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Vers une Afrique unifiée ?

Retour sur le problème marocain lors du 28e sommet de l’Union Africaine.

Mahaut Engérant | Le Délit

Pendant le sommet de l’Union africaine (UA), qui s’est déroulé du 22 au 31 janvier 2017 à Addis Ababa en Éthiopie, le Maroc était sur toutes les lèvres. En effet, ayant quitté l’organisation panafricaine, (à l’époque appelée « Organisation de l’unité africaine ») sous le règne de Hassan II, le pays a ensuite demandé en juillet 2016 à la réintégrer, ce qui ne fait pas l’unanimité au sein de l’Union.

D’où viennent les désaccords ?

Malgré le lobbying intense du pays ces derniers mois, le Maroc aurait pu voir sa demande de réintégration dans l’UA ne pas aboutir, pour plusieurs raisons. La principale étant les rivalités entre le Maroc et l’Algérie, cette dernière demeurant un atout majeur de l’UA. C’est à cause de cette relation conflictuelle que l’examen de la demande d’entrée du Maroc a été maintes fois retardée. Par ailleurs, une dizaine de pays étaient d’accord avec le fait que le Maroc fasse d’abord l’objet d’un « avis juridique », ce qui aurait reporté l’adhésion d’au moins six mois. Cela montre bien que le pays n’est pas spécialement le bienvenu.

Pourquoi ça coince ?

Dans le Sahara occidental, il existe un État auto-proclamé du nom de République arabe sarahoudie démocratique (RASD), dont le Maroc, contrôlant 80% de son territoire, refuse de reconnaître l’existence. La réintégration de Rabat au sein de l’UA pourrait causer l’exclusion de la RASD de cette même association, ce à quoi l’Algérie et l’Afrique du Sud s’opposent ouvertement. Le conflit majeur dans cette situation est entre le Maroc et le Front Polisario, le parti politique issu du mouvement autonomiste de la RASD. L’UA étant une organisation portant sur la démocratie, les droits de l’Homme, et du développement à travers l’Afrique, un tel désaccord peut engendrer des conséquences.

Que fait le Maroc pour plaider sa cause ?

La volonté du roi Mohammed VI était très claire- ment affichée lors de ce sommet. En effet, bien que le pays soit une monarchie, et donc que les affaires politiques sont gérées par le roi, celui-ci a choisi de s’entourer d’une forte équipe afin que son lobbying soit des plus intense. En multipliant les têtes à têtes avec les chefs d’État, et en comptant sur des pays « alliés » tels que le Sénégal, la Guinée Équatoriale, etc., ayant toujours considéré le Maroc comme partie intégrante de la famille africaine, il a fini par obtenir le droit de réintégrer l’UA. Le roi a donc été invité, le mardi 31 janvier 2017 à faire un discours à la clôture du sommet ; discours « historique » à en croire certains commentateurs.

Et après ?

L’attention qu’a suscité ce sommet de l’UA est presque inédite. Son déroulement pose plusieurs questions. Maintenant que le Maroc a reçu le feu vert pour sa réintégration, qu’en sera-t-il de la RASD ? Le membre le plus puissant de l’UA, l’Algérie, n’a pas l’habitude d’être contrarié, et cela pourrait avoir un impact sur ses relations diplomatiques avec le Maroc. Quelles en seront les conséquences vis-à-vis des projets d’action de l’UA ? Il est encore trop tôt pour formuler des hypothèses.


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