Carl Cenerelli - Le Délit https://www.delitfrancais.com/author/carl-cenerelli/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Tue, 29 Nov 2022 18:54:57 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 Combattre l’inflation à l’épicerie https://www.delitfrancais.com/2022/11/30/combattre-linflation-a-lepicerie/ Wed, 30 Nov 2022 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=50225 L’AÉUM s’attaque à l’insécurité alimentaire.

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Les étudiant·e·s de McGill qui souffrent de difficultés financières ont jusqu’au 30 novembre pour s’inscrire au programme pilote d’épicerie de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM). Cette initiative gratuite, par le biais de la distribution d’un sac réutilisable, d’un bon de rabais pour un supermarché au choix et d’un dîner gratuit, vise à aider les membres de la communauté mcgilloise qui souffrent d’insécurité alimentaire en raison de l’inflation grimpante. Cette initiative faciliterait l’achat d’aliments non périssables et de base. L’association indique vouloir transformer ce projet pilote en programme permanent, si possible.

Les étudiant·e·s inscrit·e·s pourront ramasser leur sac, leur bon de rabais et leur dîner gratuit les 12 et 13 décembre, de 13h à 17h, au Centre universitaire.

L’inflation à l’épicerie ronge le portefeuille des Québécois·es

Selon l’Institut de la statistique du Québec, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 3,8% au Québec en 2021. Au mois d’octobre 2022, l’indice avait crû de 6,4% en 12 mois. Selon Radio-Canada, les salaires au Québec suivaient encore l’inflation en juillet 2022. Les salaires auraient augmenté de 8% en moyenne, comparativement à un taux d’inflation moyen de 7,3%. Les Canadien·ne·s auraient obtenu de moindres augmentations, moyennant 5,2%, subissant en plus un taux d’inflation moyen plus élevé (7,6%). Toutefois, un rapport du Dispensaire diététique de Montréal a constaté une augmentation de 15% du «coût minimal annuel d’une épicerie équilibrée pour nourrir une famille type». Ainsi, l’inflation des prix serait particulièrement importante dans le domaine de l’alimentation.

«L’insécurité alimentaire des étudiants de McGill et de partout au Canada, ainsi que l’augmentation rapide du coût de la nourriture, m’ont motivée à créer le programme d’épicerie»

Risann Wright, présidente de l’AÉUM

Le renouvellement du projet se basera sur les retours des étudiant·e·s

Risann Wright, présidente de l’AÉUM et initiatrice du programme pilote, a répondu aux questions du Délit. «L’insécurité alimentaire des étudiants de McGill et de partout au Canada, ainsi que l’augmentation rapide du coût de la nourriture, m’ont motivée à créer le programme d’épicerie», affirme la présidente. «Les étudiants ont de la difficulté à payer leur épicerie et à acheter des aliments de base, et il y a une demande évidente pour un soutien de l’AÉUM par rapport à l’insécurité alimentaire», affirme-t-elle. Kerry Yang, vice-président aux affaires universitaires de l’AÉUM, nous a également apporté des précisions: «Nous ne voulons pas que la nourriture soit une inquiétude majeure pour les étudiants,» indique-t-il. Les témoignages de plus en plus fréquents d’étudiant·e·s souffrant d’insécurité alimentaire ont poussé l’AÉUM à lancer ce programme pilote, «afin de déterminer la demande et élaborer le fonctionnement d’un programme d’épicerie de l’AÉUM», explique Risann Wright. L’Association se serait inspirée des programmes de banques alimentaires, de bons d’épicerie et de garde-mangers subventionnés d’autres associations étudiantes québécoises et canadiennes, témoigne la présidente.

«Les étudiants ont de la difficulté à payer leur épicerie et à acheter des aliments de base»

Risann Wright, présidente de l’AÉUM

L’AÉUM dispose actuellement de 200 coupons d’épicerie de 40$, avec une limite d’un coupon par étudiant·e. Ces coupons seront distribués aux premier·ère·s arrivé·e·s. Selon Kerry Yang, l’initiative serait «relativement populaire» jusqu’à présent. Toutefois, l’AÉUM «attend les jours de distribution pour voir dans quelle mesure les étudiants aiment et apprécient [le programme]».

En effet, Kerry Yang déclare: «Nous regarderons aussi les données, mais si le programme est relativement réussi, nous essayerons dans tous les cas d’en faire une chose permanente et d’engager quelqu’un qui peut le superviser et le changer en se basant sur les retours des étudiants.» Les plans pour un programme permanent restent à élaborer, mais Risann Wright anticipe un programme «flexible, offrant soit des aliments de base, soit des bons d’épicerie aux étudiants à chaque session». Bien que l’initiative actuelle soit entièrement financée par l’AÉUM, l’association «recherche activement des partenaires avec qui collaborer», que ce soit par le biais d’une contribution financière ou matérielle, selon Kerry Yang. Risann Wright ajoute que l’AÉUM souhaite «soumettre la question d’un frais facultatif de programme d’épicerie au référendum d’hiver» pour le financement durable de l’initiative.

«Nous ne voulons pas que la nourriture soit une inquiétude majeure pour les étudiants»

Kerry Yang, v.-p. aux affaires universitaires de de l’AÉUM

Une augmentation des prix remarquée et ressentie par les étudiant·e·s

La forte hausse des prix à l’épicerie n’a pas épargné la population étudiante de McGill. Si les étudiant·e·s n’en souffrent pas personnellement, ils et elles connaissent au moins une personne aux prises avec cette inflation du panier d’emplettes.

Farras, étudiant en microbiologie, a vu le prix de son épicerie régulière augmenter de 40$ à 60$, voire 70$. «C’est difficile», constate-t-il, au point où il se voit forcé de marcher davantage pour magasiner chez un épicier moins cher.

Bien que Riad, étudiant en génie mécanique, ne se sente pas trop affecté par l’augmentation des prix, il connaît des gens dans son entourage qui sont dans cette situation. «J’ai une amie [qui] n’arrive pas à la fin du mois, [qui] a des difficultés à payer le tout,» déclare-t-il.

Une opportunité à saisir rapidement

La date limite pour s’inscrire au programme de l’AÉUM tombe le 30 novembre. Le formulaire d’inscription est accessible sur la page web «Inscription pour le programme d’épicerie» de l’AÉUM. Le soutien de l’AÉUM aux étudiant·e·s lors des examens finaux et durant la pause de la période des Fêtes «pourrait changer la donne pour quelques étudiants», conclut Kerry Yang.

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Des élu·e·s refusent de prêter allégeance au roi https://www.delitfrancais.com/2022/10/26/des-elu%c2%b7e%c2%b7s-refusent-de-preter-allegeance-au-roi/ Wed, 26 Oct 2022 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=49479 Un antimonarchisme signé Parti québécois et Québec solidaire.

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Lors de leur assermentation la semaine dernière, les 11 député·e·s de Québec solidaire et les trois député·e·s du Parti québécois se sont abstenu·e·s de prêter le serment d’allégeance au roi Charles III prévu par la Loi constitutionnelle de 1867.

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Le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, avait problématisé ce serment tout au long de sa campagne électorale, affirmant son intention de ne pas le prêter. Pour le chef péquiste, «on ne peut servir deux maîtres »; référant au peuple du Québec et au roi. Le co-porte-parole de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois, a aussi souligné récemment un «grand inconfort à prêter serment au roi» dans une lettre adressée aux autres chef·fe·s de partis.

Pour leur part, tous·tes les élu·e·s de la Coalition avenir Québec (CAQ), dont le premier ministre François Legault, ainsi que du Parti libéral du Québec, ont prêté serment à la fois au peuple et au roi. La cheffe libérale, Dominique Anglade, estimait que son parti pourrait ainsi «respecter les lois et siéger le plus tôt possible».

Les député·e·s péquistes et solidaires sont maintenant confronté·e·s à un problème constitutionnel. Siegfried Peters, secrétaire général de l’Assemblée nationale, a rappelé à Paul St-Pierre Plamondon jeudi dernier que «la prestation des deux serments est une condition préalable à l’exercice des fonctions parlementaires». Ces député·e·s ne pourraient donc pas siéger sans prêter serment au roi sous les provisions constitutionnelles actuelles.

Un serment prévu par la Loi constitutionnelle de 1867

Contacté par Le Délit, Dr Dave Guénette, chercheur postdoctoral de la Faculté de droit de McGill, membre de la Chaire Peter MacKell sur le fédéralisme, nous a partagé ses commentaires sur ce serment. Selon lui, le refus péquiste et solidaire de prêter le serment au roi, tout en prêtant celui au peuple du Québec, est une première. La Loi constitutionnelle de 1867 prévoit que «les membres du conseil législatif ou de l’assemblée législative d’une province devront, avant d’entrer dans l’exercice de leurs fonctions, prêter et souscrire […] le serment d’allégeance». Le serment prend alors la forme suivante: «Je, A.B., jure que je serai fidèle et porterai vraie allégeance à Sa Majesté [nom du roi ou de la reine du Royaume-Uni alors régnant]».

«On ne peut servir deux maîtres»

Paul St-Pierre Plamondon

Au Québec, un second serment existe depuis 1999, affirmant la loyauté de l’élu·e envers le peuple et la constitution du Québec. L’Assemblée nationale spécifie toutefois dans son encyclopédie que «le serment d’allégeance prescrit par la Loi constitutionnelle de 1867 est aussi exigé».

D’emblée, le Dr Dave Guénette souligne que les député·e·s prêtent serment «au Chef d’État du Canada», soit actuellement le roi Charles III, et non pas à un roi étranger. La Loi sur les titres royaux affirme en effet qu’il est roi «du Royaume-Uni, du Canada et de ses autres royaumes et territoires, chef du Commonwealth, défenseur de la Foi».

Le chercheur en changements constitutionnels affirme qu’il «est fort possible que la prestation [du serment] fasse partie de [la] constitution provinciale» du Québec. Ceci permettrait à l’Assemblée nationale d’unilatéralement modifier cette loi sur le serment au monarque, car elle se retrouve à la fois dans la constitution du Québec et dans la Loi constitutionnelle de 1867. Le gouvernement de la CAQ pourrait donc éventuellement modifier la constitution provinciale afin de permettre aux député·e·s péquistes et solidaires de siéger sans prêter serment au roi.

«La prestation des deux serments est une condition préalable à l’exercice des fonctions parlementaires»

Siegfried Peters

L’incertitude par rapport au chevauchement des deux constitutions provient du fait que celle du Québec est composée d’un ensemble de textes qui ne sont pas réunis dans une liste officielle.

Dr Dave Guénette précise que le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, s’est montré favorable à un tel changement et que le gouvernement caquiste se dit ouvert à un projet de loi mettant fin au serment à la monarchie britannique.

Une tactique politique multinationale

Atagün Kejanlioglu, candidat au doctorat en droit civil à McGill contacté par Le Délit, compare la situation au Québec avec le refus d’une élue kurde en Turquie de prêter le serment sous la forme prévue, remplaçant les mots «peuple turc» par «peuples de la Turquie».

Premièrement, Atagün Kejanlioglu, dont la recherche se concentre entre autres sur les défis populistes au constitutionnalisme, explique que le serment au peuple des représentant·e·s parlementaires «devient un champ de bataille politique» lorsque la conception du peuple de ces représentant·e·s et de la constitution est différente.

Deuxièmement, pour des causes indépendantistes telles que celle défendue par le PQ et QS, ce type de confrontation représente un excellent champ de bataille. Ils démontreraient bien «l’impossibilité de faire reconnaître son identité au sein du système constitutionnel existant», conclut Atagün Kejanlioglu.

Intéressant pour les chercheur·euse·s, peu pertinent selon les étudiant·e·s

Le refus des élu·e·s du PQ et de QS de prêter serment à la monarchie reflète le sentiment anti-monarchiste d’une majorité des Québécois·es. Un sondage Léger en septembre 2022 trouvait que 66% des Québécois·es estiment qu’il faut se débarrasser de la monarchie. 51% de tous·tes les Canadien·ne·s étaient prêt·e·s à s’en séparer, selon un sondage Angus Reid d’avril 2022.

Xavier, étudiant en droit à McGill, affirme que «ce n’est pas une institution dans laquelle [il] se reconnaît». Il souligne que le serment au roi, chef de l’église anglicane, visait initialement à exclure les personnes catholiques de la fonction publique. Le rôle, même si largement symbolique, de la monarchie dans l’édification du génocide des peuples autochtones justifie pour lui davantage une cessation de la monarchie. «Je pense qu’on est assez intelligents pour être des citoyens à part entière, même si ce n’est que symbolique», conclut-il.

Ce «champ de bataille» ne trouve pas appui auprès de tous les étudiant·e·s mcgillois·es. Kiana, étudiante canadienne en littérature anglaise à McGill, croit que «le Canada devrait encore avoir une monarchie (tdlr)», car selon elle, «l’application de la monarchie constitutionnelle a été fonctionnelle». Elle ajoute que, de toute façon, «les personnes sont plus intéressées par la perception du monarque individuel que par l’efficacité du système en tant que tel».

«66% des Québécois·es estiment qu’il faut se débarrasser de la monarchie»

Éric*, étudiant canadien en science politique, dit que cette situation «n’est vraisemblablement qu’une ruse politique de QS et du PQ pour mettre la CAQ dans l’embarras (tdlr)». Peu optimiste par rapport à la possibilité d’un changement constitutionnel, il déclare: «Nous devrions nous concentrer sur des problèmes pertinents, tels que les soins sanitaires et le logement, plutôt que de réparer quelque chose qui n’est pas encore brisé».

Hippolyte, étudiant français en génie civil, va même jusqu’à affirmer: «Un roi ou une reine pourrait permettre à une nation d’être plus soudée, plus unie. […] La monarchie peut être le ciment d’une nation».

Qu’en retenir ?

Le refus des député·e·s du PQ et de QS a réanimé la discussion autour du rôle de la monarchie au Canada et au Québec. Selon Dr Dave Guénette, l’Assemblée nationale pourrait unilatéralement modifier la constitution du Québec. Le gouvernement caquiste s’est montré favorable à une telle démarche.

En revanche, les étudiant·e·s mcgillois·es questionné·e·s à ce sujet s’avouent généralement peu intéressé·e·s ou enthousiasmé·e·s par cet enjeu, le qualifiant de «ruse politique» des député·e·s solidaires et péquistes. Plusieurs étudiant·e·s soulignent la non-influence, voire même les bénéfices, de la monarchie constitutionnelle au Canada et en général.

*Nom fictif

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Survol du second débat des chefs https://www.delitfrancais.com/2022/09/28/survol-du-second-debat-des-chefs/ Wed, 28 Sep 2022 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=49018 Un affrontement riche en propositions, mais aussi en désaccords.

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Les chefs des cinq partis politiques québécois les plus importants se sont affrontés jeudi soir lors d’un débat sur les ondes de Radio-Canada. Ce second débat, qui survient une semaine après le Face-à-face des chefs organisé par TVA, a permis aux candidats d’exposer plus clairement leurs promesses électorales par rapport à cinq enjeux: l’environnement, le coût de la vie, le système de santé, l’éducation, la langue française, l’immigration et l’identité.

Lors de ce débat, s’affrontaient François Legault, chef de la Coalition avenir Québec (CAQ); Dominique Anglade, cheffe du Parti libéral du Québec (PLQ); Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois (PQ); Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte parole de Québec solidaire (QS); et Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec (PCQ).

Contacté par Le Délit, le Pr Daniel Béland, professeur au Département de sciences politiques de l’Université McGill et directeur de l’Institut d’études canadiennes de McGill, nous a partagé ses commentaires sur le débat.

Environnement: Comment régler l’enjeu du siècle?

Concernant l’environnement, les chefs ont pu présenter leurs propositions pour s’attaquer au problème des changements climatiques. Gabriel Nadeau-Dubois a défendu sa taxe sur les véhicules polluants et a soutenu que l’économie verte représente la colonne vertébrale du projet sociétal de QS. Le PLQ voit la transition écologique comme un projet de société. La CAQ mise sur le transport collectif, le recyclage, l’énergie verte en milieu industriel, le commerce agricole local, l’énergie propre et les bâtiments propres. Paul Saint-Pierre-Plamondon a souligné que le PQ proposait de doubler l’offre des transports en commun, de faire baisser le coût de ces transports à 1$ par jour partout dans la province, et de hausser les ventes de véhicules électriques. Éric Duhaime a exprimé le souhait du PCQ de rendre électriques tous les transports de la province, une mesure financée par les hydrocarbures. Le Pr Béland juge cette stratégie inefficace. Ce dernier constate surtout qu’« entre Legault et Nadeau-Dubois, il y a vraiment une dynamique de conflit». «Legault attaque beaucoup QS, beaucoup plus qu’il attaque le PQ ou les libéraux, comme s’il voulait les marginaliser», ajoute-t-il.

Coût de la vie: Une guerre d’enchères sur les chèques

Face à l’inflation, les chefs ont proposé différentes mesures pour soutenir financièrement l’électorat québécois. François Legault propose une baisse d’impôts non-chiffrée, une remise d’environ 500$ et un chèque annuel de 2 000$ aux aînés. Dominique Anglade propose ce même versement annuel aux aînés, ainsi qu’un chèque annuel de 5 000$ aux familles. Paul Saint-Pierre-Plamondon propose une remise de 750$ à 1 200$, selon le revenu familial. De son côté, Éric Duhaime souhaite plutôt baisser les impôts et éliminer les taxes sur l’essence. Gabriel Nadeau-Dubois propose quant à lui un congé de TVQ sur les biens essentiels et priorise le règlement de la crise du logement.

Le PLQ compte financer ces mesures en taxant davantage les riches et en réglant la pénurie de main-d’œuvre. QS et le PQ misent sur la taxation des riches et la transition vers l’énergie verte. Le Pr Béland explique que lorsque Paul Saint-Pierre-Plamondon «parle d’environnement, ou de mesures plus progressistes, […] il vise les péquistes qui se sont tournés vers Québec solidaire».

Santé: Plus de privé ou plus de public?

La section du débat relative à la santé portait sur un enjeu central de l’élection: comment soigner le système de santé du Québec? Seul Éric Duhaime a soutenu que la solution devait passer par le privé, proposant également un sommet non-partisan sur la santé mentale. Les autres chefs souhaitent plutôt améliorer le réseau public.

François Legault propose «plus de privé, mais du privé gratuit» et a saisi cette opportunité pour réaffirmer la nécessité des maisons des aînés, son alternative aux CHSLD. Les autres chefs proposent d’augmenter l’offre des soins à domicile pour désengorger ces établissements.

«Legault attaque beaucoup QS, beaucoup plus qu’il attaque le PQ ou les libéraux»

Pr Daniel Béland

Dominique Anglade a quant à elle mis de l’avant sa promesse de fournir un médecin de famille par personne si élue et souhaite «des conditions de travail acceptables pour tous nos professionnels de la santé».

Paul Saint-Pierre Plamondon et Gabriel Nadeau-Dubois priorisent également une telle amélioration afin de ramener du personnel du réseau privé vers le réseau public, s’accordant également sur la nécessité de refinancer les CLSC.

Éducation et services aux citoyens: revaloriser les métiers en enseignement

Le thème de l’éducation s’est orienté vers la pénurie de personnel. Les cinq chefs se sont mis d’accord sur l’importance de revaloriser le métier d’enseignant. Pour Gabriel-Nadeau-Dubois, Paul Saint-Pierre-Plamondon et Dominique Anglade, cela passe par un plus grand soutien pédagogique et matériel. François Legault a plutôt parlé de bonus fiscaux.

Éric Duhaime prône la décentralisation d’un «système sur-centralisé et sur-bureaucratisé». Sa désignation du corps enseignant québécois par «ces filles-là» était une tournure malhabile, selon le Pr Béland. François Legault, Dominique Anglade et Paul Saint-Pierre-Plamondon ont tous trois proposé de rendre plus équitable le système à trois vitesses en améliorant le système public. Le premier ministre a souligné l’ajout d’une heure de classe par jour durant son mandat. Pour Dominique Anglade, le gouvernement doit financer les programmes à frais additionnels au sein des écoles publiques. Selon Paul Saint-Pierre Plamondon, «il faut rééquilibrer [fiscalement] à la faveur du réseau public».

Français, immigration et identité: seuils, francisation ou régionalisation?

«Le premier devoir du premier ministre du Québec, c’est d’assurer l’avenir du français», a déclaré François Legault. Selon lui, la clé serait l’intégration des immigrants à la francophonie québécoise et le maintien de l’immigration francophone à 80%.

De son côté, Paul St-Pierre Plamondon propose une immigration 100% francophone, ainsi qu’«une vraie loi 101 restructurée». Selon le Pr Béland, le chef du PQ tente de ramener des caquistes vers son parti en leur disant que François Legault n’en a pas fait assez pour la question linguistique.

Dominique Anglade, Gabriel Nadeau-Dubois et François Legault souhaitent protéger le français en distribuant plus également les nouveaux arrivants au Québec.

Le PLQ a «perdu des appuis chez les anglophones et les allophones, mais reste le parti numéro un pour ces groupes démographiques», estime le Pr Béland.

«Un des meilleurs débats depuis longtemps»

Globalement, le Pr Béland déclare que les candidats ont pu « s’exprimer, parler un peu de leur plateforme, de leur point de vue, critiquer les autres ». « Mais quand même, il y avait un ton plus feutré », note-t-il. Les électeurs auraient davantage profité de ce second débat que du premier. Paul Saint-Pierre Plamondon s’est de nouveau imposé, selon le Pr Béland. Le débat se serait également bien déroulé pour Gabriel Nadeau-Dubois et Dominique Anglade, cette dernière semble s’être améliorée par rapport au premier débat. La cheffe libérale « a montré que les libéraux voulaient se battre », en dépit d’une campagne difficile et d’un faible appui chez les francophones. De plus, il estime que François Legault se serait lui aussi amélioré après le premier débat, tandis qu’« en général, [Duhaime] paraissait plutôt effacé ». « C’est un des meilleurs débats que j’ai vus depuis longtemps, tant au provincial qu’au fédéral, en termes de contenu », conclut le Pr Béland.

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