Ach Gaddes - Le Délit https://www.delitfrancais.com/author/ach-gaddes/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Wed, 09 Mar 2016 01:50:34 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 Quand le loonie fait un régime https://www.delitfrancais.com/2016/01/19/quand-le-loonie-fait-un-regime/ https://www.delitfrancais.com/2016/01/19/quand-le-loonie-fait-un-regime/#respond Tue, 19 Jan 2016 20:30:42 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24436 Le cours du dollar canadien atteint des records face au dollar américain

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Le 12 janvier dernier, le loonie a plongé en dessous de la barre des 70 centimes US, un niveau qui n’avait pas été atteint depuis plus de douze ans. Et il ne s’est pas arrêté là: il a continué de chuter jusqu’à la clôture des marchés vendredi dernier et a ainsi enregistré la plus longue série de pertes journalières consécutives depuis 1971. En effet, le dollar canadien s’est affaibli face au dollar américain pendant pas moins de onze jours d’affilée. Et avec la reprise des marchés ce lundi, cette déconfiture du dollar canadien pourrait bien se poursuivre.

Matières premières 

Certains experts pointent du doigt la descente aux enfers du cours du pétrole comme la principale cause de la chute du dollar. Celui-ci étant l’une des plus importantes exportations du pays, il représente le coupable idéal. Si le cours du pétrole s’écroule, la monnaie du pays est moins demandée sur les marchés des changes, ce qui en retour fait simplement baisser la valeur du dollar canadien. Comme l’explique Chris Ragan, professeur à l’Université McGill dans une interview pour CBC, «le Canada a été un pays net exportateur de matières premières depuis plus de cent ans car le pays est assis sur une quantité astronomique de matières premières et cela n’est pas prêt de changer». Il ajoute ensuite que si les matières premières représentent une grande partie des exportations canadiennes, elles ne représentent que 10 à 12% de l’économie du pays. Selon lui, les matières premières ne sont pas les poumons de l’économie canadienne comme ils prétendent l’être.

Charlie

Les taux d’intérêts

Le second coupable présumé serait l’ensemble des banques centrales, à commencer par la Banque du Canada. Au cours des derniers mois, cette dernière a largement baissé ses taux directeurs afin de soutenir son industrie. On le rappelle: si les taux sont bas, les compagnies peuvent accéder plus facilement aux marchés obligataires, ce qui ainsi leur permet d’investir plus facilement de l’argent dans leur projets. L’effet négatif d’une telle politique est que les investisseurs, eux, voient leur rémunération baisser, ce qui va les pousser à se détourner du pays au profit d’autres marchés avec des taux d’intérêts plus intéressants. C’est là qu’entre en jeu la Fed, la banque centrale américaine. En décembre dernier, la Fed a augmenté ses taux directeurs, exacerbant la fuite des capitaux et ainsi affaiblissant d’autant plus le dollar canadien.

Ni tout blanc, ni tout noir

Certains crient que l’on est en récession, d’autres essaient de nous expliquer qu’un dollar faible n’est pas si mauvais. Mais qu’en est-il vraiment? Un dollar canadien faible va évidemment se traduire par une augmentation des prix de tous les produits importés, de la Mercedes classe E aux bananes. Mais, comme l’explique M. Ragan, les courses ne représentent qu’une petite proportion du budget du canadien moyen et ainsi la baisse du dollar canadien ne devrait pas avoir un large impact sur notre façon de nous alimenter.

De plus, si les produits importés sont plus chers au Canada, les produits canadiens paraissent moins chers à l’étranger, ce qui devrait stimuler les exportations du pays.

Il paraît ainsi clair que la chute du dollar canadien n’est pas aussi dramatique que ce que tous les gros titres de la presse financière ont voulu nous faire croire. Mais si les cours des matières premières venaient à rester si bas pendant une période de temps prolongée, il est possible que l’on observe une accentuation des disparités économiques entre les provinces dites minières et pétrolières comme l’Alberta, et les autres provinces.

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Un fâcheux débat https://www.delitfrancais.com/2015/09/22/un-facheux-debat/ https://www.delitfrancais.com/2015/09/22/un-facheux-debat/#respond Tue, 22 Sep 2015 15:28:42 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=23044 La Fed décide d’encourager la croissance.

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C’est après deux longues journées de débat que le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC, Réserve Fédérale Américaine, ndlr) a décidé, Jeudi 17 septembre dernier, de maintenir sa politique du taux d’intérêt zéro censé relancer les investissements dans un contexte économique compliqué. Cette décision a été motivée par plusieurs événements récents. La débâcle boursière du 24 août dernier, qui avait provoqué une chute de mille points en une séance de l’indice Dow Jones, ainsi que la nervosité des marchés asiatiques, ont convaincu le comité de politique monétaire de ne pas compliquer les choses et de patienter encore un peu pour opérer un resserrement monétaire. Suite à la publication de la décision de la Fed, Joseph Lake, économiste au cabinet d’analyse The Economist Unit a déclaré qu’une: «légère augmentation des taux d’intérêt de la Fed aurait conduit à une fuite des capitaux dans les marchés émergents, les investisseurs étant à la recherche de rendements meilleurs et plus sûrs aux États-Unis. Cela aurait mis la pression sur ces pays pour qu’ils augmentent leurs taux directeurs, freinant leur demande intérieure au plus mauvais moment.»

Matière à débat

La décision de la Fed de maintenir le loyer de l’argent à son niveau le plus bas (entre 0 et 0.25%) a reçu un accueil très mitigé. D’une part, de nombreux investisseurs américains ont critiqué le laxisme de la Fed en argumentant qu’il était nécessaire d’augmenter les taux d’intérêt afin de contrer une inflation dangereusement basse provoquée par la récente appréciation du dollar et la baisse du prix des matières premières. Sur le plan international, la décision a satisfait la majorité des investisseurs. En particulier, cette décision va permettre aux marchés émergents tels que les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, ndlr) de consolider leurs économies qui ont été affaiblies tout au long de cette dernière année, sans devoir se soucier de la fuite des capitaux hors de leurs territoires, chose qu’une augmentation des taux d’intérêts de la Fed aurait pu causer.

La loi du marché mondial

C’est donc le contexte international, et non pas la solidité de l’économie américaine, qui a persuadé la Fed de prolonger l’application de la même politique monétaire qu’elle mène depuis maintenant près de sept ans. Il s’agit d’une situation assez inédite dans la mesure où la banque centrale s’abstient, généralement, de commenter la situation en dehors de ses frontières. Certains, comme Robert Tipp, responsable des investissements de Prudential Fixed Income (une compagnie de gestion de revenus, ndlr) s’avancent même jusqu’à dire qu’il «y a un changement radical à la Fed: par petites touches, ils déplacent la ligne de front du combat contre l’inflation à la lutte contre les risques baissiers systémiques existants dans l’économie mondiale.»

En somme, les actions de la Fed ne sont plus aussi prévisibles qu’il y a quelques mois. Les spéculations sur les marchés vont donc repartir de plus belle avant les deux prochaines réunions de la Fed prévues d’ici à la fin de l’année. L’interminable débat sur les intentions de la Fed n’est pas sans risques et peut lui-même conduire à des «turbulences» en renforçant l’incertitude, a d’ailleurs déploré Janet Yellen, la présidente de la Fed. «C’est une situation fâcheuse», a‑t-elle assuré. 

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Économies émergentes en déclin https://www.delitfrancais.com/2015/09/15/economies-emergentes-en-declin/ https://www.delitfrancais.com/2015/09/15/economies-emergentes-en-declin/#respond Tue, 15 Sep 2015 20:39:17 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=22952 Le ciel serait-il tombé sur la tête des nouveaux pays industrialisés?

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Vous rappelez-vous vos cours de géographie lors de vos années dans le secondaire? Les marchés émergents étaient «la terre promise» des investisseurs, le salut de la croissance vieillissante des économies développées, le futur cheval de trait de l’économie mondiale. Mais à ce jour, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et leurs acolytes (Corée du Sud, Mexique, Indonésie, Turquie et Arabie Saoudite) ne sont pas au meilleur de leur forme. Le Brésil est entré en récession le 28 août dernier, la Russie est au bord d’une crise financière, la Turquie est en quasi guerre civile contre le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan). L’Afrique du Sud est frappée de plein fouet par la chute des cours des produits miniers, l’Arabie Saoudite est ballotée par les cours du pétrole, la Corée du Sud (6ème exportateur mondial) a vu ses exports chuter de presque 15% en août dernier comparé à la même période l’année dernière, tandis que la croissance de l’Indonésie est au plus bas depuis 2009. Et à la barre de ce Titanic économique se tient la Chine. En proie à une chute de sa croissance, le pays fait face à la débandade de son marché des actions et à une possible crise de la dette publique de ses gouvernements régionaux. D’après le Financial Times, lors des treize derniers mois presque un trillion de dollars ont fui les marchés émergents pour aller se réfugier sur des marchés plus sûrs. Seuls le Mexique et l’Inde semblent avoir réussi à mitiger les dégâts. Le premier grâce à ses relations avec les Etats-Unis tandis que le second surfe sur la vague baissière des matières premières pour relancer son secteur manufacturier. De plus l’Inde a subi sa propre crise économique en 2013 et se trouve donc en plein dans le mouvement haussier de son cycle économique.

Une crise des exports

La Chine et le cours des matières premières, particulièrement celui du pétrole, semblent être les coupables les plus évidents de la présente tourmente des marchés émergents. En effet quand le 3ème importateur mondial et premier importateur mondial de pétrole voit ses imports chuter de 15% en glissement annuel, on peut s’attendre à ce que les pays dont la croissance est basée sur l’export souffrent soudainement d’un large manque à gagner sur leur balance commerciale. La santé de l’économie brésilienne par exemple est inextricablement liée à celle de l’économie chinoise: ses imports, essentiellement des produits de bases, vers la Chine ont été multipliés par 44 entre 2000 et 2011 (Valor Econômico, 2012). Il n’est donc pas étonnant de voir les économies comme le Brésil ou la Corée du Sud chahutées par les récents déboires de l’économie chinoise.

La faute à l’or noir

De son côté, la démarche chaloupée du cours de l’or noir semble être le résultat d’un puissant «bras de fer» entre les pays de l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) et le reste des pays producteurs de pétrole. En effet le cartel pétrolier mené par l’Arabie Saoudite s’est engagé sur le sentier de la guerre en choisissant d’extraire un nombre record de barils par jour depuis le début du crash pétrolier. Le but de cette manœuvre est de forcer les pays à hauts coûts d’extraction à réduire leur production afin que le cours du pétrole se rétablisse à des niveaux raisonnables tout en permettant aux pays de l’OPEP de conserver leur part de marché. Si cette stratégie commence enfin à porter ses fruits, elle est dévastatrice pour les gouvernements des pays émergents tel que le Kazakhstan et le Vénézuela qui financent leur réformes structurelles avec leurs exports pétroliers. Plus grave, les bas niveaux des cours des matières premières exercent une forte pression baissière sur les devises des économies émergentes ce qui a pour effet d’accentuer la fuite des capitaux, augmenter les taux d’intérêts sur la dette souveraine, et de rendre les dettes publiques libellées en devises étrangères beaucoup plus chères.

En somme, même si la situation ne semble pas facile pour les économies émergentes, elle pourrait être bien pire: le bas prix du baril permet aux pays importateurs de pétrole de développer leur secteur manufacturier et force les autres à restructurer leurs économies sur un modèle plus sain que l’export de matières premières. La possible hausse des taux d’intérêts de la Réserve Fédérale américaine ce mois-ci pourrait par contre faire basculer cette situation précaire dans une véritable crise des marchés émergents, le sujet n’est donc pas clos. 

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