Amélie Lemieux - Le Délit Le seul journal francophone de l'Université McGill Sun, 19 Sep 2010 22:51:11 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 Simoniaque https://www.delitfrancais.com/2010/09/07/simoniaque/ Tue, 07 Sep 2010 06:38:46 +0000 http://delitfrancais.com/?p=3248 Alors, à quoi ça ressemble, ce trio tout droit sorti de Brooklyn? Pour en avoir une idée, il faut mettre une tasse de Feist, ajouter l’équivalent de deux cuillères à thé de The xx, pimenter avec une poignée de vieux Metric (2003) et compléter avec une pincée de Florence and the Machine.

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Elles s’appellent Erika Forster, Annie Hart et Heather D’Angelo. Elles font fureur en ce moment en Amérique du Nord et au nord de l’Europe. Elles sont Au revoir Simone.

Alors, à quoi ça ressemble, ce trio tout droit sorti de Brooklyn? Pour en avoir une idée, il faut mettre une tasse de Feist, ajouter l’équivalent de deux cuillères à thé de The xx, pimenter avec une poignée de vieux Metric (2003) et compléter avec une pincée de Florence and the Machine.

Bien mélanger. À consommer en tout temps, mais surtout le soir, après le souper, en prenant le thé. La recette promet de délicieux résultats. Le look des trois filles fait très 1969 et on sent nettement l’influence de France Gall et de Sylvie Vatran dans leur style vestimentaire (si vous ne savez pas qui sont ces deux piliers des années 1960, faites une recherche dans Google Images, ça vaut le coup). Quoi qu’il en soit, la recette marche et la touche plutôt hipster leur va à ravir. Une panoplie de post-ados qui ne s’habillent que chez American Apparel, portent si fièrement le toupet à la Xavier Dolan, sont abonnés à Nylon et nient évidemment leur appartenance au mouvement hipster raffole de Au Revoir Simone. Enfin, on ne s’attardera pas à la qualité de l’auditoire, mais plutôt à celle du groupe. Leur plus récent album, Still Night, Still Light, paru en 2009, rappelle les mélodies de Belle and Sebastian et les claviers électroniques de Electrelane. Du bonbon pour les tympans. Ceci dit, il faudra vous armer de courage pour mettre la main sur un exemplaire, compte tenu du fait que les grandes surfaces n’offrent que peu de musique indie. Vous pouvez toujours compter sur iTunes pour un album digital, qui devrait coûter tout au plus une dizaine de dollars. Pour le même prix, si j’ai à choisir entre prendre le métro trois fois cette semaine ou écouter Au Revoir Simone en marchant vers le 688 rue Sherbrooke, je vous laisse le soin de deviner ce que je ferai. La STM pourra bien attendre à cet hiver!

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La capsule sonore https://www.delitfrancais.com/2010/03/30/la-capsule-sonore-6/ Tue, 30 Mar 2010 16:44:41 +0000 http://delitfrancais.com/?p=3169 À gorge déployée

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À l’occasion de cette dernière chronique, chers fidèles, je passe aux aveux. Pour ce faire, j’ai jugé bon de relater quelques soirées mémorables passées à contempler, béate comme une barre de savon, les groupes qui ont toujours su m’émouvoir. Consolez-vous et surestimez-moi, je ne fais pas référence au concert épique de Carmen Campagne à la Maison des arts de Laval, le 3 mars 1999. Je vous offre plutôt la chance de connaître la crème de (ma) crème niveau spectacles et de vous dévoiler sur quels parterres vous pourrez me trouver cet été. Attention, seul le top notch peut se frayer une place ici. L’Excellence avec un grand E. La suprématie du son. Vous m’avez comprise?

Tout ce charivari remonte au mois d’avril 2003. Mise en contexte: je traversais une phase pseudo-punk, c’est-à-dire que je me costumais à la Avril Lavigne en fredonnant de manière approximative des airs de Josie and the Pussycats. Je bouillonnais à l’idée de recevoir une guitare électrique rose en cadeau. À défaut de la rose, on m’en a offert une noire. Même si j’ai eu l’impression qu’on me flanquait des fettuccine alfredo dans la gueule alors que je voulais ardemment manger du macaroni au fromage, j’adore encore et toujours ma YAMAHA EG-112. Aucun troc possible, ni de paiements par Visa. Elle vaut cher parce qu’elle est mienne. Fin de la parenthèse. Point suivant.

Donc, j’assistai à cette époque à mon premier concert poppunk à l’auditorium de Verdun, métro De l’Église. Le groupe en question? Good Charlotte. Je portais pour la première fois mes Converse bleu marine en suède, ma mère disait qu’ils me donnaient des pieds de clown, et elle avait bien raison. En une soirée, je réussis à être trempée (de sueurs chaudes et froides) de la tête aux pieds, à perdre mes amies dans la foule endiablée et à rentrer à la maison avec un début de pharyngite. Peu importe le dénouement, un premier spectacle est toujours inoubliable.

Rarement ai-je pleuré de ne pas avoir assisté à un spectacle. À vrai dire, ce n’est arrivé qu’à deux reprises. La première fois, c’est lorsque j’étais dans la file d’attente pour me procurer des billets du concert double Coldplay/U2, en 2005. L’année suivante, c’était différent: mon ordinateur s’est magiquement déconnecté du Réseau Admission, sur lequel j’avais attendu un nombre d’heures incalculable pour avoir en (cyber) main mes billets de la tournée Confessions de Madonna.

Autre point d’intérêt: chaque fois que je vais voir Metric en spectacle, pour une raison qui m’est encore inconnue, je me retrouve à l’avant, accotée sur la barrière, et je ressors avec un pick du guitariste James Shaw, qui me regarde toujours avec le même air niais. Je dis «chaque fois», mais en réalité ça m’est arrivé à deux reprises. Coup de chance ou habitude? Allez, coup de chance. On verra le 10 avril: j’y retourne, Metric sera à Laval. Oui, vous avez bien lu, à LAVAL! Avis aux intéressés. Et comme je sais pertinemment que vous avez une envie folle de me rencontrer, chers lecteurs, je vous confie un dernier secret odieux. À moins d’un tsunami ou d’un tremblement de terre impressionnant, vous pourrez me trouver aux concerts suivants: Sia (30 avril, @Club Soda), Lady GaGa (28 juin, @Centre Bell, si Dieu le veut), Black Eyed Peas (31 juillet, @Centre Bell). C’est tout pour l’instant, mais vous me rappellerez de déblatérer majestueusement sur ce que je pense du Centre Bell.

See you at the show!

Twittez-moi @amelielemieux

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La capsule sonore https://www.delitfrancais.com/2010/03/16/la-capsule-sonore-5/ Tue, 16 Mar 2010 17:10:22 +0000 http://delitfrancais.com/?p=2882 La 87, sur un air enthousiaste

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Lecteur x, lectrice y, j’ai soif. Soif d’escapades dans les Amériques, soif d’une fin de session bien bouclée, soif d’une bière sur une terrasse. Pour étancher ces multiples besoins, je vous fais part des chansons que j’ai jugées incontournables pour un road trip réussi. Avant de procéder, je me dois de vous rassurer: si vous n’êtes pas détenteurs d’un permis de conduire, il n’y a rien à craindre parce que là n’est pas l’objet de ma chronique. Par contre, si cet état de fait provoque chez vous un complexe d’infériorité, je peux vous assurer que lors d’un road trip le rôle du passager est aussi capital que celui du conducteur. Vous vous verriez hurler du AC/DC, seul avec vous-même, pendant neuf heures de route? Pas moi: «Highway to hell», ça se chante la voiture pleine de monde. Pas d’autre issue.

Pour ne pas s’étriper lors d’un road trip

Tout d’abord, avant de partir, il vous faudra une équipe de voyageurs exceptionnels. Ensuite, afin de ne pas se lasser des champs qui s’étendent sur de longs kilomètres, l’éventail de vos sélections devra être diversifié. Privilégiez les Rolling Stones, les Fugees, U2, Rage against the Machine, Nirvana, Timbaland (pourquoi pas?) ou Beck, par exemple. Vous pouvez vous permettre un peu de Lady Gaga, mais prenez garde: ses tubes sont à écouter avec modération. Les radios se font un plaisir de les diffuser à profusion, mais ça devient lourd à la longue. Vaut mieux s’en tenir aux classiques. Bryan Adams, par exemple, devrait occuper une place de premier choix dans votre sélection. Parce que même si votre escapade se fait à l’été 2010 et non à l’été 69, vous jubilerez de plaisir à imiter Bryan en voiture: «Oh, and when you held my hand / I knew that it was now or never / Those were the best days of my life / […] Back in Summer of ‘69». (J’attire ici votre attention sur la longueur de la note quand Bryan Adams chante «niiinneee»).

Faites-moi plaisir, oubliez vos albums jazz à la maison. Vous savez, ceux qui assomment comme des somnifères extra- forts. De toute manière, les morceaux sont pour la plupart dépourvus de paroles. Le road trip et ses chansons se donnent souvent pour objectif de tisser des liens, et pour ce faire, on doit pouvoir chanter à tue tête. Vous aurez l’occasion d’apprécier une foulée d’artistes jazz au Festival si vous êtes à Montréal en juillet.

Technicités routières

L’équipement électronique de votre bagnole entre aussi en compte dans la réussite de votre road trip. Vous possédez un transmetteur FM ou, plus simplement, un câble qui diffuse la musique de votre lecteur mp3 sur vos haut-parleurs? Génial, mais la batterie de votre iPod ne fera pas long feu, surtout pas pour un Montréal-New York. Il faudrait prévoir un chargeur de voiture et, rendu là, ça commence à se corser. Le plan B le plus simple est de s’armer d’une excellente collection de classiques en format CD. Je parle notamment des albums mentionnés dans le paragraphe précédent.

Mes écrits à conserver ad vitam aeternam. Du moins cette chronique, jusqu’à la fin de l’été.

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La capsule sonore https://www.delitfrancais.com/2010/03/02/la-capsule-sonore-4/ Wed, 03 Mar 2010 02:42:07 +0000 http://delitfrancais.com/?p=2761 Déclin des CDs, Vinyles recherchés

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Côté musique, de manière générale, j’ai trois catégories d’amis. Il y a ceux qui collectionnent les disques compacts par culpabilité, pour ne pas sombrer dans le piratage musical sur le net, ou par intérêt particulier pour un artiste. D’autres qui ne-vont-jurer-que-par-iTunes-parceque- Apple‑c’est-chic, et d’autres encore qui préfèrent boycotter la modernité en accrochant des vinyles en guise de tableaux sur les murs de leur cuisine. Pour faire une Suissesse de mon être, je pense que toutes les formules se valent. Un ami, une personnalité, un style musical. Point à la ligne et paix sur terre.

Je dois ici faire un aparté plutôt cocasse en prenant soin de ne pas vous attrister, ô chers 98543 lecteurs avides de ma capsule sonore. Alors, voilà: un bon nombre de journaux américains voient l’avenir des disquaires d’un oeil sombre. Ils seraient voués à l’extinction, et plus rapidement que l’on ne le croirait. En effet, avec l’apparition d’Amazon dans le cybermonde il y a quelques années, et celle d’iTunes plus récemment, moi aussi je doute fort qu’en 2015 nous puissions encore franchir les portes d’un magasin de disques au centre-ville de Montréal. Après tout, le Virgin Megastore de Times Square a bien fermé boutique en juin dernier… Combien pariez-vous que le même scénario se reproduira pour le HMV de la rue Sainte-Catherine? Allez, vous pariez tous vos vinyles, c’est bien ça?

En rétrospective, l’époque du disque compact aura duré environ trente ans, du début des années 1980 jusqu’à aujourd’hui. On considère cependant que l’âge d’or de cette ère a eu lieu à la fin des années 1990. Je suis tout à fait de cet avis: probablement même qu’en 1998, j’aurais acheté des actions de Music World à la bourse de Toronto si j’avais pu. Pensez‑y, à l’époque, la vente d’albums des Spice Girls, des Backstreet Boys, des Hanson, de N*SYNC et de tous ces «bons» groupes pop qui ont pendant si longtemps cassé les oreilles de nos géniteurs, ont fracassé des records. Mais comme tout cela semble déjà si loin derrière nous, je laisse la place à l’ère iTunes, et au «comeback majeur» des vinyles. Ça vous effraie aussi si je vous dis que nos voisins du sud ont vu leurs ventes de 33 tours augmenter de 90% entre 2007 et 2008, et de 33% entre 2008 et 2009? Pour vous donner une idée du contraste avec l’industrie du disque compact, l’an dernier, la vente d’albums a chuté de 13% aux États-Unis (selon SoundScan, un système d’information capable de retracer les ventes d’albums et la production de vidéoclips à travers les États-Unis et le Canada).

Je peux les comprendre, ceux-là: moi aussi, lorsque que je vagabonde sur la rue Mont-Royal, les mille magasins où l’on peut se procurer des 33 tours usagés en bon état et à prix modestes attirent mon attention. Pourtant, je n’y mets jamais les pieds: je ne me sens jamais assez sollicitée par l’univers du vinyle. Que voulez-vous, je suis une victime de la modernité, le rétro ce n’est pas mon domaine d’expertise. Vous comprendrez maintenant pourquoi la table tournante parentale, datant d’une année respectable (1966), gît bien sagement dans la grande armoire de cèdre de mon sous-sol, telle une vieille paire de godasses oubliées. Respect.

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Technologies à l’imparfait https://www.delitfrancais.com/2010/03/02/technologies-a-l%e2%80%99imparfait/ Tue, 02 Mar 2010 22:59:13 +0000 http://delitfrancais.com/?p=2740 L’innovation technologique est-elle garante du progrès social? Le scientifique Nicolas Chevassus-au-Louis se penche sur l’échec et le succès de certaines technologies.

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Trop souvent vantée par les gouvernements et par les médias, la recherche scientifique n’a pourtant pas toujours été fructueuse. «Au cours des cinq dernières décennies, de nombreuses découvertes scientifiques ont connu un succès éphémère». Jeudi dernier, au Coeur des Sciences de l’UQAM, le neurobiologiste et journaliste scientifique Nicolas Chevassus-au-Louis a pris d’assaut l’expression «On n’arrête pas le progrès». En sa qualité d’analyste des motifs de l’échec ou du succès des technologies, il a démystifié la complexité des rapports politiques, sociaux et économiques liés à la recherche scientifique.

Par exemple, le développement des systèmes de propulsion à post-combustion, principalement employés dans les avions supersoniques comme le Concorde, ont rapidement été oubliés à la suite de la tragédie du 25 juillet 2000. Le conférencier explique pourquoi: «le Concorde a été retiré en novembre 2003. Même son efficacité en termes de rapidité n’a pas su empêcher sa faillite, l’accident de 2000 a été trop grave». Les coûts d’entretien et la diminution du nombre de passagers à bord des avions Concorde ont achevé de catalyser le fiasco. Les années 2000 ont également été témoins d’échecs de plus petite envergure: l’hebdomadaire Time Magazine a nommé les HD DVD, Palm, et Sirius XM parmi les flops technologiques majeurs de la décennie. Ces produits n’ont pas su être à la hauteur d’attentes trop élevées, ni comment anéantir leurs compétiteurs. Évidemment, ces insuccès ne sont pas emblématiques du développement technologique des dix dernières années: la popularité de l’iPod et du Mac d’Apple, du téléphone portable, de l’appareil photo numérique et des systèmes de positionnement par satellites (GPS) a été fulgurante.

Pour mettre en évidence le lien entre l’échec technologique et le statut socioéconomique du groupe cible, M. Chevassus-au- Louis a cité l’exemple de l’aérotrain. Ce prototype, conçu au départ pour transporter une cinquantaine de passagers de la classe affaire, s’est avéré un désastre car personne n’avait les moyens de se procurer un billet. Par contre, le Train à Grande Vitesse (TGV) a connu un succès immédiat dès son arrivée en 1981: «c’était un transport de masse plus abordable, donc plus accessible, c’est ce qui l’a sauvé,» a attesté le journaliste scientifique. Le TGV, un modèle de réussite, offre encore ses services aujourd’hui.

La redondance dans la recherche scientifique est une autre cause du frein technologique. La recherche sur la combustibilité de l’hydrogène, par exemple, ne date pas du récent engouement pour les technologies vertes. D’abord introduite au 19ème siècle, elle a été reprise en 1974 dans le secteur de l’aviation, et en 2004 dans l’industrie automobile. Les obstacles sont restés les mêmes: une production coûteuse et des conditions difficiles pour la conservation de cette substance explosive. «Il aurait fallu une recherche menée avec régularité et obstination, or il n’en a pas été ainsi». En effet, la stagnation de ce projet a d’abord entraîné son déclin puis son abandon et a finalement engendré un frein technologique.

Ceci dit, ces exemples ne sont pas nécessairement représentatifs de l’évolution scientifique du demi-siècle dernier. Le perfectionnement de la recherche est en cours.

Mais comme la perfection est impossible à atteindre, les attentes ne sauront s’estomper: l’insatisfaction humaine face à la technologie reste perpétuelle.

En somme, les échecs de la science peuvent certainement nous faire douter de l’existence d’un progrès technologique tangible. A‑t-on affaire à une absence de progrès, à des progrès scientifiques éphémères, ou à des technologies progressives? Le problème s’étend au-delà du conceptuel: en définitive, l’économie et l’intérêt public y sont pour beaucoup.

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Récession au Québec: un gouffre sans issue? https://www.delitfrancais.com/2010/02/02/recession-au-quebec-un-gouffre-sans-issue/ Tue, 02 Feb 2010 13:00:38 +0000 http://delitfrancais.com/?p=2429 Trois experts se prononcent sur la crise économique lors d’un débat animé par Bernard Derome. Si les diagnostics semblent faire consensus, les pronostics divergent. Cycle naturel ou occasion ratée?

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Le journaliste de renom Bernard Derome a jonglé habilement avec les opinions émises par ses trois compères, le chroniqueur à La Presse Alain Dubuc, le stratège financier chez Scotia Capitaux Vincent Delisle, et le professeur de sociologie à l’UQAM Éric Pineault, lors d’une table ronde sur les impacts de la crise économique organisée le 27 janvier dernier par l’Institut d’Études Internationales de Montréal (IEIM).

«Sombre-t-on davantage dans la crise économique ou en commence- t‑on une autre?» fut la première question posée aux panélistes. Nouvellement élu président de l’IEIM, M. Derome n’y est pas allé de main morte pour animer la discussion.

Une crise tenace

Alain Dubuc a d’abord pris la parole pour expliquer que la crise économique résultait d’un crédit déraisonnablement accessible. Il a déploré l’attitude de l’administration Bush à cet égard, selon lui, cette dernière «a permis aux Américains d’être propriétaires alors qu’ils n’en avaient pas les moyens. C’était un crédit illusoire».

Selon le chroniqueur de La Presse, ces prêts accessibles découlaient des attaques de 2001, événement ayant causé des dommages irréparables aux Bourses new-yorkaise et internationale. Toutefois, ce n’est pas la période suivant immédiatement les attentats qui a été la plus affectée par la récession: «L’épicentre de la crise s’est plutôt situé entre 2003 et 2006. Nous en subissons encore les conséquences aujourd’hui», explique Vincent Delisle.

Cette situation précaire s’explique également par des solutions aussi dévastatrices que la crise ellemême. En effet, selon M. Dubuc, «au lieu de [nous aider à nous en] sortir, la baisse des taux d’intérêt a produit l’effet contraire: on s’est enlisés dans un gouffre dépourvu d’issues tangibles.» Pour Éric Pineault, les répercussions se font davantage sentir d’un point de vue sociologique. En 2009, 212 millions de personnes étaient au chômage, soit 34 millions de plus qu’en 2007, d’après le spécialiste.

Repartir à zéro: certes, mais comment?

La remise en question de l’architecture de notre système économique doit primer, selon M. Pineault. «Nous n’avons pas profité de la crise pour questionner la nature du système», regrette-t-il. Aux yeux du professeur, la solution serait d’abord de redéfinir le type d’économie désiré et ensuite de choisir les moyens appropriés pour reconstruire un système. M. Delisle renchérit les propos de M. Pineault en accusant Obama de taire les conséquences de la récession et de négliger les solutions à entrevoir pour sortir de la crise. M. Dubuc, plus sceptique, est d’avis que le président est prudent et qu’il est beaucoup plus modéré côté réforme.

En ce qui concerne la relance de l’économie, une solution se démarque du lot: le professeur Pineault est persuadé qu’il est nécessaire d’élargir le débat de société. M. Delisle approuve cette idée, tout en demeurant sceptique quant au succès potentiel de cette démarche: «J’aimerais l’adoption d’un tel projet, mais je doute que ça se produise parce que les individus jouissent d’un trop grand confort en tant que consommateurs.»

Qu’en est-il, alors, de l’économie québécoise actuelle? «[Elle roule] sous un feu vert… dans une zone limite de 30 km/h», estime Dubuc.

Entrevues exclusives

En entrevue exclusive avec Le Délit, Bernard Derome est resté fidèle à lui-même, confirmant que la récession était «l’événement [majeur] de 2009 qui a affecté tous les secteurs et qui se prolongera encore en 2010».

Éric Pineault résume sa pensée sur l’issue à la crise financière. Pour lui, elle repose plutôt sur un «choix de société et l’analyse de la nature de la crise» que sur un retour à la recette qui a causé cette crise.

Christian Pépin, secrétaire à la coordination de l’Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante (ASSÉ), a assisté au débat et en conclut qu’on devrait plutôt envisager «d’autres modes d’organisation des sociétés humaines que le capitalisme, défaillant aux plans sociaux et environnementaux ».

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La capsule sonore https://www.delitfrancais.com/2010/02/02/la-capsule-sonore-3/ https://www.delitfrancais.com/2010/02/02/la-capsule-sonore-3/#comments Tue, 02 Feb 2010 13:00:21 +0000 http://delitfrancais.com/?p=2457 Un Grammy pour une Granny

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Quelqu’un pourrait-il m’instruire et me dire qui est ce Justin Beiber dont s’éprennent toutes les fillettes avides de MTV?

À bien y penser, il ne m’est pas utile de le savoir: je ne fais pas partie de ce public cible qui revêt des fringues roses, la morve au nez, quêtant des 10$ ça et là pour se pâmer devant les derniers flops d’Hollywood. Suis-je trop vieille? (roulement de tambours) Non. Enfin, pas aux yeux de mes géniteurs. Est-ce pour eux une conviction de rajeunissement? Sûrement. Mais le début de la vingtaine, chers lecteurs, est-ce vieux? Je refuse.

Vieille ou non, je n’écouterai pas ce kid aux allures de Zac Efron (lui, je sais, malgré moi, qui il est). Je compte même m’aventurer chez un disquaire et cacher les albums de Justin Beiber derrière mes deux derniers coups de coeur, Contra de Vampire Weekend et Battle Studies de John Mayer.

Il y a maintenant près d’un siècle, lorsque je sombrais dans l’enfer de la préadolescence, ma cousine de dix ans mon aînée s’est certainement sentie comme moi face à ce gino de Justin Beiber. «Amélie, c’est quoi *NSYNC? Une association étudiante?», ou encore «All Saints, c’est un nouveau groupe gospel?». Suite à ces questions, je levais les yeux au ciel, consciente du simili- sérieux de ma cousine. Je prenais ensuite une respiration fébrile, discrète, et j’expirais de manière à ce que chaque adulte de la pièce soit surpris de m’entendre. Je brandissais ensuite ma revue aux pages-de- papier-glacé-envahies-de-posters-de-collection. «Tu liras», avais-je l’habitude de lancer. Bien sûr, je ne lui passais pas ma bible, cette revue sacrée, le fruit de mon argent de poche hebdomadaire. «Y’en vendent au dep.» Dix ans plus tard, dans sa peau, ou presque, je sais à quoi renvoie ce discours. Je vais donc rester dans mon ignorance et refuser de comprendre.

P.S.: A tous ceux qui, comme moi, n’ont maintenant plus honte de leur âge, Uffie et You Say Party! We Say die! lancent un album cette semaine. À trouver dans le rayon nouveautés dans lequel Justin Beiber ‑croyez-moi- restera introuvable.

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https://www.delitfrancais.com/2010/02/02/la-capsule-sonore-3/feed/ 1
McMUN 2010: simulation internationale, objectifs réels https://www.delitfrancais.com/2010/01/26/mcmun-2010-simulation-internationale-objectifs-reels/ Tue, 26 Jan 2010 13:00:45 +0000 http://delitfrancais.com/?p=2375 McGill accueillera la plus importante simulation étudiante des Nations Unies au Canada du 28 au 31 janvier prochains. Pour en savoir plus, Le Délit a rencontré Sarah Quinn, secrétaire générale de McMUN 2010.

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La simulation de l’Organisation des Nations Unies à McGill (McMUN) figure parmi les 400 conférences du réseau MUN (Model United Nations). Depuis 1990, McMUN se veut un colloque international universitaire ayant pour but d’initier les étudiants à une simulation des Nations Unies qui traite des enjeux internationaux les plus majeurs. Ce congrès est aussi le lieu d’échanges diplomatiques visant à accroître les capacités de communication des étudiants ainsi que leurs talents diplomatiques. Les participants doivent maîtriser leur conception des droits de l’homme et leurs connaissances en relations internationales puisqu’ils doivent siéger sur des conseils administratifs simulés, gérer des budgets d’ONG ou encore prendre le rôle de ministre des Affaires Étrangères. McMUN est donc un projet d’envergure: réunissant plus de 70 universités, «cette simulation arrive, en termes d’importance, tout juste derrière celle de Harvard (Harvard National Model United Nations) et celle de Georgetown (North American Invitational Model United Nations)», déclare Sarah Quinn. En entrevue exclusive avec Le Délit, elle explique que la portée internationale de ce symposium requérait une immense organisation: «C’est une des plus grandes simulations de l’O.N.U. dans le monde: sa préparation exige le recrutement d’un grand nombre de bénévoles et d’un secrétariat général chargé de l’organisation de 26 comités sur lesquels siègeront les délégués attendus», poursuit-elle. Ces «délégués attendus» se comptent au modeste nombre de 1400, un chiffre qui soulève un autre enjeu, à savoir celui de satisfaire toutes les délégations: «nous devons [leur] assigner des positions tout en respectant leur choix. Notre réputation est engagée dans cet exercice; il faut en assurer la qualité», rapporte la secrétaire-générale.

Enfin, la gestion du «McParté» du samedi soir a conduit à une angoisse supplémentaire: «Il fallait trouver un local assez spacieux pour accueillir 2000 personnes, tout en respectant notre contrat avec Le Centre Sheraton, avec lequel nous avons fait affaire pour loger tous les délégués». De toute évidence, donc, le stress est proportionnel à l’ampleur de la conférence, à sa réputation, et au nombre de personnes qui y participent.

Pourtant, à en croire Quinn, ces petits bémols ne sont pas prêts de mettre un terme à la joie que procurera cette conférence: «Cela fait maintenant quatre ans que je m’occupe de McMUN et que j’y participe. Depuis que je suis à McGill, je n’ai rien connu d’aussi valorisant».

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La capsule sonore https://www.delitfrancais.com/2010/01/19/la-capsule-sonore-2/ https://www.delitfrancais.com/2010/01/19/la-capsule-sonore-2/#comments Tue, 19 Jan 2010 13:00:22 +0000 http://delitfrancais.com/?p=2252 La mélodie de la réplique

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À l’horizon, un seul banc est libre. Je me rue et, une fois l’objectif atteint, je balaye du regard les gens qui m’entourent dans ce wagon à espace si limité. Ça y est, je viens déjà d’apercevoir un énergumène qui balance sa tête comme une poule en furie. À première vue, je le crois dérangé, mais non : c’est une victime. Victime de ses écouteurs et de la musique qui y passe. Victime de sa mélodie et de ses rythmes saccadés. Il est tout de même intense, l’effet de la musique sur un individu. J’arrive à ma station, je me lève du siège envié, je frôle l’homme à la tête grouillante, j’ose entendre La Roux. Ceci n’est pas un canular de mauvais goût. En tout cas, il est d’actualité le mec : le duo londonien se déchaînera au Métropolis le 5 février prochain. Vous ne pourrez pas m’y voir, parce que mon statut d’étudiante fauchée ne me le permet pas. Par contre, vous y trouverez sûrement la girouette que j’ai croisée dans le métro, qui sait?

Revenons-en à la musique en tant qu’élément déclencheur de nos humeurs : elle nous rend tous fous, tristes, heureux, frénétiques, paisibles. C’est indéniable. En plus de ça, j’ajoute que chaque groupe fournit une mélodie qui, elle, est associée à un état d’esprit particulièrement recherché. On se sent puissant quand on écoute les Stones, pas vrai? Que dire de ce que nous procurent des groupes comme U2, Oasis, voire même Led Zeppelin? Bon, d’accord, peut-être suis-je un TANTINET subjective, mais qu’il y en ait un qui vienne me dire que Coldplay lui donne la joie de vivre, je lui donnerai la médaille de l’être le plus contradictoire que je connaisse. Étant donné que je suis certaine de mon coup, je vous donne une preuve à l’appui : «When you try your best but you don’t suceeeed/ When you get what you want but not what you neeeed», sans oublier le traditionnel «Tears stream down your face, I promise I will learn from my mistakes» plus tard dans la chanson. Je vous vois venir, chers lecteurs, je vous entends même me lire : « Amélie, tu as tort, ce ne sont pas toutes les chansons de Coldplay qui nous poussent à la consternation de notre être!» Je vous l’accorde, l’air de Lovers in Japan est nettement moins dramatique que celui de Fix You. Toutefois, cette exception n’empêche aucunement la renommée mélancolique de l’ensemble des chansons du quatuor. Au même titre que Coldplay, je n’arrive pas à me souvenir d’un seul moment festif passé à écouter Emily Haines and the Soft Skeleton. Cela dit, ces groupes-là sont d’un génie inouï, et je verrais mal ma collection de disques dénudée de X&Y, de Parachutes ou de Knives don’t have your Back, encore moins mon Ipod démuni de chansons comme Lost!, Detective Daughter ou encore Doctor Blind. Envisageriez-vous être le détenteur d’un dictionnaire dépourvu de ses mots? D’un lit dépouillé de son matelas? D’une cafetière privée de son réservoir d’eau? Moi non plus. Leçon à tirer #859 : ne jamais se défaire de ses vieux disques (à succès).

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La capsule sonore https://www.delitfrancais.com/2010/01/12/la-capsule-sonore/ Wed, 13 Jan 2010 02:40:47 +0000 http://delitfrancais.com/?p=2189 L’année des disques rentables

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Vos «vacances» sont terminées. Vous faites la gueule pour deux raisons: 1) c’est la rentrée et 2) vous n’avez pas su vous extirper de la réalité mcgilloise pendant le temps des fêtes. Vous devez maintenant assister à cinq cours qui semblaient a priori être du gâteau. En réalité, vous êtes déjà débordés de lectures, de travaux, et d’exposés. Tel un disque qui saute, vous vous répétez à contrecoeur: «Vive ce début d’année 2010!» Vous venez de vous procurer vos manuels et, bien évidemment, vous avez retrouvé votre statut monétaire d’étudiant fauché. Histoire de s’endetter davantage, voici le moment d’investir dans quelques disques qui sauront accompagner votre semestre hivernal. Autrement dit, chers lecteurs, quant à être dans le rouge, soyez-le pour de vrai. De toute façon, il faudra vous y faire: cette session, je vous ferai part de mes découvertes musicales, de mes coups de coeurs côté albums et, surtout, des spectacles à ne pas manquer. Enfin, vous aurez été prévenus.

Alors qu’elle est à la une de la plupart des magazines de ce mois-ci, Charlotte Gainsbourg figure également en haut de ma liste. Bien que son dernier album, IRM, soit sorti le 8 décembre dernier au Canada, je me permets de le citer puisqu’il n’est pas encore disponible aux États-Unis. Réalisé aux côtés de Beck, ce petit dernier de Gainsbourg a une portée à la fois légère et joviale. L’actrice et interprète a voulu faire bonne impression, discrète et posée comme à son habitude, ce n’est pas peu dire.

Quant aux nostalgiques d’Arcade Fire, ils seront tout autant choyés cette année. Markus Dravs, producteur de leur Neon Bible (2007), prendra à sa charge le financement de leur troisième album, dont la sortie est prévue en mai. En espérant seulement que cette suite saura égaler, sinon dépasser, leurs succès antérieurs. Ça éviterait les déceptions… et l’argent jeté par les fenêtres. Je vous rappelle que lorsqu’on est dans le rouge, il faut idéalement limiter les folies tels les achats d’albums-navets ou, du moins, essayer. L’ennui est le suivant : une fois l’album déballé de sa pellicule plastique, il n’est que revendable à la moitié du prix acheté. Alors, en attendant, continuons en choeur à prier pour qu’Arcade Fire se force un peu. Sinon, on se tournera vers les White Stripes qui lanceront un duo CD/DVD, Under Great White Northern Lights, le 16 mars prochain. Je flaire déjà le fruit de leur succès; les jours gris n’existent pas lorsque les Whites Stripes figurent dans votre vie musicale. Le bon investissement est donc ici garanti, foi de fervente amatrice de rock alternatif. Parlant de garantie, je peux vous certifier que vous aurez droit à une année «B»: Beyonce, les Beastie Boys, Blink 182, Bad Religion et les Barenaked Ladies ont annoncé une sortie d’album d’ici la fin de l’année.

Mon utopie personnelle est qu’une tournée nord-américaine accompagne chacun de ces albums. Ce n’est pas parce que la rentrée a lieu qu’on doit s’empêcher de rêver, pas vrai?

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Grippe A: un succès surprise pour la campagne de vaccination https://www.delitfrancais.com/2010/01/12/grippe-a-un-succes-surprise-pour-la-campagne-de-vaccination/ Tue, 12 Jan 2010 23:18:55 +0000 http://delitfrancais.com/?p=2130 Les 200 millions investis par le Ministère de la santé ont-ils portés leurs fruits? Le Délit fait le point sur les résultats de la campagne à McGill.

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La campagne de vaccination de McGill aura seulement duré deux jours. Ainsi, les 14 et 15 décembre derniers, un bon nombre d’étudiants se sont présentés au 4e étage du pavillon Brown, l’endroit où se tenait temporairement la clinique de vaccination. Au milieu de la période d’examens finaux, la campagne a atteint une popularité inattendue: durant cette période, les autres centres de vaccination de la métropole étaient moins achalandés.

Le directeur des services de santé pour les étudiants à McGill, le Dr Pierre-Paul Tellier, croit qu’une telle fréquentation est due à l’accessibilité de la clinique pour tous les étudiants. Il est aussi d’avis que «la publicité effectuée grâce aux journaux du campus et au site Internet de Santé de McGill y a été pour beaucoup». Toutefois, l’implantation de cette clinique n’a pas été facile. «En octobre, le gouvernement était particulièrement réticent à mettre sur pied différentes cliniques régies par les institutions universitaires», mentionne le Dr Tellier.

Le jour prévu, le déroulement ne fut pas exempt d’anicroches. «Nous avons été pris au dépourvu: il manquait des vaccins la première journée. Nous avons vite voulu remédier à la situation en ayant recours à plus d’infirmières le lendemain, mais rien n’y a fait, nous étions tout autant débordés,» continue-t-il. Néanmoins, l’assiduité du personnel recruté a su faire la différence lors de la campagne. «Nous avons fait appel à six infirmières du Centre de santé et de services sociaux (CSSS) et du Centre étudiant de la Santé de McGill, ainsi que cinq réceptionnistes et un bénévole de l’aide financière de McGill. Malgré quelques petits bémols, tout s’est très bien passé.»

Rebecca Dooley, vice-présidente des affaires universitaires à l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM), a également milité en faveur de la diffusion du vaccin sur le campus. «C’était important pour moi. Après tout, la santé doit primer avant toute chose,» affirme-telle. Il manquait tout de même d’informations par rapport à la vaccination et c’est pourquoi, selon elle, l’AÉUM se devait d’en pourvoir. «Sur le campus, les opinions sur le vaccin différaient et diffèrent encore considérablement. Il fallait être là à temps. Notre tâche était d’informer convenablement les étudiants à propos de ce nouveau vaccin.» Elle reconnaît toutefois que la campagne s’est avéré un véritable défi pour le comité consultatif des services de santé de McGill. «En fin de session, on sentait la fatigue s’accumuler, les examens arrivaient, il devenait plus difficile de capter l’attention des étudiants et de leur faire comprendre l’importance d’aller se faire vacciner.» La vice-présidente des affaires universitaires a également participé, avec le Dr Tellier, à la production d’une vidéo informative sur la campagne, toujours disponible au http://podcasts.mcgill.ca/

Défi ou non, la polémique est toujours d’actualité au sein de la communauté étudiante. À titre d’exemple, l’implantation du «Self-report your suspected H1N1 symptoms» sur le portail de McGill a provoqué autant de réactions que le vaccin même sur le campus. Avec la grippe saisonnière qui arrive à grands pas, les étudiants auront encore une raison de faire entendre leur voix. Ne vous en faites pas, un vaccin est prévu à cet effet.

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Les savoirs comme un «tout» https://www.delitfrancais.com/2009/11/30/les-savoirs-comme-un-%c2%abtout%c2%bb/ https://www.delitfrancais.com/2009/11/30/les-savoirs-comme-un-%c2%abtout%c2%bb/#comments Mon, 30 Nov 2009 14:30:12 +0000 http://delitfrancais.com/?p=2083 Les programmes universitaires devraient miser davantage sur l’interdisciplinarité

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Je vous invite, l’espace d’un instant, dans l’imaginaire de l’étudiante caméléon que je suis. Je dis étudiante caméléon, car mes intérêts sont loin d’être limités à une seule discipline: l’histoire de l’art m’intéresse pour sa part interprétative, la sociologie percute mon sens des statistiques, l’éducation me donne espoir, la littérature nourrit mes rêves et la traduction me ramène sur Terre. J’envisage de peine et de misère l’autonomie absolue de chacune de ces disciplines. Je trouve qu’une mineure et une majeure n’étanchent pas non plus ma soif de savoir; du moins, pas selon ma conception utopique du premier cycle d’université.

Peut-être ne suis-je pas la seule à être de cet avis, mais je me lance: la multidisciplinarité devrait occuper une plus grande place en milieu universitaire.

J’ose donc imaginer un type différent de formation à l’université: un baccalauréat au cours duquel l’étudiant développerait sa connaissance d’un maximum de domaines. Il suffirait de 120 crédits pour satisfaire les différents types d’intelligence de cet étudiant. Ainsi, à la fin de quatre ans d’université, il aurait acquis à des connaissances personnelles en matière d’éducation, de médecine, de sciences politiques, de littérature anglaise, de traduction, de sciences sociales et de communication, par exemple. Bref, cet apprentissage lui lèguerait une banque de principes qui ne limiteraient pas les horizons de cet humain en quête de savoir.

Je ne songe pas au concept de cette formation multidisciplinaire uniquement par soif de savoir: il m’arrive aussi de douter de l’efficacité d’une formation centralisée et hyperspécialisée quant à son incidence sur l’épanouissement de l’être humain. Ce scepticisme surgit lorsque, entre autres, je vois certains spécialistes de la santé se montrer trop arbitraires dans leurs jugements. Il ne faut pas nécessairement se laisser surprendre par cette situation: comme je l’ai mentionné, leurs décisions relèvent de la formation très spécialisée qu’ils ont reçue. Certes, nous avons besoin de spécialistes, mais il reste à voir s’ils répondent convenablement à leurs responsabilités civiles, éthiques, écologiques et citoyennes. Vous conviendrez que ces compétences ne sont pas énumérées dans un livre de biologie moléculaire.

À l’heure actuelle, bon nombre d’apprentis médecins, généticiens, biologistes devraient approfondir leurs connaissances en termes d’enjeux éthiques, philosophiques et sociaux. Pour en témoigner, je suis tombée cette semaine sur l’entrevue d’un professeur de biochimie à Paris VI, Gilbert Béréziat, qui a curieusement donné raison à ma conception multilatérale de l’éducation: «Il faudrait développer la pluridisciplinarité. Je ne comprends pas qu’aujourd’hui un étudiant en sciences n’ait plus aucun cours de littérature, et inversement. Je propose que pour les trois premières années, on crée des universités où toutes les disciplines soient représentées, afin de permettre aux étudiants de les suivre aisément», a‑t-il dit lors de son entretien avec France-Soir. La littérature elle-même n’est pas à isoler: elle est indissociable de son contexte historique, sociopolitique, éthique, et j’en passe.

Pour illustrer mon propos selon lequel une éducation complète serait nécessaire, je vous renvoie à l’exemple de l’ingénieur, de l’architecte ou du contacteur: comment peuvent-ils penser implanter arbitrairement un système hydroélectrique sur un territoire nordique sans d’abord connaître les enjeux éthiques et historiques de la population qui l’habite? Vous pouvez aussi bien prendre un laissez- passer double pour: «Conflits d’intérêt – le spectacle».

Il faut que vous sachiez que les théories relatives à mon utopie ne datent pas d’hier. Abdelkrim Hasni, professeur en didactique des sciences à l’Université de Sherbrooke, en retrace les débuts: «Au Québec, la question de l’interdisciplinarité dans l’enseignement est à l’ordre du jour depuis les années 1980», alors que le Conseil supérieur de l’éducation a publié un rapport qui recommandait que «chaque élève arrive à mieux comprendre les liens qui existent entre tous les apprentissages qu’il réalise». À mon avis, cette approche éducative a tout pour perdurer et, avec un peu de volonté, on saura peutêtre mettre sur pied une faculté autonome, celle du savoir.

Tout compte fait, j’en reviens à cette question: les thèses à nature holistique ont-elles leur place au sein des études de premier cycle à l’université? Maintenant que vous m’avez lue, la réponse s’avère évidente. Seulement, il faut voir si le projet éducatif de l’université va de pair avec cet objectif; ensuite, il faut s’assurer que les méthodes utilisées pour atteindre cet objectif sont convenables.

Loin de moi l’idée de lancer des idées complètement folles et sans fondement, mais, malgré ma conviction de la nécessité d’une éducation universelle, j’ai la forte impression que mon plan souhaité restera une utopie. J’aurai beau militer avec ma pancarte «Hors de ma vue, curriculums trop bornés!», je suis consciente que ce projet aura de la difficulté à prendre vie, à moins d’un miracle de l’Immaculée Conception qui, elle, aurait foi en la multidisciplinarité menée à son paroxysme.

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Les accommodements raisonnés https://www.delitfrancais.com/2009/11/24/les-accommodements-raisonnes/ https://www.delitfrancais.com/2009/11/24/les-accommodements-raisonnes/#comments Tue, 24 Nov 2009 15:00:45 +0000 http://delitfrancais.com/?p=1934 Le 18 novembre dernier, Maryse Potvin, professeure de la Faculté d’éducation de l’UQAM, a éclairci les enjeux problématiques des discours sociaux et médiatiques lors de la crise des accomodements raisonnables.

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Les accommodements raisonnables ont souvent fait la une dans la presse écrite québécoise en 2006 et en 2007, et les répercussions sociales de cette médiatisation se font encore sentir. Maryse Potvin, experte mandatée par la Commission Bouchard- Taylor, nous a fait part de sa position en tant que professeure d’éducation lors d’une conférence présentée à l’UQAM le 18 novembre dernier.

Non à l’engrenage médiatique

Sur un ton éloquent, Mme Potvin a présenté une étude complète sur la nécessité d’un élargissement de l’éducation aux médias, notamment dans le cadre du projet éducatif de l’organisme pancanadien «Réseau Éducationmédias ». Selon elle, l’éducation civique doit d’abord se pencher sur la véracité des dires journalistiques concernant les accommodements raisonnables.

Trop souvent, précise-t-elle, certains chroniqueurs vont se permettre de commenter ces enjeux sans avoir les connaissances requises pour le faire: «Nous assistons à une méconnaissance visible des journalistes quant aux réalités de la diversité de l’immigration, aux valeurs communes inscrites dans nos chartes, à la jurisprudence et aux législations en matière d’égalité».

Mme Potvin admet qu’en démentant l’autorité «absolue» de la machine journalistique, il est possible d’«arriver à y voir clair». Elle renforce ce propos par l’importance de la conscientisation de la population par rapport aux dispositifs de la presse écrite: «leurs techniques, comme les stratégies de mise en page, l’usage trop fréquent des mêmes sources ou encore les titres mensongers, sont souvent à la base de messages raciaux», explique-t-elle.

Cet éventail de méthodes journalistiques devrait être rediscuté. Il apparaît important de jeter un éclairage nouveau sur ces «accommodements raisonnables» qui ont été traités dans les médias avant la Commission Bouchard-Taylor.

Toutefois, le problème ne saurait se régler aussi rapidement, la manipulation médiatique se présentant aussi sous d’autres formes: selon Mme Potvin, le message journalistique lui-même «influence fortement la population par son discours à l’instar de ses mécanismes discursifs».

Au nombre de huit, ces «mécanismes du discours populiste et raciste» effritent la reconnaissance des droits de «l’Autre» au Québec. Parmi ces techniques, la victimisation, les dichotomies négatives et le catastrophisme des faits divers prédominent dans les quotidiens.

Tout compte fait, Mme Potvin souhaite des médias plus formateurs, dont les principes ne reposent pas sur des scénarios apocalyptiques, ou encore sur un désir d’expulsion de «l’Autre».

Pour un discours raisonnable

Comme solution, Mme Potvin envisage l’encouragement de la politique de la lutte contre le racisme: «ainsi, nous arriverons à déconstruire la condescendance raciale en déchiffrant les processus de construction négative de “l’Autre” dans les dérapages et dans les débats publics», explique- t‑elle.

Comprendre et analyser les mécanismes discursifs des langages médiatiques et politiques restent, en effet, à la base de cette approche pédagogique antidiscriminatoire.

Une version abrégée du rapport Bouchard-Taylor en tant qu’objet d’étude dans les écoles secondaires a aussi été discutée en tant qu’alternative lors de la conférence. Cet apport contribuerait certainement à renforcer l’éducation aux droits humains dans les établissements scolaires québécois. Une chose est certaine, déclare Mme Potvin, c’est qu’il faut le faire. «À l’heure actuelle, l’éducation civique au Québec est faible. Il faudrait d’abord réaliser l’importance de rendre notre histoire intelligible parce qu’après tout, l’immigration est vieille de 300 ans», nous rappelle-t-elle.

En définitive, les institutions scolaires et leur corps professoral ont la responsabilité de continuer cette «transmission de savoirs, de savoirs-dires et de savoirs-faires», une conception qui prime dans l’éducation civique multiculturelle au Québec, en tout cas, comme l’entend Mme Potvin.

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Victoriaville: la victoire économique à tout prix https://www.delitfrancais.com/2009/11/17/victoriaville-la-victoire-economique-a-tout-prix/ Tue, 17 Nov 2009 15:00:16 +0000 http://delitfrancais.com/?p=1810 Alors que la vitalité économique des régions semble en déclin, Victoriaville fait bande à part. Le Délit a discuté avec des intervenants économiques de ce coin de pays pour en savoir plus sur les raisons de son succès.

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La semaine dernière, le journal Les Affaires présentait un dossier spécial sur les villes les plus entrepreneuriales au Québec. Selon la publication, Victoriaville occupe la troisième place à l’échelle provinciale et la septième au Canada. Dans le but de dresser un portrait économique de cette ville méconnue des Montréalais, Le Délit a interrogé quelques intervenants de la corporation de développement économique des Bois-Francs.

Ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier

Avec 1868 compagnies issues de cinq secteurs différents, la municipalité de Victoriaville affiche le taux d’entreprises en activité par habitant le plus élevé de la province: 5,3 entreprises pour 100 habitants. Ce pourcentage élevé peut laisser croire que la ville constitue un modèle à suivre en termes de lancement de commerce. Selon René Thivierge, directeur général de la Communauté Locale de Développement (CLD), ces statistiques s’expliquent par la collaboration proactive qui existe entre le conseil municipal et les différents intervenants économiques de la municipalité. «Les affaires sont réglées rapidement, les entreprises entrent directement en contact avec les fonctionnaires», explique-t-il.

Sonia Saint-Pierre, agente de communications pour la CLD, ajoute que Victoriaville adopte également une stratégie payante en termes de coopération industrielle. «Nous avons tout pour réussir: les outils, les questions à se poser et les moyens pour y répondre. Nos tables rondes ont lieu sur une base régulière, en petits groupes, pour mieux satisfaire les demandes.» C’est avec ces échanges prolifiques que Victoriaville va de l’avant.

Conjointement, l’efficacité des rendements économiques de la ville relève de la flexibilité de sa structure. En plus d’une nouvelle zone industrielle, la municipalité s’occupe du traitement de l’hydroélectricité et des gaz naturels, ressources déterminantes de l’économie québécoise. Reste que la clef du succès entrepreneurial de Victoriaville ne date pas d’hier. «En 1980, environ 38% de la main d’oeuvre travaillait dans l’industrie du textile ou du bois», selon René Thivierge. Depuis, Victoriaville a fait du chemin pour diversifier son économie. Les requêtes de projets de développement et d’expansion en sont la preuve: elles continuent d’affluer malgré la récession.

Quand l’économique se heurte à l’écologique

M. Thivierge couronne la réussite de Victoriaville par un des moteurs importants de sa sphère économique: le développement durable. Plusieurs industries comme Gaudreau Environnement, Fournitures Funéraires Victoriaville, Canlac, Soteck ou Industek en témoignent: ils investissent tous dans la récupération des énergies de leur entreprise. Soteck, par exemple, permet aux industries québécoises de diminuer leurs dépenses annuelles grâce à des stratégies d’efficacité énergétique impressionnantes.

Fidèle aux stratégies de développement, Victoriaville souhaite également élargir la portée de son économie avec l’extension de l’aéroport régional André-Fortin. Pour Richard Janda, professeur de droit à l’Université McGill et chercheur au Centre de droit international du développement durable, ce projet aide certainement les intérêts économiques de Victoriaville, mais pas ceux du développement durable: «il existe une incompatibilité entre le développement durable et le projet d’élargissement de l’aéroport. Il va à l’encontre du rapport Stern (2006) et du protocole de Kyoto: aucun substitut n’existe pour remplacer les combustibles fossiles des avions. C’est l’environnement qui en paie le prix.»

Si le projet aéroportuaire rompt clairement avec le mandat de développement durable que s’est fixé la ville en plein essor, une question vaut la peine d’être posée: y a‑t-il lieu de triompher si on sacrifie l’espace vert au nom de la bonne expansion de l’industrie? Selon le professeur Janda, la réponse est claire: «Il faudrait limiter la croissance de ces industries, parce que ce n’est pas en [dépouillant] la ville de ses arbres qu’on contribue à l’essence du développement durable.»

Ceci dit, Victoriaville reste reine en matière d’essor économique industriel. Seulement, il ne faut pas que la ville perde de vue la protection de l’environnement: d’après M. Janda, investir dans une série d’infrastructures déjà existantes, par exemple, reste une solution beaucoup plus durable.

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Slow Food ou renaissance de la gastronomie artisanale https://www.delitfrancais.com/2009/11/10/slow-food-ou-renaissance-de-la-gastronomie-artisanale/ Tue, 10 Nov 2009 15:11:59 +0000 http://delitfrancais.com/?p=1680 «Acheter, c’est voter»: c’est ce que bon nombre d’activistes répliquent lorsque vous leur demandez leur conception de la consommation alimentaire. Ils n’ont pas tort: se procurer des ananas scellés sous vide et bourrés d’agents de conservation entretient la logique complaisante des multinationales. C’est aussi s’alimenter d’une manière moins saine qu’on ne le fait avec des produits du Québec.
Fini les produits transformés. Faisons place à ce contre-courant qui rejette l’ubiquité du Fast Food. Cette semaine, Le Délit vous invite à passer à table. Au menu? Tomates de serre écologiques, oignons biologiques, jeunes pousses et graines germées, plateau de fromages de chez-nous. Un guide d’initiation pour l’étudiant pressé!
Slow Food, Slow Lecture: prenez le temps de bien lire cet article, avec un verre de jus de pommes brun à la main!

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Les origines du Slow Food

Le Slow Food voit le jour à Paris en 1989, lorsque Carlo Petrini, journaliste et critique gastronomique, mobilise des citoyens de quinze pays et leur fait signer le manifeste fondateur du mouvement. «Son propos visait la promotion de produits italiens typiques afin d’améliorer les conditions socioéconomiques des petits producteurs», explique David Szantos, fervent activiste de la cause et président d’Icebox Studios, une entreprise de communications dans le domaine agroalimentaire.

Au Québec, l’avènement du Slow Food remonte à février 2001, lorsque Paul Caccia de Slow Food Canada et son équipe de bénévoles ont proclamé le mouvement. Comme son nom l’indique, le Slow Food n’a rien du «tout cuit dans le bec». Il relève encore moins de la consommation d’aliments emballés, expédiés à toute allure jusqu’aux tablettes de votre supermarché. Il refuse donc le rythme de vie trop précipité que propose l’omniprésente industrie du Fast Food à travers le monde. Il suggère également de se renseigner sur l’origine des aliments, d’assortir sa cuisine de produits locaux et saisonniers et de tout goûter avec sa tête.

Pour Gabriel Riel-Salvatore, président de Slow Food Québec, il s’agit d’«une philosophie, [d’]un mode de vie qui promeut la consommation et la production de produits locaux». Un des buts premiers du mouvement est de renseigner la population urbaine sur le vaste réseau de distribution des produits locaux, que ce soit par des sites Web, des prospectus ou des conférences citoyennes. Autrement dit, le consommateur s’informe d’abord des lieux de production et peut ensuite se procurer les produits dans divers marchés saisonniers, dans quelques épiceries fines de la métropole ou, même mieux, directement chez le producteur.

Mangez local

S-Champignon Commencez par comparer le goût du potage de courges d’automne de votre grand-mère à celui d’une soupe en conserve. Rien à voir, n’est-ce pas? Comment intégrer le premier dans son assiette? Avant même d’allumer le four, il faudrait prendre conscience de la richesse que nous procure cette terre sur laquelle on piétine. Il est primordial de reconnaître les produits locaux à leur juste valeur et de s’instruire grâce aux idées que prône la philosophie du Slow Food, parce que chaque bouchée, rappelons-le, s’avère être un nouvel apprentissage de la cuisine.

Derek Dammann, chef et associé du restaurant DNA dans le Vieux-Port de Montréal, souligne l’importance de la biodiversité alimentaire en participant à la semaine canadienne du Slow Food, qui prenait justement place la semaine dernière. DNA se réclame d’une vocation agroalimentaire qui encourage le mouvement Slow Food: «Il faut comprendre que c’est une façon plus intelligente de concevoir la nourriture», affirme Dammann. Son entreprise de restauration y arrive d’une manière très simple, mais essentielle: «C’est en faisant la promotion de nos vins canadiens et de nos produits locaux que nous parvenons à transmettre l’essence de notre patrimoine culinaire.» Il explique que cette expérience est d’autant plus intéressante qu’elle relève de la surprise: par exemple, ils offrent «une large variété de champignons que la plupart des gens ne connaissent pas: c’est nouveau pour eux».

Manger Slow Food, c’est aussi adapter ses choix alimentaires en fonction des mois de l’année. Cueillis à maturité, les produits de saison ont davantage de saveur, contrairement aux produits hors-saison, cueillis plus tôt pour des raisons de transport. La crème des fruits et légumes ne traverse pas un océan ni ne parcourt des milliers de kilomètres pour arriver dans notre assiette: elle est cultivée à Saint-Constant, Saint-Hilaire, Rimouski, Oka. De plus, elle est abordable: les prix baissent avec ce type de consommation, vu l’absence d’intermédiaires entre le consommateur et les producteurs.

Commencez jeune

S-Tomate Szantos veut étendre l’influence du Slow Food à la jeunesse étudiante par l’inauguration internationale du Youth Food Movement (www.youthfoodmovement.org) et l’instauration du programme Pangea: The Ark of Knowledge. «C’est un programme qui vise à établir des échanges entre jeunes stagiaires et artisans, fermiers ou producteurs agroalimentaires, dans le but de transmettre ce savoir à la prochaine génération.» Trop souvent, selon lui, les enfants de ces producteurs ne veulent pas poursuivre l’entreprise de leurs parents: il n’y a donc pas de transmission d’héritage et, dans certains cas, pas de diffusion du «savoir-faire alimentaire».

La voix de la jeunesse demeure celle de l’avenir: pour Szantos, «l’intégration des jeunes dans le mouvement est nécessaire pour son évolution et pour sa durabilité dans le temps». Riel-Salvatore se range du même côté que Szantos. De même, il conçoit le Slow Food comme un enrichissement avantageux pour les étudiants: «Pour eux, c’est une belle occasion de se familiariser avec les produits du Québec et d’apprendre à cuisiner eux-mêmes.»

Toutefois, pour Nikki Petropoulos, étudiante à l’Université de Montréal, «le mouvement ne peut pas entrer dans la norme à l’heure actuelle. Le problème, c’est “l’instantanéisme” et le besoin que l’on se crée de toujours vouloir rentabiliser notre temps». «Pour un étudiant, entre la vie sociale, l’école, le boulot… c’est souvent la santé qui écope», renchérit-elle. Cette tendance incite les jeunes consommateurs à chercher des produits qu’ils ont immédiatement à portée de main.

Conséquemment, l’omniprésence de la chaîne alimentaire industrielle écrase les petits producteurs agricoles. En revanche, si le mouvement mobilise une partie de la population et que les produits locaux sont courus, il peut y avoir un renversement de la donne: «Le marché Jean-Talon a tout en son pouvoir pour tuer le IGA du coin, parce que les citoyens sont prêts à payer pour des produits de chez nous. Simplement, ces prix doivent battre la compétition», souligne Vanessa DeFelice, étudiante aux HEC de Montréal.

Tout compte fait, la décision ultime est laissée entre les mains des consommateurs. Consciemment ou non, ils décident de leurs achats alimentaires, et donc de la fluctuation de l’économie régionale dans le secteur agroalimentaire. Heureusement, il existe diverses sources d’information et d’inspiration pour ceux qui désirent développer ce sens du goût. Par exemple, David Szantos guide ses étudiants en les «amenant à se questionner, pour qu’ils puissent redécouvrir leur identité gastronomique, et ce faisant, prendre responsabilité de leurs actions comme consommateurs». Ainsi, les étudiants peuvent élargir l’éventail de leurs possibilités au lieu d’être confinés à la consommation rapide et artificialisée.

Il est possible de consulter Les plaisirs du Slow Food de Corby Kummer, Slow Cooker Comfort Food de Judith Finlayson ou encore Le Fruit de ma passion de Daniel Vézina pour débuter sur la bonne cuillère.

Freinez l’accéléré

S-Mais Oui, le mouvement prône la lenteur. Que dire de son rapport avec notre économie qui carbure à toute vitesse? Jon Kabat-Zinn, professeur émérite à l’Université du Massachussets, affirme que le mouvement «est la façon ultime de se concentrer sur notre restauration d’énergie qui, elle, s’efforce de nous rappeler qui sommes vraiment, c’est-à-dire des êtres humains et non des exécutants».

Mais soyons honnêtes: notre position d’étudiant implique un horizon, nécessaire, de permissions et de récompenses diverses que l’on s’accorde. L’une de ces concessions est de s’autoriser à consommer sur le pouce, dans une cafétéria du campus –ou pire, de se procurer les produits médiocres d’une machine distributrice. La vérité est que le manque de temps et d’argent a souvent raison de notre volonté.

Ainsi, au lieu d’investir dans une alimentation saine et économique à long terme, certains finissent par dépenser leur faible revenu sur des produits faits à la chaîne. Le Slow Food propose une alternative contraire: un rapport personnel à l’alimentation, par l’éducation au goût.

Pensez global

S-Pomme Manger local n’est pas synonyme d’isolement régional. Le mouvement Slow Food s’étend sur 110 pays, mais à Montréal «la production est très faible, vu la faible disponibilité des terrains destinés à l’agriculture», affirme Szantos. Ce manque d’espace complique l’accessibilité aux produits agroalimentaires parce que «la production locale pendant l’hiver est inexistante, même dans les régions les plus productives», ajoute-t-il.

«Le domaine gastronomique au Québec est fortement influencé par plusieurs cultures: les Premières Nations, la France, l’Angleterre, l’Irlande et les États-Unis, pour ne nommer que ceux-là», ce qui rend difficile de cerner la question des traditions alimentaires québécoises. Adhérer au mouvement Slow Food, ce n’est pas que promouvoir notre cuisine locale, c’est donc aussi s’intéresser aux produits des autres cultures.

Alors soyez slow, partout, toujours. Réjouissez-vous, il est possible d’adopter un mode de vie slow sous d’autres formes: le slow living, le slow travel, les slow schools et même le slow sex!

Tout compte fait, Slow Food cherche à combler nos désirs, nos plaisirs, notre soif d’apprendre et notre bonne conscience d’écocitoyen. C’est une question à plusieurs volets: porter un intérêt aux fruits d’une nation, connaître les producteurs et leurs produits, se responsabiliser dans notre quotidien et refuser le rythme effréné que nous impose la société. Tout ça dans le but d’adopter un style de vie alimentaire plus conscientisé et d’influencer positivement sa communauté. La prochaine fois que vous verrez une publicité de Kraft sur l’autobus de la ville, rappelez-vous le verre de jus de pommes dégusté lors de la lecture de cet article. On verra qui fera le poids dans votre estomac.

Slow Food vs. Fast Food : Contrer l’incurable

Le mouvement Slow Food trouve d’autant plus de sens que le nombre de cas d’obésité et de cancer dans les pays industrialisés est en croissance fulgurante. Les docteurs Denis Gingras et Richard Béliveau, auteurs du livre Les aliments contre le cancer, ont été les premiers au Québec à dénoncer publiquement l’incidence de la malbouffe sur la propension à développer un cancer. «De mauvaises habitudes alimentaires, principalement générées par le Fast Food et les aliments issus des multinationales, seraient responsables de 40% des cas de cancer.» Les statistiques démontrent l’urgence de trouver une solution à ce problème de société. Deux personnes sur cinq paieront le prix des méfaits du Fast Food. Quand 80% des cas de cancer du côlon sont provoqués par l’ingestion de malbouffe, il n’est pas surprenant de voir se mettre en place un contre-phénomène, témoin des anomalies de notre monde trop pressé.

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Remuer ciel et terre https://www.delitfrancais.com/2009/10/06/remuer-ciel-et-terre/ Tue, 06 Oct 2009 22:43:41 +0000 http://delitfrancais.com/?p=770 Depuis bientôt une semaine, Guy Laliberté flotte au-dessus de nos têtes, rêve en main.
Il a bien traversé les cinq couches de l’atmosphère terrestre, mais tracera-t-il un espace entre son message et le public?
L’art dans l’espace: acte de sensibilisation ou coup d’argent?

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«L’art est fait pour troubler», a dit Georges Braque. Ces mots résonnent harmonieusement avec le message que tente de rendre Guy Laliberté et sa fondation One Drop qui, depuis janvier dernier, ont annoncé haut et fort leur «mission sociale [et!] poétique» dans l’espace. La cause se veut purement humanitaire: donner aux pays en voie de développement un accès à l’eau potable.

Alors que Marcel Proust maintenait que l’art véritable «n’a que faire des proclamations et s’accomplit dans le silence», l’éminente médiatisation de One Drop et de ses activités nous rend sceptiques quant à la véracité de sa double proclamation: un manifeste à la fois artistique et environnemental. Mais que dire du prestige et des gains de capitaux qui sous-tendent la cause?

Agir pour l’art, la planète, la science… ou pour soi? Cette semaine, Le Délit fait le point sur les frontières de cet art engagé et sur cette mode «verte» qui, de par son caractère révolutionnaire, garde la planète, et c’est le cas de l’écrire, les yeux au ciel. Quand la mégalomanie fait des siennes… Sky is the limit.

One Drop: derrière la goutte d’eau qui changera le monde

C’est avec Oxfam-Québec et le Cirque du Soleil que Guy Laliberté met sur pied One Drop, un organisme cherchant à subvenir aux besoins des pays en voie de développement en leur procurant un accès à l’eau potable. Cette démarche humanitaire, visant d’une manière plus générale la lutte contre la pauvreté, mise sur l’art social pour remplir le portefeuille de la Fondation.

Guy Laliberté est parti dans l’espace le 30 septembre dernier avec l’astronaute américain Jeffrey Williams et l’astronaute russe Maxim Souraïev pour une durée de douze jours. L’événement «De la Terre aux étoiles pour l’eau» s’inscrit dans la lignée de la mission One Drop, faisant la double promotion de la préservation de l’eau sur terre et de l’accessibilité de cette ressource à tous. Cet événement sera diffusé gratuitement sur le web, via le site officiel de la Fondation (www.onedrop.org), le 9 octobre prochain. Tous les supports technologiques possibles sont mis à contribution par les organisateurs du projet. Les artistes invités pourront même partager leur position, leur intérêt et leur souci face à l’or bleu un peu partout dans le monde, en diffusion simultanée. Mais cette médiatisation mondiale risque-t-elle de masquer le volet modeste et discret de l’art? Bien qu’explicitement justifiés par la sensibilisation à la préservation et au partage de l’eau, les motifs de l’envol de Guy Laliberté pourraient-ils être plus larges qu’ils n’y paraissent?

Une tête pour le bien-être de l’humanité

Il ne faudrait pas négliger les accomplissements de M. Laliberté. Il y a déjà vingt-cinq ans que le Cirque du Soleil a fait son entrée dans le domaine des arts. Depuis, le monde du cirque s’est vu renaître, Laliberté l’ayant élevé au rang des plus grandes disciplines artistiques. Au palmarès des cent personnalités les plus influentes de notre siècle selon le Time Magazine, Laliberté détient le titre d’entrepreneur mondial de l’année. Il va donc sans dire que l’impact de ses actes se fait sentir dans la sphère socio-économique. M. Patrick Beauduin, vice-président et chef de la création convergente chez Cossette, espère «seulement que cette visibilité accrue mobilisera l’opinion publique». L’opinion populaire va même jusqu’à hausser Laliberté au rang de réinventeur de la philanthropie. Mais ce n’est pas la première fois qu’une tête du showbizz s’implique dans des causes humanitaires, pensons à Bono de U2 ou encore à Angelina Jolie. Toutefois, ceux-ci se contentent de l’horizon terrestre et investissent bien moins que trente-cinq millions de dollars pour un événement de deux heures.

De la société du spectacle… ou l’hébétude face à la mégalomanie

Guy Debord a un jour mentionné, dans son ouvrage La Société du spectacle, que celle-ci sert à la fois d’outil de propagande de l’emprise du capital sur les vies et de «rapport social entre des personnes, médiatisé par des images». Probablement conscient de cette polémique, Laliberté ne redoute pas pour autant l’approche médiatique de son projet; il l’adopte avec ferveur. Debord en arriverait à la conclusion que l’importance des enjeux planétaires devient dérisoire face à la place que prend l’art dans un projet comme celui-ci. Le citoyen-spectateur ne devrait pas rester béat devant la scène spatiale qu’offrira One Drop le 9 octobre prochain; il devrait plutôt activement s’informer sur ces différentes causes écoplanétaires pour adopter une approche multilatérale. Consulter les dires de différentes écoles de pensée (sociologique, astrophysique, écologique, économique, voire même commerciale) est la manière la plus complète de saisir cet enjeu.

Même si les profits accumulés seront directement versés à One Drop, il n’en reste pas moins que c’est par la réussite des missions de l’organisme que la réputation du Cirque du Soleil continuera de croître exponentiellement, tout comme le prestige de Laliberté. Interactive à tous les niveaux sur le Web (Facebook, Twitter, YouTube), la Fondation de Laliberté est très publicisée, d’où le risque d’escamoter les fondements réels de son expérience initiatique spatiale. Patrick Beauduin dit de Guy Laliberté qu’il est la «platefome publicitaire» de l’événement. Bref, nous avons ici droit à une médiatisation monstre et un marketing assidu: Monsieur et Madame Tout-le-monde peuvent même contribuer à la cause en achetant leur bouteille d’eau ou leur parapluie One Drop.

Quand le cosmos est démystifié par l’art de la scène

Tous les moyens sont bons pour avoir l’attention médiatique. Mais quand il s’agit d’utiliser l’astronomie comme scène pour l’art, quelles en sont les conséquences pour la science? M. Robert Rutledge, assistant professeur à la Faculté de Physique de l’Université McGill, soutient que les répercussions sont moindres pour le monde de l’astronomie. «L’important à retenir, c’est que l’humanité progresse grâce à ceux qui prennent des risques», pense M. Rutledge. «Le début des voyages dans l’espace ressemble étrangement à celui des voyages en avions. […] À l’époque, il n’y avait rien de plus inhabituel que de mettre le pied dans un avion pour aller en Australie». Alors à quel moment juge-t-on que cet émerveillement procure une sensation de spectacle? En fait, quand l’homme a mis le pied sur la lune pour la première fois, nous dit Rutledge, c’était comme un miracle; on a réussi à combler un rêve collectif, un fantasme scientifique qu’on a longtemps pensé plus grand que nature. Mais avait-on qualifié ce 21 juillet 1969 de coup de publicité? Personne aujourd’hui ne conçoit les voyages dans l’espace comme un miracle, alors que dans l’histoire de l’humanité, ça l’est certainement. Tout dépend de la perspective. Pour Richard Heidmann, ingénieur en propulsion spatiale et membre de l’association Planète Mars, «l’espace est devenu un outil d’influence, comme l’étaient autrefois les armées ou le nucléaire. Source de prestige et de puissance, elle permet d’avoir voix au chapitre». Le cosmos comme endroit de spectacle prend alors tout son sens pour Laliberté.

Coup d’argent ou rêve d’enfant

Rappelons-nous qu’il y a quarante ans déjà, Apollo 11, alunissait pour la première fois de l’histoire humaine. Cet anniversaire souligne non seulement le premier contact humain avec un sol inconnu dans l’espace mais aussi la découverte d’un astre qui suscite notre curiosité d’être humain, citoyen d’une terre dont les ressources ne cessent de s’estomper. Compte tenu de la popularité du mouvement vert par les temps qui courent, c’était effectivement l’occasion rêvée pour Laliberté de renaître avec un défi d’envergure pour ses cinquante ans. Reste qu’il vise encore plus haut, toujours plus haut.

Maintenant surnommé «le clown de l’espace», Laliberté, en orbite depuis le 30 septembre 2009, s’est inspiré de l’avenir de la planète et de l’eau pour mettre sur pied un «conte poétique» qu’il lira à distance, rappelons-le, le 9 octobre. Cette performance sera retransmise en direct sur différentes plateformes interactives, avec la participation de plusieurs artistes-amis tels Yann Martel, l’auteur du poème, Garou, U2, Shakira, Julie Payette, Al Gore, et David Suzuki, pour ne nommer que ceux-là.

La qualité du texte de Martel ne sera pas mieux rendue par sa diffusion satellite à 350 km de la terre. Magnifier l’espace et en faire une scène pour soi-disant sensibiliser les gens aux conditions de l’eau sur la Terre donnera pourtant cette impression. Posons-nous alors la question: est-ce l’art ou le projet qui est ici mis en avant? Veut-on nous exposer à une cause ou à une œuvre? Inutile de rappeler que Guy Laliberté est un homme d’affaires qui travaille dans le domaine des arts. Peut-on réellement associer l’art au profit? En tout cas, le cosmos est assurément devenu un nouveau terrain d’expérimentation pour l’art. Les scientifiques devront faire un peu de place aux artistes. Le professeur Louis Guay, du département de sociologie de l’Université Laval, maintient que l’art peut poursuivre sa manière de définir, concevoir et utiliser le cosmos sans nuire à la science, car l’art relève du domaine de la création et non de la découverte. Si la science se sent insultée, poursuit-il, c’est qu’elle ne sait plus faire la distinction entre les objectifs du vrai et ceux du beau. Quant aux conséquences pour l’astronomie, dans une perspective sociologique, M. Guay croit que les répercussions n’auront pas lieu sur la dynamique interne, mais plutôt dans l’imagination du public, qui redécouvrira l’intérêt d’étudier l’astronomie et la nécessité de soutenir cette frange onéreuse de la recherche scientifique. Mais, continue-t-il, le fait que personne ne cherche expressément,  serait un effet non voulu, plutôt même contingent.

Il existe une tonne d’autres moyens d’intéresser les gens à l’évolution et à la structure de l’espace spatial. Toujours selon sa vision, il reste qu’un des moins coûteux est d’envoyer en l’air un entrepreneur de la création artistique. En revanche, «les fonds pour l’astrophysique ne se mettront pas à pleuvoir au retour sur terre de Laliberté, à moins que lui-même décide de fonder des chaires de recherche». Pour les artistes, le cosmos, comme la nature en général, sont des occasions et une source d’inspiration à la création.

Une chose est certaine, Guy Laliberté est loin d’être dans la lune: ce projet va attirer beaucoup de spectateurs, donc générer des profits monstre. La rentabilité de son voyage-spectacle se détecte à la vitesse de la lumière.

Vers l’infini et plus loin encore? Pour l’instant, Laliberté tient le coup.

Selon le magazine d’astronomie Ciel & Espace, les enjeux actuels sur la recherche astronomique portent sur quatre principaux motifs d’aller dans l’espace: exploiter les ressources naturelles de la lune, augmenter les connaissances scientifiques, relancer l’économie et servir des enjeux politiques. Paul Spudis, chercheur à l’institut lunaire et planétaire de Houston (Texas), écrit : «Parce que c’est le premier endroit qui nous permettra d’apprendre à utiliser les ressources du système solaire, à habiter et à travailler de façon productive sur un autre corps céleste. La Lune est proche, la dépense énergétique est faible… on peut en tirer de l’eau et de l’oxygène. Si on réussit sur la Lune, on pourra le faire partout ailleurs.»

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