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Trois villes, un questionnement

Les maires de Berlin, Buenos Aires et Montréal se sont prononcés sur l’immigration dans le cadre d’une conférence à l’Université McGill.

Engérant

Depuis quelques années, la question de l’immigration est devenue l’une des priorités des milieux politiques. En Europe, l’arrivée massive de réfugié·e·s, la plupart fuyant la guerre de Syrie, a entraîné une véritable crise dans la gestion et l’intégration de ces hommes et femmes venu·e·s trouver refuge dans l’Union européenne. Cependant, d’autres pays, comme le Canada et l’Argentine, ont accepté d’accueillir des réfugié·e·s.

C’est dans cette ambiance chargée de questionnements que la fondation Friedrich Ebert a organisé une discussion entre le maire de Montréal, Denis Coderre, le chef du gouvernement de la ville de Buenos Aires, Horacio Rodriguez Larreta, et le bourgmestre régnant de Berlin, Michael Müller. Cette conférence publique, intitulée « Le développement social et économique des métropoles par l’intégration réussie des immigrants », s’est déroulée à McGill le 19 juin, sous la modération de la professeure de droit Angela Campbell.

Le maire Denis Coderre a commencé sa présentation en décrivant une distinction qui lui semble pertinente dans le domaine de l’immigration : celle en Europe serait liée à un mouvement temporaire, alors qu’au Canada cela serait plutôt dans le but de s’installer et de refaire leur vie. En ce sens, le maire s’est félicité d’avoir implanté un agenda de vigilance promouvant des infrastructures de prévention de la radicalisation ainsi qu’un Observatoire international des maires sur le vivre-ensemble. Le statut de Montréal comme métropole, en voie d’obtention avec le projet de loi 121, devrait aussi faciliter l’intégration d’immigrants.

Les trois figures politiques se sont entendues sur le besoin de reconnaissance des diplômes dans leur pays d’accueil. Le bourgmestre de Berlin a aussi fait valoir qu’il fallait aussi s’attaquer à la situation inverse : de nombreux réfugiés ne possèdent pas de qualifications professionnelles particulières. Michael Müller a soulevé ce problème en expliquant qu’il faudrait un programme spécialisé pour ces individus, en partenariat avec des entreprises. Pour sa part, Horacio Rodriguez Larreta à détailler le désir de son gouvernement d’offrir des services plus appropriés aux commerces en les officialisant. Il ne considérait pas que l’intégration d’immigrants dans le milieu du travail proposait un réel enjeu en Argentine.

Sur la question de la discrimination en milieu de travail, Horacio Rodriguez Larreta et Michael Müller ont déclaré que les lois anti-discriminations mises en place dans leur pays respectif jouent un rôle important dans la réduction de ce problème. Müller a aussi fait valoir un projet de candidature anonyme. Pour sa part, Denis Coderre a évoqué le Bureau d’intégration des nouveaux arrivants à Montréal (BINAM) et son but, de faciliter l’intégration sociale et économique des immigrants.

En réponse aux actes terroristes et l’influence que ceux-ci peuvent avoir avec l’immigration, les trois maires se sont fait rassurants. La prévention et le dialogue constituaient leurs points de vue sur le sujet. De plus, ils condamnaient tous la montée du populisme ambiant, quoique le maire de Buenos Aires ne semblait pas considérer que sa capitale était affectée par les mouvements nationalistes.

Le présent événement fut l’occasion pour ces trois maires de défendre leur bilan et leurs initiatives. En se prononçant chacun sur leurs politiques, ils n’ont néanmoins pas interagi entre eux ou réfléchit collectivement aux problèmes, optant plutôt pour un rapport unilatéral avec le public. En l’absence de réfugié·e·s pour confirmer ou infirmer ces propos, il semble difficile de se prononcer sur les effets réels de ces pratiques gouvernementales.


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