Antoine Jourdan - Le Délit https://www.delitfrancais.com/author/antoinejourdan/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Fri, 12 Feb 2021 19:51:31 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 De quoi l’Académie française est-elle le nom ? https://www.delitfrancais.com/2018/03/27/de-quoi-lacademie-francaise-est-elle-le-nom/ https://www.delitfrancais.com/2018/03/27/de-quoi-lacademie-francaise-est-elle-le-nom/#respond Tue, 27 Mar 2018 18:33:15 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=31010 Les académiciens ne sont pas représentatifs des francophones.

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C’est vers la Grèce antique qu’il faut se tourner pour comprendre les origines du mouvement académiste qui se propageât à travers l’Europe durant les 16e et 17e siècles. La création de ces institutions s’inspire ouvertement du platonisme qui avait mené à la création de l’Académie à Athènes vers 387 av. J.-C. Cette école de la philosophie avait pour but de former les jeunes à un éventail de différentes disciplines, le tout dans l’optique de créer des individus capables d’être des philosophes-rois. L’objectif à la racine même de l’académisme est donc de conduire à la création d’une élite capable de penser et d’orienter une discipline.

À la fin du Moyen-Âge, la renaissance est propulsée par la redécouverte des écrits de l’Antiquité. Ainsi, la première académie connue émerge à Florence en 1459. L’Accademia Platonica est ainsi créée par Cosme de Médicis et unit les grands penseurs de l’époque. En France, c’est en 1570 que la première institution de ce genre émerge : fondée par le poète Antoine du Baïf, l’Académie de poésie et de musique voit bientôt ses centres d’intérêt largement dépasser les deux disciplines qui se trouvent dans son nom.

À partir de Louis XIII et jusqu’à Louis XIV, la couronne française essaye de consolider son emprise sur la société civile. Inquiétée par l’émergence d’une classe bourgeoise aux intérêts qui ne lui sont pas favorables, et affaiblie par des tensions internes comme l’épisode de La Fronde, la création d’académies royales sera l’un des moyens par lesquels la monarchie tente de consolider son absolutisme. Avec la création de ces académies, organisées, légitimées, encadrées et financées par son pouvoir, la couronne créé un réseau d’élite du royaume qui lui est un minimum fidèle. L’académie royale la plus ancienne qui reste pérenne aujourd’hui est l’Académie française.

L’Académie française

En 1629, un cercle privé d’écrivains se rencontre régulièrement dans le salon du poète Valentin Conrart pour parler des dernières nouvelles du monde de la littérature. En janvier 1634, le cardinal Richelieu, qui tient alors la fonction de principal ministre d’État de Louis XIII, est informé de l’existence de ce cercle. Soucieux du fait que les mouvements humanistes et antimonarchistes soient souvent annexes au monde littéraire, il cherche à ramener le groupe sous le joug de la couronne.

Avec une telle organisation, se dit-il, le roi aura à sa disposition une nouvelle génération d’écrivains qui pourront l’aider à amplifier le rayonnement de la langue française. En mars, le groupe accepte sa mise sous tutelle par la couronne et devient, le 29 janvier 1635, l’Académie française dont Conrart est premier secrétaire perpétuel.

L’article 24 de son statut confie à l’Académie la mission de «travailler, avec tout le soin et toute la diligence possibles [sic], à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences». Ses membres, les immortels, se voient donc chargés d’écrire un dictionnaire, dont le premier exemplaire verra le jour en 1694.

De la France à la francophonie

Cependant, au fil de l’histoire, le nombre de personnes concernées par le « nous » utilisé dans le statut de l’Académie tend à inclure de plus en plus de monde, bien souvent contre leur gré.

Avec la Nouvelle-France, d’abord, la langue française est exportée de l’autre côté de l’Atlantique, et est instaurée, parfois durablement, dans de nouveaux territoires. Le Québec, évidemment, mais aussi Haïti ou la Louisiane sont autant de régions où la première langue d’expression est le français. Le français est ensuite consolidé en France métropolitaine, qui a vu son régionalisme linguistique quasiment anéanti par les Jacobins et Bonaparte au lendemain de la révolution. C’est sans oublier l’Afrique, évidemment, qui a vu une large partie de son territoire colonisée par la France pendant le 19e siècle, et qui a donc été incluse dans le monde francophone. Et l’Asie, enfin, qui a aussi été placée sous le joug de la France et qui conserve aujourd’hui encore une communauté francophone non-négligeable.

Ainsi, à travers l’histoire coloniale de la France, sa langue s’est insérée, durablement, aux quatre coins du globe. Selon un rapport de l’Organisation internationale de la francophonie, il y aurait quelques 220 millions de francophones dans le monde aujourd’hui, et presque 450 millions de personnes vivent dans des pays où le français est une langue officielle. Avec l’explosion démographique africaine, la croissance du monde francophone ne semble pas prête de s’estomper: certaines estimations placent à un demi-milliard le nombre de francophones en Afrique d’ici le milieu du 21e siècle. Aujourd’hui déjà, certains disent que la plus grande ville francophone est Kinshasa au Congo.

Cette tendance à la mondialisation du français, au dépassement des frontières hexagonales qui la limitait jadis, se heurte à un constat accablant : les immortels de l’Académie française, pourtant sensés assurer la pérennité et la bonne évolution de leur langue, ne sont pas du tout représentatifs de la population linguistique à laquelle ils s’adressent.

La langue aux Français

Ce n’est pas exagéré que de le dire. Sur les 731 immortels qui ont siégé dans cette prestigieuse institution depuis sa fondation, seuls 20 ont eu une citoyenneté autre
que française. À noter que si l’on ne compte que ceux qui ne sont pas Français, nous tombons à deux personnes. Un d’entre eux se trouve être Julien Green, un citoyen américain qui est pourtant né en France et qui y a vécu la moitié de sa vie. Si l’on ne compte que les académiciens qui sont ne pas français et qui n’ont pas vécu en France pendant de longues périodes, nous nous retrouvons avec… Dany Laferrière, un canado-haïtien et auteur de Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer. Le linguiste belge Michel Francard explique d’ailleurs que de toutes les aires linguistiques qu’il connaît, c’est «clairement l’aire linguistique francophone qui est la plus centralisée». À tel point qu’il parle de «périphéries» pour désigner les communautés francophones établies en dehors de l’Hexagone.

Cette dissonance entre la communauté francophone et les garants du français n’est pas sans impact. Car qui dit parole, dit aussi pensée, imaginaire et projection de soi- même dans le monde. En effet, pour Hegel, par exemple, «c’est dans les mots que nous pensons».

« Du moment où une institution peut définir ce qui est et n’est pas le bon français, elle a aussi le pouvoir de choisir qui peut s’exprimer »

Cette petite phrase souligne la proximité intrinsèque entre notre capacité humaine à comprendre les choses et notre capacité à identi- fier ces mêmes choses à l’aide d’un vocabulaire. Du moment où une institution peut définir ce qui est et n’est pas le bon français, elle a aussi le pouvoir de choisir qui peut s’exprimer dans les cercles où cette langue est utilisée.

En plus d’avoir eu des membres particulièrement douteux, tel que Charles Maurras, l’Académie française est donc une institution qui permet la conservation du droit de définir l’évolution de la langue pour des personnes qui ne sont pas représentatives de la communauté francophone. Il ne s’agit évidemment pas d’appeler à l’inclusion du créole dans le dictionnaire français ni d’y intégrer l’argot des banlieues de Dakar. Pourtant, on peut aisément imaginer qu’accroître la sphère de référence incluse au sein de l’Académie lui permettrait d’être, au moins, marginalement plus représentative des communautés auxquelles elle s’adresse. Ce n’est d’ailleurs pas une suggestion marginale que d’imaginer une francophonie plus inclusive de sa diversité: «elle ne doit pas rester ce qu’elle est aujourd’hui», explique Michel Francard, «il faut une émancipation vis-à-vis de la France en tant que pays». Le constat est fait, il suffit de se lancer.

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À Montréal, le jazz arrive en fanfare https://www.delitfrancais.com/2017/06/28/a-montreal-le-jazz-arrive-en-fanfare/ Wed, 28 Jun 2017 19:15:21 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=28862 Le Festival international de jazz de Montréal aura lieu entre le 28 juin et le 8 juillet.

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La période des festivals bat son plein à Montréal. Après les Francofolies, c’est au tour du Festival international de jazz d’occuper la Place des Arts. Entre le mercredi 28 juin et le samedi 8 juillet, vous allez pouvoir assister à une rafale de concerts de choix.

 

Une fierté montréalaise

Depuis 1980, année de sa première manifestation, le Festival international de jazz de Montréal attire les foules par la diversité impressionnante de concerts et la renommée des têtes d’affiche. Sacré «plus grand festival de jazz» par le livre des records Guinness, l’événement attire quelques deux millions de visiteurs par an qui viennent de partout pour apprécier les plus de 600 concerts proposés.

Malgré son nom, le festival ne se limite pas au jazz, loin s’en faut. Aux côtés d’Alain Caron, de Miles Davis ou d’Oscar Peterson se sont produits des noms rarement associés au jazz. Prince, Steve Wonder, Bob Dylan ou encore Paul Simon sont parmi les nombreux à avoir fait raisonner la Place des Arts. Ben Harper a même enregistré un album live appelé Live from the Montreal International Jazz festival.

 

Édition 2017

Cette année encore, nous sommes gâtés. Les dix jours du festival vont permettre aux Montréalais de voir des artistes de renommée mondiale.

Parmi les événements gratuits, on peut citer les concerts de Cœur de Pirate, de Walk off the Earth, ou de Anderson Paak. Ceux-ci auront lieu en plein air, sur la scène TD.

Les concerts payants, eux, sont encore plus intéressants. Pour les amateurs de jazz, Alain Caron, la vedette québécoise des années 1990 reforme son groupe UZEB pour l’occasion. Les nostalgiques des années 1960 auront l’occasion de voir Buddy Guy ou Bob Dylan, fraîchement titulaire de son prix Nobel. Ceux qui ont plus d’affinités avec la décennie suivante pourront passer une soirée avec les membres du groupe King Crimson.

Ceux qui ont des goûts musicaux plus modernes ne seront pas déçus non plus. Les Strumbrellas, Fieste et Joey Bada$$ seront aussi au rendez-vous. Les amis de l’électro-swing pourront aller voir Caravan Palace ou le groupe français Deluxe.

 

Tout ceux qui le souhaitent trouveront, à coup sûr, un événement à leur goût. Vous pouvez consulter l’intégralité des événements ainsi qu’acheter les billets ici.

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Entrevue avec Clémentine Langlois, candidate de France Insoumise (FI) https://www.delitfrancais.com/2017/05/31/entrevue-avec-clementine-langlois-candidate-aux-legislatives-francaises/ Wed, 31 May 2017 17:54:46 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=28722 Cinquième volet des rencontres du Délit avec des candidat·e·s à la circonscription des français·e·s établi·e·s en Amérique du Nord.

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Le Délit: Est-ce-que vous pouvez vous présenter rapidement?

Clémentine Langlois: Je m’appelle Clémentine Langlois, je suis installée avec mes filles et mon mari à Ottawa.

J’ai commencé par faire des recherches sur les nouvelles technologies et leur impact social, économique, etc. J’étais spécialisée sur les rapports Nord/Sud. J’ai fait des études en France et à Southampton en Angleterre.

À partir de là, j’ai rencontré beaucoup de monde dans le domaine du logiciel libre, et je me suis orientée vers cette nouvelle culture: je m’y suis lancée à corps perdu en montant différents groupes et associations. Assez rapidement, il est apparu que je devais pouvoir maîtriser les nouvelles technologies. J’ai donc fait une formation à Paris en développement des applications. Cela m’a permise d’être directrice de projet, de programme, consultante, etc.

Et puis, j’ai eu l’impression de m’être un peu perdue. En voyant ce qui se passe dans le monde — je pense notamment au changement climatique — je me suis rendue compte que je me fourvoyais dans mes projets. J’ai commencé à me dire qu’il fallait que je revienne plus activement vers ce que je voulais à la base: la transformation numérique, l’économie collaborative, etc.

J’ai donc créé une société qui promeut ce genre de choses au sein des entreprises. Nous développons des logiciels libres en Afrique avec une association que j’ai créé qui s’appelle «Fongwama» ce qui veut dire «s’ouvrir» en lingala. Nous faisons donc des applications mobiles au Congo avec des Congolais. Nous rendons plus accessible l’éducation sur la santé. Par exemple, le premier programme concernait la lutte contre le paludisme.

De là, je me suis dit qu’il fallait que l’on traite le sujet des enfants réfugiés. Il faut savoir qu’en Afrique, comme ailleurs, il y a des enfants réfugiés qui sont martyrisés psychologiquement. Nous sommes en train de travailler sur une application qui permettra d’évaluer le niveau de stress post-traumatique des enfants.

Toute cette démarche a été faite en parallèle à mon investissement dans le mouvement de Jean-Luc Mélenchon. Je participais à des réunions dans le 15e arrondissement de Paris, où on se disait qu’il faut que l’on réussisse à renouveler notre démocratie. Dès que la campagne «France insoumise» a été lancée en 2015, nous nous sommes investis. J’ai créé le groupe d’appui de Paris XVe avant de faire la même chose à Ottawa.

 

LD: Quels sont les plus grand défi des expatriés français?

CL: Le premier qui me vient à l’esprit — parce que c’est le plus important et que je le vis tous les jours — c’est l’éducation. Permettre aux Français de l’étranger d’avoir accès au lycée français à des coûts abordables n’est pas toujours facile: aujourd’hui, le lycée français de New York coûte 32 000 dollars par an. L’objectif de la France insoumise c’est de subventionner et de développer le réseau des établissements français. Il y en a 55 en Amérique du Nord.

Il y a aussi le développement de la culture. Au Québec, ça peut paraître simple, mais avoir accès à une bibliothèque francophone n’est pas donné partout. Il faut promouvoir des bourses de recherche, les échanges, et solidifier les alliances. En réalité, l’investissement n’est pas si lourd que ça. Cela demande juste un peu de stratégie et une vision à long terme. Il faut comprendre que le programme de la France insoumise, c’est du bon sens. Quand on le lit on se rend compte qu’il n’y a rien de clivant: tout le monde peut y adhérer.

 

LD: Quels sont les trois grands axes de votre programme?

CL: Le cœur de notre projet c’est l’humain et l’écologie: c’est l’homme dans son milieu. Le programme de L’avenir en commun n’est pas une vision linéaire; au contraire, c’est une vision croisée. Chaque proposition prend en compte l’humain et l’environnement.

Articulé à cela, il y a les trois valeurs de la France que sont la liberté, l’égalité, et la fraternité. On a tendance à oublier les deux derniers. Quand on regarde les programmes politiques on se rend compte qu’ils sont principalement axés sur le libéralisme ils font fi de l’égalité des chances et de la fraternité entre tous.

 

LD : L’impossibilité de faire une candidature commune à gauche a été très médiatisée pendant les présidentielles. Parfois, on a l’impression que la gauche est divisée à outrance et que, finalement, ces factions sont d’accords sur l’immense majorité des thèmes. Quelle est votre analyse de l’état de la gauche française aujourd’hui?

CL : Je vais peut-être faire grincer un peu les dents, mais pour moi, il n’y a qu’une seule «gauche française» aujourd’hui : elle se regroupe globalement autour de Jean-Luc Mélenchon. La seule politique de gauche qui soit vraiment affichée et qui sera soutenue à l’Assemblée nationale c’est la politique de la France insoumise.

Aujourd’hui, le PS est largement intégré dans la logique macronniste, qui est une politique d’austérité, de réduction du service public et qui promeut plutôt la financiarisation du monde. Ça n’est pas vraiment une logique de gauche.

Ce que je ne comprends pas c’est le positionnement de Hamon. Entre ce qu’il dit et le milieu dans lequel il vit, il y avait un monde. Au sein du PS, il était totalement isolé. D’une certaine manière, il a préféré son positionnement politique à ses valeurs républicaines.

 

LD: Qu’est-ce que vous dites à ce groupe qu’on peut appeler « les frondeurs »? Est-ce que vous leur demandez de venir vers la France insoumise, quitte à lâcher le PS?

CL: Oui. France insoumise ou autre chose, mais j’aimerais les voir revenir vers un programme réellement de gauche. Je ne veux pas qu’il y ait de négociations, de retrait de certains aspects du programme pour les remplacer avec d’autres politiques. J’aimerais un rapprochement vers une vraie force de gauche qui croit en ce qu’elle dit.

De manière générale, je pense que les Français en ont marre de voir des gens qui négocient simplement pour des intérêts personnels alors qu’il y a énormément de choses à faire.

 

LD: Mélenchon a beaucoup fait parlé de lui depuis le premier tour. Entre sa réaction aux résultats, son parachutage à Marseille, ou encore son tweet au lendemain de l’attentat de Manchester, certains disent qu’on a retrouvé le Mélenchon agressif et désagréable de 2012. A‑t-il mal géré sa communication post-électorale?

CL: Jean-Luc Mélenchon est quelqu’un de vrai. C’est quelqu’un qui parle avec son cœur et qui voit tous les jours la réalité des inégalités sociales. C’est quelque chose qui, effectivement, peut déborder. Aucun être humain ne peut rester impassible devant tant de misère.

 

LD : Donc c’est en réaction à la misère du monde que Mélenchon peut sembler un peu énervé?

CL : C’est le fait de ne pas être entendu, de se confronter systématiquement au pouvoir de l’argent. Il réagit non pas comme un politicien, mais comme un être humain qui est fatigué par une longue et difficile campagne.

 

LD: La campagne France insoumise s’est distinguée largement des campagnes classiques par l’implication active de ses militants. Un jeu vidéo été créé, Mélenchon avait la chaîne politique la plus regardé de YouTube, bref, on sentait qu’une communauté vivante s’organisait. Quel est son avenir? Comment faire pour que cela ne s’essouffle pas au lendemain des législatives?

CL: C’est tout simplement en votant pour la France insoumise et en faisant en sorte qu’il y ait au moins 289 députés pour qu’on puisse mettre en place ce programme qui a été co-rédigé par des milliers de personnes.

 

LD: Mais la chose intéressante avec la campagne de Mélenchon c’est qu’elle était imprégnée de la société civile. Il y avait un mouvement du bas vers le haut. Est-ce que vous êtes en train de me dire que la seule façon de conserver cela c’est de faire entrer cette société civile à l’Assemblée? Si on n’arrive pas le faire, elle s’essouffle ?

CL : Non. Il y a aussi beaucoup de combats qui sont à mener tous les jours. On va mettre en place une plateformes collaboratives, ainsi que des outils de type mobile, pour que tous les citoyens puissent interagir, réclamer des droits, et mettre la pression sur le gouvernement pour que l’on puisse sortir des l’ornières sur un certain nombre de sujets.

 

LD: Le programme de France insoumise prévoit de faire payer aux Français de l’étranger la différence entre leur taux d’imposition dans leur pays d’accueil, et le taux qu’ils auraient payé s’ils étaient restés en France. Certains trouvent ça injuste: ils ne sont pas en France et ne bénéficient donc pas des mêmes services sociaux. Pourquoi pensez-vous que c’est justifié?

CL: Avant tout, l’idée du programme, c’est de dire « les Français sont des Français ». Ils ont de facto des droits équivalents — en tout cas, c’est ce que nous souhaitons. C’est ce que nous essayons de faire en investissant dans l’éducation, ou en créant un réseau consulaire plus proche. Tout ça à un coût.

Mais il faut s’avoir qu’à la base, l’impôt différentiel n’était pas ciblé vers les Français de l’étranger mais plutôt vers les évadés fiscaux. D’autant plus que le programme de L’avenir en commun prévoit 14 tranches d’imposition au lieu de cinq. La quasi-totalité des Français de l’étranger n’auront pas à payer un euro de plus. Seuls les très, très, hauts revenus auront à payer une cotisation; mais c’est à partir d’environ 190 000€ par an qu’on est concerné.

Évidemment, les opposants politiques caricaturent ce sujet à des fins électoralistes.

 

LD: Le programme économique de Hamon proposait un revenu d’existence ainsi qu’une taxation des robots, suggérant ainsi l’instauration d’une vision plus moderne du travail. À l’opposé, la France insoumise se base sur une relance keynésienne traditionnelle. Est-ce qu’il y a aujourd’hui deux gauches en France? Si oui, est-ce que vous n’êtes pas héritière de la tradition de gauche qui n’est plus d’actualité ?

CL: On ne peut pas dire qu’il y ait deux gauches. Il y a un individu, Benoît Hamon, qui propose des choses au sein d’un parti qui n’est pas du tout d’accord avec ce qu’il dit. Il n’y a bien qu’une seule gauche.

Après, sur le côté moderne, au contraire! La France insoumise n’est pas passéiste, elle est plutôt tournée vers l’avenir. Elle propose un modèle économique qui est éco-responsable. Le fait de parler de robots ne rend pas le programme de Benoît Hamon moderne. Nous, de notre côté, on parle d’économie collaborative et circulaire: c’est très moderne. Nous proposons de redéfinir la façon dont on voit nos structures sociales: c’est une autre façon d’imaginer le vivre ensemble.

 

LD: Le contexte social et philosophique de l’Amérique du Nord diffère énormément de celui de l’Europe. Des concepts tels que l’appropriation culturelle ou la discrimination positive sont largement discutés ici. Pensez-vous qu’ils soient compatible ou souhaitable avec la société française ?

CL: Les personnes qui forment le mouvement de la France insoumise n’ont pas une vision arrêtée des choses. Toutes les idées qui peuvent faire avancer les choses sont bonnes à prendre. Nous n’avons pas de philosophie fermée, si ce n’est que le programme doit être tourné vers l’humain, la responsabilité écologique, et qu’il doit conserver nos valeurs «liberté, égalité, fraternité». Si il y a des choses dans d’autres pays qui nous semblent bonnes et qui sont en accord avec ses valeurs, alors, oui, nous sommes prêts à y réfléchir.

 

LD: Certaines personnes disent que le programme économique du Front National et celui de France insoumise sont très similaires. Que leur répondez-vous?

CL: Ce sont vraiment de mauvaises langues. Il est plus facile de caricaturer les gens que de réfléchir ou de penser différemment une société. C’est là le sujet de notre programme. Il demande de la réflexion et de la lecture.

Depuis des années nous nous battons contre le Front National. C’est grâce à Jean-Luc Mélenchon que l’on peut aujourd’hui dire que Marine Le Pen est une fasciste. Les personnes qui sont aujourd’hui dans la France insoumise n’ont rien à voir avec les personnes qui sont au Front National. C’est une opposition franche: nous n’avons rien à voir avec eux.

 

LD: Par rapport à l’Union européenne et à l’euro: est-ce que vous pouvez clarifier ce que vous, en tant que députée, voudrez voir être approuvé par l’Assemblée?

CL: La logique de la France insoumise est la suivante: nous voulons une Europe de la paix. Il faut qu’elle respecte l’ensemble des cultures, il faut qu’elle soit sociale, etc. Nous ne sommes donc pas contre l’Europe.

Là où nous sommes contre, c’est quand l’Europe est dirigée par une banque centrale complètement indépendante des États, gérée par des grandes entreprises, et qui impose une austérité qui n’a aucun sens.

 

LD: Et donc ce fameux «Plan B» [la sortie de l’U.E., ndlr] de Mélenchon? Quand est-ce qu’on l’enclenche?

CL: Ce que dit Mélenchon est assez simple: il veut une Europe qui continue, mais une Europe de la paix. Les Français sont parfois un peu trop pessimistes sur leurs propres capacités. L’Europe sans la France, ce n’est pas possible. Si Jean-Luc Mélenchon arrive face à Merkel en lui disant «Je veux négocier» la discussion aura été ouverte.

 

LD: Donc le «Plan B» était une sorte d’épouvantail politique pour asseoir son autorité?

CL: Évidemment! Mais ça ne peut pas se présenter comme ça. Lorsque l’on est un dirigeant politique et que l’on veut mener une discussion de ce niveau avec ses partenaires on ne peut pas dévoiler ses cartes avant même de commencer!

 

LD: Est-ce que vous connaissez bien Montréal?

CL: De mieux en mieux en tout cas!

 

LD: Que pensez-vous du gouvernement qu’Emmanuel Macron et son premier ministre Édouard Philippe ont annoncé?

CL: C’est surtout un gouvernement de transition avant les législatives. C’est refaire du neuf avec du vieux, en mettant une bonne couche de peinture.

 

LD: Aujourd’hui on voit, en France comme ailleurs, un rejet des partis traditionnels. Est-ce que cette dynamique et positive? À quoi vous l’attribuez ?

CL: Je pense que c’est super positif. C’est toute la société civile qui se lève, et qui veut s’engager. C’est un mouvement collectif: je trouve ça très bien.

Ça se voit dans les sondages: 80 % des Français sont en faveur d’une sixième république. À terme, c’est sûr qu’elle sera mise en place. Ces personnes de tous âges veulent une nouvelle république, plus participative, plus démocratique, plus citoyenne.

 

LD: Justement, cette sixième République, qu’apporte-elle aux Français de l’étranger?

CL: Pour les Français de l’étranger, elle permet de participer plus activement dans la vie démocratique de la France. Les Français de l’étranger sont les premiers s’intéresser à la vie politique de leur pays : ils se sentent loin, et ont envie de s’impliquer. Cette sixième république accroît leurs droits de citoyens et permet plus d’échange.

On voit qu’il y a un collectif fort, une envie de participer. Malgré le fait que les gens soient partis depuis longtemps, ils restent français.

 

Les élections des français·e·s en Amérique du nord auront lieu les 3 et 17 juin 2017.

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Entrevue avec David Sanchez, candidat pour le parti Nouvelle Donne https://www.delitfrancais.com/2017/05/26/entrevue-avec-david-sanchez-candidat-aux-legislatives-francaises/ Fri, 26 May 2017 20:44:58 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=28717 Quatrième volet des rencontres du Délit avec des candidat·e·s à la circonscription des français·e·s établi·e·s en Amérique du Nord.

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Le Délit : Pouvez-vous vous présenter rapidement?

David Sanchez : Je m’appelle David Sanchez, j’ai 31 ans. Je suis candidat pour le parti Nouvelle Donne, parti fondé en 2013 par un groupe de citoyens issus pour un grand nombre d’entre eux du collectif Roosevelt. Il prône un New Deal en France. Parmi les personnalités qui ont participé à la création du mouvement, on peut citer Pierre Larrouturou ou Stéphane Hessel. Pour ma part, je suis convaincu par les idées que nous présentons, je pense qu’elles découlent d’une logique évidente.

J’ai travaillé plusieurs années dans le marché de l’énergie en France. Aujourd’hui je suis engagé auprès de plusieurs associations de lutte contre la pauvreté, l’exclusion, etc. Ce sont des engagements dans des domaines variés avec des fonctions différentes.

Au sein de Nouvelle Donne, je milite et j’ai participé à la constitution du programme que l’on a produit et que l’on présente aux élections. Depuis un moment, je suis chargé de la coordination du financement: je m’assure qu’il y ait les financements nécessaires pour présenter le maximum de candidats. On va en avoir environ 80 dans toute la France.

 

LD : Quel est selon vous le plus grand défi des expatriés français ?

DS : Il y a déjà le défi personnel d’être expatrié. Ceux qui partent vivre au Canada ou aux États-Unis partent à la réalisation de certains rêves, d’une certaine volonté, d’un certain projet. C’est quelque chose de très personnel.

Après, il y a le défi d’avoir une France qui soit là pour les soutenir. Je pense par exemple à l’éducation. Pour ceux qui ont des enfants, il faut un accès à une éducation française. Dans une grande ville comme New York ce n’est pas toujours accessible d’offrir ça à ses enfants. C’est dommage: la France a la chance d’avoir un réseau d’école un peu partout dans le monde. Il faut absolument assurer un accès pour le plus grand nombre.

Depuis 2012 il y a une réduction d’à peu près 10 % du budget qui est alloué pour ce réseau. En même temps, la population française expatriée a cru d’environ 10 ou 11%. D’une part les ressources ont diminué et d’autre part la demande augmente. Il est essentiel que durant le prochain quinquennat le budget pour les écoles françaises augmente.

Après une autre problématique c’est la question du vote. J’ai été contacté par nombreux d’électeurs qui m’ont dit qu’ils ne pourraient pas voter. Par exemple il y a des gens en situation de handicap qui ne pourront pas voter.

Du coup la question du vote électronique se pose. Pour tous les citoyens vivant en démocratie, le vote est essentiel. Si nous ne sommes pas sûrs que notre vote sera pris en compte c’est tout le système qui tombe à l’eau. Il faut absolument réfléchir à la sécurisation du vote, et, si ce n’est pas possible de mettre à nouveau en place le vote à distance électronique, nous devons travailler avec l’administration pour rendre le vote plus accessible. Je pense par exemple au vote par correspondance que nous pourrions faciliter d’avantage en ouvrant la déclaration des candidats et donc l’envoi du matériel électoral, encore une semaine plus tôt que ce qui est déjà fait aujourd’hui.

 

LD : Est-ce que vous pouvez nous donner trois grands axes de votre programme ?

DS : Déjà, il y a la question de l’éducation et du vote que nous avons abordé plus haut.

Mais il y a d’autres thèmes. Je pense par exemple que la consultation est essentielle. Qui de mieux que vous, qui vivez tous les jours les problématiques dont on parle, pour me guider dans le bon chemin? C’est pour ça que, élu, je lancerai des consultations des électeurs dans ma circonscription. Pour moi, un député représente, mais il doit aussi être à l’écoute. Cette consultation doit être faite en coordination avec les autres députés des Français de l’étranger.

On peut avoir des points de divergence, mais nous devons travailler ensemble pour l’intérêt général.

 

LD : Votre programme ne parle pas spécifiquement des Français de l’étranger. Comment vous différencier-vous d’un candidat de la métropole ?

DS : Comme je vous disais plus haut, il y a les questions du scrutin, de la dématérialisation et de l’éducation. Mais il y a une chose qu’il ne faut pas oublier.

Un député des Français établis hors de France doit à la fois proposer des choses concrètes pour les Français de l’étranger, et aussi pour l’ensemble des Français. Tout ce qui se passe en France concerne aussi les Français établis hors de France. C’est leur patrie, c’est leur pays. Ils ont un droit de regard sur ce qui se passe en métropole.

 

LD : Vous faites l’analyse que le travail se raréfie. Comment comptez-vous le partager plus équitablement sans faire baisser le style de vie des Français ?

DS : Il y a plusieurs façons de partager le travail. Le chômage en est un: certains travaillent, d’autres non. Nous ne pensons pas que c’est une configuration idéale.

Nous, on propose d’ouvrir les négociations: on veut réguler le partage de l’emploi. Cela se fera évidemment par branche et par secteur. La régulation se fera au cas par cas.

Essentiellement, ce qu’on propose c’est le cas de figure suivant: un salarié travaillera moins que maintenant. Pourtant, il gardera le même revenu. Comment? La différence sera payée par l’entreprise et elle pourra financer cette augmentation du coût horaire car l’État lui demandera de payer moins de cotisations sociales. Cette baisse des cotisations sociales sera accordée en échange d’une augmentation des emplois. Au final les salariés sont payés autant, ils sont plus nombreux, et les entreprises payent moins de charges sociales. Le système s’équilibre aussi financièrement du fait que les caisses d’allocations chômage et autres paient évidemment moins d’indemnités aux anciens chômeurs qui désormais sont salariés.

Évidemment, comme je le disais plus haut, cette organisation sera faite au cas par cas selon les branches et les secteurs.

 

LD : L’environnement fait partie de vos sujets clés. Que proposez-vous?

DS : On propose que la banque centrale européenne finance un plan européen de l’environnement. La BCE (Banque centrale européenne, ndlr) émettrait un certain montant d’argent, quelle prêterait à un taux de 0 %. Nous envisageons que chaque pays reçoive un montant équivalent à 2 % de son PIB tous les ans. Ce plan durerait 10 ans. Cela représente environ 1000 milliards d’euros investis pour la cause écologique.

Il faut aussi penser la question largement. Qui dit investissement sur l’environnement dit aussi création d’emplois. Il y a aussi les effets sur l’innovation. Bref, ce plan ne se limite pas seulement à l’écologie. Il engendre beaucoup de différents bénéfices pour la société.

 

LD : Un des thèmes où Nouvelle Donne se différencie des autres partis c’est la question européenne. Vous avez l’air de vouloir solidifier l’union, tout en réduisant les membres. N’est-ce pas paradoxal? Pouvez-vous expliquer votre vision ?

DS : Nous sommes absolument europhiles, mais il y a une chose à prendre en compte: il y a des dispositifs européens qui permettent la coopération renforcée.

En réalité, il serait injuste d’inclure certains pays dans des projets d’envergure, et en exclure d’autres. Mais la coopération renforcée ce n’est pas cela.

Nous souhaitons approfondir certains dispositifs de coopération renforcée. Pourquoi? Lorsque certaines voies peuvent être expérimentées par certains pays, ceux-ci ne doivent pas être freinés par le refus des autres. Nous sommes plus forts à 27. Cependant il faut être pragmatique: si nous ne pouvons pas avancer tous en même temps, nous pouvons faire des progrès par étape sur certains domaines entre les pays volontaires. Cela n’est pas pour autant synonyme de sortie de l’Union européenne. Nous n’avons pas sorti la Grande-Bretagne de l’Union européenne lorsqu’elle a refusé d’adopter l’euro. La même logique doit s’appliquer ailleurs.

 

LD : Donc vous envisagez une Union européenne à plusieurs vitesses?

DS : C’est déjà le cas! Certains avancent plus que plus vite que d’autres, et c’est normal.

Lors des négociations, il va falloir voir qui voudra avancer vers une Union plus sociale. Cela ne veut pas dire que nous sortirons les autres, mais l’on peut envisager une coopération plus approfondie entre certains pays. Nous inviterons les autres à se joindre à nous sans les forcer.

 

LD : Vous avez une conception assez participative de la démocratie. C’est aussi le cas de Yan Chantrel pour le Parti socialiste ou encore de la France insoumise. On a parfois l’impression que la gauche française et fracturée à outrance malgré le fait que ses factions soient d’accords sur l’immense majorité des thèmes. Quelle est votre analyse de l’état de la gauche française aujourd’hui?

DS : En tant que parti, nous avons milité pour un rassemblement de la gauche. Nous avons continuellement demandé à la France insoumise et au Parti socialiste de s’allier : il vaut mieux une victoire que deux défaites. Malheureusement, nous n’avons pas été entendus.

Par la suite, après les présidentielles, nous avons essayé de faire des rassemblements. Encore une fois nous n’avons pas été entendus. Certains ne veulent pas négocier car ils pensent pouvoir tout faire tout seul, d’autres préfèrent peut être voir l’ensemble détruit pour mieux reconstruire, enfin je ne peux pas vous donner les raisons car je ne suis pas dans la tête ou le parti des autres. Au final notre constat est que nous n’avons pas réussi à rassembler la gauche.

Nous restons ouverts à l’idée de travailler avec les partis qui ont des ressemblances programmatiques avec nous.

 

LD : Est-ce que vous en particulier aviez fait appel à Yan Chantrel du Parti socialiste ou à Madame Langlois de France insoumise ?

DS : Au niveau national, il y a une volonté de rassemblement. Après, parler en termes précis d’une circonscription à une autre, ça n’a pas forcément d’intérêt.

Nous avons une responsabilité vis-à-vis de nos adhérents. Comme je l’ai dit, nous pouvons travailler avec des partis qui nous ressemblent par contre si l’on nous demande simplement de nous retirer dans toutes les circonscriptions pour faire gagner un candidat, ce n’est pas ce que j’appelle la coopération. Il faut discuter sérieusement. Aujourd’hui ce n’est pas le cas.

 

LD : Est-ce que vous seriez prêt à travailler avec Emmanuel Macron si son mouvement faisait appel à la gauche de l’assemblée pour créer une coalition gouvernementale?

DS : Très simplement: je pense que rester dans une position fermée n’est pas très intelligent. Nous serons dans l’opposition, mais nous serons prêts à travailler avec des idées que nous partageons. Nous ne serons pas dans l’opposition systématique.

Par contre, nous ne serons pas des députés soumis. Nous allons défendre les projets de lois concrets qui vont réduire les inégalités, accélérer la transition écologique, et le renouvellement de la démocratie. Ce qui va dans le sens contraire, nous ne le soutiendront pas.

 

LD : Que pensez-vous du gouvernement qu’Emmanuel Macron et son premier ministre Édouard Philippe ont annoncé?

DS : Il est vraiment trop tôt pour pouvoir juger du gouvernement. On ne juge pas un gouvernement par les personnes qui le forment, mais par les lois qu’il propose. On connaîtra la couleur du gouvernement Macron le jour où il proposera des lois.

Après, on peut se tourner vers le passé pour se faire une idée. Si vous regardez le CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, ndlr), On voit quand même qu’environ 40 milliards d’euros ont été donnés aux entreprises chaque année dans une logique de création d’emploi. Il n’y a pas eu de contrepartie. Le chômage au contraire a augmenté. À partir de là, on peut déjà voir comment se profile Emmanuel Macron. Aux électeurs de juger le passé pour pouvoir pré-juger le futur.

 

LD : Est-ce que vous connaissez Montréal?

DS : J’aime le Québec. J’ai eu la chance d’être conseiller national de la jeunesse. Dans ce cadre j’ai pu visiter Montréal à travers l’office franco-québécoise de la jeunesse. C’était dans le cadre de la semaine d’action contre le racisme.

J’ai même pu visiter l’Université McGill! (rires)

 

LD : Quels projets souhaitez-vous voir apparaître pour pousser plus loin l’amitié franco-québécoise ?

DS : Il faut continuer à travailler sur ce qui est déjà existant. Il faut soutenir les administrations, il faut participer aux initiatives de tissage de liens des deux côtés de l’Atlantique. Il faut soutenir les initiatives culturelles, éducatives, entrepreneuriales, etc. Il faut qu’il y ait des échanges fréquents, dans un respect mutuel.

 

Les élections des français·e·s en Amérique du nord auront lieu les 3 et 17 juin 2017.

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Entrevue avec Christine Agathon-Burton, candidate aux législatives françaises https://www.delitfrancais.com/2017/05/24/entrevue-avec-christine-agathon-burton-candidat-aux-legislatives-francaises/ Wed, 24 May 2017 15:09:20 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=28701 En cette période électorale, Le Délit est allé à la rencontre des candidat·e·s à la circonscription des français·e·s établi·e·s en Amérique du Nord. Pour ce troisième volet, nous avons parlé avec Christine Agathon-Burton, candidate de l'Union populaire républicaine (UPR).

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Le Délit: Est-ce-que vous pouvez vous présenter rapidement?

Christine Agathon-Burton: Je suis née à Clichy en banlieue parisienne, je suis donc française d’origine mais je suis aussi américaine depuis 2003. Aujourd’hui j’habite à Washington, D.C. où je suis ingénieur dans le domaine aérospatiale. Cela fait plus de vingt ans que je suis en Amérique du nord. J’ai débuté en Californie chez un constructeur aéronautique et j’ai depuis déménagé sur la côte Est où j’ai rejoins une société aérospatiale.

J’ai fondé l’association de parents d’élèves du Lycée Rochambeau à Washington en 2009 lorsque l’école a imposé aux parents d’élèves une augmentation à deux chiffres des frais de scolarité. C’est à ce moment là que j’ai senti mon devoir de citoyenne m’appeler. À cette occasion, j’ai eu la possibilité d’être élue à la Fondation du Lycée Rochambeau qui est un organisme gestionnaire de droit privé américain. Par la même occasion, j’ai été administratrice de la FAPÉE (Fédération des associations de parents d’élèves des établissements d’enseignement français à l’étranger) qui regroupe toutes les associations de parents d’élèves des lycées français dans le monde.

J’ai donc une connaissance assez approfondie du fonctionnement de l’AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger, ndlr), et des soucis des parents d’élèves en général. L’éducation est vraiment une de mes priorités, et pas seulement au bénéfice des lycées Français à l’étranger.

 

LD: Quand est-ce-que vous avez adhéré à l’UPR ?

CAB: J’ai adhéré à l’UPR l’an dernier. C’était le moment où j’ai commencé à me renseigner sur l’élection présidentielle. Je n’avais pas alors l’idée de me présenter aux législatives.

Comme beaucoup des membres de l’UPR, j’ai découvert les conférences de François Asselineau sur internet. Elles permettent de comprendre beaucoup de choses par rapport aux événements récents, non seulement en France mais aussi dans le monde. Cet éclairage m’a interpelée. Pour la première fois, j’ai eu l’impression d’avoir en face de moi un politicien qui ne me prenait pas pour une imbécile et qui avait vraiment le soucis de l’intérêt général.

C’est ce qui m’a motivée pour joindre l’UPR alors que je n’aurais jamais eu l’idée d’adhérer à un parti politique avant.

 

LD: Pour vous, l’UPR ce n’est donc pas un parti comme les autres? Quelle est la différence?

CAB: Ce n’est pas du tout un parti comme les autres. J’ai par exemple fait la démarche d’aller [à la célébration des] dix ans [de l’UPR] le 25 mars dernier. J’y ai rencontré des gens de tous les milieux, de toutes les opinions politiques… ce sont des gens qui ont l’intérêt de la France à cœur.

Ils se rendent compte que nous sommes malheureusement soumis aux directives européennes. Ce sont des décisions qui sont prises par les personnes non-élues de la Commission de Bruxelles, et qui s’imposent à nous sans que l’on ait quoi que ce soit à dire. Il suffit de prendre comme exemple les Grandes Orientations de Politique Economique (GOPE, ndlr) pour se rendre compte du démantèlement de nos acquis sociaux et de notre modèle social français. C ‘est un grand pas en arrière. Je n’ai personnellement pas envie de laisser aux générations futures une France qui ne protège plus, une jungle livrée simplement au marché. Or c’est ce qu’imposent les traités européens.

 

LD: Quels sont les plus grand défis pour les expatriés?

CAB: Pour être plus locale, je pense que la fonction première d’un député des Français de l’étranger est d’être proche de ses concitoyens sur leur lieu de vie. Je pense que le député doit être beaucoup plus présent qu’il ne l’a été par le passé. À l’UPR, le travail en équipe est très bien fait et notre président s’adresse régulièrement aux membres et aux sympathisants en direct par internet. Il est à l’écoute. Cela permet de rendre compte du travail accompli. Je pense que le député aurait vocation à travailler avec les concitoyens pour améliorer la communication.

 

LD: Pour vous donc, les Français de l’étranger sont aliénés par rapport à la direction politique?

CAB: Oui, tout a fait.

Pour poursuivre sur votre question, un des défis des Français de l’étranger est l’accès à l’enseignement du français pour leurs enfants. Ici, les Lycées étant gérés par des Fondations, la France a une emprise limitée. Cependant, elle essaye de travailler avec les établissements pour maitriser les frais de scolarités ou développer les bourses. Toutefois, il faut mettre l’accent sur les structures alternatives. En la matière, il y a beaucoup à faire. On peut par exemple citer les programmes FLAM (Français LAngue Maternelle) ou les structures indépendantes qui mettent en place des programmes de qualité permettant de garder un lien avec la culture et la langue française.

Il y a également un partage des ressources à soutenir, non seulement en ce qui concerne les personnels enseignants mais aussi en matière d’infrastructures. En particulier, les locaux des lycées français pourraient être mis à disposition des écoles indépendantes moyennant compensation. La coopération avec les Alliances françaises est aussi à développer. Pour ce qui est des personnels enseignants, une aide doit être apportée pour le renouvellement de leur détachement. Enfin, des programmes de français doivent être implantés dans les écoles publiques locales pour répondre à la demande des familles francophones.

 

LD: Est-ce-que vous pouvez nous donner trois grands axes de votre programme ?

CAB: Il y a un soutient fort à apporter aux entrepreneurs, notamment dans les domaines de pointe qui se développent à toute allure ici. Il faut s’intéresser à la cyber sécurité. Il y a aussi les nanotechnologies en relation avec les sciences de la vie. Elon Musk [fondateur de SpaceX et Tesla, ndlr] nous parlait récemment d’interface homme-machine ce qui constitue non seulement des défis technologiques mais aussi de grandes questions éthiques. Nous, Français avons sur ces sujets largement notre mot à dire compte tenu de notre histoire et de nos compétences techniques.

Ensuite, il y a le développement durable. Quand on voit que l’Union européenne promeut la mondialisation et le commerce à tout va, on se demande où est la place des circuits courts dans cette politique. Avoir une vue un petit peu plus locale, plus humaine, et pas seulement orientée vers la maximisation du profit serait intéressant.

Enfin, j’aimerais développer un lien avec les Français sur place. Si j’étais élue, je ne serais pas en majorité du temps à l’Assemblée Nationale. Il y a des moments où il faut y être pour défendre des positions, notamment s’assurer de la constitutionnalité des projets du gouvernement, mais je pense qu’un député a un pouvoir et une position qui lui permettent de faire avancer les choses de manière concrète pour ses concitoyens sur place.

 

LD: Lors de sa candidature à la présidentielle, François Asselineau était connu pour ses prises de positions contre les États-Unis. Il présentait un monde où la France perdait son autonomie à la faveur des grandes puissances, notamment américaines. Est-ce-que vous n’avez pas l’impression d’être en territoire ennemi?

CAB: Non, pas vraiment. La vision que nous avons à l’UPR c’est de respecter tout le monde: c’est justement de ne pas promouvoir une puissance hégémonique qui dominerait. Chaque pays a sa place, chacun doit être respecté, et il est très important de respecter le droit international. Cela me tient à cœur: quand on ne respecte plus le droit, c’est le début de la barbarie.

Les États-Unis sont un grand pays dont je suis d’ailleurs citoyenne. Je pense qu’il faut que chacun ait sa place dans le monde. François Asselineau ne s’est jamais prononcé contre les États-Unis ou le peuple américain, il a simplement soutenu le fait que chacun doit être respecté. C’est valable pour la France, pour les États-Unis ou n’importe quel autre pays du monde.

 

LD: Vous prônez le «Frexit». Vous connaissez sûrement les critiques qui circulent: entre isolationnisme, recrudescence des tension sur le continent Européen, et explosion de la dette privée, comment faire pour que la sortie de l’UE ne soit pas un fiasco total ?

CAB: On prend un peu exemple sur nos voisins britanniques qui sont en train de négocier leur sortie. Ça n’a pas été le cataclysme qui avait été annoncé par toutes les instances, y compris le FMI. Ce dernier a d’ailleurs dû, en catimini, rehausser ses prévisions de croissance seulement pour le Royaume-Uni. Il faut aussi voir que le Brexit génère des investissements importants en ce moment. Il y a par exemple l’ouverture de lignes de production qui sont des investissements sur 25 ans, Google qui s’installe. Il y a quand même des éléments qui prônent pour une sortie de l’Union européenne.

Je vous donne un exemple intéressant. J’ai un collègue de travail britannique qui a de la famille au Royaume-Uni. Lui-même avait voté pour le Brexit alors que sa famille votait pour «remain» [rester dans l’UE, ndlr]. Je discutais avec lui récemment et il m’a confié que sa famille était maintenant bien contente que le Brexit ait eu lieu. Il y a eu récemment un sondage qui montrait le revirement de la position des britanniques sur le Brexit. Ils s’aperçoivent qu’il y a énormément d’avantages à ne pas être soumis à des normes ou à des restrictions de pêche dans leurs propres eaux territoriales, venant de la Commission européenne.

 

LD: Mais vous savez que l’intégration à l’Union Européenne de la Grande Bretagne était moins aboutie que celle de la France. Ils n’avaient notamment pas l’euro et n’avaient donc pas eu à changer de monnaie nationale. Que pensez-vous de cette problématique en particulier?

CAB: Il faut savoir que dans le droit international, il y a ce que l’on appelle la lex monetae qui prévoit que lors d’un changement de monnaie, la dette est libellée dans la nouvelle monnaie. Cela signifie que les 98% de la dette française [qui sont en droit français, ndlr] seront libellés en francs.

Du point de vue de la dette des français, il n’y a pas d’inquiétude à avoir.

 

LD: Donc ceux qui parlent d’une explosion de la dette privée et d’un écroulement des marchés ont une mauvaise compréhension de la loi ?

CAB : Absolument.

 

LD: Asselineau était souvent identifié comme le candidat de la théorie du complot. Qu’est-ce que cette étiquette vous inspire?

CAB: Le système fait tout ce qu’il peut pour éviter que François Asselineau ne s’exprime sur des sujets importants. Le traiter de complotiste c’est la dernière ressource que les acteurs du système ont trouvée. Il faut passer là-dessus. Le complotisme c’est une manière d’essayer de le discréditer alors que lorsque l’on essaye de discuter avec lui, on s’aperçoit que personne ne réplique. C’est ce qui s’est produit lors du débat à onze par exemple.

 

LD: Dans votre programme, vous avez toute une partie sur réaffirmer les liens entre la France et les autres États francophones. Concrètement, qu’est-ce-que ça veut dire pour le Québec ?

CAB: Les liens sont déjà forts, mais il reste des choses à faire. D’un point de vue de la défense du français, les Québécois sont en première ligne.

D’un point de vue plus large, la francophonie c’est d’avoir une langue en commun. Quand on est à l’étranger et qu’on rencontre quelqu’un qui parle la même langue, cela créé des liens tout de suite. C’est quelque chose d’important, et c’est la manière dont la France doit rayonner. Cela doit être fait de manière pacifique: nous ne sommes plus au temps des colonies. Il y a une grande chance à saisir par l’intermédiaire de la francophonie pour établir des liens de coopération internationale. C’est valable pour les pays d’Afrique comme pour le Québec. C’est un lien à entretenir pour que chacun ait sa place, que la langue française comme la langue anglaise ait sa place. Je crois qu’un monde avec une seule langue et une seule façon de vivre serait effrayant.

 

LD: En regardant votre programme, on s’aperçoit qu’on a du mal à vous positionner sur un échiquier politique.

CAB: C’est bien! Si j’ai décidé de me présenter aux législatives, c’est surtout pour essayer d’apporter quelque chose. Je n’ai ni un positionnement de gauche, ni un positionnement de droite. Si l’on regarde le rôle du député selon notre Constitution, c’est d’être représentant du peuple. On défend notamment la Nation, valeur de gauche et la liberté qui est plutôt une valeur de droite. Il n’y a pas selon moi de positionnement à avoir.

 

LD: Cette idée d’être «ni de gauche, ni de droite» est présente ailleurs. Est-ce-que vous seriez prêt à travailler avec Emmanuel Macron si son mouvement faisait appel à l’UPR ?

CAB: Je ne crois pas que ce sera possible. Monsieur Macron s’est fait élire par une minorité des Français. Il est là grâce au rejet de la droite à cause des « affaires » et au rejet de M. Hollande à cause de son bilan catastrophique. On s’aperçoit qu’il a été «lancé» comme un produit par les médias avec un bourrage de crâne 24 heures sur 24 pendant plus d’un an.

De là à soutenir une Europe fédérale comme il le fait… ce n’est pas possible. En étant députés UPR à l’Assemblée Nationale, nous nous tiendrons à la charte de l’UPR qui est de défendre l’intérêt des Français, la souveraineté de la nation, et de s’assurer de la constitutionnalité des projets du gouvernement.

Je considère la Constitution de la Vème République comme le document majeur qui permet d’assurer la cohésion de la France. Elle a une valeur d’autant plus importante face aux traités européens qui sont en vérité inconstitutionnels comme l’avait relevé Philippe Seguin lors de son discours contre le traité de Maastricht demandant au Parlement français de le rejeter.

 

LD: Donc, pas de coalition avec En Marche, mais est-ce-que vous imaginez que, à l’occasion, vous pourriez être en faveur d’un texte issu du gouvernement ?

CAB: Écoutez, j’ai regardé le programme d’Emmanuel Macron. Il y a des choses très générales où tout le monde est d’accord mais dès que l’on rentre un petit peu dans le détail, on s’aperçoit que ce sont les propositions de la Commission européenne et c’est le démantèlement des services publics.

Je n’ai pas d’a priori négatif. Je pars toujours avec une vision positive des choses. Mais quand on regarde en détail, je n’ai pas l’impression qu’il y ait beaucoup d’accords possibles.

 

LD: Est-ce que l’on peut vous demander pour qui vous avez voté au second tour ?

CAB: Je n’ai pas voté. Je ne pouvais pas choisir entre la peste et le choléra.

 

LD: Connaissez-vous bien Montréal ?

CAB: J’y suis passée il y a très longtemps, je connais plus les grands espaces que Montréal.

 

LD: Que pensez vous du gouvernement qu’Emmanuel Macron et son premier ministre Edouard Philippe ont annoncé?

CAB : C’est un jeune gouvernement qui va durer un mois puisqu’il aura vocation à être renouvelé après les législatives.

Une chose qui m’a choquée c’est la nouvelle dénomination du ministère de la Défense. Il s’appelle maintenant le ministère des Armées. C’est un changement quelque peu belliciste. De plus, je crois que la nouvelle ministre a déclaré il y a quelque temps qu’elle ne se sentait pas vraiment Française. J’ai trouvé ça un petit peu fort. On est quand même l’héritage d’un certain passé. On a des parents, des grands-parents qui ont défendu un certain model social. On est un pays généreux. Mettre tout cela à la trappe pour une Union Européenne qui n’a absolument pas tenu ses promesses depuis des décennies, je trouve cela assez incroyable.

 

Les élections des français·e·s en Amérique du nord auront lieu les 3 et 17 juin 2017.

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Entrevue avec Yan Chantrel, candidat aux législatives françaises https://www.delitfrancais.com/2017/05/18/entrevue-avec-yan-chantrel-candidat-aux-legislatives-francaises/ Thu, 18 May 2017 20:33:15 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=28658 En cette période électorale, Le Délit est allé à la rencontre de tout·e·s les candidat·e·s à la circonscription des français·e·s établi·e·s en Amérique du Nord. Pour ce second volet, nous avons parlé avec Yan Chantrel, candidat du Parti Socialiste (PS).

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Le Délit : Est-ce-que vous pouvez vous présenter rapidement ?

Yan Chantrel : J’ai 38 ans, je suis à Montréal depuis plus de 6 ans. Je suis élu consulaire auprès du Consulat de France à Montréal, qui regroupe les Français de Montréal, Moncton et Halifax. Depuis trois ans, je suis aussi élu à l’assemblée des Français de l’étranger pour représenter tous les Français du Canada. C’est une instance qui se réunit deux fois par ans et qui fait des propositions au gouvernement sur des problématiques spécifiques concernant les Français établis hors de France. Ce sont des mandats bénévoles, qui me permettent d’avoir une connaissance assez fine des Français qui sont établis en Amérique du Nord, puisque j’y réponds quasi-quotidiennement.

En plus de ça, bien sûr, j’ai un emploi. Je vis à Montréal, je travaille ici aussi. Je travaille pour un comité consultatif auprès de la CPMT [Commission des partenaires du marché du travail, ndlr]. C’est une institution attachée au ministère de l’emploi québécois. J’y fais des avis et des recommandations pour permettre la réinsertion sur le marché du travail des personnes judiciarisées.

Ça fait un an que je fais campagne, puisque j’ai été investi par les militants socialistes en Amérique du Nord lors d’une primaire en juin 2016. Je crois beaucoup en la démocratie participative, donc j’ai voulu faire un projet participatif. Je me suis dit que je voulais m’ouvrir, et ne pas rester enfermé dans une étiquette politique. L’intérêt d’avoir des députés des Français de l’étranger, pour moi, c’est qu’ils puissent apporter quelque chose de rafraîchissant, de différent. Je ne peux pas être la même personne qu’un socialiste en France, j’ai des différences, des spécificités et j’ai envie de les défendre à l’assemblée. Si c’est pour avoir un député qui se comporte et qui soit exactement comme les autres, je n’en vois pas beaucoup l’intérêt. Le fait que je vive ici, que j’ai une autre réalité, une autre culture, je pense que ça peut enrichir la France d’apporter ça.

 

LD : Est-ce-que vous pouvez nous donner trois grands axes de votre programme ?

YC : Il y a beaucoup de propositions dans mon projet, mais il y a trois axes principaux. Le premier c’est les propositions pour les Français établis en Amérique du Nord. Dans ces propositions là il y a un volet très important qui est l’éducation pour les Français. Je veux mettre en place un plan d’éducation pour tous. Je veux par exemple que les familles de classe moyenne aient accès aux bourses, et aider au développement des offres alternatives d’éducation en français.

Ensuite, il y a les projets pour la France. Dans ce volet, j’ai notamment des propositions sur l’écologie —je suis quelqu’un de très écolo. J’ai par exemple comme objectif de se fixer à l’horizon 2050, 100% d’énergies renouvelables, zéro pesticides, interdire les perturbateurs endocriniens, favoriser les circuits courts…

J’ai aussi des propositions sur les libertés individuelles, auxquelles je suis très attaché. Par exemple, je suis pour la PMA [procréation médicale assistée, ndlr] pour les couples homosexuels et pour les femmes seules. Je suis aussi pour la GPA [gestation pour autrui, ndlr], pour qu’elle soit reconnue pour les Français qui naissent à l’étranger [via cette pratique], mais aussi pour en France mais ne l’encadrant de manière très stricte —comme c’est fait au Royaume-Uni. Il y a aussi le droit à mourir dans la dignité, qui est un sujet important. Ils sont plus avancés ici au Québec sur tous ces sujets.

Et il y a un dernier volet, qui est peut-être ma signature à moi: c’est la démocratie participative. Ce n’est pas juste pendant la campagne. J’y crois profondément. Je veux donc qu’elle soit institutionnalisée. Par exemple, je suis pour la création d’une chambre citoyenne qui serait tirée au sort. Tout ce qui émanerait de cette chambre serait mis à l’ordre du jour du parlement. Les parlementaires seraient obligés de se positionner, sans devoir de les adopter. Ça permet d’avoir une relation constante entre les citoyens et leurs représentants.

 

LD : Au sujet de la démocratie participative, en regardant votre programme, on aperçoit une ressemblance frappante avec le mode de fonctionnement qu’avait la campagne présidentielle des Insoumis [nom donné aux militants du mouvement mené par Jean-Luc Mélenchon, ndlr]. Est-ce-que vous vous êtes inspirés du style de campagne de Jean-Luc Mélenchon ?

YC : Non, ce n’est pas qu’il y a une inspiration. Il faut voir que des gens qui sont insoumis ont participé à mon projet. Et puis, quand je me suis lancé en campagne, il n’y avait pas encore les présidentielles. On ne connaissait pas encore les candidats la plupart du temps. Il y a des qui gens qui soutenaient Emmanuel Macron qui ont participé à mon projet aussi. Ça veut peut-être juste dire que j’ai une base programmatique qui rassemble réellement les gens de gauche et progressistes.

 

LD : Que pensez vous de la décision du gouvernement qui renonce au vote électronique pour les Français établis à l’étranger?

YC : J’étais à l’assemblée des français de l’étranger au moment de l’annonce. J’ai vu que concrètement, il y avait un rapport de l’INSEE, une autorité indépendante et reconnue pour la qualité de ses travaux, qui montrait des risques. Qui plus est, on l’a vu avec Emmanuel Macron: pendant les présidentielles, il s’est fait hacké! La menace est plus que crédible puisqu’on a des faits qui peuvent l’établir. De tous les experts, il y en a pas un seul qui peut garantir une fiabilité à 100%. Pas un seul!

 

LD : Donc, le fait que ça ait été annulé pour cette fois, vous êtes pour. Mais philosophiquement, vous être favorable au vote électronique ?

YC : Philosophiquement, j’y suis favorable. Tout ce qui peut contribuer à aider les Français qui sont éloignés —et surtout les Français de l’étranger —des bureaux de votes, il faut les aider. Par contre, après, il faut des réélections démocratiques. Est-ce que, quand on organise un scrutin, on considère que même s’il n’y a qu’un pourcent de doute, c’est démocratiquement acceptable? Est-ce qu’on considère que le doute est permis ?

 

LD : Le parti socialiste n’a pas fait un bon score aux présidentielles. À quoi attribuez-vous cela?

YC : Pour plein de raisons. Premièrement, beaucoup de personnes ont voté pour Emmanuel Macron pour bloquer la route à Fillion.

 

LD : Donc, la faute au vote stratégique ?

YC : La faute au vote très stratégique. Ce n’était pas forcément pour bloquer l’extrême droite. C’était pour que ce ne soit pas l’extrême droite face à Fillion.

L’autre versant, c’est Mélenchon qui a bénéficié d’une dynamique importante. Si on voulait un candidat de gauche, certains pensaient qu’il fallait se rabattre sur lui. Dans la dernière ligne droite, ça a siphonné le vote Hamon. Ç’aurait été l’inverse si Hamon avait été à 17% à une semaine du premier tour.

Il y a eu une dynamique énorme à ce niveau-là. C’est pour ça que je suis un peu en dehors de ça: je fais campagne depuis longtemps, les gens font la part des choses. Ils savent que s’ils veulent peser à l’Assemblée nationale, si possible, ce serait de peser par rapport à des choses dont ils sont proches. Ils pourront se dire «Au moins, lui, il va bien nous représenter. On va être fière de voir qu’il me représente vraiment ».

 

LD : Donc vous vous faites pas trop de soucis par rapport à ça?

YC : Non je ne me fais pas de soucis. Là, je pense que l’on va avoir à faire à des candidats «étiquette». Ils se présentent trois semaines avant le vote avec une étiquette «élisez-moi». Vu la taille du territoire, pour moi, c’est presque une insulte aux électeurs. C’est leur manquer de respect.

 

LD : Le PS dans sa forme historique semble aujourd’hui menacé, contraint d’évoluer ou de s’écrouler. Que prévoyez-vous? Une disparition du parti ? Une «gauchisation»? Une «droitisation» ?

YC : Moi, je n’ai pas de spéculation pour être tout à fait honnête. Par contre, je vais participer à sa rénovation. Le projet que je porte, c’est un projet de rénovation. Peu importe le parti où je serai!

J’ai une base programmatique de rénovation qui s’est faite à partir du terrain. Ce n’est pas comme si l’on m’avait fait un programme, comme pour tous les autres candidats. Ce n’est pas un truc décidé à Paris, et qu’on leur a dit «tiens, maintenant tu vas aller porter cette parole». Quelle est la valeur ajoutée? Zéro! Moi, je fais un travail de terrain, je suis cohérent dans la démarche. Quand je serai en France, je vais défendre ça.

 

LD : Quels projets souhaitez vous voir apparaître pour pousser plus loin l’amitié franco-québécoise ?

YC : Le lien est déjà fort. Dans certaines provinces, ils aimeraient avoir une relation équivalente. Mais il faut le renforcer quand même, sur la reconnaissance des diplômes, par exemple.

Moi, en tant que parlementaire, je serai l’artisan, le représentant, de cette alliance entre le Québec et la France. Je participerai à le renforcer d’autant plus que je vis ici, je suis un acteur des deux côtés de l’Atlantique. Participer à la relation entre le Québec et la France, c’est aussi y vivre au quotidien.

Mais il faut aussi voir les choses dans l’autre sens. Il faut aussi faire en sorte que des Québécois viennent en France. Le Québec vend très bien auprès de la France, mais que la France se vende un peu mieux auprès des autres !

 

LD : Ça fait six ans que vous vivez ici à Montréal. Quel est votre lieu culturel préféré ?

YC : Le Musée des beaux-arts. Il n’est pas très loin de McGill d’ailleurs!

 

LD : Est-ce-que vous seriez prêt à travailler avec Emmanuel Macron si son mouvement faisait appel à la gauche de l’assemblée?

YC : Je resterai cohérent dans ma démarche de député. Je défendrai mon projet. Après, s’il y a des propositions qui sont faites par Macron qui me semblent intéressantes, je voterai pour. J’appuierai le gouvernement sur une base programmatique, je ne m’accorderai pas simplement pour accorder.

Je me donne une certaine liberté vis-à-vis de mon parti.

Mon programme a été construit sur le terrain, et c’est celui que je défendrai. Mais je ne suis pas dans l’obstruction systématique—comme Jean-Luc Mélenchon par exemple. Mon but c’est que la France avance et que l’extrême droite recule.

 

LD : Donc pas de coalition sur papier mais il peut y avoir des accords de circonstance. La logique est la même pour les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon ?

YC : Bien sûr.

 

LD : Benoît Hamon a annoncé la création d’un mouvement «transpartisan» le 1er juillet 2017. Savez-vous de quoi il s’agit?

YC : Pour être honnête, non (rires). Mais ce n’est pas le seul mouvement. Il y a aussi une formation qui s’appelle «Demain» avec Martine Aubry et Christiane Taubira. Cette dernière fait d’ailleurs officiellement partie de mon comité de soutien.

 

LD : Est-ce-que vous acceptez l’étiquette de «frondeur»?

YC : Non, je n’ai jamais accepté cette étiquette-là. Mon but c’est d’avancer. Par contre, manifester ses désaccords, je le ferai—et je l’aurai fait lors de la précédente majorité, sur la déchéance de nationalité par exemple.

 

LD : Si vous voulez une certaine liberté d’action, quel intérêt de se présenter en tant que candidat du PS? Pour pas Divers Gauche ou sans étiquette ?

YC : Moi, je crois fondamentalement au rôle des partis politiques. Je pense que le Parti socialiste est, à la base, un parti de gauche réformiste. Je crois, contrairement à d’autres, au fait de participer à la décision publique. Je veux impacter la vie des gens.

Pour moi, c’est important d’avoir un parti qui permet d’accéder aux responsabilités. Les endroits où il n’y a pas de parti, c’est des dictatures. Je pense que les partis politiques sont des systèmes à eux seuls, et il en faut. Par contre, il faut les réformer.

 

LD : Si vous aviez un reproche à faire à Frédéric Lefebvre ?

YC : Mon gros problème, c’est son absence. Pour moi, c’était un député absent. Il connaissait mal la circonscription puisqu’il n’y avait jamais vécu et, malheureusement, ça ne s’est pas beaucoup amélioré. Il n’a pas prouvé vis-à-vis des Français ce que ça apportait en plus d’avoir un député des Français de l’étranger.

 

LD : Dernière question, est-ce-que vous avez un compte de campagne au Canada ?

YC : (rires) Non, j’ai une association de financement qui a été faite dans les règles. J’ai fait un crédit personnel, je n’ai pas eu un seul centime d’un parti. Ça fait aussi partie de la liberté que je me donne. Je n’ai absolument aucune aide: tout vient de crédits personnels et de dons des citoyens.

 

Les élections des français·e·s en Amérique du nord auront lieu les 3 et 17 juin 2017.

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Entrevue avec Damien Regnard, candidat aux législatives françaises https://www.delitfrancais.com/2017/05/16/entrevue-avec-damien-regnard-candidat-aux-legislatives-francaises/ Tue, 16 May 2017 19:28:07 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=28649 En cette période électorale, Le Délit est allé à la rencontre de tout·e·s les candidat·e·s à la circonscription des français·e·s établi·e·s en Amérique du Nord. Pour ce premier volet, nous avons parlé avec Damien Regnard, candidat Divers Droite (DVD).

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Le Délit: Est-ce-que vous pouvez vous présenter rapidement?

Damien Regnard: Je suis Damien Regnard, j’ai 51 ans, j’ai trois enfants de 19 à 24 ans, je suis marié. Je vis depuis un peu plus de vingt ans à la Nouvelle-Orléans en Louisiane, terre française et proche de nos amis québécois. Je suis venu ici pour ouvrir la filiale d’un groupe français. Quand ils m’ont demandé au début des années 2000 de rentrer, j’ai décidé de rester et je me suis lancé dans l’entreprise. J’ai créé une société dans le service au commerce international. Depuis mon arrivé, j’ai été très vite engagé dans le domaine associatif: j’étais président de la Chambre de Commerce Franco-Américaine, j’ai été conseiller du commerce extérieur de la France, président de l’Union des français de l’étranger, membre du conseil d’administration de l’Alliance Française, et impliqué également dans l’ouverture de nombreux établissements scolaires publics et privés.

 

LD: Quel est le plus grand défi pour les expatriés?

DR: C’est une bonne question. Les défis d’une expatriation sont d’ordre personnel et familial avant tout. Que l’on soit jeune étudiant ou qu’on soit en préretraité —et tout ce qui vient au milieu —je pense qu’il faut une bonne préparation, une bonne connaissance, et un environnement favorable. On ne part pas s’expatrier pour fuir quelque chose sinon c’est souvent un échec. On ne part pas à l’aventure. L’aventure n’est pas autorisée, je crois, si on veut être sérieux dans son expatriation. Il faut la préparer. J’ai dû, souvent, intervenir pour repêcher des situations catastrophiques —au niveau des visas par exemple. On ne part pas en se disant «c’est la même chose de l’autre côté de l’Atlantique». Que ce soit au Canada ou aux Etats-Unis, il y a un océan entre les deux, il y a une culture différente, il y a un mode de fonctionnement différent, un comportement différent.

Pour vos lecteurs spécifiques au Québec, l’erreur pour de très nombreux français c’est de penser que, parce qu’on y parle le français, c’est la même chose. Les Québécois sont nos cousins, mais ils sont nos cousins d’Amérique du Nord. Il y a une véritable différence de culture qui me semble importante à appréhender avant de partir si on ne veut pas subir un échec et rentrer en France avec une certaine amertume. Donc, je crois que le principal défi c’est une bonne préparation et une bonne appréhension de ce qu’on va faire.

Mettez vos idées et vos papiers en ordre, et ayez un projet! Tout est possible après. Si on arrive en se disant «nous les Français on est attendus aux États-Unis, on est attendus là parce que nous sommes les meilleurs», en général on fait face à des échecs flagrants.

 

LD: Est-ce-que vous pouvez nous donner trois grands axes de votre programme? En quoi est-ce qu’il aiderait à créer ce projet dont vous parlez?

DR: Il y a plusieurs aspects. En créant les onze députés des français à l’étranger, en supplément des douze sénateurs, je crois qu’il y a vraiment un besoin de travailler ensemble. C’est pour ça que je souhaiterais mettre en place un «groupe interparlementaire des élus des Français de l’étranger» en dehors de toute considérations politiciennes. Cette organisation permettrait de peser. Aujourd’hui, nous sommes une minorité, nous les élus des Français à l’étranger. C’est très difficile d’être entendus et on est souvent mis de côté. La première chose c’est donc d’essayer de créer un poids politique à notre action.

Ensuite, je permets d’avoir un député qui connaisse à la fois la langue anglaise et la politique locale. C’est ce que j’appelle le bilatéralisme. Mon engagement, c’est de travailler avec les dix provinces et les cinquante États. Pourquoi? Parce que quand vous travaillez et que vous rencontrez le gouverneur d’un État et que vous lui dites : «Voilà, chez vous, un de vos plus grands employeurs est une société française, et elle a des besoins. Est-ce-que nous pouvons travailler ensemble pour mettre en place des introductions, des relations et des appuis politiques?». Même un grand groupe en a besoin pour pouvoir s’exprimer et faire passer des messages. Moi, je voudrais être ce lien entre la communauté des Français de l’étranger qui vivent en Amérique du nord et nos élus ici. Je veux être un député des Français à l’étranger, et non pas un député à Paris qui passe son temps à aller s’occuper de préoccupations qui n’ont rien à voir avec celles de nos ressortissants ici.

 

LD: Vous aviez présenté votre candidature en 2013, où vous aviez reçu 12,67% des scrutins. En quoi est-ce que votre programme a changé depuis?

DR: Les bases sont restées les mêmes, c’est-à-dire que c’est un engagement au service des Français. Je me suis toujours positionné là-dessus. Ce volet là n’a pas changé.

Ce qui a changé, c’est l’engagement un peu plus politique. Je suis plutôt un candidat qui souhaite incarner une alternative de droite. Je crois que l’on a besoin de se mobiliser et de redonner une certaine confiance dans notre pays, redonner une certaine liberté au niveau de l’entreprise, redonner une certaine image de notre pays qui a, à mon avis, été assez détériorée ces cinq dernières années. C’est un engagement aussi par rapport à ce que je considère être un échec au niveau des droits des Français à l’étranger en quatre ans. Que ce soit dans le domaine des bourses, du budget de l’action extérieur de l’État, du budget sur les consulats, le budget de l’action culturel, la suppression de vote internet, il y a eu peu ou pas de progrès. Là, il y a une grosse différence par rapport à mon engagement parce qu’en 2013, on n’avait pas ce bilan.

Dernier point: ça fait un peu plus d’un an que je réfléchis à cette élection législative, que je m’y prépare, sans savoir si j’allais y aller ou pas, parce que c’est un travail énorme et un engagement personnel, financier, familial, important. C’est un gros sacrifice. À ce titre j’aimerais saluer tous les candidats qui le font, quelque que soit leur tendance.

 

LD: Que pensez-vous de la décision du gouvernement qui renonce au vote électronique pour les français établis à l’étranger?

DR: C’est une vaste fumisterie cette affaire. Nous avons été informés lors de l’assemblée des Français à l’étranger en session plénière au mois de mars par une ribambelle de hauts fonctionnaires, à la tête de laquelle se trouvait notre secrétaire d’État aux Français de l’étranger de l’époque Matthias Fekl, aujourd’hui [ex] ministre de l’intérieur. Il est venu nous informer gentiment alors qu’il n’y avait plus de session parlementaire — donc pas d’Assemblée nationale ni de Sénat — et qu’ils allaient supprimer le vote Internet.

Je me suis un peu révolté de cette situation. Le fait de lancer une pétition ne sert strictement à rien: vous pouvez faire autant de signatures que vous voulez, ce n’est pas ça qui va changer quoi que ce soit. Je regrette que notre député en place n’ait pensé qu’à cette solution.

Personnellement, je vois plusieurs aspects. Première chose: on n’annule pas un vote comme ça, hors session, sans permettre au Parlement de chercher des solutions. Donc déjà, sur le calendrier, j’étais particulièrement choqué.

Deuxièmement, les raisons qui nous ont été présentées. C’est lamentable d’oser nous expliquer que les Russes vont attaquer onze députés des Français de l’étranger. On est 577 députés, en quoi pourrait-on me dire que les Russes s’y intéressent? Et pourquoi les Russes, pourquoi pas aussi la Corée du Nord? On ne sait pas. On est dans la désinformation.

Troisièmement point. On nous a dit: «Rappelez-vous, quand TV5 Monde a été attaqué, rappelez-vous, ils ont perturbé les élections aux États-Unis». Alors là, on a dit: «Premièrement, sur TV5, c’est des failles de sécurité flagrantes, que la chaîne a admise, qui ont permis de faire ce hacking»; ensuite, j’ai dit: «Pouvez-vous me prouver qu’un seul bulletin, un seul bureau de vote a été hacké aux États-Unis au mois de novembre ? ». Ils ont bien dû avouer que non, effectivement, ça n’était pas l’élection qui avait été piratée, mais il y avait eu des tentatives de pénétration du parti Démocrate ». Donc déjà, nous sommes partis sur deux mauvais exemples.

La France souffre aujourd’hui d’un mal qui risque de ne pas s’arranger, qui nous ronge depuis des années: c’est une grosse administration, une machine à mammouth de l’administration, qui la gouverne. Ce ne sont plus les politiques qui, aujourd’hui, ont le pouvoir de définir une ligne, une stratégie, un projet. Ce sont des administrations qui bloquent. Ce n’est pas pour rien qu’aux États-Unis, quand il y a une nouvelle administration qui arrive, vous avez 6 000–7 000 têtes d’administration qui changent, pour travailler en collaboration. Ce n’est pas du nettoyage, c’est juste d’avoir une certaine logique. Vous avez besoin d’avoir une administration qui est en accord avec les politiques que vous voulez mener. La commission qui a bloqué le vote électronique a, pour moi, outrepassé ses fonctions.

 

LD: Vous avez soutenu François Fillion lors des élections présidentielles, or Les Républicains ont déjà un candidat pour cette circonscription. Pourquoi vous présenter contre lui?

DR: La règle qui tue tous nos partis, elle n’est pas écrite, mais c’est une espèce de tradition ancienne: on reconduit les sortants, et ce, qu’ils soient bons ou mauvais. Il a fallu plus de neuf mois et quatre refus en commission d’investiture pour que M. Lefebvre soit finalement investi.  Il n’a absolument pas fait état de son investiture; il l’a annoncé il y a quelques jours seulement. Il n’a jamais fait campagne pour le candidat de la famille Les Républicains. Il n’a pas fait un seul tweet en trois mois pour appeler à voter pour le candidat de sa famille.

Alors effectivement, je me suis engagé parce que je voulais cette alternance. Fillion, c’était le candidat qui avait été choisi par ma famille. Comme je l’ai dit, j’ai un engagement, je suis droit dans mes bottes. C’était le candidat qui a été mis en avant, c’était le candidat de l’alternative, il avait un programme extraordinaire. La campagne a été polluée par des tas d’affaires —légitimes, non légitimes, ce n’est pas à moi de juger. Les Français ont jugé, et la justice passera par là. On aura l’air chouette s’il est innocenté.

J’ai beaucoup regretté cette absence de mobilisation, et je ne suis pas le seul. Maintenant, on ne sait pas trop où se positionne [Frédéric Lefebvre]. Ses messages disent «Je suis de droite, mais avec Macron», «Je suis LR mais contre Wauquiez et Baroin ». Ce sont quand même les deux leaders de la droite aujourd’hui, donc on se demande où il se trouve idéologiquement. Moi, j’ai été vraiment choqué par ça. Je me suis senti vraiment orphelin à titre personnel.

Je crois qu’aujourd’hui je suis le seul candidat pour les électeurs qui soit plutôt à droite, et qui a été assez sidéré par les positionnements du député sortant.

Il y a un deuxième aspect. Moi je suis Français d’Amérique, et je ne m’engage qu’à ça. Je n’ai pas d’ambition politique derrière. Nous avons été désertés pendant plus de neuf mois par un député qui s’est lancé dans une campagne pour la primaire, pour devenir président de la République française.

Donc voilà, je ne peux pas cautionner ce genre de comportement, il fallait s’engager.

 

LD: Quels projets souhaitez-vous voir apparaître pour pousser plus loin l’amitié franco-québécoise?

DR: J’étais à Montréal la semaine dernière. J’ai eu un très long entretien téléphonique avec Thomas Mulcair [l’ancien candidat fédéral du Nouveau Parti Démocrate, ndlr], qui m’a contacté. Il voulait échanger pour avoir mon point de vue, et je dois le revoir lors de mon prochain passage à Montréal. J’ai aussi eu des échos autour de l’équipe autour de M. Couillard [le premier ministre du Québec, ndlr] récemment. Il faut connaître, apprécier, respecter les gens. On n’est pas là pour dicter la voie de la France. On est là pour voir comment, ensemble, on peut travailler dans le cadre d’un respect mutuel, et pas pour dire: «Ce que vous faites c’est contre la France, c’est pas bien».

Quand vous êtes un député parisien et que vous arrivez en disant ça, vous avez à faire face à des gens qui sont très courtois et qui, par derrière, ne vous donneront rien. Vous ne pourrez avancer sur aucun dossier. Les échos que j’ai eu de multiples Franco-Québécois installés depuis de multiples années —dont mon suppléant François Pichard du Page qui est depuis plus de quarante ans à Québec —c’est qu’on a tout raté ces quatre dernières années. On n’a rien réussi à construire, on n’a pas fait les passerelles qu’on devait faire, on a pas créé cette confiance, ce lien bâti sur une expérience partagée, sur une connaissance de leur état d’esprit. C’est une analyse partagée. Je suis ici depuis plus de vingt ans, je suis devenu un Américain du nord, je raisonne comme un Américain du nord.

C’est là où je peux apporter quelque chose à l’Assemblée Nationale. Je suis aujourd’hui avec un raisonnement, une approche et un fonctionnement qui est différent d’un député de Corrèze ou de Haute-Savoie. Ce n’est pas que je suis meilleur, c’est que j’apporte cette différence. Dites-moi quelle différence apporte un député parachuté, qui vit depuis trente ans dans les cercles politiques? Qu’est-ce qu’il apporte comme différence?

Travailler avec les Québécois, c’est d’abord respecter les Québécois. C’est partager.

 

LD: Est-ce-que vous seriez prêt à travailler avec Emmanuel Macron si son mouvement faisait appel à la droite de l’Assemblée ?

DR: Mais bien évidemment! Et tous les parlementaires, même les chefs de file chez les Républicains, le disent. J’ai entendu deux interviews récemment, l’une de François Baroin, l’autre d’Eric Ciotti —on ne peut pas le qualifier de socialiste ou de macroniste— ils ont dit «oui».

Je crois que le problème n’est pas droite/gauche, il n’est pas dans les barrages. Moi ce que je vois, c’est que le respect il doit venir des deux côtés. Je pense que le respect il a manqué des deux côtés, là-dessus je suis assez centriste. Un projet de loi qui est bon ne veut pas dire qu’il est parfait. On peut apporter des amendements. Si on travaille en bonne intelligence en disant «Votre projet de loi présente de nombreuses avancées pour la France. Est-ce que si on ajoutait ça, ça et ça…» bien sûr que les lois seront votées.

Ce que je veux dire c’est que, oui, quand les lois vont dans le bon sens, je ne serai pas quelqu’un de sectaire. Le groupe interparlementaire pourrait nous permettre de travailler de façon beaucoup plus forte.

J’insiste sur un point: mon mandat sera fait dans l’honnêteté et dans l’intégrité. Je n’ai pas d’ambitions politiciennes derrière, je souhaite faire ce mandat de cinq ans au service de notre communauté. Je ne suis pas du tout dans la perspective de briguer un second mandat. D’autre part, je n’embaucherai pas ma femme. Je respecterai mes engagements, contrairement à notre député sortant qui a dit qu’il ne cumulerait pas les fonctions mais qui l’a fait jusqu’à la fin de son mandat de conseiller régional. Je m’engage réellement pour les Français d’Amérique du Nord.

 

LD: Est-ce-que vous connaissez bien Montréal?

DR: J’y ai vécu quand j’étais enfant, mon père y travaillait. J’en garde des souvenirs mais je ne suis pas comme certains, je ne vais pas prétendre être un expert. J’ai pris les bus jaunes, je suis parti avec ma boîte à lunch, avec mes boots. J’en garde de très bons souvenirs mais je ne peux pas dire que je connaisse Montréal. Mais c’est une ville que j’aime beaucoup, j’y ai été à plusieurs reprises professionnellement.

 

LD: Aujourd’hui on voit, en France comme ailleurs, un rejet des partis traditionnels. Pensez-vous que ça peut jouer en votre faveur, vous qui n’émanez pas d’un de ceux-ci?

DR: Je n’analyse pas forcément toujours les choses de la même façon. Il y a un rejet du personnel. Est-ce qu’il y a un rejet d’une idée de la droite ou de la gauche? Je n’y crois pas.

Monsieur Macron a fait un très beau parcours qui a sidéré beaucoup de monde. Il a réussi à être élu avec un alignement des planètes extraordinaire. On s’en rend compte déjà là: il y a des gens qui ont des convictions politiques. Ces convictions politiques elles sont sur une voie économique, écologique, sociale, familiale, conservatrice… donc ces valeurs, elles existent au sein des gens. Je crois qu’il y a eu un rejet des partis uniquement par rapport à leur fonctionnement, par rapport à certains de leurs représentants.

Donc oui, mon engagement ferme, définitif, droit dans mes bottes, avec un projet, une ambition, une expérience, et une implantation ici… oui, je pense et j’espère pouvoir convaincre les gens de ce renouveau de la politique.

 

Les élections des français·e·s en Amérique du nord auront lieu les 3 et 17 juin 2017.

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Marche du 1er mai à Montréal https://www.delitfrancais.com/2017/05/05/marche-du-1er-mai-a-montreal/ Fri, 05 May 2017 19:52:08 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=28610 Les anticapitalistes ont pris la rue à l’occasion de la fête internationale des travailleurs.

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Ce lundi 1er mai 2017 plusieurs centaines de manifestants ont investi les rues de Montréal, sous la houlette de l’organisation Convergence des luttes anticapitalistes, pour la journée internationale des travailleurs. La marche de plusieurs heures dans le centre-ville, tant anticapitaliste qu’anarchiste, s’est faite en compagnie d’une importante escorte policière, à laquelle quelques manifestants ont fait face lors d’une altercation en début de soirée.

Plusieurs mouvements anticapitalistes, dont le Parti communiste révolutionnaire, et des dizaines de sympathisants s’étaient donnés rendez-vous à 18h sur le square Phillips. On y retrouvait les drapeaux du YPG, la troupe de combattants kurdes présente en Syrie, alors que se succédèrent au micro des intervenants en faveur de l’accueil des réfugiés ou au discours anticolonialiste.

 

Les deux cents manifestants présents se sont mis en marche vers 18h30, s’enfonçant dans le centre-ville, faisant bon chemin pendant une demi-heure, avant qu’une échauffourée avec la police ait lieu.
La police, à la présence possiblement aussi nombreuse que les manifestants, regroupait notamment des policiers anti-émeute, montés à vélo ou à cheval.

 

Un groupe de manifestants s’en est pris à une escouade policière regroupée devant les bureaux de Bombardier sur le boulevard René-Levesque. Quelques lancers de fumigènes roses furent suivis par un échange de coups. Une personne a été arrêtée.

 

 

La marche est ensuite revenue vers le square Phillips, pour y retrouver une manifestation antifasciste elle aussi
dénombrant une centaine d’individus, avec notamment la présence du Black Bloc.

 

 

 

 

Les deux groupes se joignirent l’un à l’autre jusqu’à la fin d’une soirée qui les amena, sous l’averse, de Concordia jusqu’au Plateau, pour venir s’achever au métro Place des Arts.

 

 

 

 

 

La communauté mcgilloise était elle aussi présente. McGill contre l’austérité (MAA, McGill Against Austerity en anglais, ndlr) avait en effet son propre contingent. Parmi eux, plusieurs militants tenaientt une banderole, dont Connor Spencer, fraîchement élue au poste de vice-présidente des Affaires externes à l’Association des étudiants en premier cycle de l’université McGill.

 

Étaient aussi présents les militants de la Riposte Socialiste, qui ont rejoint la marche vers 20h après avoir participé à une manifestation syndicale au parc Jean Brillant.

 

 

 

 

 

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La violence sexuelle à McGill https://www.delitfrancais.com/2017/04/07/la-violence-sexuelle-a-mcgill/ Fri, 07 Apr 2017 13:01:10 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=28389 Retour sur l’année 2016 - 2017

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L’année 2016–2017 a vu la résurgence des problèmes de culture du viol et d’aggressions sexuelles, particulièrement en milieu universitaire.

À McGill, il y a eu des débats, des textes votés, des félicitations… avant que tout ne s’écroule face aux allégations à l’encontre de David Aird et Ben Ger. Retour sur une année mouvementée.

En juillet dernier, après deux ans de travail, un groupe étudiant a proposé une première version d’une politique traitant des agressions sexuelles. Celle-ci avait pour vocation de combler les graves lacunes de celle en vigueur à l’époque. Suite à cela, l’administration mcgilloise a rejeté cette initiative en se justifiant par des raisons non fondées. En début septembre, cette même administration est revenue avec un projet sur lequel elle avait travaillé. Concrètement, celui-ci est une version épurée de la politique proposée en juillet par le groupe étudiant. La communauté étudiante exprime tout de même ses réserves. Les deux principales associations étudiantes mcgilloises, l’Association des étudiants en premier cycle de l’Université McGill (AÉUM) et celle représentants les étudiants en cycles supérieurs (AÉCSUM, ou PGSS en anglais, ndlr), représentant plus de 30 000 étudiant·e·s à elles deux, s’inquiètent de ce document de travail qui «renforce les limitations actuelles des pratiques universitaires en réponse aux violences sexuelles». Toutes deux critiquent la politique de l’administration pour le manque de mesures concrètes et de délais raisonnables.

De consultation en consultation, de débat en relecture, l’administration a fini par faire approuver la politique contre la violence sexuelle le 23 novembre 2016 par le sénat mcgillois. Les réactions furent mitigées: il y a eu la joie bien sûr, devant un pas, si petit soit-il, dans la bonne direction. Cependant, il y a aussi eu un goût amer mêlé à de l’incompréhension devant la difficulté à faire approuver la politique, notamment à cause de son aspect flou.

Un problème toujours présent

Le 21 février 2017, le réseau de Réseau de Divulgation Communautaire (Community Disclosure Network, ndlr), se présentant comme un groupe de soutien aux survivant·e·s, avait publié un communiqué accusant David Aird, vice-président aux Affaires externes, d’agressions sexuelles. Ce dernier remit prestement sa démission le lendemain. Par la suite, la presse étudiante a mené une enquête, s’est entretenue avec des survivantes, a contacté des associations, et a révélé dans les semaines suivantes l’ampleur des faits.

Jeunes néo-démocrates du Québec (JNDQ) ainsi que McGill Against Austerity, des groupes où Aird avait milité, ont révélé qu’il avait été identifié comme un prédateur après que des survivantes eurent témoigné contre lui. Il fut également révélé que Ben Ger, président de l’AÉUM, avait été mis au courant de certains comportements inappropriés de son collègue en septembre 2016, et avait décidé d’organiser des réunions régulières avec lui pour parler de consentement.

Le 9 mars 2017, Ben Ger est lui aussi accusé de «violences sexuelles et genrées». Le président remet sa démission, sans que d’autres informations soient données concernant les allégations à son encontre.

Enfin, lors des élections aux postes exécutifs de l’AÉUM pour l’année prochaine, une journaliste du McGill Daily a demandé à Noah Century, candidat à la succession de David Aird, ce qu’il avait appris de la situation avec Aird. Ce à quoi il répond «ne pas se faire prendre». Fustigé de toutes parts, Century dut retirer sa candidature après avoir reçu une censure officielle de la commission électorale de l’AÉUM.

L’année scolaire 2016–17 aura donc été la scène de multiples problèmes et scandales liés aux violences sexuelles; chose qu’on aurait souhaité appartenir au passé. Plusieurs choses ont été dévoilées. D’une part, la difficulté et la lenteur de questions — pourtant urgentes — liées aux violences sexuelles.

D’autre part, le long et houleux débat concernant la politique contre la violence sexuelle a prouvé qu’une réelle remise en question était nécessaire par rapport à la capacité de l’administration mcgilloise à gérer ces situations de manière adéquate. Ensuite, les évènements entourant David Aird et Ben Ger ont montré les difficultés auxquelles doivent faire face les survivantes lorsque leur agresseur présumé se trouve dans une position d’autorité. Les femmes accusant Aird ont souvent témoigné de leur solitude face à l’AÉUM lorsqu’elles ont voulu agir.

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Montréal et Hamon https://www.delitfrancais.com/2017/03/28/montreal-et-hamon/ Tue, 28 Mar 2017 13:18:26 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=28316 Les Socialistes de Montréal soutiennent la candidature de Benoît Hamon.

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La section montréalaise du Parti socialiste (PS) est reliée à la fédération de français de l’étranger, l’organe du PS qui regroupe la centaine de sections socialistes en dehors de France. Forte de ses 80 membres bénévoles, c’est une des sections les plus actives du globe. Le Délit a contacté Étienne Schmitt, secrétaire adjoint de la branche montréalaise du Parti socialiste.

Comme partout au PS, la question Macron se pose. Quelle relation avoir avec l’ex-ministre, que faire avec ses sympathisants? Pour la section montréalaise, la réponse est claire: «Comme partout en France, il y a des gens qui veulent voter Macron, mais ils feront face aux conséquences. Quand quelqu’un se dit socialiste et soutient un candidat qui ne l’est pas, il quitte.» Au PS de Montréal, il n’y a donc pas de place pour les sympathisants du mouvement En marche! Cela étant dit, de manière générale, les représentants politiques des français à Montréal s’entendent assez bien au-delà même du clivage gauche-droite. Une communauté d’expatriés s’est formée et a su dépasser les désaccords politiques. L’animosité est donc idéologique, mais pas personnelle.

«De manière générale, les hommes politiques ne considèrent pas trop les français de l’étranger» déplore Schmitt. Hamon cependant, s’y adresse plus que ses opposants à en croire le secrétaire adjoint du PS. Pour lui, quatre choses importent vraiment aux français expatriés: le régime d’assurance maladie (la sécurité sociale), les questions des bourses scolaires, la retraite, et enfin, la question de la rapatriation (le retour en France). Or, Benoît Hamon et son équipe ont repris une proposition présentée par Hélène Conway, ancienne déléguée chargée des Français de l’étranger, qui envisage la création d’un «service public de qualité à l’étranger» pour accompagner les expatriés.

Si ça n’a rien de révolutionnaire, c’est tout de même «intéressant» pour Schmitt qui regrette l’absence de politiques pour les français vivant ailleurs qu’en métropole. Si lui soutient évidemment le candidat socialiste, il a souhaité souligner l’importance de participer à l’élection, peu importe le penchant politique: «ce n’est pas une question de candidat, c’est une question de démocratie.»

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Entre journalisme et urbanisme https://www.delitfrancais.com/2017/03/21/entre-journalisme-et-urbanisme/ Tue, 21 Mar 2017 13:40:02 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=28272 Le Délit a rencontré François Cardinal, éditorialiste en chef à La Presse, et passionné d’urbanisme.

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Chroniqueur à La Presse, journaliste spécialiste des affaires urbaines, municipales et environmentales, François Cardinal a toujours nourri une forte passion à l’égard de la ville de Montréal. Chroniqueur engagé à la Première chaîne de Radio-Canada et lauréat du Prix de la présidence pour les médias et l’architecture de l’Institut royal d’architecture du Canada en 2015, François Cardinal est aussi l’auteur de nombreux livresdont Le Mythe du Québec vert et Perdus sans la nature. Enfin, François Cardinal s’est vu décerner le prix Blanche Lemco van Ginkel, par l’Ordre des urbanistes du Québec pour sa contribution significative lors des débats sur les enjeux urbains. Rencontre avec un journaliste engagé.


Le Délit (LD): Quel lien faites-vous entre le journalisme et l’urbanisme?

François Cardinal (FC): C’est un lien de vulgarisation. Le journalisme est le canal par lequel un sujet aussi pointu que l’urbanisme peut être compris par le grand public. En soi, le simple mot «urbanisme» ne dit pas grand chose au commun des mortels. Le journaliste, avec des mots qui lui sont propres et qui ne sont pas ceux des urbanistes ou des spécialistes de la chose, doit expliquer ce qu’est la ville, en quoi son développement est important pour chacun, en quoi ça concerne les non-initiés, en quoi ça nous touche au jour le jour, etc. Le journalisme est le meilleur vecteur pour faire comprendre l’urbanisme et son importance.

LD: Est-ce-que c’est un sujet dont on parle assez dans la presse québécoise aujourd’hui?

FC: Non pas du tout. Contrairement à d’autres pays, il n’y a pas ici de culture d’architecture et d’urbanisme. Il y a un réveil récent d’appétit et d’intérêt pour l’urbanisme et les questions urbaines, mais malheureusement, les journalistes et les médias n’ont parlé de la chose urbaine que par l’entremise de la politique municipale. En regardant l’enjeu par le plus petit côté de la lorgnette, on fait en sorte qu’on n’intéresse pas les lecteurs par le sujet.

Le journalisme est le meilleur vecteur pour faire comprendre l’urbanisme et son importance.

Contrairement aux anglo-saxons, même ici au Québec, on n’a jamais développé cet intérêt pour la chose urbaine. On n’a pas non plus d’intérêt pour la communauté dans le sens anglais du terme, the community. On a malheureusement comme un bras de distance avec ces sujets là. Le résultat en est que très peu de journaux au Québec parlent d’urbanisme.

LD: Est-ce qu’il y a une architecture propre à Montréal?

FC: Historiquement, oui. Il y a une architecture, si l’on regarde par exemple les triplexes du plateau avec les escaliers à l’extérieur. Il y a une architecture vernaculaire, quand on regarde le vieux Montréal aussi, avec les pierres grises qui sont utilisées dans les vieux bâtiments… Il y a là une architecture typique de Montréal.

Malheureusement, ça s’est perdu en chemin. On a simplement embarqué dans le courant d’architecture et d’urbanisme nord américain au fil des ans, de telle sorte qu’aujourd’hui, à part exception, on ne peut distinguer l’architecture moderne de Montréal de celle des autres villes d’Amérique.

LD: Pourquoi?

FC: Simplement parce que le Québec, contrairement à ce qu’on aime se faire croire, est davantage nord-américain qu’européen. On est un territoire nord-américain où on parle français. Il y a évidemment des différences culturelles importantes avec le reste du continent, mais pour ce qui est du développement d’infrastructures, de l’urbanisme, d’architecture, nos habitudes de conduite, notre penchant pour la voiture… Tout ça est ancré dans une culture nord-américaine solide. Tout ceux qui prétendent qu’on a un caractère latin se trompent complètement. C’est tout à fait faux.

Notre architecture est un résultat de ce que nous sommes profondément, c’est à dire des nord-américains qui parlons français.

LD: Il y a un an, vous avez écrit  dans une chronique que la ville est sexiste car la majorité du nom des rues étaient masculins, peut-on étendre ça pour dire que la ville n’est pas multiculturelle et ne représente pas ses habitants?

FC: Je ne veux pas prendre la question de manière trop large, mais si on regarde seulement la toponymie oui c’est vrai qu’il y a tout un pan de la population qui est complètement oublié, les femmes sont sous-représentées dans la toponymie même si on considère que dans le passé, il y a eu des habitudes qui ont fait en sorte que les hommes ont été davantage mis en avant dans la toponymie. Quand on voit aujourd’hui les décisions qui se prennent encore on est loin de réparer cette lacune là.

Regardez la dernière décision de toponymie de remplacer le nom de Crémazie pour la circonscription avec celui de Maurice Richard. Ce qu’on fait c’est donner un autre nom d’homme pour remplacer un nom d’homme. On n’a pas de volonté collective de redonner de place aux femmes qui ont fait la ville, à Montréal plus qu’ailleurs vu que les deux co-fondateurs de Montréal sont un homme et une femme.

LD: Donc ce qui est important c’est que la ville soit à l’image de ces habitants?

FC: Oui tout à fait, il faut que la ville soit à l’image de ses citoyens, il faut que la ville soit aussi représentative, qu’adaptée à ses habitants.

LD: Quels sont les défis selon vous pour Montréal dans les années à venir en général?

FC: Je pense que le premier défi étant une mobilité, c’est vraiment le talon d’Achille de Montréal la mobilité, voyez juste l’exemple de la tempête de l’autoroute treize. Mais il est évident qu’aujourd’hui le plus grand défi de Montréal est de circuler plus facilement en ville, en auto, on le voit bien mais aussi en transports en commun.

Le réseau du métro, notamment la ligne orange est saturée aux heures de pointes. Les autobus sont pris dans le trafic car il n’y a pas assez de voies réservées. Le réseau cyclable avance à pas de tortue et les piétons sont mieux servis à Montréal qu’ailleurs en Amérique du Nord mais sont pas encore servis comme ils devraient l’être car il n’y a pas de signalisation lumineuses pour les piétons pour rappeler la priorité dans plus de la moitié des intersections de Montréal.

Ensuite, il y a évidement plein d’autres défis, le simple fait de s’intéresser d’avantage à l’architecture de mettre de côté les soumissionnaires qui font des dégâts monstres à Montréal, l’architecture scolaire qui fait défaut, il y a plein d’autres défis mais tant que la mobilité on ne s’y attaque pas de manière assez importante, tout le reste va être secondaire.

Le fait de décider que (Montréal) est une ville «refuge» officiellement, c’est surtout un geste symbolique et politique.

LD: Dans ce qui est secondaire, diriez-vous que c’est important d’avoir une ville verte?

FC: Oui, je pense que oui, mais la ville verte ça peut être une intention, ça peut être un objectif, ça peut être un des critères dans notre réflexion sur la mobilité par exemple, dans notre réflexion sur l’architecture. Mais ce n’est pas un défi en soi. Le défi c’est de profiter des occasions qui vont se présenter dans les prochaines années ou décennies et se faisant de faire de Montréal une ville verte.

Quand vous choisissez d’améliorer la mobilité en voiture à Montréal, ça ne veut pas simplement dire  rendre plus fluide le déplacement des voitures. Ça veut aussi dire de mettre l’accent sur l’auto-partage, l’auto en libre service et ces compagnies là, de leur donner de plus en plus de place, de plus en plus d’infrastructures pour faire en sorte que les gens changent d’eux-même leurs habitudes de conduite.

LD: Récemment, on a qualifié Montréal de «ville refuge». Quel est le rôle politique d’une métropole comme Montréal?

FC: Dans le cas que vous me citez de la «ville refuge», je pense que c’est davantage un geste politique qu’autre chose, puisque Montréal est déjà une ville accueillante. C’est ici que les l’écrasante majorité des immigrants, des demandeurs d’asile ou des réfugiés se retrouvent. Le fait de décider qu’elle est une ville «refuge» officiellement, c’est surtout un geste symbolique et politique.

Il n’en est pas moins important pour autant. C’est en posant ce genre de gestes qu’on en vient à avoir une ville ouverte. Pour moi c’est une confirmation de ce qu’est déjà la ville, mais ça consolide aussi le rôle de ville accueillante et inclusive. 

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Les beaux jours du militantisme https://www.delitfrancais.com/2017/03/21/les-beaux-jours-du-militantisme/ Tue, 21 Mar 2017 12:35:12 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=28207 Le Délit est allé à un panel organisé par McGill contre l’austérité.

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Vendredi dernier, l’organisation étudiante McGill contre l’austérité (MCA, McGill Against Austerity en anglais, ndlr), organisait un panel de discussion au deuxième étage du bâtiment Shatner. Au menu: le militantisme à l’échelle locale, la syndicalisation, la grève, ou encore l’AÉUM (Association des étudiants en premier cycle de l’Université McGill). Ainsi, devant une quinzaine d’étudiants engagés, Niel Ladode du Centre des travailleurs immigrants, Isabelle Oke, représentante des floor fellows et vice-présidente (v.-p.) aux affaires universitaires fraîchement élue, ainsi que Claire Michela la présidente du SEOUM (Syndicat des employé·e·s occasionel·le·s de l’Université McGill, AMUSE en anglais, ndlr) ont parlé de leurs thèmes de prédilection, le tout sous l’œil attentif de Connor Spencer, militante de MCA, et nouvelle v.-p. aux Affaires externes.

Syndicalisme et militantisme

Pour les panelistes, la solidarité et l’action collective, à travers les syndicats notamment, composent le b.a.-ba du mouvement progressiste. En s’unissant, les étudiants, les travailleurs, ou encore les migrants peuvent faire changer les choses en leur faveur. Selon Claire Michela, la présidente du SEOUM, le militantisme se décline sous trois formes: la mobilisation, la diplomatie, et l’action directe.

Ainsi, dans le cadre de McGill, les panelistes ont parlé d’union passée et future des groupes militants. Les floor fellows sont, par exemple, syndiqués auprès du SEOUM. Ce dernier combat régulièrement aux côtés de MCA, notamment en faveur d’une législation qui placerait le salaire minimum à quinze dollars de l’heure.

Les panelistes ont aussi parlé des limites actuelles du syndicalisme étudiant. Les barrières institutionnelles, le manque de bilinguisme, ou la taille des groupes sont autant de bâtons dans les roues du militantisme quotidien. Interrogée par Le Délit, Claire Michela est aussi revenue sur la grève du SEOUM et le blocage de la conférence d’Edward Snowden qui avait créé la polémique le semestre dernier. «Il y avait peut-être un manque de clarté dans nos intentions» a‑t-elle avoué. Le but de l’action était en effet resté ambigu: les grévistes souhaitaient-ils simplement se faire entendre ou bloquer complètement l’entrée de l’amphithéâtre? «Pourtant, précise Michela, nous avions parlé avec les organisateurs auparavant, et nos demandes étaient clairement définies». Définies, certes, mais étaient-elles connues? Le SEOUM avait alors été confronté à une population étudiante inintéressée par les revendications des manifestants. Le succès du militantisme serait-il à la merci de l’intérêt que lui portent les désintéressés?

L’AÉUM, un hub militant?

Il faut le dire, les élus de l’AÉUM ont tendance à être des militants plutôt marqués à gauche. Les nouveaux élus de cette année ne font guère exception, à commencer par Oke et Spencer toutes deux présentes à l’événement de MCA. Si Oke a surtout été active sur les questions concernant les floor fellows, Spencer, elle, a participé à de nombreux groupes politiques étudiants et portait notamment le carré rouge du printemps érable sur son affiche de campagne.

Interrogées par Le Délit sur la séparation de leurs futures positions professionnelles et de leurs identités politiques respectives, Oke et Spencer ont été formelles: elles souhaitent représenter tous les étudiants mcgillois, peu importe leurs positions.

«Mon militantisme est basé sur le droit des étudiant·e·s sur le campus» affirme Connor Spencer, «nous nous battons pour tous les droits de toutes les personnes», peu importe donc leurs idéologies. «Le conflit peut être positif et nécessaire» ajoute Isabelle Oke. Pour elle, il ne faut pas avoir peur de la confrontation respectueuse entre les différentes idées; c’est ce qui mène au progrès.

Pour le moment, ni l’une ni l’autre ne compte cesser de militer. Oke, par exemple a confirmé au Délit son intention de continuer son engagement après des floor fellows. De même, Connor Spencer va continuer ses travaux après de MCA, même si elle ne compte pas être aussi investie qu’elle l’est aujourd’hui. 

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Les candidat·e·s aux élections de l’AÉUM https://www.delitfrancais.com/2017/03/13/les-candidats-aux-elections-de-laeum/ Mon, 13 Mar 2017 05:04:07 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=28054 Le Délit a rencontré tous les candidats aux élections de l'AÉUM.

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Jemark Earle – Vie étudiante

Étudiant de troisième année en musique, Jemark Earle souhaite faire de la santé mentale une priorité faisant en sorte que les membres exécutifs des différentes associations étudiantes des facultés (AÉFA, EUS etc.) soient formés et sensibilisés aux problèmes auxquels les étudiant·e·s peuvent être amené·e·s à faire face et servir de ressource pour les étudiant·e·s.

Ce dernier prévoit aussi de collaborer avec le Peer Support Center pour améliorer le bien-être des étudiant·e·s.

Au niveau des clubs et des services, Jemark Earle, prévoit de travailler conjointement avec le VP Opérations sur comment mieux répartir l’espace dans le Centre universitaire Shatner entre les différents clubs, l’AÉUM en comptant plus de 250.

Finalement, Jemark Earle espère pourvoir implanter de nouvelles campagnes à McGill, le première s’appelant «Traçons les Limites» (Draw the Line en anglais, ndlr) et aurait pour but de faciliter le dialogue sur les violence sexuelles en s’attaquant aux mythes et stresser l’importance d’être un témoin actif lors de situations à risques. La deuxième campagne baptisée «Je ne dis pas» (I don’t say campaign, en anglais, ndlr) lutterait contre les micro-agressions et les remarques offensantes. Enfin son troisième projet de campagne est un campagne Pro-pronouns qui viserait à sensibiliser les étudiants sur l’importance d’utiliser et de respecter l’usage des pronoms au quotidien.

Arisha Khan – Finances

Arisha Khan promet de «propulser les opérations de l’AÉUM dans le 21e siècle», une ambition qu’elle semble être en mesure de réaliser. Commissaire au financement de l’AÉUM cette année, Arisha Khan a une connaissance parfaite du fonctionnement des finances de l’AÉUM. Elle a aussi de l’expérience dans le milieu bancaire, et s’est engagée dans de nombreux projets provinciaux et de gouvernement, tel un fond de 450 millions de dollars pour la santé mentale des mineurs. Elle est aussi à la tête d’une association pour les enfants placés en famille d’accueil. Ainsi, Arisha Khan ajoute à son expérience au sein de l’AÉUM une grande expérience professionnelle, gouvernementale, et associative.

Arisha Khan compte moderniser la gestion des finances de l’AÉUM en introduisant un nouveau logiciel à cet effet, plus efficace, qui permettrait de diviser par deux la charge de travail bureaucratique demandée. Elle prévoit aussi d’encourager et d’aider les clubs de l’AÉUM à mieux se former à la gestion de leurs finances, et de simplifier celle-ci, en introduisant par exemple une plateforme de paiement centralisée pour tous les clubs, ou le système de vente Square.

Arisha Khan annonce aussi vouloir rendre les informations financières de l’AÉUM plus accessibles à la communauté, notamment en lançant un site dédié aux finances, avec des informations simplifiées.

Finalement, dans la foulée de Niall Carolan, actuel Vice-président aux Finances, qui a cette année créé un fond d’investissement responsable, Arisha Khan souhaite s’assurer que l’ensemble des finances de l’AÉUM sont socialement responsables, et étudier s’il y a besoin de repenser la répartition des cotisations étudiantes.

Connor Spencer – Affaires externes

Connor est une étudiante en allemand et histoire de l’art de troisième année. Elle a une connaissance étendue du milieu militant montréalais, anglophone comme francophone, notamment à travers son implication dans le groupe McGill Aganist Austerity (MAA). Depuis quatre ans, elle travail avec des militants de différents campuses montréalais pour organiser des manifestations ou agir contre la hausse des frais de scolarité. Pour elle, il y a un réseau de militantisme qui lie toute les écoles de Montréal. Or McGill se trouve à l’écart de ce cercle. Un de ses objectifs comme VP aux Affaire externes sera de faire une place à McGill au sein de ses mouvements.

Son programme repose sur quatre grands axes. Le premier est de désenclaver McGill et tissant des liens au niveau local, régional, et fédéral. Un des moyens pour faire ça sera l’intégration de l’école à l’Association pour la voix étudiant au Québec (AVEQ). Le second est la lutte en faveur de l’accessibilité. Cela passe par un appuie aux syndicats étudiants pour limiter la précarité (elle a notamment soutenu les grévistes d’AMUSE le semestre dernier). En un troisième temps, Connor souhaite “développer une politique indépendante [pour l’AÉUM] envers la violence sexuelle”. Étant donné les recents événements avec Ben Ger et David Aird, Connor a placé l’aide aux survivant·e·s au coeur de son projet pour s’assurer que quelque chose de ce genre ne puisse pas se reproduire. Enfin, le quatrième axe de son program vise à assurer le caractère durable de son projet. Ainsi, elle veut prendre en compte l’environnement, la société, et l’économie, pour s’assurer que les changements puissent répondre aux besoins “présents et futures”.

Maya Koparkar – Interne

Maya pense qu’il faut augmenter et faciliter la communication inter-faculté, afin d’accroître la visibilité de l’AÉUM à travers le corps étudiant. Elle souhaite créer des initiatives pour que les étudiants soient plus actif dans la politique mcgilloise. Par ce biais, elle espère pouvoir attirer des personnes qui ne s’intéressaient pas à l’AÉUM jusqu’à présent, en plus d’élargir l’audience des plus petit événements sur le campus. Par rapport à la communication entre elle et les étudiants, elle compte avoir un listserv style blog où elle publierait notamment des memes afin d’attirer un lectorat plus large. Pour faciliter l’intégration étudiante dans la vie universitaire, Maya vise les initiatives inter-facultés pour augmenter la visibilité des clubs, des services ou des activités.

Un autre aspect de son portfolio est l’organisation de la semaine d’intégration ainsi que la communication avec la communauté de Milton Park. Pour cette dernière, la période de frosh est particulièrement pénible à cause de la pollution sonore. Maya souhaite ouvrir un dialogue avec eux pour mieux répondre à leur besoins.

Enfin, Maya pense que le Conseil de première année (First Year Concil, ndlr) est une ressource importante pour intégrer les nouveaux étudiants dans la communauté Mcgilloise. Elle souhaite avoir une approche plus structurée de la chose, afin de créer un calendrier lisible et d’utiliser les ressources financières intelligemment. Pour remédier au manque de visibilité des étudiants en première année qui ne vivent pas en résidence, Maya veut leur réserver des places au conseil de première année.

Anuradha Mallik – Opérations

En tant que Vice-présidente des Opérations, Anuradha Mallik serait en charge de tout ce qui se passe à l’intérieur du bâtiment Shatner, de Gerts au Students’ Lounge.

Cette aspect gestionnaire ne prohibe pas les initiatives personnelles, Anuradha Mallik compte, si elle est élue, travailler à rendre les opérations de l’AÉUM plus durables et responsables. Elle annonce vouloir contribuer au développement de la Politique sur la durabilité de l’AÉUM, collaborer avec le bureau mcgillois à la durabilité, et relancer les tables rondes sur l’environnement de l’AÉUM afin de réunir tous les acteurs de ce domaine sur le campus. Cette priorité donnée à la durabilité pourrait s’étendre aux publicités affichées dans l’AÉUM. Toutefois, déclarant vouloir offrir aux étudiants de se réapproprier le bâtiment Shatner, notamment avec des oeuvres d’art d’étudiants, Anuradha Mallik ne fait pas mention de la publicité dans son programme. L’AÉUM sous-traite actuellement la sélection des publicités présentes en son sein.

Anuradha Mallik envisage aussi d’étendre le projet de crash pad mis en oeuvre cette année par Sacha Magder, actuel Vice-président aux opérations, qui permet aux étudiants mcgillois de dormir dans le bâtiment de l’AÉUM s’ils ne peuvent pas rentrer chez eux. Anuradha Mallik propose de mettre ce projet en place durant les périodes d’examens, en plus de Frosh comme ce fut le cas cette année.

Côté activités commerciales, Anuradha Mallik compte travailler main dans la main avec la Vice-présidence aux Affaires internes afin de garantir la place centrale du bar étudiant Gerts dans tous les évènements organisés par l’AÉUM. Elle veut aussi développer la culture du «spectateur actif», celui ou celle qui vient à Gerts pour flâner par lui ou elle-même. Anuradha Mallik veut aussi encourager la tenue continue de Barmacy, le bar de la Faculté de Science, ayant lieu dans Gerts.

Quant à la cafétéria étudiante Sadie’s, parvenant difficilement à l’équilibre après avoir accaparé l’attention de Sacha Magder cette année, Anuradha Mallik n’a pas de projets concrets pour la rendre plus profitable, mais voudra s’assurer que ses employé·e·s seront engagé·e·s de manière équitable.

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Les candidat·e·s aux Affaires universitaires de l’AÉUM https://www.delitfrancais.com/2017/03/12/la-candidate-aux-affaires-universitaires-de-laeum/ Mon, 13 Mar 2017 03:52:13 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=28042 Le Délit a rencontré les candidats aux Affaires universitaires de l'AÉUM.

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Isabelle Oke

Par rapport aux relations avec l’administration, Isabella Oke pense que la collaboration doit toujours être privilégiée afin de faciliter les négociations avec l’université, notamment au Sénat. Cependant, cette dernière assure que l’administration doit être séparée de l’AÉUM et ne devrait pas s’immiscer dans la gestion de l’association.

Isabelle Oke souhaite aussi renforcer les liens entre l’AÉUM et les étudiants avec la création d’au moins un nouveau poste en charge du travail de proximité (outreach en anglais, ndlr) et de la communication avec les étudiants.

Aussi sur le sujet de la défense des droits académiques des étudiants, Isabelle Oke souhaite poursuivre le travail de l’actuel Vice-président aux Affaires universitaires Erin Sobat en rendant le site Know Your Student Rights plus «interactif».

Enfin, Isabelle Oke souhaite travailler avec Syndicat des employé•e•s occasionnel•le•s de l’Université McGill (SÉOUM, AMUSE en anglais, ndlr) afin de défendre les intérêts des travailleurs étudiants, ayant une grande expérience dans le domaine, étant elle-même floor fellow et Vice-présidente aux Floors fellows du syndicat mcgillois.  Cette dernière a aussi déclaré que, si élue, elle travaillerait, avec la Vice-présidence aux Finances à l’élaboration d’un politique augmentant le salaire minimum des employé•e•s de l’AÉUM à 15 dollars de l’heure.

Alexander Dow

The McGill Daily

Alexander Dow a un CV bien rempli. Il siège en ce moment au sénat en temps que représentant de la faculté de génie, et a fait partie de sept comités d’administration en un an. Son engagement en politique étudiante lui a permis de fréquenter, et tisser des liens aussi bien professionnels qu’amicaux à travers l’administration. C’est donc avec son carnet d’adresse bien rempli qu’il souhaite devenir Vice-président aux Affaires universitaires. Il nous explique qu’il sera ferme avec sa relation avec l’administration. Si un compromis doit être fait, il ne pliera que si c’est en faveur des étudiants. Il souligne que McGill est autant une université étudiante qu’une entreprise: les relations entre l’AÉUM et l’administration doivent être proactive pour garder conserver sa réputation et sa qualité.

Pour Alexander Dow, sa première priorité est de faire passer le protocole d’accord qui régit la relation entre l’AÉUM et l’administration. Si elle n’est pas signée avant son entré en poste, ce sera la première chose dont il s’occupera. Ensuite, il souhaite créer une politique contre les agressions sexuelles qui travaillerait en parallèle à l’AÉUM. Enfin, il souligne la nécessité de “cimenter et plaider pour les politiques actuelles”, sur des sujets tel que les droits autochtones, la semaine de lecture ou la santé mentale.

Pour Alexander Dow, un des plus gros problèmes pour l’AÉUM est le financement. Il souhaite donc créer une procédure claire pour le financement académique. Selon lui, cela permettrait aux organismes étudiants d’accéder à des fonds plus facilement, et éviterait le gaspillage monétaire. Pour policer l’utilisation de l’argent, il souhaite investir les étudiants.

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Débat des Candidat·e·s de l’AÉUM https://www.delitfrancais.com/2017/03/09/debat-des-candidat%c2%b7e%c2%b7s-de-laeum/ Thu, 09 Mar 2017 22:01:22 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=27996 Suivez le débat qui oppose les candidats aux postes exécutifs de l'AÉUM en direct grâce au Délit.

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David Aird, les réactions étudiantes https://www.delitfrancais.com/2017/03/02/david-aird-les-reactions-etudiantes/ Fri, 03 Mar 2017 01:43:22 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=27931 Le Délit a récolté les réactions d’associations et étudiant·e·s mcgillois·e·s concernant David Aird.

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La démission de David Aird ce mercredi 22 février, face à de nombreuses allégations de violences sexuelles, a provoqué des réactions étudiantes. David était le v.-p. aux Affaires externes de l’Association des étudiants en premier cycle de l’Université McGill (AÉUM). Ce rôle lui a permis de s’investir dans de nombreux groupes militants sur le campus, jusqu’à se rendre omniprésent dans le milieu activiste mcgillois.

Manque de communication

Comment son comportement aurait-il pu alors rester inconnu du grand public, alors qu’il apparaît que de très nombreuses personnes ont exprimé leur mal-être, voire pire, vis-à-vis de la situation de pouvoir de Aird? Nina Hermes, floor fellow au Royal Victoria College, a nourri des réserves à propos de la position officielle de Aird dès le début. Au cours des premiers mois de l’année 2016, David lui demande de sortir avec elle «de manière répétée jusqu’à ce que cela s’apparente presque à du harcèlement». Ne le connaissant pas, elle repousse ses avances.

Aujourd’hui, elle nous explique que «le comportement de David était connu de toutes chez les femmes. Je n’ai jamais rencontré une femme ayant eu une interaction positive avec David, mais la plupart des hommes avec qui j’ai parlé de David sont choqués». Si cela se savait, si des rumeurs circulaient, elle n’ont été exposées au grand jour que ces derniers jours, et elles portaient en grande partie sur la supposée tendance au harcèlement sexuel de David Aird. Mais «Qu’est-ce qui stopperait quelqu’un qui harcèle les femmes de les attaquer? Ce sont deux formes de violence sur le même spectre, juste différentes limites qui sont franchies» continue Nina Hermes. Il faudra attendre les communications du Community disclosure network (Réseau de divulgation communautaire, ndlr), pour que ces supposées attaques sexuelles soient connues de tous·tes.

«David a aussi été autorisé à se retirer sans bruit de toutes ces organisations, il n’y donc pas eu de transmission de savoir. J’ai parlé à tant de femmes qui n’avaient aucune idée du fait que son comportement avait un caractère répétitif» continue Nina Hermes. Si «toutes ces organisations», celles dans lesquelles David Aird était actif à McGill, n’ont pas fait connaître les difficultés que leur aurait posées son comportement, ces organisations l’impute à un manquement de l’AÉUM dans ses procédures de divulgation.

Une critique acerbe de l’AÉUM

Ainsi, cette critique de l’AÉUM sembler faire consensus. Nombreux sont les groupes qui se sont confrontés à une association étudiante dont le règlement ne permet pas d’engager une enquête interne de façon indépendante. En effet, si des organisations étudiantes telles que McGill Against Austerity (MAA, McGill contre l’austérité en français, ndlr) ou les Jeunes néo-démocrates du Québec (JNDQ) ont essayé d’avertir l’AÉUM du comportement de David Aird, aucune d’entre elles n’ont pu faire aboutir la démarche. Et pour cause: si l’on souhaite effectuer une plainte formelle, le nom de la survivante doit être dévoilé. Dans le cas présent, il est probable que l’agresseur supposé fut mis au courant des plaintes en question.

Contacté par Le Délit, une militante de MAA a expliqué sa démarche: «Nous avons travaillé avec l’«Equity Policy» de l’AÉUM pour voir s’il était possible de déposer Aird de sa position. La seule possibilité était d’avoir recours à une plainte officielle [auprès de l’AÉUM] qui aurait compromis l’anonymat de la survivante. Nous nous sommes retrouvés coincés.»

Dans un communiqué, l’association Silence is Violence (SIV, Le silence est violence en français, ndlr) a fortement critiqué l’AÉUM ainsi que ses membres exécutifs. «Nous sommes troublé·e·s de voir que, tout en se cachant derrière la façade de l’anti-oppression, l’AÉUM a trahit la confiance des survivant·e·s (has failed survivors, ndlr), ainsi que la communauté mcgilloise au complet». L’organisation s’attarde surtout sur le cas de Ben Ger, président, qui aurait manqué à ses responsabilité en gardant confidentielles les accusations visant David Aird. Pour rappel, Ger avait été averti en septembre 2016 que certaines personnes auraient été mises mal à l’aise par Aird, et, pour répondre à ces accusations, avait commencé des sessions de check-ins hebdomadaires.

Le Sexual assault center of the McGill students’ society (SACOMSS, Centre aux agressions sexuelles de l’association étudiante de McGill en français, ndlr) a, elle aussi, «condamné l’attitude irresponsable» (lack of accountability)» de l’AÉUM.

La grande majorité de ces organisations ont conclu en appelant à réformer l’AÉUM. Une des pistes privilégiées serait la création d’une procédure permettant que des plaintes soient effectuées de façon anonyme, pour être traitées par un organe indépendant.

Le Délit vous revient avec plus d’information sur le rôle de l’AÉUM dans les jours qui viennent.

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Allégations contre David Aird: témoignages de survivantes https://www.delitfrancais.com/2017/02/28/allegations-contre-david-aird-temoignages-de-survivantes/ Tue, 28 Feb 2017 17:27:33 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=27908 Le Délit s'est entretenu avec plusieurs survivantes, voici ce que deux d'entre elles nous ont dit.

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Après les révélations du Daily et la démission de David Aird de son poste de Vice-président aux Affaires externes à l’Association des Étudiants en premier cycle de l’Université McGill (AÉUM) suite à des allégations de violences sexuelles portées à son encontre, Le Délit a contacté de nombreuses survivantes. Voici leurs histoires telles qu’elles nous ont été livrées. À la demande des principales concernées, les noms ont été modifiés, et tous détails pouvant compromettre l’identité des survivantes ont été supprimés. Il ne s’agit ici pas d’un recueil exhaustif des témoignages entendus par Le Délit.

Il est important de noter que Le Délit n’a pas pu confirmer la véracité de ces propos.

Adèle

Comme beaucoup de McGillois, David Aird utilise l’application Tinder pour rencontrer de potentielles partenaires. Ça a été le cas d’Adèle*, avec qui il a eu un match.

Après s’être rencontrés et avoir longtemps tourné autour des mêmes groupes étudiants, Aird se fait insistant, envoyant des messages tard le soir sur diverses applications de communication. Adèle est mal à l’aise: «chaque fois, je détourne la question» dit-elle. Mais Aird est reconnu dans le milieu étudiant qu’elle fréquente «on allait aux mêmes événements, on étudiait sur le même campus, on connaissait les mêmes jeunes dans la sphère [de notre intérêt commun]. Bref, je ne voulais pas me le mettre à dos.»

À force d’insister, Aird finit par décrocher un rendez-vous avec Adèle. Ils se mettent d’accord pour étudier ensemble, et finissent par se retrouver seuls dans une pièce. Malgré l’examen qui approche, Aird semble intéressé par autre chose. «Il ressent subitement le besoin de prendre une «pause». Il commence à m’embrasser. Je l’embrasse aussi, mais je lui dis que je veux étudier […]. Il chigne, je lui répète, puis il obtempère. […] Le manège se répète.» Aird continue de mettre Adèle mal à l’aise, l’embrassant sans son accord, ou plaçant ses bras de part et d’autre de son corps «de façon à ce que sa liberté de mouvement soit restreinte».

Adèle est formelle: «Il ne pouvait pas ignorer mon malaise. Je ne cessais de regarder à côté. Je ne souris plus. Je le poussais légèrement pour qu’il s’éloigne de moi. Bref, je lui opposais de la résistance. Lui, au contraire, semblait s’en amuser. Il me demandait toujours d’aller plus loin, mettant sa main sous mon chandail.»

Pour Adèle, c’est une dynamique de pouvoir qui la rend incapable de s’affirmer contre Aird: «Cet homme, en raison de son titre d’exécutant de la SSMU [AÉUM], était dans une situation de pouvoir par rapport à moi. Du moins, je l’ai perçu ainsi. Je ne voulais pas qu’il se fâche, alors je me taisais.» Dévoilant ses désirs, la domination revient comme un leitmotiv, de façon tellement imposante que peu de place est laissée au consentement et à l’épanouissement sexuel d’Adèle. Cette dernière précise bien: si le fait qu’il soit à l’AÉUM a été une circonstance aggravante, «son comportement aurait été tout aussi inacceptable s’il n’avait pas été exécutant.»

Ce penchant pour la domination de son partenaire n’est pas répréhensible tant que les sujets sont adultes et consentant. Mais Aird cherchait le consentement de manière coercitive. Adèle explique que d’abord il «proposait des activités sexuelles […]. Ensuite, devant mon refus ou ma réticence, il [insistait] sur l’importance du consentement pour lui. Il cherchait constamment à obtenir mon consentement verbal, en me reposant la question à répétition jusqu’à ce que je finisse par dire oui, ou simplement, « Je ne sais pas », sans chercher à déterminer si j’étais à l’aise [avec] la situation».  Il s’est montré impulsif, et ne laissant pas Adèle exprimer ses besoins. Adèle explique «qu’il n’accordait qu’une importance à un consentement verbal, faisant fi du fait qu’il aurait pu s’agir d’un consentement vicié sous l’effet de la crainte.»

Après une longue communication téléphonique particulièrement graphique durant laquelle David prend visiblement plaisir à lui expliquer ses fantasmes en long et en large, Adèle s’est retrouvée en larmes auprès de sa mère, lui expliquant sa peur de se faire violer lors de leur prochaine rencontre. «C’était ça qui m’empêchait de dormir» explique-t-elle, «la peur du viol, d’un homme et de son désir violent envers mon corps muet de peur.»

Après ce dernier contact avec Aird, Adèle n’était pas à l’aise avec le fait de le voir dans l’association qu’elle fréquentait. Le 14 février, elle a contacté le Community Disclosure Network (Réseau de divulgation communautaire en français, ndlr).

Christine

Christine* a rencontré David Aird lors d’Activities Night ce semestre d’automne passé. David Aird l’ajoute alors sur Facebook. Étudiante en transfer provenant d’une autre université, Christine s’était déjà précédemment investie dans l’activisme étudiant. À McGill elle «évolue dans les mêmes sphères» que David Aird.

Christine et Aird se retrouvent ce semestre d’automne dans un même cours. Le 1er novembre, Christine se rend chez Aird pour y travailler sur ce cours, un essai est dû le lendemain. «Je suis allée chez lui ne m’attendant pas à ce que quoi ce soit se passe» mais «il était clair qu’il n’avait pas vraiment l’intention de travailler.»

«Il m’a offert un verre. J’avais eu une putain de longue journée, bien sûr que je voulais un verre. Il m’a servi un verre. Il était chargé. Il m’a servi deux verres ce soir, et je n’ai aucune idée d’à quel point il les a chargés mais assez pour que j’ai une gueule de bois le lendemain.

Je me suis remise au travail. Je me souviens avoir pensé qu’il n’était d’aucune aide, qu’il n’avait fait aucun de ses readings et que ses pensées manquaient de nuance.

Il a commencé à caresser ma jambe, ce auquel je ne l’ai ni invité ni consenti. Je n’ai pas répondu à ce contact non sollicité. Je me souviens avoir pensé « Est-ce que c’est à quoi les hommes s’attendent »? La non-réponse?»

«Je me suis sentie coincée. Je savais qu’il occupait une position de pouvoir et d’autorité relative au sein des communautés dans lesquelles j’étais une nouvelle arrivante. Je ne savais pas comment le repousser sans compromettre ma capacité à m’engager dans ces communautés, et j’étais fâchée qu’il ne semblait pas avoir pris cela en considération. En plus, j’avais une vision ni sexuelle, ni romantique de lui.»

«Après un peu de discussion, Aird voulait parler, je voulais travailler, il m’a embrassé sans me demander mon consentement. Je l’ai un peu embrassé en retour, et me suis éloignée en énonçant en termes clairs que j’étais mal à l’aise avec les dynamiques de pouvoir en jeu. Je lui ai très clairement dit que j’avais ni envie de continuer à l’embrasser, ni envie d’avoir des relations sexuelles avec lui. Ni ce soir là, ni à un autre moment.

Plutôt qu’écouter mes préoccupations, il m’a demandé si je le trouvais séduisant. Je lui ai dit que là n’était pas la question.

J’acceptai de passer la nuit chez lui. On s’est mis au lit, habillés. J’ai accepté de le câliner, mais rendis très clair que je n’étais pas intéressée à avoir des relations sexuelles avec lui. Il se mit néanmoins à me tripoter. Aird savait que je ne voulais pas avoir de relations sexuelles avec lui, voyait que j’étais mal à l’aise, et a continué à me faire pression pour que je fasse des choses avec lui. Durant la nuit il m’a pénétrée avec un consentement forcé, m’a fessée sans consentement, s’est plaint de devoir me détacher, et m’a pénétré sans consentement ré-affirmé/continu. Je ne me souviens pas s’il a utilisé un préservatif les nombreuses fois qu’il m’a pénétrée, mais je sais, après avoir écouté les expériences d’autres femmes, qu’il a l’habitude de ne pas s’en servir.»

*À la demande de la survivante, ce prénom a été changé.

Vous pouvez trouver un résumé de la situation ici.

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Dans les coulisses de l’affaire Aird https://www.delitfrancais.com/2017/02/27/dans-les-coulisses-de-laffaire-aird/ Mon, 27 Feb 2017 22:35:28 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=27895 Le Délit se penche sur les évènements ayant mené à la démission de David Aird.

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La récente démission de David Aird n’aura provoqué que de prudentes réactions de la part de la gouvernance étudiante et de l’administration. Celui-ci a démissionné de son poste de vice-président aux Affaires externes à l’Association des étudiants en premier cycle de l’Université McGill (AÉUM) le mercredi 22 février au matin. La veille, le Community Disclosure Network (CDN, ou Réseau communautaire de divulgation en français, ndlr), avait publié un long communiqué dénonçant les violences sexuelles qui auraient été perpétrées par Aird et une réponse institutionnelle insuffisante ou difficile à susciter. Le CND, créé il y a plusieurs mois, se présente comme «un groupe de survivant·e·s et allié·e·s, qui se sont uni·e·s afin de prendre des mesures contre David Aird». Le groupe, explique-t-il, est né du fait de l’absence de canaux de divulgation appropriés. Il aurait été difficile d’avertir l’AÉUM sans «contacter des membres exécutifs individuels», avoir des «relations pré-établies avec ceux au pouvoir au sein de l’AÉUM», ou se retrouver «incapable de protéger l’anonymat du/de la survivant·e».

Le RCD explique avoir publié un appel aux témoignages sous la forme d’un formulaire lancé ce 9 février passé. Aird le découvrit peu de temps après et offrit alors de démissionner, mais le RCD, tenant à le tenir comme responsable de ses actions alléguées décida alors de publier ce communiqué. Aird démissionna officiellement le lendemain matin à 9h30, comme l’en atteste un communiqué de l’AÉUM publié le jour-même.

Responsabilité de l’AÉUM

Ce même communiqué affirme aussi que «plusieurs membres exécutifs de l’AÉUM avaient précédemment été mis au courant d’inquiétudes vis-à-vis de M. Aird», mais que «l’information reçue ne permettait pas d’action disciplinaire immédiate», ce qui n’empêcha pas des «mesures internes [d’être prises]». Que savaient les membres exécutifs, qui et quand? Voilà l’interrogation centrale qui demeurera si les nombreuses allégations de violence sexuelle portée à l’encontre de David Aird sont avérées. Ben Ger, président de l’AÉUM, en savait assez pour conduire des «check-ins» réguliers avec David Aird.

Le CDN explique avoir «travaillé principalement avec le v.-p. aux Affaires universitaires», depuis janvier, qui a été d’«une aide incroyable durant ce processus», et n’être entré en contact direct avec Ben Ger que ce mercredi 22 février, une fois le communiqué du CDN publié. Toutefois, le CND note que «plusieurs divulgations ont été faites par des personnes frustrées du manque de réponse de la part du président après une divulgation [d’harcèlement, pas d’agression]».

Groupes militants

Au-delà du domaine de l’AÉUM, pour comprendre l’étendue de l’affaire, il convient de s’interroger sur l’engagement de David Aird au sein de nombreux groupes et associations, à titre personnel ou en tant que v.-p. aux Affaires externes.

David Aird est un militant de gauche convaincu. Très impliqué dans la vie étudiante, il a notamment été un membre actif des Jeunes néo-démocrates du Québec (JNDQ) ainsi que le groupe McGill Against Austerity ( McGill contre l’austérité, ndlr). Contacté par Le Délit,  McGill Against Austerity a expliqué que Aird aurait placé une militante dans une telle situation d’inconfort qu’elle cessât ses activités au sein du groupe. Ceci aurait, au final, mené les organisation à expulser Aird de leur sein.

JNDQ

Les JNDQ sont la branche des jeunes militant·e·s québécois·e·s du Nouveau parti démocratique (NPD). David, en tant qu’encarté du NPD, était donc membre des JNDQ depuis son inscription au parti. Sans être très présent dans l’organisation, il va néanmoins aux congrès annuels et rencontre des militant·e·s de l’organisation.

Le 28 octobre 2016, lors de l’un desdits congrès organisé dans la salle Marie-Madeleine du bâtiment de l’AÉUM, David se présente à la dernière minute contre un candidat fantôme. Il est élu avec une marge de deux voix au poste de v.-p. Politiques. Une des militantes interrogées par Le Délit affirme avoir partagé son «malaise» à voir Aird dans cette situation de pouvoir. Cette même source explique que «lors de sa première réunion, l’exécutif vote à l’unanimité une motion démettant David de ses fonctions d’exécutant. Le vote [est] entériné par le Conseil d’administration des JNDQ. Au terme de négociations avec le parti David démissionne de son poste et émet le désir de faire une forme de réparation ou d’excuses. Je n’ai jamais entendu parler de telles excuses, à ce jour».

Le 30 octobre 2016, les JNDQ et la branche mcgillois du parti (NDP McGill) sont informées du caractère potentiellement questionnable des activités supposées de Aird. Plus tard, le parti fédéral sera aussi averti.

Ensuite, averties de l’existence du CDN, les JNDQ envoient un message le 22 février 2017. Le Délit se l’est procuré:

«Cette lettre a été écrite en consultation de celles ayant précédemment divulgué leurs expériences à notre équipe exécutive, mais en aucune façon ne prétend parler au nom des individus impliqués. Certains de ces individus ont décidé d’écrire leur propre témoignage en plus de cette lettre, mais ne veulent autrement pas être inclus dans ce processus. Nous écrivons simplement en soutien d’individus qui se sont déclarés d’eux-mêmes, et pour partager notre connaissance de l’inconfort et du sentiment d’insécurité causés par David, ce qui est amplifié lorsqu’il se retrouve dans une position de pouvoir. David a été élu v.-p. Politiques des JNDQ lors de notre congrès à Montréal en octobre 2016. Presque immédiatement après les élections, des membres des JNDQ nous ont exprimé en privé un sentiment d’inconfort du fait d’avoir David dans l’équipe exécutive. C’est alors que nous avons appris d’un membre, et puis de plusieurs, que David avait sexuellement harcelé plusieurs membres de notre groupe. Les membres qui se sont déclarées ne voulaient que David le sache, ni ne voulaient révéler à d’autres membres du parti les détails du harcèlement, et il fut décidé d’organiser une rencontre entre un des haut-placés du groupe, lui dire que de nombreuses personnes se sentaient mal à l’aise à cause de son harcèlement à leur encontre, et suggérer qu’il démissionne. Il le fit. Nous ne pouvons parler des détails du harcèlement et de l’abus auxquels ces femmes ont fait face, mais nous voulons insister sur le fait que David ne devrait pas être en position de pouvoir. Ses actions ont fait se sentir en insécurité d’innombrables femmes, et de nombreuses autres ont été abusées et blessées, tant émotionnellement que physiquement. Tout comme cette personne n’avait pas de place dans notre équipe exécutive, il n’a pas sa place dans l’équipe exécutive d’une association étudiante. Nous sommes solidaires de tous les individus ayant été blessés par David. Nous espérons que le Conseil reconnaisse le témoignage qu’il reçoit et rende justice en requérant la démission de David.»

Plus d’informations sont à venir.

McGill contre l’austérité

Le Délit a aussi parlé avec l’organisation «McGill contre l’austérité». Elle fut avertie de «violences sexuelles [supposément] commises par Aird» début novembre 2016. La survivante en question ne souhaitait pas avoir recours à des actions punitives, elle arrêta de participer aux réunions de l’organisation. Son avis changea quand MMA entendu parler des mesures qui s’organisaient contre Aird. À ce moment, la survivante décida de s’impliquer dans le processus.

MAA commença à essayer de trouver une voie pour agir contre David et l’enlever de sa position professionnelle à l’AÉUM. L’organisation explique avoir été incapable d’effectuer un telle action, sans dévoiler l’identité de la survivante. Devant ce fait, MAA a décidé de se distancer de l’AÉUM, et ainsi de David, parlant d’une différence en termes d’idéologie politique.

Peu de temps après les vacances de Noël, deux militants de l’organisation sont allés parler avec en personne avec Aird, pour lui dire que sa présence au sein de la MAA n’était plus souhaitée, pour cause de «violences sexuées et genrées». Depuis lors, plusieurs militants de l’organisation ont averti le CDN du comportement de David Aird.

 

Vous pouvez trouver des témoignages de survivantes ici.

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Il y a 100 ans, la révolution de février https://www.delitfrancais.com/2017/02/22/il-y-a-100-ans-la-revolution-de-fevrier/ Wed, 22 Feb 2017 23:54:17 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=27887 La Riposte socialiste a fêté les cent ans de la révolution russe ce weekend.

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Cent ans, ça se fête. La Riposte socialiste (Socialist fightback en anglais, ndlr) ne s’en est pas privé d’ailleurs. En effet, il y a tout juste un siècle, à une semaine près, la Russie entamait sa première révolution moderne réussie, celle qui mit un terme définitif au tsarisme. Celle aussi qui, quelques mois plus tard, a engendré la révolution bolchévique, appelée «le plus grand événement de l’Histoire humaine» par les militants de l’organisation.

Quand la Russie se mets en branle

Il y a cent ans donc, en pleine Première Guerre mondiale, les femmes russes sortirent dans la rue à l’occasion de la journée internationale des femmes, pour demander du pain. Ne rencontrant aucune résistance, le mouvement réapparut le lendemain, cette fois soutenu par les hommes et dix fois plus puissant. Le tsar, qui vivait tranquillement avec l’élite militaire, n’était pas au courant de ce qui se tramait.

Le troisième jour de la mobilisation, le tsar fut averti. Intransigeant, il demanda aux gardes d’ouvrir le feu. Quelques dizaines de personnes moururent, mais la plaie est bien plus profonde. Incertains de quel parti prendre, les militaires de Petrograd (aujourd’hui appelée Saint-Pétersbourg, ndlr) se mutinèrent. La révolution se propagea à travers le corps militaire et, après avoir tenté de préserver sa position, le tsar Nicolas II se vit obligé d’abdiquer en faveur d’un gouvernement provisoire.

Celui-ci gouvernera, tant bien que mal, pendant quelques mois avant d’être reversé en octobre par le Parti bolchévique, principalement mené par Lénine et Trotsky.

Une fête en grande pompe

C’est donc la révolution qu’a permis à Lénine d’accéder au pouvoir que fêtent les marxistes de la Riposte. Pour se faire, ils n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère.

Un amphithéâtre de deux-cents personnes, quasiment rempli, a été réservé par l’organisation pour deux jours de présentations et de festivités. Des bus bondés en provenance de Toronto et des États-Unis ont amené des militants de l’organisation pour assister à cet événement qui compte parmi les plus grands de son existence.

Les conférenciers étaient, eux aussi, d’un certain prestige. Venu de Grande-Bretagne, l’ouverture était assurée par Alan Woods, politologue marxiste de renom, qui est le porte-parole de la Tendance marxiste internationale (TMI), organisation à laquelle appartient La Riposte, et qui compte plusieurs milliers d’adhérents dans une trentaine de pays à travers le monde. Était aussi présent Hubert Prévaud, rédacteur au journal Révolution, venu tout droit de France pour parler des «perspectives de la révolution aujourd’hui».

La lutte finale

Que l’on soit d’accord ou pas avec les positions de La Riposte, on ne peut nier que l’organisation a le vent en poupe. Cet événement en est la preuve: comparé à l’année dernière, la célébration de l’anniversaire de la révolution de février a attiré quasiment deux fois plus de personnes. En outre, les événements organisés de façon presque hebdomadaire attirent fréquemment la cinquantaine d’intéressés.

Cette radicalisation à gauche de la jeunesse n’est pas nouvelle: les étudiants ont tendance a être plus progressistes que leurs parents, surtout dans les périodes de crises économiques. Or, entre le chômage, la précarité, ou les tensions accrues sur le plan international, la situation actuelle est pour le moins propice à de tels mouvements.

La révolution n’est peut-être pas pour demain, mais La Riposte y travaille sans relâche.

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Mignons mais déterminés https://www.delitfrancais.com/2017/02/21/mignons-mais-determines/ Tue, 21 Feb 2017 14:17:08 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=27814 Retour sur la manifestation organisée par le Comité unitaire sur le travail étudiant.

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Ça ne fait même pas un an que le Comité unitaire sur le travail étudiant (CUTE) existe, et pourtant, on peut déjà parler d’un franc succès, au vu de la mobilisation. En effet, le jeudi 16 février, ce sont environ 300 étudiant·e·s qui se sont déplacé·e·s d’à travers le Québec pour manifester en marge du Rendez-vous national sur la main‑d’œuvre, en plus des 25 000 étudiant·e·s qui ont fait grève à travers la province pour marquer leur soutien à l’initiative de CUTE.

Qu’est-ce-que CUTE ?

Le Comité unitaire sur le travail étudiant est un mouvement collégial et universitaire dont les principales revendications se déclinent en deux temps: d’abord, une reconnaissance salariale des stagiaires, et, au plus long terme, une rémunération des études en général. Il s’agit donc de mettre une fin à là précarité chez les étudiant·e·s en considérant que le travail intellectuel fait à l’école mérite une reconnaissance et un investissement financier.

CUTE se base sur une analyse féministe du monde du travail. Ce dernier œuvre doublement au désavantage des femmes: non seulement celles-ci ont tendance à occuper des positions qui sont moins bien rémunérées que les hommes, mais leurs places ont souvent moins de valeur sociale que celles de leurs collègues masculins. Si l’organisation ne milite pas uniquement pour les droits des étudiantes, les militant·e·s soulignent le fait que ce sont les femmes qui sont le plus souvent assujetties à la précarité issue des stages peu ou non rémunérés. Pour Maryse Forget, militante féministe en éducation à l’UQÀM, «les stages non-rémunérés sont monnaie courante dans les emplois traditionnellement et majoritairement occupés par des femmes».

C’est l’occasion parfaite pour les militants de CUTE de faire entendre leur colère

À l’assaut de Québec

C’est donc en chantant «L’exploitation n’est pas une vocation» qu’environ 300 personnes, venues en bus de Montréal, de Sherbrooke ou encore des Outaouais, se sont retrouvées à la capitale provinciale pour manifester en marge du Rendez-vous national sur la main‑d’œuvre. Cet événement regroupe plusieurs acteurs du monde du travail, des représentants patronaux, syndicaux, et autres ministres du gouvernement québécois, et est donc l’occasion parfaite pour les militants de CUTE de faire entendre leur colère. Bravant le froid et la neige, largement au rendez-vous ce jour-là, les manifestants ont abordé plusieurs sujets. Au menu, la précarité étudiante, évidemment, mais aussi quelques sujets plus centrés, comme la condition des mères stagiaires qui « limite[…] les possibilités d’émancipation des femmes » selon Valérie Simard, militante à la branche UQÀM de CUTE.

Globalement, on peut parler d’une réussite. Une organisatrice, interrogée par Le Délit s’est dite «contente» de la mobilisation importante. Étant donné la jeunesse du mouvement, voir un tel soutient est certes «encourageant». Les références du mouvement, notamment la grève des doctorants en psychologie en 2016, avaient réussi à faire bouger les choses. Les militants CUTE sont donc assez optimistes par rapport à leur lutte.

Cours camarade, le vieux monde est derrière toi

Si aucune manifestation de cette envergure n’est planifiée dans un futur proche, l’organisation n’a pas l’intention de lâcher du lest de si tôt. Déjà présents dans beaucoup d’établissements scolaires au Québec, CUTE continue à renforcer leurs structures là ou ils sont implantés, et tente sans relâche d’agrandir leur réseau.

Malheureusement, les mcgillois intéressés par le mouvement de CUTE devront prendre leur mal en patience: si une branche à McGill fait partie des projets futurs des militants, ceux-ci n’ont pas encore réussi à lancer un mouvement dans l’école.

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