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Machine pensante montréalaise

Montréal est choisie comme nouvel emplacement de la FAIR.

Alexis Fiocco | Le Délit

Aucune époque n’aura connu de changements aussi rapides et fondamentaux que celle dans laquelle nous évoluons actuellement. Les avancées technologiques de ces dernières années, bien que moins optimistes que celles prédites par Kubrick dans 2001 : L’Odyssée de l’Espace, ont défié les prédictions de nombreux chercheurs dans ce bien jeune domaine.

Il y a une soixantaine d’années, à l’aube de l’ère des ordinateurs, le scientifique Alan Turing réfléchissait déjà à la possibilité d’une machine pensante. À l’époque des livres d’Isaac Asimov, concepteur des Lois de la Robotique, on décrivait l’Humanité comme étant en constante interaction avec la machine. Au fur et à mesure des années, cette fascination pour la machine, alors qu’un mécanisme intelligent et autonome s’est développé, se transformant ensuite en une certaine crainte. Cette angoisse est d’ailleurs perçue au travers de nombreux films, comme le démontre le blockbuster à succès mondial Terminator, qui décrit de façon post-apocalyptique la relation entre l’Homme et la machine, qui finissent par se battre. Un autre exemple pourrait être celui de la série WestWorld – où, à l’instar de la création du Docteur Frankenstein, la créature s’émancipe de son maître.

Quand l’élève dépasse le maître

Quelle que soit la manière dont chacun perçoit cette avancée, la question de la place de l’intelligence artificielle dans nos existences ne s’est jamais autant posée. Tout comme celle de ses performances, qui ne cessent d’impressionner. Ce n’est qu’en 1997 que le super-ordinateur Deep Blue battit  le champion du monde d’échecs Garry Kasparov. À peine vingt ans plus tard, l’IA AlphaGo de Google Deep Mind gagna au jeu de go contre Lee Sedol, l’un des meilleurs joueurs mondiaux. Pour mieux comprendre l’importance de cette victoire, il est nécessaire de noter que le jeu de go contient plus de configurations possibles dans son déroulement qu’il n’y a d’atomes dans l’univers. Cette course entre le cerveau humain et les IA n’en est pas restée à ces succès : un an plus tard, lors de la compétition du jeu en ligne Dota 2, l’IA OpenAI, remporta la compétition contre le favori Dendi.

Un choix FAIR enough

Suite à cette effervescence d’innovations, il n’est guère surprenant que Facebook se soit joint à la course. Lors de la conférence qui s’est tenue à McGill ce vendredi 15 septembre, les représentants de l’entreprise annoncèrent leur nouveau partenariat dans la recherche avec la ville de Montréal et l’Université McGill. À la tête de l’équipe montréalaise de FAIR (Facebook Artificial Intelligence Research) se tient le professeur Joëlle Pineau, une chercheuse de l’Université McGill. Ce centre de recherche a à sa tête le professeur Yann LeCun, l’un des pères fondateurs du deep learning, c’est-à-dire des algorithmes permettant aux IA de chercher des informations afin de les appliquer à des problèmes concrets.   Les possibles applications quotidiennes auxquelles ces chercheurs aimeraient aboutir s’étendent du domaine de la traduction à celui de la médecine. Un exemple d’une contribution possible des IA serait en ophtalmologie, où l’utilisation de ces nouvelles technologies permet d’obtenir des diagnostics plus sûrs, spécialement sur la question de la rétinopathie diabétique, la cause de cécité visuelle la plus courante au Canada.

Dominique Anglade : Ministre de l’économie, des sciences et de l’innovation Alexis Fiocco | Le Délit

Vers un futur intelligent

Mike Schroepfer, directeur de la recherche en intelligence artificielle chez Facebook explique le choix de Montréal comme nouvel emplacement pour FAIR, suite à ses implantations précédentes à Menlo Park en Californie, New York et Paris, « en raison du talent qu’on y trouve ».  La ville, avec son grand nombre d’universités, ses centres de recherche et ses investissements dans le domaine de la recherche sur les IA fait office de nouveau hub dans la région. Dans son allocution à ce sujet, le Premier Ministre Trudeau a déclaré que le « Canada [était] l’endroit idéal pour former le futur » (Canada is the right place to shape the future, en anglais, ndlr). Quels que soient les avertissements du scientifique Stephen Hawkings sur les dangers d’une machine douée d’intelligence, il ne fait plus aucun doute que les IA auront une place importante dans notre futur et construisent déjà notre présent.


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