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Le syndicalisme à McGill

Retour sur l’année 2016 – 2017 

Jules Tomi | Le Délit

Ces derniers mois furent agités pour la vie syndicale de McGill. Deux principaux sujets possibles viennent tout de suite à l’esprit : le combat du SEOUM pour un traitement plus juste des employés temporaires, et celui des floor fellows, coordinateurs des résidences.

Il y a maintenant deux ans, le Syndicat des employé·e·s occasionel·le·s de l’Université McGill (SEOUM,  AMUSE en anglais, ndlr) a initié des négociations avec l’administration de McGill afin de faire progresser la situation de leurs membres. Parmi les revendications du syndicat, une augmentation du salaire minimum à 15 dollars de l’heure, une meilleure protection d’emploi pour les contrats de remplacement, plus de sécurité pour les travailleurs manuels, une clarification des droits des employés et des périodes de repos, et de meilleurs avantages sociaux tels que les remboursements de soins hospitaliers. Devant la réticence de l’université et la lenteur des négociations, le SEOUM — composé à environ 85% d’étudiants — s’est mis en grève fin octobre. On a d’ailleurs pu apercevoir le piquet à l’intersection Sherbrooke et l’avenue McGill avenue pendant quelques jours. Ces manifestations ont atteint leur apogée le 3 novembre, le soir de la vidéo-conférence d’Edward Snowden dans l’amphithéâtre Leacock 132. Les grévistes, dont certains étaient censés travailler au soutien logistique de cet évènement, ont profité de la foule conséquente attirée pour tenter d’informer le public de leur combat, en formant un piquet de grève à l’entrée de l’amphithéâtre. Après des heures d’attente et du retard pris sur le début de l’évènement, l’exaspération de ladite foule s’est fait sentir, et des slogans fleuris tels que « fuck your strike !» se firent entendre. 

Un nouvel accord fut finalement signé en janvier, garantissant notamment un salaire minimum de 13,75 dollars de l’heure pour les employés de classe A, tandis que ceux de classes B et C verront leur rémunération augmenter graduellement au cours des prochains mois.  Ces catégories distinguent les employés en fonction de la complexité de leur travail, de la précision de leurs instructions et du besoin ou non de formation. Les membres de la classe A doivent exécuter des tâches simples, et n’ont besoin que d’une formation minimale, tandis que les membres de la classe B ont des fonctions, et plus complexes encore pour les membres de la classe C.

Ce n’est cependant pas la fin des litiges entre le SEOUM et l’administration de McGill. Face à un véto du sous-comité des ressources humaines mcgilloises d’une proposition pour l’augmentation des salaires des floor fellows, le syndicat est reparti en campagne. En effet, bien que syndiqués, les floor fellows n’ont pas le statut d’employés ni de contrat de travail, et ne reçoivent donc pas de salaire. Ils bénéficient toutefois d’un logement et de repas gratuits. Une motion fut déposée en février à la Cour supérieure du Québec requérant le paiement immédiat de ces étudiants qui participent à l’accueil à Montréal des premières années qui logent en résidence. Notons que l’injonction n’est pas collective, et devait être signée individuellement par chaque floor fellow souhaitant en faire partie. La moitié des intéressés ont participé. MUNACA, le syndicat des employé·e·s de soutien, a par ailleurs annoncé son soutien au SEOUM suite à ce recours à la justice. Les deux syndicats tentent de fusionner depuis 2012, mais le projet n’a toujours pas abouti, la procédure étant constamment retardée par le processus de fusion de syndicats qui prend souvent plusieurs années au Québec. Contrairement à la précédente situation, les négociations sont toujours en cours. Notons qu’Isabelle Oke, récemment élue aux Affaires universitaires à l’AEUM, représentait les floor fellows au sein du SEOUM et a participé aux négociations avec McGill, étant elle-même floor fellow. Le conflit a récemment été résolu avant l’apparition devant la justice, McGill proposant une rémunération de 13,15 dollars de l’heure aux floor fellows. SEOUM s’est montré satisfait, malgré les doutes de certains qui affirment que le salaire n’était qu’une revendication secondaire, et que la réelle raison derrière leur union était la protection de leur environnement de travail.


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