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Objectif 15$ : Autre revendication publique

Le mouvement pour un salaire minimum de 15 dollars se remet en branle à Montréal.

Vittorio Pessin | Le Délit

Le 15 octobre dernier, une grande manifestation a eu lieu à Montréal, réclamant une augmentation du salaire minimum à 15 dollars de l’heure. Marchant au rythme des tambours, environ 1500 personnes ont défilé entre le Parc Prévost et la place de la gare Jean-Talon. Le mouvement ratisse large : une trentaine de contingents différents représentaient des tendances politiques diverses et variées. Sociaux-démocrates, communistes, indépendantistes, syndicalistes, et autres écologistes avaient momentanément mis de côté leurs différents pour s’unir en faveur de 15 dollars de l’heure.

Un mouvement québécois

La demande n’est pas nouvelle, loin s’en faut. Les travailleurs du Vieux-Port de Montréal sont, par exemple, en grève depuis le 27 mai dernier dans l’espoir de voir leurs salaires s’élever au moins à 15 dollars de l’heure. Ces derniers ont rejeté plusieurs propositions depuis le début de leur mouvement parce qu’elles n’assouvissaient pas cette demande phare. Dans le monde politique, de plus en plus de partis se profilent en faveur de cette augmentation. Sans surprise, QS (Québec Solidaire, de gauche) en fait une des mesures de son programme. La députée de Sainte-Marie, Saint-Jacques Manon Massé, ainsi que la députée de Gouin et porte-parole de ce parti, Françoise David, faisaient d’ailleurs partie des manifestants.                                                                                                     Le NPD (Nouveau Parti Démocratique, de centre-gauche) s’est lui aussi prononcé en faveur… ou presque. Cela fit polémique, on s’en souvient, lors des élections fédérales de 2015, lorsque Thomas Mulcair appela à augmenter le salaire minimum à 15 dollars, mais uniquement pour les employés du gouvernement fédéral. Ses opposants avaient alors fait remarquer que cette proposition toucherait moins d’un pourcent des travailleurs touchant le salaire minimum. Pourtant, à en juger par le nombre de drapeaux aux couleurs du NPD présents lors de la manifestation, la base militante, elle, est en faveur d’une augmentation plus générale.                                                                                                                                                                                                                                                      Si le PQ (Parti Québécois, souverainiste) a officiellement adhéré au début de l’année à la proposition menée par QS, il fait toutefois peu de militantisme en faveur d’une augmentation. Avec la prise de fonction de son nouveau président, Jean-François Lisée, il sera intéressant de voir dans quelle direction évoluera la ligne du parti.                                                                                                                  Quant au PLQ (Parti Liberal Québécois, de centre-gauche), actuellement au pouvoir, il s’est officiellement prononcé contre une augmentation de l’ordre de 15 dollars. C’est embêtant pour les partisans d’une augmentation, puisqu’ils sont actuellement en position d’opposition minoritaire, et n’ont donc, a priori, pas le poids suffisant à l’Assemblée nationale pour faire adopter une législation sans le soutien du PLQ.

Un mouvement nord-américain

L’idée d’augmenter le salaire minimum à 15 dollars horaire n’est pas une spécialité québécoise. À travers le Canada, en effet, des mouvements semblables existent, en Alberta notamment, où le gouvernement néo-démocrate s’est engagé à en faire une réalité d’ici 2018. Le mouvement est aussi présent de façon importante en Ontario et en Colombie Britannique.                                                           Chez nos voisins du sud, l’idée est aussi de plus en plus populaire. Elle faisait partie des mesures phares de la candidature de Bernie Sanders, l’État de la Californie est en cours d’augmenter son salaire minimum d’ici 2022, tout comme la ville de Seattle qui, elle, a pour objectif d’y arriver en 2020. On peut donc parler d’un véritable mouvement, international qui plus est.                                       Ce n’est pas pour autant que votre prochain boulot sera payé à 15 dollars de l’heure. Si un mouvement favorable est présent un peu partout, l’opposition des dirigeants reste la norme très générale. La question est donc la suivante : les partis s’étant prononcés en faveur d’une augmentation sauront-ils rester fidèles à leurs principes une fois que l’alternance démocratique les aura portés au pouvoir ?


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