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L’ambiguïté du temps

Que nous réserve 2017 ?

Vittorio Pessin | Le Délit

2016 vient à peine de tirer sa révérence que déjà tout le monde semble s’accorder pour dire que 2017 sera une année marquante. Une année remplie de populisme, de fausses-nouvelles, de désastres écologiques, de peur, de célébrités qui meurent et d’enfants dans le monde qui ne mangent pas à leur faim. Alors que tout semble aller trop vite, jamais les heures ne se seront écoulées aussi lentement à McGill. Les jours laissent place aux suivants et une année avale l’autre sans faire trop de bruissements. Si la terre entière semble être vouée au chaos, le hâvre mcgillois perdure et donne presque l’impression que tout n’est pas si mal après tout. 

En effet, à force d’entendre que tout va mal, que le monde est sans cesse sur le point d’imploser et que tout n’a jamais été aussi mal on oublie trop facilement que bien au contraire, tout n’a jamais été aussi bien. Ces dernières années, le taux de mortalité infantile a chuté de façon drastique, l’accès à l’éducation n’a jamais été aussi facile, la pauvreté, bien qu’encore présente, recule de plus en plus. Malheureusement, bien que les statistiques semblent nous prouver le contraire, le moral des êtres humains semblent avoir atteint des fonds abyssaux. Mais, est-ce là la preuve de l’ingratitude de l’Homme, ou plutôt une preuve d’un pessimisme lucide et éclairé ? 2016 s’est éteint en emportant avec elle une certaine lueur d’espoir et a fait place à une année 2017 résignée qui ne sait plus vraiment vers quel saint se tourner pour mettre fin à ses tourments. Du Brexit à l’élection américaine en passant par les nombreux attentats, 2016 nous a démontré que l’Histoire qui se déroule sous nos yeux est une bête capricieuse et parfois égoïste. Nul n’aurait pu prédire ceci ou cela. Est-ce là la faute aux messagers, voire aux médias ? Ou plutôt aux Hommes résignés qui ont misé sur une bonne fortune illusoire sans prêter attention au monde qui se déroulait devant eux, et sans eux.

Est-il raisonnable de croire que l’on peut encore faire changer les choses sans y perdre sa raison ?

Notre rapport à l’Histoire

« Ce que raconte l’Histoire n’est en fait que le long rêve, le songe lourd et confus de l’humanité » écrivait Arthur Schopenhauer. Depuis peu, ce rêve confus dans lequel nous vivons semble filer à toute allure. Le monde autour de nous semble faire fi de nos envies et de nos espoirs. L’Homme se retrouve alors condamné à vivre cette histoire sans savoir comment réagir. 2017 vient de commencer et on se demande déjà si l’on va se réveiller encore plus perdu en 2018. Cependant, quel est notre rapport réel à l’histoire ? Sommes-nous réellement capable de reconnaître les faits marquants qui changeront l’Histoire lorsque nous la vivons ? Aurons-nous des regrets quant à ce que nous vivons ? Avons-nous réellement le pouvoir de changer les choses ou ne serait-ce là qu’une mince illusion que l’on entretient mutuellement afin de donner un sens à nos existences ? À partir de quel moment l’Histoire devient-elle irréversible ? Le deviendra-t-elle ? Les générations suivantes diront-elles de nous que nous avons été un peuple complice ? Les héros existent-ils encore ? Est-il raisonnable de croire que l’on peut encore faire changer les choses sans y perdre sa raison ?

Pour d’autres, 2017 sera aussi l’année de l’espoir, ce mince filet de hardiesse naïve que l’on peut se résoudre à abandonner.

Le déchaînement de la peur

En vérité, l’année 2017 s’annonce être celle de la peur. Celle où l’on saute dans le vide sans savoir s’il y aura un filet pour nous rattraper au final de notre chute. Ce serait cependant trop facile. Succomber à cette peur, c’est déclarer forfait avant même d’avoir commencé. Pour d’autres, 2017 sera aussi l’année de l’espoir, ce mince filet de hardiesse naïve que l’on peut se résoudre à abandonner. Nos luttes peuvent parfois paraître comme étant des coups d’épée dans l’eau, certes. Et l’impression de peur qui accompagne ce début d’année cache le fait que, sans doute, ça n’a jamais été aussi bien. Ça, il ne faut pas l’oublier, en traçant quelques pas dans la neige des allées sauves de notre campus.


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