leur sofa.

Sa plate-forme est complète mais il lui manque un petit accent politique auquel on pourrait s’attendre étant donné les circonstances. En entrevue, il dit qu’un président d’association possède «un pouvoir dangereux car il est très informé» et croit que son rôle est de mettre les choses en perspectives.

Shyam Patel croit qu’il faut prendre exemple sur son adversaire par le fait que ce dernier a gravit les échelons à l’interne (deux ans dans son association facultaire), ce qui favorise la continuité ainsi que l’expérience. C’est d’ailleurs sur ces deux atouts que Shyam dirige sa campagne. En tant que VP Finances et Opérations, il a mené à terme toutes les promesses électorales qu’il avait faites l’année dernière en entrevue avec Le Délit. Il se dit être «un robot», et il faut sûrement l’être pour vouloir revivre une année en tant qu’exécutif à l’AÉUM, surtout après celle-ci. Shyam aurait un avantage sur Josh au Conseil des gouverneurs (le président est le seul étudiant siégeant et votant au Conseil des gouverneurs). Il comprend déjà les finances de l’université et les rénovations en cours. Il croit aussi «parler le langage de l’administration» et être qualifié pour formuler des demandes d’ordre financier ce qu’il affirme être plus efficace sur cette instance que des idéologies. Cet atout lui permettra aussi de chapeauter une amélioration de l’aide financière au sein de l’université pour pallier au problème d’accessibilité déjà existant, mais que la hausse des frais de scolarité risque d’exacerber. Finalement, son rôle est de faire la liaison entre les étudiants et l’université. Par exemple, si l’université garde pour elle des informations qui sont publiques et peuvent être utiles aux étudiants, il est du rôle du président de demander qu’elles soient divulguées. Shyam a conclu l’entrevue avec le Délit en disant qu’il «ne voulait rien réformer, mais tout faire évoluer.»

VP EXTERNE

Inspirée par ses études en environnement, Robin Reid Fraser inclue une «initiative environnementale» plus ou moins détaillée dans sa plate-forme. On note l’objectif de «décourager toute association du SSMU avec les organisations qui perpétuent une nuisance à l’environnement», et «supporter les programmes de recherche en énergies renouvelables, mitigation des changements climatiques et développement durable en collaboration avec les associations facultaires» qui chapeautent ces programmes.

Joël Pedneault le présent VP externe, pense que la lutte étudiante devra se tourner l’année prochaine vers les frais des étudiants internationaux et d’autres provinces, que le gouvernement a coutume de hausser après une importante grève étudiante. Robin dit vouloir informer les étudiants sur le détail et la structure des frais de scolarité pour les étudiants d’autres provinces et internationaux mais elle doit encore elle-même le clarifier. Une des choses qu’elle veut poursuivre l’année prochaine est la mobilisation contre l’administration pour exiger d’obtenir de l’information sur où est investi l’argent au sein de l’université. Elle trouve «que le pourcentage des revenus alloués aux premiers cycles n’est pas suffisant.» Même si elle n’a pas mentionné qu’elle faisait partie du groupe Mobsquad, elle explique que c’est la raison pour laquelle elle est si informée sur ces sujets et qu’elle a présenté sa candidature comme VP externe, même si elle veut remédier à l’effet aliénant que certaines des actions du groupe ont pu avoir auprès de certains étudiants.

Par rapport à la page «communautaire» de son portfolio, elle veut favoriser l’interaction entre les étudiants anglophones qui veulent apprendre le français et les francophones de Montréal, pour que les premiers aient une opportunité de pratiquer la langue officielle de la province. Robin, quant à elle, parle français mais se dit plus articulée en anglais et a préféré faire l’entrevue avec Le Délit en anglais.

Raphael Uribe Arango ne croit pas au sous-financement de l’Université McGill et est contre la hausse des frais de scolarité. Il a fait du lobbying avec les syndicats étudiants contre la hausse des frais en Angleterre. Il a suivi Joël Pedneault au premier Congrès de la CLASSE et à deux réunions de la Table de concertation étudiante du Québec (TaCEQ). D’ailleurs, c’est à cause de sa frustration contre la TaCEQ à la suite des événements du 11 novembre, qu’il a décidé d’en faire un objectif de sa plateforme. «J’ai compris que c’était très focalisé sur les problèmes de l’université Laval et je ne sais pas à quel point la TaCEQ est capable de se mobiliser.» Il est cependant conscient que se joindre à l’ASSÉ est impossible et considère la dissociation de la TaCEQ pour former un groupe avec d’autres associations indépendantes si la TaCEQ ne manifeste pas la capacité de se mobiliser à Montréal et d’être à l’écoute des besoins de McGill. Un autre aspect de sa plate-forme qui semble intéressant: raviver les échanges et le partage de recherche avec un plus grand nombre d’universités à l’étranger.

Raphael encourage la mobilisation et les manifestations mais avec des limites: «La grève illimitée ne fait pas partie de l’identité de McGill.» Une chose à apprendre par contre pour Uribe Arango s’il est élu au poste de VP externe, est le fonctionnement du système d’Aide financière aux études (AFE), qu’il ne connaît pour l’instant que très peu. La lutte contre la hausse des frais étant presque à son sommet, et étant donné le mutisme du gouvernement, il est aussi probable que le mouvement étudiant se réoriente l’année prochaine sur des réformes de l’AFE pour assurer l’accessibilité aux études.

VP AU

Beaucoup reprochent déjà à Matthew Crawford-Appignanesi, de ne pas avoir brillé pour son tact envers l’administration à cause de sa participation active aux occupations (il tient à mentionner cependant qu’il n’était pas des occupants lors de la fête de Mendelson). Lui pense cependant qu’il a démontré qu’il était «un individu confiant et un bon orateur au sénat» et qu’il a développé de «nombreuses relations fortifiantes avec divers administrateurs», notamment lors de son travail sur le Comité du Fond d’amélioration des bibliothèques. «J’ai été efficace cette année en me battant sur les deux fronts, aux instances décisionnelles formelles et sur le terrain, et je ne crois pas qu’une de ces méthodes doit exclure l’autre» ajoute-t-il. Il travaille présentement avec la doyenne à la vie étudiante, Jane Everett sur une révision du Code de conduite étudiante et dirige le comité de révision du Green Book, à l’AÉUM.

Une proposition originale: instaurer une période de pause universelle à toutes les positions de l’université, pour que les étudiants puissent aller rencontrer leurs TA, ou bien les différents clubs, en d’autres mots, pour faciliter la participation à la vie du campus.

Un point pour Emil Briones, qui a insisté pour faire l’entrevue avec Le Délit en français. D’ailleurs, une des problématiques qu’il adresse dans sa plateforme, est celle des cours de français deuxième langue, qui sont demandés mais auxquels beaucoup d’étudiants n’ont pas accès à cause des coupures budgétaires. C’est pour lui une priorité. Emil veut aussi ramener sur la table la demande des étudiants visant à obtenirir l’amnistie académique en temps de grève. De plus, il compte s’assurer que l’université adopte une politique d’équité similaire à celle adoptée lors du dernier Conseil de l’AÉUM et désire «unifier tous les documents universitaires sur l’équité.» Emil est contre la hausse des frais de scolarité car «l’éducation est un droit» (c’est ce qui est écrit en grosses lettres sur son programme) et comprends la problématique d’accessibilité aux études. En temps que VP Affaires Universitaires, il voudrait «rechercher comment augmenter l’engagement de l’université au sein de l’aide financière.»

Haley Dinel pense qu’elle est «proche de l’administration» et que c’est ce qui la distingue de ses deux concurrents. Elle dit aussi avoir le pragmatisme nécessaire pour être capable de représenter l’opinion de tous les étudiants avec intégrité. Comme les deux autres candidats, elle est sénatrice cette année. Plusieurs de ses propositions, telles que les réunions du sénat filmées en direct et l’entrevue télévisée avec la principale, ont été mises en oeuvre presque immédiatement. Pour minimiser la polarisation au sein des voix étudiantes, il faut selon elle «apaiser les extrêmes, parce que les petits groupes qui disent représenter la majorité finissent par être aliénant pour la plupart.» Elle a tout du diplomate et, comme Matt et Emil, comprend les difficultés de faire changer d’avis l’administration. Sa stratégie: après avoir mobilisé les étudiants et les professeurs (qui sont très importants pour faire contrepoids au Sénat), choisir le moment opportun pour ramener une demande aux instances formelles et surtout la formuler dans les termes de l’administration.

VP C&S

Sahil Chaini et Allison Cooper ont toutes les deux une expérience concrète mais aussi bureaucratique des clubs et services. Chaini se range plutôt du côté des clubs, ayant été présidente de l’Association des étudiants indiens et Allison du côté des services, en tant que VP externe du Plate Club, entre autres. Elles ont toutes les deux l’habitude de travailler selon les procédures formelles et parfois décourageantes de l’AÉUM. De plus, elles ont un intérêt commun pour l’environnement et partagent la mission d’améliorer le développement durable de l’AÉUM.

Sahil pense «qu’il serait facile de mettre en œuvre une politique sur le développement durable dans les événements organisés par les clubs et les services». Elle veut également s’assurer de travailler sur le système de ventilation qui n’a pas été remplacé ou entretenu depuis que le bâtiment a été construit. Allison a contribué au plan de 5 ans du SSMU sur le développement durable. Un des points important à retenir de son approche durable est la concentration sur la mémoire institutionnelle, la numérisation de la paperasse des clubs et l’incitation positive pour que ces derniers remplissent les formulaires demandés.

«Je trouve que la fonction de représentant des clubs est sous-utilisée et pas tout à fait représentative de tous les clubs. Je me suis engagée au sein de plusieurs avec qui les représentants n’avaient jamais pris contact», ajoute Allison. Son idée de conseil des clubs serait de les regrouper par intérêt commun et que chacun de ces groupes se trouve un représentant qui pourrait faire la liaison avec le SSMU et organiser des activités communes.

Sahil est elle-même représentante des clubs et services au Conseil de l’AÉUM, et est donc habituée à communiquer leurs besoins. De plus, ayant vécu la plupart des difficultés que rencontrent les clubs dans leurs activités, elle propose des solutions déjà peaufinées à des problèmes précis. Bien sûr, elle admet que sa plateforme «s’attarde sur des détails», mais elle pense franchement que ces détails pourront changer les choses. Elle a déjà entamé le travail de rédaction de différentes politiques au sujet des clubs et services avec un autre représentant.

Les deux candidates ont une approche similaire face au problème de la demande d’espace des clubs: réattribuer les espaces à différentes fonctions (bureau, rangement, etc.) selon les besoins spécifiques des clubs. Allison propose d’utiliser ensuite le point bonus pour le développement durable qui doit être instauré d’ici peu, pour si besoin donner la priorité à certains clubs. Sahil insiste qu’il faut absolument rendre les politiques d’allocations du budget et de l’espace claires et transparentes pour ne pas donner l’impression que la décision du VP C&S et du Comité des groupes d’intérêt est biaisée.

VP INTERNE

Difficile de faire un choix, lorsque le nombre de candidats pour cette position dépasse presque celui de tous les autres candidats rassemblés. Le choix de l’électeur est d’autant plus difficile que certaines idées se retrouvent sur plus d’une plateforme. Par exemple, Samuel Sigere et Inna Tarabukhina veulent centraliser tous les événements de l’AÉUM, des clubs et des associations sur un seul et même calendrier. Robert Bell veut quant à lui s’assurer que l’association communique avec ses membres sur une plateforme rassemblant tous les réseaux sociaux sans exception.

L’objectif principal de Salar Nasehi sont les étudiants de première année. Ceux qui n’habitent pas dans une résidence s’intègrent en général moins à la vie étudiante. Ses priorités sont donc de construire le sens de communauté dans des espaces comme le James Square que les étudiants peuvent se rapproprier, et élargir les horizons en reliant les étudiants à différents groupes, communautés et initiatives informels à travers Montréal.

Diversifier les événements est une autre expression à la mode. Depuis 2 ans, le besoin de pourvoir aux étudiants qui ne boivent pas ou peu est le thème central d’une réforme du Frosh. Bien qu’elle en ait parlé en entrevue, Christina Sfeir a avoué ne pas savoir ce que signifiait le terme «social sustainability» lors du débat des candidats. Mais elle s’est renseignée depuis et souhaite se réunir avec les groupes tels que Queer McGill et les francophones, ainsi que le SSPN (programme de réseautage au sein de l’université) pour diversifier Frosh.

Christina et Michael Szpejda mettent un peu plus l’emphase que les autres sur les équipes sportives. Christina voudrait travailler avec Red Thunder et les comités des équipes Varsity pour les aider à organiser des événements à leur sauce et elle veut augmenter les bus disponibles pour permettre aux étudiants d’aller voir les matchs à l’extérieur. Michael a dit au débat «vouloir essayer d’avoir des stars comme Jay Z pour le homecoming».

On reproche à Robert de ne pas avoir d’expérience au SSMU, ce qu’il ne pense pas être difficile à acquérir, bien que demandant. Il veut faire la promotion des artistes de McGill avec plus de soirées intimistes au Gerts mais aussi en organisant des événements dans des lofts ou des bars locaux, avec lesquels il a déjà développé beaucoup de liens. Pour ce qui est du budget, il a lancé un café-coop dans sa ville natale, Calgary, et a donc «l’habitude des budgets de plusieurs milliers de dollars».

Inna a beaucoup été inspirée par sa participation à l’organisation du Sustainable Case Competition et pense appliquer ce concept à plusieurs projets, comme une compétition pour le Frosh le plus vert, entre les facultés. Katie Larson et elle insistent sur la nécessité de revisiter la formation des Frosh leaders et s’assurer qu’ils puissent être une ressource tout au long des années d’études.

Ayant assisté à plusieurs reprises au Conseil de l’AÉUM et en tant que présidente de l’association des étudiants de musique, Katie a conscience des problèmes de communications qui sont survenus entre différents groupes cette année, et note l’importance de s’engager de manière proactive dans une communication directe et impartiale avec les membres de l’AÉUM. Elle connaît aussi déjà le personnel du Gerts et du bâtiment Shatner avec lesquels elle devra travailler si elle est élue.

Samuel veut s’occuper des francophones. Il pense qu’ils sont une partie intégrale de la communauté et voudrait s’assurer que toutes les communications des associations facultaires et de l’AÉUM soient bien traduites, ce que pourrait faire la CAF. Comme Inna, pour adresser le problème d’équité il pense organiser des semaines ou des événements à thèmes, pour promouvoir les différentes cultures. En temps que VP externe de l’association des étudiants en science, il veut «jouer le rôle de catalyseur» pour promouvoir les liens entre les facultés et donc entre leurs étudiants.

VP FOpé

Zhi Zhen Qin a toutes les bonnes réponses. Elle connaît déjà les dessous du projet de café étudiant, y compris son emplacement, qu’elle doit garder confidentiel. Elle est prête à négocier avec l’administration s’il est nécessaire et même entamer des rénovations pour que le café voie le jour à la date prévue. Elle se sent aussi sûre d’elle même quant à sa compréhension du budget de l’AÉUM, dont elle a expliqué la structure de base, lors d’une entrevue avec Le Délit. Elle souhaite utiliser ce savoir pour continuer la politique de «porte ouverte» du présent VP FOpé afin d’expliquer le budget aux autres exécutifs mais aussi à tous les membres de l’association. Toute sa plateforme est d’ailleurs basée sur l’exécution judicieuse de tous les projets entamés par Shyam Patel, présentement VP Fops et candidat à la présidence de l’AÉUM. Elle dit «qu’étant donné qu’il est impossible de savoir la situation financière de l’AÉUM une fois que les rénovations de Gerts et du deuxième étage seront accomplies», elle préfère attendre avant de faire des promesses pour de nouveaux projets.

JP Briggs semble avoir tout à fait compris son portfolio. Il est d’ailleurs confiant que ses études en Finances et opérations le qualifient particulièrement pour la tâche de VP Fops. Même s’il a entendu parlé du projet de café étudiant alors que le comité était déjà formé, ce projet l’intéresse beaucoup. Il dit avoir l’habileté pour s’adapter aux petits problèmes qui surgiront dans le processus et d’être en mesure de pouvoir mener à bien le plan d’affaires qui doit être approuvé par le Conseil de l’AÉUM dans les prochaines semaines. Zhi Zhen a quant à elle participé à la rédaction de ce plan d’affaires, étant sur le comité du café étudiant. Ce projet est le petit bijou de Patel et doit voir le jour en septembre prochain. JP a quant à lui quelques idées personnelles qu’il aimerait implémenter, comme un service de livraison sur le campus, opéré par le café étudiant. Il pense aussi que les clubs et les services du SSMU «pourraient utiliser l’aide d’un groupe de travail de consultants en marketing», avec comme but final de «fusionner les différentes partie du campus». Il souhaite aussi restructurer les opérations de l’AÉUM car il pense que certains services, notamment en comptabilité pourraient se faire plus rapidement. JP est cependant mal vu par certains pour avoir activement participé à l’organisation du «Tribal Frosh» de la Faculté de gestion Desautels, qui a été grandement critiqué pour son caractère raciste et par la suite renommé.

Claire Michela était là lors de l’échec du Haven Books et va prendre toutes les mesures nécessaires pour que ça n’arrive pas au futur café étudiant. Elle possède aussi un atout dans ce dossier, celui d’avoir suivi de près les négociations avec l’université pour le bail du bâtiment Shatner. Son projet à elle, ce sont les pay-as-you-go minicourses qui seraient donnés par les différents clubs spécialisés dans Gerts. Une manière croit-elle, «pour les clubs de se faire un peu d’argent» et pour les étudiants ne pas devoir s’engager dans tout un semestre de cours. Claire est la secrétaire du Conseil de l’AÉUM. Elle comprend donc très bien les procédés de l’Association et ses projets en cours. Elle a aussi l’habitude de devoir résumer les bilans financiers pour les minutes des réunions. Claire est donc un atout incroyable pour la mémoire institutionnelle au sein de l’exécutif.

L’article L’AÉUM de l’avenir est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Les étudiants manquent à l’appel https://www.delitfrancais.com/2012/03/06/les-etudiants-manquent-a-lappel/ Tue, 06 Mar 2012 14:44:00 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=11752 Le prochain rendez-vous sera-t-il plus fréquenté?

L’article Les étudiants manquent à l’appel est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
À la demande de la principale Heather Munroe-Blum et pour tenir les promesses du rapport Jutras, Christopher Manfredi, doyen de la Faculté des arts, a lancé une série de forums ouverts sur la liberté d’expression et l’association pacifique. Le premier de cette série de quatre forums a eu lieu le jeudi 1er mars au Moyse Hall de la Faculté des arts.

Nicolas Quiazua | Le Délit

À en croire le peu d’étudiants présents, il n’y aura pas beaucoup d’ambassadeurs pour passer le mot. La tenue d’un événement se voulant rassembleur et rassurant dans une salle de théâtre d’une froideur d’église n’a pas contribué à tempérer l’atmosphère. Courtney, la dernière étudiante au micro avant la conclusion de la rencontre, a fait remarquer qu’elle ne se sentait pas à l’aise de parler dans ce contexte:

«Je ne me sens pas confortable de parler ici, et je vais vous expliquer pourquoi. D’un, ce débat est assez formel, j’aurais aimé avoir une conversation plus décontractée avec les administrateurs. C’est ce à quoi je m’attendais en tout cas. De deux, la scène et les micros n’aident pas non plus.»

Les administrateurs ont l’habitude d’être filmés dans certaines circonstances comme au sénat, pour légitimer le processus consultatif. Cependant, ils ont pleinement conscience du malaise qu’ont beaucoup d’étudiants se retrouvant devant la caméra sans leur consentement. Rappelons que cette pratique, qu’affectionnent particulièrement les gardiens de sécurité sur le campus, remonte aux débuts des troubles, lorsque les étudiants protestaient pour MUNACA.

«Une autre chose qui me rend mal à l’aise est qu’il n’y a ici que 40 personnes et que les étudiants sont une minorité», ajoute Courtney.

Nicolas Quiazua | Le Délit

Pour qu’il y en ait plus la prochaine fois, Manfredi a proposé que les présents «en parlent à leurs amis». Le problème de la participation aux forums organisés par des étudiants pour des étudiants s’est plutôt amélioré depuis les deux occupations, car plus d’étudiants, sans tout à fait se sentir concernés, sont en tout cas interpellés. Pourtant aux forums animés par l’administration, la présence étudiante se fait rare.

Courtney a conclu en disant qu’en s’adressant au micro à Manfredi, devant la salle quasi vide, elle avait l’impression de valider ce type de consultation alors que c’était précisément ce qui nourrissait son malaise.

Outre le contexte, l’événement n’était pas sans intérêt. Le moment le plus fort était un duel rhétorique entre deux adversaires aux talents complémentaires. Catherine Lu: professeur de théorie politique s’est d’abord livrée à un exercice de mise en situation intellectuelle pour démontrer que l’occupation du #6party était pacifique. Le fait que l’action ait perturbé les activités des employés du James n’est à son avis pas un argument contre, étant donné que cela peut faire partie des moyens de pression utilisés pour obtenir gain de cause. Lyne Thibault, conseillère juridique de l’université, a demandé à Lu de clarifier la question pour savoir où se trouve la limite de l’association pacifique. «Quand les occupants sont turbulents, bruyants et empêchent les employés de discuter avec eux, ce degré de violence verbale ne signifie-t-il pas qu’ils ont dépassé la limite de l’association pacifique?» Ce à quoi Lu a répondu que «la question n’est pas de savoir si la limite du pacifique a été franchie empiriquement, mais à quel point l’université devrait utiliser la force pour faire sortir ou disperser les manifestants.» Catherine Lu a par ailleurs été formée par la police de Vancouver comme opératrice du 911 lorsqu’elle était étudiante au premier cycle. Reconnaître une situation de crise, où l’intervention de la police était requise faisait partie de ses fonctions.

Deux principales conclusions sont ressorties parmi les interventions diverses. D’abord, qu’il n’est pas constructif de déterminer un endroit précis et délimité où les étudiants auraient le droit de manifester tel que demandé dans le nouveau protocole établi par l’université. Il est de l’avis de Lu que «c’est une grave erreur d’avoir choisi où les étudiants peuvent protester». La deuxième pousse à réfléchir. «L’université répond aux interrogations de ses étudiants» a affirmé un employé du James. Le manque d’engouement pour ce genre de forum réitère l’insatisfaction de plusieurs quant à la «réponse» de l’université effectuée sous forme de consultations unilatérale.

La prochaine consultation le 12 mars, endroit à déterminer.

À lire sur le web, la version plus piquante de cet article dans la section Blogue actualités.

L’article Les étudiants manquent à l’appel est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Entendu au Forum ouvert sur la liberté d’expression et l’association pacifique https://www.delitfrancais.com/2012/03/03/entendu-au-forum-ouvert-sur-la-liberte-dexpression-et-lassociation-pacifique/ Sat, 03 Mar 2012 19:55:39 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=11515 Pour tenir les promesses du rapport Jutras, Christopher Manfredi, doyen de la faculté des arts a lancé une série de forums ouverts sur ces sujets.

L’article Entendu au Forum ouvert sur la liberté d’expression et l’association pacifique est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Est-ce que le prochain rendez-vous sera plus peuplé?

À en croire le peu d’étudiants présents, ils n’y aura pas beaucoup d’ambassadeurs pour passer le mot. La tenue d’un événement se voulant rassembleur et rassurant dans une salle de théâtre d’une froideur d’église n’a pas contribué à tempérer l’atmosphère. Courtney, la dernière étudiante au micro avant la conclusion de la rencontre, a très justement fait remarquer qu’elle ne se sentait pas à l’aise de parler dans ce contexte:

«Je ne me sens pas confortable de parler ici, et je vais vous expliquer pourquoi. D’un, c’est assez formel, j’aurais aimé avoir une conversation plus décontractée avec les administrateurs. C’est ce à quoi je m’attendais en tout cas. De deux, la scène, les micros, n’aident pas non plus.»

Étrangement, juste avant qu’elle ne prenne la parole en regardant une des caméras, je me faisais la réflection que les administrateurs avaient peut-être l’habitude d’être filmés dans certaines circonstances comme au sénat, pour légitmiser le processus consultatif. Cependant, ils ont pleinement conscience du malaise qu’ont beaucoup d’étudiants  se retrouvant devant la caméra sans leur consentement. Rappelons que cette pratique, qu’affectionnent particulièrement les gardiens de sécurité sur le campus, remonte au débuts des troubles, lorsque les étudiants protestaient pour MUNACA.

«Une autre chose qui me rend mal à l’aise est qu’il n’y a ici que 40 personnes et que les étudiants sont une minorité.»

Pour qu’il y en ait plus la prochaine fois, Manfredi a proposé que «l’on en parle à nos amis». Le problème de la participation à ce genre de forums s’est plutôt amélioré depuis les deux occupations, car plus d’étudiants, sans tout-à-fait se sentir concernés, se sentent en tout cas interpellés. Mais je retire ce que j’ai dit. C’est justement à ce genre de forums, c’est-à-dire ceux qui impliquent une interaction entre une administration qui prétend  la consultation et des étudiants plus ou moins désabusés par cette prétention, que la présence étudiante se fait rare. N’empêche que si l’invitation venait sous forme de carte ludique comme celle des occupants et non dans un de ces MROs que nous avons appris à détester, l’effectif s’en verrait peut-être accru.

«J’ai l’impression qu’en m’exprimant ici, en ce moment, je suis entrain de valider ce type de consultation.»

Alors que c’est précisément ce qui nourrit son malaise.

Pourtant l’événement n’étais pas du tout sans intérêt. Le moment le plus fort était un duel réthorique entre deux adversaires aux talents complémentaires. Lyne Thibault, conseillère juridique de l’université et attaquante futée. Arme: une question rhétorique; savoir où se trouve la limite de l’association pacifique. Catherine Lu: professeur de théorie politique à la défense philosopique de plomb. Arme: la nuance bien pensée.

Thibault: «Quand les occupants sont turbulents, bruyants et empêchent les employés de discuter avec eux, ce degré de violence verbale ne signifie-t-il pas qu’ils ont dépassé la limite de l’association pacifique?»

Lu: «La question n’est pas de savoir si la limite du pacifique a été franchie empiriquement, mais à quel point l’université devrait utiliser la force pour faire sortir ou disperser les manifestants.»

Potin intéressant pour les étudiants en théorie politique: Catherine Lu a été formée par la police de Vancouver comme opératrice du 911 lorsqu’elle était étudiante.

Nicolas Quiazua | Le Délit
On retient deux chose:

«C’est une grave erreur d’avoir choisi où les étudiants peuvent protester» (Lu) Il n’est pas constructif de déterminer un endroit précis et délimité où les étudiants auraient le droit de manifester tel que demandé dans le nouveau protocole établi par l’université.

«L’université répond aux interrogations de ses étudiants» a affirmé un professeur. Réflexion pour la postérité: à quoi bon répondre par des consulations unilatérales? La prochaine consultation: le 12 mars, endroit à déterminer.

Délectez-vous du spectacle sur BCoolTV, la chaîne de télévision favorite de la communauté mcgilloise.

L’article Entendu au Forum ouvert sur la liberté d’expression et l’association pacifique est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Entre hommes https://www.delitfrancais.com/2012/02/28/entre-hommes/ Tue, 28 Feb 2012 14:55:29 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=11362 DLP déconstruit les stéréotypes des fraternités.

L’article Entre hommes est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Samuel était un peu sceptique au début. Les fraternités ne sont pas un terrain connu pour les francophones à Montréal, mais plutôt un champ fertile aux stéréotypes de fêtes excessives et de la concurrence académique. «Je suis allé au rush week et puis j’ai participé à une activité très ordinaire, un karaoké… J’ai parlé à des gens là-bas et je me suis rendu compte que DLP n’avait rien à voir avec les stéréotypes qu’on se fait des fraternités habituellement,» raconte-t-il.

Matthieu Santerre | Le Délit

Delta Lambda Phi n’est pas une fraternité comme les autres. Elle est ouverte aux homosexuels, bisexuels et hommes ouverts d’esprits. Elle a un caractère social, mais également un propos social. L’alcool est interdit pour tous les membres lors des événements officiels. Lors de la Greek Week à McGill, ils ont volontairement décidé de se dissocier et de ne pas participer aux étapes de calage de bière. La fraternité a aussi une politique anti-bizutage lors des initiations. L’excellence académique y est cependant de mise, le GPA des membres servant entre autres à les classer sur l’échelle d’excellence maintenant internationale.

Que dire d’une fraternité gaie?  «Le sens de confrérie doit être le même que dans toutes les fraternités,» insiste Samuel. Les intéressés qui démontrent vouloir faire partie de la fraternité pour développer des liens romantiques ou sexuels avec les membres ne sont pas retenus. Cela va dans le sens de la politique «hands-off» de DLP qui interdit formellement toute relation non-fraternelle entre les mentors et leurs nouvelles recrues durant la période de formation de deux mois. Après cette période, il arrive que des sentiments amoureux et sexuels se développent entre confrères. Cependant, les nouveaux couples sont fortement encouragés de faire part de leur relation à tout le groupe. Quand ils sortent entre confrères, le port du macaron à l’effigie de DLP est interdit pour ne pas associer le comportement des individus à celui des membres de la fraternité. «On essaie de contrôler les pulsions parce que justement quand on sort dans un club les gens peuvent nous identifier à la fraternité. Et puis si deux membres se french sur la piste de danse, c’est le genre d’image et de stéréotypes auxquels on ne veut pas être associés,» explique Samuel.

Ces événements sociaux sont de coutume faits pour que les membres d’une sororité et d’une fraternité se «mélangent». Samuel raconte que les sororités les ont souvent invités à ce genre de soirées. «Elles sont contentes de pouvoir s’amuser aves nous sans avoir cette constante pression de devoir flirter». Ils n’ont jamais été invités par aucune fraternité, mais dans les événements où toutes les fraternités et sororités sont réunies, Samuel n’a jamais fait l’expérience d’attitudes homophobes.

Les frères passent à peu près dix heures par semaine entre eux, dont deux heures sont consacrées à des réunions officielles pour coordonner les différentes missions de la fraternité. Les confrères se soutiennent mutuellement dans leurs épreuves communes. Samuel raconte qu’il venait juste de faire son coming-out à ses amis avant d’entrer à DLP. «Sortir du placard c’est quelque chose qui a suscité beaucoup de questionnements en moi et c’est d’en parler avec mes amis de DLP qui m’a donné le courage de le dire ensuite à mes parents.»

Depuis ses débuts, la fraternité est critiquée par le groupe Queer McGill pour son caractère exclusif au genre masculin. Cependant, comme l’explique Sam Reisler, qui avait initié les démarches pour former DLP il y a 3 ans, «les fraternités sont fondées sur le principe d’expériences communes qui permettent de créer des liens durables.» Samuel remarque aussi que bien que seulement des hommes soient acceptés au sein de la fraternité, les individus ne sont pas questionnés sur leur genre lors de la sélection. «Aux États Unis, une personne née homme est entré dans la fraternité et puis après un an, avec les soutien des membres, il est devenu femme, mais personne ne l’a rejeté», relate Samuel. Il pense d’ailleurs que ce cas démontre qu’ils sont, contrairement aux critiques, «trans-friendly». «Moi ce que je trouve incroyable de DLP c’est qu’on a introduit un microcosme LGBT dans une monde ultra-masculin», conclue Samuel.

L’article Entre hommes est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Caligula (Remix) https://www.delitfrancais.com/2012/02/28/caligula-remix/ Tue, 28 Feb 2012 14:12:27 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=11371 La célèbre pièce d’Albert Camus revisitée avec modernité et tendance.

L’article Caligula (Remix) est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Pour cette interprétation de Caligula mise en scène  par Marc  Beaupré, la particule (remix)  n’est  pas  simplement une   excuse   pour  réinterpréter le classique d’Albert  Camus. Le spectacle, déjà  joué  et  acclamé en   2010, revenait  à  Montréal pour le festival Montréal en Lumière.  Très à point  justement, grâce  au  style  dénudé et électrique de la pièce.

Photo: François Blouin
Caligula est le maître de cérémonie  et   dirige   les   vocalises comme le fait son personnage  avec   les   vies   de   ses sujets. Emmanuel  Schwartz, qui  a déjà travaillé  avec Beaupré dans le triptyque Chroniques, est  dantesque par sa stature et sa froideur. Le spectateur est plongé   dans   sa  tête   par   l’univers bruyant qu’il orchestre. On n’assiste  pas,  on ressent le «suicide   supérieur» de l’empereur trop  puissant.

Le cœur et le coryphée évoquent la tragédie romaine qui était le cadre du texte original. Les clameurs et  le grandiose du son  font  en  sorte   que  le  spectateur n’est pas complètement dépaysé.  Pourtant, la première impression donnée par  la  mise en  scène  est que  nous assistons à  une lecture de  texte préliminaire à la pièce.  C’est  un  petit clin  d’œil  à  l’ultramoderne des arts   de  la  scène.   Les  Romains sont en jeans et espadrilles. Mais  c’est aussi  un  rappel  de ce qui est réellement en train de se passer:  la recréation spontanée de l’espace par les rappels sonores.

L’auditoire se laisse emporter par  les rythmes élémentaires pour  tout   à  coup   être   surpris par la crudité du texte (ou se retrouver à  regretter de  ne  pas l’avoir lu). Mais qu’importe puisque les voix le rattrapent ensuite  par   le  bras   pour  une autre  envolée.

Étrangement, Caligula a tout  du  théâtre mais  aucun des éléments classiques auxquels nous sommes habitués: les  décors  mouvants, les costumes, le texte  linéaire  sont  absents de la représentation.

Marc Beaupré   est   connu pour  son  interprétation de pièces  authentiques d’auteurs québécois,  tel  que   2  frères   et Le  négociateur. Dans  la  même lignée que Caligula (remix) Beaupré prépare deux  pièces classiques réinventées: Dom Juan (uncensored)  et L’Iliade (showdown),  un   projet    hybride mi-théâtral, mi battle de rap.

L’article Caligula (Remix) est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Représentation fragmentée https://www.delitfrancais.com/2012/02/14/representation-fragmentee/ Tue, 14 Feb 2012 14:42:34 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=11193 #6party relance le débat sur le campus à propos de la «majorité silencieuse».

L’article Représentation fragmentée est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
En réponse à l’occupation qui a débuté le 7 février, Beni Fisch, Kayla Herbert, McKenzie Kibler, ainsi que quatre autres étudiants, ont lancé un groupe Facebook intitulé «Les occupants du sixième étage du James ne me représentent PAS» (The James 6th Floor occupiers do NOT represent me.) Aux dires de son créateur, ce groupe serait la première étape d’un effort de mobilisation pour faire contrepoids aux «radicaux» du mouvement militant MobSquad, créé il y a un an et demi, avec la fermeture du Arch Café.

L’AÉUM, l’instance politique représentant sur papier tous les étudiants du premier cycle de l’Université, a rendu publique sa position sur l’occupation en cours le 10 février, jour du conseil de l’AÉUM. Les conseillers ont eu quelques difficultés à se mettre d’accord sur un énoncé qui puisse représenter l’opinion de tous leurs électeurs. La question de la représentation a ressurgi car certains conseillers se sont sentis interpellés par la notion de «majorité silencieuse», que les opposants à l’occupation prétendent représenter. Carol Fraser, Vice présidente des comités et services, pense que certains politiciens étudiants «ont peur d’être accusés de ne pas représenter leurs électeurs. Ce faisant, ils risquent de ne pas s’apercevoir de la frustration de leur propres électeurs.» Cela les mène dans certains cas à avoir recours à leurs propres moyens pour se faire entendre.

Carol Fraser pense qu’il est important de séparer le groupe «silencieux» –formé par les étudiants qui ne participent pas à la politique étudiante ou aux débats publics– du concept de «majorité». Les «silencieux» condamneraient peut-être les moyens utilisés par les occupants, comme les quatre présidents des plus grandes associations facultaires (voir encadré ci-contre). En outre, il est possible, comme le note Carol Fraser, que les demandes du #6party soient partagées par cette masse silencieuse, qui n’ose pas s’exprimer car «il est difficile d’exposer une position nuancée dans le contexte actuel». Une étudiante disant avoir «un groupe d’amis très apathiques» réitère cette affirmation: «La plupart des gens modérés ne sont pas à l’aise dans les forums publics car les voix qui y participent sont souvent très polarisées.»

Plusieurs étudiants n’ont pas apprécié la rhétorique festive de l’occupation.  «Le résultat le plus important de notre party a été de créer quelque chose de nouveau, de reconfigurer cette espace,» explique Kevin Paul. Certains participants à l’événement «Our McGill» visant à encourager la discussion collective le lundi 13 janvier, se sentaient inclus dans l’occupation à cause des demandes faites «au nom des étudiants». Michael Di Grappa écrivait, dans un des MRO du 9 janvier «nous ne pensons pas que ces individus représentent les étudiants.» Pourtant, Kevin Paul affirme qu’ils n’ont jamais prétendu représenter qui que ce soit d’autre qu’eux-mêmes tandis que les membres militants du groupe Facebook écrivent «nous  sommes la majorité silencieuse».

Nadav Slovin, un étudiant engagé, trouve inadmissible que sa voix soit niée au nom de ceux qui ne se prononcent pas. Il dénonce que «Brendan Steven [membre actif du groupe des non-représentés ndlr] ne peut pas parler au nom des 2000 étudiants silencieux.»

McKenzie Kibler dit que son groupe, qui prendra le nom ludique de Mod Squad, va passer à une étape plus active, bien qu’il lui était impossible pour le moment de préciser quelles actions seront entreprises. Certains parlent de former un parti politique étudiant pour les représenter dans les différentes instances politiques étudiantes mais «on en est pas encole là» estime M. Kibler.«On veut peut-être apporter certains changements dans les statuts de l’AÉUM pour arriver à une démocratie plus directe.»

Néanmoins, plus de personnes ont voté lors du référendum de GRIP‑Q/CKUT que lors des élections pour les candidats à l’AÉUM. Pour bien des gens, il est donc difficile de comprendre pourquoi la démocratie au sein du corps étudiants (et non au sein de l’administration) est remise en question. Une chose est sûre, les deux occupations ont réussi à relancer le débat.

Réaction des quatre présidents: nuancée

Les présidents des quatre plus grandes associations facultaires (Art, Science, Gestion et Génie) ont publié une lettre ouverte le deuxième jour de l’occupation pour condamner les moyens utilisés par les occupants ainsi que le fait qu’ils empêchaient toute tentative de résolution du conflit de la part de l’administration. Il est écrit que «En tant que leaders étudiants, nous notons que les tactiques utilisées présentement aliènent une majorité des étudiants à McGill, beaucoup d’entre eux étant d’accord avec le but ultime des occupants, cependant refusent d’autoriser de tels moyens pour y arriver.»

Réaction des diplômés: engagée

Des diplômés qui, dans leur passé universitaire, participaient activement à la politique étudiante, ont réagit à la lettre des quatre présidents. Ils «supportent entièrement la fête du sixième étage» car des actions de ce genre sont un «dernier recours logique quand tout les autres moyens de négociation sont épuisés». Ils trouvent que les présidents qui ont rédigé la lettre sont «bien naïfs» de penser qu’il y a d’autres moyens efficaces d’engager la conversation avec l’administration et d’influencer les décisions prises unilatéralement. Ils notent aussi qu’il est pratique pour l’administration que le vent de la discorde s’efface avec la fin des études des militants. Finalement, ils critiquent le manque de leadership des présidents étudiants qui nuancent leur position en condamnant les moyens mais pas les buts.

Réaction des groupes syndicaux et étudiants: solidaire

La CLASSE, notamment, a officiellement apporté son soutien aux occupants dans un communiqué paru le 11 février. «Les revendications des étudiantes et des étudiants sont tout ce qu’il y a de plus légitimes. Il est dans la mission de l’université de favoriser le développement de l’esprit critique et l’implication citoyenne», commentait Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole adjoint de la CLASSE. L’occupation du #6party a aussi été appuyée par les syndicats MUNACA, AFPC-Québec et l’AGSEM qui condamnent la réponse de l’administration. Ces derniers associent le déni du référendum étudiant par l’administration avec sa constante attaque à la liberté d’expression. Le 13 février vers midi, un peu plus de 24 heures après l’éviction des occupants du sixième, le syndicat de MUNACA se joignait aux étudiants pour scander son mécontentement vis-à-vis du nouveau protocole énoncé par l’Université McGill. Le président de MUNACA, Kevin Whittaker, soulignait que le manque de communication entre l’administration et les occupants était un dénominateur commun avec les enjeux soulevés par MUNACA lors de la grève de la session dernière.

L’article Représentation fragmentée est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
La santé au plus offrant https://www.delitfrancais.com/2012/01/31/la-sante-au-plus-offrant/ Tue, 31 Jan 2012 14:40:33 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=10731 L’accès aux médicaments génériques menacé par une entente de libre-échange entre le Canada et l’Union Européenne

L’article La santé au plus offrant est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Alors que l’Europe tente de résoudre la crise de la dette, Stephen Harper doit présenter sa vision de l’économie canadienne au Forum économique mondial à Davos, cette semaine. Un de ses principaux objectifs sera de faire la promotion de l’accord de libre-échange avec son partenaire outre-Atlantique  auprès de son «auditoire» canadien. Ottawa est dans la dernière ligne droite des négociations sur l’Accord économique et commercial global (AÉCG) Canada-UE, un processus marqué par son opacité. À moins que l’opinion publique ne se fasse entendre pour exiger un véritable débat de société, on peut s’attendre à la signature du traité d’ici quelques mois.

Matthieu Santerre | Le Délit

Pourtant, l’AÉCG inquiète. Nombre d’organisations civiles l’ont condamné; certaines municipalités ont même envisagé une exemption, de peur d’assister à une arrivée massive des multinationales européennes. Mais surtout, l’AÉCG touche une corde depuis toujours sensible pour les provinces canadiennes, à savoir, la santé publique. Les changements demandés par l’UE en matière de propriété intellectuelle pourraient grandement affecter le coût des régimes d’assurance médicaments.

Perte de vitesse pour les génériques

Le gouvernement du Québec a confirmé, en date de l’écriture de cet article, que «l’UE demande, en effet, une harmonisation du régime canadien de brevet avec le sien, une prolongation de la durée de la période d’exclusivité d’utilisation des données des entreprises pharmaceutiques innovatrices et l’octroi d’un droit d’appel équitable pour ces dernières». En somme, ces propositions signifient que l’exclusivité commerciale des brevets pharmaceutiques de marque serait prolongée de trois ans et demi en moyenne, selon un rapport publié par l’Association canadienne du médicament générique (ACMG), en février 2011.

Le Canada pourrait voir le coût de sa facture «médicaments» augmenter de 2,8 milliards de dollars annuellement, soit, pour le Québec, une augmentation de 785 millions par année, toujours selon le lobby du médicament générique. Cependant, le gouvernement note que «l’étude de l’ACMG ne fait qu’évaluer les coûts possibles d’une extension des brevets, sans considérer l’apport des entreprises pharmaceutiques innovatrices à l’économie québécoise». Les compagnies de recherche pharmaceutique du Canada (Rx&D) vont jusqu’à dire que «l’industrie des médicaments génériques traîne une longue histoire d’exagération avec elle», tout en reconnaissant le fait que «le contenu final de l’entente est inconnu».

Cela fait près d’un an que les exigences européennes ont filtré de la table des négociations et il semblerait que, sur ce point, les discussions n’aient pas progressé. Daniel Charron, directeur de l’ACMG au Québec, pense que «c’est un élément qui sera négocié à la toute fin». Selon lui, rien n’est finalisé à l’heure actuelle.

Intérêts pharmaceutiques

Le Réseau québécois sur l’intégration continentale (RQIC) s’inquiète lui aussi des répercussions de la «modernisation» du régime canadien de propriété intellectuelle sur l’accès aux génériques. Dans un argumentaire publié en mars 2011, le réseau soutient que «dans le cadre de l’AÉCG, les lobbies pharmaceutiques font pression pour obtenir une prolongation de la période d’exclusivité des médicaments».

Le Canada représenterait un énorme marché pour l’industrie pharmaceutique européenne. Selon monsieur Charron, celle-ci profiterait grandement de l’AÉCG. Le porte-parole avance que les compagnies pharmaceutiques sont un important lobby en Europe et que «les associations filiales au Canada, leur relayeur, ont travaillé très fort». Le lobby pharmaceutique et le gouvernement québécois misent tous deux sur la modernisation du régime de propriété intellectuelle pour stimuler la recherche et le développement des médicaments novateurs et attirer les investisseurs. «L’Histoire démontre que toutes les fois que notre propriété intellectuelle au Canada a été améliorée, cela a apporté des investissements» affirme Rx&D.

L’argumentaire de la RQIC rappelle également que Clément Gignac, alors ministre du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation (MDEIE) en 2010, soutenait l’expansion de l’industrie biopharmaceutique de marque au Québec, et demandait le soutien du ministre du Commerce international pour la prolongation des brevets pharmaceutiques. Selon Claude Vaillancourt, porte-parole du RQIC et co-président d’ATTAC-Québec, «la position du gouvernement québécois n’a pas changé».

Le Québec est déjà bon dernier quant à la part des médicaments génériques sur le total des médicaments prescrits. Cependant, le MDEIE soutient dans un courriel que «le Québec a l’intention de continuer à offrir à sa population un accès universel aux médicaments, brevetés ou génériques, par le biais de son régime public d’assurance médicaments, encadré par la Loi sur l’assurance médicaments et ce quel que soit le résultat des discussions avec l’UE».

Les services publics de santé privatisés?

Un autre chapitre de l’Accord de libre-échange a alerté le réseau d’organisations sociales ainsi que son partenaire national, le Trade Justice Network et d’autres organismes comme le Conseil des Canadiens. Il s’agit du chapitre sur les services publics que les gouvernements du Québec et du Canada offrent de livrer au libre-échange, ce qui pourrait potentiellement mener à la privatisation de certains de ces services.

Depuis que circulent des documents révélant la liste des services publics exemptés de l’Accord, il est possible que les pressions civiles s’intensifient pour forcer le gouvernement fédéral à tenir un débat public avant de clore les négociations. C’est en tout cas ce que demandent les organisations impliquées.

Les propositions (faites en juillet dernier par le Québec et les autres provinces) n’ayant pas été divulguées, il est impossible de savoir si ces offres sur les marchés publics touchent les services de santé. Pierre-Yves Serinet, du RQIC, pense que cela est vraisemblable. «Le hic, c’est que les documents [qui ont fait l’objet d’une fuite] ne mentionnent les services publics que de façon très superficielle» note-t-il. Contrairement aux marchés publics, pour lesquels les partenaires commerciaux doivent établir une liste de ceux qu’ils proposent d’ouvrir, les offres concernant les services n’ont pas à être spécifiées. Tout dépend cependant du débat au niveau national, à savoir ce qui est qualifié de service public, et si les gouvernements provinciaux sont ouverts à une interprétation large permettant de faire appel à l’entreprise privée pour livrer ces services. À partir du moment où cette marge de manœuvre existe, le domaine de la santé pourrait être sujet à la concurrence européenne.

Compte tenu du soutien des provinces les plus concernées (ce sont les régimes d’assurance médicaments du Québec et de l’Ontario qui seraient les plus affectés selon l’ACMG) et de la puissance notoire des lobbies pharmaceutiques, il est peu probable que le Canada fasse marche arrière sur la prolongation des brevets pharmaceutiques. Plusieurs pistes indiquent que les Canadiens devront faire face à une conjoncture défavorable pour la santé si l’AÉCG est conclu tel que négocié à l’heure actuelle.

L’article La santé au plus offrant est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Vaincre le thermostat https://www.delitfrancais.com/2012/01/24/vaincre-le-thermostat/ Tue, 24 Jan 2012 15:00:09 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=10529 Igloofest: un samedi de janvier, moins vingt degrés celsius, trois DJ et dix mille danseurs effrénés

L’article Vaincre le thermostat est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Institution plus périlleuse  que son grand-frère le Picnic électronique,  Igloofest ne cesse d’attirer les Montréalais emmitoufflés dans leurs plus beaux habits de neige. Le Délit est allé rencontrer les maîtres du spectacle.

Nicolas Quiazua | Le Délit

Hakim Guelmi est un sympathique DJ de Montréal, habitué à la scène des clubs et afters. Il a déjà mixé en ouverture pour Max Cooper à Londres; ils avaient d’ailleurs fait un joli duo. «Je connaissais déjà Max. Je savais exactement ce qu’il allait jouer, ça fittait parfaitement» dit-il en entrevue avec Le Délit. Sa musique a évolué depuis qu’il a commencé il y a trois ans. Hakim est pointilleux dans sa sélection d’échantillons et l’ensemble est plus profond que ce qu’il faisait à ses débuts. Son style tech house oscille entre de nombreuses sous-catégories: «un peu progressif, un tout petit peu industriel, minimal, très deep, très dark. Un peu mélodieux aussi.» Peu importe le descriptif, la fosse s’est échauffée rapidement. Hakim Guelmi nous décrit son expérience la plus catastrophique marquée par l’échec de son ordinateur. C’est pour ça qu’il est revenu aux «traditionnels» CD pour livrer la marchandise. «Si ça m’était arrivé à Igloofest, je crois que j’aurais quitté la scène» dit-il.

Nicolas Quiazua

Max Cooper emprunte des mélodies à différents genres, il charme avec ses rythmes complexes mais honnêtes. Le DJ irlandais est plus réservé et plus capricieux que ses cohôtes. Cet ancien chercheur scientifique possède maintenant plus de cent compositions à son nom. Il vit de la musique et ne le regrette aucunement. Son côté mélodieux vient des leçons de piano que donnait sa mère. Pour ses performances live, il reprend ses morceaux qu’il adapte à l’ambiance, en l’occurrence, hivernale. «Quand je compose un morceau dans le studio, je le fais avec une personne en tête, ce que je veux qu’elle ressente. Live, j’y vais plutôt pour alimenter le party. Surtout ici, les gens doivent bouger pour se réchauffer.» Sa musique reste accessible dans sa complexité qu’il recherche sans relâche. Il s’agit de revenir au langage musical commun tout en laissant une riche possibilité d’interprétation. Un bonbon pour l’esprit, finit-il par qualifier son art.

Nicolas Quiazua | Le Délit

Sébastien Léger se donne tout entier. Il mixe des rythmes francs et cela transparaît dans l’attitude de la foule. La foule avait repris une consistance liquide. Sa techno plus évidente et accessible a clos la soirée en beauté. Différent des autres soirs de la saison Igloo aux quais du Vieux-Port, ce Samedi assumait complètement son identité techno house. Selon l’opinion générale, c’était un franc succès, «record d’affluence battu, DE-LA-BOMBE» comme l’a indiqué le DJ sur sa page Facebook. Les amateurs de musique électronique n’ont pas eu besoin du phénomène Justice pour être fidèles à ces rendez-vous survoltés.

Qui plus est, ce n’est pas un secret que les Français sont passés maîtres dans l’art des soirées électro. Et les Montréalais en redemandent toujours.

Nicolas Quiazua

(Illustré par notre coordonnateur visuel Nicolas Quiazua)

Igloofest
Où:
Quais du Vieux-Port
Quand:
du 26 au 28 janvier

Nicolas Quiazua

L’article Vaincre le thermostat est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
La grève de MUNACA suscite des vocations https://www.delitfrancais.com/2012/01/24/la-greve-de-munaca-suscite-des-vocations/ Tue, 24 Jan 2012 14:07:26 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=10581 Le nombre de candidats au Board of Governors bat des records.

L’article La grève de MUNACA suscite des vocations est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
On connaîtra mardi soir le nouveau représentant des employés non académiques au Board of Governors (BoG). Un seul des deux sièges est à pourvoir et il est de coutume qu’il soit occupé par un membre de MUNACA, le syndicat des employés de soutien de l’université. Suite à une grève de plus de trois mois au semestre dernier, le militantisme syndical connaît un regain d’intérêt à McGill et, avec onze candidats, la campagne bat déjà des records.

Lindsay P. Cameron
Comme l’écrit le syndicat dans un courriel à ses membres, «après trois mois de lutte contre l’administration, il est maintenant d’autant plus important que le syndicat ait une voix sur le Board.» Kevin Whittaker, président de MUNACA, rappelle que le manque de réceptivité des membres du BoG pendant le conflit social avait provoqué une certaine amertume chez les syndiqués. Un sentiment qui semble être partagé par beaucoup et qui n’est sans doute pas étranger au nombre de candidats.

Kris Wagner, technicien aux services des Technologies de l’information, raconte qu’au cours des trois ans où il a travaillé à McGill, il a rassemblé «un certain nombre de faits qui se sont déroulés sur le campus» et qu’il souhaite «porter à l’attention des directeurs». Il s’agit notamment de témoignages recueillis auprès de ses collègues. Il cite en exemple l’attribution de primes à des managers intermédiaires qui n’auraient pas été portées à la connaissance de la direction ni des membres du Board. Souhaitant une plus grande transparence, il compte utiliser certains de ces témoignages pour améliorer la qualité de l’information disponible à tous.

Pour prévenir de futurs conflits sociaux, Kris Wagner estime que la présence d’un employé de soutien sur le Board est capitale. Pour lui, il ne fait aucun doute que la parité avec les autres universités montréalaises sera à nouveau revendiquée, étant donné que celles-ci continueront d’augmenter leurs salaires en fonction de l’évolution du coût de la vie. «Une augmentation générale sera sûrement demandée dans cinq ans. Le Board doit s’y préparer et reconnaître l’importance des employés de soutien.»

Au Sénat, un siège est réservé pour chacun des deux syndicats, MUNASA (l’association des employés non acamédiques de McGill) et MUNACA. Au BoG, ce n’est pas le cas, même si de facto on retrouve souvent une même répartition. Rafat Noor Khan, un autre candidat de MUNACA, pense que cet état de fait ne devrait pas faire d’eux des représentants du syndicat ou de l’association auprès des directeurs. «Quand on siège au BoG, il est impossible de ne représenter que les intérêts du syndicat. Il y a conflit d’intérêt.» Il est vrai que tous les membres du BoG sont légalement tenus de représenter avant tout les intérêts de l’université. Rafat Noor Khan, qui a siégé sur plusieurs conseils des directeurs, gouverneurs et fiduciaires dans d’autres institutions, estime être en mesure de représenter la communauté mcgilloise dans son ensemble, pour établir une confiance mutuelle.

Kevin Whittaker n’est pas du même avis: «Il y a en ce moment un représentant des managers sur le BoG. Nous voulons nous assurer que quelqu’un représente les employés de soutien.» Kevin Whittaker explique que par le passé la communication a parfois été difficile. L’élu sortant n’a clairement pas rempli les attentes du syndicat. Il souhaite que le représentant de MUNACA au conseil consulte plus souvent le syndicat.

Un des thèmes communs aux campagnes des candidats est en effet la transparence. Kalant, Leslie et Khan sont tous sensibles aux plaintes des étudiants et des employés de McGill qui déplorent que tant de décisions soient prises en session confidentielle.

Depuis qu’il fait l’objet de vigoureux débats autour de ce qu’il est maintenant coutume d’appeler «le sous-financement des établissements post-secondaires publics», le budget est dans le collimateur de certains. Kalant, qui est présentement vice-président finances de MUNACA estime que ces données financières devraient être rendues publiques. Leslie et Khan misent quant à eux sur le site du BoG pour rendre l’institution plus ouverte aux observateurs.

Ils veulent y publier toutes les informations qu’il leur est permis de divulguer et rendre le site plus ergonomique. Mais aucun candidat ne sait encore exactement la nature des documents qu’ils seront tenus de garder confidentiels. Il leur est également difficile d’estimer les moyens à leur disposition pour faciliter l’ouverture du BoG au reste de la communauté. «N’ayant qu’un vote sur vingt-cinq, je ne veux pas trop promettre» avoue Thomas Leslie, coordonnateur des programmes de deuxième cycle à la Faculté de Médecine.

Les cinq candidats de MUNACA sont en compétition avec six autres candidats qui sont dans la catégorie «managers», selon la nomenclature de l’université. Les employés non-académiques qui travaillent à temps plein sont invités à voter en ligne depuis plus d’une semaine. Les résultats devraient être annoncés le 24 janvier.

Vanessa Peters, technicienne au centre de recherche sur le cancer Goodman, n’a pas pu être jointe pour l’entrevue.

L’article La grève de MUNACA suscite des vocations est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
MUNACA: retour de force https://www.delitfrancais.com/2012/01/17/munaca-retour-de-force/ Tue, 17 Jan 2012 15:01:48 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=10353 «Maintenant nous savons que nous faisons une différence.»

L’article MUNACA: retour de force est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
L’Assemblée générale qui a mis fin à la grève des employés de soutien de l’Université McGill a eu lieu le 6 décembre 2011. Après quelques jours d’ajustement et des vacances bien méritées, les membres de MUNACA sont maintenant de retour au chaud et au travail.

Sur les 1700 membres estimés du syndicat, 1263 ont voté à l’Assemblée générale. MUNACA a obtenu une échelle salariale qui assurera une augmentation de salaire variant de 8,6 à 16% selon la situation du salarié sur l’échelle actuelle. De plus, ils ont maintenant un pouvoir décisionnel accru sur la contribution de l’université aux plans de retraites et avantages.

Cette échelle salariale ne profite qu’à 75% des 1700 et quelques membres de MUNACA qui n’a pas encore atteint son plafond salarial, pourcentage qui coïncide étrangement avec 72% qui a voté en faveur de l’entente proposée par la conciliatrice du gouvernement québécois Claire Tremblay. Toutefois, cela ne signifie pas que les 25% restants ne sont pas de ceux là.

Photo: Victor Tangermann

Des 325 membres de MUNACA qui ont l’ancienneté, 40 % travaillent dans les bibliothèques. Francisco Uribe, qui travaille au service des prêts entre bibliothèques, dit que l’atmosphère a changé dans les six dernières années, et il n’a pas ressenti de tensions entre les employés lors du retour au travail. Uribe a écrit une lettre, dont une partie a été publiée dans la Gazette, pour exprimer l’expérience positive qu’a amené la grève dans la vie des employés de soutien. Lui a voté non à l’entente par principe. Il a estimé que «quand l’offre est venue, nous ne pouvions simplement pas la refuser». Ceci semble être un sentiment partagé, bien qu’à l’Assemblée générale, plusieurs se soient indignés du fait qu’ils acceptaient la toute première et unique offre que l’université faisait après tant de temps à résister toute concession.

«Essayer de garantir notre pouvoir décisionnel total sur les pensions est une cause perdue. Elles sont coupées partout dans le monde» dit Francisco Uribe. Patrick Leblanc, porte-parole francophone pour MUNACA depuis le début du conflit syndical pense que les retraites et leur indexation pourraient être la première cible des prochaines négociations qui auront lieu dans 4–5 ans. Pour ce qui est de l’échelle salariale, les membres de MUNACA auront en effet atteint la parité avec les autres universités montréalaises dans 5 ans. En Assemblée générale, certains membres ont exprimé un doute quant à savoir si l’échelle salariale serait garantie dans le prochain accord collectif, et le comité a affirmé pouvoir le garantir.

Selon ce qui se dit sur le campus, on voit le «fléchissement» des membres du syndicat comme étant un signe de l’affaiblissement moral et physique des troupes. Pour la plupart, accepter l’entente avec l’université était une question de viabilité financière. S’ils avaient décidé d’attendre une deuxième ou troisième proposition de la part de l’université, il aurait tout de même été impossible de savoir combien il leur aurait fallu de temps pour y arriver. «Cela aurait pu prendre deux semaines comme ça aurait pu prendre trois mois» dit Uribe, qui lui-même est à présent endetté. Les fonds de secours ne sont pas de l’argent donné. Beaucoup dans le groupe de piquetage de Francisco n’étaient pas prêts à emprunter plus pour gagner un maigre pourcentage d’augmentation qui n’aurait pas compensé les frais engendrés par la grève. Lui a perdu 25% de son salaire en faisant une grève qu’il n’était pas en mesure de continuer.

Photo: Victor Tangermann

Sylvie Bosher, du McGill Writing Center, quant à elle, aurait été heureuse de rester sur les lignes de piquetage pour trois autres mois. «J’étais vraiment déçue que nous ayons cédé» dit-elle. Les douze personnes de son groupe de piquetage ont voté contre l’entente. Lors de l’assemblée qui a duré plus de quatre heures, il y a eu beaucoup de questionnement quant à la légitimité du président du syndicat de Kevin Whittaker, qui selon certains incitait plutôt que recommandait à ses membres de voter oui. Un membre de MUNACA qui a souhaité garder l’anonymat dit avoir, dans le doute, vérifié avec l’avocat la légalité de ce geste. Même si celui-ci était légal, Whittaker a cependant été obligé de changer de ton au milieu de l’assemblée, passant de moins pressant à plus suggestif pour calmer les ardeurs.

Sylvie Bosher a eu l’impression que c’était l’Alliance Canadienne de la Fonction Publique (AFPC) qui a fait pencher la balance lors du vote à la table des négociations. Cependant, Whittaker affirme que le négociateur en chef de l’AFPC n’a pas voté. La recommandation de l’entente auprès des membres de MUNACA a été ratifiée par les huit représentants de MUNACA sans toutefois faire l’unanimité. Comme l’a répété à plusieurs reprises le président, «c’est le mieux qu’on ait pu obtenir à ce moment ci».

Photo: Victor Tangermann

Comme en témoigne le président, le retour au travail a été de façon générale assez angoissant pour tous les membres qui ne savaient pas tout à fait à quoi s’attendre. Il n’y a cependant eu que quelques réelles difficultés. La charge de travail est plus grande, mais ils font ce qu’ils peuvent pendant les heures de travail. Sylvie, elle, éprouve une certaine solitude à son retour. Au centre d’écriture, elle est la seule employée de soutien. Comme la coordinatrice du département d’études asiatiques qui est dans la même situation, elle a ressenti le besoin d’aller «communiquer avec d’autres membres de MUNACA» sur ses heures de repos. L’expérience de la grève a été très positive pour elle et pour Uribe. Peut importe l’issue et les bénéfices qu’ils en retiennent, ils n’ont pas seulement fait la grève pour eux, mais pour tous les autres.

L’article MUNACA: retour de force est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Confusion autour du HuffPost Québec https://www.delitfrancais.com/2012/01/17/confusion-autour-du-huffpost-quebec/ Tue, 17 Jan 2012 14:28:32 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=10339 La venue du Huffington Post au Québec, prévue pour début janvier, a suscité des critiques de la part de certains médias.

L’article Confusion autour du HuffPost Québec est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Fausse alerte ou concurrence véridique, le HuffPost (c’est le surnom donné à la plate-forme d’actualités web) apporte un nouveau modèle de gestion au Québec. Le site recrute des blogueurs du milieu culturel et politique, dans le cas échéant, du Québec, pour produire du contenu sur une base bénévole. Les quatre journalistes permanents, les deux contractuels et les pigistes seront toutefois rémunérés. Le Huffington Post, fondé par Arianna Huffington aux États-Unis, a récemment été racheté par la firme AOL pour 315 millions de dollars. Le site avait déjà fait son entrée au Canada et en France en 2011.

Photo: World Economic Forum
Au Québec, il est difficile de trouver un équivalent, sinon peut-être le site canoe.ca, dont l’ex-rédacteur en chef du site de nouvelles est maintenant le rédacteur en chef et éditeur du HuffPost Québec. Patrick White note cependant que le Huffington Post adopte une stratégie médiatique complètement différente qui mise sur «une intégration totale des médias sociaux dans toutes ses opérations et une stratégie très poussée d’utilisation de mots-clés (tags) dans les textes, vidéos et photos afin d’apparaître très haut dans les moteurs de recherche».

La publication de contenu par des auteurs non-rémunérés avait déplu à plus d’un, notamment au journal Voir, dont le site web comporte une plate-forme similaire de blogueurs assez suivis. Simon Jodoin, directeur du développement des nouveaux médias, a réagi sur son propre blog sur voir.ca pour exprimer la consternation et la surprise de toute l’équipe éditoriale quant à la participation de Françoise David et d’Amir Khadir aux blogues de l’entreprise lucrative. Ceux-ci pensaient y trouver un nouveau porte-voix pour la gauche au Québec.

Les deux chefs de Québec Solidaire ont cependant changé d’idée par la suite. Ils ont annoncé par communiqué le 22 décembre qu’ils s’abstiendraient de toute collaboration directe avec le journal en ligne, bien qu’ils aient affirmé qu’«il n’avait jamais été question […] de produire du contenu original ou exclusif pour ce média». Cette abstention est venue au «grand soulagement» de monsieur Jodoin.

Du fait de la sortie en force du Voir pour dénoncer le modèle controversé, certains des blogueurs qui avaient été approchés se sont rétractés ou sont «en réflexion» selon Simon Jodoin. C’est le cas de Normand Baillargeon, auteur du Petit Cours d’autodéfense intellectuelle. Le professeur Baillargeon avait d’abord donné son accord, «ayant en mémoire le Huffington Post des États-Unis», qu’il considère comme une source de nouvelles «libérale et sérieuse». Il ignorait que le site avait été vendu pour en faire un géant Internet. Il tient à souligner cependant «que le Huffington Post Québec n’a rien à se reprocher». Normand Baillargeon a commencé la semaine dernière un blog sur voir.ca, qui a lancé une vingtaine de nouveaux blogues, pour lesquels tous les revenus seront redistribués à leurs auteurs.

Certains avaient perçu la réaction du Voir comme un signe que le journal craignait la concurrence du futur site d’actualités. Normand Jodoin affirme que voir.ca ne se sent en aucun cas menacé par le Huffington Post. Le site, principalement culturel, a une spécificité implantée, une émission de télé. Il a une niche particulière, ce qui fait sa force, pense le directeur.

Il est difficile de savoir si le journal en ligne sera assez achalandé pour dérober les revenus publicitaires à d’autres sites d’information ou journaux en ligne. C’est pourtant ce qu’affirme monsieur White. Martin Lessard, spécialiste en stratégies web et médias sociaux met de l’avant la participation citoyenne comme nouveau moyen d’attirer des visites sur les sites d’information en ligne et donc maximiser les revenus publicitaires. Il pense qu’à la venue du HuffPost les autres journaux en lignes «vont peut-être devoir s’adapter en trouvant des moyens d’inclure les citoyens dans l’écriture de nouvelles». C’est ce que fera le HuffPost en mettant l’accent sur les opinions, les blogues et les médias sociaux.

Par contre, monsieur Lessard ignorait que le contenu non-éditorial du HuffPost serait soumis aux mêmes étapes d’édition et de vérification des faits et que leur centaine de blogueurs sont des «citoyens» choisis pour leur expérience singulière. Les canaux de participation seront les mêmes que dans les autres journaux, à l’exception de la section Contact, où les lecteurs pourront envoyer des lettres, des exclusivités, des photos ou des vidéos. Il reste à voir si ce mélange de journalisme citoyen et professionnel sera aussi lucratif au Québec qu’aux États-Unis ou ailleurs.

L’article Confusion autour du HuffPost Québec est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Chroniques de grève https://www.delitfrancais.com/2011/11/15/chroniques-de-greve/ Tue, 15 Nov 2011 15:28:48 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=9806 Une semaine aux côtés des militants

L’article Chroniques de grève est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Mardi, 17 heures: Assemblée générale
La salle est pleine à craquer. Ça change des Assemblées générales de l’AÉUM où l’ambiance est plutôt inerte. Par contre, pas d’ordre du tout, le président de l’assemblée et les plus versés dans les Robert’s rule of order se relançaient la balle sur les questions de procédures quand pour ceux qui sont là pour la première fois ne comprennent rien à l’utilité de ce débat. Les motions reflètent tous les griefs qui pèsent sur le cœur et la conscience des plus militants et des plus sensibles. Tout le monde applaudit Micha Stettin, qui présente sa motion pour que l’AÉFA endosse le oui au référendum d’existence du GRIP-McGill et de CKUT. Elle passe. Matthew Crawford, sénateur de la Faculté des Arts à l’AÉUM proclame que «si nous ne votons pas pour cette motion, nous démontrons la banqueroute morale de notre communauté». La motion pour mandater l’AÉFA à défendre les étudiants qui refusent de traverser les lignes de piquetage en échappant le plus possible à la note académique parfois salée, vient de passer. Faire du lobby pour la création d’un département d’études africaines, passe. Faire du lobby pour soutenir MUNACA dans ses demandes modestes, passe, à l’instar des quinze membres de l’exécutif qui ont voté contre lors du dernier Conseil. «Il est temps de laisser parler l’assemblée, dit Sheehan Moore, le rôle de l’AÉFA n’est pas d’apaiser ses étudiants». Le quorum est compté –229– 79 de plus qu’il ne faut pour que la motion de grève puisse être en vigueur pour le lendemain. Elle passe, sans débat, ce que déploreront ses opposants et la présidente de l’AÉFA, Jade Calver, par la suite. On s’accorde pour dire que la grève est un moyen de mobilisation important au Québec et que les étudiants en Arts sont prêts à reprendre le chemin de 96 pour empêcher une privatisation grimpante de l’éducation au Québec. Tous se sentent concernés, même les étudiants internationaux et natifs des autres provinces du Canada qui ne sont pourtant pas certains de l’impact de la hausse sur leurs frais. Une annonce est faite que le comité de grève se rencontrera deux heures plus tard dans le salon de l’AÉFA.

20 heures: Réunion du comité de grève
Quelques têtes connues du mobsquad sont aux rendez-vous, soit une douzaine de personnes en tout, et aucun représentant de l’AÉFA; l’annonce de la rencontre du comité s’est faite spontanément suite au vote favorable à la grève. Tous compensent avec une assurance feinte, mais nécessaire, le manque d’appui qu’ils ressentent de la part de leur association étudiante. Jade Calver enverra un jour plus tard, une annonce de grève par courriel et discutera avec les professeurs. Elle estime que «dire que l’AÉFA reste neutre dans cette affaire serait discréditer leurs efforts.» Le soutien financier demandé pour le matériel promotionnel de grève et de manifestation faite au VP finances de l’AÉFA n’a pas été accordé. Le conseil de l’association n’a pas discuté de politique de soutien pour le mouvement étudiant contre la hausse des frais en 2011.

Photo: Lindsay Cameron
Mercredi: Mobilisation de grève
Dix-huit professeurs ont signé la promesse d’academic amnesty pour les étudiants qui manqueront leurs classes le 10 novembre. Ceux qui étaient hier à la réunion du comité de grève trouvent que beaucoup de professeurs ont eu une réaction favorable mais beaucoup décident de faire tout de même du 10 novembre un jour comme un autre à l’université. Le doyen de la faculté, Chris Manfredi, a prévenu les professeurs qu’il s’attendait à ce que les classes soient tenues comme à l’habitude et qu’aucune academic amnesty ne serait offerte par le département en ce jour de grève. Paul Peters, professeur au département d’études allemandes, a noté le manque de sérieux visible par le ton que le doyen emploie dans son courriel. Il répond que «mettre entre guillemets [les étudiants, leurs activités et leur organisation] met en doute et ridiculise leur légitimité.» Jade Calver réitère dans son courriel que l’AÉFA doit défendre ses étudiants mais ne peut dire quels sont les recours précis dont l’association dispose pour cela. Elle refuse de commenter sur le sujet. Deux auxiliaires d’enseignement sont tenus de superviser un examen dans une classe de 200 personnes une heure avant que la manifestation commence le 10 novembre au Parc Émilie-Gamelin. Leur syndicat s’est positionné pour soutenir le mouvement étudiant contre la hausse des frais et participer à la manifestation, mais le professeur pour lequel ils travaillent a refusé d’annuler l’examen.

Photo: Lindsay Cameron
Jeudi: la manifestation
La pluie glaciale ne réussit pas à calmer les ardeurs. Le comité de mobilisation est à l’œuvre dès 7 heures 45 s’étant réapproprié les lignes de piquetage de MUNACA pour l’occasion. Ces petits gestes sont significatifs, les gens sont contents de voir les «anglos» à la manifestation. L’ampleur de la manifestation impressionne sûrement jusqu’au conducteur de l’hélicoptère de l’agence QMI qui survole les quelques 30 000 étudiants détrempés mais euphoriques. Jacques, le patron du Café Cherrier s’attendait à voir autant de gens. Bras croisés et sourire fendu jusqu’aux oreilles, il n’a qu’une chose à dire: «c’est beau». Ginette, qui est tombée par hasard sur la foule, quand à elle se demande «si on est vraiment rendu là!» L’Association étudiante de l’Université de Sherbrooke distribue les dossards à ceux qui se sont proposés pour assurer la sécurité. Le parcours de la manifestation a été préalablement donné au Service de police de la Ville de Montréal, et les étudiants se chargent eux-mêmes de garder les manifestants sur le droit chemin. Les cris des manifestants sont joyeux. Tous se sentent, en cette heure de gloire, libérés, un petit peu plus proche de leur idéal démocratique qu’au bureau de vote en mai. C’est l’effet manifestation. Une arrestation à la fin, d’un effronté qui a lancé un projectile de peinture sur l’uniforme bleu et noir. Au téléjournal de 17 heures à RDI, la SPVM dit être satisfaite du déroulement de la manifestation. Ils ont simplement envoyé quelques hommes sur le campus de McGill pour s’assurer qu’il n’y avait pas de casse.

Photo: Elisha Lerner
Jeudi, 3 heures 45: Occupons McGill Jour J
L’occupation du cinquième étage du pavillon d’administration James avait été planifiée depuis plus de deux semaines. Un des occupants raconte que le simple fait d’entamer une discussion sur une possible occupation avait créé une division au sein du « MobSquad ». «Nous nous sommes mis à penser qu’il y aurait une opportunité lorsque la manifestation du 10 se terminerait au bureau du premier ministre, et que les gardiens de sécurité seraient tous au portail Roddick pour empêcher les étudiants d’entrer.» «Ça serait à ce moment là notre cue pour entrer ni vus ni connus par la porte Nord, et c’est ce que nous avons fait». Les deux personnes les moins menaçantes du groupe, une femme et un queer sont désignés pour entrer les premiers. Les occupants connaissent des gens du mouvement étudiant de McGill et ont planifié avec eux une possible mobilisation des étudiants présents à la manifestation du 10 novembre vers l’intérieur du campus de McGill pour une action «quelconque». Le plan d’occuper les bureaux de sa majesté Blum est gardé secret jusqu’à l’heure fatidique.

À l’intérieur, tout se bouscule, et les gardiens de sécurité n’y vont pas de main morte. Les messages textes répandent la nouvelle. Un des occupants contacte le bureau du journal étudiant: «vos camarades occupent le bâtiment». Quel plaisir de pouvoir appeler du téléphone de Heather Munroe-Blum!

De plus en plus de manifestants s’amassent autour du bâtiment et, naturellement, une chaine humaine se forme, encerclant le bâtiment James, par solidarité et pour donner le plus de pouvoir possible aux étudiants qui sont au cinquième. Maintenant, tout le monde est au courant que ce qui se passe à l’intérieur est violent. La foule dehors fait alors face à la police anti-émeute. Anna essaie de rentrer avec Lena pour filmer ce qui se passe à l’intérieur, car leurs amis y sont, et elles veulent s’assurer qu’ils sont saufs. Refusé. La chaine humaine est séparée de force, les maillons déstabilisés par les jets de piment de Cayenne et les coups. Anna a voulu communiquer avec un des policiers. «Couverts de tout cet attirail, on peut voir leurs yeux, mais on ne peut pas vraiment les voir. Le fait qu’ils peuvent avoir une conversation normale est encore plus terrifiant que les armes qu’ils portent.» Elle voit de ses yeux l’humanité de ce policier, mais le moment d’après, il la frappe dans les côtes, lorsqu’elle a les bras en l’air. Elle lui explique qu’elle est là en paix, mais qu’elle ne bougera pas car elle en a le droit. Ce même policier lui dira en français, langue qu’elle ne comprend pas, «Bouge, ou je te fais mal.»

Les étudiants au cinquième sont venus sans demande, avec seulement l’intention de créer un espace fictif ou réel, pour une réelle conscientisation par l’action. «Nous voulons inspirer des copycats.» Les représailles brutales ont mis en perspective la relation entre l’administration et ses étudiants et entre cette même administration et l’État. Un effet inespéré, malheureusement.
Ils ont décidé les trois jours suivants de garder l’anonymat. Le 10 novembre, leurs visages étaient tous à découvert, sans masques du moins pour plusieurs minutes sauf une étudiante qui gardait son bandana car elle voulait se protéger. Les caméras des Iphones de l’administration étaient toutes allumées et ces vidéos n’ont toujours pas été rendues publiques.

Vendredi, 13 h30: L’effort ne tarit pas
Les professeurs du groupe MFLAG sont outrés. Ils ont rédigé une lettre à la hâte le soir des événements, qui a fait le tour de leur liste de diffusion et de certains étudiants. À 13 heures 30, il est inacceptable que le groupe ne puisse entrer le bâtiment de leur administration, de leur université. Susan Aberman monte les enchères à un étudiant, puis deux. Les négociations spontanées sont chaotiques. Sa majesté refuse de descendre, mais elle daigne recevoir deux personnes dans son bureau. Adrienne Hurley et Amber Gross montent, après délibération. La lettre demande entre autres une enquête publique sur les événements du 10 novembre et la résignation des administrateurs qui ont approuvé la présence du SPVM sur le campus. Maggie Knight rencontre entre temps Morton Mendelson qui, dans la conversation, «insinue que l’AÉUM est responsable des actions des occupants du cinquième».

Nicolas Quiazua | Le Délit
Lundi, 13 heures: Carré de la communauté
L’amphithéâtre de béton, que personne n’a jamais appelé par son nom est renommé le «Carré de la communauté», à l’instar de la proposition des occupants qui voulaient l’appeler le Carré du 10 novembre pour rappeler que leur prestation engagée s’inscrit dans le mouvement étudiant québécois contre la hausse. Tout le monde l’a déjà oublié. Il s’agit maintenant de dénoncer la brutalité policière et les griefs de tous, qui s’entrecoupent sous la bannière des occupants. Nous sommes exclus, parfois littéralement violemment, du processus décisionnel de notre université. Les 300 présents ont créé un espace dans le vacuum créé par l’occupation de McGill. La principale se promène, et ses administrateurs sont dispersés dans la foule tel des intrus dont on avait sommé la présence sans en espérer de résultat. Heather Munroe-Blum s’est présentée à la tente des discours, médias nationaux présents obligent. Elle n’a pas voulu attendre son tour. Plutôt, elle s’est assise au milieu des étudiants, tel une femme du peuple. Sheehan Moore fait la lecture d’un message du président de MUNACA, interdit du campus, «la principale devrait être tenue responsable». Elle ne bronche pas. Il y a un moment de malaise, puis une ovation debout; sa majesté reste assise. Autant le choc des pôles opposés était grossier et désagréable jeudi, le mélange des genres est constructif au carré de la communauté. Émile et d’autres se mobilisent déjà pour canaliser cette énergie. Ils se rencontreront mercredi au même endroit, pour se réapproprier cette fois une instance bien réelle, le Sénat.

L’article Chroniques de grève est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
La chaise est vide… https://www.delitfrancais.com/2011/11/01/la-chaise-est-vide/ Tue, 01 Nov 2011 19:05:54 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=9343 L’histoire absurde d’un réparateur de machine à tuer.

L’article La chaise est vide… est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Un pauvre concierge est devenu la fierté de son pays d’adoption, les États-Unis, et de son père et prédécesseur, grâce aux perfectionnements ingénieux qu’il apporte à la machine à tuer. Plutôt que l’exécution à la chaise électrique dont nous nous apprêtons à être les témoins, nous assistons à la perte de contrôle, la déliquescence du technicien de la chaise, Louis Joseph Renatus Todd. Tout comme l’électricité et la lumière qui étaient devenues l’obsession de son idole Thomas Edison, Todd disjoncte.

Crédit photo: Michel Eid
Il ne s’agit pas d’une pièce historique, bien qu’elle utilise des éléments de l’histoire pour ancrer une trame narrative assez décousue. On revisite le passé de ce personnage pour comprendre ce qui le pousse à tuer son collègue, à tenir la salle en otage sans revendication, à se lier lui-même à la chaise pour finalement rapporter son invention sur terre, et lui avec.

On discerne rapidement l’absurde de la pièce, sans se faire piéger, car le tragique pathétique du personnage nous retient. Le grand inventeur qu’il vénère, Thomas Edison, brille par son humanité, alors que Renatus Todd s’avilit. Un classique à la Claude Paiement, qui aime faire dans les paradoxes et dans l’absurde.

La Chaise repose en grande partie sur le jeu du comédien pour l’occasion transformiste. Frédéric Desager joue tous les personnages, du grand et bourru Thomas Edison au condamné à mort noir et américain de 523 livres Monsieur Washington. La métamorphose entre les personnages est instantanée et atteint la perfection grâce à l’interprétation de Desager mais aussi à la mise en scène brillante de Eudore Belzile.

Frédéric Desager est un comédien belge au visage familier pour ceux de la vingtaine. Il avait fait plusieurs apparitions dans des émissions jeunesse québécoises. Bien que son personnage n’ait rien à voir avec la légèreté de ceux qu’il incarnait à l’écran, on lui reconnaît son caractère un peu loufoque et énergique. C’est d’ailleurs de lui qu’est venue l’initiative de La Chaise, qu’il a proposée comme projet à l’auteur Claude Paiement. L’écriture a ensuite été une longue aventure passant par l’improvisation et la réécriture sans fin de ce fouillis de personnalités et d’accents tous plus intenses les uns que les autres, avant de rendre un texte satisfaisant.

Cette pièce à laquelle on attribue l’étiquette de comédie noire, provoque le rire jaune. Au fur et à mesure que les minutes passent, le spectateur ressent un malaise grandissant qui le conduit à faire abstraction des tournures insolites et amusantes du texte. Nous sommes dans cette pièce, la b‑31, où doit se faire  exécuter un homme de manière imminente. Cependant, l’homme qui devait nous les apporter se fait mettre six balles dans le ventre par le protagoniste. Le sentiment d’enfermement est indéniable alors qu’on nous rappelle constamment notre place dans l’espace, que la porte se ferme, que la vitre est barricadée et que la caméra de surveillance est pointée vers nous.

La Chaise ne cherche pas à reproduire les émotions du discours mondain autour de la peine de mort. Il refuse d’admettre qu’il est un bourreau et parle de la durée des secondes qui précèdent la mort avec son condamné et partenaire d’échec «Dely» Washington, mais c’est tout. Le spectateur ne sort pas de la pièce avec un message clair en tête. Les auteurs refusent de se laisser tenter par un théâtre moralisateur dans un débat déjà socialisé à l’infini. Une réussite au goût amer qui rend plus douces nos propres abominations.

L’article La chaise est vide… est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Triche qui peut https://www.delitfrancais.com/2011/10/25/triche-qui-peut/ Tue, 25 Oct 2011 12:54:33 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=9162 Phénomène courant à l’école secondaire, la tricherie est une infraction aux conséquences graves à l’université.

L’article Triche qui peut est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Connor* a passé une grande partie de son été à défendre son innocence dans une affaire de plagiat. «C’était sur un take-home. On avait l’habitude de s’entraider. Quand est arrivé le moment de l’examen, elle m’a demandé de l’aider à comprendre certains détails. Je n’ai pas eu le temps de la rencontrer pour lui enseigner ce que moi je savais, donc j’ai fait mon travail et je lui ai envoyé. Elle a pris deux réponses sur huit, et elle a juste inversé l’ordre des phrases. Et puis on s’est fait prendre à deux» raconte-t-il.

Alice Des | Le Délit
Tricherie ou plagiat
Outre les innombrables cas de plagiat, les types de tricherie à l’université sont très variés. Le copiage est enrayé par des mesures comme l’alternance de copies à ordre différent dans les examens à choix multiple, ou la tenue de deux examens en même temps dans une même salle afin d’espacer les élèves.

Le Code de conduite de l’étudiant prévoit également des sanctions pour la réutilisation d’un travail dans des classes différentes. Jagtaran Singh, président du service de représentation étudiante, qui offre des services de conseillers aux étudiants accusés d’infractions diverses, explique que «quand un étudiant soumet un même travail pour un deuxième cours, il n’a pas mis d’effort la deuxième fois et c’est comme s’il obtenait des crédits gratuitement». D’autres formes de triches incluent l’emploi mot-à-mot de notes d’une personne qui a précédemment pris le même cours, ainsi que la falsification d’une note de médecin afin de justifier une absence ou un retard. Singh note que la plupart des cas qu’il a rencontrés ont pour cause l’ignorance de ces règles. Connor* croit «que c’est de la foutaise. Quand on est à McGill, on sait très bien ce que c’est que du plagiat». Ailleurs, les étudiants semblent être tout aussi conscients de leurs méfaits même lorsqu’ils ne sont pas pris sur le fait. Benoît*, diplômé de l’université Laval, avait là-bas soumis plusieurs fois le même texte littéraire pour plusieurs cours sans jamais se faire prendre.

Il y a quelques années on distribuait des copies du Green Book, contenant le Code de conduite, aux étudiants durant la session d’orientation. Maintenant tout se fait par le biais d’internet sur mcgill.ca/integrity. Singh ajoute que l’«université admet qu’il en revient à l’étudiant de s’informer». En 2003, le Sénat avait adopté une motion pour inclure l’avertissement qui apparaît maintenant sur tous les plans de cours, stipulant que «les étudiants doivent comprendre la signification et les conséquences de la tricherie, du plagiat et des autres infractions académiques».

Comme l’annonce le McGill Reporter du 13 février 2003, «le Sénateur Morton Mendelson avait insisté sur la nécessité de cette mesure étant donné qu’une étude démontrait que 80% des étudiants de premier cycle ont triché sous une forme ou une autre durant leurs études.» Le Code de conduite, qui avait été accepté par le Sénat en mai 81, n’a pas été changé depuis, et selon la Doyenne à la vie étudiante Jane Everett, aucun cas de tricherie n’est tombé à l’extérieur des circonstances prévues par le Code depuis sa création.

Substitution identitaire
André Costopoulos, responsable disciplinaire (DO) de la Faculté des Arts explique que les cas de tricherie dans sa faculté sont rares. Toutefois, un cas de substitution d’identité a été découvert lors d’un examen l’année dernière. Selon lui, «avant que la feuille d’inscription [à l’examen] circule entre les tables, l’étudiante aurait eu le temps de faire assez de l’examen pour se rendre compte qu’elle ne réussirait pas. Elle a mis un faux nom sur la feuille et a présenté une fausse pièce d’identité». Le système de vérification de l’identité des étudiants lors des examens se fait par la carte d’identité de l’université et la signature, ce qui permet de corroborer l’identité d’un étudiant s’il y a doute. Il reste qu’un étudiant aux caractéristiques physiques similaires à un autre, pourrait passer l’examen à sa place, avec sa carte et signature en main.

Malgré les discussions entre le docteur Costopoulos et le bureau des examens à propos des substitutions d’identité, Jocelyne Younan, Surveillante en chef pour les examens finaux, affirme qu’«il y aurait possibilité de vérifier systématiquement l’identité des étudiants par scanner», une méthode qui ne sera pas réalisable pour décembre.

Discipline
André Costopoulos a préféré ne pas discuter de la façon dont on a découvert le manège de l’étudiante qui s’est fait passer pour une autre, fort probablement car le processus disciplinaire est en cours.

Les allégations de triche sont généralement soumises par les professeurs, les TA ou les surveillants d’examens. Fait plus rare, un étudiant peut dénoncer les méfaits d’un autre. Une fois que l’allégation est entre les mains du responsable de la discipline, personne, excepté l’étudiant et son conseiller (s’il en réclame un), n’est mis au courant de la suite des événements. C’est une source de frustration pour certains. Ross Stitt, qui est surveillant d’examen à McGill depuis 1994, voudrait savoir, «D’habitude, je demande ce qui leur arrive, mais je ne reçois qu’une réponse vague. Je sais juste que l’un d’entre eux a été renvoyé, c’est tout.»

Les professeurs ne sont pas en droit de sévir eux-mêmes contre leurs étudiants. Il en revient au DO, durant l’entretien disciplinaire, d’établir si l’étudiant est en faute et de décider s’il sera exonéré, admonesté ou réprimandé. Si l’étudiant est réprimandé ou admonesté, le DO peut décider de le faire échouer à l’examen, l’obliger à accomplir jusqu’à 10 heures de travaux communautaires, le placer en sursis de conduite, ou même aller jusqu’à la suspension ou l’exclusion. Madame Everett laisse entendre que l’exclusion est rare dans le cas d’une infraction d’ordre académique. La réprimande est cependant plus coûteuse que l’admonestation car elle donne lieu à l’établissement d’un dossier disciplinaire. L’étudiant en garde la marque tout au long de sa scolarité, si ce n’est plus tard. Certains programmes professionnels requièrent la vérification du dossier disciplinaire et fondent leurs admissions en partie sur cette information.

À qui la faute?
Quand il s’agit d’une note de médecin forgée, ou simplement altérée pour changer la date, André Costopoulos raconte qu’il «n’a qu’à composer le numéro de la clinique et demander de consulter le dossier de l’étudiant en question» pour se rendre compte de la faute. Les tricheurs sont très rarement faussement accusés. Cependant, pour la tricherie dans les examens faits à la maison, il est difficile d’identifier qui est responsable de l’infraction.

Connor* savait exactement comment construire sa défense. Ses parents sont avocats. «Ils m’ont fait envoyer les échanges d’e‑mails et les différentes versions de mon travail. Moi, je savais que tout ce que j’avais à faire c’était de dire la vérité. L’article qui qualifie ce qui te rend coupable ou exonéré est tout petit.» Tout se jouait sur la preuve que Connor* n’avait pas consenti à ce que son amie copie littéralement ses réponses. L’attente jusqu’à l’entrevue disciplinaire était longue et le stress grandissant. «Une fois devant le docteur Costopoulos, je voyais qu’il s’était déjà fait une idée de moi et c’était précisément cette idée là que je voulais qu’il se fasse.»
Bien que chaque cas ait une conséquence spécifique prévue par le Code, la sévérité de la punition reste à la discrétion du DO. Il peut même aller jusqu’à exonérer un étudiant fautif lors de circonstances atténuantes. Jane Everett dit que les DO sont souvent plus sévères envers les étudiants de troisième ou quatrième année, de qui on attend une meilleure compréhension des exigences d’intégrité. Connor* a été très surpris d’apprendre, par le biais d’amis communs, que l’étudiante qui avait copié ses notes a elle aussi été exonérée. Pourtant, la défense de Connor* était fondée sur la preuve qu’il n’avait pas consenti à ce qu’elle copie les réponses aux questions qu’il lui avait envoyées. «Je pense qu’elle a dit que j’avais pris moi-même des phrases telles quelles des PowerPoint du prof. Elle a du démontrer que sa phrase ressemblait trop à celle du slide, et la mienne aussi pour qu’on puisse dire qu’elle avait copié sur moi» témoigne-t-il. Pourtant, seulement les réponses aux deux premières questions (celles que Connor* avait envoyées) étaient semblables.

Dis-moi qui!
La confidentialité est sacro-sainte au sein de l’administration et des conseillers des services de représentation étudiante. Il y va de la réputation de l’étudiant, mais aussi de l’institution, qui tire son prestige de la représentation de son corps étudiant dans les grandes universités américaines et les grandes écoles européennes.

Pourtant, en 17 ans de travail en tant que surveillant d’examens, Ross Stitt dit «n’avoir jamais reçu de consigne précise là-dessus». Il se demande comment les nouveaux surveillants savent comment reconnaître les tricheurs. Lui les repère de loin grâce à leur langage corporel: «quand ils rentrent ensemble côte à côte, je les sépare automatiquement dans la salle. Ça se voit tout de suite,» dit-il. Il y a bien des rencontres d’une heure pour les surveillants auxquelles il dit ne jamais aller, et selon lui la moitié des nouveaux n’y vont pas non plus. Madame Younan assure que les «nouveaux surveillants reçoivent une formation obligatoire pour savoir comment gérer les exceptions», dont les tricheurs font partie.

*Seuls les noms des deux étudiants cités ont été changés.

L’article Triche qui peut est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Amis du pouvoir https://www.delitfrancais.com/2011/10/25/amis-du-pouvoir/ Tue, 25 Oct 2011 12:22:25 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=9202 Manifestation en soutien au dictateur syrien à Montréal

L’article Amis du pouvoir est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Samedi 22 octobre, 200 personnes s’étaient rassemblées aux abords de l’avenue du Parc au monument à George-Étienne Cartier. Une pancarte résume leur message: «Nous faisons confiance à Bachar el-Assad».

Drapeaux syriens, musique assourdissante, klaxons sonnants, les manifestants se font entendre.

Crédit photo: David Vilder
Abbou Kaplo nous est présenté comme la personne à qui parler. «Nous sommes ici pour montrer que des Syriens en Syrie mais aussi à travers le monde soutiennent el-Assad. Les médias n’en parlent jamais, ou, lorsqu’ils en parlent, ils vous mettent quelqu’un de l’opposition qui dit que les partisans du régime sont payés. Regardez autour de vous, est-ce que vous pensez que ces gens sont payés?»

Quand on l’interroge sur les récits de répression des manifestants, il plaide : «Si vous me demandez s’il y a eu des erreurs de faites, je dirais c’est possible, mais dans un climat de guérilla urbaine, des erreurs sont commises. Demandez aux américains.» Pour ce qui est de la torture, il estime qu’il n’y aucune preuve. «Ce ne sont que des suppositions. Où sont les preuves?»

Il y a deux semaines l’ONU publiait de nouvelles estimations du nombre de victimes: plus de 3000 en six mois.

A l’opposé de l’échiquier politique syrio-canadien, le Collectif pour la Syrie à Montréal organise depuis cet été des événements pour dénoncer le non-respect des droits de l’Homme et soutenir les revendications à la liberté. Fares Rifai, de l’association syrienne de l’Université Concordia est aussi membre du Collectif. Il va participer à la manifestation du samedi 29 octobre. «Nous ne sommes pas pour Bachar el-Assad” revendique-t-il. Il ne parle cependant pas au nom de l’Association syrienne de Concordia, un regroupement culturel et non politique. Les divisions de la diaspora semblent refléter celles du pays. Fares, comme Abbou, est en contact direct avec sa famille. «J’ai parlé à mes amis et ma famille en Syrie. Les gens ne peuvent pas prononcer le mot «Liberté» sans avoir peur de se faire violenter.»

Pour lui, bien que ce soit le régime qui joue la carte sectaire, cela peut expliquer une partie de son soutien à l’extérieur du pays. «Beaucoup de syrio-canadiens profitent toujours du régime ici. C’est les connections, elles peuvent rendre la vie plus facile pour eux, s’ils retournent là-bas» dit-il.

«Je ne vous donnerai pas de pourcentages, mais ce qui est sûr c’est qu’il est impossible de compter les gens qui sont contre le régime, car ils ne peuvent pas se manifester. J’ai des amis qui sont en prison en ce moment.» D’où l’importance, même s’il reflète une certaine impuissance, du soulèvement de la diaspora dans les pays où les libertés individuelles sont protégées.

Le parti pris des médias occidentaux, s’il est véridique, semble inévitable étant donné que depuis le début du mois d’octobre les journalistes ne peuvent entrer en syrie. Selon Fares, seuls les journalistes pro-régime font des reportages sur place et seuls les vidéos des locaux alimentent les agences de presse internationales. «Si le régime n’avait rien à cacher, ils n’empêcheraient pas les gens de filmer. S’ils vous attrapent en train de filmer, ils vous jettent en prison.»

Ils étaient 200 à 21 heures à Montréal pour soutenir un président qui refuse de partir. À Homs, un centre industriel et économique en Syrie, chaque soir, des petits groupes se rassemblent pour minimiser la répression violente contre les manifestants et demandent, désespérés, la mort du président.

L’article Amis du pouvoir est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
PGSS soutient l’AGSEM https://www.delitfrancais.com/2011/10/07/pgss-soutient-lagsem/ Sat, 08 Oct 2011 01:38:03 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=8964 Après l’AÉUM, le conseil de la PGSS soutient les demandes des TA.

L’article PGSS soutient l’AGSEM est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Le conseil de la PGSS a approuvé la motion de soutien à l’AGSEM, le syndicat des auxiliaires d’enseignement (AE ou TA). Bien que la motion ne soit pas passée dans son intégralité, la grande majorité des conseillers présents ont voté pour. Un point contentieux soulevé, la partie de la motion initiale faisant référence à la demande de l’AGSEM d’offrir des cours de français gratuits pour tous les AE. Un des membres de l’audience a soulevé que cette requête était irréaliste et qu’elle devait donc être retirée de la motion (cette dernière stipulant le soutien de la PGSS pour toutes les demandes prioritaires du syndicat).

Kady Patterson, représentant de la Faculté d’Éducation auprès de l’AÉUM a, quant à elle, soulevé que le problème de langue des AE concernait aussi l’anglais. L’AÉUM a elle-même exprimé son soutien aux demandes du syndicat dans les dernières semaines. Ce point n’est cependant pas une priorité des membres de du syndicat. Le Conseil a finalement préféré retirer toute précision quant aux demandes de l’AGSEM, en se laissant toutefois la possibilité de revenir sur sa décision de soutenir le syndicat, si jamais ces demandes changeaient et devenaient contraires aux intérêts de la PGSS.

L’article PGSS soutient l’AGSEM est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Solidarité Munacaine https://www.delitfrancais.com/2011/10/04/solidarite-munacaine/ Tue, 04 Oct 2011 13:48:42 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=8829 Les groupes syndicaux, étudiants et professoraux s’engagent dans une surenchère des actions de solidarité.

L’article Solidarité Munacaine est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
La semaine dernière a fait chaud au cœur des grévistes. Lundi, mercredi et vendredi, des groupes se sont mobilisés à l’intérieur du campus en réaction à l’injonction qui limite la portée de la voix des employés de soutien.

Le jugement d’urgence a été accordé lundi le 26 septembre, seulement quelques jours après que la demande en avait été faite par McGill. Comme le révèle le McGill Daily, le juge qui a décidé en faveur de l’injonction, Brian Riordan, se trouve être un ancien diplômé de McGill et Dobson Fellow à la faculté de gestion Desautels. Il a affirmé à nos collègues qu’il ne voyait pas de conflit d’intérêt dans le cas de l’injonction étant donné que son rôle à la faculté de gestion avait été suspendu lorsqu’il est entré dans ses fonctions à la Cour Supérieure du Québec.

Fariduddin Attar Rifai

Le Mobsquad, le groupe de mobilisation du campus de l’université McGill, a organisé le 26 septembre une manifestation éclair, seulement quelques heures après l’annonce de l’injonction par un courriel de Michael di Grappa, vice-principal (administration et finances), lundi matin, à 10 heures 20. Micha Stettin, membre du Mobsquad, affirme qu’aucun d’eux n’avait planifié cette manifestation: «Nous nous sommes envoyés des messages textes, et nous avons informé tous les gens que nous connaissions».
Les autres groupes solidaires de MUNACA ont renchérit mercredi le 28. Cette fois, AMUSE, (syndicat des étudiants employés) AMURE (syndicat des employés à la recherche) et MFLAG (McGill Faculty Labour Action Group) ont coordonné leurs efforts pour organiser une manifestation et un teach-in.

C’est d’ailleurs cette manifestation qui a su rassembler le plus grand nombre, trois fois plus d’étudiants, professeurs et autres employés que deux jours plus tôt. La stratégie était, comme lundi, de se réapproprier l’université pour discuter des questions qui touchent directement à la fois la vie des grévistes et celle des étudiants; le choix de la Y‑intersection, point de confluence des étudiants plusieurs fois par jour, était stratégique.

Le concept de teach-in a été validé par la présence de professeurs, dont Michelle Hartman, qui enseigne au département d’études islamiques, accompagnée de ses étudiants qui ont écouté son «cours» avec beaucoup d’attention. Elle a encouragé tous les étudiants à «aller voir [leurs] professeurs pour leur parler de ce qu’ils veulent faire [pour soutenir MUNACA]». Le professeur Normore, du département de philosophie a soutenu que les événements récents «montrent une aliénation de la part de l’université qu’on ne voit pas ailleurs». Il dit avoir pensé que la grève était une grève normale au début, mais il pense aujourd’hui différemment, car elle est infusée de «contrôle imposé de haut en bas».

Vendredi, faisant référence au silence imposé aux grévistes, le MFLAG a organisé une marche silencieuse du Portail Roddick jusqu’au bâtiment des Arts. Encore une fois, le nombre de personnes présentes était important comparé aux manifestations des dernières années sur le campus de McGill.

Micha Stettin témoigne que le nombre d’étudiants qui se mobilisent sur le campus «a augmenté régulièrement depuis le début de l’année [scolaire]. Une fois informés, les gens réalisent rapidement l’injustice de l’affaire». Les étudiants présents à la Y‑intersection mercredi, ne font pas partie de la masse activiste qu’on voit à tous les événements politiques du campus. Stettin pense qu’une des raisons expliquant ce changement est que «la problématique touche directement la vie des grévistes mais aussi celle des étudiants». Il avance qu’«une fois que les étudiants participent aux manifestations, ils ont tendance à s’impliquer de plus en plus dans la vie universitaire». Cela pourrait être un indicateur de la participation aux prochaines actions du mouvement étudiant contre la hausse des frais de scolarité.

Le teach-in et la marche se sont déroulés sans embûches, mais toujours sous l’œil inquiet de la demi douzaine d’agents de sécurité mandatés à l’intersection et à la porte du Bâtiment de l’Administration pour accueillir les manifestants. Le sit-in a attiré l’attention d’un journaliste de Radio-Canada qui passait par hasard. La sécurité lui a d’abord interdit de filmer la scène, mais le journaliste a vite été convaincu de documenter l’événement. Les agents présents n’ont pas bronché.

Kevin Witthaker, président du syndicat, est très heureux de ce soutien externe. Il se dit «très touché» mais déplore le fait que «l’Administration traite [les manifestants] de la même façon qu’elle traite [les grévistes de MUNACA].»

De leur côté, les grévistes trouvent d’autres moyens «pour faire pression sur quatre membres pivots du Conseil des Gouverneurs de l’université» Monsieur Stuart H. Cobbett, Madame Kathy Fazel, Madame Martine Turcotte et Monsieur Thierry Vandal, comme l’annonce un communiqué du syndicat. Loin des piquets, ils ont commencé hier à organiser des manifestations de type «flash mob» à l’extérieur des bureaux de ces gouverneurs, employés de Bell Canada, RBC, Hydro-Québec et le cabinet d’avocats Stikeman Elliott.

L’article Solidarité Munacaine est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
AGSEM à table https://www.delitfrancais.com/2011/10/04/agsem-a-table/ Tue, 04 Oct 2011 13:27:02 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=8839 L’AGSEM pense pouvoir bénéficier de l’élan humaniste des autres syndicats ainsi que du mouvement étudiant.

L’article AGSEM à table est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
L’AÉÉDEM (Association des étudiantes et étudiants diplômé(e)s employé(e)s de McGill, plus connue sous le sigle anglais AGSEM) est à l’heure actuelle le plus grand syndicat de l’Université McGill. Compte tenu de l’accréditation des chargés de cours et des instructeurs obtenue il y a deux semaines, les syndiqués sont aujourd’hui plus de 3000.

La première unité de l’AÉÉDEM, à l’origine de la création du syndicat en 1993, englobe tous les auxiliaires à l’enseignement (les AE, ou les TA en anglais). Ils sont depuis mai 2011 à la table des négociations pour renouveler leur convention collective qui a expiré en juin dernier. Étant données les négociations en cours avec les cinq autres groupes syndicaux, la réponse se fait longue. Sur leur site, l’AÉÉDEM écrit que l’Administration a assuré vendredi être «incapable de répondre à leurs demandes [alors qu’on leur avait promis le contraire] sans l’accord du vice principal exécutif, [Anthony] Masi, mais qu’une rencontre entre l’Administration et ce dernier est assurée pour la semaine prochaine.» Renaud Roussel, président du comité des négociations, croit pourtant que la pression sur l’université venue de toutes parts en même temps ne peut qu’être favorable à leur quête.

AGSEM

Molly Alexander, conseillère syndicale de la FNEEQ-CSN pour le syndicat, pense que la présence de plusieurs syndicats à la table des négociations «joue à [leur] avantage et à [leur] désavantage». Depuis que les répercussions de la grève de MUNACA se font sentir sur le campus «l’attitude à la table des négociations a changé un peu, on sent une volonté un peu plus sérieuse de la part de l’université». Madame Alexander ne croit pas pourtant que les concessions salariales potentiellement accordées à l’un des syndicats empièteraient sur celles des autres.

Leur trois priorités dans les négociations sont l’amélioration des conditions de travail, l’augmentation des heures globales allouées au travail des AE et l’augmentation des salaires, et finalement, l’amélioration de l’éducation à McGill traduite par une formation payée de la part de leur département pour tous les AE. «Quand on n’a jamais noté une copie de sa vie il est impossible de savoir comment être juste dans son évaluation» note Renaud Roussel.

Dans les demandes concrètes on note entre autres un nombre limité d’étudiants par conférence et dans les laboratoires, pour des raisons de sécurité mais aussi pour encourager la participation. Ils souhaitent aussi obtenir un cours de français gratuit pour être en mesure de corriger les copies des étudiants francophones. Renaud Roussel dit avoir eu des échos de professeurs mettant en garde leurs élèves qu’ils pouvaient rendre leurs travaux en français mais que le standard ne serait pas le même. Il pense que «si McGill se définit comme une université bilingue il faut qu’elle s’en donne les moyens et, puisque les étudiants ont le droit d’écrire en français, il ne devrait pas y avoir de double standard».

Côté salaire, «le conseil des patronats du Québec pour 2011, a recommandé une augmentation de 2,8%» affirme Renaud Roussel. «Si on prend en compte l’inflation, McGill ne nous propose pas d’augmentation. Par rapport à ce qu’on gagne aujourd’hui on a une perte de salaire cumulée de 2000 dollars.» L’augmentation offerte par l’université est de 1,2% annuellement. C’est la même que celle maintenue jusqu’à maintenant pour les employés de soutien, soit la partie du budget financé par le gouvernement du Québec.
Le syndicat estime avoir établi des demandes faisables et surtout raisonnables, comparées à celles proposées par le comité de négociation en 2008. L’unité des AE avait en effet déclenché une grève en mars 2008 suite à l’échec des négociations sur l’augmentation salariale et l’amélioration des conditions de travail.

Les demandes de l’AÉÉDEM sont soutenues par l’AÉUM. «Ils ont bien vu que nos demandes étaient en lien direct avec la situation de leurs membres à eux» souligne Monsieur Roussel.

Huit réunions sont planifiées avec McGill jusqu’à fin novembre. Pour l’instant, l’AÉÉDEM n’envisage pas les grands moyens.

Comme le laisse entendre Renaud Roussel, «plus les réponses se font attendre, plus la possibilité d’une grève est grande, mais nous n’en sommes pas du tout là pour le moment!» L’éventualité d’une grève des AE est cependant à surveiller car non seulement on peut s’attendre à une solidarité de la part de tous les membres de l’AÉÉDEM, mais surtout certains AE ont tendance à occuper des emplois couverts par les autres unités syndicales et seraient donc empêchés de remplir plusieurs de leurs fonctions.

L’article AGSEM à table est apparu en premier sur Le Délit.

]]>