Catherine Renaud - Le Délit Le seul journal francophone de l'Université McGill Tue, 29 Mar 2011 12:53:52 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 La fois où j’ai fait de l’introspection https://www.delitfrancais.com/2011/03/29/la-fois-ou-j%e2%80%99ai-fait-de-l%e2%80%99introspection/ Tue, 29 Mar 2011 12:53:18 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=7507 Vous savez que je ne fais pas dans la délicatesse, que je ne m’exprime que rarement avec nostalgie et émotions autrement que pour me tourner en dérision la phrase d’après.

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Ainsi, pour bien vous dilater la rate, je vais vous offrir, en guise d’introduction, le discours convenu de la «dernière chronique». Exercice de style.

C’est avec grand regret et non sans une certaine nostalgie que je vous annonce que cette chronique sera la dernière que je publierai cette année dans les pages de notre cher Délit. Je crois que nous avons passé une bonne année ensemble et je m’ennuierai de vos commentaires réfléchis, éloquents et émouvants. Je profite également de cet instant de confession pour vous annoncer tristement que je ne réécrirai pas pour Le Délit. Après mûre réflexion, j’ai constaté qu’il était temps pour moi de quitter cette publication et, en même temps, ma zone de confort, pour relever de nouveaux défis. Je me mords les lèvres pour retenir mes pleurs à la pensée que je ne serai plus publiée par Le Délit, que je n’écrirai plus pour mes trois fidèles lecteurs.

Afin de m’aider à ravaler le petit vomi qui vient de me remonter dans la gorge après avoir écrit tant de mots doux et sucrés, je vais simplement passer à autre chose; je n’écrirai certainement pas 500 mots sur la tragique et triste fin de ma chronique, même si je pourrais le faire, si Gaston Lepage m’en lançait le défi.

L’automne dernier, je vous avais parlé brièvement –mais si votre consommation de psychotropes ou de barbituriques en tout genre est aussi élevée que celle de Pete Doherty, vous ne vous en souviendrez probablement pas– du dernier roman de Bret Easton Ellis, Imperial  Bedrooms (la traduction française s’intitule Suites impériales). À ce moment-là, j’avais un peu écrit ma recommandation comme Slavoj Žižek écrit certaines critiques de films, c’est-à-dire sans en avoir lu plus que la quatrième de couverture. Pour être complètement honnête, parce qu’au fond, les derniers mots que je profère aujourd’hui sur mon lit de mort déliite ne peuvent qu’être empreints de sincérité et d’honnêteté, je n’ai pas encore lu Imperial Bedrooms.

Si je vous en parle, c’est parce que je l’ai commandé quasi aléatoirement la semaine dernière sur Amazon, dans le but de profiter du «Super Saver Free Shipping», et que, quelques jours avant de recevoir ladite commande, j’ai lu un billet délicieux de Bret Easton Ellis, intitulé «Notes on Charlie Sheen and the End of Empire», qu’il a sans doute rédigé après avoir lu dans mes pensées, ou quelque chose comme ça. Parce que je ne peux me priver, pour une dernière fois, de transgresser un peu les règles implicites de l’écriture de la chronique, je ne vous ferai pas le résumé de ce texte; seuls les happy few adeptes d’Ellis comme moi  pourront partager le plaisir de la connaissance avec moi. En ce moment, Imperial Bedrooms repose sur ma table de salon et, ayant goûté de nouveau à sa plume avec son texte pour The Daily Beast, je suis comme une morveuse qui a entraperçu les cadeaux que sa mère va mettre pour elle sous le sapin de Noël: ça me démange de le lire ici et maintenant (surtout que je ne peux me le permettre, pour cause de fin de session), ne me dérangeant de ma lecture que pour répondre à mes besoins primaires, comme celui de m’arroser le fond de la gorge avec un verre de Pepsi ben frette.

M’accordant, cette fois en guise de conclusion, un paragraphe autoréflexif sur ma pratique de la chronique, je pense que j’ai bien bouclé la boucle, en vous reparlant de ce dont je vous avais parlé dans ma première chronique, à savoir mon amour brûlant et inextinguible pour le Pepsi et Bret Easton Ellis. Ah, et Lance et Compte. Et Twin Peaks aussi. Si je veux faire de mes textes un tout circulaire et cohérent, il faut bien que je les mentionne avant de me la fermer une fois pour toutes.

OK, ciao la gang.

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Les plaies: la suite https://www.delitfrancais.com/2011/03/15/les-plaies-la-suite/ Tue, 15 Mar 2011 16:05:39 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=7068 J’imagine que certains d’entre vous attendent nerveusement cette chronique, impatients de voir si j’ai reçu quelque réponse à mon appel déchirant d’il y a deux semaines. Sans plus tarder, je satisfais votre curiosité: mon cri du cœur est visiblement passé six pieds au-dessus de la tête de tous mes lecteurs, c’est-à-dire que, de leurs cercueils,… Lire la suite »Les plaies: la suite

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J’imagine que certains d’entre vous attendent nerveusement cette chronique, impatients de voir si j’ai reçu quelque réponse à mon appel déchirant d’il y a deux semaines. Sans plus tarder, je satisfais votre curiosité: mon cri du cœur est visiblement passé six pieds au-dessus de la tête de tous mes lecteurs, c’est-à-dire que, de leurs cercueils, où ils sont plongés dans un repos cérébral bienheureux et éternel, ils n’ont pas cru nécessaire de me répondre.

Toujours sans feedback de votre part, je pense que je peux m’arroger le droit, à partir de maintenant, de parler de ce dont je veux dans cette chronique –comme si, au fond, ce n’était pas déjà ce que je faisais depuis le début– et ce, sans me soucier désormais de vos attentes, de vos besoins ou de vos désirs. Finies, donc, mes angoisses performatives à propos de votre satisfaction concernant le contenu de cette chronique. Fini, mon besoin de vous faire rire ou sourire à chaque phrase. Puisque cette chronique est probablement depuis sa naissance un dialogue intérieur entre ma deuxième personnalité et moi-même, je la déclare à partir d’aujourd’hui un espace mental hétérogène où je monologuerai avec moi-même, que vous me lisiez ou non.

Maintenant que j’ai ouvert, nettoyé et désinfecté mes plaies, je peux respirer et aborder un autre genre de plaie, le genre qui me pourrit le moral et qui gangrène notre culture. La semaine dernière, j’ai assisté à la journée d’étude sur la pratique du roman organisée par le TSAR, groupe de recherche sur l’art du roman du Département de langue et littérature françaises de McGill. La communication de Nadine Bismuth, abordant entre autres le refus d’un magazine féminin de publier la traduction d’une courte nouvelle d’un écrivain célèbre, m’a fait prendre conscience que, dans notre société, la littérature est expulsée de la culture générale.

Pourquoi, de nos jours, la littérature est-elle généralement absente de ce type de magazine, alors que la revue Châtelaine, par exemple, publiait fréquemment des textes de fiction dans les années soixante et soixante-dix? Pourquoi Charles Lafortune demande-t-il aux candidats de l’émission Le Cercle le nom de l’auteur du livre Le Secret? Pourquoi, à Remise à Neuf, considère-t-on que tout le monde devrait connaître l’auteur de la série Aurélie Laflamme? Pourquoi l’autre jour, à Taxi Payant, un groupe de quatre personnes n’a‑t-il pas été en mesure de trouver le titre du dernier livre de Dany Laferrière et ce, même en utilisant leur droit à un appel téléphonique? Pourquoi l’auteure de cette chronique, étudiante à la maîtrise en littérature, n’est-elle pas capable de répondre à une seule de ces soi-disant «questions littéraires»? Pourquoi, à ces jeux-questionnaires télévisés récompensant l’érudition et une vaste culture générale, n’y a‑t-il jamais une maudite question sur Balzac ou sur Marie-Claire Blais? Je le sais, je rêve en couleurs si je pense qu’une question du genre figurera un jour sur un carton-question de Charles Lafortune. Et surtout, qu’on n’ose pas comparer nos beaux programmes avec ceux de la France, comme Tout le monde veut prendre sa place ou Questions pour un champion, parce que ça ne se fait juste pas, c’est juste pas fair, comme on dit, considérant notre complexe d’ex-colonie française, tsé.

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La royauté et autres plaies https://www.delitfrancais.com/2011/03/01/la-royaute-et-autres-plaies/ Tue, 01 Mar 2011 19:31:57 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=6681 L’enthousiasme et l’hystérie populaires grimpent lentement mais sûrement autour du mariage royal du Prince William et de Kate Middleton. Quel styliste habillera Kate pour la cérémonie? Qui sera invité? Qui ne sera pas invité, exceptée Sarah Ferguson, duchesse de York? Quelle teinte d’autobronzant choisira Chelsy Davy, petite amie officielle du Prince Harry: «Citrouille grillée» et… Lire la suite »La royauté et autres plaies

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L’enthousiasme et l’hystérie populaires grimpent lentement mais sûrement autour du mariage royal du Prince William et de Kate Middleton. Quel styliste habillera Kate pour la cérémonie? Qui sera invité? Qui ne sera pas invité, exceptée Sarah Ferguson, duchesse de York? Quelle teinte d’autobronzant choisira Chelsy Davy, petite amie officielle du Prince Harry: «Citrouille grillée» et «Terre brûlée du Sahara»? Vers quelle clinique privée de greffe capillaire se tournera le prince William avant la cérémonie, dans l’espoir vain de mettre fin au Prince William’s Receding Hairline Watch des divers tabloïds britanniques?

Toutes ces questions d’une importance cruciale pour la survie de l’humanité post-princesse Diana nous préoccupent, à forte raison. Le rêve de devenir une princesse que presque toutes les filles, petites ou grandes, ont caressé un jour dans leur vie, est devenu réalité pour Kate Middleton, ainsi que pour quelques autres avant elle. Grace Kelly, star hollywoodienne des années 1950, se maria à 26 ans avec le Prince de Monaco en abandonnant sa brillante carrière d’actrice; plusieurs autres, comme cette dernière, investirent le fruit de leurs études universitaires, leur talent et leur intelligence dans une vie d’isolement, dans un enclave coupé du monde pour pondre à temps perdu quelques bébés royaux, le tout vêtues richement. Réjouissez-vous, les filles! Il reste quelques princes célibataires à marier et au moins un autre film superficiel de Sofia Coppola à faire!

Je vais terminer ce billet dont vous êtes le héros par un reproche fait à vous, chers lecteurs: je ne reçois que trop rarement des commentaires de votre part sur ma moche petite chronique prétentieuse. Pourtant, je suis persuadée que certains d’entre vous auraient quelque chose à répliquer à mes élucubrations, que ce soit une insulte, une lettre d’amour ou une mise au point. Tout texte d’opinion mérite son lot de commentaires, de critiques ou d’approbations. Évidemment, j’imagine que j’accorde trop d’importance à ce que j’écris pour avoir le droit de vous demander de réagir, masse apathique de lecteurs que vous êtes. Je suis consciente que le lectorat de notre petite publication est restreint et que, comme tout le monde, ceux qui nous lisent ont mieux à faire que de prendre la peine de commenter nos textes.

Ainsi, je pourrais me proclamer reine de la patate frite maison, reine du sexe-fiction, et même reine de la presse écrite d’opinion que personne ne m’écrirait une lettre d’insultes bien senties pour me ramener sur Terre. Je crois que c’est exactement ce qui s’est passé avec Lady Gaga et, honnêtement, souhaitez-vous réellement me voir un jour propulsée au sommet de la gloire parce que personne n’a jamais osé mettre fin à mon délire mégalomane?

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L’heure des bilans https://www.delitfrancais.com/2011/02/08/l%e2%80%99heure-des-bilans/ Tue, 08 Feb 2011 18:57:51 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=6101 Si le mois de février 2011 passe à l’histoire à cause de la révolution qui se déroule en Égypte en ce moment, de nombreux événements importants se sont produits dans le passé au mois de février, le 6, pour être exacte. George VI, roi d’Angleterre, lâcha son dernier souffle un 6 février. Le 6 février… Lire la suite »L’heure des bilans

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Si le mois de février 2011 passe à l’histoire à cause de la révolution qui se déroule en Égypte en ce moment, de nombreux événements importants se sont produits dans le passé au mois de février, le 6, pour être exacte. George VI, roi d’Angleterre, lâcha son dernier souffle un 6 février. Le 6 février 1977, René Lévesque écrasa en voiture un homme étendu au milieu de la rue. Il fut blanchi, mais écopa d’une amende de vingt-cinq dollars puisque, taupe qu’il était, il ne portait pas ses lunettes au moment de l’accident. Le 6 février 1986, un avion de type Antonov 26B s’écrasa à Saransk, en URSS. Le même jour, le groupe Rush donnait un concert à Inglewood et, au même moment, Twisted Sister se produisait en spectacle à Kansas City. Et, dernier événement à survenir le 6 février 1986, aux alentours de quinze heures: la naissance d’un petit être exécrable et tyrannique du nom de Catherine. Eh oui! J’arrive aujourd’hui, à reculons, les ongles plantés dans le sol, les dents serrées, à l’âge d’un quart de siècle. Mais, puisque songer que Catherine pourra maintenant célébrer la Sainte-Catherine, la fête des vieilles filles, me donne envie d’avaler une poignée d’Ativan avec une flûte de champagne, vous vous doutez que je n’ai pas envie de parler de l’avenir. Plutôt, je tourne le dos à l’avenir et je prends l’espace de cette chronique pour méditer sur le passé, pour faire mon bilan.

1986, mais je vous dis ça de mon point de vue totalement subjectif et injustifié, est l’une des meilleures années. Ce qu’on se souvient généralement de 1986, c’est la catastrophe de Tchernobyl. Mais 1986 marque également le lancement de la Télévision Quatre-Saisons, aujourd’hui éminemment regrettée. Les Canadiens remportèrent la coupe Stanley en 1986. Une pléthore d’excellents films datent de cette année: Ferris Bueller’s Day Off, Blue Velvet, Labyrinth (avec David Bowie et ses cheveux pas possibles). Mon groupe de musique préféré, Sonic Youth, sortit l’un de mes albums préférés en 1986: Evol. Alors que le légendaire Rock and Roll Hall of Fame fut créé cette année-là, de légendaires groupes de ce même genre se séparèrent: The Smiths, Black Flag, The Clash. Mais une chose, à mes yeux, confirme que l’année 1986 fut un grand cru: le lancement de la meilleure émission de télévision québécoise: Lance et Compte. À écrire ces lignes, je regrette presque de n’avoir pas célébré mon quart de siècle en 86.

À 25 ans, 5’8’’, quelques cheveux blancs dans le toupet, autant de plombages dans la gueule que de dents, un baccalauréat ès arts avec honneurs sous le bras, je n’ai pas encore laissé ma marque dans le monde, à l’exception de quelques traces de brakes, comme on dit en bon québécois, mais j’ai en moi une chose que personne ne pourra m’enlever: une pièce de vingt-cinq sous que j’ai avalée quand j’avais dix ans.

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Trauma à la tête https://www.delitfrancais.com/2011/01/25/trauma-a-la-tete/ https://www.delitfrancais.com/2011/01/25/trauma-a-la-tete/#comments Tue, 25 Jan 2011 19:16:20 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=5547 Parfois, je me dis qu’à me lire vous devez sans doute me croire pleine de préjugés, intransigeante et cruellement moqueuse. Je pense aussi que vous vous dites que je ne donne de chance à rien ni à personne de me prouver leur intérêt ou leur valeur, avant que je ne leur appose un jugement définitif.… Lire la suite »Trauma à la tête

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Parfois, je me dis qu’à me lire vous devez sans doute me croire pleine de préjugés, intransigeante et cruellement moqueuse. Je pense aussi que vous vous dites que je ne donne de chance à rien ni à personne de me prouver leur intérêt ou leur valeur, avant que je ne leur appose un jugement définitif. Je pourrais difficilement nier ces idées à mon sujet. Mais, j’ai envie de vous montrer qu’il demeure tout de même une once de bonne foi et un soupçon d’humanité au fond de mon vieux cœur de glace.

L’an dernier, j’ai décidé de donner une chance à Fabienne Larouche, auteure célèbre de séries de longue haleine comme Virginie, dont la nouvelle série, Trauma, est diffusée à Radio-Cadenas. Je me suis convaincue que l’habit ne fait pas le moine, qu’il faut laisser sa chance au coureur, etc. J’ai donc commencé à visionner cette série emplie de bonne volonté, réceptive à son génie potentiel. Évidemment, dès le départ, plusieurs éléments m’ont agacé, comme le début de chaque épisode avec un nouveau cas médical, grossièrement calqué sur la série House, ou encore l’inexactitude du portrait du monde hospitalier (tranche de vie: je travaille dans un hôpital depuis deux ans, donc je remarque ce genre de choses), ou même encore les noms ridicules dont les personnages sont affublés (Dr Rush, urgentiste, Dr Légaré, psychiatre, et j’en passe). Malgré tout, j’ai fait de mon mieux pour garder l’esprit ouvert face à cette nouvelle production télévisuelle, me disant que, pour qu’un budget aussi généreux soit alloué à cette série, c’est qu’elle doit bien avoir une certaine qualité.

À la fin de la première saison, je n’avais pas encore trouvé cette «certaine qualité», mais je n’étais pas non plus prête à démolir Trauma dans une chronique de journal. Mes amis, ce jour est arrivé. La seconde saison de la série a débuté récemment et, après trois épisodes, je dois dire que mon vase déborde. Autrement dit, et pour rester dans le bon goût, je préférerais être exposée pour le restant de ma vie aux selles en conserve de l’artiste contemporain Piero Manzoni qu’à un épisode supplémentaire de Trauma. En seulement trois épisodes de quarante-cinq minutes, Fabienne Larouche a essayé de nous faire avaler ou plutôt, nous a enfoncé jusqu’au fond de la gorge, le viol par un mafieux, dont le frère également mafieux est hospitalisé au service de traumatologie, d’une docteure résidente (jouée par Laurence Lebœuf) déjà aux prises avec des problèmes psychologiques, Karine Vanasse en jeune délinquante se faisant infliger, à sa propre demande, des mutilations génitales par sa belle-mère, le suicide par immolation par le feu d’une autre résidente, et l’effondrement d’un stationnement souterrain dans lequel sont faits prisonniers Laurence Lebœuf, dont les répercussions du viol n’ont pas été traitées dans l’émission, et son petit ami, un autre résident joué par Yan England.

Est-ce que Fabienne Larouche peut défier davantage les règles de base de la vraisemblance dans une production soi-disant réaliste sans que personne ne pipe mot? Au diable la vraisemblance, ce qu’elle recherche ici, c’est le subversif, le choquant, sacrifiant au passage cohérence et continuité. En fait, au visionnement du dernier épisode, j’ai eu l’impression d’avoir reçu un trauma à la tête tellement le début de cette série me semblait incompréhensible, absurde, voire surréaliste.

Pousse, mais pousse égal ma Farouche.

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Culture rehab https://www.delitfrancais.com/2011/01/11/culture-rehab/ Tue, 11 Jan 2011 18:43:50 +0000 http://delitfrancais.com/?p=5086 Pour être honnête avec vous, je n’ai pas grand- chose à vous dire cette semaine. Il ne se passe rien de spécial culturellement parlant, du moins dans mon univers. J’ai bien reçu quelques livres et DVDs pour Noël, mais je ne peux pas dire que je les ai vraiment ouverts. Le temps des Fêtes est… Lire la suite »Culture rehab

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Pour être honnête avec vous, je n’ai pas grand- chose à vous dire cette semaine. Il ne se passe rien de spécial culturellement parlant, du moins dans mon univers. J’ai bien reçu quelques livres et DVDs pour Noël, mais je ne peux pas dire que je les ai vraiment ouverts. Le temps des Fêtes est toujours une période qui m’engourdit, une espèce de triangle des Bermudes dans lequel Le sapin a des boules joue en boucle. Dans cet univers parallèle, on se bourre la face comme on fourre la dinde de farce, on rit, on fait des casse-têtes, on regarde des vidéos de «Christmas Lights Gone Wild» sur Youtube, dans lesquelles les lumières de Noël décorant les maisons de programmeurs informatiques beaucoup trop motivés sont synchronisées au rythme de différentes chansons. On en ressort abrutis, parfois un peu bedonnants, et certainement sans aucune envie de reprendre les cours et de se replonger dans le bain des activités culturelles, car les magnifiques productions de National Lampoon sont aussi puissantes que les drogues dures: plus on en visionne, plus notre cerveau s’acclimate à la niaiserie et en redemande.

Ainsi, pour éviter le manque qui suit nécessairement une période d’intense consommation de produits culturels de faible qualité, de même que pour adoucir le rapide et difficile retour à la vie universitaire après seulement deux semaines de répit, je me suis proposé un programme de retour progressif à la culture intelligente. Il serait fou de participer à un marathon le lendemain d’une méchante brosse. De même, ne nous imposons pas un film indépendant japonais sous-titré après une semaine de «junk TV». Visons plutôt des objectifs réalistes. Je vous propose donc deux bandes dessinées en ligne afin de réhabituer tranquillement votre cerveau à comprendre un humour subtil et recherché.

La première bande dessinée s’adresse à mes collègues, mes frères d’armes, mes meilleurs amis, tous ceux qui, comme moi, sont étudiants au cycle supérieur: je vous présente Piled Higher and Deeper: A Grad Student Comic Strip (www.phdcomics.com). Publiée depuis les années 1990 dans le journal étudiant de l’Université Stanford et maintenant diffusée en ligne, cette bande dessinée présente de façon ironique et humoristique la vie d’étudiants au doctorat, procrastinateurs hors pair, ignorés et torturés par leurs directeurs de recherche. Ceux qui, comme moi, ont parfois l’impression que le but des études supérieures est d’extraire de nous tout désir de vivre et de faire de cette activité une carrière retrouveront le sourire en lisant ces planches. Ma deuxième proposition de lecture est Hipster Hitler (hipsterhitler.com), une bande dessinée qui vise à parodier l’ancien leader nazi et le mouvement hipster en fusionnant l’un et l’autre dans un même personnage. Avec des jeux de mots comme «Arcade Fürher», «You Make Me Feel Like Danzig» et «Nuremberg to Williamsburg», Hipster Hitler propose des  planches hilarantes qui feront travailler à la fois vos savoirs historiques et anthropologiques (une connaissance du mouvement qui prolifère et s’épanouit dans les quartiers du Mile-End à Montréal et de Williamsburg à Brooklyn est requise).

Comme dans toute bonne cure de désintoxication, il y a risque de rechute. J’ai le regret de vous annoncer, chers lecteurs, que j’ai failli à ma tâche : je suis effectivement retombée dans la drogue la plus addictive qui soit: Jersey Shore is back, b*tches.

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[Ré]écrire notre histoire https://www.delitfrancais.com/2010/11/23/reecrire-notre-histoire/ Wed, 24 Nov 2010 02:32:47 +0000 http://delitfrancais.com/?p=4682 Puisque ce dont je vais vous parler dans ma présente chronique constitue un événement majeur dans le milieu culturel au Québec, je considère à propos de se remémorer quelques paroles sur l’art prononcées par de grands romanciers et dramaturges qui ont marqué l’époque qui nous a précédée. Dans La décadence du mensonge, Oscar Wilde écrit:… Lire la suite »[Ré]écrire notre histoire

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Puisque ce dont je vais vous parler dans ma présente chronique constitue un événement majeur dans le milieu culturel au Québec, je considère à propos de se remémorer quelques paroles sur l’art prononcées par de grands romanciers et dramaturges qui ont marqué l’époque qui nous a précédée. Dans La décadence du mensonge, Oscar Wilde écrit: «La Vie imite l’Art bien plus que l’Art n’imite la Vie.» Si cette proposition de Wilde est forte, bien que pratiquement devenue cliché de nos jours; c’est bien parce qu’elle souligne la tendance de l’homme à émuler ce qui est plus grand que soi.

Mais qu’en est-il lorsque l’Art imite la Vie, par exemple l’histoire d’un peuple? Tolstoï écrit, dans Qu’est-ce que l’art?, que «les grandes œuvres d’art ne sont grandes que parce qu’elles sont accessibles et compréhensibles à tous.» De fait, la grande œuvre de Tolstoï (et sans conteste l’une des plus grandes œuvres litéraires), Guerre et Paix, narre l’Histoire de toute une nation, celle de la Russie à l’époque de Napoléon Ier. Le dernier aphorisme qui servira notre sujet provient de Somerset Maugham, dramaturge et romancier britannique particulièrement prolifique durant les années 1930: «L’art pour l’art, c’est une formule qui n’a pas plus de sens que le gin pour le gin.»

Ces trois pensées sur l’Art éclairent, à mon sens, l’œuvre de l’inspiré Réjean Tremblay. Un nouveau chapitre s’ajoute à la saga écrite par notre visionnaire dramaturge, la saga d’une nation combattante, qui s’est battue pour ses droits et pour sa langue et qui se bat encore pour obtenir son pays, mais également la saga d’un peuple qui pense hockey: Lance et Compte: le film.

Avec Lance et Compte, son grand chef‑d’œuvre, si l’on peut dire, Réjean Tremblay nous a montré que si la Vie s’inspire de l’Art, l’Art s’inspire également de la Vie lorsque ledit Art est créé par un homme qui veut émuler plus grand que ce qu’il est capable de créer. Ainsi, depuis le début de cette série télévisée qui se transforma à quelques occasions en longs métrages, Réjean Tremblay (Doctorat honoris causa décerné par le Colisée Pepsi) recycle maints éléments de l’actualité sportive, que ce soit le personnage de Linda Hébert, apparemment inspiré de Liza Frulla, ou le passage à l’Ouest par des joueurs de l’URSS lors de la coupe du monde de hockey pendant la troisième saison qui n’est pas sans rappeler l’évasion des frères Statsny en 1980 lors du tournoi de la Coupe d’Europe à Innsbruck grâce à l’aide de dirigeants des Nordiques de Québec. Car, il faut le dire, le National de Québec de Réjean Tremblay, ce sont les Nordiques.

C’est ici, je crois, que les mots de Tolstoï prennent tout leur sens: avec un calquage aussi grossier de la fiction sur la réalité, l’œuvre de Réjean Tremblay est grande, car elle est accessible et compréhensible de tous, que ce soit le monsieur qui chauffait des trucks pour Frito-Lays en 1989, ou le professeur d’université qui y revoit sa jeunesse. D’où la pertinence d’invoquer la citation de Maugham pour analyser l’œuvre aussi proche de son public, qui met en scène des intrigues invraisemblables impliquant Jean-Michel Anctil en admirateur un peu trop enflammé qui finit par mettre littéralement le feu à un autre personnage, que l’est Lance et Compte.

Évidemment, quand t’écoutes Lance et Compte, l’art pour l’art pour toi ç’a pas de bon sens, ce qui t’intéresse c’est le gin pour le gin!

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Je me renseigne sur le sexe https://www.delitfrancais.com/2010/11/10/je-me-renseigne-sur-le-sexe/ Wed, 10 Nov 2010 18:44:17 +0000 http://delitfrancais.com/?p=4269 J’aime tellement ça vous déstabiliser que, contrairement à mon habitude (et au titre de cette chronique), cette semaine, je n’incendierai rien ni personne. Pas une éraflure. Pas même une petite morsure, un petit mordillage. Puisque j’aime ça être subversive, je vais faire tout le contraire de ce à quoi vous vous attendez. Non, je ne… Lire la suite »Je me renseigne sur le sexe

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J’aime tellement ça vous déstabiliser que, contrairement à mon habitude (et au titre de cette chronique), cette semaine, je n’incendierai rien ni personne. Pas une éraflure. Pas même une petite morsure, un petit mordillage. Puisque j’aime ça être subversive, je vais faire tout le contraire de ce à quoi vous vous attendez. Non, je ne me la fermerai pas (ça serait trop beau et quand c’est trop beau, c’est qu’il y a quelque chose qui cloche).

Je vais plutôt prendre l’espace de cette chronique pour vous présenter un artiste que j’aime pour de vrai, qui m’oblige à attacher ma tuque avec de la broche tellement il déchire, bref, qui m’impressionne.

Après un préambule de la sorte, c’est difficile pour moi de ne pas revenir sur ma parole pour en écorcher vif un ou deux en guise d’introduction à mon sujet principal. Tout ce que je peux faire, c’est vous dire que cet artiste dont je veux vous parler, cet artiste polyvalent et innovateur, ce n’est pas la maudite chanteuse blonde vêtue d’une robe en viande qui récupère le style de Grace Jones en essayant de nous faire accroire que ce qu’elle fait c’est original et nouveau.

Cet artiste, c’est Bobo Boutin. Ancien batteur des défunts Georges Leningrad, il œuvre maintenant en solo. Ce serait difficile pour moi de circonscrire ce drôle d’oiseau à un seul domaine artistique. Dans ses propres mots, «Bobo Boutin est un cartoñero magico né en 1975. Tendrá unos treinta años (más o menos). Il est balance ascendant escorpio. Il œuvre pour la CSDRAP de MONTRÉAL. À venir: Disque 7» + Conte sordide illustré» (MySpace)

Dans une entrevue accordée à Olivier Lalande du Voir (25 août 2010), il ajoute: «pour l’instant, j’œuvre continuellement, n’importe quand, n’importe comment, pour la CSDRAP de Montréal, une espèce de bureaucratie personnelle. Mon alter ego Gilles Robert se balade sur la toile: une série d’épisodes sont prévus à cet effet. Un disque 7 po, accompagné d’un conte sordide illustré (pleine couleur), né de la contraction des chansons Vidanges et Banshee Whale, paraîtra très bientôt sous une étiquette de disque de la côte ouest américaine. En ce qui concerne mes spectacles, continuez à vous attendre à tout. Je vis maintenant sur terre comme dans un immense phalanstère.»

Concrètement, Bobo Boutin crée des pièces musicales, des feuillets inclassables sous le nom de Gilles Robert, des dessins et des collages, et des entrées de blogue avec des titres tels que «Je me renseigne sur le sexe». Je sais pas vous, mais dans ces entrées de blogue, le style de l’artiste me rappelle celui d’un écrivain culte québécois, dont les initiales sont R.D.

Vous vous demandez sans doute qu’est-ce que la CSDRAP? Disons seulement que c’est l’acronyme de la Commission scolaire du rouleau à pâtisserie…

Côté musique, ça va plutôt bien pour Bobo et ses pièces de style punk/electronica rappelant le groupe des années 1970 Suicide. De fait, il a ouvert en août pour le groupe culte franco-allemand Stereototal et se produira le 11 novembre à L’Escogriffe avec Meta Gruau dans le cadre du 24e Coup de cœur francophone de Montréal.

Pour tout savoir, voir et entendre sur Bobo Boutin, rendez-vous au www.myspace.com/boboboutin.

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Les saisons de Catherine https://www.delitfrancais.com/2010/10/26/les-saisons-de-catherine/ Tue, 26 Oct 2010 08:00:09 +0000 http://delitfrancais.com/?p=3927 Les feuilles sont rouges, jaunes, oranges, le vent est froid, les jours raccourcissent. On a tous le goût de s’envelopper dans nos Snuggies et de manger de la tarte à la citrouille, de boire un bon grog ou de se réchauffer, nus, dans un lit de bronzage. Faisant une bonne Clodine Desrochers de moi-même, je… Lire la suite »Les saisons de Catherine

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Les feuilles sont rouges, jaunes, oranges, le vent est froid, les jours raccourcissent. On a tous le goût de s’envelopper dans nos Snuggies et de manger de la tarte à la citrouille, de boire un bon grog ou de se réchauffer, nus, dans un lit de bronzage. Faisant une bonne Clodine Desrochers de moi-même, je vous présente ma chronique, spécial «lainage et nourriture automnale».

Évidemment, j’anticipe déjà la question qui taraude mes lectrices: comment choisir la bonne laine pour le bon tricot? La réponse est simple: à moins que vous n’ayez l’intention de vous tricoter un costume d’Halloween délirant, foutez le camp de ma chronique au plus vite! L’Halloween, c’est la fête qui me motive à passer à travers l’automne. Parce que je peux faire carier mes dents à outrance sans me sentir coupable (et mon dentiste sait de quoi je parle!), parce que je peux me prendre pour mes personnages de fiction préférés en me déguisant, et surtout parce que ma chère télé diffuse des classiques d’horreur à volonté.

Habituellement, je ne raffole pas de films d’horreur, mais il y a quelque chose en moi qui fait qu’à l’approche de l’Halloween, j’aime regarder des films glauques et inquiétants. Le méga classique à voir et à revoir est Halloween, réalisé et écrit par John Carpenter en 1978. La veille de l’Halloween, Michael Myers revient dans sa ville natale, quinze ans après avoir tué sa sœur, dans le but de tuer son autre sœur, jouée par Jamie Lee Curtis. Les prises de vue, avec des contreplongées et des jeux de lumière clair-obscurs, et la trame sonore du film, composée avec un clavier psychédélique seventies, entretiennent le suspense et l’inquiétude.

Moins sanglant, mais décidément plus inquiétant, le drame d’horreur psychologique de Roman Polanski, Rosemary’s Baby (1968), présente l’histoire d’un jeune couple de new-yorkais qui emménage dans un nouvel appartement spacieux et tente d’avoir un enfant. Rosemary (interprétée de manière très convaincante par Mia Farrow) soupçonne ses vieux voisins de vouloir du mal à l’enfant qu’elle porte et entraîne les spectateurs dans une spirale paranoïaque où imaginaire et réalité fusionnent.

Le dernier film que je vous conseille est une comédie musicale parodiant les films de série B. Il s’agit du film culte de 1975, The Rocky Horror Picture Show, réalisé par Jim Sharman et écrit par Richard O’Brien et Sharman. D’étranges choses se produisent au manoir gothique du Dr Frank-N-Furter, qui mène de drôles d’expériences dans sa demeure, simplement vêtu d’une bobette de cuir, de bas résilles et de bottes plateformes. À chaque année à l’occasion de l’Halloween, dans de nombreuses villes américaines et même canadiennes (il y a en fait un bal Rocky Horror à Montréal cette année, du 29 au 31 octobre), des fans finis de ce film culte se réunissent, incarnant leur personnage favori, pour fêter et danser au rythme des chansons du film.

Si vous avez déjà vu tous ces films et que vous avez quand même envie de vous éclater le 31 octobre, venez au spectacle des Vaselines à la Sala Rossa. Ce groupe écossais alternatif des années 80 s’est reformé en 2006 et donne des spectacles de temps à autres; si vous êtes fans, c’est une occasion à ne pas manquer. Si vous n’en avez toujours pas assez, que vous voulez sortir vos costumes de deathrockers et vos cottes de maille, vous me joindrez au Salon officiel pour le jour du Sabbat, la soirée du dimanche à thématique métal. Trasher sur du Slayer en s’intoxiquant de fumée artificielle, il n’y a rien de mieux pour clore les festivités du jour des morts.

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We are the World, We Are the Tabarn*** https://www.delitfrancais.com/2010/10/05/we-are-the-world-we-are-the-tabarn/ https://www.delitfrancais.com/2010/10/05/we-are-the-world-we-are-the-tabarn/#comments Wed, 06 Oct 2010 02:10:30 +0000 http://delitfrancais.com/?p=3513 Je ne sais pas si c’est moi, les autres, la température ou autre chose, mais cette année, Pop Montréal, ça ne me tentait pas. Au moment même où je vous écris ces lignes, emmitouflée dans ma veste psychotronique préférée, je suis, comme promis dans ma dernière chronique, fatiguée et dépeignée. Mais ce n’est pas par… Lire la suite »We are the World, We Are the Tabarn***

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Je ne sais pas si c’est moi, les autres, la température ou autre chose, mais cette année, Pop Montréal, ça ne me tentait pas. Au moment même où je vous écris ces lignes, emmitouflée dans ma veste psychotronique préférée, je suis, comme promis dans ma dernière chronique, fatiguée et dépeignée. Mais ce n’est pas par abus de Pop. En vérité, je n’ai assisté qu’à un seul spectacle, celui de Pypy (side project de membres de Duchess Says et de Roy Vuchino de Red Mass) samedi à la Casa del Popolo, et même là, j’ai failli rebrousser chemin en voyant la queue. Pourtant, il y avait au moins trois autres groupes que j’avais envie de voir: Negative Approach (old school hardcore américain), Shonen Knife (groupe de Japonaises sur lequel Kurt Cobain trippait) et Shortpants Romance (featuring un ancien chroniqueur du Délit à la guitare, Ralph Elawani).

La performance de ces derniers à l’Abreuvoir a malheureusement tourné au vinaigre, gracieuseté d’une pitoune cokée qui a lancé un tabouret sur la guitare de Ralph.

En ce qui concerne Pop Montréal, O.K., peut-être que j’ai ma poutine du Fameux de cette nuit sur le cœur mais je veux pas les voir, les hipsteux qui sentent le curry et qui jouissent de leur propre personne en jouant avec leur iPhone; je veux pu aller à Puces Pop, où la moitié des cochonneries artisanales qui y sont vendues à un prix hallucinant pourraient se retrouver sur la première page de regretsy.com; et je ne peux pas, par peur de sombrer dans une misanthropie sans fin, mettre les pieds à la Puces Pop Record Fair, où une surabondance d’étudiants en Cultural Studies et d’artisses en tous genres du Mile-End vont acheter une tonne de vinyles trop chers, sans même avoir de table tournante chez eux. Je pense qu’avant de signer mon propre acte de décès social, je vais me retirer.

Vous vous doutez sans doute (je suis tellement coquine avec mes jeux de mots) de ce que j’ai fait à la place de Pop: tévé tévé tévé. Vendredi soir, j’ai écouté le dossier spécial que Radio-Cadenas a préparé pour les quarante ans de la Crise d’Octobre. Juste après, à Télé-Québec, un spécial sur les Nordiques. C’est comme si la télévision avait senti que j’avais besoin de réconfort dans ma mélancolie super émotive et profonde.

Parlant des Nordiques, vous avez sûrement vu l’horrible vidéo faite par les Grandes Gueules pour promouvoir le retour de cette belle équipe dans la capitale de notre pays du Québec. Sur l’air de «We Are the World», les moins sportifs de nos chanteux et chanteuses rallient les troupes autour de ce symbole de l’identitaire québécois. Sérieux, ils peuvent-tu revenir, les Nordiques, que j’arrête de vivre dans l’univers fictif de Réjean Tremblay et que je réalise enfin mon rêve de devenir Linda Hébert, en chair et en os? We Are the World, We Are the Tabarnak…

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L’automne c’est plate, le fun c’est l’fun https://www.delitfrancais.com/2010/09/21/l%e2%80%99automne-c%e2%80%99est-plate-le-fun-c%e2%80%99est-l%e2%80%99fun/ https://www.delitfrancais.com/2010/09/21/l%e2%80%99automne-c%e2%80%99est-plate-le-fun-c%e2%80%99est-l%e2%80%99fun/#comments Tue, 21 Sep 2010 19:48:07 +0000 http://delitfrancais.com/?p=3380 Le 27 septembre, vous casserez avec moi votre blues du lundi au spectacle de Best Coast à la Sala Rossa. Ce groupe de indie-surf-rock lo-fi, aux accords minimalistes grunge-esques, venant de El Lé, Californie, s’y produira avec les également surf et grunge-esques britanniques de Male Bonding. Sortez vos flanelles.

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Il semble que mon (mauvais) karma avec Postes Canada me suive jusqu’à ce billet que je vous fais parvenir de mon Papinotte Palace. Traduction: ma chronique bi-mensuelle fait ses débuts dans les pages de votre Délit favori avec trois semaines de retard sur la rentrée. Votre écrivaine de roman-feuilleton has-been n’aura donc pas d’autres choix que de couper les coins ronds sur l’exposé élogieux de sa propre personne qu’elle aurait voulu vous faire en guise de première chronique pour mordre directement dans le vif des «super-actu-people» culturelles.

Les gens qui me connaissent savent que j’aime environ cinq choses dans la vie: lire, le Pepsi, la musique un peu brutale, la télé et le potinage. Ceux qui partagent avec moi au moins l’un de ces nobles intérêts auront sans doute assisté au marathon Twin Peaks, cette série culte des années 1990 créée par David Lynch (yes, madame), qui a eu lieu les 18 et 19 septembre au Blue Sunshine–Psychotronic Cinema Space. Les trente épisodes de la série y ont été projetés en présence de Kimmy Robertson, qui incarnait l’adorable Lucy Moran. Café et tarte aux cerises inclus.

Le 27 septembre, vous casserez avec moi votre blues du lundi au spectacle de Best Coast à la Sala Rossa. Ce groupe de indie-surf-rock lo-fi, aux accords minimalistes grunge-esques, venant de El Lé, Californie, s’y produira avec les également surf et grunge-esques britanniques de Male Bonding. Sortez vos flanelles.

N’achetez pas Yupster, le «roman indie» de Sylvain Raimond lancé le 15 septembre, poubelle de clichés entendus sur le Plateau et, selon Fabien Loszach du blogue Almost as Cool as Fighting, «pastiche de Glamorama de Bret Easton Ellis». Justement, ce bon vieux Bret nous a offert récemment un nouveau roman, Suites Impériales, qui se veut une suite à Moins que zéro, qu’il écrivait en 1985. Prenez les cennes que vous avez économisées en n’achetant pas Yupster pour vous le procurer.

Et maintenant, le sujet qui nous brûle tous et toutes les lèvres depuis la sortie de sa programmation au début du mois de septembre: la rentrée TVA. La «télé des émotions» est fidèle à elle-même et nous revient avec une sélection télévisuelle de qualité: les quasi-mongoliens –pour reprendre l’expression d’Ignatius J. Reilly dans la Conjuration des imbéciles– du Banquier useront encore une fois de force et de magie pour choisir la bonne valise; Chantal Lacroix et son chuintement récidivent avec une nouvelle saison de La Collection et s’incriminent davantage avec Rencontres paranormales, nouveau délit de la rentrée; la pièce de résistance de l’automne est évidemment la nouvelle saison d’Occupation Double à Whistler, avec Pierre-Yves Lord en remplacement de Joël Legendre. À l’instar des Liaisons dangereuses de Laclos, cette télé-réalité créée par le très intellectuel Éric Salvail nous permettra d’assister à un jeu séduction et de trahison hautement cérébral, avec chutes de ski, cheveux bleachés et implants mammaires en bonus.

Finalement, l’automne ne s’annonce pas trop mal, n’est-ce pas? Je vous reviens dans deux semaines, dépeignée et fatiguée, avec ma rétrospective sur Pop Montréal.

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Flagrant délit de tendresse https://www.delitfrancais.com/2010/03/30/flagrant-delit-de-tendresse-21/ Tue, 30 Mar 2010 16:47:59 +0000 http://delitfrancais.com/?p=3172 DERNIER ÉPISODE
Résumé de l’épisode précédent:
Steeve est troublé par l’attirance indéniable qu’il éprouve envers Emma. En quête de réconfort et de réponses à ses questions, il se dirige vers le Café Chaos, où l’attend une copie de Trente Arpents. Delilah annonce à sa mère qu’elle est enceinte; cette dernière vient la rejoindre à Montréal et prend la situation en main. Francis, apprenant la nouvelle de la grossesse de Delilah, ressent un déchirement intérieur qu’il s’explique mal.

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Margaret avait engagé le plus instruit historien de la Société généalogique canadienne-française pour mener une recherche discrète sur les origines de Francis. Au comble de la stupeur et, au même moment, du soulagement, elle apprit que Francis cachait, sous son allure prolétaire, deux quarts de noblesse irlandaise. Margaret pourrait donc faire l’annonce officielle, d’abord à ses amies du Daughters of the American Revolution, puis à la presse, du grand mariage en blanc qu’elle organisait pour Delilah. Elle composa le numéro de son majordome-chauffeur, qu’elle conservait sur speed dial, et lui ordonna de mettre en branle les préparatifs; Delilah serait mariée avec la première éclosion de fleurs, with no baby bump in sight, pensa Margaret.

* * *

Une sonnerie lancinante sort Francis du sommeil chimique dans lequel il était plongé.

«… Allô…», marmonne-t-il, la bouche sèche comme le fond d’un vieux cendrier.

- Francis, est-ce que tu dors? demande Delilah d’une petite voix.

(longue pause)

- Nenon, je suis toute là, dit Francis de sa voix cassée par la fumée.

- J’aimerais ça qu’on parle… des bébés. What do you think of Blanche and Scarlett for girls?

- Euh… Francis se gratte la tête, tentant de stimuler ses neurones encore endormis par ce qu’il avait pris la veille. Ah ouin… j’vais être papa.

- So?

- J’pense que ça me plaît… un nom français et un nom anglais, ça marche bin.

- C’est ça exactement ce que j’avais en tête. I want our babies to represent the union of our two cultural heritages. And I’ve always liked the name Blanche…

Le choix du nom Blanche était venu naturellement à Delilah, puisqu’elle avait vu se transposer les traits de Roy Dupuis à ceux de Francis, et ce, depuis le premier jour. La voix virile de Charlebois retentit soudainement et avec violence dans l’appartement.

- Faut que je te laisse, je pense que Steeve file pas. Je te rappelle plus tard mon amour, dit Francis en raccrochant.

* * *

Francis pénétra dans la cuisine emboucanée et se dirigea, sur le pilote automatique, jusqu’à la cafetière. Steeve, attablé, badtrippait littéralement depuis la veille. Emma ne cessait de le surprendre. Honteux, mais cédant à ses désirs, il l’avait ramenée chez lui, c’est-à-dire dans son sous-sol glauque de Longueuil, au plancher recouvert d’un tapis brun-de-gris marqué de brûlures de cigarettes, aux murs inégaux, graisseux et mal peinturés, et aux meubles plus qu’élimés. À la vue des lieux, l’excitation d’Emma crut à vue d’oeil. Elle fit passer sa robe par-dessus sa tête et la lança dans un recoin poussiéreux de l’appartement. Elle lui fit signe de la suivre dans le salon et, trouvant qu’il ne s’approchait pas assez rapidement, elle saisit le col de son chandail et le lui déchira sur le corps. Elle s’étendit sur le vieux futon Ikéa et poussa un soupir s’apparentant à un rugissement. Steeve n’attendit pas plus longtemps pour se précipiter sur elle. Il lui arracha sa culotte et plongea, langue première, dans sa faille de San Andreas. Au fond y coulait un ruisseau; il ne demandait mieux que de remonter à sa source. Il employait sa rame, d’un bois dur, pour y naviguer. Elle, comme des flots tumultueux, le faisait tanguer d’avant en arrière. Il sentit enfin qu’il touchait au but lorsque le corps d’Emma, comme la mer pendant l’orage, fut secoué de soubresauts. Il jaillit tel un geyser, inondant sa faille d’une douce liqueur.

Bref, ils avaient eu une christie de bonne baise, pensait Steeve. Mais le sexe, c’est pas tout. Il peinait à surmonter le conflit identitaire que cette relation faisait surgir en lui. Lésait-il ses convictions et ses valeurs québécoises en s’unissant à une anglo? Il se rappelait le discours qu’il avait fait à Francis quand ce dernier lui avait annoncé qu’il sortait avec son Américaine. Mais il se remémorait très graphiquement le plaisir qu’avait pris Emma dans son salon hier… Les deux arguments pesaient aussi lourd dans la balance.

De l’autre côté de la table, Francis ressentait un déchirement semblable à celui de Steeve. Sirotant un mauvais café filtre, il songeait à son futur en tant qu’Américain. Perdrait-il son français après quelques années là-bas? Demeurerait-il, au fond de lui-même, un vrai Québécois? «Au moins, se dit-il, j’vais améliorer mon anglais pis je vais avoir l’air moins con quand je vais parler avec Delilah.» La question était tranchée et il se sentit serein d’avoir pris une aussi bonne décision. Steeve et Francis émergèrent de leurs pensées à ces mots de Charlebois: «Entre deux joints tu pourrais faire quequ’chose, entre deux joints tu pourrais t’grouiller l’cul.» Ils furent frappés de la vérité des paroles de cette chanson et, se regardant dans les yeux, ils comprirent qu’ils avaient tous deux fait leur choix, le bon.

* * *

Ils se tenaient près de la porte d’embarquement 26. Delilah s’accrochait à sa valise comme à une bouée de sauvetage. La tristesse donnait un air plus petit, plus fragile à son visage. Francis lui caressa la joue doucement. Comme ces deux semaines seraient longues et déchirantes! Francis tenta de prendre une voix virile pour rassurer sa fiancée, mais les mots se perdirent dans sa gorge.

Deux semaines avant que je te revoie… dans ta belle robe blanche, t’avançant vers moi dans l’église, dit Francis d’un ton qu’il voulait poétique. Delilah leva des yeux emplis de larmes vers lui; elle l’aimait si profondément, elle en avait mal à l’âme. Ou était-ce un coup de pied d’un des bébés?

-I really don’t care about the wedding right now. All I want is to be with you… sanglota Delilah.

- Je sais, mon amour, mais pour qu’on puisse être vraiment ensemble, on doit se marier, répondit Francis, qui assumait maintenant pleinement son futur rôle de mari et de père de famille.

On appela les passagers du vol de Delilah; le moment si redouté était venu. Delilah marcha d’un pas flageolant vers le quai d’embarquement.

Dans l’avion, Delilah sortit un mouchoir blanc de son sac à main. Sentant l’appareil prendre de la vitesse et décoller de terre, elle secoua son mouchoir frénétiquement devant le hublot, comme le faisaient les personnages des films romantiques qu’elle affectionnait tant. Elle vomit dans son mouchoir alors que l’avion atteignait son altitude de croisière. «Goddamned morning sickness!»

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Flagrant délit de tendresse https://www.delitfrancais.com/2010/03/02/flagrant-delit-de-tendresse-18/ Tue, 02 Mar 2010 13:00:49 +0000 http://delitfrancais.com/?p=2721 Épisode 18
Résumé de l’épisode précédent:
Delilah est ambivalente dans ses sentiments envers l’espoir olympique. Francis, quelques bières dans le corps, se présente à sa porte. Notre héroïne flanchera-t-elle?

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Ses cheveux blancs jaunis par la nicotine ramenés derrière les oreilles, il se lèche les lèvres en anticipant le festin charnel auquel il s’apprête à prendre part. Sa voiture roule tranquillement dans la rue où les âmes perdues viennent s’échouer. Au coin Ontario et Papineau, il ralentit. Il sait que la chair fraîche dont il veut se délecter se trouve ici, non loin. Il se penche sur le siège côté passager et baisse la vitre. Arrêté à un feu rouge, il voit celle qui satisfera ses bas instincts.

-You want to go for a ride honey? dit-il, un sourire sardonique fendant ses lèvres aux commissures brunâtres.

Un objet contondant frappe la vitre, à quelques centimètres de son visage, et la fait voler en éclats. Une main, qui semble avoir connu plus d’un combat, s’introduit dans la voiture et débarre la portière. Cette main agrippe la tignasse filandreuse et grasse de l’homme et tire celui-ci hors de la voiture. La tête dans un nid de poule, des coups font convulser son vieux corps. Avant de sombrer dans de noires abysses, il voit sa voiture s’éloigner, impuissant.

* * *

«And I feel pretty… pretty enough for youuuuu! I felt so ugly before, didn’t know what to do… That somebody wants you, someone that’s more for real.…» Delilah chante sa nouvelle chanson préférée, une rengaine d’Elliott Smith, tout en se préparant à aller au lit. Elle a soudainement l’impression que les paroles ont été écrites tout spécialement pour elle. En voyant le visage de son beau hockeyeur la veille à la télévision, elle avait pris conscience qu’elle ne voulait pas d’un homme qui vivait dans l’espoir d’une médaille. Elle avait déjà donné avec Richard et ses rêves de manuscrits byzantins. Comme Émilie Bordeleau, elle avait besoin d’un homme vrai, fort et manuel… Elle s’imaginait très bien son bel étudiant, vêtu uniquement d’une salopette de travail, le visage luisant de sueur, les mains noircies par le labeur, lui construisant une cabane en Canada…

- I think I’m ready to give him another chance, Em’, glousse malicieusement Delilah.

- Oh my God!!! Oh my God!!!, hurle Emma, en reversant son Earl Grey sur la nappe de dentelle.

- Stay with me while I call him, or else I don’t know what I’m going to say!, dit Delilah en levant de table.

Elle pose la main sur le téléphone et celui-ci, au même instant, se met à sonner.

- Oh my God, Del’! That’s a sign!, lance Emma, surexcitée.

Rayonnante de bonheur, Delilah répond. Emma voit le visage de son amie se décomposer à mesure que les secondes s’écoulent. Au bout d’un moment, Delilah acquiesce et raccroche.

* * *

Elle entre dans l’hôpital, incertaine de l’endroit où elle doit se rendre. Voyant un agent de sécurité venir vers elle, elle l’intercepte.

- Excusez-moi… Le pavillon Lachapelle, c’est où?

- Quelle chambre cherchez-vous
exactement?

Elle lui donne le numéro, qu’elle avait précipitemment grifonné sur un morceau de papier avant de se précipiter à l’hôpital.

- Ah oui… Prenez le prochain corridor à gauche, puis les ascenseurs jusqu’au septième étage.

En entrant dans la chambre, elle voit son professeur allongé dans le lit, la figure pleine de contusions et de points de suture. Un énorme pansement lui couvre l’abdomen. Sur une chaise, à sa gauche, est assise une femme d’un certain âge qu’elle devine être son épouse. Elle lui tend la main et se présente.

- Hi, I’m Delilah, your husband’s masters student. What happened to him?

- He was assaulted and got his car stolen as he was looking for a prostitute on Ontario. Needless to say I’m getting a divorce as soon as he gets out of here.

Delilah, estomaquée, ne sait que répondre à cette pauvre femme. Elle se tait, et son interlocutrice reprend en lui tendant un petit objet :

- The university called. Here’s the key to his office. Now if you’ll leave us…

- Of course.

Delilah quitte la chambre, pleine de sentiments contradictoires.

* * *

- Est-ce que je peux parler à Francis s’il-vous-plaît, dit Delilah.

- Oué, un instant mamzelle. FRANCIS!!! C’est ton anglaise au téléphone, crie Steeve en couvrant à peine le combiné.

Delilah rougit à l’autre bout du fil en songeant que son accent l’a trahie. Francis, de son côté, prend une bonne inspiration avant de décrocher.

- Delilah? dit-il, la voix remplie d’espoir.

- Oui, c’est moi…

- Comment ça va?

- Écoute, Francis, je ne veux pas passer par les quatre chemins pour te dire ce que je veux dire.

- Je t’écoute, répond-il, charmé par son français approximatif.

- Mon directeur de mémoire est à l’hôpital pour un temps indéterminé et la faculté m’a demandé de le remplacer pour le reste de la session. Et, if I’m not mistaken, tu es encore inscrit à ce cours.

- Cool, ça veut dire qu’on va passer plus de temps ensemble, dit-il, la voix pleine de sous-entendus.

- Non, Francis, ça veut dire que je suis à nouveau en position d’autorité par rapport à toi et qu’on ne peut pas recommencer à se voir. Je… (sa voix se brisa) I’m really upset about this turn of events. I’ll see you next week…

Francis raccroche rageusement en ravalant ses larmes. La grosse face niaise et surexcitée de Steeve s’insère dans l’entrebâillement de la porte. «Pis?»

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Flagrant délit de tendresse https://www.delitfrancais.com/2010/02/02/flagrant-delit-de-tendresse-15/ Tue, 02 Feb 2010 13:00:11 +0000 http://delitfrancais.com/?p=2484 Épisode 15
Résumé de l’épisode précédent:
Ayant mis une fois pour toutes fin à sa relation avec Richard, Elle, suivant les conseils d’Emma, se rend à une soirée de speed dating pour se changer les idées. Elle y rencontre une jeune femme attirante qui lui fait miroiter les plaisirs de Sappho. Elle ne peut toutefois se résoudre à tourner la page sur son bel étudiant…

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Ayant constaté qu’elle était toujours profondément éprise de Lui, Elle décida, tard dans la nuit après un marathon de Jersey Shore, que ce qu’il lui fallait, c’était un plan d’attaque. «Confidence and a banging body», se répétait-elle comme un mantra en faisant les cent pas dans sa chambre. Elle se mit en sous-vêtements, devant le miroir. Elle se tâta la cuisse, mince, mais un peu molle, et soupira.

C’était la première fois qu’elle entrait dans le pavillon Molson et, évidemment, elle aboutit à l’aréna plutôt qu’au Fitness Centre, où se donnait le cours de spinning auquel elle s’était inscrite en hâte le matin même. Énervée, Elle retourna brusquement sur ses pas et entra en collision avec un jeune homme qui sortait du vestiaire. Elle laissa échapper son sac de sport et, en tentant de le récupérer, s’empêtra dans son sac à main, dont le contenu se déversa sur le plancher. «I am such a klutz, sorry», marmonna-t-elle. Elle releva la tête, et ce qu’elle vit lui coupa le souffle: un corps parfaitement découpé se devinait à travers son chandail de hockey. Il avait des cheveux bruns bouclés, le physique sensuel de Pierre Lambert et les yeux tristes de Marc Gagnon. Elle n’arrivait pas à reprendre le contrôle de sa respiration alors qu’elle inhalait l’aura sexuelle qu’il dégageait. Il lui décocha un sourire à faire fondre la calotte glaciaire et lui rendit son sac de sport.

- I bet you don’t come here often, dit-il.

- God no, dit-elle en riant, and now I’ve missed half of my spinning class.

- Well… If you’ve already missed half of it, it wouldn’t really make sense to go all the way up there and change for a 20-minute workout, would it? Elle sourit discrètement en secouant la tête.

- Would you care to join me for lunch then?

Elle lui emboîta le pas, les joues enflammées.

Il se trouvait au même moment dans le vestiaire, enfilant ses patins pour une heure de patinage libre entre deux cours. Ouvrant la porte, Il la vit en conversation avec un des espoirs olympiques de McGill. Il referma un peu la porte et les épia. Une vague de jalousie déferla en Lui quand Il les vit s’éloigner, le visage radieux. «Un gars de l’équipe de hockey du Canada asteure! Câlice de crisse!» Il fit plusieurs tours de patinoire, puis passa sa rage sur une série de lancers frappés, imaginant son rival devant le but. Alors qu’il patinait tranquillement en direction des vestiaires, il s’arrêta subitement et, les yeux levés vers les bannières suspendues au plafond de l’aréna, il laissa échapper un profond cri de douleur : « DELILAAAAAAAH».

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Flagrant délit de tendresse https://www.delitfrancais.com/2010/01/12/flagrant-delit-de-tendresse-12/ Wed, 13 Jan 2010 02:49:20 +0000 http://delitfrancais.com/?p=2195 ÉPISODE 12
Résumé de l’épisode précédent :
Au point fort de la révolte syndicale, Steeve pose un geste symbolique contre l’hégémonie anglophone en plaçant une bombe dans le Leacock. Notre héros tente de secourir son amante avant l’explosion fatale mais l’aperçoit, saine et sauve, abandonnée dans les bras de Richard, son ancien amant.

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Passant sous les imposantes Roddick Gates, Il tente de faire le focus sur la carte du campus malgré ses yeux plongés dans la graisse de bines depuis le 31 décembre. Les yeux rougis, rapetissés par sa consommation matinale de «thé», grattant sa barbe, Steeve l’avait brutalement réveillé ce matin-là en faisant irruption dans sa chambre. «Les polices sont partout, man!», ditil en se désempêtrant de sa cape rouge pour recouvrir de vieux journaux la minuscule fenêtre. Il ressortit aussi rapidement de la chambre qu’il y était entré, laissant derrière lui un parfum révolutionnaire. Steeve se terrait dans leur demi sous-sol depuis les événements de décembre, s’imaginant figurer sur la liste des America’s Most Wanted.

Il localise enfin son pavillon pour constater, une fois à l’intérieur du Burnside, que son cours a été déplacé au Leacock. Il maudit l’incompétence de Steeve en matière d’explosifs; il aurait aimé que le Leacock disparaisse, et ses souvenirs avec lui. En effet, la montre du Dollarama que Steeve avait utilisée dans le mécanisme de la bombe avait arrêté de fonctionner avant de déclencher l’explosion. Ses pieds avancent à reculons dans les corridors, son coeur se débattant dans sa poitrine à chaque coin qu’il tourne de crainte de la croiser. Sans trop s’en rendre compte, il avait renoué avec son ex Nathalie la veille du jour de l’an entre sa vingt-deuxième et sa vingt-troisième Black Label.

* * *

Elle a rêvé de lui cette nuit. Comme toutes les autres nuits depuis. Moulé dans un costume de Superman, il entrait dans le bureau au septième étage en brisant la vitre. Il la ravissait des mains tripoteuses de son professeur et, elle, serrée contre son torse musclé, échappait de justesse avec lui à l’explosion du pavillon Leacock en s’envolant dans la nuit. Faisant mine de remplir sa bouteille d’eau à l’abreuvoir, elle l’attend, frémissante.

* * *

Absorbé dans des pensées négatives à propos de la vie, il sent une douce main attraper la sienne. Il se retourne et la regarde, une tristesse intense se lisant dans ses yeux. Alors qu’elle se rapproche de lui, il se raidit et se défait de l’étreinte de sa main. « Where’s your boyfriend? », lui demande-t-il d’un ton amer. Il entre dans la salle de cours et ferme la porte derrière lui.

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Flagrant délit de tendresse https://www.delitfrancais.com/2009/11/17/flagrant-delit-de-tendresse-10/ Tue, 17 Nov 2009 15:00:43 +0000 http://delitfrancais.com/?p=1867 ÉPISODE 10
Résumé de l’épisode précédent:
Une manifestation populaire a creusé un fossé inattendu entre Lui,cousin influençable d’un militant syndicalo-révolutionnaire et Elle, membre de la bourgeoise capitaliste anglophone… Un retour en force des deux solitudes dans l’existence des deux amants est-il à craindre?

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Elle sortit de la chambre, l’air hagard. Serrant la ceinture de sa vieille robe de chambre en velours vert, elle retira du feu la bouilloire sifflante, oubliée là par Emma. Cette dernière fit irruption dans la cuisine, les yeux maniaques et l’air surexcité. Elle, hébétée par les événements de la veille, continuait à verser l’eau chaude sur les poches de thé. Une forte odeur de myrrhe mêlée de musc attaqua vivement ses muqueuses olfactives. Elle se redressa et vit alors une enveloppe fort travaillée, scellée à l’ancienne avec de la cire, adressée en lettres gothiques qu’elle ne connaissait que trop bien. Elle attrapa la lettre qu’Emma agitait sous son nez en lui lançant un regard sans équivoque. Son bol de thé à la main, elle s’effondra sur le canapé et lança la lettre toujours cachetée sur le guéridon style Queen Anne. Histoire de se changer les idées, elle alluma la télévision, où passaient en boucle des images de la manifestation de la veille, avec un close-up sur Lui et son ignoble acolyte en train de scander «Fuck la bourgeoisie!». Elle éteignit l’appareil brusquement, se pencha et reprit la lettre. Elle inspira profondément, s’imprégna du lourd parfum que dégageait l’enveloppe, et l’ouvrit.

My dear,

I have truly missed thee ever since you left me. I know we somehow grew apart; however, my feelings, they never changed. I have just submitted my Master’s thesis in Byzantine Studies and have now a lot of time on my hands. ’Tis why I dearly wish that thou willst meet me on the steps of the Birks building, at sundown, in a fortnight.

Richard Wilde III

«In a fortnight?!» En se fiant à la date écrite en entête, cela voulait dire… le lendemain. Perplexe, elle examina l’enveloppe et constata qu’il n’y avait pas de cachet de la poste, mais remarqua quelques petites marques de pinces et une plume minuscule coincée entre la cire et le papier. Il se servait donc toujours de son vieux pigeon voyageur! Ah… Richard… soupira-t-elle.

* * *

La pluie battait contre les carreaux de la fenêtre du bureau froid et sombre des T.A., au sous-sol du pavillon des Arts. Elle triturait de rage l’ourlet de sa jupe, l’oeil fixé sur la pendule. Il ne s’était pas présenté au rendez-vous qu’il avait lui-même quémandé il y a deux semaines, sous prétexte de discuter de son travail final. Dans sa tête alternaient, de façon stroboscopique, l’image captée par le journaliste de CTV qui montrait son jeune loup condamnant la bourgeoisie, et celle de son directeur de maîtrise, le visage fendu par un sourire pervers, faisant allusion à ses petites indiscrétions. Elle ignorait qu’à ce moment même, il ne pouvait venir au rendez-vous; il était à la merci de Steeve, qui lui faisait découper le restant des rideaux rouges de la cuisine depuis l’aube.

* * *

Elle suivait avec appréhension dans le corridor de l’hôtel celui qui venait de réapparaître soudainement dans sa vie. Il y avait à présent chez lui quelque chose de changé. Elle n’arrivait pas tout à fait à mettre le doigt dessus – était-ce sa démarche, l’ondulation de ses cheveux, un certain négligé dans sa tenue? Il ouvrit la porte de la chambre: «Apwrès vous madmezelle». Les chandelles, l’effluve de myrrhe, la musique baroque… il la renversa sur le lit sans effort. Torturée par la culpabilité qu’elle ressentait envers Lui mais courroucée de ce qu’elle percevait comme une trahison de sa part, elle laissa Richard lui enlever sa blouse. Les yeux clos, elle se délassait à ses caresses, ses mains qui s’inséraient sous son soutiengorge couleur chair, sa bouche qui l’embrassait à perdre haleine. Elle le sentait étonnamment vigoureux contre elle et, elle, sentait le désir monter d’entre ses cuisses. Elle succomba.

Les sirènes d’une ambulance troublèrent son doux sommeil, bercé par la respiration virile de Richard. Elle se leva discrètement, enroulée dans le couvre-lit, et alla à la salle de bain. Sur le bord de l’évier, elle vit une bouteille de comprimés, sur laquelle était clairement écrit : VIAGRA 25 MG DE 1 À 2 COMPRIMÉS POUR DIFFICULTÉS ÉRECTILES.

« That’s why he felt so young… »

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Flagrant délit de tendresse https://www.delitfrancais.com/2009/09/22/flagrant-delit-de-tendresse-3/ Wed, 23 Sep 2009 02:40:50 +0000 http://www.delitfrancais.com/archives/707 ÉPISODE 3

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«Dear student,

I would strongly advise you to attend the Library Orientation tours & Workshops offered by the McLennan library staff, especially “Get Started” and “Find the Right Stuff.” Unfortunately, due to my busy schedule I may not help you with it myself.

Cheers.»

«I was lucky Emma was there for me», se dit-elle en cliquant sur le bouton «envoi». Sans son amie, elle aurait pu commettre un énorme faux pas compromettant sa carrière universitaire. Elle pousse un soupir de soulagement dans lequel transparait tout de même une pointe de regret. S’emballer pour un freshman avec un accent… délicieux.

* * *

Après avoir cherché pendant deux semaines comment accéder à son courriel McGill, il ouvre enfin sa boîte de réception. Entre divers communiqués du SSMU et de sa faculté, il voit son nom. Il clique précipitamment sur le message, son cœur battant plus rapidement que la batterie dans «I was made for loving you» de Kiss. Quelques instants plus tard, le choc brutal de l’écran de son laptop contre le clavier se répercute dans la banlieue environnante.

* * *

Le bruit monotone des rayons électroniques du sixième étage de la bibliothèque se fait entendre une fois de plus. Le chemin ouvert, il s’avance entre les rayons et tente de localiser le livre de Hegel qu’elle a mentionné à la dernière conférence. «Il faut ce qu’il faut quand on veut séduire une femme», pense-t-il. Alors que ses yeux se promènent sur les rayons, son pied se bute contre un livre qu’on a vraisemblablement égaré.

Justine ou Les malheurs de la vertu, lit-il distraitement en ramassant le bouquin. Il lève la tête et entrevoit une chevelure flamboyante qu’il croit reconnaître. Il la suit, envoûté par la lumière qui danse dans les boucles couleur de feu.

Arrivé au bout de la rangée, une main agrippe son poignet. «Follow me.» Sa main, chaude et humide sur son poignet, le tire jusqu’à l’aire de classement. «On doit parler. I can’t stand this anymore», chuchote-elle en posant délicatement son cartable par terre.  C’est alors qu’elle voit le livre qu’il tient toujours entre son bras et son torse. «Sade!», dit-elle à bout de souffle, d’une voix où se mêlent surprise et excitation. Elle l’empoigne alors violemment par la nuque et colle ses lèvres passionnément sur les siennes, sa langue se frayant un chemin dans sa bouche. Succombant au désir, il jette Sade et son sac par terre, l’empoigne par les hanches et la retourne contre l’abreuvoir. Délaissant ses lèvres, il parcoure son cou, sa nuque et le haut de sa poitrine de sa bouche. Les yeux entrouverts, se délectant de ses étreintes, elle lui pétrit la nuque de ses doigts. C’est alors qu’elle entend un homme se racler la gorge. Elle ouvre les yeux et voit une silhouette un peu trop familière tourner le coin. «Oh my… would it be?…» Elle se dégage de ses bras, saisit son cartable et s’enfuit vers les ascenseurs.

Déboussolé et refroidi par sa fuite imprévisible, il récupère son sac qui traîne dans le milieu de l’allée et reprend le livre. Il l’ouvre au hasard, curieux de savoir pourquoi ce bouquin inconnu a déclenché une vague de désir aussi forte chez elle. «…Rodin pénètre dans l’asile étroit des plaisirs; le même trône est, pendant ce temps, offert à ses baisers par sa gouvernante, l’autre fille le fouette autant qu’elle a de forces; Rodin est aux nues, il pourfend, il déchire, mille baisers plus chauds les uns que les autres expriment son ardeur…» Cela expliquerait-il…?

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