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La démocratie selon McLachlin

Retour sur le point de vue de la Juge en Chef du Canada concernant notre démocratie.

Mahaut Engérant | Le Délit

Le programme Workshops on Social Science Research (WSSR, Ateliers sur la recherche en sciences sociales en français, ndlr) mené par l’Université Concordia organise des ateliers portant sur divers sujets, tels que la gouvernance démocratique ou la philosophie politique. Il permet aux étudiants de faire de la recherche en utilisant des méthodes des sciences sociales. Le WSSR se penche aussi sur la question de l’état de la démocratie au Canada dans le cadre du 150e anniversaire de la confédération canadienne. Le 17 mars, la Juge en Chef à la Cour suprême, Beverley McLachlin, était présente à l’Université Concordia afin de partager son opinion sur l’état de la démocratie du pays.

Une analyse historique

Elle a entamé son discours en nommant les cinq moments décisifs qui ont formé la démocratie canadienne, telle qu’elle est aujourd’hui. Évidemment, la création de la confédération sous l’Acte de l’Amérique du Nord britannique en 1867, stipulant des valeurs de démocratie, de fédéralisme, de diversité et de respect des minorités, fut les fondations mêmes du Canada. C’est à ce moment décisif que le Canada est devenu une démocratie et que ses citoyens sont devenus ceux qui gouvernent, via leurs représentants élus. 

Elle continue avec le deuxième moment qui, pour elle, a été l’affaire « personne » (1929). Celle-ci a établi que tous les citoyens sont égaux, donnant le droit aux femmes de siéger au Sénat. En troisième lieu, l’adoption de la Charte canadienne des droits et libertés (1982) qui a établit l’indépendance du pays et a réaffirmé les valeurs stipulées dans l’Acte de l’Amérique du Nord britannique, fut un moment important pour notre démocratie. Le quatrième moment a été la reconnaissance des droits des autochtones qui est toujours en cours jusqu’aujourd’hui, selon la juge McLachlin, via de multiples traités ainsi que la Commission de vérité et de réconciliation (2008–2015).

Enfin, le cinquième moment définitif a été le renvoi relatif à la sécession du Québec, la Cour suprême jugeant que la sécession unilatérale du Québec serait légale, si une majorité claire de Québécois votaient pour se séparer du Canada. La juge McLachlin affirme que cette décision a été examinée par plusieurs pays qui eux aussi ont fait face à la même problématique interne. 

Simone McLachlin

La conférence s’est ensuite prolongée par une séance de question-réponse. Juge McLachlin a affirmé que l’état de la démocratie canadienne s’est grandement amélioré depuis son début. Elle stipula que le Canada a désormais une démocratie plus juste qu’au moment de la création de la confédération. Cependant, elle admet qu’il y a place à amélioration. C’est pourquoi, elle indiqua que si elle pouvait offrir un cadeau à la démocratie canadienne aujourd’hui, ce serait une plus grande représentation pour les femmes, les autochtones, et les personnes appartenant à un groupe minoritaire. Quand on lui a posé une question concernant le prochain « sujet chaud » en droit, qui préoccuperait la Cour suprême dans les années à venir, elle répondit que l’avancement exponentiel de la technologie, une nouveauté pour le système juridique, posera sans doute un défi pour ce dernier. Sur une note un peu  personnelle, Beverley McLachlin détentrice d’un baccalauréat ainsi que d’une maitrise en philosophie, admet que la philosophe qui l’a inspiré et qui a influencé et continue d’influencer sa vision du monde est Simone de Beauvoir. Son œuvre lui a permis de trouver le courage et la confiance suffisante pour oser dans le monde du travail en tant que femme.


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