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Frédéric Lefebvre oscille entre avocat et député

Frédéric Lefebvre s’est joint à un cabinet d’avocat international pendant son mandat de député.

Webmestre, Le Délit | Le Délit

 

Entre remise en cause de l’intégrité de M. Lefebvre et l’exclusion de M. Regnard du parti Les Républicains, cet avant premier tour des législatives a été mouvementé pour la droite. Aujourd’hui député sortant et candidat à sa réélection, Frédéric Lefebvre n’est pas sûr de garder sa place à l’Assemblée nationale française. Lui qui a été élu en 2013 à l’occasion d’une élection partielle qui connut à l’époque un taux d’abstention de l’ordre de 80% est menacé sur sa gauche par Roland Lescure, candidat du mouvement d’Emmanuel Macron, et sur sa droite par Damien Regnard, candidat désormais dissident des Républicains.

Attaqué pour avoir employé sa femme comme collaboratrice parlementaire, et pour avoir continué à siéger au sein du Conseil régional d’Île-de-France alors élu député, il apparaît que M. Lefebvre a en début d’année rejoint un cabinet d’avocat international basé à Atlanta, en Géorgie. 

Lemoine & co.

Créé en 1997, le cabinet d’avocats Carreras & Lemoine donne des conseils légaux en matière de droit international. Les deux avocats éponymes sont Eduardo Carreras et Dominique Lemoine, tous deux titulaires du barreau de l’État de Géorgie. Depuis 1992, monsieur Lemoine est aussi admis au barreau de New York. Quant à Monsieur Carreras, il avait été admis en 1979, mais a été suspendu à deux reprises, une fois en 2004 et une autre en 2013. Monsieur Lefebvre, lui, n’est titulaire d’aucun barreau de quelque État américain.

Le cabinet change de nom en janvier 2017, et devient Lemoine & Lefebvre. La description fournie par Linkedin est identique pour les deux entreprises, si ce n’est que la deuxième a « strategic investment advice » (« conseils d’investissement stratégique », ndlr) à sa liste de compétences. Sur la page Facebook du cabinet, peu active, on peut notamment voir un post vantant la proximité apparente entre Frédéric Lefebvre et Bill Clinton lors de l’inauguration du président américain Donald Trump.

Interrogé par Le Délit, Dominique Lemoine a confirmé le rattachement du député des Français à l’étranger au cabinet. « Le nom du cabinet a été changé au cours du premier semestre de 2017 » a‑t-il expliqué, précisant toutefois que la « participation » du député n’est pas encore « opérationnelle », et qu’il n’a, jusqu’à lors « contracté aucun client et [n’a] perçu aucune rémunération ». M. Lefebvre, avocat au barreau de Paris, travaillera pour le bureau parisien du cabinet, indique M. Lemoine.

Lefebvre se défend de toute mauvaise intention

Interrogé par le Délit à travers son conseiller de presse Jean-Christian Larrain, monsieur Lefebvre s’est défendu  de toute mauvaise intention. « Une association est un grand classique » dans [la profession d’avocat ]» a‑t-il expliqué, avant d’ajouter que cette union « ancr[ait] encore plus [son] activité en Amérique du Nord ».

Qui plus est, le député assure avoir reçu le « quitus du déontologie de l’Assemblée nationale en France en mars ». Il n’a pas précisé s’il avait signalé son activité à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), organe qui, en France, s’occupe des situations fiscales et patrimoniales des élus.

Notons que la loi de la moralisation de la vie publique, présentée ce 1er juin par François Bayrou, ministre de la Justice, prévoit d’encadrer toute activité de conseil, et notamment la profession d’avocat, ceci pour tout parlementaire.

Pour l’instant, aucune des personnes interrogées par Le Délit n’a présenté l’expertise que monsieur Lefebvre allait apporter à la firme, ni expliqué pourquoi l’intéressé a effectué ces changements pendant qu’il siégeait à l’Assemblée Nationale.


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