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99 problèmes, 1 cause

99 étudiants ont été arrêtés à Ottawa le 24 octobre, dont 25 militants de Divest McGill. 

Mahaut Engérant | Le Délit

Le lundi 24 octobre avait lieu à Ottawa une manifestation dénonçant le laxisme du gouvernement Trudeau vis-à-vis des enjeux écologiques. Sur les 250 participant•e•s, 99 furent mis•e•s en état d’arrestation. Parmi ceux-ci, un bon quart fait partie de Divest McGill, une grande organisation étudiante mcgilloise qui a pour objectif notoire de demander à l’Université de se séparer de ses investissements dans les énergies fossiles.

Entre écologisme et politique

« Écologiquement, c’est irresponsable » explique Jed Lenetsky, un des manifestants arrêtés. « Trudeau ne peut pas seulement penser en termes de profits immédiats et d’emplois » ajoute-il, « il doit aussi penser au futur du Canada, et de la terre entière ». En effet, continuer dans la lignée actuelle du projet d’oléoduc Kinder Morgan est irréconciliable avec les accords de la COP21 signés il y a un an à Paris, et que le gouvernement fédéral vient tout juste de ratifier. Selon les militants, ce projet, s‘il est exploité à son plein potentiel, fera inévitablement dépasser de plus de 2 degrés Celsius les températures mondiales actuelles. D’où le slogan « les leaders du climat ne construisent pas des oléoducs ».

En plus des évidentes retombées écologiques, il y a aussi un aspect politique non négligeable. Pour Lenetsky, le fait que Trudeau soit aussi laxiste montre que son calcul est politique et non idéologique : les bénéfices à court terme sont favorables à l’image de son gouvernement, tandis que les désavantages n’ont pas un impact immédiat. Morgen Bertheussen, qui a elle aussi été arrêtée, conçoit la chose comme un ultimatum : « s’il est pour les oléoducs, nous ne serons pas pour lui lors des prochaines élections ». Donc, au gouvernement de choisir : soit il continue dans sa lancée, soit il fait volte-face et conserve ses jeunes électeurs qui ont une conscience écologique.

Désobéissance civile

Quatre-vingt-dix-neuf personnes arrêtées, ça fait beaucoup. Et pourtant, les manifestants soulignent qu’ils n’ont aucune amertume envers les forces de l’ordre. « Tout s’est fait très pacifiquement » raconte Julia Epstein qui était aussi présente. En effet, il n’y avait pas vocation à avoir de conflit : la police a dressé un grillage au pied du Parlement, et a expliqué aux manifestants que s’ils le franchissaient, ils se trouveraient en état d’arrestation. Les termes ayant été posés, un à un des étudiants ont grimpé au-dessus de la barrière en toute connaissance de cause. « Le fait d’avoir été arrêtés apporte de l’intensité à notre geste » explique Bertheussen, « ça montre au premier ministre que nos revendications nous tiennent à cœur ».

À la prochaine ?

Une chose est sûre, les militants de Divest McGill  ne sont pas effrayés à l’idée de continuer. Julia Epstein a participé à cette démonstration de désobéissance civile alors qu’elle est au Canada grâce à un visa d’études, et est donc sujette à se faire renvoyer du pays. Heureusement pour elle, la police a décidé de ne donner suite à aucune des arrestations. « Mais ça, nous ne le savions pas en allant nous faire arrêter » souligne Bertheussen. Y‑aura-t-il donc une suite ? « Nous resterons actifs » promet Lenetsky. Ils réfléchissent d’ailleurs déjà à la prochaine étape : ils souhaitent rencontrer l’administration de McGill et le premier ministre pour leur faire part de leurs inquiétudes et de leurs propositions, et vont envoyer leur certificat d’arrestation à la résidence personnelle de Justin Trudeau, avec un message écrit à l’endos. 


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