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Golden Globes : contes et décomptes

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Dimanche 8 janvier dernier avait lieu à Los Angeles la 74e cérémonie de récompenses décernées par la Hollywood Foreign Press Association, mieux connue sous le nom de cérémonie des Golden Globes. Cette cérémonie est clé dans la conquête de récompenses pour un film, puisqu’elle fait office d’antichambre aux Oscars, la cérémonie la plus prestigieuse du circuit. Retour sur cet événement en chiffres.


VII 

Le film événement de la cérémonie, La La Land (Damien Chazelle), remporte 7 Golden Globes, battant ainsi un record historique (les films les plus titrés dans cette cérémonie étaient jusqu’alors Vol Au Dessus d’un Nid de Coucou (Milos Forman, 1975) et Midnight Express (Alan Parker, 1978) avec 6 récompenses). Le film remporte tous les prix dans les catégories dans lesquelles il était nominé, notamment celui de la meilleure comédie et du meilleur réalisateur. Emma Stone et Ryan Gosling remportent pour leur part les Golden Globes de la meilleure actrice et du meilleur acteur dans une comédie ou un film musical. Ce triomphe reste cependant à nuancer car il faut reconnaître que la concurrence dans leur catégorie respective n’était pas à la hauteur de celle qui régnait dans celles de meilleur acteur et actrice dans un film dramatique. Les performances de Gosling et Stone, bien que de qualité, devront maintenant convaincre le jury des Oscars. Pour cette prochaine cérémonie, les deux acteurs feront face aux acteurs dramatiques également, puisque l’Académie ne distingue pas les catégories comédie et drame.

Casey Affleck, primé pour son excellente et touchante performance dans l’émouvant Manchester by the Sea  (Kenneth Lonergan), et Isabelle Huppert qui a reçut avec surprise le Golden Globe de la meilleure actrice dans un film dramatique pour sa très bonne interprétation d’une femme violée à la recherche de son agresseur dans Elle (Paul Verhoeven) sont notamment de sérieux concurrents.


XXI

C’est le nombre de récompenses gagnées par Meryl Streep tout au long de sa carrière. Détentrice du record du nombre d’Oscars de la meilleure actrice, la grande dame du cinéma a été récompensée par le Cecil B. De Mille Award lors de la cérémonie des Golden Globes. Il s’agit d’une des récompenses ultimes pour les artistes puisqu’elle célèbre l’ensemble de leur carrière cinématographique. Le nom de Meryl Streep vient donc s’ajouter au panthéon des grands du cinéma, tels que Walt Disney, Audrey Hepburn ou encore Jack Nicholson. C’est une Viola Davis très émue qui a remis le prix à Meryl Streep, offrant un des moments les plus touchants de la soirée. Lorsque Mme Streep est montée sur scène pour accepter sa récompense d’une voix chargée d’émotion, la caméra s’est baladée sur les visages pleins d’admiration des différents acteurs présents, soulignant l’impact que cette grande actrice a pu avoir sur ceux qui font le cinéma d’aujourd’hui.

Après avoir brièvement remercié la Hollywood Foreign Press,  Meryl Streep a décidé de consacrer son discours à un sujet qui lui tient visiblement très à cœur et s’est donc livrée à une critique fine et intelligente du nouveau président américain Donald Trump, sans jamais le mentionner. Devant un public conquis d’acteurs très hostiles à Trump, elle a déploré l’arrogance et la méchanceté de l’homme qui s’est moqué d’un journaliste handicapé, avant d’appuyer l’importance du multiculturalisme, soulignant notamment que l’industrie cinématique ne serait pas la même sans un métissage culturel. Si certains internautes ont critiqué cette initiative, arguant qu’il n’est pas du rôle de l’actrice de donner un avis politique, le geste de Meryl Streep reste très louable puisqu’elle n’a pas hésité à faire bon usage de son influence pour éveiller les consciences.


IX 

Cela fait maintenant 9 ans que Marion Cotillard a remporté le Golden Globes de la meilleure actrice dans un drame pour La Môme (Olivier Dahan, 2008) avant d’obtenir l’Oscar. Isabelle Huppert semble bien partie pour marcher dans les pas de sa compatriote puisqu’elle a remporté le Golden Globes de la meilleure actrice dans un drame dimanche dernier, coiffant au poteau de sérieuses concurrentes, telles que Amy Adams (Arrival, Denis Villeneuve), Jessica Chastain (Miss Sloane, John Madden) et surtout Nathalie Portman (Jackie, Pablo Larraín).


VIII

C’est le nombre de nominé·e·s de couleur pour les récompenses les plus importantes (meilleur acteur et actrice dans une comédie, meilleur acteur et actrice dans un drame, meilleur acteur et actrice dans un second rôle, meilleur réalisateur, sur 25 concurrents au total). Suivant la débâcle de « Oscar So White » de l’an dernier, on remarque une augmentation du nombre d’acteurs de couleur nominés. S’il reste tout de même des efforts à faire pour offrir à ces acteurs des rôles à la mesure de leur talent, cette augmentation reste tout de même encourageante. Plus encourageant encore, c’est l’importance des minorités dans les séries TV. Avec des beaux rôles et beaucoup de premiers rôles, notamment dans les séries Black-ish, Atlanta, The People VS O. J Simpson : American Crime Story, la saison télévisée 2016–2017 semble célébrer le talent des minorités. Si l’industrie du cinéma pouvait s’inspirer de sa cousine du petit écran, le rêve multiculturel de Meryl Streep gagnerait en consistance.

La cérémonie des Golden Globes de 2017 semble sur la bonne voie en ce qui concerne la célébration des minorités culturelles et des différences, et les grands du cinéma semblent plus engagés que jamais. Il est vrai qu’il est un peu facile pour ces êtres privilégiés aux costumes et robes de créateurs de luxe qui ont passé leur soirée du 8 janvier à siroter du Moët et Chandon de se permettre de faire des commentaires sur les inégalités. Il n’en reste pas moins que dans les moments difficiles que nous traversons, la note d’espoir insufflée par ces personnes influentes reste très inspirante. ξ


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