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Deux heures dans la peau d’un réfugié

Amnistie internationale à McGill ouvre la discussion sur la situation des réfugiés syriens.

Natasha Comeau

Alors que la récente élection de Trump fait beaucoup réfléchir sur l’instabilité à laquelle doivent faire face de nombreux émigrés aux États-Unis, mercredi 9 novembre, les étudiants de McGill ont eux aussi abordé le thème de l’immigration, particulièrement l’immigration illégale, à travers un atelier sur les réfugiés de guerre syriens.

Mis en place par les membres d’Amnistie internationale à McGill, cet atelier avait pour but d’éduquer les étudiant·e·s sur le quotidien des réfugiés. Grâce à la mise en place de neuf arrêts, chacun portant sur un aspect différent de la vie d’un·e réfugié·e, les participants furent plongés au cœur de cette réalité obscure.

Un parcours long et laborieux

En commençant par visionner des vidéos et des images de la Syrie avant la guerre, l’atelier avait pour but d’immerger les participants dans la vie d’un réfugié en montrant le parcours compliqué avant d’atteindre sa réinsertion. La guerre civile syrienne, ayant débuté en 2011 suite à la division de la population entre les pro-Assad et les rebelles se battant au nom de la démocratie, est devenue une réalité quotidienne pour les syriens, provoquant de nombreuses vagues d’immigration. Le manque de nourriture, le danger incessant et la peur constante sont autant de raisons ayant poussé de nombreux Syriens à risquer leur vie et à s’enfuir dans le but d’obtenir un futur meilleur dans un autre pays. Malgré les 3 000 casques blancs bénévoles qui essayent d’aider la population à survivre, les conditions sont trop horribles pour la plupart qui choisissent de partir. Les 4 millions de Syriens ayant fui depuis 2011 ont parcouru des milliers de kilomètres sur terre ou via la mer. Les plus chanceux réussissent à accéder à un camp leur offrant une stabilité très précaire mais pouvant éventuellement les aider à obtenir un nouveau départ.

À chaque stand de l’atelier s’ensuivait d’une discussion animée par plusieurs étudiants mcgillois d’origine syrienne. La plupart avaient quitté leur pays au début de la guerre et offraient leurs témoignages sur la situation et sur ce que leurs familles, restées en Syrie, vivent quotidiennement. Ces témoignages remplis d’émotions et accompagnés de lunettes de réalité virtuelle permettant de visualiser en 3D les lieux de guerre ont permis aux participants de pénétrer dans ce monde de violence et de se rapprocher d’une réalité qui a pourtant l’air si lointaine.

Migrant vs. réfugié

Une question ressortit beaucoup de cet atelier où de nombreux Syriens sont venus afin de s’instruire sur la guerre dans leur pays : comment définir la différence entre un migrant et un réfugié ? Beaucoup de confusion fut créée. Quand bien même les étudiants syriens à McGill seraient techniquement des migrants du fait qu’ils soient partis du pays légalement et par choix pour poursuivre leur éducation, beaucoup disent se considérer comme réfugiés ; ils se sentent opprimés par leurs origines et par cette guerre, et ce, malgré les milliers de kilomètres entre le Canada et leur pays.

Le dernier stand de l’atelier invitait les participants à signer une pétition adressée à John McCallum, ministre canadien de l’immigration, des réfugiés et de la citoyenneté au Canada. Dans cette pétition est demandée une augmentation du nombre de réfugiés accueillis au Canada ainsi qu’une aide plus grande pour améliorer le processus de réinsertion des 25 000 réfugié·e·s accueilli·e·s entre 2015 et 2016.


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