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Au collège néoclassique

Rencontre avec le cofondateur et conseiller municipal Guillaume Lavoie.

Mahaut Engérant | Le Délit

Dans un petit restaurant, à deux pas de l’Hôtel de Ville de Montréal, s’est déroulée ma rencontre avec Guillaume Lavoie, conseiller municipal de la Ville de Montréal et co-fondateur du Collège néoclassique. Nous y avons discuté philosophie, politique municipale et projets de société, mais surtout, du Collège néoclassique. 

Le Collège néoclassique s’est construit autour de cette croyance que la philosophie, de par son héritage de la pensée critique, puisse apporter à de jeunes gens les éléments essentiels à leur vision du monde. Comme le formulait si bien Guillaume Lavoie, nous sommes sans cesse confrontés à des questions que nous nous posons depuis l’Antiquité. De surcroît, cette impression constante de nouveaux défis ne serait en fait que notre propre défaite face à des problèmes holistiques qui nous suivent depuis déjà bien longtemps. Pensons notamment aux débats sur la Charte des valeurs québécoises. Nous pouvons remonter jusqu’à la Magna Carta–et même plus loin encore- pour constater que les questions entourant la relation entre les droits des minorités et de ceux de la majorité sont étudiées depuis bien longtemps. C’est de cette manière que les enseignements offerts par le Collège néoclassique peuvent être d’une importance cruciale pour de jeunes professionnels ; ils leur permettent de s’ouvrir au monde par l’intermédiaire d’une perspective beaucoup plus large. Il exemplifiait la chose en exprimant que « l’enseignement des collèges classiques venait [autrefois] avant celui des médecins, avocats et ingénieurs », qu’il s’agissait d’une formation préparatoire. Il insista sur le caractère premier que devrait avoir la formation classique. La formation technique devrait, selon lui, se construire au-dessus de la précédente. Conséquemment, l’enseignement prodigué par le collège a pour but de susciter la réflexion chez de jeunes professionnel·le·s impliqué·e·s. Par exemple, lorsqu’il est temps de se questionner sur les moyens devant endiguer un système ou des lois afin de prévenir la corruption, il peut être fort utile, voire crucial, de comprendre les multiples tentatives qui ont été tentées au courant de l’histoire. Voilà l’une des forces de l’enseignement classique. 

En ce sens, le Collège néoclassique n’arbore pas la prétention d’offrir à ses membres l’enseignement d’une philosophie dite académique. Bien au contraire, il entend leur offrir une philosophie pratique et condensée. Alors qu’il sera parfois question de formations concernant la rhétorique (divisées en trois niveaux), les participants auront d’autres fois affaire à des journées organisées autour de Machiavel, la corruption, la justice, la gouvernance étatique ou même la vie démocratique. En outre, la formation est majoritairement assurée par Maxime Allard, lui-même professeur titulaire aux facultés de philosophie et de théologie du Collège universitaire dominicain et grand pédagogue, selon les dires de Guillaume Lavoie. Par ailleurs, il tenait à raconter une petite anecdote cocasse concernant l’origine du collège : durant les années 2000, alors que Maxime Allard et Guillaume Lavoie étaient à l’étranger, à chacune des fois où ils se sont retrouvés ensemble, le projet d’un établissement semblable à celui du collège refaisait surface. C’est ainsi qu’après un bien long moment à en parler, et après des centaines d’heures consacrées au projet, que ce dernier a pris forme en 2010. Comme quoi, il aura fallu bien des années pour qu’il puisse enfin aboutir. 

En fin de compte, c’est un projet profondément humaniste que nous aurons offert Maxime Allard et Guillaume Lavoie. Gageons qu’il gagnera en notoriété avec la multiplication des succès qu’il suscite déjà.


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