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GRIP, pris en grippe ?

Présentation d’un groupe de recherche et sensibilisation mcgillois qui s’active.

Hannah Raffin | Le Délit

Ces dernières semaines ont été éreintantes pour le Groupe de recherche d’intérêt public (GRIP, QPIRG en anglais, ndlr) de McGill. À l’issue d’une campagne active du 3 au 8 novembre pour mobiliser les étudiant·e·s autour du « OUI » lors de leur référendum d’existence, GRIP a tout juste eu le temps de se réjouir des 71,6% de votes favorables de l’AÉUM (Association des étudiants en premier cycle de l’Université McGill) que débutait le 10 novembre sa semaine Culture Shock — quatre jours de conférences, groupes de travail et autres activités pour parler de décolonisation, antiracisme et de justice pour les migrant·e·s.

GRIP, c’est quoi exactement ?

Actif depuis 36 ans sur le campus mcgillois, l’idée d’un groupe de réflexion étudiant à intérêt publique remonte aux années 1970 et provient des campus universitaires américains dont une grande partie des étudiant·e·s manifestaient contre la guerre du Vietnam et souhaitaient amener un changement durable en faisant pression sur leur gouvernement. Au Canada, c’est l’Université de Waterloo en Ontario qui en 1973 fonde le premier GRIP.  Indépendant de l’université sur le plan financier, le GRIP mcgillois s’engage aujourd’hui à faire changer les attitudes et mentalités, un travail de fond qui explique un de leur mandat principal — l’éducation populaire —  dont Culture Shock, Social Justice Days ou encore Rad frosh font partie. À travers ces évènements, « Nous essayons de créer un espace pour informer, déconstruire les stéréotypes et améliorer le climat sur le campus ; on encourage des conversations qui ne se tiennent jamais à McGill » indique Raphaële Frigon qui coordonne la promotion et sensibilisation communautaire du GRIP. 

La recherche est le second volet de GRIP, et en octobre 2015, ce sont sept projets de recherche menés par des étudiant·e·s que l’association supervisait avec CURE (Échange de recherche communauté-université, ndlr), qui lient les étudiant·e·s à la communauté montréalaise. Des bourses de 3000 dollars canadiens sont également données à des projets de recherche étudiants durant l’été. Les sujets d’études varient : l’accès à l’avortement pour les personnes trans, les rouages du système de déontologie policière québécois et leurs impacts, les stéréotypes sur la sexualité des personnes handicapées ou encore le réseau alimentaire de la communauté Parc-Extension. Les recherches sont ensuite compilées au sein du Convergence Undergraduate Journal — journal de publication partagé avec l’Université Concordia. 

Soutenir les initiatives étudiantes et montréalaises

Permettre aux étudiant·e·s de créer des projets novateurs et utiles tant à la vie étudiante qu’à la communauté montréalaise, tel est le troisième mandat de GRIP. Pour ce faire, le groupe offre des financements de maximum 225 dollars canadiens à des projets dont la mission œuvre à davantage de justice sociale. C’est un total de 7800 dollars qui a été versé à plus de 20 projets et/ou groupes pour l’année scolaire 2015–2016. Toutefois, c’est surtout grâce à ses groupes de travail que GRIP permet « d’aménager un espace pour les étudiant·e·s qui souhaitent voir du changement dans leur communauté, s’autonomiser (empowered), et obtenir des ressources » comme l’explique Raphaële Frigon. En leur offrant financement, formation, planification du budget et autres ressources nécessaires, GRIP permet cette année à 18 groupes de travail d’entreprendre leurs actions/recherches. C’est GRIP qui notamment a permis à Midnight Kitchen de voir le jour et actuellement les membres de GRIP supervisent Demilitarize McGill — une campagne qui vise à mettre un terme à la recherche militaire sur le campus — ou encore Solidarity Across Borders (Solidarité sans frontières, ndrl) — un réseau montréalais impliqué dans les luttes immigrantes — pour n’en citer que trois. 

Des finances qui font couler beaucoup d’encre

Le budget de GRIP est sujet à de nombreuses critiques qui dénoncent les frais (que l’on peut refuser) de 5 dollars canadiens par étudiant·e par semestre. Les détracteurs du groupe trouvent ce dernier séparatiste (radicale, ndlr) dans sa politique et irresponsable financièrement. À ce sujet, Becca Yu, responsable finance et administration de GRIP, fait remarquer que beaucoup de désinformations motivées politiquement circulent à propos des finances et de la mission de GRIP. Ça fut notamment le cas dans le passé par des campagnes menées par les groupes conservateurs de plusieurs universités canadiennes, dont McGill, qui incitaient les étudiant·e·s à se retirer des frais associés au GRIP sous prétexte que le groupe est trop « radical » et « dissident ». D’autre part, « ce n’est pas en regardant le budget d’un groupe qu’on peut se faire une idée exacte des différents projets et de ce qu’ils font » indique Becca. Les salaires des différents membres ont notamment été sujets à de vives critiques. C’est le cas de la position d’interne, qui reçoit 10000 dollars canadiens contre 39000 dollars pour les deux employé·e·s permanent·e·s. Toutefois, Becca explique qu’une bonne part des salaires est payée grâce à des aides gouvernmentales, comme la position de stagiaire qui est payée à 90% par Emploi Québec. De plus, « on ne peut pas faire n’importe quoi dans tous les cas, notre budget est contrôlé par le gouvernement », précise Becca. 

Se devant d’être transparent et responsable, GRIP McGill n’avait toutefois pas publié en ligne son rapport annuel de 2015–2016 dû à un site web en cours de reconstruction mais « Les gens peuvent nous contacter à ce propos, c’est un problème technique que nous traversons ». En outre, Becca Yu ajoute que chaque avril se tient la réunion annuelle de GRIP durant laquelle le groupe fait le bilan sur les projets et le budget de l’année passée.


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