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Parlons diversité

Quelles sont les conditions de délibération sur la diversité au Québec ?

Webmestre, Le Délit | Le Délit

Le cycle de conférence « Qui peut parler de la diversité au Québec ? », organisé par le Centre de Recherche Interdisciplinaire sur la Diversité et la Démocratie (CRIDAQ), a pour but d’explorer les conditions de débat sur la question de la diversité culturelle. Dans le cadre de ce cycle, Dalila Awada a tenu une discussion sur la question jeudi le 9 mars dernier, à l’Université Concordia.

Dalila Awada, militante antiraciste et féministe, est une étudiante en maîtrise et est bien connue sur les réseaux sociaux, notamment depuis le débat sur la Charte des valeurs. Elle a cofondé l’organisme Paroles de Femme, une organisation qui vise à permettre aux femmes racisées de s’exprimer librement et en sécurité.

S’exprimer en sécurité

Au Québec, il n’y a pas de conditions optimales pour parler de diversité, explique Dalila Awada. Comme beaucoup de femmes racisées qui s’expriment sur ce sujet, la militante musulmane et féministe est souvent victime de la violence qui émane de l’espace public et dans les réseaux sociaux. Ces femmes issues de minorités ethnoculturelles sont souvent victimes à la fois de racisme et de sexisme. Bien souvent, cette haine a un fort effet dissuasif sur celles-ci et beaucoup décident de se taire et de se retirer de la sphère publique.

Selon la conférencière, il est impératif pour améliorer les conditions de délibération de ne pas être passifs face à ces attaques violentes. Il ne faut pas hésiter à dénoncer cette violence pour la contrer.

Les discours tolérés

Le choix des mots est essentiel pour être écouté, continue Dalila Awada. Par exemple, il est souvent conseillé de ne pas utiliser les termes « racisme », « sexisme » et « xénophobie » pour dénoncer les oppressions que certaines personnes subissent, pour ne pas mener au déni de la situation et stériliser le débat. Cependant, la militante soutient qu’il est important d’imposer ces mots dans l’espace public pour rendre justice à l’expérience que vivent les personnes opprimées. Pour améliorer les conditions de délibération au Québec, il est important de ne pas diluer les mots pour ne pas nier ou atténuer la violence que subissent les victimes.

Qui peut en parler ?

Sur les plateformes sociales et dans les tribunes, les personnes issues de minorités sont encore sous-représentées, celles-ci ont peu de place pour se faire entendre. De plus, lorsqu’elles ont l’opportunité de prendre parole, elles sont souvent contraintes à des conditions qui ne sont pas les leurs et ne sont pas complètement libres d’exprimer et de partager leur expérience.

Près d’une soixantaine d’organismes comme la Confédération des Syndicats Nationaux (CSN) et quelques partis politiques, tels que Québec Solidaire, Projet Montréal et le Parti Libéral du Québec,  demandent la mise en place d’une commission d’enquête contre le racisme systémique. Cette commission laissera la parole aux minorités et a pour but de mieux comprendre le racisme dans les institutions et ultimement, de s’attaquer à ce problème.

Pour donner la parole aux personnes qui sont victimes de discrimination, il faudrait les laisser partager leurs expériences sans vouloir limiter ce qu’elles ont à dire. Cela leur donnerait la chance d’être écoutées affirme Dalila Awada, et leurs paroles pourraient construire des ponts et contribuer à une province moins exclusive. 


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