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Françoise David, citoyenne engagée

Une véritable guerrière pour les marginalisés tire sa révérence.

Mahaut Engérant | Le Délit

Françoise David vient de la génération des femmes baby-boomers qui ont suivi les traces de Marie-Claire Kirkland Casgrain, première femme députée, et plus tard ministre, pour sortir du moule des Yvettes et se tailler une place dans la sphère politique québécoise. Au moment de quitter la politique, citant la fatigue et la santé comme raisons principales,  la députée laisse un parcours professionnel et politique qui est un exemple pour les générations actuelles et futures.

Une pionnière féministe

Avant son entrée dans le monde politique, elle travaille au sein de Regroupement des centres de femmes du Québec, avant de devenir présidente de la Fédération des Femmes du Québec (FFQ). Sous son mandat, elle organise deux marches : la marche « Du pain et des roses » contre la pauvreté des femmes en 1995 et la « marche mondiale des femmes contre la pauvreté et la violence » en 2000. Samedi dernier, soit le 21 janvier 2017, se sont tenues 675 marches et rassemblements de femmes dans le monde en support à la Women’s March on Washington, visant à envoyer un message clair au nouveau président américain Donald Trump. Les femmes de Montréal se sont également mobilisées à l’esplanade de la Place des Arts pour un rassemblement de deux heures. Ces démonstrations de force du mouvement féministe n’auraient pas été possibles sans la contribution de femmes comme Françoise David. 

Faire ses preuves

Ayant eu un impact dans la société civile, elle lance le mouvement Option citoyenne en 2004, qui fusionnera avec l’Union des forces Progressiste (UFP), menée par Amir Khadir, pour devenir Québec Solidaire (QS). Alors que M. Khadir arrive à l’Assemblée nationale en 2008, Françoise David est élue pour la première fois en 2012. Lors d’un débat des chefs qui n’a pas eu de gagnant, elle a été l’opposante la plus ardente du premier ministre de l’époque, Jean Charest, en particulier sur la question de la hausse des frais de scolarité et des places subventionnées en garderies. Ceci lui aura valu la confiance des électeurs de Gouin, qui l’enverront siéger en leur nom à Québec. Cette confiance sera renouvelée en 2014, lors de sa réélection. Son leadership au sein de QS ne fut jamais remis en question. 

À la défense des marginalisés

L’ancienne président de la FFQ lutte également contre les inégalités sociales, pour la responsabilité environnementale et pour une démocratie plus saine. Le rôle de son parti pendant 10 ans aura été d’amener un point de vue qui défiait le statu quo. Un exemple parfait de cette influence est l’adoption de la loi 492, qui empêchait l’expulsion des aînés de leur logement, en 2016. Madame David a d’ailleurs avoué que ceci était l’une de ses plus grandes victoires politiques. Maintenant qu’elle a tiré sa révérence, ses héritiers se doivent de reprendre le flambeau si QS espère demeurer compétitif dans l’espace politique du Québec.

Irremplaçable Françoise ?

Tout comme un être humain, un parti politique ne peut survivre sans un cœur. Ce que QS a perdu, c’est son organe vital. Il n’est pas question ici de diminuer la contribution d’Amir Khadir, Manon Massé ou Andrés Fontecilla, mais nul ne peut remettre en question l’apport significatif de Françoise David. QS devra pourtant trouver un moyen de reconquérir la nouvelle génération. Parmi les noms qui circulent, on entend celui de Gabriel Nadeau-Dubois, ce jeune qui fut l’un des leaders de la grève étudiante de 2012 ainsi qu’une des têtes d’affiche du collectif non-partisan « Faut qu’on se parle » . Ce qui est certain, c’est que la personne choisie pour mener le parti devra faire face à tout un défi : succéder à l’une des femmes les plus influentes des dernières années du Québec. Madame David a promis de demeurer une citoyenne engagée, et de travailler autant que possible au développement de son projet politique. Ainsi, la relève ne devrait pas hésiter à lui demander conseil.


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